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Actualités artistiques

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FabLab

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Giovanni « Gio » Ponti ou Le Corbusier italien ?

Jusqu’au 5 mai 2019, la rétrospective Gio Ponti au MAD (Musée des Arts décoratifs de Paris) retrace de façon quasi-exhaustive la carrière prolifique de l’un des archidesigner les plus influents de son temps.

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L’exposition s’organise en 3 séquences : une séquence à droite qui vient retracer tout son travail aux beaux arts. Elle comporte aussi la véritable expression de sa créativité, notamment dans le travail du design d’objet. On commence dans la céramique avec un véritable rappel aux théories de l’architecture ainsi que des projets cousus. On retrouve en parfaite symétrie, une séquence à gauche qui signe la fin de l’exposition. Elle met en avant tout le travail qu’il a pu réaliser dans les aménagements et les designs intérieurs, dans cette logique une suite de reconstitutions sont mises en scène. La nef majeure se trouve au centre, elle fait le lien entre son travail d’architecte et son sens du design. Des petits îlots meublent le centre de la nef et présentent une nouvelle étendue du design italien. Les périphéries sont complètement dédiées à l’architecture. On y retrouve la tour Pirelli et l’église San Francesco d’Assisi al Fopponino. Un véritable couteau suisse créatif, Giovanni Ponti touche à tout, allant de l’architecture à des œuvres soufflées en verre ou encore du design de mobilier. Il bouleverse l’architecture d’après-guerre et redéfinit le rôle de l’architecte dans un projet.

Jules Foubet

Critique de l’exposition sur la fondation Courtauld

Du 20 février au 17 juin 2019 Fondation Louis Vuitton 8 Avenue du Mahatma Gandhi 75116 Paris

La Fondation Louis Vuitton n’a ouvert ses portes qu’en 2014, mais accueille à chacune de ses expositions plus d’un million de visiteurs. Pourquoi un tel succès ? Je m’y suis rendu pour l’exposition sur la Collection Courtauld. Vaut-elle le coup?

Les trois expositions précédentes avaient été très bien accueillies: la collection Chtchoukine en 2017, les œuvres du Moma en 2018 ou encore Egon Schiele et Jean-Michel Basquiat jusqu’en Janvier 2019. La fondation Louis Vuitton, dont la Direction artistique est assurée par Suzanne Pagé (ancienne directrice du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris), semble toujours faire un sans faute. L’exposition dont nous parlons porte sur la collection de Samuel Courtauld (1876-1947). Il était un industriel et mécène anglais possédant la plus grande collection d’art du Royaume Unis. Féru d’art Français et surtout d’impressionnisme (1874-1886) celui qui à fondé en 1932, le Courtauld Institute of Art, un collège d’Histoire de l’Art de l’université de Londres, était un avant-gardiste. Parmi la centaine de tableaux présents, les plus grands noms du mouvement impressionniste et postimpressionniste : Monet, Manet, Cézanne, Renoir, Gauguin et bien d’autres. Malgré la foule présente dans les salles qui empêche, parfois, d’être tout à fait à l’aise, le visiteur reste absorbé par les tableaux. C’est un plaisir de pouvoir approcher ces oeuvres majeures qui ont changé le cours de l’Histoire de l’Art. Il y a une douceur propre aux impressionnistes qui envoûte, et cela malgré les murs très colorés de la salle d’exposition qui saturent l’espace. On se laisse volontiers porter vers une autre époque, au moment où Aubervilliers était encore un village de campagne, dans lequel poussaient les fameux Coquelicots de Monet, où les îles Marquises de Gauguin étaient encore sauvages et que le fameux bar des Folies Bergères était un café-concert très prisé. C’est aussi formidable de voir la “Vue sur l’estaque et le château d’If” de Cézanne, l’Estaque étant l’un de ses thèmes de prédilection, que Braque, Derain ou Macke reprendront souvent après lui. On peut aussi y voir du Turner (1775- 1851), peintre anglais romantique considéré comme précurseur de l’impressionnisme, reconnu pour sa maîtrise du paysage. Et au cas où l’impressionnisme ne serait pas votre courant préféré, vous pouvez toujours vous balader dans la collection d’Art Contemporain de la Fondation qui met en valeur des artistes tels que Gerhard Richter, Christian Boltanski, Pierre Soulages, Joan Mitchell, entre autres. Ou même simplement au sein de la Fondation elle même, signée Frank Gehry qui offre de très belles vues sur le Bois de Boulogne.

Pauline Colon

Fabrice Luchini, une histoire d’argent

Tu es au boulot. Tu dois partir tôt. Tes collègues te demandent pourquoi. Tu réponds d’un ton snob que tu vas voir Luchini au théâtre Saint-Martin et que tu as payé ta place seulement 30€, en plus, c’était la dernière. Tu cours, tu arrives, tu t’assoies sur ton siège en sueur. Et là, Luchini sur scène ! Il commence, sans transition, avec Les manuscrits de 1844 de Marx « l’argent c’est l’harmonisation universelle des contraires. » Tu t’enfonces dans ton siège, ton visage s’illumine, dans ton regard reflète un semblant d’intelligence. Aller voir Fabrice Luchini au théâtre après une journée difficile, c’est un peu comme Personnage extravagant, théâtral, passionné et passionnant, Luchini a ce don de te faire comprendre n’importe quel texte de littérature bien que la seule chose que t’aies lu de ta vie c’est le dos de ta boite de Miel Pops. Sur scène, une chaise, une table avec des livres. Il prend l’Argent de Charles Péguy, le livre de référence, cent pages datant d’il y a cent ans qui sont pourtant toujours d’actualité. Charles Péguy écrit: « Pour la première fois dans l’histoire du monde toutes les puissances spirituelles (…) ont été refoulées par une seule puissance matérielle qui est la puissance de l’argent. ». En quelques mots, Péguy dénonce le rapport à l’argent comme une peste, dans une période d’industrialisation et de spéculation financière, qui se mondialise petit à petit. Il explique que, jadis, un paysan pauvre vivait avec très peu, mais ses ressources agricoles, la proximité avec les gens de son village et le fait d’être satisfait avec peu de besoins matériels faisait qu’il n’était pas dans la misère. De notre temps, il y a de plus en plus de misérables, c’est-à-dire de personnes qui, en plus de n’avoir que peu d’argent, n’ont rien d’autre. Le monde capitalisé est froid, laisse les gens indifférents à la souffrance, et peuple tous les esprits de désirs non nécessaires. Des retardataires tentent de s’installer discrètement, mais Luchini guette. « Toi t’es venu parce que ta femme veut que tu te cultives. Ne t’inquiète pas, je suis là. Quand tu vas sortir, elle va te demander ce que tu en as pensé. Là, il faut que tu regardes au loin, sans dire un mot, pour lui faire croire que tu es dans un débat intérieur… » Pleins d’autres extraits de livres sont lus entre temps. Il faut avouer que celui de Emile Zola m’a particulièrement touché, notamment par le titre de son livre : l’Argent , très original. Dix-huitième volume des Rougon-Macquart, ce roman est une description à la Zola de la société bourgeoise embrigadée dans les mécanismes spéculatifs : « A cette heure, il se sentait cette misère d’être, sur le pavé, moins qu’un débutant, qu’auraient soutenu l’illusion et l’espoir. Et une fièvre le prenait de tout recommencer pour tout reconquérir, de monter plus haut qu’il n’était jamais monté, de poser enfin le pied sur la cité conquise. Non plus la richesse menteuse de la façade, mais l’édifice solide de la fortune, la vraie royauté de l’or trônant sur des sacs pleins ! » Entre la vie de son compte en banque, les toilettes de Kim Kardashian, et des échanges de répliques entre lui et le public, Luchini sait trouver les mots pour ne pas nous ennuyer. A la fin, lumière et applaudissement. Un fan belge vient lui offrir un cadeau sur scène, après un bref échange il lui dit : « J’adore la Belgique, je suis connu là-bas ? ».

Léa Balmy

le lac des cygnes un ballet intemporel à l’opéra bastille

Dès l’ouverture du rideau, apparaît sur scène un oiseau doté d’ailes majestueuses. Il s’envole en emportant avec lui une jeune femme, qu’il transforme en cygne sous la musique majestueuse de Tchaikovsky. Le ton est donné, il s’agit du Lac des Cygnes d’après Rodolf Roureev qui vient enchanter l’Opéra Bastille du 16 février au 19 mars 2019. Tout d’abord, faisons un petit rappel de l’histoire ; Siegfried, un prince en âge de se marier tombe amoureux d’Odette. Elle est cependant victime d’un sort jeté par le sorcier Rothbart (qui est également le conseiller du prince) et est contrainte de vivre comme un cygne blanc le jour, et de reprendre forme humaine la nuit. Pour ma part, j’ai été totalement séduite par le duo formé par Paul Marque et Miriam Ould Brahm. En effet, Paul Marque nous livre une interprétation à la fois émouvante et mélancolique de son personnage due à sa complexité et son destin dramatique. Quant à Miriam Ould Brahm, elle réussit à s’affirmer autant dans son rôle, romantique, de cygne blanc que lorsqu’elle joue le cygne noir. Dans un deuxième temps, le corps du ballet m’a subjugué du fait des danseuses cygnes qui sont un emblème de ce ballet. Elles investissent l’immensité de la scène, donnent un effet harmonieux, et nous offrent de nombreux moment de poésie, notamment lors de la lamentation des cygnes. Enfin, c’est lors de l’affrontement final entre le prince Siegfried et Rothbart que j’ai pu découvrir les performances de Alex Magliano qui interprète ce dernier. J’ai alors été impressionnée par la justesse de ses mouvements ainsi que par l’intensité dont il pourvoit le personnage qu’il incarne. En ce qui me concerne, le Lac des Cygnes fait un triomphe, bien qu’il soit un classique, la magie opère toujours et d’autant plus.

Agathe Ballevre

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