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débat
from #2 Avril 2019
faire une architecture écologique
De nos jours, le monde connaît des transitions tant urbaines, démographiques, économiques, sociales, qu’écologiques. La transition écologique est une évolution vers un nouveau modèle économique et social qui mène à une idée de développement durable.
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Ce dernier vise à renouveler les façons de produire, de vivre ensemble, de travailler et de consommer des individus afin de répondre aux besoins des sociétés actuelles sans compromettre ceux des générations futures.
Depuis quelques années, l’écologie est au cœur des débats en architecture. De nombreux architectes et urbanistes s’emparent de ces questionnements afin de développer une architecture éco-responsable.
l’ère de l’anthropocène*
À ce jour, les dangers encourus par notre planète poussent à une remise en question urgente de la manière dont l’homme impacte l’environnement à travers ses modes de vie et sa consommation de masse. Dans la sphère architecturale, le bilan énergétique des bâtiments, ou le degré de pollution de la mise en œuvre de certains matériaux engendrent des incidences considérables sur l’environnement. L’activité humaine qui vise la construction émet environ 40 % de l’ensemble des gaz à effet de serre produits sur la planète. Afin de remédier à cette architecture non-respectueuse de l’environnement, certains architectes et politiques prennent le parti de mettre en place une architecture passive, verte.
l’architecture écologique et social : une lutte ?
La difficulté principale est de rendre cette architecture accessible à tous. En effet, il demeure certaines « luttes des classes » à ce sujet, ne rendant l’architecture écologique accessible qu’à une élite sociale. Tout d’abord, il est nécessaire d’insuffler une conscience écologique dans l’esprit des sociétés. Certains pays (notamment les pays du Nord) intègrent la sphère de l’écologie dans les programmes scolaires dès le plus jeune âge afin que les nouvelles générations soient - d’entrée - sensibilisées aux questions environnementales. On peut dire que l’architecture écologique n’est réservée qu’à une certaine élite dans la mesure où il faut avoir accès à un certain degré d’éducation pour réellement avoir connaissance de cette cause et s’y investir. D’autre part, l’architecture écologique reste encore peu accessible du fait des coûts qu’elle entraîne : les techniques utilisées donnent naissance à une architecture onéreuse (en terme de procédés, de matérialité), en bref, qui peut s’avérer encore inabordable pour grand nombre d’individus et encore réservée aux « bobos ». En revanche, malgré sa difficulté d’accès, l’architecture éco-responsable semble coûteuse aux premiers abords, mais peut rapidement être rentabilisée grâce à la réduction des dépenses énergétiques quotidiennes. Cette économie s’explique notamment par le choix de la disposition des pièces dans une habitation, ou encore celui des méthodes d’apports énergétiques.
une architecture qui se démocratise
Certains crédos relèveraient que l’architecture écologique est encore réservée à une certaine classe sociale, mais il est important de souligner qu’elle se démocratise de plus en plus. L’architecture verte peut être accessible à tous dans la mesure où certains architectes, urbanistes, associations et politiques prennent le parti de bâtir une architecture passive (notamment des logements sociaux) en faisant usage des matériaux ou ressources locaux. Avant l’époque de la consommation de masse, on construisait avec des matériaux tels que le bois, la pierre, la terre, comme l’illustre parfaitement l’exemple de certains pays d’Afrique ou d’Asie avec leur architecture vernaculaire. L’Homme construit avec des ressources déjà présentes dans son environnement depuis la nuit des temps. C’est avec le temps et toutes ses avancées techniques que l’on a commencé à réaliser une architecture qui s’avère désastreuse pour l’écologie.
Aujourd’hui, moults architectes s’engagent en faveur de l’architecture écologique et de logements peu coûteux. Par ailleurs, d’autres architectes font usage de techniques de construction ancestrales, qui se révèlent anachroniques du fait de leur efficacité. Par exemple, en 2013-2014 le duo bâlois Herzog & De Meuron réalise l’usine Ricola en Suisse. L’un des bâtiments de l’usine, « La maison des Herbes » en collaboration avec le spécialiste de la construction en terre cuite Martin Rauch, est le plus grand bâtiment d’argile d’Europe. Le bon compromis est de se lancer dans la réalisation de projets d’architecture moderne tournée vers l’écologie par le biais de mise en place de procédés visant à réduire l’empreinte écologique du bâtiment !
HQE quoi ?
Nous sommes à l’époque de la fin du divorce entre construction et environnement. Aujourd’hui, l’architecture est de plus en plus tournée vers l’écologie, avec comme stratégie d’atteindre un bilan énergétique neutre : c’est-à-dire que la production et la consommation d’énergie doivent se compenser. À l’aide des prouesses techniques, l’on a appris à mettre en œuvre des pratiques au service d’une architecture infrangible et moins polluante. L’objectif premier étant de modi fier les comportements des individus sans contrarier leurs modes de vie : l’architecture écologique est une position visant à transformer nos habitudes d’affectation des ressources en architecture. La problématique est de taille et la solution ne relève pas seulement de mettre en forme des bâtiments aux façades végétalisées mais de réellement intégrer les démarches écologiques dans les étapes de conception du bâtiment. Pour le moment, l’architecture écologique est en plein essor avec la réalisation de BBC (bâtiments basse consommation) et, notamment, de programmes de certifications écologique tels que le LEED, ou le Breeam. qui intègrent les enjeux de la HQE (haute qualité environnementale) à la construction. En ce sens, la polyvalence d’un architecte ou architecte en devenir est primordiale, par l’acte de son parti pris architectural, de sa capacité à structurer l’espace pour son bon fonctionnement, et par le respect de l’environnement et des normes qui le protègent.
Et vous, comment envisagez-vous l’architecture de demain?
Anthropocène* : période géologique durant laquelle l’action de l’homme a de fortes incidences sur l’évolution de la planète
Sarah Ramzi