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Les Jeux du Commonwealth
Les Jeux du Commonwealth sont une compétition multisports réservée à l’élite sportive des pays membres du Commonwealth. Ils se tiennent depuis 1930 chaque année paire entre deux jeux olympiques sur un programme composé de disciplines sportives classiques associées parfois à des activités plus spécifiques comme le rugby à sept, un jeu de boules baptisé boulingrin ou le netball une variante surtout féminine du basketball particulièrement populaire en Australie et Nouvelle-Zélande. L’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles y sont représentées par des délégations distinctes et chaque nation de la Couronne - telles les iles de Man ou de Jersey - a sa propre représentation. Notons cependant que seulement six de ces nations ont participé à toutes les éditions : l’Angleterre, l’Australie, le Canada, l’Écosse, la Nouvelle-Zélande et le Pays de Galles.
L’origine des Jeux L’idée de jeux du monde anglo-saxon remonterait à 1891 et au prosélytisme d’un jeune sportif du Yorkshire pour promouvoir un événement destiné à resserrer les liens entre les pays de l’immense Empire britannique. Après un éphémère Festival de l’Empire dont l’unique édition se tînt à Londres du 12 mai au 1er juin 1911 c’est le journaliste et dirigeant canadien Melville Marks Robinson (1888 - 1974), plus connu comme Bobby Robinson, qui est considéré comme le père fondateur des Jeux de l’Empire britannique. Présent en 1928 aux J.O. d’Amsterdam comme directeur de l’équipe d’athlétisme du Canada il en profite pour promouvoir l’idée de Jeux dans l’esprit de compétition amicale britannique. Accueilli du 16 au 23 août 1930 à Hamilton (Ontario) qui prend en charge les frais de transport de 8 des 11 équipes engagées ainsi que l’hébergement et la restauration de tous les participants le premier essai connait un succès immédiat. Après Hamilton, Londres, Sydney et une résurrection à Aukland en 1950 après la Guerre, ces Jeux deviennent quatre ans plus tard Jeux de l’Empire britannique et du Commonwealth puis Jeux du Commonwealth britannique en 1970 après la dislocation de l’Empire avant d’aboutir à l’appellation actuelle en 1978.
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Les Jeux de l’Empire britannique Les jeux de 1930 ne concernent encore que 400 athlètes issus de 11 nations : Afrique du Sud, Angleterre, Australie, Bermudes, Canada, Ecosse, Guyane britannique, Irlande, Nouvelle-Zélande, Pays de Galles et Terre-Neuve. Les épreuves restent alors limitées à l’athlétisme, l’aviron, la boxe, le boulingrin, la lutte, la natation et le plongeon. Les suivants qui devaient se dérouler à Johannesburg en Afrique du sud sont déplacés au White City Stadium de Londres du 4 août au 11 août 1934 - le cyclisme se déroulant au Fallowfield Stadium de Manchester - pour éviter une scission liée au rejet de l’apartheid par la majorité des participants. Cette session voit la première participation des femmes sur des épreuves estimées « raisonnables » : courses courtes de vitesse et relais 4 × 220 yards. 500 athlètes y représentent 17 nations avec l’apparition de Hong-Kong, de l’Inde, de l’état libre d’Irlande, de l’Irlande du Nord, de la
Jamaïque, de la Rhodésie du Sud et de Trinité-etTobago. Malgré l’arrivée de Ceylan et des Fidji les effectifs restent stables à Sydney du 5 au 12 février 1938 pour y célébrer à l’occasion le 55e anniversaire de l’implantation anglaise en Australie. La vedette des jeux est l’australienne Decima Norman qui moissonne cinq médailles d’or en athlétisme : 100 yards, 220 yards, saut en longueur et les deux relais 440 et 660 yards. Après la Guerre le redémarrage de 1950 à Auckland est laborieux en dépit d’une cérémonie d’ouverture devant 40.000 spectateurs : 590 athlètes certes mais seulement 12 nations malgré l’apparition de la Malaisie et du Nigéria.
Les Jeux de l’Empire britannique et du Commonwealth La décision de changer le nom de la compétition date de 1952 et les premiers Jeux de l’Empire britannique et du Commonwealth qui ont lieu à Vancouver du 30 juillet au 7 août 1954 marquent le véritable envol de l’institution avec 662 athlètes représentant 24 nations. L’évènement marquant fut le record du Miracle Mile couru pour la première fois en moins de 4 minutes par Roger Bannister et John Landy. La croissance se confirme lors de l’édition suivante à Cardiff qui accueille du 18 au 26 juillet 1958 36 nations, 1130 concurrent(e)s et 228 officiels. Cette édition inaugure le Queen’s Baton Relay avec la transmission d’un témoin contenant le message de la reine depuis le palais de Buckingham à la cérémonie d’ouverture. Les effectifs se stabilisent à Perth en Australie du 22 novembre au 1er décembre. L’Afrique du Sud, qui a dû quitter le Commonwealth en 1962 en raison du rejet de sa politique d’apartheid par les autres membres, est exclue de ces jeux qui ont été précédés du 11 au 17 novembre par les premiers Jeux du Commonwealth pour paraplégiques. Alors que chaque colonie britannique gagne tour à tour son indépendance et que l’Empire s’effrite la VIIIe édition se déroule à Kingston en Jamaïque du 5 au 13 août 1966. Pour la première fois depuis 1934 celle-ci n’obtient pas la moindre médaille d’or et ces Jeux à domicile marquent toujours sa pire performance. Avec un éphémère changement d’appellation les premiers Jeux du Commonwealth britannique sont organisés à Édimbourg du 16 au 25 juillet 1970. Avec 42 délégations présentes ils voient l’adoption du système métrique au détriment du système de mesure anglosaxon. L’édition suivante à Christchurch en NouvelleZélande accueille 1274 concurrents du 24 janvier au 2 février 1974 dans le Queen Elizabeth II Park construit pour l’occasion. 121 épreuves pour 10 activités : athlétisme, badminton, boulingrin, boxe anglaise, cyclisme, haltérophilie, lutte, natation, plongeon et tir.
Les Jeux du Commonwealth Les Jeux du Commonwealth de 1978 se déroulent à Edmonton au Canada du 3 au 12 août sur le Stade du Commonwealth avec 1.475 participants. Ouverts par le duc d’Édinbourg en personne ceux de Brisbane accueillent ensuite1.580 sportifs issus de 45 nations avec le slogan The friendly Games du 30 septembre au 9 octobre 1982 dans l’enceinte du Queensland Sport and Athletics Center. Le logo s’inspire d’un kangourou bondissant qui dessine la lettre A stylisée pour Australie et la mascotte est aussi un kangourou baptisé Matilda. Les Jeux suivants à Édimbourg du 24 juillet au 2 août 1986 sont boycottés par une majorité de pays qui reproche au gouvernement de Margaret Thatcher sa tolérance vis-à-vis de l’apartheid sudafricain. 32 équipes se retirent ne laissant que 27 nations participantes. Le boycott des états caribéens est total, pour les pays asiatiques seuls Hong Kong et Singapour sont présents et parmi pays africains quatre seulement participent. Les Bermudes

1er Semestre 2021 présentes à la cérémonie d’ouverture reçoivent l’ordre de leur comité olympique de se retirer. Les deux candidatures majeures à l’organisation des Jeux suivants étaient celles d’Auckland et de New Delhi, Auckland remportant la mise par 20 voix contre 11. Les Jeux y rassemblent du 24 janvier au 3 février 1990 au Mount Smart Stadium 55 pays et 2.000 sportifs engagés dans 10 disciplines. L’Australie sort en tête du classement des nations avec 52 médailles d’or, suivie de l’Angleterre (46) et du Canada (35). Les XVe Jeux ont lieu à Victoria en Colombie-Britannique du 18 au 28 août 1994 pour 64 pays et 2.500 sportifs qui se partagent 687 médailles. L’Australie avec 88 titres confirme son classement devant le Canada (41) et l’Angleterre (31). Les derniers Jeux du XXe siècle se déroulent du 11 au 21 septembre 1998 à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie. Ils sont marqués par une croissance notable des effectifs, 3.638 concurrents issus de 69 pays, alors que le programme, élargi à 15 disciplines, inclut pour la première fois des sports d’équipe.
Les Jeux du XXIe siècle Les premiers Jeux du XXIe siècle se déroulent du 25 juillet au 4 août 2002 à Manchester pour 3.863 sportifs venus de 72 pays alors que le programme monte à 17 disciplines. Les résultats confirment l’écrasante domination de l’Australie. Les jeux suivants à Melbourne du 15 au 26 mars 2006 marquent une augmentation des effectifs et une stabilité des pays participants ainsi que des résultats. Les Jeux de 2010 ont lieu à Delhi du 3 au 14 octobre. Si la candidature arrachée à Hamilton (Canada) a suscité bien des réserves, ceux qui s’étaient montrés critiques sur le retard des préparatifs font finalement l’éloge de l’Inde et Jacques Rogge, président du C.I.O. déclare que cette réalisation était d’excellent augure pour une candidature à l’organisation des Jeux olympiques. Ils n’en restent pas moins les premiers à connaître de véritables dérives budgétaires avec des retentissements internes, des problèmes de sécurité liés aux islamistes pakistanais affiliés à Al-Qaeda et des critiques humanitaires suite au déplacement forcé vers leur État d’origine d’environ 120.000 sansabris avec démolition de leurs habitats de fortune. Mais avec plus de 7.000 participants et 21 disciplines organisées Dehli reste la session la plus importante des Jeux du Commonwealth. Si en 1986 les Jeux déjà organisés en Écosse ont été marqués par le boycott de nombreux pays ceux de Glasgow qui se déroulent du 23 juillet au 3 août 2014 se préparent aussi dans un climat politique tourmenté, un mois et demi avant la tenue du référendum sur l’indépendance. Néanmoins le gouvernement local affirme son intention de ne pas politiser l’évènement qui regroupe 5.000 participants pour en faire le plus grand événement sportif jamais organisé en Écosse. A cette occasion avec 58 médailles d’or l’Angleterre passe devant l’Australie (49) alors que le Canada (32) conforte sa 3° place. En attendant ceux de Birmingham prévus en 2022 les jeux de Gold Coast organisés en Australie du 4 au 15 avril 2018 confirment la stabilité des modalités d’organisation et celle des effectifs. Cependant l’Australie chez elle redevient largement maîtresse du jeu avec 80 médailles d’or contre 45 à l’Angleterre alors que l’Inde (26) passe devant le Canada (15).
Pour conclure Le niveau des nations participant aux Jeux du Commonwealth en fait toujours un évènement sportif de premier plan générateur de performances. Mais, premiers-nés des grands Jeux relatifs à une communauté culturelle et linguistique, ils ont surtout toujours réussi à remplir la mission fixée par son créateur : contribuer à sa cohésion à travers l’esprit de compétition amicale britannique. Grâce à lui, ils ont pu surmonter sans dommages les épreuves de la décolonisation des années 1960 et les dissensions nées de la politique d’apartheid d’une de ses composantes majeures. Un nouveau challenge s’ouvrirait-il à eux à l’occasion de l’édition de Birmingham en 2022 alors que des velléités d’indépendantisme se manifestent au sein même du Royaume-Uni ?
Claude Piard