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Jeux méditerranéens

Les Jeux méditerranéens

Les Jeux méditerranéens (J.M.) sont une compétition multisports réservée aux sportifs du bassin méditerranéen dont l’initiative revient au premier président du Comité national olympique égyptien, Muhammad Tahir Pacha (1879-1970), lors des jeux de Londres (1948).

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La première édition officielle des Jeux méditerranéens se déroule à Alexandrie en 1951 et la seconde à Barcelone en 1955. Lors de la 3e en 1959 à Beyrouth Gabriel Gemayel, président du Comité national olympique libanais et membre du C.I.O., suggère la création d’un Comité international des jeux méditerranéens (C.I.J.M.) composé des C.N.O. et des membres du C.I.O. des pays concernés. Celle-ci devient effective le 16 juin 1961 avec Gabriel Gemayel comme président. Le tunisien Mohamed Mzali, le français Claude Collard et, depuis 2003, l’algérien Amar Addadi lui ont succédé depuis. Son secrétariat général et son siège social ont toujours été assurés par la Grèce. Hébergé jusqu’en 2005 par le Comité olympique hellénique, il est installé depuis dans des locaux propres mis à disposition par le gouvernement grec. Les différentes sessions se sont déroulées à : *Alexandrie du 5 au 22 octobre 1951: 11 pays et 11 disciplines. Le gymnaste français Raymond Dot remporte 7 médailles d’or et une de bronze. *Barcelone du 15 au 25 juillet 1955 : 10 pays et 19 disciplines Le gymnaste espagnol Joaquim Blume remporte 6 médailles d’or et 1 de bronze. *Beyrouth du 11 au 23 octobre 1959. 11 nations, 800 athlètes, 17 disciplines. *Naples du 21 au 29 septembre 1963. 13 nations, plus de 1.000 athlètes, 17 disciplines. *Tunis du 8 au 17 septembre 1967 dans le complexe sportif d’El Menzah: stade olympique (Palais des sports et piscine) construit à cette occasion. 12 nations, 1.250 athlètes dont 38 féminines dont c’est la première apparition en athlétisme et natation, 14 disciplines. *Izmir (Turquie) du 6 au 17 octobre 1971. 14 nations, 1.362 concurrents, 17 disciplines. La participation féminine s’étend (gymnastique, escrime et plongeon). *Alger du 23 août au 6 septembre 1975. 15 nations, 2.444 concurrents, 18 disciplines. *Split (Yougoslavie) du 15 au 29 septembre 1979. 14 nations, 2.500 athlètes, 25 disciplines. *Casablanca du 3 au 17 septembre 1983. 14 nations, 2.180 concurrents, 20 disciplines. *Lattaquié (Syrie) du 11 au 25 septembre 1987. 16 nations, 2.000 concurrents, 18 disciplines. *Athènes du 28 juin au 12 juillet 1991. 18 nations, 2.762 athlètes, 23 disciplines. Le gymnaste italien, Yury Chechi remporte 6 médailles d’or. *Languedoc-Roussillon du 16 au 27 juin 1993. Ces jeux marquent un décalage de 2 ans par rapport à la périodicité antérieure et se répartissent sur 18 communes et 5 départements. 19 nations, 1.994 hommes, 604 femmes et 24 disciplines. *Bari (Italie) du 13 au 25 juin 1997. 21 nations, 2.200 athlètes, 27 disciplines. *Pour le 50° anniversaire des Jeux, Tunis les accueille pour la 2de fois du 2 au 15 septembre 2001. 23 nations plus de 3.000 concurrents dont 1/3 de femmes et 24 disciplines. *Almeria (Espagne) du 24 juin au 3 juillet 2005. 21 nations, plus de 3.200 athlètes et 27 disciplines. La première coupe méditerranéenne junior a été organisée en 2003. *Pescara (Italie) du 26 juin au 6 juillet 2009. 23 nations et 4.180 participants pour 28 disciplines. Les épreuves handisports apparaissent en natation et athlétisme. *Mersin (Turquie) du 20 au 30 juin 2013 supplée à la défaillance de la Grèce, actée depuis 2011. 24 nations et 27 disciplines. *Tarragone (Espagne) doit décaler ses Jeux d’un an et les reporter du 21 juin au 1° juillet 2018, confirmant les difficultés

d’organisation ressenties lors de la session précédente. 26 nations présentes. *Les prochains jeux, prévus à Oran en 2021 sont reportés du 25 juin au 5 juillet 2022 en raison de la crise sanitaire.

Organisation: les jeux ont lieu tous les 4 ans, l’année qui suit les J.O d’été. Ils concernent 24 pays : 19 ayant un littoral avec la mare nostrum, clé de voute du développement de la civilisation occidentale (Albanie, Algérie, Bosnie-Herzégovine, Chypre, Croatie, Égypte, Espagne, France, Grèce, Italie, Kosovo, Liban, Libye, Macédoine du Nord, Malte, Maroc, Monaco, Monténégro, Portugal, San-Marino, Serbie, Slovénie, Syrie, Tunisie et Turquie) et 5 autres considérés comme tels pour leur histoire et leurs liens privilégiés avec les précédents : Portugal, Serbie, Andorre, Macédoine du Nord et San-Marin. Pour les mêmes raisons, l’intégration de la Bulgarie a été envisagée à plusieurs reprises. Depuis la fin du XX° siècle et sa dissolution la Yougoslavie a laissé place aux nouveaux états qui en sont issus : Croatie, Slovénie, BosnieHerzégovine, Monténégro, mais aussi la Serbie, bien que celle-ci ne dispose pas de côtes avec la Méditerranée. Le Kosovo intègre le CIJM le 30 octobre 2015 et le Portugal le 13 octobre 2017. Notons enfin que pour des raisons tant historiques que politiques, Israël et la Palestine restent hors de cette manifestation sportive. En 2015, l’Algérie, organisatrice des Jeux de 2021, réaffirme d’ailleurs fermement son opposition à la présence des premiers. 34 disciplines sont inscrites au programme des Jeux. Les épreuves handisports apparaissent aux jeux en 2009 et à partir de cette date le développement des épreuves pose des problèmes cruciaux d’organisation. Depuis 2015 le C.I.J.M. organise également des Jeux méditerranéens de plage (J.M.P.). dont la première édition s’est tenue en Italie à Pesca et la seconde à Patras, en Grèce, en 2019.

Jeux méditerrannéens et Jeux militaires Petit-fils d’Ismaïl Pacha et personnalité politique de l’Egypte d’après-guerre, Muhammad Tahir Pacha est membre du Comité international olympique de 1952 à 1957. C’est l’époque des grandes initiatives de paix de l’aprèsguerre lancées par des humanistes convaincus du caractère fédérateur du sport. C‘esr travers le sport automobile dont ils partagent tous les deux la passion que son action qui se situe dans ce cadre du rétablissement de la paix universelle rencontre dès 1948 celle d’Henri Debrus, fondateur du Conseil international du sport militaire.

Au moment même où Muhammad Tahir Pacha milite pour la création des Jeux méditerranéens, le Français cherche à fédérer les Etats concernés autour de la montée en puissance du C.I.S.M. qui commence à sortir des frontières de l’Europe. Dès 1949 il lui offre l’appui du C.I.S.M. pour organiser une première rencontre « méditerranéenne » à Istanbul entre l’Italie et la Turquie. En revanche, l’Egypte adhère au C.I.S.M. Les Jeux méditerranéens sont donc liés dès leur origine aux Jeux mondiaux militaires (J.M.M.). Plus récemment les deux entités ont été confrontées de la même façon à la gestion de la crise des Balkans. Au sein du C.I.S.M. les pays membres du C.I.J.M. forment toujours un sousensemble homogène reconnu et les mêmes athlètes se retrouvent dans leurs disciplines de prédilection sur les deux fronts. Les trois anneaux portés sur des vagues bleues du logo des Jeux méditerranéens symbolisent l’amitié qui unit les trois continents riverains de la mare nostrum, l’Europe, l’Afrique et l’Asie alors que les cinq du C.I.S.M. et leur colombe renvoient à la paix des cinq continents du monde.

Les manifestations sportives intercontinentales ou mondiales qu’organisent le C.I.J.M. et le C.I.S.M. réunissent des athlètes civils et/ ou militaires tous les quatre ans, un an après les Jeux olympiques d’été pour les premiers, un an avant pour les seconds. A l’instar du C.I.S.M. qui accueille un des plus petits pays du monde, le Swaziland, les Jeux méditerranéens font de même pour Saint-Marin et Andorre. Ce choix d’intégrer les plus petits territoires est partagé par tous les Etats membres. C’est une qualité du système nerveux intrinsèque du cœur d’un sport qui se veut fédérateur et solidaire. Cette attitude façonne les cultures d’une manière universelle en construisant tout simplement un vecteur de paix.

Claude Piard avec la contribution de Bernard Véré

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