Les bons plans sorties
Les techniques des imagiers comme il y a 200 ans
Créée en 1796 par Jean-Charles Pellerin, l’Imagerie d’Epinal est la seule encore en activité en France. A côté de l’activité commerciale, l’entreprise organise des visites guidées pour faire découvrir les techniques utilisées dans ses ateliers depuis plus de deux siècles.
I
mage d’Epinal... Le nom est évocateur, et pas seulement dans les Vosges. Rien qu’à son évocation, chacun reverra, selon ses goûts, le Chat Botté, les images militaires, les albums de contes ou encore les devinettes. Mais savez-vous seulement comment ces images sont fabriquées? Depuis une vingtaine d’années, l’Imagerie d’Epinal a décidé d’ouvrir ses portes aux visiteurs. « Au départ, ça a commencé avec la Fête des Images, trois jours de portes ouvertes au moment de la Toussaint, explique Fabienne Houillon. Face au succès rencontré, nous avons décidé d’ouvrir nos ateliers à la visite tout au long de l’année. » Passionnés, curieux ou personnes de passage peuvent ainsi découvrir les techniques dévéloppées il y a 200 ans et toujours utilisées maintenant. « A travers ces visites, notre objectif est aussi de perpétuer un savoir-faire ancien », ajoute la chargée de communication de l’Imagerie. En trois salles et un peu moins d’une heure, les visiteurs remontent le temps pour revivre l’évolution du métier d’imagier. Et le voyage commence au tournant du XIXe siècle. Au milieu de la première salle trône une presse Gutenberg, une presse à bras sur laquelle travaillaient les « ours », des ouvriers ainsi surnommés en raison de
10
leur grande force physique. Aujourd’hui, cette presse ne revit que pendant le temps des visites. Quelques secondes suffisent au guide pour faire apparaître les contours de l’image. « Ces démonstrations sont une vraie plus-value de nos visites, explique Claire Barcik, en charge des manifestations de l’Imagerie. Les visiteurs adorent voir les machines à l’œuvre ». A l’époque, l’Imagerie produit essentiellement des images pieuses, des saints chargés de la protection des foyers. Côté technique, les ouvriers de l’atelier utilise la gravure sur bois pour créer les matrices qui serviront ensuite à la reproduction à grande échelle des images. « Mais le bois avait tendance à s’abîmer sous la pression de la pièce et les ouvriers ont dû les remplacer par des matrices en plomb et étain », explique Claire Barcik. Toujours à la recherche de nouvelles innovations, les Pellerin vont révolutionner le monde de l’imagerie vers 1850 avec l’introduction de la lithographie dans leurs ateliers. En effet, cette technique de gravure sur pierre permet plus de précision et de détails dans le dessin. « C’est sans doute un des éléments qui leur a permis de survivre, contrairement à leurs concurrents qui souffraient de la diffusion des journaux », souligne Claire Barcik. Si les techniques d’impression du noir ont
évolué – aujourd’hui l’Imagerie utilise l’offset –, le coloris aux pochoirs reste la marque de fabrique des Images d’Epinal. Un pochoir par couleur, découpé dans une feuille de métal, servant de guide au coloriste. Un procédé qui, s’il a fait la réputation de l’entreprise, demandait six heures de travail pour produire une centaine d’images. Mais là encore, l’Imagerie a su innover au début du XXe siècle en faisant appel à un ingénieur pour développer l’aquatype. Cette longue machine capable de colorier 500 images à l’heure la fait alors entrer dans une quasi industrie. Aujourd’hui, deux aquatypes sont encore présentes dans les ateliers, une qui ne fonctionne que pour la visite et l’autre qui sert à produire les albums de fables, contes ou devinettes édités par l’Imagerie. Après avoir découvert toutes ces techniques, les visiteurs terminent leur parcours dans les ateliers actuels où ils peuvent constater par eux-mêmes que deux siècles plus tard le savoir-faire est resté intact. Aurélien Breton L’Imagerie d’Epinal est ouverte tous les jours de l’année, sauf le 25 décembre, le 1er janvier et le mardi suivant la Fête des Images. - Horaires d’ouverture : du lundi au samedi de 9h à 12h et de 14h à 18h30, les dimanches et jours fériés de 14h à 18h30. - Visites guidées à 9h30, 10h30, 15h et 16h30. - Tarifs : 4,70 e (adultes) - 3,15 e (étudiants) - 1 e (enfants de 6 à 16 ans) - gratuit pour les moins de 6 ans.