Clervie Eric REINHARDT, L'amour et les forêts, Éditions Gallimard
Emporté par la triste réalité La vie d'une femme, simple, tranquille. Du moins c'est ce que l'on croit. Son mari la harcèle sans relâche, et c'est son histoire touchante qui devient le fil rouge émouvant et dénonciateur de ce récit délicat, qui fait passer plus de messages qu'il n'y paraîtrait. Tout d'abord, parlons de la forme. Eric Reinhardt à un style d'écriture que j'apprécie tout particulièrement. Il utilise des mots simples, mais bien choisis, qui s'accordent parfaitement avec l'idée qu'il veut faire passer. Son écriture devient parfois presque poétique, notamment au début. Durant la majeure partie du livre, son écriture reste, je trouve, assez neutre, ce qui convient très bien au thème de son roman. En effet, il vaut mieux utiliser une écriture simple et efficace, qu'un style encombré de figures de style et de mots incompréhensibles par la plupart des lecteurs qui ne servent qu'à masquer un manque de fond. Le fond justement, il constitue l'essence du livre et est un thème très intéressant. La question des femmes harcelées par leur mari est, malheureusement, répandue, et ce livre peut donc toucher un nombre de personnes directement concernés, ainsi que leurs proches et bien sûr les autres lecteurs qui peuvent juste apprendre à ce sujet pendant leur lecture. Ce roman à donc une « réelle » utilité, ce qui es un point positif pour lui. Il peut éclairer certaines femmes sur leur situation, leur apporter du recul sur leur vie, et peut-être du courage ou un déclic, qui sait. Il dénonce un sujet qui reste encore aujourd'hui tabou et apprend une triste réalité aux personnes non touchées. Cette histoire se veut réaliste et j'ai parfois du mal à démêler l'histoire qui se veut réelle, de la fiction pure. Il y a des passages, celui, par exemple, de la rencontre dans le passé entre la protagoniste principale et son amant, qui relève de la fiction et dont j'aime beaucoup le côté magique et mystérieux. Mais il existe aussi quelques situations qui m'interrogent et décrédibilisent l'histoire principale. La relation de Bénédicte Ombredanne avec ses enfants me pose question, je trouve que la mère n'attache pas beaucoup d'importance à sa fille et son fils et réciproquement. Leurs liens affectifs paraissent presque inexistants, peut être un peu trop. L'amitié que se crée Bénédicte avec les patients de l'hôpital psychiatrique paraît aussi un peu trop romancés, mais ces péripéties rentrent bien dans l'histoire et en font tout son charme. Ce livre est très prenant et touchant, l'histoire est aussi intéressante que le style est bon. Ce roman permet à tous d'apprendre sur le quotidien d'une femme mariée à un homme malade, ou du moins aux problèmes intérieurs de quelqu'un profondément perdue et troublée. Certains lecteurs pourront se retrouver dans les personnages, et nous avons tous à méditer après la lecture de ce livre. Le titre L'amour et les forêts a été très bien choisi, et prend tout son sens à la fin du livre. Eric Reinhardt crée un univers qui nous empêche de sortir du livre et nous fait ressentir les émotions des protagonistes, nous permettant de rentrer complètement dans l'histoire. Ce roman nous permet de réfléchir sur nous-mêmes, notre vie quotidienne, nos amours, notre famille et beaucoup de sujets encore, et c'est ce qui me plaît par dessus-tout dans ce roman.