Margaux David Foenkinos, Charlotte, éditions Gallimard Emue, touchée, bouleversée… Ce roman de deux cent vingt pages, retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C'est toute ma vie.» Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche. Fille d'un chirurgien renommé, elle doit faire face à la disparition de sa mère qui s'est suicidée alors qu'elle n'est qu'une enfant. Elle n'apprendra la vérité que bien plus tard. Charlotte grandit, son père se remarie avec une célèbre cantatrice. Elle réussit à entrer à l'école des BeauxArts grâce au 1% de "juifs tolérés" à l'époque où la montée du nazisme est de plus en plus forte. Obligée de fuir ce régime totalitaire qui accentue chaque jour un peu plus sa domination, elle rejoint ses grands-parents dans le sud de la France. Mais elle quitte à contre cœur un amour passionnel avec un homme dont elle n'aura de cesse de dessiner son portrait de mémoire par la suite. Elle débute alors une intense période créatrice, encouragée par ses amis, elle peint, dessine, écrit sa vie, ses souvenirs. David Foenkinos commence son récit avant la naissance de son héroïne, en racontant le secret qu'elle-même n'apprendra qu'en 1940, lorsque sa grand-mère aura essayé de se pendre. Charlotte ignorait en effet que sa mère, morte quand elle avait 10 ans, s'était suicidée. Et avant elle, sa sœur, mais aussi leur grand-mère, leur oncle et d'autres encore. «Maman m'avait prévenue./ Elle est devenue un ange./ Elle disait toujours comme c'est beau d'être au ciel./» avait répondu la petite Charlotte à qui on expliquait que sa mère avait succombé à la grippe. Ce merveilleux roman, expose le destin de la jeune surdouée, d'une fille renfermée, d'une artiste hantée, d'une amoureuse qui se découvre mais qui un jours meurt. Dans son récit, David nous donne l'impression d'être le frère de Charlotte, son amour ou encore sa mère… Ce qui m'a beaucoup plus dans ce roman, c'est la forme, une structure parfaitement bien maîtrisée, cela ressemble a un long poème en prose, humain, authentique, d'une subtile élégance, d'une gravité mesurée. David Foenkinos évoque, sa quête et sa hantise de cette artiste, sa recherche. Il met surtout en avant l'émotion, l'audace, un aboutissement, une souffrance maîtrisée à l'évocation du portrait saisissant de cette femme exceptionnelle au destin tragique ! C'est une très belle œuvre, extrêmement aboutie qui nous donne une émotion indicible. Il opte pour des phrases courtes de moins d'une ligne, seul moyen pour le lecteur de respirer dans une histoire triste, puis tragique. On ressent énormément de sensations quand on lit se livre, dès les premières pages j’étais plongé dans l’histoire. Je le conseil fortement aux lecteurs, il est absolument débordant d’imagination, il nous réfléchir sur certaine chose de la vie… Charlotte est un magnifique roman.