Hors-Série n°1 - Décembre 2018
REMISE DES ‘‘BASIQUES D’OR’’ DE L’ANNÉE 2018
EDITO Avec cette fin d’année qui arrive, faisons le point. Qui a particulièrement marqué l’année ? Qui mérite d’être cité à nouveau ? Plus généralement, qu’estce qui a marqué 2018 ? Une ONG, un politique, un polémiste, une femme, un film ? Basique et sa rédaction reviennent sur l’année, et desservent des prix aux personnes -ou aux événements- qui ont fait de 2018 une année si particulière. Évidemment, le choix reste très subjectif aux journalistes de la rédaction. Mais, en ce mois de décembre, chacun mérite de revenir sur ce qui l’a marqué, attristé, affecté, ému, ou tout simplement plu. Entre ‘’basiques d’or’’ très médiatisés, ou au contraire beaucoup moins (les awards de l’ombre), chacun pourra alors repenser à cette année, soit en la comprenant mieux, soit en la redécouvrant. Après #MeToo, après #BalanceTonPorc, après #MoiAussi, cette année, c’était l’heure de #NousToutes. 2018 a été l’année de libération de la parole des femmes. Et il était temps ! Entre l’inégalité des salaires, le harcèlement sexuel, qui continue de sévir, et le sexisme, nous nous devions de crier haut et fort, nous nous devions de taper du poing sur la table. Suite aux manifestations du 24 novembre contre les violences sexistes et sexuelles -qui ont réuni environ 50 000 personnes dans toute la France- YES, il nous semblait important de revenir sur certains sujets qui ont fait avancer cette cause, et de montrer leur différence de médiatisation. Avec l’affaire Harvey Weinstein, désigné comme perdant de l’année, ou encore avec l’initiative et la femme de l’année (toutes deux peu médiatisées), les féministes d’entre vous y trouverez votre compte. Et comme le dit l’un des slogans provocants de #NousToutes : nous ne fermerons plus nos gueules ! BOUQUEROD Clémence
Rédacteur en chef : BOUQUEROD Clémence ; clemence.bouquerod@iscpalyon.net Rédaction : BCHINI Antoine, CHEVALLIER Fabien, DUMUR Mathilde, DURIEZ Alan, HECKMANN Manon, JOLY Méric, LOPEZ Paulino, PELLOUX Juliette, ROSSIER Yann, THIEBAUD Octavien Contact rédaction : Twitter @BasiqueMagazine ; basique.magazine@gmail.com Adresse : 47 rue du Sergent Michel Berthet 69009 LYON
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SOMMAIRE 4 5 6 8 9 10
LE POLITIQUE Bolsonaro, le politique controversé de l’année?
L’ONG Four Paws, l’ONG présente en zones de crise
AWARDS DE L’OMBRE Les prix des pesonnes ou événements qui n’ont pas été assez médiatisés
Jair Bolsonaro durant une conférence de presse© Foreign Policy/ Page 4
LE PERDANT Harvey Weinstein, perdant de sa réputation et de son argent
LE POLEMISTE Trump et ses ‘‘pays de merde’’
LE GENIE Elon Musk, à la conquête de la planète rouge
Jerome Jarre avec un enfant en Somalie © Instagram @jeromejarre / Page 7
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Pavana, une enfance en Afghanistan pendant la guerre
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LA PHOTO Le Yemen vit sa pire crise humanitaire
Elon Musk, à une conférence TEDx © CNBC / Page 10
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LE POLITIQUE DE L’ANNEE
Jaïr Bolsonaro, le “Trump des Antilles” aux commandes du Brésil Le 28 octobre, Jaïr Bolsonaro, candidat du Parti social-libéral, un parti d’extrême droite, est élu président du Brésil. Anthony Berthelier, journaliste politique au Huffington Post, revient sur la campagne houleuse et les raisons de l’élection de Bolsonaro. En quoi la campagne présidentielle de Jaïr Bolsonaro a marqué cette année 2018 ? Pour plusieurs raisons. Sa campagne a bénéficié d’un contexte ultra favorable. Il a été reconnu comme l’un des seuls responsables politiques qui n’a pas trempé dans le scandale Petrobas (ndlr : affaire de corruption qui a ébranlé la politique brésilienne en 2014). Il s’est aussi présenté comme un rempart contre l’insécurité dans un pays où un meurtre a lieu toutes les 10 minutes. Sa tentative d’assassinat a donc marqué les esprits. L’emprisonnement de Lula pour corruption a énormément joué dans la prise de pouvoir de Bolsonaro. Sans cela, il ne serait pas président aujourd’hui. Peut-on dire que Bolsonaro est l’un des politiques les plus controversés de l’année ? Bien sûr ! Ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé le ‘’Trump des Antilles’’. Ses idées sur le climat rejoignent celles de Donald Trump. De plus, Bolsonaro a capitalisé sur ses outrances sexistes et homophobes. Il a longtemps été stigmatisé sur les plateaux télé comme le “Éric Zemmour brésilien” à cause de ses polémiques. Et après des décennies d’hégémonie de la gauche, Bolsonaro arrive au pouvoir. Le fait que le plus grand pays du continent bascule aux mains d’un extrémiste est un événement fort. C’est la
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première fois que l’extrême droite revient au pouvoir depuis 1985, l’époque dictatoriale. Il vient de nommer un quatrième militaire au gouvernement et est un grand nostalgique de la dictature militaire. Peut-on parler d’un retour au pouvoir militaire ? Non, je ne pense pas. Bolsonaro représente un danger pour les minorités au Brésil. Il est une menace pour le climat et pour ses opposants, la gauche. Mais un danger pour la démocratie, je ne pense pas. Il applique une politique qu’on peut contester sur beaucoup de sujets mais il n’empiétera pas sur la liberté ou la démocratie.
L’actuel président a été le personnage politique le plus médiatisé des élections. Existe-t-il une forte opposition, pouvant l’empêcher de réaliser certains projets ? Non, il a les mains libres pour faire ce qu’il veut. Lors de sa campagne, il a présenté un programme flou pour qu’on ne sache pas quelles directions il va prendre. On ne sait donc pas trop ce qu’il va faire maintenant qu’il est au pouvoir. Pendant les élections, le paysage politique était totalement polarisé par Lula, et son retrait a favorisé le candidat d’extrême droite. La gauche va avoir du mal à se faire entendre et à redevenir forte.
THIEBAUD Octavien
Le 6 septembre, Jaïr Bolsonaro se faisait poignarder à l’abdomen lors d’un meeting ©gbrasil.com
L’ONG DE L’ANNEE
Four Paws : l’ONG qui s’occupe de tout C’est une ONG qui mérite d’être citée. Four Paws est une association d’origine autrichienne luttant pour la protection des animaux. Elle réalise des actions aux quatre coins du monde, augmentant toujours plus son importance.
L’association prodigue les premiers soins en urgence sur place, avant d’emmener en lieu sûr les animaux. © Instagram four_ paws_international
2018 fut riche en action pour l’association Four Paws. Sauver les animaux des mauvaises conditions de vie dans les zoos, collaborer avec des vétérinaires de guerre pour les protéger sur les fronts… L’association compte des pieds-à-terre partout dans le monde pour venir en aide, soigner et protéger nos amis à quatre pattes. Ainsi, ils coordonnent, entre autres, un refuge pour orangs-outans en Indonésie, un sanctuaire pour ours en Autriche ou encore un centre pour tigres aux PaysBas afin de recueillir leurs petits protégés. En travaillant avec des collectivités locales, du personnel qualifié ou encore sa communauté, Four Paws parvient à sauver des animaux en situation critique. Leurs missions de sauvetage
demandent des autorisations spéciales venant des gouvernements, et dans des zones de guerre, ils sont obligés de redoubler d’ingéniosité. Ainsi, deux lions mâles enfermés dans un zoo à Alep et Mossoul ont pu être sauvés de l’horreur de la guerre. Ils étaient escortés par une équipe de sécurité afin d’éviter les barrages de l’Etat islamique. En février, ils ont été placés dans un sanctuaire en Afrique du Sud. Ils sont présents partout où il y a une crise, comme après le passage de l’ouragan Florence aux États-Unis. L’association était là pour prendre soin des animaux, eux aussi victimes de la catastrophe. Des actions sanitaires en prévention En plus de sauver les bêtes en situation critique, l’association s’occupe aussi de prévention.
Le gouvernement birman a lancé en partenariat avec Four Paws une grande campagne de vaccination contre la rage. L’objectif est de vacciner un million de chiens et chats errants, et d’ici 2030, d’éradiquer cette maladie qui cause la mort de mille personnes, chaque année, en Birmanie. Entre mars et mai, plus de 60 000 animaux ont déjà été vaccinés. Cette manœuvre permet aussi de stopper le meurtre d’animaux infectés, dans un pays où des milliers de chiens et chats sont abattus par simple suspicion. Pour cette association de défense des animaux, pas de différence pour nos congénères. Ours ou chien, lion ou cheval, Four Paws prend soin de chaque animal sur terre, et cela à n’importe quel prix.
DUMUR Mathilde
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LES AWARDS DE L’OMBRE
Le modèle vert du Costa Rica Le Costa Rica a vécu une année 2018 très riche. Le pays d’Amérique centrale excelle dans plusieurs domaines, comme l’écologie et la protection de sa forêt. Il avance aussi dans le social avec sa légalisation prochaine du mariage homosexuel. Carlos Alvarado, le nouveau président costaricien, peut être fier de son pays. 98%. C’est la part des énergies renouvelables au Costa Rica, soit bien plus élevée qu’en France, où elle est à 16%. Le Costa Rica a d’ailleurs réussi à fournir plus de 300 jours d’électricité verte en 2018. Son objectif consiste à devenir totalement neutre en carbone d’ici 2021. En plus d’être exemplaire au niveau de l’énergie, le pays se développe et
Le volcan Arenal, merveille naturelle du Costa Rica © Curtesy Of Nations Online
met en avant sa biodiversité. Et celle-ci représente 5% de toute la biodiversité de la planète. Les Costariciens vont également voir leur pays changer sur l’aspect social. En avril, la Cour suprême, avec l’appui du président, a ordonné la levée de l’interdiction du mariage homosexuel sous 18 mois. Une victoire importante
face au parti conservateur religieux, encore très important dans cette région. Élu pays le plus heureux au monde en 2018 selon Happy Planet Index, le Costa Rica peut aborder 2019 avec le sourire. BCHINI Antoine
Colin Kaepernick, de paria à égérie de Nike Colin Kaepernick est un joueur de football américain, anciennement en NFL (National Football League). Depuis le 3 Novembre 2018, il est devenu l’égérie de Nike. Bien qu’au repos actuellement, Kaepernick est l’un des sportifs américains les plus influents du moment, que ce soit dans le sport ou en dehors.
Colin Kaepernick, nouvelle égérie de Nike© Chicago Tribune
“Je ne vais pas me lever pour montrer la fierté d’un pays qui oppresse les Noirs.” Voilà ce qu’a déclaré Colin Kaepernick, en août 2016. Ce jour-là, il est resté assis durant l’hymne américain, pour protester contre les violences policières envers les Noirs aux ÉtatsUnis. À la fin de la saison 20162017, Kaepernick ne trouve pas d’équipe à intégrer, et accuse les hauts dirigeants de la NFL de boycotter son retour dans la ligue. Depuis, les choses sont
allées très vite pour Kaepernick. Il crée sa fondation “I Know My Rights” dédiée aux élèves défavorisés, fait la Une du Time, puis engage des poursuites contre la NFL. Sa concrétisation survient en septembre dernier, lorsqu’il devient l’égérie de Nike avec un slogan qui lui colle à la peau : “Croyez en quelque chose, même si cela signifie tout sacrifier”. En plus d’un gros coup marketing, Nike prend une position très claire sur un débat qui divise l’Amérique depuis des DURIEZ Alan
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Jerome Jarre, notre héros de l’anée © Le Parisien
Jérôme Jarre : un influenceur devenu héros Jérôme Jarre s’est fait connaître sur l’application Vine en 2013, mais depuis, il a bien évolué. En novembre 2017, ce jeune humanitaire français de 28 ans s’est rendu dans le plus grand camp de réfugiés au monde, au Bangladesh. Son objectif : sensibiliser l’opinion publique quant aux conditions de vie des Rohingyas (population musulmane qui fuit les persécutions en Birmanie). Pour cela, il a fait appel à sa Love Army, composée de nombreux artistes et vidéastes célèbres comme Omar Sy, Dj Snake ou encore Mister V. Jérôme Jarre a même mis en place une cagnotte, afin d’améliorer les conditions de vie
de cette communauté. Durant 2018, grâce aux fonds récoltés (environ 3 millions d’euros), Jérôme a pu embaucher plus de 3000 Rohingyas pour réaliser des projets de rénovation dans le camp. Résultats : 3000 maisons ont été construites, avec l’installation de panneaux solaires, de matelas, de cuisines, de puits etc. CHEVALLIER Fabien
Ovidie, documentariste féministe pro-sexe Après avoir fait carrière en tant qu’actrice pornographique, écrivaine et productrice, la Française est aujourd’hui réalisatrice de documentaires engagés. Et cette année, elle reçoit un prix pour son travail, sans pour autant s’imposer dans le paysage médiatique. A 37 ans, Éloïse Becht, aka Ovidie, a vécu plusieurs vies, gardant cependant le féminisme au cœur de sa lutte. Après avoir été actrice pornographique, elle passe derrière la caméra, et réalise ses premiers films. Son but ? Revendiquer que ce métier peut libérer la femme. ‘’L’intello du X’’ a été éducatrice sexuelle sur Canal Satellite, et a écrit de nombreux livres. Aujourd’hui,
elle réalise des documentaires. Ainsi, Pornocratie dénonce le coté obscure du X, tandis que Là où les putains n’existent pas, sorti en 2018, raconte le parcours d’une ancienne escorte suédoise, assassinée par son ex-conjoint. Le film a obtenu le prix Amnesty International au Festival de Film de Thessalonique.
Ovidie lors d’un shooting photo © Chloé Vollmer-Lo
BOUQUEROD Clémence
À l’honneur des grandes femmes Un palmarès des femmes les plus influentes de 2018 ? Vous ne rêvez pas, cela existe bien, et cela a été créé par le site adopteunmec.com ! Le 14 juin, le palmarès s’ouvrait pour une première édition, en collaboration avec trois associations : Empow’Her, Entrepreneurs du Monde et Force Femmes. La première soutient l’éducation des femmes, la deuxième valorise les femmes PDG, et la troisième
accompagne les plus âgées pour trouver un emploi. Ce palmarès retenait le profil d’une cinquantaine de femmes radicalement différentes, entre comédiennes, sportives et politiques. Les trois gagnantes ont été nominées le 2 juillet. Ainsi, Céline Bizière, fondatrice
du Salon des femmes, Lyna Malandro, bloggeuse, et Morgane Ortin, auteure d’Amours Solitaires, ont toutes trois remporté 10 000 euros à donner aux associations partenaires.
BOUQUEROD Clémence
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LE PERDANT DE L’ANNEE
Harvey Weinstein, de magnat à paria Harvey Weinstein est un producteur américain. En 2018, il est accusé par plus de 80 femmes d’agressions sexuelles. Depuis, tout son empire s’est écroulé et l’homme le plus influent d’Hollywood est au bord de la ruine. Il y a un an, le 11 octobre, Harvey Weinstein se met en “congé indéfini” de sa société Weinstein Company. Deux jours plus tard, le producteur de ‘’Kill Bill’’ est licencié par le conseil d’administration de sa propre entreprise. L’Académie des Oscars le boycotte et l’Élysée lui retire sa légion d’honneur. Sa fortune, avant le scandale, était estimée entre 240 et 300 millions de dollars. Aujourd’hui, il se retrouve ruiné. Tout d’abord, afin de ne pas aller en prison en attendant son procès, l’ancien producteur a payé sa liberté conditionnelle au prix d’un million de dollars. Pour soigner son addiction au sexe, il se rend dans un centre de désintoxication à Scottsdale. Son séjour de 45 jours lui a coûté 56 000 dollars.
Son couple n’a pas survécu au scandale, sa femme a demandé le divorce. Ainsi, Georgina Chapman devrait toucher entre 12 et 15 millions de dollars de dommages et intérêts. Harvey Weinstein devra également lui verser une pension annuelle de 400 000 dollars. En janvier 2018, l’homme a dû vendre sa maison d’Hampton pour 10 millions de dollars (achetée 11,4 millions). Sa résidence à Manhattan est vendue pour 16 millions de dollars (alors estimée à 26 millions), tandis que son chalet en Californie est mis en location pour 7,5 millions de dollars par mois. Sa maison à Los Angeles est aussi vendue pour 1,8 million de dollars. En mars 2018, la Weinstein Company, attaquée par plusieurs victimes d’agressions sexuelles, doit
déposer le bilan. La société de production se retrouve à 500 millions d’euros de dette, et est obligée de mettre la clé sous la porte. Les frais d’avocat d’Harvey Weinstein ne sont pas connus, mais l’équipe qui le défend est la même qui a défendu Dominique StraussKahn en 2012. À l’époque, Benjamin Brafman et son équipe avaient empoché entre 500 000 et 1 million d’euros. L’ancien producteur fait face à des accusations d’agressions sexuelles prédatrices, l’un des crimes les plus graves dans le code pénal new-yorkais. Il sera condamné au minimum à 10 ans de prison, sans compter les différentes amendes, intérêts et dommages qu’il devra aux victimes et à l’État. Son procès est prévu le 23 janvier 2020. LOPEZ Paulino L’année de la fin pour Harvey Weinstein ©AP News
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LE POLEMISTE DE L’ANNEE
Quand Trump insulte plusieurs États de “pays de merde” Le 11 janvier dernier, le président des États-Unis a traité Haïti, Salvador et plusieurs nations africaines de ‘‘pays de merde’’ lors d’une réunion à la Maison-Blanche. Des propos qui ont créé une polémique sans précédent.
En janvier dernier, Donald Trump a provoqué une polémique sans précédent © Europe 1
Les deux premières années de mandat de Donald Trump ont été rythmées par ses polémiques. L’une d’elles a néanmoins retenu l’attention, suscitant une indignation mondiale. Lors d’une réunion sur l’immigration à la Maison-Blanche avec quelques sénateurs, en janvier dernier, le président américain a qualifié plusieurs États, notamment africains, de “pays de merde”. “Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici?”, a-t-il déclaré selon le Washington Post, faisant référence à Haïti, au Salvador ainsi qu’à plusieurs États africains. Des propos prononcés pendant que le président et ses sénateurs évoquaient la question d’un accord pour éviter l’expulsion de milliers de jeunes immigrés. Le l’immobilier
magnat ne s’est
de pas
arrêté là. Dans la continuité de son discours, il a expliqué à ses sénateurs que les ÉtatsUnis devraient accueillir des ressortissants issus de la Norvège, au lieu des immigrés africains, haïtiens et salvadoriens. Une remarque qui fait suite à sa rencontre avec la première ministre norvégienne, la veille. Une vague d’indignations “Racistes”, “honteux”, “choquants” : les réactions à ces propos ne se sont pas fait attendre. Celles-ci ont été particulièrement nombreuses et virulentes. À l’ONU (Organisation des Nations unies), on s’est offusqué des commentaires tenus par Donald Trump. Les 54 ambassadeurs du groupe africain ont notamment réclamé les excuses du président américain, et ont dénoncé sa tendance à “dénigrer le continent africain et les gens
de couleur”. L’Union africaine, elle, s’est dite “blessée” par ces remarques. Les pays latinos ont également condamné les propos du républicain. À Haïti, directement concerné, le gouvernement a considéré ces insultes “inacceptables, reflétant une vision simpliste et raciste”. Une vague de solidarité est ensuite venue porter les pays “agressés” par le président américain. Aux États-Unis, si certains se sont indignés de ces déclarations, d’autres ont affiché leur soutien à Donald Trump, allant même jusqu’à le féliciter d’avoir dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. De quoi envenimer la polémique, même si le chef d’État américain a, quant à lui, démenti ces propos. ROSSIER Yann
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LE GENIE DE L’ANNEE
Elon Musk : l’homme qui rêvait de Mars S’il y a bien un ingénieur que l’on doit retenir cette année, c’est Elon Musk. Entrepreneur et PDG, le fondateur de Space X est avant tout un visionnaire et un innovateur hors pair. Le 6 février, il a frappé très fort en envoyant dans l’espace la Falcon Heavy, la fusée la plus lourde de l’histoire. Un événement qui a su impressionner les nombreux passionnés d’aérospatial.
- Il est né le 28 juin 1971 à Pretoria en Afrique du Sud (naturalisé américain en 2002) - Il est propriétaire des entreprises Tesla, X.com, SpaceX et The Boring Company - Sa fortune est estimée à 22 milliards de dollars Elon Musk, fondateur de Space X © Le Parisien
Le 6 février 2018, Elon Musk a les yeux rivés sur le centre spatial Kennedy, en Floride. C’est ici que décollera son nouveau projet fou avec Space X. Ce jour-là, le milliardaire a fait décoller la fusée la plus lourde de l’histoire : la Falcon Heavy. L’engin, poussé par des propulseurs de dernière technologie, pesait 1421 tonnes au décollage. Les propulseurs ont en effet été étudiés pour atterrir sur le sol ferme (une fois la fusée dans l’espace). Une opération savamment réussie. Mais ce n’est pas tout. En envoyant sa fusée, l’ingénieur a également eu l’idée de mettre sur orbite une voiture Tesla. Un moyen de communication de génie, qui n’a fait que illustrer l’aspect innovateur d’Elon Musk. Cela lui a notamment permis de s’allier avec les principaux intéressés : la NASA.
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Un visionnaire né Elon Musk a toujours eu des idées innovantes et hors de son temps. Dès les années 1990, il crée la plateforme ‘’Zip 2’’ qui permet aux médias de se développer sur le web. Une idée qui, à l’époque, paraissait dérisoire pour la presse. En 2003, il crée l’entreprise Tesla, la célèbre marque de voitures électriques. Une innovation qui encore une fois, n’était clairement pas d’actualité au début des années 2000. Ces derniers temps, le milliardaire a également inventé ‘’l’Hyperloop’’, un train capable d’atteindre les 1000 km/h sous terre. Pour l’avenir, Elon Musk veut toujours aller plus loin, avec notamment la Big Falcon Rocket, une fusée qui permettrait d’emmener un humain n’importe où sur Terre en moins d’une heure. Et ce n’est qu’un projet parmi tant d’autres.
Mars : un projet de vie Depuis la création de son entreprise Space X à l’âge de 31 ans, Elon Musk a toujours affirmé que son principal objectif était de coloniser la planète rouge. Il souhaite même développer le ‘’tourisme spatial’’. Ces projets paraissent irréalisables pour le moment, tant il existe de problématiques liées à la conquête martiale. Quoi qu’il en soit, Elon Musk a annoncé la date très ambitieuse de 2025 pour envoyer des hommes sur Mars. Si l’on retient Elon Musk en tant que génie de 2018, c’est surtout parce que, peu à peu, il est en train d’éclipser les projets de la NASA. Bien que partenaire, on doute que l’agence gouvernementale reste numéro 1 si Elon Musk parvient à atteindre la planète rouge dans 6 ans. JOLY Méric
LE FILM DE L’ANNEE Parvana, une enfance pendant la guerre en Afghanistan
Parvana, une enfance en Afghanistan ©lePacte
Le film d’animation de Nora Twomey mêle les péripéties d’une fillette pour nourrir sa famille avec l’histoire récente de l’Afghanistan. Parvana livre un témoignage d’une enfance pendant la prise de Kaboul en 2001.
Le film Parvana témoigne d’une réalité douloureuse et complexe. Le récit se déroule à Kaboul, en 2001, au cours de la période qui précède la chute du régime taliban en Afghanistan. Par son protagoniste, Parvana tente d’illustrer, à travers son enfance, une situation violente et cruelle. Peu après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le dimanche 7 octobre, plusieurs violentes explosions se sont fait entendre dans la capitale afghane. La guerre américaine contre les talibans afghans a commencé. Première offensive des bombardiers, lancée contre les principales cités du pays, dont Kaboul. Il y aura aussi les villes de Kandahar, Jalalabad et Herat qui seront touchées par ces offensives. Dans les heures qui suivent, des milliers d’Afghans fuiront ces zones. Certains iront au Pakistan en franchissant clandestinement les frontières, et d’autres, en Iran. Pendant plus de deux mois, les offensives vont se
poursuivre. Comme un garçon L’héroïne éponyme est une petite fille de 11 ans qui survit dans la capital afghane, à Kaboul. Elle accompagne son père sur les marchés pendant que sa sœur aînée et sa mère restent cloîtrées à la maison, interdites de paraître en public. Dès la prise de Kaboul par les talibans en 1996, les femmes subissent des restrictions et des brutalisations de ceux-ci. En outre, l’interdiction totale d’avoir des activités hors de chez elles, ainsi que de travailler. Sous le régime des talibans, les Afghanes sont comme emprisonnées à l’intérieur de leurs propres maisons. Quand son père est arrêté et emprisonné, Parvana doit alors se travestir en garçon pour subvenir aux besoins de sa famille. L’actrice, Golshifteh Farahani, qui lui prête sa voix dans le film, a quant à elle aussi joué au garçon pendant son enfance en Iran. ‘’J’avais envie de faire du vélo, envie d’être
libre. Alors je rasais ma tête et me donnais un prénom de garçon. Le matin, j’étais à l’école avec un foulard, et l’après-midi, j’étais un garçon pour jouer avec les gamins du quartier‘’. Ce film montre la nécessité d’exposer des faits historiques, comme la débâcle sanglante des talibans après les attentats du 11 septembre 2001
PELLOUX Juliette Le film est inspiré du roman de la Canadienne Deborah Ellis, sorti en 2003. Il est produit par l’actrice Angelina Jolie. Ambassadrice de bonne volonté du Hautcommissariat de l’ONU, Angelina Jolie connaît bien l’Afghanistan : elle y a ouvert une école pour filles. Le film a été récompensé avec le Prix du Public et du Jury 2018 au festival d’Annecy et cité aux Oscars.
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LA PHOTO DE L’ANNEE
Amal Hussain, petite Yéménite victime de la famine est décédée une semaine après avoir fait la Une du New York Times © Tyler Hicks
Au Yémen, le désespoir se lit sur les corps des enfants Depuis 2015, une crise humanitaire sans précédent a probablement tué jusqu’à 85 000 enfants de moins de cinq ans au Yémen. Dans ce pays ravagé par la guerre civile, les Yéménites souffrent quotidiennement du manque d’accès aux denrées alimentaires. Nous vous avions parlé de la situation catastrophique au Yémen il y a quelques semaines. À travers la photo de l’année, Basique a souhaité revenir sur l’importance de ces images déchirantes d’enfants affamés. Sur ce cliché, figure Amal Hussain, sept ans, hospitalisée au nord du Yémen pour cause de malnutrition. Début novembre, la photo avait choqué le monde entier en faisant la Une du New York Times. Le célèbre journal américain avait ainsi souhaité alerter le public sur ce que certains spécialistes considèrent comme la plus grosse crise humanitaire de l’histoire. Une semaine plus tard, la petite Amal Hussain mourait de faim sur son lit d’hôpital, laissant derrière elle des frères et sœurs dans des états de santé similaires.
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Selon l’UNICEF, près de 80 enfants yéménites meurent de faim chaque jour. Actuellement, 14 millions d’habitants seraient dans un besoin urgent d’aide alimentaire. Victimes de la guerre civile Cette situation qui ne cesse d’empirer depuis 2014 est due à la guerre civile, qui déchire le Yémen. En effet, cela fait désormais quatre ans que les forces gouvernementales, soutenues par l’Arabie saoudite, s’opposent aux rebelles houthistes (Islam chiite), de leur côté appuyés par le régime iranien chiite. Aujourd’hui, le Yémen est devenu le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, notamment à cause de ces affrontements. D’après le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, ‘’le pays est au bord du précipice’’. Auparavant, 70% des denrées
alimentaires étaient importées par la ville d’Hodeïda, où se déroulent désormais les combats les plus intenses. Le manque d’eau est également un facteur important de ce désastre humain: de nombreuses canalisations sont chaque jour détruites par les tranchées creusées durant la guerre. Selon l’ONG Save The Children, à l’heure actuelle, les vies de 5 millions d’enfants sont menacées à la fois par les maladies, la malnutrition, et les bombardements. De nombreuses associations, comme Médecins du Monde, espèrent désormais que les évènements liés à l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi permettront de faire la lumière sur la réalité du régime saoudien, et sur leur responsabilité face à la crise du Yémen. HECKMANN Manon