N°5 - Basique

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Numéro 5 - Jeudi 11 avril 2019

BASIQUE

Le monde en toute simplicité

Les violences sexuelles comme arme de guerre 6 - 7

Le Venezuela plongé dans le chaos

L’agriculture française en danger

Chicago : une élection historique

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EDITO Jeudi 4 avril, Angel Hernandez, un Espagnol de 69 ans, a fi lmé en direct le suicide assisté de son épouse, Maria José Carrasco, atteinte de sclérose en plaques depuis trente ans. Un acte qui remet sur la table le débat de la légalisation du suicide assisté en Espagne, à trois semaines des élections législatives anticipées. Touchées par le geste de cet homme, de nombreuses personnes sont sorties dans les rues madrilènes pour soutenir Angel Hernandez, car ce dernier est actuellement en garde à vue pour un possible homicide. ‘‘Cela aurait pu se passer autrement. L’opposition a bloqué à 19 reprises notre initiative visant à encadrer le suicide assisté’’, d’après le Socialiste Pedro Sanchez. Alors, on légalise ou non ? Certains pays ont déjà fait le pas : la Suisse, cinq États des États-Unis, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique et le Canada. Il serait intéressant que ce geste irréversible soit encadré et régulé dans davantage d’États. Nous avons tous connu des situations de personnes qui vivent leurs derniers jours dans des conditions insupportables. La maladie de Charcot ou la sclérose en plaques sont des maladies dégénératives, qui peuvent pousser une personne à vouloir mettre fi n à ses jours. Pourquoi donc ne pas leur fournir un environnement et des moyens nécessaires pour quitter ce monde dignement, de la manière qu’ils souhaitent ? Nombreux sont les cas de malades voyageant dans un pays où cela est légal. En attendant, le slogan ‘‘Je décide quand et comment je veux mourir’’ est inscrit sur beaucoup de pancartes dans les rues espagnoles, et le geste d’Angel Hernandez pourrait enfi n faire réagir le Parti Populaire (la droite). CHEVALLIER Fabien

Rédacteur en chef : CHEVALLIER Fabien; fabien.chevallier1@iscpalyon.net Rédaction : BCHINI Antoine, BOUQUEROD Clémence, DUMUR Mathilde, HECKMANN Manon, LOPEZ Paulino, PELLOUX Juliette, ROSSIER Yann, THIEBAUD Octavien Crédits photos UNE : Lynsey Addario ; AFP ; Frenchfoodintheus ; Chicagoreader Contact rédaction : Twitter @BasiqueMagazine ; basique.magazine@gmail.com Adresse : 47 rue du Sergent Michel Berthet 69009 LYON

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SOMMAIRE 4

MEDIAS Notre page consacrée à l’actualité des médias

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POLITIQUE Point sur la crise au Venezuela avec Yoletty Bracho

LE GROS DOSSIER Les violences sexuelles comme arme de guerre

Facebook visé après l’attentat de Christchurch © TechCrunch / Page 4

FRANCE Le budget de l’agriculture française en danger

CULTURE Une exposition sur la mode musulmane fait polémique en Allemagne

ECOLOGIE

L’exposition «Contemporary Muslim Fashions» fait la polémique © Vogue / Page 9

Clean Meat : Le futur des carnivores ?

11 TOP et FLOP Une femme noire et lesbienne à la mairie de Chicago / une législation condamne homosexualité, vol et adultère

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Clean Meat : Nouveau procédé pour créer de la viande © Newsweek / Page 10

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MEDIAS Les médias dépendants de Google Selon Olivia Ma, responsable de Google News Lab, Google aurait versé pas moins de 14 milliards d’euros aux médias en 2018. En 2017, les recettes n’étaient ‘‘que’’ de 12,7 milliards d’euros. La directrice explique que cette hausse est liée à la création d’un droit d’auteur ‘‘voisin’’ qui garantit aux médias de meilleures recettes. En effet, le ‘‘droit voisin’’ permet aux médias d’être rémunérés davantage si un contenu est ré-utilisé sur les réseaux sociaux, ce qui n’était pas le cas auparavant.

© Denis Linine

L’Australie veut condamner les patrons des réseaux sociaux Après la vidéo de l’attentat de Christchurch, diffusée pendant 17 minutes en direct sur Facebook, le Parlement australien a décidé d’adopter une législation instaurant une peine de prison pour les patrons de réseaux sociaux. Ces derniers risquent ainsi

jusqu’à trois ans de prison s’ils ne procèdent pas au retrait rapide d’un contenu du même type. Facebook et Youtube sont notamment en ligne de mire et tenus responsables pour ‘‘irresponsabilité du retrait de matériaux détestables’’.

© Sputnik

Des médias en lutte contre les « fake news »

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informations pour éviter les fake news. Jules Darmanin, coordinateur de FactCheckEU, explique : ‘‘Une fausse information peut très bien

voyager d’un pays à un autre en Europe, et la diversité des langues rend le combat contre cette désinformation plus difficile’’. LOPEZ Paulino

© Libération

A l’approche des élections européennes, 19 médias de l’International FactChecking Network (IFCN) ont décidé de créer une plateforme FactCheckEU. Ce projet collaboratif permettra aux différentes rédactions (Libération, La Voce (Italie), TjekDet (Danemark) entre autres) de s’échanger et vérifier plus rapidement les


POLITIQUE

Yoletty Bracho : « Le Venezuela est devenu une coquille vide » Le peuple se mobilise dans les rues de Caracas pour montrer son mécontentement © FranceAmériqueLatine.org

Depuis 2014, le Venezuela connaît une crise politique et économique sans précédent. Le pays bat des records d’inflation, et les premières manifestations meurtrières secouent la capitale Caracas. Yoletty Bracho, doctorante et enseignante en Science Politique à Lyon 2 d’origine vénézuélienne, nous explique la situation.

Quelles sont les origines de l’effondrement du Venezuela ? Il faut revenir en 2003, avec la mise en place du contrôle d’échange par le président Hugo Chavez. Cela a entraîné une perte importante de capitaux pour les entreprises. C’était plus intéressant d’importer que de produire, même des produits de base. Lorsque le prix du baril de pétrole a baissé, il n’y avait plus assez de ressources pour importer, et le pays est devenu comme une coquille vide. Cette chute de prix n’a fait que révéler les problèmes, plutôt que les déclencher. Le Venezuela s’est alors endetté au fil des années et le président Nicolás Maduro a préféré rembourser tout de suite, soumettant le pays à une austérité extrême, comparable à la Grèce, en plus dévastateur. Cela a coûté de nombreuses vies. Juan Guaido s’est autoproclamé président et fait concurrence à Nicolás Maduro.

Lequel des deux dirige réellement ? Les deux sont en capacité de diriger plus ou moins. Nicolás Maduro est toujours à la tête du gouvernement, d’une grosse partie de l’administration et possède des alliances avec l’armée et les forces de l’ordre. De son côté, Juan Guaido a le soutien de la majeure partie de la population. Il a des proches à la tête des grandes entreprises vénézuéliennes aux Etats-Unis et des ambassades. Il a aussi obtenu la reconnaissance de président du Venezuela par des pays comme la Colombie ou les Etats-Unis. Qui est en mesure de faire avancer la situation ? La dernière dictature est tombée en 1958. Des alliances fortes entre les secteurs de la société civile, les politiques et les forces armées sont nées. L’idée que l’armée soit un point de bascule n’est pas fausse, mais c’est la surestimer. Les

acteurs étrangers quant à eux ne peuvent que faire pression. Le plus grand facteur de changement réside entre les mains des citoyens avant tout. Comment réagissent les pays voisins, autant sur le plan humanitaire que politique ? Ils ne s’attendaient pas à une telle vague d’immigration, surtout au niveau logistique. Les pays d’accueil seront plutôt le Brésil et la Colombie, même si ça reste un passage pour aller au Pérou ou en Equateur. La communauté internationale aura également un rôle crucial à jouer dans l’accueil des populations vénézuéliennes. D’un point de vue politique, ce sont des pays qui se situent plus à droite. Ils se servent du Venezuela comme outil d’instrumentalisation pour décrédibiliser la gauche, en le montrant comme un exemple à ne pas suivre.’’

BCHINI Antoine

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LE DOSSIER DE LA SEMAINE

Les violences sexuelles : de dommage collatéral à stratégie militaire Depuis plusieurs dizaines d’années, les violences sexuelles lors des conflits sont devenues de véritables armes stratégiques de guerre. Perpétrées de façon très cruelle, elles peuvent s’avérer plus destructrices qu’une arme à feu.

Les femmes victimes de violences sexuelles de guerre sont souvent rejetées par leur communauté © HRW

Si les violences sexuelles en temps de guerre existent depuis des milliers d’années, voire plus, elles ont aujourd’hui une toute autre dimension. En effet, désormais il ne s’agit plus d’un dommage collatéral commis par des soldats : le viol est devenu une force et une arme militaire pour arriver à ses fins lors d’un conflit. Ouvertement planifiés au sein d’armées, de milices, mercenaires ou djihadistes, ces actes aux méthodes très cruelles ont été adoptés dans de nombreuses régions du globe. Une destruction de masse Si cette pratique a pris une telle ampleur ces dernières années, c’est parce que les

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belligérants ont compris que le viol pouvait affecter et détruire un peuple sur plusieurs générations. Les victimes, si elles survivent, sont rejetées par leur communauté, souvent enceintes de leur bourreau ou incapables d’enfanter à cause de mutilations. Or, supprimer la capacité de faire des enfants à toutes les femmes d’une population permet, à long terme, de l’éradiquer complètement. Aussi, afin de s’assurer que l’acte de viol anéantira la victime et les personnes qui l’entourent, des méthodes cruelles sont infligées : viol en public devant la famille et l’ensemble du village, viol filmé, mis en scène… Tout est fait de sorte que le traumatisme soit si important qu’il puisse “déconstruire les relations

familiales et le tissu social”, avait déclaré au Huffington Post le Dr Denis Mukwege. Transmettre décimer

le

VIH

pour

La contamination par une maladie sexuellement transmissible est, de la même façon utilisée lors de ces conflits. Selon une estimation évoquée par le Courrier International, lors du génocide au Rwanda en 1994, 70% des femmes violées qui n’ont pas été exécutées auraient été contaminées par le VIH et laissées en vie pour contaminer le reste de leur communauté. Pour les forces armées, le viol devient alors un moyen de détruire une population avec une impunité presque totale - à court terme du moins.


Le viol comme arme de guerre: mettre un terme à l’impunité La communauté internationale s’est mobilisée pour combattre l’impunité des violences sexuelles en zones de conflits. Face à ce fléau, plusieurs mesures s’offrent à elle. Lors d’une conférence inédite au Luxembourg sur l’utilisation du viol comme arme de guerre, une quarantaine de victimes de violences sexuelles dans les conflits armés sont venues des quatre coins de la planète pour témoigner de leur calvaire et sensibiliser la communauté internationale, les 26 et 27 mars dernier. Après les récits poignants des victimes, la grande-duchesse du Luxembourg a appelé à se mobiliser pour dénoncer et combattre définitivement les violences sexuelles en zones de conflits, encore trop impunies. Les témoignages ont été entendus. Les appels ont été lancés. Mais, concrètement, quelles solutions pourraient mettre fin à cette impunité? Collaborer avec les ONG Le viol de guerre a été massivement utilisé dans le conflit libyen, qui a éclaté en

2011. Depuis plusieurs années, conférence au Luxembourg, il a l’ONG We Are Not Weapons Of été question de mettre en place War apporte un soutien juridique un mécanisme international aux activistes libyens pour de réparation pour les victimes. enquêter sur ces viols. Un travail Une idée relayée notamment qui a déjà permis de recenser par le docteur Denis Mukwege, plus de 650 victimes. présent à la conférence. “Toutes les formes de réparation qui Une démarche que l’ONG permettent aux victimes d’être essaie d’appliquer dans toutes reconnues et réhabilitées sont les zones de conflits touchées nécessaires pour leur permettre par les violences sexuelles. de recommencer leur vie”, a Au-delà d’une mobilisation déclaré le Prix Nobel de la paix, collective, les réseaux et selon Le Monde. acteurs locaux doivent agir comme étant la première étape Là aussi, c’est au niveau pour lutter contre l’impunité. local que l’accompagnement La communauté internationale des victimes peut se faire : pourrait ensuite suivre le pas en les pousser à commencer dénonçant systématiquement des études, reprendre une les cas de viol en masse. activité pour être autonome financièrement, pouvoir nourrir L’accompagnement des leurs enfants et leur permettre victimes l’accès à l’éducation… Des initiatives de guérison que L’impunité du viol n’est propose déjà le gynécologue pas qu’une affaire juridique. depuis sa clinique de Panzi. Si Elle persiste tant que les l’objectif des violences sexuelles dommages des victimes ne perpétrées en temps de guerre sont pas réparés. Lors de la est de détruire physiquement et psychologiquement, aider les victimes à se réinsérer socialement est alors une façon de punir les auteurs de ces crimes. Le combat contre le viol de guerre est plus que jamais engagé. Une lutte qui pourra peut être pousser plus de victimes à briser le silence, comme leurs 40 prédécesseurs au Luxembourg.

Les pays pointés du doigt par l’ONU en terme de violences sexuelles de guerre © ARTE

HECKMANN Manon ROSSIER Yann

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FRANCE

Agriculture : la France contrainte de rendre son budget à l’Europe Dans le cadre de la Politique Agricole Commune européenne, la France s’était vu attribuer 700 millions d’euros de fonds européens pour son développement agricole il y a 5 ans. Une somme qu’elle risque de devoir rendre, faute de l’avoir utilisée. ‘‘ Je ne vais absolument pas vours rassurer car la situation n’est pas rassurante’’ a dit le minisitre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Didier Guillaume à la sénatrice Maryse Carrère. L’Etat français risque de perdre les millions d’euros d’aides qui lui ont été accordés par l’Europe. Cette somme, issue de la Politique Agricole Commune européenne (PAC), était destinée à favoriser le développement des territoires ruraux en soutenant des projets innovants. Or, pour que ces fonds soient disponibles, il aurait fallu que divers projets soient menés par des groupes d’agriculteurs locaux. Des projets normalement subventionnés et encouragés par le programme LEADER (Liaison Entre Actions de Développement de l’Économie Rurale) du gouvernement français. Pourtant, sur les 700 millions d’euros issus de la PAC et perçus par la France, seulement 4% ont été utilisés à ce jour, selon le journal La Croix. Le pays risque donc de devoir rendre les millions non utilisés. Des milliers de projets ruraux non réalisés Plusieurs raisons expliquent un tel résultat, à commencer par le logiciel du programme français LEADER chargé de traiter les demandes et d’attribuer les fonds : Osiris. Le logiciel a mis plusieurs années avant de fonctionner. Il y aurait aussi l’impossibilité

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Champ agricole @ CanadianSpaceAgen-

pour le gouvernement et certaines régions de travailler ensemble. Tout cela a freiné considérablement les processus d’attribution des subventions pour les projets des agriculteurs français. La majeure partie du budget de la PAC n’ayant donc pas été utilisée, il n’a pas permis à la France de profiter économiquement à l’Europe. L’Hexagone craint désormais de voir cette enveloppe d’aides agricoles être diminuée, voire retirée par l’UE au cours de la prochaine période, à savoir de 2021 à 2027. Le prochain budget de la PAC devrait, quant à lui, encore diminuer La PAC, créée en 1962 était devenue l’un des symboles de l’ambition agricole européenne. Le revenu des agriculteurs avait augmenté et les fermes s’étaient

modernisées, jusqu’aux années 1980. Mais depuis, la part de la PAC a été réduite de moitié dans le budget européen, pour en représenter un peu moins de 40%. Le nombre d’agriculteurs a quant à lui été multiplié par deux. Aujourd’hui en Europe, neuf fermes sur dix perçoivent les subventions de la PAC. L’ensemble des agriculteurs français touche plus de 9 milliards d’euros chaque année. Depuis une résolution adoptée en février, les sénateurs français s’inquiètent de voir le budget total de la PAC rétrécir d’encore 15% après 2021. Par ailleurs, avec le Brexit qui s’ajoute à cela, la France pourrait se voir supprimer ‘‘18,9 milliards d’euros’’ qui ne seront plus versés par la Grande-Bretagne, et ‘‘24 milliards d’euros’’ qui seront affectés à de nouvelles priorités comme la sécurité aux frontières.

PELLOUX Juliette


CULTURE

Polémique autour d’une exposition sur la mode musulmane en Allemagne Cette exposition présente une collection variée de vêtements destinés aux femmes musulmanes © Vogue

Le musée des Arts appliqués de Francfort accueille l’exposition «Contemporary Muslim Fashions», collection autour de la mode musulmane. En réaction, une polémique a éclaté et les médias allemands n’ont pas manqué de partager leur opinion, dans un contexte où le voile est synonyme pour certains de soumission et d’obligation.

Elle avait été saluée lors de son ouverture au M. H. De Young Museum de San Francisco mais n’a pas connu le même accueil du côté du public allemand. L’exposition ‘‘Contemporary Muslim Fashions‘‘, (les Modes Musulmanes Contemporaines) a débuté vendredi 5 avril au musée des Arts appliqués de Francfort. Il s’agit d’une exhibition avec une collection de vêtements, de photos et de vidéos. Selon le Spiegel, un hebdomadaire allemand, ‘‘pas de burqa, pas de voile intégral’’, juste une collection colorée et variée pour découvrir la mode musulmane. Mais cette initiative ne plaît pas à tout le monde, loin de là. Une polémique a éclaté, notamment à cause de l’ambiguïté que le voile entretient en Europe. ‘‘Émancipateur

pour l’une, oppresseur pour l’autre’’, ce qu’il manque, c’est de mieux expliquer et mettre au clair l’ambivalence de cet ‘‘accessoire‘‘ qui fait tant débat dans la société occidentale. En effet, avant même le vernissage, au premier communiqué de presse, les médias allemands se sont emportés et certains affirment que cette exposition laisse accepter ‘‘un peu d’oppression symbolique si les voiles sont colorés et suivent la mode’’. D’autres ont carrément assimilé la collection a ‘‘une gifle aux petites filles et aux femmes du monde entier qui voudraient pouvoir circuler tête nue’’, faisant ici référence à certaines régions d’Asie et du Moyen-Orient où le port du voile est obligatoire.

La ‘‘mode’’ musulmane en plein développement À vrai dire, à la base, Jill D’Alessandro, la créatrice de cette exposition, voulait montrer la progression des tendances et parler d’un nouveau concept de fashionistas, avec le hijab : les ‘‘hijabistas’’. Les femmes musulmanes dépensent aux alentours de 44 milliards de dollars dans la mode chaque année et deviennent une clientèle vers qui les marques, notamment de haute-couture et de luxe telles que Chanel ou Dolce&Gabbana, se tournent de plus en plus. Selon la Süddeutsche Zeitung, un quotidien national allemand, “l’exposition se veut une vitrine de l’auto-affirmation des femmes et de l’imagination féminine. Elle y parvient très bien à plus d’un égard’’.

DUMUR Mathilde

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ECOLOGIE

La clean meat : le futur des carnivores ?

Le premier steak de clean meat avant qu’il ne soit cuit en 2013 © FoodNavigator-USA

La clean meat [ndlr, « viande propre »], ou viande cultivée, est une viande réalisée en laboratoire à partir de vraie chair animale. Sa particularité ? Aucun animal n’est blessé ou tué pour créer ces steaks d’un genre nouveau.

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330 000 dollars. Relativement similaire au goût, a priori, mais encore trop cher pour être commercialisé. Deux ans plus tard, Mark Post fonde alors la société Mosa Meat avec un associé, Peter Verstrate, pour continuer les recherches. L’objectif final est de créer assez de clean meat pour vendre un steak de synthèse à un prix de 11 dollars (soit

environ 10 euros). Il y a aussi de nombreuses autres entreprises qui ont cette ambition, comme la start-up Impossible Foods qui veut remplacer toute viande animale d’ici 2035. Aujourd’hui, la clean meat a reçu un accueil très mitigé en Europe, mais elle reste le projet ambitieux (et actuel) d’une trentaine de start-ups dans le monde.

BOUQUEROD Clémence

Schéma sur la fabrication de la clean meat © Four Paws

L’objectif est d’éradiquer toute souffrance animale et d’arrêter le système d’exploitation actuel. Le débat est réapparu en France après la publication mi-mars d’un livre : Clean meat – comment la viande de culture va révolutionner notre alimentation, écrit par Paul Shapiro, fervent défenseur de la cause animale et de la clean meat, à laquelle il croit tout particulièrement. Paul Shapiro a, pour la promotion de son livre, fait le tour des médias français ces dernières semaines. Il en a profi té pour évoquer ce projet, encore méconnu en France. Mais l’idée n’est pas nouvelle. En effet, dans les années 1990, une première tentative de fabrication de chair de poisson a lieu, ainsi que des premiers tests de ‘‘cultivation’’ de viande d’agneau et de bœuf. Toujours à cette époque, l’entrepreneur néerlandais Willem van Eelen organise une levée de fonds pour créer sa propre version, et dépose un brevet de clean meat. Il sera le premier à réussir. En 2013, son successeur, le docteur néerlandais Mark Post, présente le premier steak haché artificiel à Londres, entièrement produit en laboratoire à partir d’un muscle de bœuf. Son prix ?

Étapes de production de la clean meat 1. Retrait d’un morceau de tissu musculaire de l’animal[ndlr, une anesthésie locale est pratiquée pour que la bête ne souffre pas] 2. Récupération des cellules souches 3. Création d’un sérum à base de plantes [celles dont l’animal se nourrit]et à partir de celui-ci d’un sérum de croissance 4. Croissance des muscles en culture [en laboratoire dans un environnement stérile, grâce au sérum et à la reproduction de facteurs de croissance favorables, comme dans le corps de l’animal] puis broyage de la nouvelle viande ainsi créée 5. Le nouveau steak haché de clean meat est prêt à être consommé


TOP et FLOP Top : Femme, noire, lesbienne et engagée, elle devient maire de Chicago C’est une élection historique qui a secoué Chicago, mardi 2 avril. Lori Lightfoot, 56 ans, sans expérience politique, est devenue la première maire afro-américaine lesbienne de Chicago, troisième ville des Etats-Unis. Une élection qui prouve que les mentalités changent car la candidate a été élue avec 74 % des voix. Devant les caméras de télévision, la nouvelle maire a annoncé que Chicago est ‘‘une ville où la couleur de peau et la personne que tu aimes importent peu, tant que tu aimes de tout ton cœur.’’ Lors de sa campagne, Lori Lightfoot a déclaré vouloir répondre aux attentes des communautés afroaméricaines ainsi qu’à celles

Lors du dernier tour des municipales de Chicago, Lori lightfoot était confrontée à Toni Preckwinkle, une autre femme afro-américaine. © CNBC

de la communauté LGBT. Mais sa victoire a principalement été portée par son engagement face à la violence et à la corruption, notamment policières. Cette ancienne procureure fédérale dénonce le ‘‘racisme systémique’’ de

la police et tient à ‘‘assainir’’ le système policier en stoppant les interventions musclées. Elle préconise la mise en place d’une commission permanente de surveillance des forces de l’ordre.

Flop : Au Brunei, une législation condamne homosexualité, vol et adultère

Au Brunei, Hassanal Bolkiah, le sultan, regroupe les fonctions de chef politique et de chef religieux © The Times

Le Brunei a renforcé son engagement islamique. Mercredi 3 avril, Hassanal Bolkiah, sultan du Brunei, a adopté une législation inspirée de la charia. Ce nouveau code prévoit la lapidation en cas d’adultère ou de relations sexuelles entre hommes. Les rapports entre femmes sont condamnés à 10 ans de prison et le vol, qu’il soit

commis par un enfant ou un adulte, est désormais puni par l’amputation d’une main ou d’un pied. Par cette nouvelle législation, le sultan espère renforcer sa légitimité dans le monde islamique tout en s’assurant le soutien des conservateurs de son pays. Une mesure qui intervient à un moment où le Brunei, possédant l’un des

PIB les plus élevés du monde, montre des signes de faiblesse économique. Si Hassanal Bolkiah a réussi à accentuer son image de chef islamique, il s’est en revanche attiré les foudres du monde occidental. Une indignation qui a été décuplée lorsque l’acteur Georges Clooney et le chanteur Elton John ont appelé au boycott de neuf hôtels de luxe détenus par l’Agence d’investissements de Brunei. Samedi 6 avril, quelques centaines de personnes ont manifesté devant l’hôtel The Dorchester, propriété du sultan à Londres, en réclamant la rupture des liens diplomatiques avec le Brunei ainsi que le renvoi du pays asiatique du Commonwealth.

THIEBAUD Octavien

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LA TWITTOSPHERE LA TWITTOSPHERE

Une touriste américaine libérée au Ouganda Donald Trump a annoncé dimanche soir, sur son compte Twitter, la libération d’une touriste américaine et de son chauffeur, enlevés mardi au Ouganda. Mike Walker, responsable de Wild Frontiers Safaris, a expliqué à l’AFP qu’une rançon avait été payée. ‘‘Je ne connais pas le montant précis de cette rançon. Les deux personnes sont saines et sauves’’, ajoute-t-il. Polly Namaye, porte-parole de la police ougandaise, n’a pas évoqué de rançon, mais confi rme que ‘‘les personnes ont été retrouvées vivantes.’’ Pour rappel des faits, quatre hommes armés avaient tendu une embuscade mardi à un van transportant des touristes dans le parc national Queen Elizabeth. Ils avaient enlevé Mme Endicott, touriste américaine de 35 ans, et son guide/chauffeur. Traduction : ‘‘Je suis heureux d’annoncer que la touriste américaine et son guide enlevés au Ouganda ont été relâchés. Que dieu protège leurs familles.’’

L’ultimatum de Theresa May

Samedi, Theresa May a écarté la possibilité d’une sortie de l’Union européenne sans accord avec la Chambre des communes. Dans une vidéo de deux minutes postée sur son compte Twitter le dimanche, la Première ministre britannique lance un ultimatum: ‘‘soit le Royaume-Uni quitte l’UE avec un accord, soit il n’y a pas de Brexit du tout.’’ Pour rappel, l’accord de retrait a été rejeté à trois reprises par le Parlement.

CHEVALLIER Fabien

L’aventure continue sur Twitter : @BasiqueMagazine

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