Numéro 6 - Jeudi 25 avril 2019
BASIQUE
Le monde en toute simplicité
Suicide de l’ex-président du Pérou 6 - 7
Pourquoi rendre le vote obligatoire ?
Liao Yiwu, le poète de Tian’anmen
Plus de plastique en Tanzanie
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EDITO Les actes de désobéissance civile se multiplient pour le climat. Extinction Rebellion pour l’Angleterre, Greenpeace pour la France… De part et d’autre, tout le monde commence à se soulever massivement contre les gouvernements inactifs et qui assistent, passifs au réchauffement climatique, à la sixième extinction de masse que connaît notre planète et bien d’autres drames encore. Vendredi 19 avril, Greenpeace France lançait sa toute première opération de désobéissance civile de grande envergure. 2 000 militants climatiques ont investi la Défense, bloquant les accès des sièges de Total, de la Société générale, d’EDF et du ministère de la Transition énergétique. Ils dénonçaient alors “la république des pollueurs”. On avait déjà la jeune suédoise Greta Thunberg qui continue de se rendre à des manifestations partout en Europe, et qui avait lancé en mars la grande marche pour le climat ; cette manifestation avait réuni des milliers de jeunes partout dans le monde. Il y a aussi les naturalistes, les scientifiques, les chercheurs et finalement l’ensemble de la communauté scientifique qui appellent à agir face à cette crise planétaire. Mais est-ce que cela a vraiment un impact ? Alors qu’un ours polaire s’est retrouvé à 800 kilomètres de son habitat naturel en Russie, qu’au Bangladesh les écoles deviennent flottantes pour s’adapter à la montée des eaux, rien n’est fait ou presque. On fait le recyclage, on trie nos déchets, mais à l’échelle mondiale, les gouvernements marchandent avec les multinationales pollueuses. La France et d’autres pays ne respectent pas les accords de Paris sur le climat, on continue d’utiliser les énergies fossiles et certains pensent encore que le réchauffement climatique est une histoire inventée par les Chinois. Mais qu’attendent-ils ces grands du monde pour agir ? Comme l’a si bien dit Greta Thunberg lors de sa venue à Londres, “pendant bien trop longtemps, les politiques se sont mis dans le chemin, sans faire quoi que ce soit pour tenter d’enrayer la crise climatique et la crise environnementale”, et de finir “nous allons nous assurer qu’ils ne s’en tirent plus comme ça”. Il est temps pour eux aussi d’agir.
DUMUR Mathilde
Rédacteur en chef : DUMUR Mathilde ; mathilde.dumur@iscpalyon.net Rédaction : BCHINI Antoine, BOUQUEROD Clémence, CHEVALLIER Fabien, HECKMANN Manon, LOPEZ Paulino, PELLOUX Juliette, ROSSIER Yann, THIEBAUD Octavien Crédits photos UNE : Lynsey Addario ; AFP ; Frenchfoodintheus ; Courrier international Contact rédaction : Twitter @BasiqueMagazine ; basique.magazine@gmail.com Adresse : 47 rue du Sergent Michel Berthet 69009 LYON
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SOMMAIRE MEDIAS Une journaliste assassinée / Recul de la liberté de la presse / Prix Pullitzer
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POLITIQUE Point sur le vote dans le monde
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LE GROS DOSSIER L’Amérique Latine, bastion de la corruption
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La journaliste Lyra McKee a été tuée à Londonderry, en Irlande du Nord ©Independent / Page 4
FRANCE Des armes françaises au Yémen
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CULTURE Un reccueil pour ne pas oublier le massacre de la place Tian’anmen
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Des chars Leclerc made in France dans le conflit au Yémen © Ouest-France / Page 8
ENVIRONNEMENT Fin du plastique Tanzanie
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11 TOP et FLOP L’IVG légalisé en Corée du Sud / Al-Sissi président d’Egypte jusqu’en 2030 ?
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TWITTOSPHERE Trump face au rapport Mueller / La première Iranienne a remporté un combat de boxe officiel
Al-Sissi risque de rester au pouvoir jusqu’en 2030 © Reuters / Page 11
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MEDIAS Une journaliste tuée par balle en Irlande du Nord En Irlande du Nord, une journaliste a été tuée par balle dans la nuit de jeudi à vendredi 19 avril. Âgée de 29 ans, Lyra McKee aurait été tuée par un homme qui avait ouvert le feu contre des policiers. Les forces de l’ordre étaient alors en intervention à Londonderry, où des émeutiers venaient de lancer
une cinquantaine d’engins incendiaires contre les policiers. Si deux hommes ont été interpellés ce week-end dans le cadre de l’enquête sur la mort de Lyra McKee, ils ont finalement été libérés sans inculpation. La police a lancé un nouvel appel à témoin afin d’aider les enquêteurs. La journaliste a été couvrait une émeute
frappée par balle alors qu’elle à Londonderry © Independant
La liberté de la presse en recul dans le monde entier
La liberté de la presse dans le monde a perdu des points selon le rapport 2019 de Reporters sans frontières
Selon le rapport 2019 de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, celle-ci serait en recul dans le monde. L’organisme met l’accent sur la haine croissante envers les journalistes qui ‘’a dégénéré en violence’’. Sur la carte publiée par RSF, on peut en effet s’apercevoir que seulement 24% des 180 pays concernés ont une ‘’bonne’’ situation quant à la liberté de la presse, soit 2% de moins qu’en 2018. Selon l’ONG, ‘’la peur’’ des menaces de mort, du harcèlement et d’autres
violences expliqueraient ces chiffres et ce phénomène d’autocensure. Si les États-Unis sont notamment mentionnés et perdent trois places dans le classement (48e), le Brésil (105e) est également concerné avec la dernière campagne présidentielle qui ne joue pas en faveur de la liberté de la presse. L’Europe n’est pas non plus épargnée et subit une montée de violences, se traduisant par des meurtres, attaques verbales ou physiques. La France est cette année 32e du classement.
Prix Pulitzer : deux enquêtes sur Trump récompensées Pour son édition 2019, le prestigieux prix Pulitzer a récompensé deux enquêtes journalistiques visant Donald Trump. Et les deux lui sont défavorables. La première, du New York Times, avait révélé que le président américain avait en réalité construit sa fortune grâce à l’héritage de son père et non pas par lui-même. La
deuxième, publiée par le Wall Street Journal, concernait des versements effectués par ce dernier pour acheter le silence de ses anciennes maîtresses, dont Stormy Daniels, actrice de films pornographiques. Outre cela, deux journalistes condamnés à 7 ans de prison en Birmanie pour
avoir couvert les persécutions des Rohingyas ont été récompensés dans la catégorie internationale. La rédaction du quotidien de Pittsburgh, Post-Gazette, a également été honorée dans la catégorie actualité, pour avoir relayé la tuerie dans la synagogue de la ville le 27 octobre dernier, qui avait fait 11 morts. HECKMANN Manon
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POLITIQUE
Faut-il rendre le vote obligatoire ? Lors des élections présidentielles en Macédoine du Nord, le taux de participation des électeurs était de seulement 41% © Valdrin Xhemaj
Dimanche dernier, la Macédoine du Nord organisait ses élections présidentielles. A la surprise générale, ce n’est pas un candidat qui a remporté la plupart des voix, mais bien l’abstention. Moins de 4 électeurs sur 10 se sont déplacés aux urnes.
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En novembre 2018, pour les élections présidentielles au Venezuela, le taux d’abstention était de 72%. L’élection de Donald Trump en 2016 n’avait fait déplacer que 54,2% des électeurs. Selon les sondages, près d’un Français sur deux pensent ne pas aller voter pour les élections européennes. Quels sont les moyens pour lutter contre l’abstention ? Le vote obligatoire est-il un moyen de politiser la société ou juste de donner l’illusion aux politiques que la population s’intéresse à la politique ? En Europe, plusieurs pays ont déjà adopté le vote obligatoire. Depuis cette réforme, en Belgique, le taux de participation frôle 90% à toutes ses élections. S’il ne se rendent pas aux urnes, ils peuvent recevoir une amende et en cas de récidive, ils sont rayés des listes électorales. François Vantomme, ancien rédacteur en chef de la chaîne publique belge RTBF, explique comment
il a vécu le vote obligatoire : ‘‘Contrairement à la France, on ne se plaint pas du résultat d’une élection alors que l’on n’a pas voté. Cela nous donne une responsabilité que nous avons à cœur de respecter. Les amendes ne sont que très rarement envoyées, nous n’allons donc pas aux urnes par peur d’être punis, mais bien par devoir de citoyen.’’ Dans d’autres pays, comme au Brésil, les peines sont beaucoup plus dures. En effet, si un citoyen ne vote pas pour trois élections, il peut se voir privé d’allocations, de travail, et même de passeport. Pour Nicolas Framont, politologue et professeur à la Sorbonne, rendre le vote obligatoire c’est “stigmatiser les plus pauvres et les plus jeunes qui ont moins de culture politique que le reste de la population”. Le vote blanc comme solution? L’une des raisons pour lesquelles les électeurs votent
de moins en moins est le manque de candidat “proche du peuple”. Mais aujourd’hui, il existe peu de moyens pour exprimer son mécontentement. Peu de pays comptabilisent le vote blanc comme un vote à part entière. Le vote blanc sert à montrer que l’électeur a fait le déplacement jusqu’à l’urne, mais qu’il n’est satisfait d’aucun des candidats. Des pays comme le Pérou, l’Uruguay ou la Colombie prennent en compte les votes blancs. Si celui-ci atteint la majorité lors des élections, une nouvelle élection est organisée. Cela incite les électeurs à donner leur avis par le vote et par la citoyenneté, sans laisser les autres électeurs choisir à leur place. Ils prônent une citoyenneté active pour leur pays. Même les plus jeunes votent. A noter que parmi ces trois pays, seul le Pérou a instauré le vote obligatoire.
LOPEZ Paulino
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LE DOSSIER DE LA SEMAINE
Amanda Chaparro : de dommage collatéral à stratégie militaire Alan Garcia, ex-président du Pérou de 1985 à 1990 et de 2006 à 2011, s’est suicidé le mercredi 17 avril. Soupçonné de corruption, il s’est tiré une balle alors que la police était sur le point de l’arrêter à son domicile. Amanda Chaparro, correspondante à Lima pour Le Monde, nous éclaire sur la corruption très présente dans ce pays, et sur la situation politique après le suicide d’Alan Garcia.
Alan Garcia fut président du Pérou de 1985 à 1990 puis de 2006 à 2011. Il s’est donné la mort pour échapper à la justice le 17 avril 2019 © Reuters
Si les violences sexuelles en temps de guerre existent depuis des milliers d’années, voire plus, elles ont aujourd’hui une toute autre dimension. En effet, désormais il ne s’agit plus d’un dommage collatéral commis par des soldats : le viol est devenu une force et une arme militaire pour arriver à ses fins lors d’un conflit. Ouvertement planifiés au sein d’armées, de milices, mercenaires ou djihadistes, ces actes aux méthodes très cruelles ont été adoptés dans de nombreuses régions du globe. Une destruction de masse Si cette pratique a pris une telle ampleur ces dernières années, c’est parce que les
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belligérants ont compris que le viol pouvait affecter et détruire un peuple sur plusieurs générations. Les victimes, si elles survivent, sont rejetées par leur communauté, souvent enceintes de leur bourreau ou incapables d’enfanter à cause de mutilations. Or, supprimer la capacité de faire des enfants à toutes les femmes d’une population permet, à long terme, de l’éradiquer complètement. Aussi, afin de s’assurer que l’acte de viol anéantira la victime et les personnes qui l’entourent, des méthodes cruelles sont infligées : viol en public devant la famille et l’ensemble du village, viol filmé, mis en scène… Tout est fait de sorte que le traumatisme soit si important qu’il puisse “déconstruire les relations
familiales et le tissu social”, avait déclaré au Huffington Post le Dr Denis Mukwege. Transmettre décimer
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VIH
pour
La contamination par une maladie sexuellement transmissible est, de la même façon utilisée lors de ces conflits. Selon une estimation évoquée par le Courrier International, lors du génocide au Rwanda en 1994, 70% des femmes violées qui n’ont pas été exécutées auraient été contaminées par le VIH et laissées en vie pour contaminer le reste de leur communauté. Pour les forces armées, le viol devient alors un moyen de détruire une population avec une impunité presque totale - à court terme du moins.
L’Amérique latine : la tradition de la corruption. Le suicide du président péruvien soulève toute la problématique de la lutte contre la corruption qui secoue l’Amérique latine depuis le début du XXème siècle. Les affaires ne cessent de se multiplier à travers les pays. Que ce soit au Brésil avec la condamnation du président Lula et les démissions forcées de Dilma Rousseff et Michel Temer en 2016, ou encore au Salvador avec Mauricio Funes, l’ex-président en exil au Nicaragua depuis un an. La corruption est au centre des préoccupations pour les électeurs. Lors de l’élection présidentielle mexicaine en 2018, les quatre candidats ont promis dans leur programme de mettre fin à toute corruption. Cela déjà été le cas en 2012 lors de l’élection du président sortant Peña Nieto, qui avait assuré lutter contre la corruption, avant que plusieurs scandales ne soient dévoilés. Le Mexique est le pays du G20 le plus corrompu selon Transparency International, une ONG qui lutte contre ce problème dans le monde entier.
Une situation alarmante Dans un rapport publié le 21 février 2018 par la Banque interaméricaine de développement (IADB), une carte du monde montre que toute l’Amérique latine tend globalement vers le rouge, avec des régimes ou la corruption est très présente, à l’exception du Chili et de l’Uruguay. Le mieux classé reste l’Argentine à la 85ème place sur 180 pays recensés. Le plus mauvais étant le Venezuela, qui se classe à la 169ème place. Établi à l’occasion de la journée mondiale contre la corruption, ce rapport démontre le fort impact qu’engendre la corruption en Amériques latine. Quand les pays d’Europe et d’Asie ont mené des politiques et des actions contre ce phénomène, le produit intérieur brut par habitant a triplé par
Carte de Transparency International qui montre le taux de corruption à travers le monde, regroupant des données sur 180 pays (2018).
rapport à celui des pays latinos américains, où les actions sont restées relativement discrètes voire inexistantes pendant plusieurs décennies. La technologie à la rescousse ? Depuis l’an 2000, le Brésil a un système de vote 100% électronique et sécurisé. Ce système basé sur des urnes électroniques est également en place dans d’autres pays d’Amérique latine, notamment au Venezuela. Les technologies de stockage et de transmission de données s’avèrent aussi être une solution afin de conserver des traces de n’importe quelle donnée suspecte. Mais en ce qui concerne la prévention, la plupart des pays sont encore loin. L’Argentine a été réprimandée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2016 parce qu’elle ne respectait pas ses promesses en terme de législation contre la corruption. Pourtant en 2007, avec l’aide de l’OCDE, l’initiative anticorruption en Amérique latine et aux Caraïbes était mise en place avec l’espoir de réduire les cas de corruption dans cette zone. Des réunions et des ateliers consacrés à la prévention sont organisés régulièrement, mais l’effet reste encore très limité.
CHEVALLIER Fabien et BCHINI Antoine
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FRANCE
La fuite d’un document prouve l’implication d’armes françaises dans la guerre au Yémen
Un document dévoilé par le média Disclose a prouvé l’utilisation d’armes françaises dans la guerre au Yémen. Celles-ci étaient utilisées par la coalition, menée par l’Arabie Saoudite contre les rebelles yéménites. La fuite d’un rapport classé secret défense, qui ne peut être lu seulement par le président de la République et certains ministres en France, a été dévoilé par le média d’investigation Disclose. Ce document prouve que le pouvoir exécutif est au courant de l’usage massif des armes françaises dans la guerre au Yémen. Cette note avait été transmise à Emmanuel Macron lors du conseil restreint de défense le 3 octobre 2018 à l’Elysée, en présence de Florence Parly, ministre des Armées, du Premier ministre Edouard Philippe et du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Yves le Drian. Les quinze pages du document proviennent de la direction du Renseignement militaire français (DRM), et détaillent l’ensemble des armes vendues par la France à l’Arabie Saoudite et aux Emirats. Ces armes sont aujourd’hui utilisées dans la guerre au Yémen sur tous les fronts : air, terre et mer, et contredisent la position du gouvernement français quant au conflit. Contexte de la guerre au Yémen Le 20 janvier dernier, Florence Parly, interviewée par France Inter, avait affirmé qu’elle n’avait aucune connaissance du fait que des armes françaises soient utilisées dans le conflit, et que l’exécutif n’avait récemment vendu aucune arme. Jean Yves le Drian avait confirmé ces propos le 12 février 2019 durant la commission des
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Extrait du document «confidentiel Défense» présentant la «population potentiellement concernée par de possibles frappes d’artillerie». / Disclose
Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, en soutenant que la France respecterait ses engagements sur le Traité du commerce des armes. Or, des avions de combat français “mirages 2000”, ainsi que des nacelles de désignation laser “Damoclès” utilisées pour guider les bombes depuis les airs, seraient fournis par notre pays au Saoudiens et leurs alliés. Dans ce document, on découvre aussi que des frégates fabriquées en France participent au blocus naval au Yémen. Un blocus qui ne concerne pas seulement les armes, mais aussi la nourriture destinée aux rebelles yéménites. Selon l’ONU, 28 millions de personnes sont au bord de la famine au Yémen. Ces navires français participent à cette famine car ils empêchent l’aide humanitaire adressée à
la population yéménite. Ces bombardements visent aussi volontairement leurs marchés, leurs usines agro-alimentaires ainsi que leurs fermes comme le montre l’enquête de Disclose. Selon Disclose, 52 bombardements (voir carte) auraient eu lieu avec des chars Leclerc français sur ces zones de tirs depuis mars 2016, et ont tué 35 civils. Depuis la fuite de ce document, le Premier ministre a répondu à Disclose le 12 avril dernier en réaffirmant la position du gouvernement : “Les armes françaises sont placées pour l’essentiel en position défensive, à l’extérieur du territoire yéménite ou sur des emprises de coalition, mais pas sur la ligne de front (…). ‘‘
PELLOUX Juliette
CULTURE
Liao Yiwu, le poète qui redonne vie aux révolutionnaires de Tian’anmen Le printemps chinois de 1989 est devenu le combat de sa vie. Dans son livre Des balles et de l’opium, qu’il vient de publier, l’écrivain Liao Yiwu recueille les témoignages des manifestants qui ont vécu le massacre de la place Tian’anmen à Pékin, survenu il y a 30 ans. Une dizaine de récits, racontés par ceux qui se sont fait écraser, arrêter, emprisonner et torturer pour avoir protester contre le régime chinois à la fin des années 80, avant de tomber dans l’oubli. Liao Yiwu, lui, refuse de les oublier. Le poète souhaite réhabiliter ces “héros” à travers sa dernière oeuvre, afin de “rappeler que ces gens ordinaires n’ont pas fait ça pour rien, et pour qu’ils ne finissent pas dans les oubliettes de l’histoire”, a-t-il déclaré au quotidien Libération. Et ce combat, le dissident chinois l’a entamé depuis son emprisonnement en 1990. Il est incarcéré pour avoir écrit un poème, Le Grand Massacre, dans lequel il raconte les événements tragiques qui se sont déroulés sur la place Tian’anmen un an plus tôt. Accusé de “crime contrerévolutionnaire”, à l’instar de tous ceux dont il a recueilli les témoignages 30 ans plus tard, il subit pendant 4 ans la torture du laogai, le goulag chinois instauré par le régime totalitaire. Détruit psychologiquement à sa sortie, Liao Yiwu ne renonce pas à sa lutte. Au contraire, ces années de martyre l’encourage à dénoncer
Cette exposition présente une collection variée de vêtements destinés aux femmes musulmanes © Vogue
30 ans après le massacre des manifestants de Tian’anmen par l’armée chinoise, l’écrivain Liao Yiwu libère enfin la parole des révolutionnaires de 1989, effacée par le régime politique. Retour sur la lutte d’un poète qui n’a jamais cessé de dénoncer cette page sombre de l’histoire de Chine.
sans relâche une “Chine à l’âme pourrie”. Dans les années 2000, l’écrivain politique entame ses écrits sur les prisons du régime, et part à la recherche de ses témoins. En 2008, il figure parmi les signataires de la Charte 08, un manifeste pour destituer le parti politique chinois au pouvoir. Confronté à la censure, et non à l’abri d’une nouvelle incarcération, Liao Yiwu s’exile en Allemagne en 2011.
Rapidement, le dissident publie un premier texte, Dans l’empire des ténèbres, dans lequel il décrit l’enfer des geôles chinoises et la perversité de ce système totalitaire. Huit ans plus tard, son propre témoignage est donc assisté et renforcé par une dizaine d’autres. Des récits de révolutionnaires qui comme lui, souhaitent réhabiliter ce 4 juin 1989 dans l’histoire de la Chine.
En avril 1989, des manifestations populaires prennent place dans toute la Chine. Le mouvement, majoritairement constitué d’étudiants et d’intellectuels, dénonce la corruption du Parti communiste au pouvoir, et réclame une réforme politique. Face aux manifestants, le régime instaure la loi martiale, et fait intervenir l’armée le 4 juin 1989 sur la place de Tian’anmen à Pékin, où les manifestations font rage. Tanks et chars d’assaut sont lancés contre le mouvement. La répression fait des dizaines de milliers de morts parmi les citoyens (le nombre varie selon les sources). Plusieurs révolutionnaires sont ensuite envoyés dans les goulags chinois, les prisons du régime.
ROSSIER Yann
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ENVIRONNEMENT
La Tanzanie décide de bannir le plastique Selon l’ONU, seulement 9% des 9 milliards de tonnes de plastique produit dans le monde a été recyclé. © Radio VL
D’ici juillet, il sera impossible de produire, d’importer, de vendre ou d’utiliser du plastique à usage unique en Tanzanie. Le pays rejoint ainsi la soixantaine d’États à avoir déjà interdit ce matériau.
Carte des pays ayant partiellement ou totalement banni le plastique à usage unique en 2018. © Libération
Bonne nouvelle pour notre planète ! La Tanzanie suit le pas de Bali, qui en début d’année a décidé d’interdire le plastique. Le Premier ministre, January Makamba, a annoncé l’interdiction de production, d’importation, de vente ou même d’utilisation du plastique à usage unique d’ici juillet afin de lutter contre la pollution. Il a déclaré :’’La réglementation est prête à être publiée’’. Il a également averti les fournisseurs qui utilisent des sacs en plastique en leur demandant de se débarrasser de leurs stocks avant la
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date fatidique. Une nouvelle qui déplaît fortement aux commerçants, pour qui le coût du recyclage devrait s’élever à presque 30 millions de dollars. Récemment, un numéro de Cash Investigation appelé ‘’Plastique, la grande intox’’ révélait que dans ce pays d’Afrique de l’Est, des montagnes de bouteilles en plastique s’entassent afin d’être exportées à l’étranger, et plus particulièrement en Chine. Mais le pays asiatique a décidé d’en arrêter l’importation, laissant les bouteilles s’entasser en Tanzanie.
La Tanzanie rejoint donc la soixantaine de pays à avoir interdit partiellement ou totalement le plastique à usage unique sur son territoire, comme la France, l’Italie, le Kenya, le Rwanda ou encore la Chine. Une grande nouvelle pour ce pays qui n’a pourtant pas de système de gestion des déchets formel. L’Afrique engagée contre l’utilisation du plastique En ce qui concerne la gestion du plastique, l’Afrique a toujours été pionnière. En 2008, le Rwanda a décidé d’imposer de lourdes amendes aux utilisateurs de plastique. En 2017, le Kenya suit cette voie, montrant ainsi le chemin au Soudan du Sud qui a banni le plastique. Le Burundi a également adopté des mesures similaires en 2018. En 2007, l’Ouganda avait voulu interdire la fabrication ou l’importation de la matière plastique. Une réglementation qui a été suspendue suite à l’opposition des acteurs du marché concerné.
THIEBAUD Octavien
TOP et FLOP Top : L’avortement est finalement décriminalisé en Corée du Sud lancée le 30 septembre 2018 Une manifestation pour la dépénalisation de l’avortement, à Séoul le 11 avril 2019 © Le Monde
Et c’est une victoire pour le droit des femmes en Corée du Sud ! Jeudi 11 avril, la Cour Constitutionnelle a déclaré l’interdiction de l’avortement anticonstitutionnelle. Elle a appelé le législateur à modifier les textes de loi d’ici le 31 décembre 2020. Les femmes seront donc autorisées à
avorter avant la 22ème semaine de grossesse. Mais pourquoi relancer le débat? La Cour a répondu à une pétition lancée sur le site de la présidence, où toute pétition qui recueille plus de 200 000 signatures en un mois oblige le gouvernement à trouver une solution sous 30 jours. Celle-ci,
par une organisation féministe, avait réuni plus de 230 000 signataires. La loi qui interdit l’avortement en Corée du Sud date de 1953, et n’a été assouplie qu’une seule fois, 20 ans plus tard. Elle comportait des exceptions, notamment en cas d’inceste, de viol, de maladie génétique ou de mise en danger de la femme enceinte. En pratique, l’IVG est tolérée, mais les femmes n’ont aucune chance d’obtenir réparation en cas de complication, et les médecins risquent de la prison avec sursis. Sauf qu’en théorie, c’est interdit et les femmes qui en ont recourt risquent encore un an de prison et une amende de 2 millions de wons (1 560€), et les médecins qui le pratiquent jusqu’à deux ans de détention.
Flop : Un référendum en Égypte pour consolider le pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi © Le Soir
En Égypte, le weekend du 20 au 22 avril, se tenait un référendum qui devrait consolider le pouvoir du président et lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2030. Et ses partisans comme ses opposants s’accordent pour dire que le “oui” l’emportera. La réforme proposée a été imaginée en février et acceptée par le parlement le 16 avril. Ne manque plus que la population pour l’approuver totalement. Mais que devrait changer ce référendum ? L’amendement phare de celui-ci permettrait au président en fonction de prolonger son mandat de deux ans, et donc de repousser les prochaines élections à 2024, où il pourrait aussi se présenter à
nouveau. Si cet amendement passe, Abdel Fattah Al-Sissi, déjà âgé de 64 ans, pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2030. D’autres idées de réformes devraient accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par le gouvernement, et le rôle politique de l’armée. Pour s’assurer que toute la population votera -et
surtout qu’elle cochera la case “je suis d’accord”, tous les moyens sont bons. En effet, des banderoles volent dans les rues, des chants partisans sont chantés à tue-tête et les médias vendent le “oui” dans tous leurs articles. Toutes les personnes ayant voté pourront se voir offrir un colis de nourriture.
BOUQUEROD Clémence
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LA TWITTOSPHERE
C’est sur un photomontage inspiré de la série Game of Thrones que Donald Trump a réagi à la publication du très attendu rapport Mueller. Ce rapport de 448 pages recense notamment la centaine de contacts entre les proches de Trump et la Russie durant sa campagne présidentielle ; mais rien ne permet de conclure à un complot selon le procureur Mueller et pour le président des Etats-Unis, c’est l’équivalent d’une disculpation retentissante. Les Démocrates ne comptent cependant pas s’arrêter là, puisque la sénatrice Elizabeth Warren a appelé vendredi 19 avril à lancer une procédure de destitution du président. “Pas de collusion. Pas d’obstruction. Pour les ‘haters’ et les démocrates d’extrême gauche – GAME OVER”
Sadaf Khadem a remporté son premier combat officiel de boxe en France. Le combat était beau et fort, et la victoire encore plus. “Les femmes peuvent franchir des montagnes si elles le veulent”, a affirmé la sportive. Cependant, iranienne, la jeune femme de 24 ans ne peut plus retourner dans son pays, qui a lancé un mandat d’arrêt contre elle. Les raisons ? Elle combat tête nue, sans hijab, ce qui est contraire à la loi de son pays, et est en plus entraînée par un homme, Mahyar Monshipour, ex-champion du monde de boxe. L’Iran a démenti l’existence du mandat d’arrêt, mais Sadaf Khadem et son entraîneur ont préféré rester en France pour plus de sécurité.
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