N°7 - Basique

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Numéro 7 - Mardi 7 mai 2019

BASIQUE

Le monde en toute simplicité

Le conflit libyen 6 - 7

La liberté de la presse se dégrade en Europe

L’hébergement des réfugiés, un problème national

Notre terre s’essouffle, les arbres disparaissent

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EDITO Par notre rédactrice en chef, Juliette Pelloux juliette.pelloux@iscpalyon.net Le 25 avril, Konbini News sortait un reportage sur l’élevage intensif de poulets de chair en Bretagne. Un reportage montrant des milliers de poulets mal en point, entassés dans un espace confiné, et sans accès à l’extérieur. Au cours de cette année, de nombreux reportages ont mis en lumière la cause animale dans les abattoirs. Un sujet de plus en plus d’actualité. Europe 1 avait souligné en février dernier que la cause animale faisait partie du grand débat pour 55% des Français. Une grande majorité souhaitent acheter de la viande abattue hors des grandes industries de l’élevage intensif, cmme Bigard ou Jean Roze. L’élevage intensif, la fourrure, la chasse... L’opinion publique gronde : la cause animale n’est pas prise en compte. Alors, faut-il rester carnivore ? C’est la question que nous pose Hugo Clément dans son premier livre Comment j’ai arrêté de manger les animaux. Son livre s’appuie sur de nombreuses recherches scientifiques dédiées à la conscience animale, ou encore sur un livre glaçant d’un ancien employé d’abattoir, Stéphane Geffroy (A l’Abattoir). Les chiffres sont alarmants : pas moins de 287 millions de bovins sont tués chaque année dans le monde pour être mangés, et l’élevage est responsable de 14,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que le secteur des transports (routiers, ferroviaires et aériens compris). Malgré ce nouveau mode de pensée qui émerge, les avis restent mitigés. Certains, au contraire, encouragent à continuer à manger de la viande. Keir Watson, physicien en Australie, a signé une critique sur cette ‘‘doctrine’’ végétarienne dans le journal australien Quillette. Cette critique a été traduite en français dans Le Point (pourtant réputé pour ses positions anti-viande), sous le titre de ‘’Soyez écolo, mangez de la viande !’’. Keir Watson est un ancien végétarien, mais il revient sur sa décision : les carnivores sont autant des éléments essentiels à la biodiversité des paysages que les herbivores. Mais une même cause refait surface : pour que cela réussisse, il faut que “tous les consommateurs soient conscients des problèmes actuels et choisir quel type de viande ils veulent manger”. Un débat qui ne cessera de résonner parmi les mœurs. L’alimentation reste une culture, avec tout ce que cela peut représenter. Elle s’inscrit dans une histoire, une tradition, une religion, un patrimoine… et la viande n’y échappe pas. Rédaction : BCHINI Antoine, BOUQUEROD Clémence CHEVALLIER Fabien DUMUR Mathilde HECKMANN Manon LOPEZ Paulino ROSSIER Yann THIEBAUD Octavien

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Crédits photos UNE : ©AFP ©AFP ©Wabitimrew ©Alamy Stock Photo Contact rédaction : @BasiqueMagazine Adresse rédaction 47 Rue Sergent Michel Berthet Lyon 9e


SOMMAIRE 4

MEDIAS Le journaliste : ennemi des démocraties européennes

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POLITIQUE Discours d’Amal Clooney pour les victimes de violences sexuelles dans les conflits

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LE GROS DOSSIER

Amal Clooney, avocate des droits de l’homme à l’ONU ©Reuters / Page 5

La guerre civile en Libye et l’historique des conflits

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FRANCE Les difficultés d’hébergements des réfugiés demandeurs d’asile

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CULTURE Zainab Fasiki libère la parole au Maroc par l’art

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Zainab Fasiki, féministe marocaine qui brise les tabous ©H24info / Page 9

ENVIRONNEMENT Un nouveau rapport témoigne de la déforestation

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TOP et FLOP Des chambres d’hôpital en pleine forêt / Des suppositoires contre l’homosexualité au Koweït

Au Koweït, une chercheuse affirme avoir inventé un suppositoire contre l’homosexualité ©Daily Mail / Page 11

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MEDIAS En Europe, le journalisme est-il considéré comme l’ennemi de la démocratie? Selon le classement 2019 sur la liberté de la presse, publié en avril par RSF, l’Europe est l’une des zones qui enregistre la plus forte dégradation. Alors que le territoire européen est perçu comme le plus sûr pour la liberté des médias, les journalistes n’ont pourtant plus le même rôle dans ses systèmes démocratiques.

Seulement 12 pays européens sont considérés comme «très sûrs» pour la liberté de la presse © RSF

“Il y a parfois des conceptions du débat démocratique qui virent à l’ambiance de guerre civile, où les journalistes font figures de victimes expiatoires, où les journalistes sont accusés des dysfonctionnements de la société”, expliquait à France Info Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. Les systèmes démocratiques de l’Europe souffrent aujourd’hui d’une recrudescence de haine et de violence envers les médias. Dans les Balkans, les journalistes sont victimes d’un véritable climat d’hostilité, avec notamment des meurtres en Slovaquie et en Bulgarie en 2018. Une année avant, une journaliste maltaise était assassinée après avoir enquêté sur la corruption dans son pays. En Italie, de nombreux reporters exercent leur profession sous protection policière. Une même

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situation qui touche désormais les Pays-Bas, pourtant 4e au classement de la liberté de la presse. En France, les journalistes se sont heurtés à des violences inédites à leur égard lors des manifestations des Gilets Jaunes. À l’heure où la rumeur, la désinformation et les fake news forment une emprise autour de l’information, le journalisme est paradoxalement traité comme un ennemi de la société en Europe. Le pouvoir politique comme premier responsable ? La presse est devenue la cible de plusieurs leaders politiques européens. Le contre-pouvoir que constituent les médias n’est plus considéré comme un pilier d’un système démocratique, mais comme un motif d’adversité. En octobre 2017, le président de la République Tchèque s’était

présenté en conférence de presse avec une kalachnikov, sur laquelle il était inscrit “pour les journalistes”. En Hongrie, les journalistes qui ne travaillent pas pour des médias proches du parti politique de Viktor Orbán, actuel président, sont censurés. En Pologne, les médias privés subissent la pression des médias publics, instrumentalisés par l’État. Si cette hostilité n’est pas autant marquée dans toutes les pays d’Europe, la presse n’a néanmoins plus le rôle qui lui est prédestiné dans le débat démocratique, et ce d’un point de vue générale. Au lieu d’être considérés comme l’équilibre d’un système démocratique, les journalistes sont tenus responsables des mal-êtres de la société. Une responsabilité en partie accentuée par la pression et l’attitude néfaste qu’exercent les politiques sur les médias.

ROSSIER Yann


POLITIQUE Les États-Unis bloquent une résolution contre les violences sexuelles comme arme de guerre

Amal Clooney à l’ONU © Paris Match

Mardi 23 avril, Amal Clooney, avocate des droits de l’homme, s’est rendue au siège de l’ONU à New-York. Son objectif : demander justice aux victimes d’agressions sexuelles dans les conflits. Cela fait suite au refus des États-Unis de laisser passer une résolution contre le viol comme arme de guerre.

Les États-Unis ont récemment exercé des pressions sur l’Allemagne pour “amputer” un texte de résolution visant à condamner les violences sexuelles dans les conflits. Cela a fonctionné, et sous la menace d’un possible véto, les Allemands ont supprimé une partie du texte afin d’obtenir le vote américain. Selon des membres de l’administration Trump, ce qui était inscrit dans ce passage banalisait les relations sexuelles et soutenait l’avortement. La France et le Royaume-Uni ont dénoncé fermement ce blocage et apporté leur soutien à l’Allemagne : “C’est inexplicable, intolérable et incompréhensible”, a déclaré François Delattre, ambassadeur français à l’ONU. Les violences sexuelles sont devenues une véritable arme dans les conflits. Faire

condamner ces crimes est l’un des combats d’Amal Clooney. Et lorsque les États-Unis s’y opposent, l’avocate de 41 ans décide de s’exprimer devant l’ONU : “Nous faisons face à une épidémie de violences sexuelles. La justice est l’antidote”, a-telle déclaré mardi 23 avril. Selon elle, les responsables de ces crimes impunis ne sont autres que les États-Unis, qui s’opposeraient à la création d’une “justice internationale”. “Personne n’a été traduit en justice pour esclavage sexuel” Amal Clooney est apparue devant l’ONU accompagnée des deux prix Nobel de la paix 2018 : sa cliente Nadia Murad, femme yézidie, ancienne otage de l’État islamique, et Denis Mukwege, gynécologue au Congo. “Personne n’a été traduit en

justice, rien n’a été fait. On prononce des discours devant l’ONU mais aucune mesure ne suit. Qu’attend la communauté internationale pour rendre justice à ces victimes ?”, a déploré Nadia Murad devant le Conseil. Sa demande est claire: il faut mettre en place des tribunaux dédiés aux procès des coupables de violences sexuelles dans les conflits. Nadia Murad mène depuis plus de 3 ans un combat pour que ces crimes ne restent pas impunis. Elle est le symbole de cette résistance et espère que son courage (elle a avoué devant les caméras du monde entier qu’elle avait été violée durant des mois par l’État islamique) permettra à d’autres victimes de prendre la parole et de réclamer justice.

CHEVALLIER Fabien

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LE DOSSIER DE LA SEMAINE

Une troisième guerre civile déchire la Libye

Le 4 avril, le maréchal Khalifa Haftar a lancé ses troupes à Tripoli, capitale libyenne du gouvernement ‘‘d’unité nationale’’ (GNA) de Faïez Sarraj, instauré après la seconde guerre civile. Depuis quatre semaines, les forces loyales au GNA, reconnu par la communauté internationale, affrontent le maréchal Khalifa Haftar. Ce dernier justifie son offensive en disant vouloir ‘’nettoyer la capitale des milices et des islamistes’’. Les deux hommes font valoir leur prétention au pouvoir mais les élections pour aboutir à un accord de paix sont repoussées de mois en mois. Malgré une rapide progression, peu après la lancée de l’offensive, l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal a été repoussée, concentrant les actuels affrontements au sud de Tripoli. Khalifa Haftar, un militaire expérimenté ayant combattu Kadhafi, voudrait mettre la main sur les ministères et certaines institutions comme la Banque centrale ou le siège de la compagnie nationale pétrolière, lui permettant de prendre le contrôle d’une partie du pouvoir économique et politique libanais. Un bilan humain déjà très lourd Aux alentours du front de Tripoli, la situation humanitaire se dégrade. ‘‘Plus de 30 000 personnes ont quitté leurs maisons et ont trouvé refuge chez des proches ou dans des bâtiments publics’’, a

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Khalifa Haftar tente de s’allier aux villages et territoires voisins afin de prendre en tenaille Tripoli et de posséder des lieux de ravitaillement proches du front. © Le Parisien

Le maréchal Haftar a lancé une offensive contre la capitale libyenne, Tripoli, le 4 avril, pour ‘’nettoyer la capitale des milices et des islamistes’’. Près de quatre semaines après le début des hostilités, le bilan de cette guerre civile, la troisième depuis 2011, s’élève à 280 morts, dont des civils, 1 350 blessés et 39 000 déplacés.

indiqué le Comité international de la Croix-Rouge. Quelques semaines après le début des conflits, le bilan s’élève à 280 morts, dont des civils, 1 350 blessés et 39 000 déplacés. Parmi les victimes de ces affrontements, on retrouve également 6 000 migrants subsahariens. 3 000 d’entre eux seraient dans des centres de détention situés près des zones de combat. Le Hautcommissariat aux réfugiés (HCR) aurait déjà évacué 325 réfugiés du centre de Qasr Bin Gashir. D’après le HCR, ‘’douze réfugiés ont subi des attaques physiques qui ont nécessité un

traitement à l’hôpital’’. La plupart de ses réfugiés seraient utilisés par le GNA pour le stockage des munitions et à la réparation de véhicules militaires. Certains seraient même forcés à prendre les armes. La situation politicomilitaire préoccupe énormément l’ONU, qui organise une ‘‘conférence nationale’’, du 14 au 16 avril, à Ghadamès, proche des frontières algérienne et tunisienne, dans le but de trouver une solution sur un futur processus électoral.

THIEBAUD Octavien et BOUQUEROD Clémence


LE CONFLIT EN LIBYE Michel Duclos, à propos du maréchal Haftar : « il est né du bois dont on fait les dictateurs militaires» La Libye voit naître sa troisième guerre civile à cause du maréchal. Nous avons donc demandé à Michel Duclos, ancien ambassadeur en Syrie, et représentant permanent-adjoint de la France auprès des Nations-Unis, de nous expliquer le contexte du conflit Libyen et son historique.

Le maréchal Haftar © LCI

Pourriez-vous nous rappeler l’historique des guerres civiles en Libye ? La première, c’est celle qui a mis un terme à la carrière de Kadhafi. Après sa chute, il y a eu une période pendant laquelle on a pensé qu’un processus d’élections normales allait se mettre en place. Les premières élections ont été réussies, et puis les deuxièmes ont fait l’état d’un refus. Et c’est là qu’a commencé la deuxième guerre civile, qui a amené de nouvelles pressions de la communauté internationale. Depuis quelques années, le pays était réparti entre deux gouvernements, mais sans conflit majeur. D’où est né le conflit qui a actuellement lieu ? Le conflit est né à cause des troupes du maréchal Haftar, qui tenait l’Ouest du pays mais s’était aussi étendue au Sud. Je pense que la raison fondamentale du déclenchement de la crise actuelle, c’est que le maréchal a pensé qu’il était devenu le plus fort, et qu’il pouvait se permettre de régler par la force son désaccord avec les

autorités de Tripoli. Dans quel climat politique cette crise a-t-elle été déclenchée ? C’était un climat politique qui était, en surface, pas si mauvais, puisqu’il y avait eu différentes rencontres internationales -dont celle d’Abu Dhabi, et que les Nations unies avaient planifié une grande conférence de réconciliation nationale. Et donc, au moins en surface, les différents acteurs, ces dernières semaines, avaient plutôt joué le jeu. Même si on savait bien qu’en réalité les tensions restaient vives. Pouvez-vous nous parler du maréchal Haftar ? Il avait été l’un des compagnons de Kadhafi dans le coup d’Etat qui avait porté Kadhafi au pouvoir. C’est donc un militaire à l’ancienne. Il a été le chef d’Etat majeur de Kadhafi, puis, il est tombé en disgrâce avec lui parce que celui-ci lui a fait porter l’échec d’une des campagnes de la Libye contre le Tchad, il y a maintenant plus de 20 ans. Cela l’a amené à passer une vingtaine d’années aux États-

Unis. Il est revenu en 2011, pour tenter de jouer un rôle dans la Libye d’après Kadhafi. Dans un premier temps, cela n’a pas fonctionné. Mais justement, lorsqu’il a vu qu’un certain désordre s’installait, il a retenté et a constitué des forces, qu’il a appelé l’Armée de Libération Nationale, à Benghazi. Tous les gens qui l’ont rencontré chez les diplomates ont détecté chez lui une incapacité à entrer dans une logique politique. C’est un homme qui croit avant tout à la loi du plus fort et qui met en avant cette hostilité de l’Islam politique, de l’islamisme et aussi du désordre. Il croit que ce qui compte avant tout, c’est l’ordre, et l’ordre par la force. Et donc, il est né du bois dont on fait les dictateurs militaires. Pourquoi est-il contre la GNA ? Parce que pour lui, la GNA représente la pagaille, les civils, un jeu politique qu’il ne comprend pas -et accessoirement, il faut le reconnaitre, le gouvernement de Tripoli est soutenu par des milices islamistes. Je ne suis pas sûr que ce soit déterminant dans son esprit, mais en tous les cas, cela lui donne un prétexte pour être contre. Pourriez-vous résumer en quelques mots l’origine des trois dernières guerres civiles ? C’est l’absence de tradition étatique, dans un pays dont l’organisation de base reste la tribu et le clan. Et la communauté internationale n’a pas réussi à greffer l’idée d’un état de droit et un élément de représentation démocratique. C’est ça le fond du problème.

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FRANCE

Hébergement des réfugiés : une défaillance du système national ? ‘’Déni de réalité’’, ‘’trop rigide’’, ‘’dispositif qui ne marche pas’’ : c’est ce que reproche au gouvernement la maire de Paris, Anne Hidalgo, à propos de l’hébergement des réfugiés. Et pour cause: selon Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, un demandeur d’asile sur deux est aujourd’hui hébergé par le dispositif national d’accueil. Quant aux requérants restant, soit ils réussissent à trouver quelqu’un qui puisse les loger, soit ils se retrouvent à la rue. D’après Florent Guegen, pour que chacun d’entre eux puisse être hébergé convenablement, 40 000 places supplémentaires devraient être mises à disposition. Il considère également que le système d’accueil actuel manque de flexibilité. En effet le directeur de la Fédération fait référence à l’application du règlement de Dublin qui requiert qu’une demande d’asile ‘‘soit traitée dans le premier pays européen d’arrivée’’ (souvent l’Italie ou l’Espagne). Or, si beaucoup de réfugiés arrivent par le sud de l’Europe, peu d’entre eux souhaitent généralement y rester, et se retrouvent alors ‘‘en errance’’ dans un autre pays sans pouvoir y obtenir l’asile. De mauvais investissements ? Outre la rigidité de certains protocoles d’accueil, c’est évidemment le manque de moyens qui bloque l’amélioration de la situation. Pierre Henry, directeur général de France Terre d’asile, estime

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Pour hébeger la totalté des demandeurs d’asile, 40 000 logements supplémentaires sont nécessaires © AFP

Seulement un réfugié demandeur d’asile sur deux est hébergé dans le dispositif d’accueil national. Ceux faisant partie de l’autre moitié se retrouvent le plus souvent à la rue.

que ce sont les évacuations régulières des campements de réfugiés qui coûtent trop cher à l’Etat. Plutôt que dépenser de l’argent pour ‘‘la mobilisation des travailleurs sociaux, leurs logements sur place, les policiers, les agents de nettoyage’’, le directeur général de France Terre préconise d’autres investissements sur le long terme qui permettraient la mise en place d’un plus grand nombre de logements. ‘‘Aujourd’hui, lorsque le problème n’est pas visible, on ne le traite pas, on ne le traite que dans l’urgence’’ regrette de même Anne Hidalgo. Les maires saisissent gouvernement

le

Afin d’alerter une nouvelle fois le gouvernement sur cette situation, treize maires de France (Rennes, Troyes, Aubervilliers, Metz, Toulouse, Strasbourg, Lille, Grande Synthe, Bordeaux, Paris, Grenoble, Nantes et Saint-Denis) ont décidé d’écrire aux ministres de l’Intérieur et

du Logement. De tous bords politiques, ils ont déclaré ne plus pouvoir ‘‘accepter cette situation indigne de nos valeurs et de la tradition humaniste de notre pays’’. En effet les municipalités sont directement et quotidiennement confrontées à l’urgence des personnes réfugiées à la rue. Elles sont pourtant impuissantes puisque les compétences nécessaires pour traiter ce problème, à savoir l’hébergement ou la politique de l’asile, relèvent uniquement de l’Etat. En conséquence, aucun financement ne leur est attribué pour gérer cette problématique et même en étant volontaires, leurs actions demeurent très limitées. Aussi, dans leur lettre rendue publique le 24 avril dernier, ces mêmes élus proposent au gouvernement de se réunir avec plusieurs associations, dont Emmaüs, France Terre d’Asile ou l’armée du Salut, afin de trouver rapidement des solutions viables à long terme.

HECKMANN Manon


CULTURE

L’art pour libérer les femmes au Maroc Zainab Fasiki est une leader dans le mouvement féministe au Maroc, et elle a beauoup d’influence sur Instagram. Elle souhaite libérer la parole des femmes autour des tabous sur la nudité et la sexualité au Maroc. Selon un rapport de l’ONU, 63% des Marocaines ont subi du harcèlement de rue. Dessin de Zainab Fasiki, se représentant comme une géante à la recherche des agresseurs à Casablanca. © Instagram @zainab_fasiki

La dessinatrice Zainab Fasiki se met beaucoup en scène dans ses dessins, en y inscrivant le mot ‘‘Hshouma’’, qui signifie “tabou” en dialecte marocain. Elle présente sur chacun d’eux les quatre grands tabous à combattre : le genre, l’éducation sexuelle, le corps et les libertés. Ses objectifs consistent à mettre un terme aux violences et aux discriminations envers les femmes. Un problème au cœur du Maroc Tout part d’une vidéo diffusée sur Internet en août 2017. Cette vidéo montre une jeune femme violée dans un bus en plein jour. Elle a fait le tour du monde et a profondément choqué. Le mouvement féministe et l’ONU Femmes au Maghreb ont fortement dénoncé ces comportements ainsi que cette situation alarmante. En effet, au Maroc, 63% des femmes ont été victimes de harcèlement. Dans des interviews, Zainab Fasiki livre les craintes des jeunes Marocaines, et la peur dans laquelle elles vivent constamment, en particulier dans les transports publics. Le Maroc, en 2019, n’a toujours pas une position claire dans les jugements de ces affaires. Et les femmes continuent de subir harcèlement, violences sexistes et sexuelles. Le mauvais élève du Maghreb Le Maroc est très en retard à ce niveau, même par rapport à ses voisins. La Tunisie reconnaît l’égalité entre les hommes et les femmes

en matière d’héritage grâce à une loi passée dernièrement, donnant un tout autre statut à la gente féminine. Cette loi pose néanmoins problème au Maroc car elle est contraire aux écrits du Coran. Cela a provoqué en mars 2018 la démission forcée de la théologienne Asma Lamrabet de la Rabita mohammadia, l’association marocaine d’intérêt général. Elle était en faveur de cette loi, ce qui lui a porté préjudice. Les femmes parviennent à obtenir des postes importants, et des conventions pour leurs droits sont ratifiées par le Maroc. Notamment la loi 10313 sur les violences faites aux femmes. Si le texte est passé par les deux chambres parlementaires, il est vivement critiqué pour sa légèreté, et surtout pour les infractions non prises en compte. De plus, aucune prise en charge des victimes est à l’horizon. Selon la sculptrice marocaine et engagée Monia

Abdelali, les femmes ne seront vraiment libérées au Maroc qu’en 2034. Les signes d’avancées restent flous, mais la lutte des artistes et des femmes persistent, avec l’espoir d’obtenir l’égalité et la levée des tabous dans les prochaines années. La loi 103-13 est entrée en vigueur au Maroc le 12 septembre 2018. Promulguée par la ministre de l’Egalité et du Développement social Bassima Hakkaou, la loi annonce une peine de un à six mois de prison et d’une amende de 2000 à 20.000 dirhams pour les personnes reconnues coupables de harcèlement de rue, ainsi que toutes formes de propos à caractères sexuels. Si les peines sont renforcées, les associations font part de leurs craintes. L’Association démocratique des femmes au Maroc (ADFM) parle d’une loi insuffisante bien en dessous des normes internationales.

BCHINI Antoine

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ENVIRONNEMENT

Le monde pleure ses arbres C’est un constat alarmant que révèle World Ressource Institue. Le monde a perdu l’équivalent de la superficie du Nicaragua en forêt ont été détruits. Chaque minute, la déforestation représente la taille de 40 terrains de football. Mais peu de personnes en connaissent réellement les conséquences. La déforestation est-elle seulement négative ?

Exploitation de la forêt tropicale © Shutterstock.com/Rich Carey

La déforestation impacte les 80% de la biodiversité des forêts. Chaque année, près de 27 000 espèces disparaissent à cause de l’abattage des arbres. Le manque de forêt touche aussi les ressources en eau. Les ¾ de l’eau accessible proviennent des forêts, qui aident à reconstituer les nappes phréatiques Les arbres peuvent aussi protéger des catastrophes naturelles. Ainsi, les forêts de mangroves jouent un rôle de barrière contre les tsunamis, les cyclones et les ouragans. L’institut de recherche pour le développement affirme que “le déboisement des forêts primaires reste l’une des causes principales de l’apparition de nouveaux agents infectieux et de leur circulation épidémique dans les populations humaines”.

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Plus de 70% des maladies infectieuses transmises par les animaux à l’homme sont propagées par des animaux sauvages, issus de la forêt. Les zones déboisées augmentent le risque de transmission. Abattre des arbres réduit également le taux d’absorption du CO2, et les hommes sont donc plus touchés par la pollution. Les maladies respiratoires sont plus nocives. La déforestation est aussi l’une des principales causes du réchauffement climatique, provoquant ainsi la fonte des glaces et la montée des eaux. Quels avantages tirer de la déforestation ? La déforestation permet à de nombreuses personnes dans le monde d’avoir un logement, un travail, un lieu où

faire ses courses. Elle engendre un “boom” économique. Construire des routes facilitent le commerce, et donc, l’emploi. Selon une enquête de la revue Science, le déboisement entraîne à court terme une amélioration du sort des populations locales et indigènes : l’espérance de vie, le niveau de vie et le taux d’alphabétisation augmentent. De plus, l’abattage d’arbres peut aussi servir à installer des champs agricoles. Cela permet de créer des aliments en plus grande quantité et de meilleure qualité. Si ces denrées alimentaires étaient utilisées à bon escient, ce qui n’est pas le cas, elles pourraient nourrir les 821 millions de personnes frappées par la famine dans le monde.

LOPEZ Paulino


TOP et FLOP Top : Des chambres d’hôpital au milieu des bois

Des chambres d’hôpital en bois dans la forêt norvégienne © Le Monde

L’hôpital n’est jamais un lieu très accueillant et chaleureux. Ses grands murs blancs, son odeur particulière et les sons de ses machines peuvent être anxiogènes, notamment pour des jeunes patients. Pour contrer cela, deux hôpitaux norvégiens (Oslo Universitetssykehus et Sørlandet Kristiansand) ont eu une idée innovante. En

collaboration avec un cabinet d’architecture et une association caritative, ils ont lancé le projet Fr i l u f t s s y ke h u s e t , “ h ô p i t a l en plein air” . Le concept est simple et efficace. Deux chambres d’hôpital en bois ont été construites en pleine forêt, près d’un ruisseau pour l’une, et d’un lac pour l’autre. L’idée a été proposée par un psychologue qui emmène depuis des années

ses patients dans les forêts norvégiennes. Selon lui, “le fait d’éloigner les enfants des chambres d’hôpital leur permet de reprendre confiance dans la guérison et d’améliorer leur humeur”. De plus, le contact avec l’extérieur réduirait le stress psychologique et physique des patients. Chaque chambre est construite près d’un des deux hôpitaux, afin que la prise en charge ne soit pas interrompue. Entouré par le bruit des oiseaux, du ruisseau et des arbres, le concept séduit. “Nous avions besoin d’un endroit pour souffler, où nous pouvions nous isoler et être une famille normale le temps d’un instant” . Les initiateurs du projet espèrent que ces chambres en pleine forêt se développent dans toute la Norvège et dans le reste du

DUMUR Mathilde

Mariam Al-Sohel, une ‘’universitaire spécialiste en sexualité’’ a déclaré sur la chaîne de télévision koweïtienne Scope Tv avoir trouvé un remède contre l’homosexualité. La séquence a été traduite et partagée par Memri Reports, une agence de traduction des chaîne arabes en anglais mardi 23 avril. L’universitaire aurait inventé un suppositoire, qui neutraliserait selon elle le ‘’ver anal’’ responsable de la libido des hommes homosexuels. Ses recherches et théories sont basées sur ‘’une médecine prophétique’’. D’après la chercheuse, ‘’les désirs sexuels se développent quand une personne est agressée sexuellement. Ils persistent ensuite à cause de la présence

Au Koweït, l’homosexualté est passible de prison © Slate

Flop : Au Koweït, un suppositoire contre l’homosexualité

d’un ver anal qui se nourrit du sperme’’. Le suppositoire qu’elle a créé ‘’freine les besoins sexuels excessifs […] des garçons du troisième genre’’, soit les garçons homosexuels. Dans l’émission, elle présente ses suppositoires et affirme avoir un doctorat sur ‘’l’homosexualité et le harcèlement sexuel’’. En plus des suppositoires, la Koweitienne

préconise un régime équilibré ‘’pour nettoyer le corps de ses poisons’’. Au Koweït, l’homosexualité est toujours illégale et passible de prison pour violation des lois antidébauche du royaume . Dans le monde, 74 pays pénalisent encore l’homosexualité, par la prison, la torture ou même la peine de mort.

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LA TWITTOSPHERE Chris Cox, membre de la NRA, qualifie un des districts de New-York de «non-américain» Chris Cox a alarmé, lors d’une réunion annuelle de la National Rifle Association (NRA), les « non-réels Américains » qui tentent d’intégrer la politique en citant la représentante du 14ème district de New York, Alexandira Ocasio-Cortez. La représentante a répondu directement sur Twitter : « Leçon de civisme pour la NRA : Même s’ils n’apprécient pas, le Bronx et les Queens font aussi partie de « l’Amérique réelle ». C’est fou que la NRA laisse entendre que les électeurs de New York 14ème district ne sont pas de vrais Américains mais qu’ils ne pensent que les armes d’assaut dans salle de classes sont une bonne idée ». Une réponse en résonance avec la loi du contrôle d’armes que la NRA soutient fervemment. Or, depuis 2018, les fusillades dans les écoles ont augmenté de 60%.

#MaJupeMonDroit : des femmes se mobilisent pour porter des jupes Un post Facebook polémique du ministère de l’Education de Madagascar, dévoilant un dessin d’une femme portant une robe courte avec un décolleté, a suscité l’indignation des femmes malgaches. L’objectif de cette soudaine injonction est d’éviter les agressions provoquées par des vêtements dévoilant « trop de peau ». Choquées et offensées, elles ont été nombreuses à répondre à cette vision sexiste en créant l’hashtag #MaJupeMonDroit. Des hashtags accompagnés de photos où elles arborent jupes ou robes courtes sur les réseaux sociaux. Depuis, ce post a été supprimé par le ministère, et remplacé par une lettre d’excuse.

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Retrouvez-nous sur Twitter : @BasiqueMagazine


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