N°8 - Basique

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Numéro 8 - Jeudi 23 mai 2019

BASIQUE

Le monde en toute simplicité

Chute libre pour Monsanto 6 - 7 Au Mexique, les journalistes pris pour cibles

Européennes 2019 : une montée d’euroscepticisme

Les conséquences de la 6e exctinction de masse

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EDITO Par notre rédacteur en chef, Antoine Bchini antoine.bchini@iscpalyon.net

Le vendredi 17 mai 2019, Taïwan est devenu la première puissance asiatique à rendre légale l’union entre deux personnes du même sexe. Disposant d’une importante communauté LGBT+, et d’une Marche des Fiertés annuelle célèbre dans le monde entier, le pays s’impose comme un leader en termes d’avancée sociale dans une région plus que conservatrice. Le parfait opposé serait le Brunei, qui avait fait passer des lois très punitives en avril contre ces communautés. Aujourd’hui Taïwan ouvre une porte à la tolérance dans toute l’Asie. C’est surtout un message fort et une provocation envoyés à son voisin d’en face: la République populaire de Chine. Lors de ses campagnes en faveur du mariage homosexuel, Taïwan se revendique comme une véritable démocratie, à l’écoute de son peuple. C’est grâce à ce régime plus ouvert à la discussion que les groupes ont pu faire valoir leur parole. Il aura tout de même fallu près de 40 ans de lutte depuis 1980, et une affaire devant les tribunaux en 2015, qui prévoyait une loi dans les deux années suivantes. Dire que cette loi va influencer les autres pays asiatiques reste malheureusement très utopique. Chaque État est très différent. Entre les sociétés conservatrices, traditionalistes, et avec beaucoup d’influence religieuse (catholique en Corée du Sud ou musulmane en l’Indonésie), les avancées sont lentes. Si certains pays tolèrent plus l’homosexualité que d’autres, comme la Thaïlande, la Corée du Sud et la Chine, où elle est dépénalisée, la légalisation du mariage et autres droits est encore loin d’être garantie.

Certains pays suivent de près cette évolution sociale. Au Japon, dernier pays du G7 à ne pas permettre une union civile et le mariage pour les couples LGBT+, ce sont les communes qui, depuis 2015, donnent un certificat d’union, similaire au mariage. La location d’appartement et l’accès au suivi du couple en cas d’hospitalisation sont assurés. C’est Shibuya, un arrondissement de Tokyo, qui a ouvert la voie. Neuf autres villes ont également adopté ce certificat entre avril 2015 et 2018, dont Osaka et Sapporo.

Rédaction : BOUQUEROD Clémence CHEVALLIER Fabien DUMUR Mathilde HECKMANN Manon LOPEZ Paulino PELLOUX Juliette ROSSIER Yann THIEBAUD Octavien

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Crédits photos UNE : ©AFP ©Reuters ©Wabitimrew ©Libération Contact Twitter rédaction : @BasiqueMagazine Adresse rédaction 47 Rue Sergent Michel Berthet Lyon 9e


SOMMAIRE 4

MEDIAS Mexique : un cinquième journaliste tué depuis janvier

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POLITIQUE Européennes 2019 : entre eurosepticisme et populisme

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LE GROS DOSSIER Les procès contre Monsanto et son rachat par Bayer

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Thierry Vildary, le journaliste en charge de l’enquête sur Clémence Calvin ©Youtube / Page 8

FRANCE Point sur l’enquête qui vise Clémence Calvin avec Thierry Vildary

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CULTURE #FemalePleasure, un documentaire féministe en parallèle avec le droit à l’avortement remis en cause

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Affiche française de #FemalePleasure ©Allo ciné / Page 9

ENVIRONNEMENT Les conditions de vie de l’Homme en danger

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LE FLOP DE LA SEMAINE Quel futur pour les zoos et les aquariums ? Un éléphant toruré en Thaïlande ©ScoopWhoop / Page 11

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MEDIAS Le Mexique, pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes

La sitution des journalistes à travers le monde. © RSF

Jeudi 16 mai, Francisco Romero Diaz, un journaliste local, est assassiné à la cité balnéaire de Playa del Carmen. C’est le cinquième journaliste tué depuis le début de l’année 2019. Un chiffre qui place le Mexique à la première place des pays les plus meurtriers pour la profession.

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La profession de journaliste n’est pas sûre au Mexique. Depuis le début de l’année 2019, cinq journalistes ont perdu la vie dans ce pays d’Amérique latine. Le dernier en date est Francisco Romero Diaz, un journaliste travaillant pour les informations locales. Jeudi 16 mai, son corps a été découvert par les autorités dans la cité balnéaire de Playa del Carmen. Selon celles-ci, ‘‘La victime avait porté plainte le 12 avril après avoir reçu des menaces’’. Un meurtre d’autant plus choquant étant donné que le reporter ‘’bénéficiait du programme de protection des journalistes depuis 2018’’. Après cet assassinat, Reporters sans Frontières (RFS) a déclaré que le Mexique était ‘’le pays le plus meurtrier du monde pour la profession’’, aux côtés de la Syrie, l’Afghanistan et le Yémen. La plupart des journalistes tués dans ce pays d’Amérique latine enquêtaient sur la corruption, la politique et la criminalité, avec notamment des enquêtes approfondies portant sur les narcotrafiquants. Javier Valdez, un journaliste assassiné en 2017, avait l’habitude de

© BBC

dire “qu’être journaliste au Mexique, c’est un peu comme être sur une liste noire’’. Lui et la plupart des journalistes assassinés travaillaient sur les liens entre le gouvernement, la police et les mafias. Une mécanique de la peur s’installe dans la profession D’après RSF, la liberté de la presse est en baisse partout dans le monde. Et les conditions de travail des journalistes sont de plus en

plus menacées. Le Classement RSF, qui évalue chaque année la situation du métier dans 180 pays et territoires, dénonce une ‘’mécanique de la peur’’. Notamment parmi les régimes autoritaires. Par exemple, au Venezuela, les journalistes ont été soumis à des arrestations et à des violences de la part des forces de l’ordre. Même situation en Russie, où le Kremlin a renforcé la pression sur les médias indépendants et sur Internet. Aux États-Unis, la politique de Donald Trump a retourné les citoyens américains contre les journalistes, qui ont reçu un nombre record de menaces de mort en 2019. Beaucoup d’entre eux ont même dû faire appel à des entreprises de sécurité privées. D’après le sondage de RFS, seulement 24% des 180 pays concernés par leur recherche affichent une ‘’bonne situation’’.

THIEBAUD Octavien


Montée de l’euroscepticisme : quelle sera l’Europe de demain ?

POLITIQUE

A l’approche des élections européennes, le sentiment de défiance envers l’Union européenne se fait de plus en plus sentir. Face à cette poussée d’euroscepticisme qui divise le paysage politique, l’UE pourrait subir autant de conséquences économiques qu’une montée du populisme. Depuis le référendum du Brexit en 2016, le RoyaumeUni représente bien la division entre les pro-Europe et les séparatistes. Si certains affirment que la situation Outremanche a atténué les envies d’indépendance de certains pays face à l’UE, la montée de l’euroscepticisme au cours de ces dernières années est pourtant indéniable. Aussi, les très prochaines élections européennes vont être déterminantes pour la future configuration de l’UE. Selon une enquête réalisée par YouGov, les groupes eurosceptiques (Europe de la liberté et de la démocratie directe, Europe des Nations et des Libertés et Conservateurs et réformistes européens) pourraient devenir l’une des plus grandes forces politiques du continent. Quelle place au Parlement ? Au total, les trois formations anti-UE compteraient 173 élus au Parlement, soit trente de plus que ces cinq dernières années, beaucoup plus que les Socialistes & Démocrates (S&D) et presque autant que le Parti populaire européen (PPE). Ces deux groupes parlementaires, symboles de l’opposition gauche/droite, pourraient d’ailleurs être quelque peu effacés au profit de la réunion entre l’ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe) et LREM (La République en Marche). Le Parlement européen serait

Elections européennes © Réseau International

alors divisé entre centristes et eurosceptiques. De possibles conséquences économiques Selon un sondage réalisé par OpinionWay-Tilder, cette montée d’élus anti-UE inquiète malgré tout certains citoyens européens. D’abord d’un point de vue économique (52% des interrogés estiment que l’impact sera négatif), surtout en ce qui concerne la compétitivité des entreprises européennes. En effet les volontés séparatistes sont pour la plupart souvent caractérisées par des taxes sur les échanges commerciaux, une augmentation des droits de douane et un rejet des institutions internationales. Mais ce qui préoccupe également, ce sont les tendances populistes qui accompagnent souvent les élus eurosceptiques comme Marine Le Pen ou Matteo Salvini. Fermetures des frontières, nationalisme… C’est d’ailleurs parce que les intérêts nationaux

HECKMANN Manon

de ces groupes priment sur leurs intérêts européens qu’ils ont des difficultés à établir une “super-alliance” au Parlement. Toutefois, leurs ambitions jusqu’ici prometteuses pourraient être contrecarrées par des enquêtes sur leur financement. Suite à une révélation à ce sujet, le vicechancelier autrichien, membre du parti d’extrême-droite FPÖ a été contraint de démissionner samedi.

- Du 23 au 26 mai, les citoyens européens vont élire leurs représentants au Parlement européen. - 34 listes se présentent en France et chacune d’elles compte 79 candidats, le nombre de sièges français au Parlement. - Le Parlement est la seule institution de l’UE élue directement par les citoyens et est composé de 751 députés. - Il exerce les pouvoirs législatif, budgétaire, et contrôle politique .

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LE DOSSIER DE LA SEMAINE

Le rachat de Monsanto par Bayer : pourquoi et quelles conséquences ? En juin 2018, le groupe pharmaceutique Bayer rachète Monsanto. Mais pourquoi ce rachat ? Quelles en sont les raisons, les avantages, les bénéfices que va en tirer Bayer et quelles conséquences au vu des nombreux procès qui frappent déjà l’ancien groupe Monsanto ? Bayer est un fabricant allemand de produits pharmaceutiques et chimiques. Il développe des médicaments, des produits de santé sans ordonnance, des produits vétérinaires et des produits phytosanitaires pour l’agriculture. Connue partout dans le monde avec son célèbre slogan ‘‘Bayer, science for a better life’’ (La science pour une meilleure vie), l’entreprise comptait 214 filiales et coentreprises en 2017 dans le monde. En juin 2018, le groupe pharmaceutique rachète Monsanto, le très controversé géant Américain des biotechnologies agricoles. Créée en 1901, cette entreprise américaine est à l’origine de l’herbicide ultra décrié Roundup, qui utilise du glyphosate soupçonné d’être la cause de cancers, malformations et nombre d’autres maladies. Pourquoi Bayer a-t-il racheté Monsanto ? Les produits restent les mêmes mais le nom change. Après avoir déboursé près de 56 milliards d’euros pour acquérir l’entreprise américaine, Bayer a décidé de faire disparaître le nom de Monsanto. Avec ce rachat, le groupe allemand est devenu le numéro un mondial des semences, engrais et pesticides. Bayer se place dorénavant en géant de l’agrochimie, en plus de sa place de leader pharmaceutique. En outre, ses recherches dans l’agriculture seront développées, avec un budget de 2,4 milliards d’euros

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Bayer a inventé le Gaucho, un neonicotinoïde (insecticide), et Monsanto a créé le glyphosate, nocif pour la biodiversité et les hommes. © Corporate Europe

par an. La recherche serait notamment portée sur le ‘‘bio contrôle’’, des substances naturelles capables de protéger les cultures. Un comble venant d’une entreprise accusée d’avoir créé un insecticide qui tue les abeilles, le Gaucho, et maintenant propriétaire de la marque Roundup, herbicide polluant, toxique pour la terre et les hommes. Chute libre pour Bayer Pensant faire une bonne affaire, l’entreprise allemande n’avait pas imaginé qu’elle se retrouverait à devoir payer des millions et des milliards d’euros dans des procès où Monsanto est accusé de ne pas avoir informé ses clients de la dangerosité du Roundup. À ce jour, plus de 13 000 procédures

judiciaires dans le monde sont en cours contre le ce pesticide, et donc désormais contre Bayer. De ce fait, l’action de Bayer a été divisée par deux. Le groupe pharmaceutique a perdu 85 milliards d’euros. Le groupe qui valait 136 milliards d’euros en 2015 n’en vaut plus que 52 milliards, soit moins que le coût du rachat de Monsanto. De plus, l’entreprise s’embourbe dans des affaires, comme en France où l’on a découvert qu’il existait un fichage de centaines de scientifiques, politiques et journalistes selon leur avis sur les pesticides. Ces documents révèlent les stratégies mises en place pour influencer les leaders d’opinion dans le débat public sur le glyphosate. Des plaintes pour fichage illégal ont été déposées, qui s’ajoutent aux nombreuses déjà en cours.


FOCUS SUR MONSANTO

Roundup : Monsanto encore condamné à payer deux milliards de dollars Soja et maïs OGM, Roundup est sur le banc des accusés. Monsanto est de plus en plus critiqué pour ses pratiques douteuses et ses scandales judiciaires à répétition. C’est un troisième revers judiciaire majeur pour Roundup ainsi que son fabricant Monsanto. Un jury américain a condamné l’entreprise américaine à verser 2 milliards de dollars à un couple de septuagénaires atteints d’un cancer. À l’inverse des autres multinationales qui se disputent le marché florissant de l’agrochimie, la firme américaine est pointée du doigt pour les risques alimentaires que ses produits provoquent. “Ils ont vu les publicités à la télé et pensaient qu’ils pouvaient faire confiance à l’entreprise” Lundi, un jury d’Oakland, près de San Francisco, a accordé deux milliards de dollars aux époux Pilliod, tous deux atteints d’un lymphome nonhodgkinien. Bayer s’est dit “déçu” dans un communiqué et compte faire appel. Il affirme toujours que son principe actif du glyphosate Roundup est sans danger. Très lucratif, cet herbicide est vendu dans le monde entier depuis plus de quarante ans. ‘‘Nous aurions aimé que Monsanto nous prévienne, qu’il y ait quelque chose sur l’étiquette qui dise que cela pouvait causer le cancer, nous ne l’aurions pas utilisé’’, a déclaré d’une voix faible Alberta Pilliod, lors d’une conférence de presse à San Francisco. Le couple a commencé à utiliser le Roundup en 1982. Son mari a été diagnostiqué en 2011 et elle en 2015. ‘‘Ils ont vu les publicités à la télé

et pensaient qu’ils pouvaient faire confiance à l’entreprise, ils avaient tort’’, a assené un de leurs conseillers, Michael Miller. Pour que ce jugement soit ‘‘le plus clair possible […] : Monsanto doit changer son comportement’’ a déclaré l’avocat, Brent Wisner, ajoutant que ‘‘Bayer avait fait une erreur’’ en rachetant Monsanto. Lundi, Bayer a rappelé par la suite que l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) avait réaffirmé fin avril que le glyphosate n’était ‘‘probablement pas cancérogène pour les humains’’. Un jardinier californien avait déjà été indemnisé Cela fait neuf ans que ce couple de septuagénaires lutte contre leur cancer du système lymphatique. Mardi 14 mai, ils ont remporté une énorme

victoire judiciaire. Un tribunal de Californie (États-Unis) a en effet condamné le géant Monsanto à verser 2 milliards de dollars de dommages et intérêts à chacun des deux époux Pilliod. Le couple américain n’est cependant pas le seul à faire plier Monsanto. Dwayne Johnson, un jardinier californien, a pulvérisé lui aussi des centaines de litres de Roundup chaque jour. Résultat, un lymphome et un cancer de la peau qui ronge tout son corps. Il a été le premier à obtenir des dommages et intérêts : 289 millions de dollars lui ont été versés en août 2018. L’horizon s’assombrit donc encore pour Bayer, qui faisait face fin avril à 13 400 procédures visant le seul glyphosate aux États-Unis.

DUMUR Mathilde et PELLOUX Juliette

Manifestation contre le groupe Monsanto et les OGM © Katehon

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FRANCE Thierry Vildary : “Il y a des incohérences dans ce que raconte Clémence Calvin” Thierry Vildary, journaliste d’investigation à France Télévisions et réalisateur de l’enquête “‘‘Sur la piste de Clémence Calvin” parue dans Stade 2, nous éclaire sur sa réalisation.

‘’Elle est suspendue à titre provisoire, et la procédure disciplinaire suit son cours. L’ALFD (Agence Française de Lutte Antidopage) va se réunir et va proposer une sanction à Clémence Calvin qui va certainement faire appel auprès du Conseil d’État. On ne sait pas quand le dénouement aura lieu, cela peut être encore très long.’’ Combien de temps pour réaliser l’enquête parue sur Stade 2 ? ‘’De base, j’étais parti pour 5 jours, mais cela n’a pas été suffisant. Je suis resté 10 jours. C’était très intense : recherches de contacts, de témoignages, de planques, de coup de fils avec mon fixeur (quelqu’un qui connaît bien le milieu de l’athlétisme et du dopage marocain) …’’ Quel a compliqué

été le plus à réaliser ?

‘’Le plus compliqué : retrouver le lieu du fameux contrôle. C’est pour ça que je suis resté plus longtemps. Trouver les infos, les gens qui nous donnent les pistes pour arriver au bon endroit. Quand je suis parti, mon fixeur est resté sur place et a négocié pendant trois jours avec les gars de la salle pour obtenir les témoignages. On a pu avoir le gérant de la salle de sport par téléphone. C’est un sujet sensible donc il est difficile de convaincre les gens de nous fournir leur version. ’’

Clémence Calvin , accusée d’avoir refuser de se soumettre à un contrôle antidopage AFLD. @Francebleu

A l’heure actuelle, où en est-on dans l’affaire Clémence Calvin ?

Comment s’est déroulé votre rencontre avec Clémence Calvin après la parution de l’enquête ? (NDLR : ils se sont rencontrés sur un plateau télévisé) ‘’Notre rencontre s’est bien déroulée. Il ne faut pas montrer sa rancœur afin ne pas exposer ses faiblesses. Elle m’a lancé une petite pique en estimant que mes informations étaient fausses, mais je suis resté calme. À la fin on a discuté 15/20mn, et cette discussion s’est terminée cordialement.’’ Avez-vous reçu des menaces suite à cette enquête ? ‘’Pas de menaces. Quelques trucs bizarres en revanche. Le lundi, après la diffusion du premier sujet, un compte twitter a été ouvert. Il promettait de donner le nom de mon mon guide, nos méthodes etc... Il y a aussi un des personnages de l’affaire qui s’est senti visé et qui s’est plaint à Stade 2 en disant qu’il avait été diffamé. De plus, le gérant de la salle de sport au Maroc a reçu

CHEVALLIER Fabien

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certaines pressions pour ne pas parler à quiconque.’’ Est-ce que votre enquête pourra avoir une influence sur la sanction que pourrait encourir Clémence Calvin ? ‘’Le Conseil d’État aura nos témoignages et pourra remarquer qu’il y a des incohérences dans ce qu’elle raconte. En allant au Maroc, notre objectif était de tenter de comprendre ce qui s’était réellement passé, où avait eu lieu l’interpellation et connaître le déroulement de celle-ci. Cela a été compliqué d’enquêter car certaines personnes ont intérêt à ce que la vérité ne sorte pas.’’ Rappel des faits : Clémence Calvin (athlète française de 29 ans) aurait, le 27 mars dernier, refusé de se soumettre à un contrôle antidopage AFLD au Maroc. Elle estime avoir subi “tout sauf un contrôle. C’était violent.” Le journaliste d’investigation Thierry Vildary (France TV) est donc parti au Maroc avec son équipe afin de suivre la piste de Clémence Calvin et tenter d’y voir plus clair.


CULTURE

#FemalePleasure, le documentaire engagé qui casse les clichés sur les femmes Affiche officielle de #FemalePleasure ©Youtube

Sorti en salle en Europe courant avril, il retrace l’histoire de cinq femmes, qui se sont toutes battues à leur manière pour enfin disposer de leur propre corps.

#FemalePleasure est un documentaire suisse-allemand, réalisé par Barbara Miller. Révélé au jour en novembre 2018, il est sorti en Europe et au Canada entre avril et mai. La réalisatrice a essayé de se battre contre la sexualisation du corps féminin : ‘‘qu’on exhibe le corps ou qu’on le cache, il est toujours un objet qui doit satisfaire la sexualité des hommes.’’ Le documentaire retrace donc l’histoire de 5 héroïnes dans 5 pays, et d’un seul combat : lutter contre la misogynie et libérer la sexualité de la femme. Deborah, Vithika, Doris, Rokudenashiko, Leyla, toutes se battent à leur manière pour le droit des femmes. Elles ont été mariées de force, agressées, violées, excisées, ou encore condamnées pour avoir parlé de vulve. Et tout ça au XXIème siècle. Une bataille constante Le documentaire explique leur expérience, mais montre surtout que chacune l’a utilisée pour aider les autres.

Vithika Yadav, par exemple, a créé le premier site indien qui parle de sexualité ouvertement, pour se battre contre les viols, qui ont lieu toutes les vingt minutes en Inde. Leyla Hussein, quant à elle, est née en Somalie, là où 97% des femmes sont excisés. Excisée elle aussi lorsqu’elle avait sept ans, elle se bat pour protéger les victimes. Elle vit maintenant en Angleterre, là où elle a lancé un podcast, fait des Ted Talk, et elle est surtout psychothérapeute d’expertise. Un documentaire actuel Ce documentaire est devenu très actuel avec les évènements qui se sont déroulés ces derniers jours. Le droit des femmes à disposer de leur corps a été remis en question dans de nombreux pays occidentaux. En effet, le 15 mai, l’Alabama interdisait l’avortement, sauf en cas d’urgence létale pour la mère. Il reste interdit en cas d’inceste ou de viol, et les médecins la pratiquant risqueront jusqu’à 99 ans de prison. C’est la loi la plus répressive aux ÉtatsUnis jusqu’à présent. Ici, l’IVG est considérée comme un

homicide. Le 17, c’était au tour du Missouri de l’interdire après 8 semaines de grossesse, toujours même en cas de viol ou d’inceste. Pour Kay Ivey, gouverneure en Alabama, ‘‘chaque vie est un don sacré de Dieu’’, tandis que le gouverneur du Missouri, Mike Parson s’est félicité de cette victoire, ayant twitté jeudi que son État avait réduit de 20 000 à 3 000 le nombre d’IVG réalisées chaque année. Depuis début 2019, déjà six états (Alabama et Missouri compris) ont donc pris des mesures contre l’IVG, alors déjà autorisée, comme dans l’Ohio, le Kentucky ou encore le Mississippi. De nombreuses manifestations ont eu lieu : devant le Sénat en Alabama le 15 mai, sur les marches du festival de Cannes, et le 20 mai aprèsmidi dans quatre villes de l’État. Donald Trump, qui s’était déjà prononcé ‘‘pro-vie’’, a déclaré samedi soi sur Twitter : ‘‘nous devons rester unis et gagner pour la Vie en 2020’’. Et les militants ‘‘pro-vie’’ cherchent à remettre entièrement en cause l’arrêt de la Cour suprême de 1973, qui légalise l’avortement dans tout le pays.

BOUQUEROD Clémence

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ENVIRONNEMENT

La Terre vit sa sixième extinction de masse : les conséquences inquiétantes pour l’humanité 1 million d’espèces dans le monde sont aujourd’hui menacées. Et 75% de la totalité des espèces vivantes sur Terre risquent de disparaître d’ici quelques dizaines de milliers d’années. Tel est le constat alarmant de la 6ème extinction de masse qui frappe actuellement la planète. Un fléau qui affectera l’avenir de l’être humain. L’Homme est responsable de la sixième crise d’extinction. Paradoxalement, la disparition de toutes ces espèces ne sera pas sans conséquences pour la nôtre. Bien au contraire, la survie de l’humanité dépend directement de la biodiversité. D’abord sur le plan alimentaire: chocolat, café, fruits, légumes ou encore amandes, 75% des cultures ont besoin d’être pollinisées par des insectes, notamment les abeilles. Mais les insectes sont parmi les espèces les plus menacées d’extinction. Constat identique pour les espèces végétales. La productivité agricole a diminué de 23% en 50 ans avec la dégradation des sols, dont la fertilité est mise à mal à cause de la surexploitation des terres. La productivité des océans est également touchée, menaçant ainsi la qualité de l’eau. Si ces conditions continuent d’empirer, les ressources alimentaires risquent bien de s’amenuiser. La santé : un enjeu prédominant Hormis l’aspect alimentaire, la médecine naturelle, dont dépendent 4 milliards des êtres humains, est aussi en danger. 70% des médicaments anticancer sont issus ou inspirés par la nature, et la moitié des molécules utilisées pour les soins proviennent des animaux ou des plantes. Et encore, plus d’un quart des nouveaux médicaments qui arrivent sur le marché sont

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Les océans sont entrés dans une phase de disparition massive des espèces marines. ©WWF

issus des écosystèmes. Avec la disparition des espèces, la médecine de demain est ainsi en péril. Les nouvelles maladies qui frapperont l’humanité ne pourront être soignées sans les multiples solutions que nous offre la biodiversité. Plus de rempart face au climat La nature protège également l’espèce humaine du réchauffement climatique: le carbone présent dans l’atmosphère est absorbé par les plantes, et les inondations et

les sécheresses sont affaiblies par les différents écosystèmes végétaux. Enfin, les forêts de mangrove, un écosystème de marais, jouent un rôle essentiel pour lutter contre l’érosion des côtes et les effets des tempêtes. Aujourd’hui, la surface des mangroves sur Terre a diminué de 75%. Sans elle, entre 100 et 300 millions de personnes qui habitent sur les côtes sont menacées par la montée des eaux et les intempéries.

ROSSIER Yann

À la différence des cinq précédentes, cette sixième extinction de masse est la seule qui n’est pas due à un cataclysme naturel. En effet, celle-ci a été provoquée uniquement par les activités de l’être humain sur la biosphère. 5 grands facteurs en sont à l’origine : la destruction des habitats naturels, causée par la déforestation et l’urbanisation; la surexploitation des espèces, telle que la chasse et la pêche; l’introduction d’espèces invasives dans les écosystèmes; la pollution; le changement climatique


LE FLOP DE LA SEMAINE

Les zoos et les aquariums ont-ils encore leur place aujourd’hui ? Le 13 avril dernier, un éléphanteau est décédé après s’être cassé les deux pattes avant au cours d’un numéro d’acrobatie. Les défenseurs de la cause animale ouvrent à nouveau le débat : faut-ils interdire les zoos et les aquariums ? En France, 3O requins maretaux sont morts dans l’aquarium Nausicaa entre 2011 et 2018. L’aquarium impute tous ces décès à une infection fongique. De nombreux représentants de la cause animale comme Sea Shepherd affirment que les requins s’entretuaient à cause des conditions de vie et des mauvais traitements. Le but d’un aquarium est de rendre visible à tous la richesse de la faune marine, non pas de la décimer ou de rendre malheureux les animaux, souvent capturés ou élevés en captivité. Depuis des années, les scandales et les polémiques frappent les zoos et les aquariums. De nombreuses associations tentent d’alerter le public sur les conditions de vie des animaux, notamment dans des pays très prisés par les touristes. Depuis quelques années, la Thaïlande est un nid à touristes qui profitent de la vie sauvage asiatique. Les éléphants sont très utilisés pour faire des acrobaties ou bien des balades. Sur internet, on retrouve de nombreuses

vidéos de dresseurs forçant les pachidermes à nager dans un aquarium pour épater les touristes. Les tigres sont attachés avec des chaînes pour que les touristes puissent avoir une photo avec l’un des animaux les plus sauvages sur Terre.

les associations de défense animale. Selon un sondage MesOpinions, qui réunit un panel de 20 000 personnes, 86% des votants se disent contre les zoos et les aquariums.

Éduquer, mais à quel prix ?

De plus en plus de zoos et aquariums deviennent écoresponsables. Des fondations sont créées pour réintroduire dans la nature des espèces en voie de disparition. Le zoo de Miami vient de célébrer la naissance d’un rhinocéros indien, né par insémination artificielle. Il ne reste dans le monde que 3 000 rhinocéros de cette espèce. Depuis 2009, le parc zoologique et botanique de Mulhouse mène un projet : élever des tortues cistudes d’Europe. En 10 ans, près de 200 spécimens ont été réintroduits dans la nature. En 2016, les gouvernements européens ont signé une loi en faveur du bon traitement des animaux mais également du public : “Les parcs zoologiques rendent compte annuellement au ministre chargé de l’environnement (…) de leur mission d’intérêt général de conservation de la biodiversité, d’éducation du public à la biodiversité et de recherche scientifique”. En Europe, les zoos ne sont donc plus considérés comme des lieux de divertissement mais d’éducation et de conservation de la biodiversité.

Pour tous les enfants, aller au zoo ou dans un aquarium est un privilège. Parcourir la richesse de la biodiversité du monde entier en un seul parc. Les effets sur les enfants sont bénéfiques, nombreux sont ceux qui veulent devenir vétérinaires après une visite. L’Association Française des Parcs Zoologiques affirme que les zoos “intègrent des objectifs de sensibilisation, d’éducation, de recherche et de conservation”. Le problème n’est-il pas pris à l’envers ? Pour sauver les animaux, on les enferme pour montrer au public qu’il faut les protéger dans la nature. Utiliser des animaux comme mascottes pour sensibiliser, ce n’est pas la meilleure solution selon

La captivité des animaux remise en question © Libération

Des plans de protection qui fonctionnent

LOPEZ Paulino

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LA TWITTOSPHERE Les stars internationales unies contre les lois anti-avortement ‘‘Regardez. Ce sont les idiots qui prennent les décisions pour les FEMMES aux Etats-Unis. Gouverneur Kay Ivey… TU DEVRAIS AVOIR HONTE !’’ L’Alabama et la Géorgie, également rejoint par le Missouri, ont fait voter des lois très restrictives à l’encontre des femmes et des médecins pratiquant l’avortement. Position soutenue fermement encore samedi 18 mai par le président américain Donald Trump, là aussi dans un tweet. Comme Rihanna ou Cara Delevingne, beaucoup de stars se sont révoltées contres ces lois répressives. La chanteuse de Barbade poste la photo de ceux qui ont décidé de l’avenir des femmes aux Etats-Unis suite aux votes des deux états. Le choc vient du fait que cette décision n’appartient à aucune femme, largement en minorité dans ces parlements. Leur but est de faire revenir la Cour suprême remaniée par Trump sur la loi de 1973 légalisant l’avortement. En attendant, les médecins encourent jusqu’à 99 ans de prisons en s’ils viennent à pratiquer l’IVG.

Un concours de plus en plus politique ‘‘La société civile palestinienne rejette massivement les gestes de solidarité des artistes internationaux qui franchissent notre ligne pacifique #Hatari’’ L’Eurovision 2019 à Tel-Aviv (Israël) a été source de nombreux conflits encore une fois. Le plus gros événement qui a fait trembler la twittosphère vient du représentant Islandais Hatari, ayant brandi en direct à la télévision des drapeaux et écharpe pro palestiniens, confisqués ensuite par la sécurité. Adulé d’un camp, et critiqué par l’autre, ce geste n’est pas apprécié par le PACBI, la campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël, qui avait demandé à tous les candidats de ne pas se rendre à Tel-Aviv. Si en pratique, le concours se doit d’être neutre politiquement, il est de plus en plus utilisé pour des messages politiques et géopolitiques. En 2016 déjà, l’Arménie avait attisé des tensions avec l’Azerbaïdjan en agitant des drapeaux du Haut-Karabagh, région convoitée par les deux pays en guerre.

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