Numéro 2 - Jeudi 25 octobre 2018
BASIQUE
Le monde en toute simplicité Dossier sur l’excision
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Matteo Salvini : de l’extrême droite au fascisme
Un jeune réfugié syrien sur le tapis rouge
The Ocean Cleanup nettoie le Pacifique
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EDITO Répressive, nationaliste, xénophobe, autoritaire : la politique de Matteo Salvini réunit tous les éléments du fascisme. Et ce dernier ne s’en cache pas. Le ministre de l’Intérieur italien n’hésite même plus à citer les slogans de Benito Mussolini, en toute impunité. Mais pourquoi aurait-il des scrupules? Depuis qu’il est au gouvernement, Matteo Salvini fait le nécessaire pour ressembler au dictateur italien. Un siècle plus tard, le “Duce” a trouvé son héritier. On définissait Salvini comme “anti-migrant” ; il est bien plus. Ses convictions politiques sont beaucoup plus violentes que des mesures anti-migratoires. Ses déclarations libèrent la haine raciale dans toute l’Italie. Pire encore. Plus il est écouté, plus il prend de l’importance, plus ses propos sont banalisés. À tel point qu’il se permet de proposer des mesures discriminatoires sans aucune limite. Matteo Salvini divise et rassemble à la fois : le racisme tient son leader. Oui, le ministre de l’Intérieur italien représente un danger pour son pays. Mais il ne représente toujours pas l’Italie. Fort heureusement, ses pouvoirs sont limités et un gouvernement derrière lui est encore en mesure de s’indigner devant ses déclarations. Fort heureusement, l’Italie est encore en mesure de s’indigner devant ses déclarations. Qu’adviendrait-il si ce n’était plus le cas? Qu’adviendraitil si Matteo Salvini gouvernait à lui seul le régime italien? Qu’adviendrait-il si ses volontés étaient toutes mises à exécution? Si les magasins tenus par des étrangers se voyaient imposer un couvre-feu à 21 heures? Ainsi commencerait le fascisme… ROSSIER Yann
Rédacteur en chef : ROSSIER Yann ; yann.rossier@iscpalyon.net Rédaction : BCHINI Antoine, BOUQUEROD Clémence, CHEVALLIER Fabien, DUMUR Mathilde, DURIEZ Alan, HECKMANN Manon, JOLY Méric, PELLOUX Juliette, ROSSIER Yann, THIEBAUD Octavien Crédits photos UNE : Luca Bruno, Gareth Cattermole, The Ocean Cleanup, Dorigny/ SIPA Contact rédaction : Twitter @BasiqueMagazine ; basique.magazine@gmail.com Adresse : 47 rue du Sergent Michel Berthet 69009 LYON
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SOMMAIRE 4 5
POLITIQUE Matteo Salvini : quand l’extrême droite se rapproche du fascisme
FRANCE La revue de presse du remaniement ministériel
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LE GROS DOSSIER L’excision féminine, une réalité qui perdure
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CULTURE Zain al-Rafeea, jeune réfugié syrien sur le devant de la scène
TOP et FLOP La Palestine mise à l’honneur par l’ONU / Zuckerberg, de créateur à simple actionnaire ?
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Christophe Castaner, nouveau ministre de l’Intérieur © BFMTV / Page 5
ENVIRONNEMENT
Une année difficile pour le PDG de Facebook Mark Zuckerberg © CNET / Page 9
The Ocean Cleanup s’attaque à la pollution des océans
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ON NE LES OUBLIE PAS Les Taïwanais marchent pour leur indépendance
TWITTOSPHERE Les tweets de la semaine
Manifestation pour l’indépendance à Taïwan © France soir / Page 11
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POLITIQUE
Matteo Salvini : quand l’extrême droite italienne se rapproche du fascisme
Les méthodes politiques de Matteo Salvini sont comparées à celles d’un mafieux par l’auteur de «Gomorra», Roberto Saviano © LCI
ITALIE
Le ministre de l’Intérieur italien n’a jamais caché ses opinions politiques. Mais ses dernières mesures sont pointées du doigt comme étant xénophobes, lui valant de nombreuses comparaisons à Mussolini, ainsi que de nombreux opposants.
Matteo Salvini seraitil atteint du syndrome mussolinien ? Ses décisions, prises en octobre, n’ont pas manqué de faire réagir. Il est accusé de mener une politique de plus en plus xénophobe. Le 14 octobre, il annonçait vouloir imposer un couvre-feu à 21 heures aux ‘‘petits magasins ethniques’’, soit les supérettes tenues par des étrangers. Selon lui, ces enseignes seraient ‘‘des lieux de rencontre pour des ivrognes, dealers et autres fauteurs de troubles’’. Ceci n’est pas sans nous rappeler la politique de Mussolini, qui imposait des couvre-feux et des taxes à ces magasins. Autre décision polémique de Matteo Salvini : l’ordre d’évacuation des migrants du village de Riace, modèle d’intégration pour l’immigration. Les migrants
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ont alors été placés dans des centres d’hébergement. Le parti du ministre, La Ligue, se défend en se proclamant ‘‘en guerre’’ contre ‘‘le business de l’immigration’’. Alors qu’on pensait que le parti d’extrême droite du ministre de l’Intérieur italien ne pourrait pas aller plus loin, il a tenté de s’en prendre aux enfants. Un maire de La Ligue a demandé aux parents des enfants étrangers de déclarer leurs origines. Ceux qui refusaient devaient alors payer des tarifs plus chers pour que leurs enfants mangent à la cantine. Une décision qui concerne plus de 300 enfants. L’accès aux transports scolaires leur a également été interdit. Suite aux réactions du peuple italien, Matteo Salvini a dû démanteler ce nouveau système.
Les voix de l’opposition se lèvent Suite à l’évacuation des migrants de Riace, l’ancien Premier ministre, Enrico Letta, s’est indigné sur Twitter : ‘‘Honte. Ce n’est pas l’Italie. Stop Salvini. Ne fermez pas les yeux’’. Quant à la décision de laisser certains enfants à l’écart des cantines, l’ancien Premier ministre de centre-gauche, Matteo Renzi, considère cette mesure “inhumaine”. De nombreux manifestants ont brûlé des effigies de Matteo Salvini, et une cagnotte de plus de 60 000 € a été levée pour payer les déjeuners, forçant les autorités italiennes à abandonner ce programme. THIEBAUD Octavien et BOUQUEROD Clémence
FRANCE
Remaniement ministériel, au cœur de la tempête : Notre revue de presse Le 16 Octobre, le remaniement ministériel annoncé par Emmanuel Macron a eu lieu. Qui part ? Qui sont les nouveaux arrivants ? Quel impact va avoir ce remaniement ? Voilà les questions qui ont résonné dans toutes les têtes depuis une semaine.
avoir été secrétaire d’ État chargé du numérique, Mounir Mahjoubi est désormais rattaché au ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Son poste précédent, lui, reste vacant. Mais où est donc passé le numérique dans ce nouveau gouvernement ?’’ Ailleurs dans les médias
Christophe Castaner et Édouard Philippe lors du remaniement ministériel © LCI
Les critiques fusent. Le remaniement ministériel opéré par le président français ne plaît pas vraiment à tout le monde. ‘‘Critiques acerbes à gauche et à droite’’ peuton lire dans le Figaro. Nicolas Dupont-Aignan s’est exprimé dans les lignes du quotidien français. Il considère que ces ‘‘deux semaines de suspense’’ avaient finalement abouti à un remaniement ‘‘insignifiant’’. ‘‘De nombreuses personnalités ont dû refuser de monter sur le Titanic’’, ajoute le président de Debout la France. La Charente Libre exprime également ses doutes sur ce remaniement et son impact significatif: ‘‘Je ne suis pas sûr que ça va changer fondamentalement les choses’’, abonde Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof.
Les absents gouvernement
du
nouveau
Malgré les nouveaux arrivants, comme Castaner en tant que ministre de l’Intérieur, ou Jacqueline Gourault, devenue ministre de la cohésion des territoires, certains domaines auraient été délaissés par ce remaniement. Ainsi, la Tribune s’inquiète pour la vie associative, ‘‘Grande oubliée du remaniement’’: ‘‘La mention ‘Vie associative’, qui figurait jusqu’à hier dans l’intitulé du portefeuille de Jean-Michel Blanquer, est tout simplement rayée de la liste à l’issue du remaniement’’. De même sur le site Clubic. com, spécialiste du numérique et des nouvelles technologies, qui s’interroge sur la reprise du poste du secrétaire d’ État chargé du numérique : ‘‘Après
Dès le remaniement, La Croix insiste fortement sur la stabilité de la politique de Macron. Le cap ne changera pas, à tel point que le quotidien français publie deux articles le 16, puis le 17 octobre, respectivement titrés ‘‘Emmanuel Macron appelle son gouvernement à agir ‘sans changement de cap’ ‘‘ et ‘‘Après le remaniement, Macron consent l’autocritique mais reste sur son cap’’. Tandis que La Croix affirme que rien ne changera dans la politique Macronienne, Wansquare et Le Courrier de l’Ouest affirme que ce gouvernement est dans une mauvaise passe, qu’il s’essouffle. C’est un ‘‘gouvernement sans souffle’’ pour Wansquare, et Macron lui-même est ‘‘en quête d’un second souffle’’ selon Le Courrier de l’Ouest.
DURIEZ Alan
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LE DOSSIER DE LA SEMAINE
« L’excision est une torture permanente » Danielle Mérian est la marraine de l’association SOS Africaines en danger. Aujourd’hui, elle se bat contre l’excision, coutume qui consiste en l’ablation partielle ou complète des organes sexuels externes de la femme. Cette mutilation est encore pratiquée dans une dizaine de pays d’Afrique. Danielle Mérian est marraine de l’association SoS Africaines en danger © Le Monde Quand et comment avezvous découvert la pratique de l’excision ? J’ai découvert ces violences en 2013. Le Docteur Duterte (Médecin Directeur de Parcours d’Exil, centre de soutien aux victimes de torture) m’a présenté un groupe de femmes africaines qui avaient créé à Paris leur association SOS Africaines en Danger, dans l’espoir de protéger de l’excision leurs petites filles, restées en Afrique. Pierre Duterte se sentait illégitime de présider cette association contre l’excision. Je suis donc devenue la marraine de cet ancien groupe de paroles. Comment l’excision ?
définissez-vous
L’excision est une torture permanente. C’est avoir des rapports sexuels extrêmement douloureux, mettre 20 minutes à uriner, souffrir constamment pendant ses menstruations et mourir la plupart du temps en couche, quand elles ne sont pas mortes le jour de l’excision. Cette pratique millénaire est le symbole même de la domination de l’homme sur la femme. Ce sont les pharaons
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qui l’ont inventée, pour éviter que la femme ne trompe son mari qui lui, par contre, est polygame. Quelles sont les actions de SOS Africaines en danger ? Nous sommes présents en France pour dénoncer cette torture. Ces mutilations sont encore trop peu connues de la population. Nous faisons partie d’un collectif qui s’appelle “Excision, parlons-en !”. Notre objectif consiste en la prévention de l’excision en France, où des familles pratiquent ces violences encore aujourd’hui. Il y en a moins qu’avant, car les médecins des PMI (Protection maternelle et infantile) vérifient, avant et après leurs vacances, si les jeunes filles n’ont pas été excisées. Ces médecins sont là pour avertir les parents, ou quelconque personne susceptible d’exciser une fillette, qu’ils risquent la prison. En France, l’excision est un crime pénal. En Afrique, nous avons pour projet d’envoyer 10 school bus américains réaménagés en cyber centres et en dispensaires et les faire circuler dans les dix pays d’Afrique qui pratiquent encore l’excision.
D’après vous, cette tradition disparaîtra-t-elle un jour ? C’est certain. Le monde évolue, mais il évolue très lentement. Les gens le font parce qu’ils l’ont toujours fait. C’est complètement ancré dans les traditions, qu’ils ne remettent pas en cause. Désormais, la plupart des constitutions des pays d’Afrique interdisent l’excision. Même s’ils pratiquent une totale impunité, c’est un bon début, et à terme, ces mutilations insensées disparaîtront.
Quelques chiffres... 200 Millions de femmes ont subi et sruvécu à une mutilation sexuelle. 53 000 femmes adultes excisées visent en France Une petite fille est excisée toutes les 4 minutes dans le monde PELLOUX Juliette et DUMUR Mathilde
L’excision féminine, une réalité qui perdure même en Angleterre L’excision est une forme de mutilation sexuelle qui touche de nombreux enfants et adolescentes dans de nombreux pays d’Afrique et d’Asie. Mais, cette pratique est aussi présente en Europe. C’est le cas en Angleterre, où cette pratique, illégale, se transmet de génération en génération au sein de certaines communautés. souvent en Somalie, Gambie et au Soudan, mais aussi sur le sol britannique, illégalement. Dernièrement, les aéroports britanniques ont établi un code couleur pour venir en aide aux femmes menacées d’excision.
Une méthode qui permet aux forces de l’ordre de retrouver et secourir les victimes dans l’aéroport avant que celles-ci ne prennent l’avion. Elles sont ensuite prises en charge par les autorités.
© Euronews
De nombreuses femmes et fillettes sont touchées par l’excision en Angleterre. Elles en sont victimes soit avant leur immigration, soit après, via leur mère qui les amènent “en vacances” dans leur pays d’origine. Mariages, visites chez une grand-mère, fêtes de famille… ces enfants sont de retour dans leur pays d’origine pour y passer des vacances. Elles en reviennent mutilées. De nombreuses préventions ont été prises dans toute l’Angleterre pour éviter l’excision aux jeunes filles. Depuis 2014, les autorités sont autorisées à interdire les mineurs de sortir du territoire anglais, en leur confisquant leur passeport. Le gouvernement britannique estime que dans le pays, au moins 170’000 femmes et filles ont été victimes de mutilations génitales, et 65.000 fillettes de moins de treize ans risquent de subir bientôt le même sort. L’acte est pratiqué la plupart du temps à l‘étranger,
Il répare le corps des femmes Denis Mukwege, chirurgien réparateur de femmes mutilées, il fonde l’hôpital Panzi, à Bukavu du RDC, dans lequel il prend en charge gratuitement les femmes victimes de viols et de mutilations génitales. Depuis 1999, il a soigné plus de 50 000 femmes mutilées et excisées. Le 5 octobre 2018, il reçoit le prix Nobel de la Paix. © Thierry Michel / La Croix
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CULTURE
Du haut de ses treize ans, Zain al-Rafeea est le héros du film Capharnaüm, sorti dans les salles de cinéma françaises le 17 octobre dernier. Réfugié syrien, il a été repéré dans les rues de Beyrouth au Liban, par la réalisatrice Nadine Labaki.
‘‘Il y a quelque chose de très triste dans ses yeu’’, a déclaré dans le Huffington Post la réalisatrice libanaise Nadine Labaki à propos du jeune acteur. Né à Daara en Syrie, Zain al-Rafeea est devenu le symbole de l’enfance volée. Alors qu’il n’a que sept ans, Zain est contraint de fuir son pays natal avec sa famille afin de se réfugier à Beyrouth, au Liban. Là-bas, il grandira au milieu des bidonvilles, sans jamais connaître l’école ou le confort d’avoir un lit sur lequel dormir, cumulant les petits emplois pour se nourrir. Ainsi, c’est dans les rues de Beyrouth que Nadine Labaki a repéré Zain, alors âgé de douze ans. Dans Capharnaüm, le jeune Syrien sera amené à jouer le rôle d’un enfant réfugié au Liban, qui attaque ses propres parents en justice pour lui avoir donné la vie dans des conditions misérables.
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«À la fois heureux et triste» D’une authenticité pure, le jeu d’acteur de Zain bouleverse et impressionne la critique. Si le garçon n’a jamais eu accès à l’éducation, la maturité dont il fait preuve tout au long du tournage est sans pareille. Alors que le film remporte le Prix du Jury du festival de Cannes 2018, Zain alRafeea se retrouve subitement sous le feu des projecteurs. Entre les rues de Beyrouth et le tapis rouge, la transition est brutale pour le jeune acteur qui semble quelque peu déboussolé devant les caméras des journalistes. Malgré tout, Zain affirme savourer cette nouvelle vie qui s’offre à lui et a d’ailleurs déclaré que voir tout le public l’applaudir lors du festival était ’’la chose la plus merveilleuse qui soit.’’ Il recevra par la suite le prix d’interprétation masculine
du Festival international du film d’Antalya, en septembre 2018. Alors que le film sortait dans les salles de cinéma françaises le 17 octobre, des membres de l’équipe du film ont affirmé que le jeune syrien et sa famille sont aujourd’hui installés dans une maison en Norvège, où ils auraient obtenu l’asile politique. ‘‘Pour la première fois de sa vie, Zain a une maison avec une chambre pour lui et un lit. Avant cela, il avait toujours dormi à même le sol. Ça l’a tellement rendu heureux qu’il m’a appelée pour me le dire !’’ a récemment déclaré la réalisatrice Nadine Labaki. Pourtant, Zain al-Rafeea se dit être ‘‘à la fois heureux et triste.’’ Bien qu’il se réjouisse de ce nouveau départ, il laisse derrière lui des cousins et des amis, toujours réfugiés à Beyrouth. HECKMANN Manon
La réalisatrice du film Capharnaüm, Nadine Labaki, et Zain alRafeea, en tournage à Beyrouth. © Fares Sokhon/Mooz Films
Zain al-Rafeea, jeune réfugié syrien sur le devant de la scène
TOP et FLOP Top : La Palestine mise à l’honneur par l’ONU
Drapeau de la Palestine et de l’ONU © AP
La Palestine dirigera le G77 à l’ONU en 2019. A la dernière assemblée générale de l’ONU, L’Égypte, actuelle présidente du G7, a proposé que la Palestine prenne sa succession l’année prochaine.
La proposition de l’Égypte a été validée à la très grande majorité, avec 146 votes pour 15 abstentions, et 3 votes contre : l’Australie, Israël et les États-Unis. Depuis 2012, La Palestine est un pays observateur à l’ONU. Elle peut assister aux assemblées mais ne participe pas aux débats. En septembre, la majorité des Nations Unies se sont accordées à changer le statut de la Palestine, désirant lui offrir un véritable rôle au sein du G77. Israël et les Etats-Unis
s’y sont fortement opposés mais rien n’y fait : le vote du 16 octobre valide ce changement de statut. Les États-Unis n’ont pas manqué d’exprimer leur sentiment face à cette résolution : ‘‘La Palestine n’est pas un État membre de l’ONU, et pas un État du tout’’ a fustigé Nikki Haley, ambassadrice américaine à l’ONU. Quant à l’État palestinien, il se dit prêt à relever le défi proposé, et veut être à la hauteur de la confiance accordée. Depuis 1964, le G77 est un groupe de pays en développement, qui veut aider les pays de l’hémisphère sud à se développer et à mieux se faire entendre. Si au départ il y avait 77 pays, il y en a aujourd’hui 134.
Flop : Zuckerberg, de créateur à simple actionnaire ? Cambridge Analytica en avril dernier. Le deuxième, plus récent, se rapporte à une faille de sécurité qui a engendré un piratage historique. Les investisseurs estiment qu’ils sont en danger et, d’après le trésorier de l’État de l’Illinois, Michael Frerichs, qui investit dans l’entreprise, ‘‘il est temps de changer ‘‘. La proposition est claire : Zuckerberg doit quitter son poste de PDG de Facebook. Cela reste symbolique, puisque le Mark Zuckerberg lors de son audition devant le sénat milliardaire américain © Alex Brandon américain détient encore Facebook passe une année difficile. Deux scandales ont mis le réseau social à genoux, ou du moins son créateur, Mark Zuckerberg. Le premier concerne la société
60% des décisions du conseil général. Le scandale Cambridge Analytica, société de stratégie, fait ressortir le dossier de sécurité. La société s’est procurée illégalement des informations privées d’électeurs sur Facebook pour cibler des pubs en faveur des campagnes de Trump et du BREXIT. Puis en septembre, il y a cette faille dans la sécurité. D’abord estimée à 50 millions d’utilisateurs touchés, puis abaissée à 30 millions. Ce hack s’ajoute aux nombreux problèmes que rencontre Mark Zuckerberg. Sur les 30 millions de comptes touchés, 14 millions d’utilisateurs ont vu toutes leurs informations personnelles volées. BCHINI Antoine
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HUMANITAIRE / ENVIRONNEMENT
The Ocean Cleanup pollution des océans
s’attaque à la
Vendredi 19 octobre dernier, l’immense barrage flottant qui a pour but d’éliminer les plastiques présents dans les océans a (enfin) commencé son nettoyage dans le ‘‘continent plastique’’ du Pacifique. Il se situe dans une zone appelée Great Pacific Garbage Patch (zone située entre la Californie et Hawaï), qui contient près de 80 000 tonnes de déchets plastiques. Ce projet, imaginé en 2013 par Boyan Slat (écologiste néerlandais de 24 ans) avec son ONG The Ocean Cleanup, ne faisait pas l’unanimité lors de sa sortie. Ses méthodes et ses idées étaient jugées peu réalistes, entre autres. Mais au fil des années, de nombreux soutiens financiers lui ont permis d’aboutir et de finalement se lancer dans une mission controversée, qui s’annonce très compliquée. ‘‘Pour attraper le plastique, il suffit en fait de se conduire comme lui. Pourquoi lui courir après quand il suffit de le laisser venir à nous ?’’ Cette phrase prononcée par le créateur Boyan Slat illustre de la meilleure des manières le fonctionnement de ce projet. Comment marche le dispositif ? Le barrage flottant, appelé System 001, mesure plus de 600 m de long et est équipé d’une jupe de 3m. Sur son site, The Ocean Cleanup explique que le rôle du flotteur
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« Pour attraper le plastique, il suffit en fait de se conduire comme lui. Pourquoi lui courir après quand il suffit de le laisser venir à nous ? » B.SLAT
est d’empêcher le plastique de passer par-dessus le barrage. Quant à la jupe, elle, évite qu’il ne passe par-dessous. L’idée principale est d’emprisonner les déchets et de les recueillir par la suite à l’aide de bateaux offshores. Et tout ça sans contrarier la faune aquatique. Après la récolte, l’ONG indique que les plastiques seront recyclés et réutilisés pour créer des produits de grandes qualités. Boyan Slat se montre très optimiste pour son projet : ‘‘D’ici cinq ans, je pense que nous aurons éliminé 50% du plastique présent dans le Pacifique Nord.’’ Une ambition loin d’être partagée par les scientifiques, qui estiment qu’il est illusoire de croire au nettoyage des océans et que d’autres moyens devraient être privilégiés pour combattre la pollution. Afin de répondre aux
En cinq ans, The Ocean Clenaup pense pouvoir éliminer 50% du plastique dans le Pacifique nord. © photo: The ocean
L’ONG Ocean Cleanup a mis au point un dispositif pour lutter contre les déchets plastiques. Le projet vient d’être déployé dans le Pacifique.
sceptiques, le jeune Néerlandais attend avec impatience l’arrivée des premiers résultats concrets: ‘‘La mission principale est de montrer que cela fonctionne. Nous espérons que dans quelques mois, les premiers plastiques arriveront dans le port. Cela signifierait que la technologie a fait ses preuves’’, explique Boyan Slat.
CHEVALLIER Fabien
Coût de l’opération System 001 : 21,7 millions de dollars. Emplacement du barrage : Great Pacific Garbage Patch (une zone 3x plus grande que la France, entre la Californie et Hawaï.
ON NE LES OUBLIE PAS
Face au géant Pékinois, les Taïwanais marchent pour leur indépendance
Des dizaines de milliers de Taïwanais ont manifesté pour l’indépendance le 20 octobre 2018 © EPA
Samedi 20 octobre, des dizaines de milliers de Taïwanais ont manifesté dans les rues de Taipei réclamant un référendum pour l’indépendance de Taïwan. Un événement qui illustre les relations glaciales entre Taïwan et la République populaire de Chine depuis deux ans. Alors que des centaines de milliers de Londoniens ont manifesté contre le Brexit samedi 20 octobre, le même jour, de l’autre côté du globe, de nombreux Taïwanais ont manifesté pour réclamer un référendum sur une déclaration d’indépendance. Dans les faits, la République de Chine (Taïwan) est souveraine, mais elle n’a jamais déclaré son indépendance à la République populaire de Chine. Cette dernière a considérablement durci son attitude avec Taïwan depuis que la présidente de l’île, Tsai Ing-wen, applique une plus grande fermeté face à la Chine continentale. Devant le siège du Parti démocratique progressiste (actuellement au pouvoir), les manifestants ont clamé : ‘‘Nous voulons un référendum’’ et ‘‘Non à l’annexion.’’ Cette annexion que craignent les Taïwanais
renvoie directement aux intentions de la Chine quant à l’avenir de Taïwan. Cette dernière souhaiterait appliquer à Taïwan la formule de Deng Xiaoping : ‘‘Un pays, deux systèmes’’ comme pour Hong Kong et Macao. Ce sont deux régions administratives spéciales de la Chine. Cependant, la solution n’est pas aussi simple avec l’île de Taïwan… Un conflit entre communistes et nationalistes En 1927, une guerre civile éclate en Chine et oppose les communistes aux nationalistes. En 1949, ce conflit s’achève et les nationalistes dirigés par Tchang Kaï Chek sont vaincus pour laisser place à la République populaire de Chine, proclamée le 1er octobre 1949. Les nationalistes se réfugient alors à Taïwan. Dans un contexte de guerre
froide, le bloc de l’Ouest soutient Taïwan et ne reconnaît pas la République populaire de Chine. Taïwan est alors le représentant au Conseil de Sécurité de l’ONU. La mascarade dure jusqu’en 1971, où la République populaire de Chine est (enfin) reconnue par l’ONU. Depuis, la Chine met tout en œuvre pour minimiser les relations de Taïwan sur la scène internationale. Dès lors, la Chine et Taïwan n’ont jamais été réellement “amis” et leurs relations se sont profondément dégradées depuis 2016. Le problème à l’heure actuelle, c’est que l’île de Taïwan n’a que très peu d’alliés et manque cruellement de soutien. Taïwan n’est reconnu que par 17 « petits » États. Des soutiens qui paraissent ridicules face à ceux de la Chine. JOLY Méric
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LA TWITTOSPHERE LA TWITTOSPHERE
Roulade arrière pour Mary Bono “Voici la déclaration que j’ai publiée plus tôt aujourd’hui concernant ma résignation de la Gymnastique américaine”
C’est au milieu du chaos de l’affaire Nassar que Mary Bono a été, le 12 octobre 2018, désignée présidente de la fédération américaine de gymnastique. Mais coup de théâtre: seulement deux jours plus tard, l’ancienne athlète démissionne. Depuis le scandale Larry Nassar, médecin de l’équipe olympique qui a été condamné à perpétuité pour avoir agressé sexuellement plus de 250 athlètes, la fédération de gymnastique est en plein chantier. L’ancienne directrice par intérim, Kerry Perry, avait elle aussi été forcée de démissionner à cause des pressions de l’USOC, le comité olympique américain. Les deux femmes sont accusées d’avoir fermé les yeux sur les agissements du médecin Nassar, et donc de l’avoir permis de continuer à agresser des gymnastes mineures et majeures. La fédération américaine de gymnastique risque de ne plus retomber de sitôt sur ses deux pieds.
La chasse aux Fake News “WhatsApp a déjà banni près de 100 000 comptes liés à Bolsonaro qui racontaient des mensonges contre moi et contre ma famille. Ce gang doit être démantelé parce qu’il peut influencer les élections présidentielles et bien d’autres. ce schéma a déjà permis d’élire des parlementaires et maintenant des présidents”
Après les élections américaines et françaises, les élections brésiliennes sont elles aussi touchées par les fake news. Fernando Haddad est candidat à l’élection présidentielle face au contesté Jair Bolsonaro. Jeudi dernier, le candidat du Parti des Travailleurs a accusé son adversaire d’extrême droite d’avoir commandé une campagne de messages pour influencer les électeurs. Lors de sa conférence de presse, il évoque même des centaines de milliers de messages reçus, avec des arguments fallacieux sur lui, son parti et ses soutiens afin de le discréditer. Il ajoute que 156 entreprises seraient mêlées à ce complot qui aurait coûté plus de 12 millions de reals, soit 2,8 millions d’euros. Néanmoins, Jair Bolsonaro est promis au poste de président du Brésil avec une avance très confortable sur son rival Fernando Haddad.
LOPEZ Paulino
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