Numéro 1 - Mercredi 10 octobre 2018
BASIQUE
Le monde en toute simplicité
PMA: coucou les loulous p. 6-7
Affaire Kavanaugh : La révolte #MeToo p. 4
Interview : Action Contre la Faim p. 10
La crise humanitaire au Yémen p. 11
EDITO Toute l’équipe de BASIQUE souhaite la bienvenue à nos nouveaux lecteurs. La rédaction, composée de jeunes journalistes en herbes, n’a qu’une seule mission : vous faire comprendre le monde. Les journaux sont parfois longs, barbants, et surtout compliqués à lire pour les non-initiés. Selon nous, l’information ne devrait pas être réservée à une partie de la population, mais accessible à tout le monde, et c’est pour cela que nous avons créé BASIQUE. BASIQUE, c’est comprendre l’actualité internationale en toute simplicité. BASIQUE, c’est pousser tout le monde à s’informer. Notre rédaction s’intéresse aux faits de société dans le monde. Nos gros dossiers vous permettront de comprendre les problématiques internationales majeures. Notre rubrique Politique vous expliquera les enjeux les plus importants. Cocorico, nous parlerons bien évidemment de la France et de ses faits de société. La rédaction a pris le parti de traiter, aussi, des actualités qui ne font pas la Une des journaux dans la rubrique On ne les oublie pas. Les rubriques Culture et Humanitaire/Environnement nous serviront d’étendard pour vous tenir informés des sujets qui nous tiennent à cœur. Retrouvez bien sûr toutes les semaines le ‘‘TOP et FLOP’’ et notre rubrique “Twittosphère” qui décryptera l’actualité à travers les réseaux sociaux. C’est avec joie que nous vous présentons ce magazine, qui, nous l’espérons, vous permettra de comprendre le monde en toute simplicité. LOPEZ Paulino
Rédacteur en chef : LOPEZ Paulino Rédaction : BCHINI Antoine, BOUQUEROD Clémence, CHEVALLIER Fabien, DUMUR Mathilde, DURIEZ Alan, HECKMANN Manon, JOLY Méric, PELLOUX Juliette, ROSSIER Yann, THIEBAUD Octavien Graphisme : BOUQUEROD Clémence Community Manager : HECKMANN Manon Crédits photos UNE : BFM TV, 20 Minutes, ACF, Le Desk
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SOMMAIRE POLITIQUE Affaire Kavanaugh : la révolte #Metoo (page 4)
FRANCE La revue de presse de l’affaire Benalla (page 5)
LE GROS DOSSIER Le Bilan de la PMA en Europe (page 6 et 7)
CULTURE Le combat d’Oleg Sentsov, cinéaste ukrainien (page 11)
TOP et FLOP Un bébé à l’ONU / La polémique de Melania Trump (page 8)
HUMANITAIRE Interview de Mathieu Fortoul, coordinateur pour Action Contre la Faim (page 10)
ON NE LES OUBLIE PAS La crise humanitaire du Yémen (page 9)
TWITTOSPHERE Les tweets de la semaine (page 12)
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POLITIQUE
Affaire Kavanaugh : quand #Metoo vient ébranler la politique américaine
Manifestations contre le juge Brett Kavanaugh à Washington, 4 octobre 2018 © Andrew Caballero-Reynolds/ AFP
ÉTATS-UNIS
Malgré les accusations d’agressions sexuelles qui pèsent contre lui, le juge Brett Kavanaugh a été nommé à la Cour suprême des ÉtatsUnis. Pourtant, à Washington, les effets du mouvement #Metoo semblent désormais bel et bien ancrés dans la vie politique. La politique américaine est plus que jamais visée par #Metoo. Le juge conservateur Brett Kavanaugh, accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes, a finalement été nommé à la Cour suprême des États-Unis. Sa candidature, proposée par Donald Trump puis confirmée par le Sénat, a provoqué une vague de manifestations dans le pays. Portés par le mouvement #Metoo, lancé il y a maintenant un an, de nombreux américains ont protesté contre la nomination du magistrat. Les manifestants ont pleinement affiché leur soutien à Christine Blasey Ford, l’une des accusatrices, qui a témoigné publiquement devant le Sénat avoir été abusée sexuellement par Brett Kavanaugh il y a une trentaine d’années. Deux autres femmes, Deborah Ramirez et Julie Swetnick, ont également
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déclaré avoir été victimes d’une agression sexuelle par le juge. Donald Trump a envenimé le mouvement #MeToo Ces accusations n’ont pas empêché Brett Kavanaugh de siéger à la plus haute juridiction des États-Unis. Pourtant, elles marquent définitivement l’empreinte de #Metoo sur la scène politique américaine. En décembre 2017, les démissions des élus démocrates John Conyers et Al Franken, alors accusés de harcèlement sexuel, sont les premiers cas importants soutenus par le hashtag. Le mouvement frappe à nouveau quelques mois plus tard : en mai 2018, le procureur démocrate de New York Eric Schneiderman annonce sa démission après avoir été accusé de violences par quatre femmes. Aujourd’hui, avec
l’affaire Kavanaugh, #Metoo vient plus que jamais ébranler la politique de Donald Trump. En affichant fermement son soutien au juge et en se moquant du témoignage de Christine Blasey Ford, le président des États-Unis a encore envenimé le mouvement protestataire des femmes. Alors que les prochaines élections de mimandat au Congrès affichent un nombre record de candidatures féminines, le hashtag libérateur a bel et bien laissé ses traces sur la politique américaine. ROSSIER Yann #Metoo est un mouvement lancé sur Twitter pour dénoncer le harcèlement et les agressions sexuels. Le hashtag s’est développé aux État-Unis après l’affaire Weinstein en octobre 2017, avant de prendre une ampleur considérable et toucher le monde entier.
FRANCE
L’affaire Benalla a agité les médias cet été : notre revue de presse
à droite, les réactions ne se sont pas fait attendre, comme le dévoile Libération le 19 juillet. “L’Insoumis Jean-Luc Mélenchon hausse le ton […], et réclame la saisie d’un juge d’instruction et des sanctions pour les responsables à l’Élysée.” Du côté des Républicains, c’est à peu près le même discours : “Qu’est-ce qui a justifié que sa hiérarchie, au premier rang le président de la République, a décidé de cacher cette affaire à la justice ?” interroge un député LR, toujours dans les lignes du journal.
L’affaire Benalla est une affaire politique où les médias ont joué un rôle majeur. Alors qu’Alexandre Benalla était interrogé pour la première fois par les juges d’instructions vendredi 5 octobre, retour sur les moments phares de l’affaire.
Sauver les apparences
Alexandre Benalla, devant la commission d’enquête sénatoriale, le 18 septembre 2018. ©Thibault Camus
Le 18 juillet éclatait la toute première crise politicomédiatique de l’ère Macron. Le Monde publiait sur son site web une vidéo où l’on distingue un chargé de mission à l’Élysée encore méconnu du grand public, Alexandre Benalla, en train de molester un couple de manifestants, le 1er Mai, avec un brassard de policier au bras. On y apprend que l’Élysée n’était pas ignorant des faits du fauteur de troubles, puisque Benalla avait été mis à pied pendant deux semaines à la
suite de l’incident. Comme le réexplique Le Monde dans sa vidéo “L’affaire Benalla résumée en 5 minutes” du 27 juillet, “Alexandre Benalla n’[avait] aucune raison de participer aux interventions des CRS. Et encore moins d’être violent avec des manifestants.” Macron sous critiques
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feu
des
Dès lors, c’est la posture du président Macron qui est fragilisée. À gauche comme
Antoine Sfeir, journaliste et célèbre politologue franco-libanais, est mort lundi 1er octobre, à l’âge de 69 ans des suites d’un cancer. Ce spécialiste du monde arabe avait travaillé pour nombre de journaux, comme l’Orient-Le Jour ou le Point et était consultant chez Europe 1, BFM TV ou encore iTélé. Il avait notamment créé Les Cahiers de l’Orient, revue d’études sur le monde arabe, et le Cerpo, Centre d’études et de réflexion sur le Proche-Orient.
C’est chez TF1 qu’Alexandre Benalla décide de prendre la parole, le 27 juillet, dans un entretien où il admet sa faute, assume “des gestes vigoureux” mais insiste : “Je n’ai jamais tapé, à aucun moment, les manifestants.” Le Figaro parle de cette interview comme d’un “sauvetage”, d’une “bonne com’ “ pour sauver les apparences, alors que le journal s’interroge toujours sur les fonctions précises et les prérogatives qui étaient accordées à l’ex-chargé de missions. Alors que l’affaire semblait se tasser, Médiapart relance le sujet après avoir trouvé un selfie de l’ex-collaborateur du président Macron en possession d’une arme… alors qu’il n’avait pas encore de permis de port d’armes à la date de la photo, soit le 28 avril 2017. Alexandre Benalla était interrogé vendredi 5 octobre pour la première fois par les juges d’instructions. Le “feuilleton de l’Élysée” n’est pas près de s’arrêter.
DUMUR Mathilde
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LE DOSSIER DE LA SEMAINE
PMA en Europe : accordez vos violons ! La PMA, c’est quoi ?
C’est un grand OUI de la part du Comité Consultatif National d’Éthique français. Mais qu’en est-il des autres pays d’Europe ? La PMA reste encore un sujet très sensible, et beaucoup de pays hésitent à l’autoriser pour toutes les femmes, quelles que soient leur situation ou sexualité. Bilan. L’Union Européenne n’a pas de législation commune concernant la procréation médicalement assistée. En conséquence, tous les pays ont des lois différentes, et les femmes seules ou en couple doivent parfois se rendre dans les pays voisins pour assouvir leur désir d’enfanter. Un exemple à suivre La Belgique reste l’un des pays les plus prisés pour l’aide à la procréation pour les couples homosexuels. Et pour cause. Si depuis 2007 une loi autorise la PMA en Belgique pour les couples hétérosexuels, c’est en 2009 que la loi se modifie et que
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la PMA pour toutes (femmes seules et couples lesbiens) devient légale dans ce pays. Depuis, la GPA, gestation pour autrui, a été autorisée, et tous les couples homosexuels sont égaux face à la parentalité. C’est également le cas aux Pays-Bas, en Irlande, et au Royaume-Uni. PMA, ils sont contre ! Au contraire, en Allemagne, Angela Merkel, Chancelière allemande, se déclarait en 2014 fortement opposée à la PMA pour toutes. “La situation est tout sauf simple.” En 2018, la PMA porte encore à débat en Allemagne. Si elle n’est pas expressément interdite pour les
PMA = Procréation Médicalement Assistée. C’est une intervention médicale réalisée par des médecins compétents, obligatoirement dans des cliniques autorisées. Elle vise à aider les personnes ne pouvant procréer à avoir des enfants (femmes seules, couples homosexuels et hétérosexuels avec des problèmes de stérilité). Se détachent alors deux types d’intervention : l’insémination artificielle ou fécondation in vivo, et la fécondation in vitro. L’insémination artificielle, c’est le don de spermatozoïdes par un donneur, inséminés dans l’utérus de la femme. La fécondation se fait alors naturellement. La fécondation in vitro s’effectue dans un laboratoire pour recréer des conditions naturelles. Les spermatozoïdes et les ovocytes prélevés sont mis en culture afin de créer des embryons, qui sont ensuite inséminés dans l’utérus de la mère. femmes seules et les couples lesbiens, beaucoup de centres hospitaliers sont contre, et facturent plus cher leurs clientes, rendant l’intervention hors de prix. La pratique de la PMA pour toutes est bel et bien interdite dans encore nombre de pays, tels que la Slovaquie, l’Italie, Malte, ou la Roumanie. Les indécis... Certains pays n’autorisent la PMA que pour les couples lesbiens, comme l’Autriche, et d’autres encore que pour les
femmes seules, comme c’est le cas par exemple en Grèce, Estonie, Croatie ou en Pologne, où le gouvernement finance la fécondation in vitro : “le fait qu’un couple qui désire un enfant doive y renoncer pour des raisons financières nous semble inacceptable”, explique Jaroslaw Marszalek, maire de Czestochowa. Une intervention encore trop chère Et cette question de financement de la PMA reste un problème majeur : beaucoup de couples lesbiens doivent ouvrir des cagnottes en ligne pour aider à payer leur intervention, comme @melariel, qui a ouvert son pot commun avec sa compagne sur Twitter. “J’aurais aimé ne pas avoir à payer pour ça.”
Dossier par BOUQUEROD Clémence et THIEBAUD Octavien
Des manifestantes pour la PMA pour toutes. ©RFI Les voix du monde
D’autres exemples sur le globe Même à l’autre bout du monde, la PMA continue de faire débat. LA CHINE : La Chine, par exemple, voit depuis quelque temps le marché de la PMA exploser. Avant l’arrêt de la politique de l’enfant unique, en 2015, ce marché était très prisé par les étrangers. Mais depuis, les Chinois souhaitent un deuxième ou un troisième enfant. En conséquence, ceux avec des problèmes de fertilité (soit plus de 40 millions de patients), s’intéressent de plus en plus à cette pratique. Ceci pose le problème du nombre de cliniques autorisées à l’effectuer, trop peu nombreuses pour la quantité de demandes actuelles. LES PAYS AFRICAINS: En Afrique, le sujet de la PMA reste tabou. Dans les zones urbaines africaines, malgré l’amélioration des technologies médicales et l’augmentation du nombre de cliniques pratiquant la PMA, les couples de classe moyenne ne pouvant concevoir d’enfant continuent d’aller en Europe. Pourquoi ? Car ce sujet reste très tabou, tout comme l’est la sexualité. Ils sont victimes d’une pression sociale, leur donnant presque honte de ne pas pouvoir concevoir. Dans les zones rurales, au contraire, beaucoup de couples se tournent vers des guérisseurs et la médecine traditionnelle, d’abord à cause du manque de revenus, mais également à cause d’une méfiance envers la médecine moderne.
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CULTURE
Oleg Sentsov : enfant de la Crimée
© Photo AFP, 29 septembre 2018
Le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, condamné à 20 ans de prison en 2015 en Russie, a dû mettre un terme à sa grève de la faim après 145 jours, pour éviter d’être nourri de force. Il voulait obtenir la libération des prisonniers politiques ukrainiens détenus suite au conflit en Crimée. BASIQUE vous livre quelques explications, afin de vous éclairer sur Sentsov et son combat.
Oleg Sentsov a 42 ans, il est ukrainien et est originaire de la Crimée, cette région ravagée par la guerre depuis 2014. Né à Simferopol, capitale de la République de Crimée, le cinéaste est emprisonné en Sibérie en 2015 pour “terrorisme”. Au cours de sa vie et de son œuvre, il s’est toujours montré attaché à sa région, et à sa ville natale, où il a passé la quasi-totalité de sa vie. Dans son film le plus connu, Gaamer, il raconte son ancienne vie à Simferopol à travers un jeune joueur d’Esport. En 2016, il remporte le prix ukrainien “Taras Chevtchenko” pour ce film, lui apportant une reconnaissance nationale. Sentsov fait alors passer un message fort depuis sa prison Sibérienne, réclamant la libération de tous les
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prisonniers politiques depuis le début du conflit. Plusieurs personnalités affichent leur soutien Il n’a pas fallu longtemps pour que le monde du cinéma lui apporte son soutien. Dans le journal Le Monde, un appel à la libération du cinéaste ukrainien est lancé le 12 août 2018, signé par de très grands noms du cinéma français. Jacque Audiard, Yvan Attal, Guillaume Canet, Jean-Luc Godard, ou même la ministre de la Culture Françoise Nyssen, se sont réunis en un collectif de personnalités, pour soutenir la cause de Sentsov. D’autres personnalités internationales comme Johnny Depp ou Stephen King ont également pris position pour la libération du réalisateur ukrainien.
A noter que le 1ER octobre 2018, l’Ukraine a rompu le traité d’amitié avec la Russie. Pour Alexeï Pouchkov, sénateur russe, cette rupture ne sera d’aucun bénéfice à l’Ukraine, bien au contraire. Elle pourrait permettre à la Russie de prendre le contrôle du Donbass, région où se déroule principalement le conflit Ukraine-Russie. BCHINI Antoine et DURIEZ Alan
TOP et FLOP Top : Un bébé parmi les grands Lundi 1er octobre à New York, les membres de l’Assemblée générale des Nations Unies ont vécu une situation insolite. En effet, lors d’un sommet en l’honneur de Nelson Mandela, la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a amené son bébé de trois mois au siège de l’ONU. Une situation qui a bien évidemment attendri l’Assemblée et qui montre bien que Madame Ardern est dans l’air du temps. Elle démontre qu’on peut jouer son rôle de mère tout en dirigeant un pays. Un fait qui a profondément
ému les internautes et qui les a également beaucoup fait rire. La raison est simple : le nourrisson a eu droit à son badge de l’ONU, l’identifiant comme le “Premier bébé de la Nouvelle-Zélande.” Outre l’aspect bon enfant, cet événement vise à rappeler l’importance des femmes dans Jacinda Ardern avec son bébé à l’ONU © AFP la vie politique. Elles sont malheureusement encore peu représentaient que 5% des nombreuses à être cheffes d’un membres au siège de l’ONU. Un gouvernement. chiffre encore bien faible … En effet, lundi 5 octobre à New York, les femmes ne
Flop : Au Kenya, Melania Trump fait (encore) polémique Ce vendredi 5 octobre, la Première dame américaine entamait sa troisième étape au Kenya. Une visite programmée
les foudres des internautes en portant un casque colonial blanc. Il s’agit d’un vestige de l’époque coloniale, véritable symbole de la domination occidentale. Une erreur provocatrice qui fait office de tache noire au sein de la Maison blanche. Sur Twitter, l’incident a provoqué de nombreuses critiques et moqueries. Xavier Yvon, journaliste à Europe 1, a qualifié le périple de la Première dame de Melania Trump avec son casque colonial blanc lors d’un safari au Kenya © Saul Loeb / AFP “Tintine Trump au Kenya” tandis que Matt Carotenuto, dans le cadre de sa tournée professeur spécialisé dans solitaire sur le continent l’histoire africaine, a déclaré sur Africain. le réseau social : “C’est comme Jusque-là irréprochable, se présenter à une réunion Melania Trump s’est attiré de producteurs de coton
afro-américains vêtu d’un uniforme confédéré... “. Melania Trump a ensuite enchaîné les stéréotypes lors de son étape. En effet, elle est également allée voir des éléphants ainsi que des orphelins. On aura rarement fait aussi peu original. Cette fausse note rappelle la polémique en juin dernier, lorsque Melania Trump avait porté une veste arborant “I really don’t care, do you ?’’ («Je m’en fiche complètement, et vous ?») juste avant d’aller visiter un centre d’accueil pour des enfants migrants. La Première dame américaine a définitivement des goûts vestimentaires bien à elle ... JOLY Méric
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HUMANITAIRE / ENVIRONNEMENT
Matthieu Fortoul : «Les crises ne cessent de s’enchaîner au Congo» Depuis 2016, la région de Kasai subit en ce moment une importante instabilité alimentaire à cause d’un conflit qui ravage sa population. Pour savoir où en est la situation aujourd’hui, nous avons interrogé le coordinateur du pôle presse d’ACF, qui s’est déjà rendu plusieurs fois sur place avec les bénévoles. Les enfants, d’abord soignés avec des traitements traditionnels, arrivent dans un état critique au centre de santé. ©
Depuis quand Action Contre la Faim agit à Kasaï ? On mène des actions à Kasaï depuis 1996, cela fait donc 22 ans. Kasaï fait partie des provinces qui vivent dans un conflit durable. Ce contexte instable nous met dans une situation humanitaire très complexe car les habitants sont sans cesse dans des conditions précaires (famine, violences). Quelles actions menez-vous là-bas ? Une personne touchée par la malnutrition ou un déficit nutritionnel est prise directement en charge dans l’un de nos centres, où elle est entourée de bénévoles (médecins et nutritionnistes). Sont concernés en particulier les enfants de moins de cinq ans et les personnes âgées. Des préventions sont organisées afin que les communautés détectent ellesmêmes si ces personnes sont en malnutrition pour qu’elles puissent être prises en charge. Nous organisons aussi des préventions pour favoriser les récoltes et surtout leur privilégier un accès à l’eau saine. En effet, la qualité de l’eau est un des facteurs principaux de la malnutrition car elle peut aggraver la situation d’un malade. Des bénévoles offrent
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aussi des soutiens psychologiques car il ne faut pas oublier qu’en plus de la famine, Kasaï est une zone de guerre et de conflits. Ces soutiens concernent en particulier les mères et les enfants. Les chocs et traumatismes psychologiques peuvent engendrer des arrêts de montée de lait. C’est donc aussi un facteur important de la malnutrition de l’enfant, où il nous semble important d’agir en tant que bénévoles. Pensez-vous que vous avez assez de visibilité sur le sujet ? Nous sommes sur Kasaï depuis plus de 20 ans mais on n’en entend parler que depuis deux ans. Il est important de montrer ce qu’il se passe car les crises ne cessent de s’enchaîner au Congo, notamment avec
le retour de plusieurs maladies telles qu’Ebola. Kasaï met très longtemps à s’en remettre.
À ce jour, y a-t-il assez de bénévoles sur place (médecins, nutritionnistes…) ? Une équipe de 134 bénévoles pour environ 340 000 personnes victimes de violences agissent dans les provinces du Congo. Notre équipe lance des appels d’urgence aux dons pour pouvoir couvrir les besoins essentiels dont nécessitent le plus de personnes, notamment dans la province de Kasaï. Les reportages de Konbini par Hugo Clément nous ont aidés avec un appel aux dons sur GoFundMe. L’argent va permettre de fournir des kits alimentaires à ceux qui en ont besoin jusqu’à décembre.
PELLOUX Juliette
ON NE LES OUBLIE PAS
Au Yémen, une crise humanitaire ignorée
Près de cinq millions d’enfants sont touchés par la famine au Yémen. © awdnews Le pays le plus au sud de la péninsule arabique vit actuellement la « pire crise humanitaire de l’histoire », selon Antonio Guterres, secrétairegénéral de l’ONU. Et les enfants en sont les principales victimes. La crise n’en finit plus au Yémen. D'après l'organisation britannique Save the Children, près de cinq millions de jeunes yéménites sont menacés par la famine. Ils estiment par ailleurs que ce chiffre continuera d'augmenter tant que les conflits à l'intérieur du pays perdureront. Une situation devenue bien trop
il est désormais quasiment impossible d'intervenir et d'apporter du ravitaillement. Le directeur de l'ONG Care International pense même que d'ici deux mois, “le pays aura épuisé la plupart de ses vivres et la situation sera plus que critique” Retour sur les origines et les causes de 3 millions de personnes ont cette catastrophe dû partir de chez elles à cause des humanitaire. combats.
22 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire vitale (eau, abris...) 2,5 millions d’enfants déscolarisés.
complexe pour les organisations humanitaires telles que l'UNICEF, qui se voient de plus en plus impuissantes face à la tournure des évènements. En effet, en raison des combats dans le port d'Hodeida, seul point d'entrée d'aide humanitaire du Yémen,
Comprendre le conflit au Yémen
Depuis 2014, le pays est déchiré en deux par une guerre civile. D ' u n côté, on trouve les forces gouvernementales soutenues par le président Hadi et par l'Arabie Saoudite. De l'autre, la rébellion Houthiste (branche de l'Islam chiite) qui a les faveurs de l'Iran (chiite également), ce qui lui permet d'acquérir des armes sophistiquées et du matériel de guerre.
Les Houthis se sont opposés au gouvernement afin de dénoncer leur marginalisation et d'avoir plus d'autonomie. Aujourd'hui, ils ont le contrôle de la capitale Sanaa et gagnent du terrain au fur et à mesure. Ces derniers n’hésitent pas à employer la violence ou la torture face aux manifestants qui protestent contre le coût de la vie. Malheureusement, au milieu de tous ces conflits, se trouvent les civils yéménites, qui sont les victimes collatérales de ces attaques et actes criminels à répétition. Près de 15 000 personnes ont perdu la vie dont environ 3000 enfants. Et en cette période de guerre, le prix des denrées alimentaires a augmenté de plus de 70 %. La plupart des habitants ne sont plus en capacité de nourrir leurs familles et d’assouvir leurs besoins primaires.
CHEVALLIER Fabien
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LA TWITTOSPHERE LA TWITTOSPHERE L’ancienne Miss Irak Tara Farès abattue en pleine rue ‘‘L’une des stars les plus influentes des réseaux sociaux en Irak, la mannequin Tara Farès, a été abattue jeudi à Bagdad. Une publication en arabe ajoutée sur son compte Instagram (après la confirmation de son assassinat) indique que ‘nous appartenons à Dieu et que nous revenons à lui’ - cela appelle son tueur un ‘lâche’.’’
C’est le tweet posté par Megha Mohan, correspondante à la BBC. Son post a été publié juste après l’annonce du meurtre de Tara Farès, une ancienne miss Irak, le 27 septembre dernier. Très populaire sur les réseaux sociaux, la jeune femme de 22 ans a été victime de trois tirs mortels en pleine rue, au centre de Bagdad. Selon les internautes, c’est son mode de vie apparemment trop ‘‘libre’’ qui a causé sa mort. L’ancienne miss postait régulièrement des clichés d’elle sur les réseaux sociaux, exhibant ses tatouages ou ses tenues ’’osées’’. Il s’agit de la quatrième femme Irakienne connue dans le domaine de la beauté ou pour son activisme à mourir de manière suspicieuse depuis ces cinq dernières semaines.
Prix Nobel de la paix 2018 : Denis Mukwege, l’homme qui réparait le corps des femmes violées Denis Mukwege est un gynécologue congolais de 63 ans qui ‘‘a dédié sa vie à défendre des victimes de violences sexuelles en temps de guerre’’. Il a été nommé prix Nobel de la paix 2018, avec Nadia Murad, une yazidie d’Irak, ancienne esclave sexuelle de Daech. Le docteur Mukwege a soigné des milliers de femmes victimes de viols ou de violences sexuelles, ainsi que des enfants. Depuis, il milite pour faire reconnaître le viol comme une arme de guerre. Aujourd’hui encore, il continue d’opérer des femmes en République Démocratique du Congo afin de réparer ‘‘les atrocités de masse’’ que leurs corps ont subies.
Manon Heckmann
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