Alliance Française de Hong Kong | Mai / Juin 2025 No. 270
Picasso en conversation
Kamel Daoud à Hong Kong Kamel Daoud
MAI / JUIN 2025 NO. 270
Retour sur...
NOVEMBRE 2024 HKFFF
L’édition 2024 du Hong Kong French Film Festival avec les invités : les réalisateurs, Antoine Chevrollier, Franck Dubosc, David Teboul et les actrices Camille Razat et Mélanie Robert
FÉVRIER 2025
REMISE DU LABEL D’EXCELLENCE
Cérémonie d’attribution du label à G.T. (Ellen Yeung) College
MARS 2025
MUSIQUE ET DANSE BAROQUE AU HKPM
Événement associé à l’exposition sur Versailles et la Cité interdite à Palace Museum de Hong Kong. Atelier culturel et démonstration musicale de la part de Concerto da Camera
MARS 2025
JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES
Une rencontre à la médiathèque de Jordan : Girlboss talk, une table-ronde avec
MARS 2025
LE FESTIVAL DE LA FRANCOPHONIE
Parmi la sélection, focus sur deux expositions de deux artistes invitées et dont les œuvres ont été exposées à la Bibliothèque Centrale de la Ville. Ici, une rencontre avec Kei Lam.
3 A CTUALITÉ 時事實況
Chantal Stoman, Nouvelle Vaque, 1998.
PUBLIÉ PAR
l'Alliance Française de Hong Kong
Picasso en conversation au M+. Justement : discutons de l’artiste
在M+博物館,與畢加索對話 來吧,談談畢加索
P ar Elsa Polycarpe
6 A CTUALITÉ 時事實況
Kamel Daoud à Hong Kong
Kamel Daoud 到訪香港
P ar Elsa Polycarpe, David Cordina & Jean-Baptiste Larramendy
9 A CTUALITÉ 時事實況
Souvenirs
命 懸一線
Par D avid Cordina
12 A CTUALITÉ 時事實況
Cinéma : des fenêtres sur le monde
透 過電影看世界
P ar Pablo López Sodore et David Cordina
15 A CTUALITÉ 時事實況
Chantal Stoman ou l’invisible des villes
Chantal Stoman 與城市的隱藏面貌
P ropos recueillis par David Cordina
18 A CTUALITÉ 時事實況
De Versailles à M+
從 凡爾賽到 M+
P ar David Cordina
20 LI TTÉRATURE 文學專欄
Kei Lam, identités et projets pluriels
Kei Lam 多元身份與創作計劃
Par Elsa Polycarpe
23 LI TTÉRATURE 文學專欄
Avant l’aube, marcher vers la mer 《天 亮前往海邊走》
P ar David Cordina
25 LI TTÉRATURE 文學專欄
Romain Gary : la promesse de l’Autre
P ar Matthieu Motte
27 L ANGUE FRANÇAISE 法語
Vers une organisation apprenante 香 港法國文化協會 與時俱進
P ar Jean-Baptiste Larramendy
29 ED UCATION 教學專欄
Un label d’excellence francophone 卓越法語認證
Par Florian Petit
32 A RT DE VIVRE 生活藝術
Spiritueux et compagnie : le French Gourmay, 2025 美酒 佳餚 2025年度法國五月美食薈
Depuis le 22 avril dernier, le M+ accueille l’exposition tant attendue Picasso for Asia : A Conversation, pour laquelle le Musée national Picasso-Paris a prêté une soixantaine de chefs-d’œuvre du peintre, figure emblématique de l’art moderne. Dans la très belle galerie Ouest du bâtiment conçu par Herzog et de Meuron, les visiteurs évoluent entre les toiles, dessins et sculptures de Pablo Picasso (1881–1973) et plus d’une centaine d’œuvres d'artistes asiatiques issues des collections du M+. Présentée en collaboration avec le festival artistique du French May, l’exposition propose un dialogue entre le peintre catalan et des artistes asiatiques contemporains tels que Madokoro Saori, Isamu Noguchi, Nalini Malani, Luis Chan et Simon Fujiwara.
Luis Chan, Joy of Life , 1969 | Courtesy of Luis Trust Acquisition in progress |
畢加索將自己比喻為人身牛頭怪,凶猛而野性,支配著身邊的女性。而 是次展覽的其中一幅展品便是《盲眼牛頭怪於星夜由瑪麗.泰蕾絲和鴿 子引路》(Minotaure aveugle guidé par Marie- érèse au pigeon dans une nuit étoilée)。畢加索美術館前策展人 Emilie Bouvard 表示,我們 不應再將他生命中的女性稱為「繆思」靈感女神。事實上,在這些女性 中,有些人最終自殺,有些則精神崩潰。畢加索的第一位伴侶Fernande Olivier因為他的嫉妒而被迫放棄模特兒事業。之後,畢加索與Eva Gouel 有過短暫的關係,然後他又與 Olga Khokhlova 結婚,這位舞者亦為了 畢加索而犧牲自己的舞蹈事業。不過,他們的婚姻最終在不忠與抑鬱之 中失敗告終。隨後,畢加索再與當時尚未成年的Marie-Thérèse Walter 交往,並讓她受到性侵犯。與此同時,畢加索亦與攝影師 Dora Maar 有了情感關係,畢加索操控著她,最終導致她精神崩潰。方斯華絲.吉 洛( Françoise Gilot )是少數敢反抗畢加索的女性,但她亦表示其與 畢加索的日常生活充滿了欺凌和對女性的歧視。畢加索的第二任妻子
Pablo Picasso, Still Life with Bull’s Head, 1958, Musée national Picasso-Paris, 巴勃羅.畢加索
Kamel Daoud à Hong Kong
Kamel Daoud 到訪香港
Texte 文 : Elsa Polycarpe, David Cordina & Jean-Baptiste Larramendy
Répondant à l’invitation de l’Alliance Française et de la Banque Transatlantique, Kamel Daoud vient à Hong Kong en juin prochain pour une série de conférences et de rencontres. Le dernier prix Goncourt 2024 pour son roman Houris paru chez Gallimard interviendra à la librairie Parenthèses et à d’autres événements organisés par l’Alliance Française de Hong Kong (le programme final sera communiqué sur son site). En plus de sa riche actualité littéraire et journalistique, les échanges avec Kamel Daoud pourront porter sur l’exposition, Picasso / Asie : une conversation, qui se tient actuellement au musée M+, en écho aux réflexions développées dans son essai Le peintre dévorant la femme. Cette tournée offre l’occasion de rencontrer un écrivain majeur du monde francophone, dont la pensée libre et le style interrogent les fractures de notre époque.
Portrait crédit
Wikicommons
Claude Truong-Ngoc
Écrivain engagé et chroniqueur régulier pour le magazine d’actualité générales, Le Point, Kamel Daoud occupe une place singulière dans le paysage littéraire francophone. Né en 1970 à Mostaganem, sur la côte ouest de l’Algérie, il est devenu au fil des années l’un des observateurs les plus lucides et les plus critiques de son pays, de l’Islam contemporain et de ses relations complexes entre la France et le monde. Si son nom a franchi les frontières grâce à son premier roman Meursault, contre-enquête , c’est aussi par son engagement sans concessions dans le débat d’idées qu’il s’est imposé comme une voix à part.
Une écriture oranaise : le rapport à Camus
Le lien entre Kamel Daoud et Albert Camus est central dans la réception critique de son œuvre, structure sa propre trajectoire intellectuelle. Le roman qui a révélé Kamel Daoud, Meursault, contre-enquête (2013), est une réécriture inversée de L’étranger (1942). Camus raconte l’assassinat d’un arabe par Meursault sans jamais nommer la victime. Daoud reprend cette absence comme point de départ : son personnage, Haroun, est le frère de la victime. Il lui rend un nom, une histoire, une voix. C’est donc un dialogue littéraire, mais aussi un geste politique : rendre leur humanité aux colonisés, faire parler les morts. C’est un acte de mémoire autant qu’un roman. Daoud ne détruit pas Camus — il le relit, le réinterprète, le pousse dans ses angles morts. Il ne dit pas « Camus avait tort », il dit : « voici ce que Camus ne pouvait pas dire, depuis sa position. »
Albert Camus a été critiqué pour sa position ambiguë sur la guerre d’Algérie, son refus de prendre parti clairement pour l’indépendance. Daoud, lui, porte cette ambiguïté comme un héritage à dénouer, mais aussi comme un miroir : lui-même est parfois critiqué, depuis l’Algérie, pour son regard jugé trop occidental ou trop francophile. En ce sens, la relation Daoud–Camus rejoue la complexité postcoloniale : héritage et rejet, admiration et critique, appropriation et autonomie.
Un Goncourt en exil
En novembre dernier, pour la première fois, un auteur algérien a remporté le prix littéraire français le plus prestigieux, le Goncourt, avec un récit brûlant de la guerre civile des années 1990 dans son pays. Le roman Houris explore courageusement la décennie noire en Algérie à travers le personnage d’Aube, une jeune femme rescapée d’un massacre terroriste, mutilée et privée de sa voix. À travers son monologue adressé à l’enfant qu’elle porte, appelé « Houris », Daoud donne une voix aux femmes victimes de violences patriarcales et religieuses, dénonçant le silence imposé autour de cette période sanglante, silence qui interdit la sortie du livre en Algérie. Dans son pays de naissance, Kamel Daoud est un personnage qui divise. Ses ennemis le considèrent comme un traître qui a vendu son âme à la France, tandis que d'autres le reconnaissent comme un génie littéraire dont le pays devrait être fier. En 2020, l'auteur est d’ailleurs contraint de s'installer à Paris, « exilé par la force des choses » selon ses propres mots. Il prend la nationalité française et s’engage dans la lutte pour la liberté d’expression dans la presse et la littérature.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la remise du prix, Kamel Daoud lui-même a déclaré que ce n'est qu'en venant en France qu'il a pu écrire Houris, un geste littéraire et politique né des émois de l’exil.
Le rapport à Picasso
En 2017, Kamel Daoud est invité à passer une nuit au musée Picasso à Paris. De cette expérience naît un récit singulier, à la croisée de la fiction, de l’essai et de la méditation esthétique : Le Peintre dévorant la femme. Il y imagine un face-à-face entre deux univers antagonistes : celui d’un artiste – Pablo Picasso – et celui d’un djihadiste, Abdellah, personnage fictif chargé de détruire les œuvres du peintre. Dans cette déambulation nocturne, Abdellah est confronté aux représentations du corps, de la nudité, du désir, de l’amour et de la liberté. Chaque toile devient pour lui une épreuve, une remise en cause de ses certitudes, de sa vision du monde et de l’Autre. À travers ce dispositif, Daoud construit une allégorie puissante sur la violence idéologique et son rapport à l’image, à la chair et au féminin.
Le texte s’appuie sur les propres expériences de l’auteur, né dans une culture musulmane, ayant lui-même, jeune, flirté avec l’intégrisme religieux et ensuite été malgré lui, témoin de l’horreur de la décennie noire. Il y mêle sa connaissance intime des récits et des tabous islamiques à l’émotion suscitée par l’art. Ce croisement nourrit une réflexion centrale : l’art peut-il guérir un homme de la haine ? Peut-il lui redonner le goût de la vie terrestre plutôt que celui d’un paradis fantasmé ? Le titre, Le Peintre dévorant la femme , fait écho au thème de l’exposition qui a inspiré l’essai, mais aussi à cette double tension entre art et érotisme, tous deux objets de censure dans les idéologies fondamentalistes. Cette méditation est nourrie de références concrètes : la destruction par les djihadistes d’une partie de la mosquée Djingareyber à Tombouctou, du musée de Mossoul ou encore du site antique de Palmyre par l'État islamique. Des actes de vandalisme sacralisé, qui marquent la volonté d’effacer la mémoire et la culture.
Dans sa critique du fondamentalisme, Daoud s’attarde sur un autre paradoxe : celui d’une idéologie qui prétend combattre la tentation en dissimulant les corps des femmes, tout en promettant aux martyrs les fameuses « houris », vierges célestes, dans l’au-delà. D’où cette formule incisive : « faire mourir le désir ou mourir pour pouvoir le combler ». Il dénonce ainsi l’hypocrisie de ceux qui tuent au nom d’une morale sexuelle qu’ils transgressent en rêve.
Le Peintre dévorant la femme est une œuvre dense, à la fois brûlante et sensible, qui interroge notre époque dans ses zones les plus conflictuelles. C’est aussi un plaidoyer pour le pouvoir transgressif de l’art, capable de fissurer les certitudes les plus rigides, d’ouvrir une brèche dans les dogmes, et d’arracher les hommes à la pulsion de mort.
Plus d’informations sur la tournée de Kamel Daoud sur le site de l’AF : www.afhongkong.org
Programmé dans le cadre du French May 2025 et produit par l’Alliance Française de Hong Kong, Souvenirs est une création originale signée par le duo d’artistes, Claire et Antho, (Claire Théaut et Anthony Figueiredo). Ce spectacle qui mêle danse contemporaine, théâtre physique, théâtre d’ombres en direct et séquences vidéo, offre un univers visuel original et une mise en scène sensible où les deux artistes explorent avec poésie les méandres de la mémoire.
Affiche créée par Marie Dewitte
Le propos : la force des rêves Sur scène, deux personnages se débattent avec les souvenirs qui les hantent, les alourdissent ou parfois les apaisent. Prisonniers d’un passé qui ressurgit sous forme d’images mentales, de gestes ressassés et de présences fantomatiques, ils cherchent une issue par le souffle d’une légèreté retrouvée. Comment avancer sans renier ce qui les a construits ? Comment vivre avec ce poids d’émotions et d’absences, avec ces traces invisibles de la mémoire qui continuent de les façonner ? Un homme seul sur un banc, perdu dans ses pensées, se souvient. Il se souvient d’elle. De leur rencontre. De ce moment précis où leurs chemins se sont croisés, chacun tenant dans ses mains une valise, métaphore de la mémoire, pleine de silences, d’histoires, de blessures et de rêves. Antho, c’est le poids de son enfance, ces ombres qui le poursuivent sans relâche, ces souvenirs qui ne cessent de surgir à la moindre faille. Claire, quant à elle, porte en elle une sensibilité intense, presque brûlante, envers les autres et le monde qui l’entoure. Une sensibilité qui l’empêche parfois de s’abandonner pleinement au présent. Les deux personnages vont s’apprivoiser. Il saura entendre ce qu’elle ne dit pas, elle saura lui prendre la main au moment où il en aura le plus besoin. Ensemble, ils acceptent de ne pas tout oublier, de faire avec ce bagage, et surtout, de continuer à danser, à rire, à aimer. Leurs souvenirs deviennent un fil conducteur, une matière vivante à travers laquelle ils dansent un avenir commun. Et dans cette traversée, ils se promettent de ne jamais renoncer à leurs rêves.
La force du visuel
Entre chorégraphies, jeux d’ombres en temps réel et séquences vidéos projetées, Souvenirs offre un langage scénique singulier, à la croisée des disciplines. Ce n’est ni tout à fait du théâtre, ni uniquement de la danse : c’est un espace mouvant, un voyage intime et pourtant profondément universel. Il s’adresse à chacun, à sa manière d’habiter ses souvenirs, de les apaiser ou de leur résister. Pour le duo, cette création marque leur toute première venue à Hong Kong. Une perspective qui les enthousiasme : « Nous sommes très heureux de venir y jouer, écrivent-ils, peu après avoir été filmés lors d’une répétition à Paris en présence de Karena Lam pour la vidéo promotionnelle du Festival du French May. Le spectacle ne change pas en fonction de la ville : il a son histoire propre, mais les émotions qu’il véhicule sont universelles. Chaque pays, chaque public peut s’y reconnaître. Nous avons hâte de voir quelles scènes toucheront le plus le public hongkongais, comment il réagira, ce qui résonnera pour lui. »
La scénographie se construit comme un dialogue entre le corps et l’image, entre le visible et l’invisible. Le travail de lumière, les ombres animées en direct, les objets symboliques, les séquences vidéos projetées : tout concourt à faire de la scène un espace de mémoire en mouvement. On y perçoit des fragments de vie, des éclats de tendresse ou de douleur, toujours traversés par la beauté d’un geste.
Et avant même de voir le spectacle sur scène, le public peut déjà plonger dans leur univers. Claire et Antho partagent généreusement, sur les réseaux sociaux, des extraits de répétitions, des performances filmées, des expérimentations scéniques et visuels. Leur compte Instagram constitue une extension poétique de leur travail, un espace de rencontre avec leur processus créatif, accessible et vivant.
Le cinéma comme source d’inspiration
La création de Souvenirs est nourrie par des références cinématographiques et musicales assumées. Claire et Antho revendiquent un goût pour les narrations sensibles et les langages visuels inventifs. Parmi leurs inspirations, le film Eternal
Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry occupe une place particulière. Ils en retiennent la façon magistrale dont les souvenirs sont mis en scène : mouvants, imprévisibles, parfois déchirants. Le film interroge la possibilité de tout effacer, et la beauté fragile de ce qui persiste malgré nous. Le tout servi également par la créativité visuelle de Gondry, cette capacité à faire du rêve une matière cinématographique.
Autre référence marquante : Billy Elliot de Stephen Daldry. Un film où la danse devient un acte de résistance, un moyen d’expression, de survie et d’évasion. Claire et Antho s’y retrouvent dans l’émotion, dans l’humanité des personnages, et dans cette conviction que les rêves peuvent transformer les vies. Ce sont ces influences mêlées – le réalisme poétique, la légèreté, la sincérité des corps en mouvement – qui irriguent leur propre langage scénique.
Enfin, la musique joue un rôle essentiel dans leur écriture : « elle prolonge les émotions, disent-ils, accompagne les métamorphoses des personnages, traduit des états d’âme. Parfois, une simple mélodie suffit à faire surgir tout un pan de vie, à ouvrir une porte entre passé et présent ».
Leur travail rayonne aussi en dehors des théâtres, à travers médias, réseaux, conférences ou ateliers. Artistes pluridisciplinaires et touche-à-tout, ils maîtrisent les codes contemporains de la création numérique : formats courts, contenus immersifs, vidéos sensibles ou pédagogiques. On les retrouve aussi bien sur des plateaux de télévision européens que dans des conférences TED, où ils présentent leur démarche artistique, leur approche et leur engagement dans la création. C’est cette ouverture, cette curiosité, ce désir de partage qui guide leur démarche. Souvenirs sera une rencontre, une invitation à se reconnecter à sa mémoire, à ce que nous portons en nous, à ce qui nous lie, nous transforme et nous élève.
A retrouver en ligne : Instagram : @claire_et_antho www.claireetanthoperspective.com
« Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens, qui arrivent… » une invitation à partir du 20 mai 2025, de la sélection cinéma du French May qui ouvre à nouveau ses portes pour offrir une sélection exceptionnelle de dix films. Cinéphiles aguerris, curieux avides de découvrir les dernières pépites du cinéma français, passionnés de musique ou simples amateurs en quête de récits et d’aventures : tout le monde trouve son bonheur dans cette nouvelle édition. En effet, l’Alliance Française de Hong Kong a conçu deux cycles thématiques, assortis de deux projections exceptionnelles sans oublier la venue d'une invitée très spéciale.
C’est dans la continuité de la sélection de 2024 que trois films contemporains sont présentés sous l'étiquette Biopic Cineart. Ainsi, d’importantes figures du monde de la culture française sont mises à l’honneur dans les domaines de la musique avec Charles Aznavour dans Monsieur Aznavour (Grand Corps Malade et Mehdi Idir), la peinture et la sculpture de Niki de Saint Phalle dans Niki (Céline Sallette) et le théâtre avec Sarah Bernhardt dans Sarah Bernhardt, la divine (Guillaume Nicloux). Les performances de Tahar Rahim, Charlotte Le Bon et Sandrine Kiberlain percent les écrans ! Dans un deuxième temps, c’est l’échange entre la France et les pays asiatiques qui est mis en avant lors d’un deuxième chapitre intitulé « Croisement France-Asie ». Par les films, nous pouvons voyager sur le plan géographique mais surtout mentalement. À travers le mélange des cultures et des langues, le réalisateur francojaponais Koya Kamura (Hiver à Sokcho) et le belge Guillaume Senez (Une part manquante) mènent dans leur film respectif, une réflexion sur l’identité, les liens familiaux et la mémoire. De son côté, dans La Voyageuse , où la prestigieuse Isabelle Huppert incarne une professeure de français, le réalisateur coréen Hong Sang-soo s'intéresse à comprendre comment la rencontre culturelle franco-coréenne crée du lien social et fournit moyens de subsistance matérielle et immatérielle. En plus de ces deux cycles, deux temps forts de la sélection sont à mentionner : la projection en couleur et en 4K Ultra HD de la prestation historique de la soprano Maria Callas lors de ses débuts à l’Opéra de Paris, le 19 décembre 1958, avec le long métrage Callas - Paris, 1958 (Tom Volf). Le pianiste compositeur
Michel Reis sera présent durant cette projection pour présenter l’importance dans l’histoire de la musique classique de la prestation de la cancatrice.
De surcroît, pour la première fois à Hong Kong, le film français révélation 2024 : Vingt dieux sera proposé. Plusieurs fois primé à Cannes par le prix de la Jeunesse et aux Césars pour la meilleure première œuvre et le prix du meilleur jeune espoir féminin, ce film signe les débuts de la réalisatrice Louise Courvoisier et du jeune acteur Clément Faveau. Plus qu’un récit initiatique, Vingt dieux se présente comme un hommage vibrant à une jeunesse désorientée et à un monde rural en mutation. Les comédiens amateurs permettent à la cinéaste de capter toute l’authenticité de ce milieu : l’acteur de Totone élève de la volaille et l’interprète de Claire était en plein BTS agricole au moment du casting du film.
Finalement, le point d’orgue de cette édition sera sans aucun doute la présence de notre invitée spéciale : l’artiste, réalisatrice et photographe, Chantal Stoman (voir p.15). En résidence à Hong Kong pour le tournage de son nouveau projet, elle présente deux de ses derniers documentaires qui ont en commun l’exploration urbaine et l’amour du cinéma. L.A L.A End , présente un portrait très personnel d’Hollywood et dans Ōmecittà , l’artiste explore les liens forts entre la petite ville japonaise d’Ōme et le septième art. Une exposition rétrospective de ses différents projets photographiques se tiendra à la Galerie Paris 1839 pour une immersion profonde dans l’univers artistique de Chantal Stoman où l’image part à la recherche de la mémoire et de la part d’invisible des villes.
本屆將延續 2024 年的做法,以「Biopic Cineart 」(傳記電影藝術) 為題推出三套當代電影,向法國文化界的重要人物致敬,包括音樂 界的 Charles Aznavour 電影《 Monsieur Aznavour》,由Grand Corps Malade 與 Mehdi Idir 執導;繪畫及雕塑界的妮基.聖法爾 (Niki de Saint Phalle)——電影《 Niki 》,由Céline Sallette 執導; 以及戲劇界的莎拉.伯恩哈特( Sarah Bernhardt )——電影《莎拉· 伯恩哈特》( Sarah Bernhardt, la divine),由 Guillaume Nicloux 執 導。Tahar Rahim、Charlotte Le Bon 和 Sandrine Kiberlain 的精彩演 出叫人眼前一亮! 第二個單元的主題為「Croisement France-Asie」(法亞相會),探討 法國與亞洲國家之間的交流。我們將透過電影周遊列國,踏上一場心 靈旅程。在此,文化與語言互相交融,日裔法國導演 Koya Kamura 以 《束草的冬天》(Hiver à Sokcho),及比利時導演Guillaume Senez 以 《缺失的一部分》(Une part manquante),各自透過電影反思身份、 家庭關係和回憶等議題。而韓國導演洪常秀的電影《旅人的需要》 (La Voyageuse)則探討法國與韓國的文化交流如何締結社會聯繫,以 及如何為人在物質和精神層面提供生活所需,著名演員伊莎貝雨蓓 (Isabelle Huppert)在戲中會飾演一位法語教師。
除了上述兩個電影單元外,還有兩場精彩放映會。我們將以彩色 4K Ultra HD 畫質放映由 Tom Volf 執導的《歌劇天后卡拉絲》(CallasParis, 1958),重現傳奇女高音瑪麗亞.卡拉絲(Maria Callas)於1958 年 12 月19日首度登上巴黎歌劇院舞台的經典演出。屆時,鋼琴家及作曲 家 Michel Reis 將親臨放映會現場,講解此演出於古典音樂史上的重要 地位。
Propos recueillis par David Cordina. Portrait crédit Gil Lefauconnier
La photographe et cinéaste française, Chantal Stoman, vient en résidence à Hong Kong pour concevoir un nouveau projet visuel. Une partie de son travail photographique sera exposé à La Galerie Paris 1839 en mai prochain et deux de ses documentaires seront présentés dans la section Cinéma du French May 2025. Entretien.
Tokyo Trip, 2006
Après avoir consacré une partie de sa carrière à la photographie de mode, Chantal Stoman réalise dorénavant des projets photographiques et des longs métrages documentaires dans des villes choisies où elle sait, par une observation approfondie des rapports entre l’Homme, la mémoire, et la ville, explorer les thèmes qui lui sont chers : l'intimité humaine qui se cache au cœur des grandes villes, les lieux qui racontent dans leurs profondeurs une histoire et qui font l’Histoire, la présence visible ou invisible d’une histoire cachée. Progressivement dans ses projets, les villes deviennent l’élément central : son regard se porte sur les lieux qui se donnent à voir et à vivre dans l’épaisseur du temps. Trace et Histoire se retrouvent dans ses images. Les villes de mémoire la fascinent, notamment celles où le cinéma construit un patrimoine immatériel. Hong Kong a déjà été en partie photographiée pour son projet Lost Highway, où, la nuit, depuis les autoroutes urbaines qui sillonnent les grandes capitales, ses photos saisissent à travers les fenêtres et les balcons, des instants furtifs d’humanité. Quelle nouveauté percevra son regard cette fois-ci ?
Dans les années 2010, vous aviez déjà photographié Hong Kong pour votre projet Lost Highway. Comment la ville d'aujourd'hui inspire votre photographie ?
Chantal Stoman : Hong Kong m’a fasciné dès mon premier voyage en 2003. Ce coin de terre où la modernité s’entrelace avec la tradition voit l’agitation et la poésie cohabiter en harmonie. L’île, au paysage densément urbanisé, semble tout droit sortie d’un rêve urbain. Ses gratte-ciel qui percent le ciel et ses rues où la vie bouillonne témoignent d’une densité humaine impressionnante, et pourtant, au cœur de cette frénésie, une beauté discrète se déploie. J’ai adoré contempler sur les eaux de la baie Victoria, les bateaux qui glissent silencieusement, comme des témoins du temps qui passe. Chaque traversée de ces embarcations est une danse poétique, un contrepoint aux bruits incessants de la ville. La mer devient un espace de calme, une fenêtre ouverte sur un autre rythme, plus lent, plus tranquille. Hong Kong offre cette fusion étonnante entre le tumulte des hommes et la sérénité de la nature, où l'horizon, habité par les navires, devient un poème visuel, une invitation à suspendre le temps, même pour un instant. De retour dans la ville en 2011 pour le projet Lost Highway, j’ai voulu capter l’essence même de Hong Kong à travers le prisme de la nuit. En observant les fenêtres éclairées des innombrables appartements des immeubles de cette ville dense, j’ai voulu révéler un paysage humain et urbain unique. Chaque fenêtre devenait une petite scène, un univers intime, parfois suspendu dans le temps, parfois caché derrière les rideaux du quotidien. Ce contraste entre l’intimité des espaces privés et l’immensité collective de la ville, nourrit une réflexion profonde sur la solitude et la connexion humaine dans cette jungle de béton. À travers mon objectif, j’ai tenté de traduire la poésie d'une ville où les silhouettes, presque anonymes, s’entrelacent avec les lumières artificielles. Hong Kong est un labyrinthe visuel où l’on devine, derrière chaque éclat lumineux, des vies, des histoires, des secrets. Au-delà de ma relation romantique avec cette ville, Hong Kong et les Hongkongais, c’est une autre vision de la Chine. Une Chine en quête de démocratie et de liberté.
Dans votre perspective artistique, Hong Kong est-elle une ville facile à photographier ?
J'ai une attirance constante pour tout ce qui m'est étranger. Et en cela, Hong Kong est une ville très inspirante en termes de photographie. Le contraste entre le traditionnel et le moderne, entre l'Orient et l'Occident, crée une dynamique visuelle fascinante. Cette rencontre de l'ancien et du nouveau, de la nature et de l’urbanisme, génère un choc esthétique mais aussi
un dialogue qui nourrit mon travail. Chaque coin de rue, chaque détour, révèle une nouvelle dimension de la ville, entre effervescence et calme, entre chaos et sérénité. Hong Kong, avec sa densité et sa richesse visuelle, devient ainsi un terrain de jeu pour saisir l’instant précis où tout se rencontre, s’entrechoque, se fond dans une harmonie singulière. Mais ce qui m'intéresse davantage dans le projet que je souhaite développer, c’est d’aller chercher quelque chose qui n’est pas forcément visible. Ce n’est pas simplement la surface de la ville qui m’inspire, mais plutôt ce qui se cache en dessous, les couches invisibles qui composent l’âme de Hong Kong. Je veux observer et capter une part de la culture et de la pensée d’une population profondément attachée à ses traditions, mais qui se trouve à l’instant même où elle voit le monde changer. J’aimerais saisir ces instants où l’ancien et le nouveau se heurtent ou se fondent de manière subtile, où les gestes quotidiens, les rituels anciens, persistent encore dans un monde en constante évolution. Je veux m’immiscer là où la mémoire collective perdure.
Comment abordez-vous Hong Kong et son cinéma ?
L’identité cinématographique de la ville est aussi complexe et fascinante que la ville elle-même. À travers ses films et ses réalisateurs, la ville a été le théâtre de récits où se mêlent action, poésie, politique, et une exploration intime de la société hongkongaise. Wong Kar-wai est sans doute l’un des réalisateurs les plus emblématiques de Hong Kong. John Woo est un autre nom incontournable. Les films hongkongais, en particulier ceux des années 80 et 90, racontent une ville en constante transformation. De la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997 à la mondialisation qui redéfinit la culture locale, ces films parlent surtout de la tension entre l’orient et l’occident, entre le passé colonial et le futur incertain, et de la dualité entre la modernité et les racines traditionnelles de la société.
Parmi d'autres voyages et résidences, vous avez séjourné à Rome à la Villa Médicis. Quelles attentes artistiques attendez-vous d'une résidence ? Quel rythme faut-il adopter ?
Ce qui est le plus précieux dans une résidence d’artiste comme celles que j’ai pu faire à Rome, ou à Phnom Penh, c’est le temps. Ce que j'espère de cette résidence, c'est une immersion dans l'âme de Hong Kong, un temps suspendu pour observer et comprendre cette ville fascinante. Mon objectif est de saisir non seulement ses paysages urbains et ses scènes quotidiennes, mais aussi les dynamiques invisibles qui façonnent ses habitants et leur manière de vivre. J'espère être témoin de la beauté fugace des moments ordinaires. Ce mois à Hong Kong sera l’occasion de plonger dans l’intimité de la ville, de découvrir des espaces inédits et de me laisser surprendre. Je sais combien les rencontres sont essentielles dans la réflexion autour d’un nouveau projet. Ce séjour sera une occasion de me nourrir des contrastes de la ville : l’effervescence des rues et le chant des oiseaux dans les parcs, les vieux quartiers traditionnels et les nouvelles constructions futuristes. Ce projet est une quête visuelle et humaine, une recherche de cette essence de Hong Kong qui se cache. Chaque coin de rue a une histoire dans une ville où la profondeur de la culture se trouve dans des détails subtils. Lentement, mais avec curiosité, je me plongerai dans le rythme de la ville dans ses cafés, ses restaurants, ses transports en commun, ses parcs qui ne cesseront de me surprendre.
Sélection cinéma du French May 2025 : Ōmecita et L.A L.A End Exposition - Nouvelle vague à La Galerie Paris 1839, à partir du 21 mai : lagalerie.hk (Central) www.chantalstoman.com
法國攝影師兼導演 Chantal Stoman 親臨香港 構思全新影像創作計劃。她的部分攝影作品於 本年五月在 La Galerie Paris 1839 藝廊展出,而 她的兩部紀錄片亦會作為法國五月藝術節的精 選電影放映。以下為我們與她的專訪內容。
Quatre grandes institutions muséales hongkongaises accueillent des expositions exceptionnelles mettant à l'honneur l’art français du XVIIe au XXIe siècle. Des chefsd’œuvre du XIXe, aux expériences nouvelles et rehaussées par des dispositifs numériques novateurs, du dialogue artistiques entre cultures européennes et asiatiques, les sujets sont nombreux et suscitent intérêt, curiosité, réflexions et même débats. Tour d’horizon des dernières expositions du HKPM, HKDI, HKMOA et enfin M+ (par ailleurs, une bonne occasion de réviser les acronymes de la culture locale).
Le château de Versailles et la Cité interdite de Beijing au Palace Museum
Depuis décembre 2024, Versailles est de nouveau à l’honneur avec une exposition croisée sur les échanges aux XVIIe et XVIIIe siècles entre la Cité Interdite de Pékin et le château de Louis XIV. Bien que séparées par une vaste distance, les cours impériale de Pékin et royale de Versailles étaient animées d’une vive curiosité l'une envers l'autre. Dirigées par plusieurs souverains éclairés et facilitées par des missionnaires français, la Chine et la France ont entrepris des échanges artistiques marquants, que cette exposition met en lumière. L’exposition présente près de 150 trésors du Palace Museum de Pékin, de Hong Kong et du Palais de Versailles. Ces objets racontent l’histoire des liens particuliers tissés entre la Chine et la France, témoignant d’une admiration et d’un respect mutuels. Organisée conjointement par le Palace Museum de Hong Kong, celui de Pékin et le Palais de Versailles, elle bénéficie d’une présentation exceptionnelle d’objets issus de ces collections prestigieuses. Pour enrichir l’expérience, le département éducatif du musée a proposé en mars dernier la projection du documentaire Synergy à la française , réalisé par Karen Yeung et Karen Kwok (présenté précédemment par l’AFHK en novembre 2024). Cette projection a été suivie d’une prestation musicale de l’ensemble Concerto da Camera et d’une présentation historique menée par David Cordina de l’Alliance Française de Hong Kong pour illustrer l’importance du contexte baroque de l’époque, marquée par l'essor politique et artistique du jeune roi Louis XIV. Près de 200 personnes étaient présentes, ce qui témoigne une nouvelle fois du goût prononcé des Hongkongais pour le Grand Siècle français.
L'Impressionnisme sous toutes ses formes, à découvrir en VR En 1874, Paris accueille la première exposition de ce qui deviendra l’école de l'Impressionnisme, un événement majeur dans l’histoire
de l’art occidental. Les spectateurs hongkongais peuvent revivre cette expérience historique grâce à un dispositif immersif de réalité virtuelle (VR). Ce soir avec les Impressionnistes, Paris 1874 – une expérience VR se tient au Hong Kong Design Institute (HKDI) de janvier à mai 2025. Soutenue par le Musée d’Orsay, cette exposition innovante garantit une découverte artistique et historique qui repose sur trois piliers : connaissance, émotion et expérience corporelle. Un personnage fictif, Rose, guide les visiteurs à travers des lieux emblématiques tels que le studio de Nadar ou l’atelier de Monet. La technologie VR permet une immersion totale, où le public interagit avec l’art et l’histoire. L’environnement sonore vient enrichir l’expérience, tandis que les interactions du public sont analysées afin d’améliorer les futurs dispositifs immersifs. Les concepteurs (GEDEON Experiences, le Musée d'Orsay, et l’agence Excurio) soulignent que l’introduction de la VR dans l’espace d’exposition évolue rapidement, rendant les récits plus dynamiques et personnalisés. Cette exposition française constitue une parfaite alliance entre technologie et narration, tout en honorant l’héritage pictural des artistes impressionnistes. Par ailleurs, elle ouvre la voie à de nouvelles formes d'engagement culturel.
Cézanne et Renoir en dialogue au HKMOA
Depuis janvier 2025, le Hong Kong Museum of Art (HKMOA) présente Cézanne and Renoir : Looking at the World , une exposition exceptionnelle rassemblant 52 œuvres emblématiques issues des collections du Musée de l’Orangerie et du Musée d'Orsay. Il s'agit de la première grande exposition à Hong Kong consacrée à Paul Cézanne et Pierre-Auguste Renoir. L'exposition met en lumière les intersections de leurs carrières et leur influence sur l’art moderne à venir. Renoir, par son usage subtil de la lumière et des ombres, a joué un rôle clé dans le développement de l’Impressionnisme. De son côté, Cézanne a jeté les bases de nouveaux courants artistiques du XXe siècle. Parmi les œuvres exposées, le public retrouve Pommes et biscuits, Nature morte avec soupière et Paysage avec toit rouge (Le Pin à l’Estaque) de Cézanne, ainsi que Claude Renoir en costume de clown, Nu dans un paysage et Bouquet dans une loge de théâtre de Renoir. Deux œuvres de Pablo Picasso, Grande Nature morte et Grand Nu avec draperie , illustrent l’impact des deux peintres sur la génération suivante d’artistes. Des conférences et des ateliers sont prévus pour enrichir et compléter l’expérience des visiteurs. De plus, comme à son habitude, deux œuvres contemporaines ont été commandées par les curateurs de l’exposition : les artistes hongkongais Trevor Yeung et Lai Kwan-ting proposent au sein de l’exposition deux œuvres illustrant leurs réceptions de l’œuvre des deux peintres français.
Picasso de retour à Hong Kong : au M+ avec le French May 2025
Comme annoncé dans un précédent article, le M+ propose pour l’édition 2025 du French May une nouvelle grande rétrospective sur le peintre espagnol Pablo Picasso. Depuis 2012, c’est la deuxième grande rétrospective hongkongaise de l’artiste qui a vécu la majeure partie de sa vie en France. Cette exposition met en avant le dialogue ou du moins la réception de l'artiste par des artistes asiatiques, explorant les influences et les interactions entre les cultures européenne et asiatique. Retrouvez l’article p.4 pour plus d’informations sur l’événement pictural majeur de l’édition 2025 du French May.
自2025 年1月起,香港藝術館推出「塞尚和雷諾阿的世界」展覽,呈獻 橘園美術館及奧賽博物館珍藏的52 幅經典畫作。這是香港首次舉辦保 羅.塞尚(Paul Cézanne)與皮耶 - 奧古斯特.雷諾瓦(Pierre-Auguste Renoir)的大型專門展,聚焦探索兩位畫家的藝術交匯點和他們對現 代藝術的影響。雷諾阿擅於在畫中巧妙運用光影效果,在印象派的 發展中扮演了關鍵角色。塞尚則為二十世紀的藝術新潮流奠定基礎。 精彩展品包括塞尚的《 Pommes et biscuits》(蘋果與餅)、《 Nature morte avec soupière》(靜物——蓋罐)、《 Paysage avec toit rouge (Le Pin à l'Estaque)》(紅屋頂與風景),以及雷諾阿的《Claude Renoir en costume de clown 》(穿小丑裝的克洛德.雷諾瓦)、《 Nu dans un paysage》(風景中的裸女)、和《 Bouquet dans une loge de théâtre》 (戲院裡包廂的花束)。同場展出巴勃羅.畢加索(Pablo Picasso)的 《Grande Nature morte》(靜物)和《Grand Nu avec draperie》(裸 女與布),以體現兩位畫家對新一代藝術家的影響。大會亦安排了多 場講座和工作坊,以為參觀者帶來更豐富完整的體驗。此外,一如以 往,策展團隊特別委託當代藝術家創作相關作品,兩位香港藝術家楊 沛鏗和賴筠婷分別為是次展覽創作了兩幅作品,以此向兩位法國畫家 致敬。
Kei Lam vient de publier son troisième livre : Défends-toi toi-même. La scénariste et illustratrice de bande dessinée, travaillant à la fois pour la presse, l'édition et la publicité, « partout il y a du dessin finalement », nous partage le processus d’écriture de ce nouvel ouvrage en visite à Hong Kong. Française et native de l’île, Kei Lam est venue y faire la promotion de son dernier livre, invitée dans le cadre du mois de la francophonie 2025.
Kei Lam a pris conscience de la gravité du racisme et de l’augmentation des agressions pendant le Covid. Ce sujet, qu’elle a inconsciemment voulu éviter jusqu’à présent, s’est finalement imposé à elle pendant cette période qui a exacerbé le sentiment anti-asiatique. Pourtant, cela fait plusieurs années que Kei reçoit des aveux de racisme par ses lecteurs franco-asiatiques, et qu’elle leur avoue être démunie face à ces agressions. Elle décide alors de s’y confronter en participant aux ateliers d’Anne Van Hyfte, thérapeute spécialisée et formatrice en autodéfense mentale, émotionnelle et verbale. Pratiquée depuis les années 70 par les mouvements féministes américains, l’autodéfense a pour objectif de donner aux femmes les moyens – physiques, émotionnels, mentaux – de se défendre. C’est à travers ces ateliers que Kei entrouvre la porte du monde militant et féministe. Elle décide alors de co-écrire ce troisième roman graphique pour donner des clés de défense à ses lecteurs et retracer son parcoursnotamment le fait que maintenant, elle sait dire « non ».
Les ateliers d’autodéfense émotionnelle
Pour Kei, l’autodéfense émotionnelle est un sport : elle se pratique au quotidien, demande de l’entraînement et d’être assidue pour enrayer la sidération, apprendre à réagir aux violences quotidiennes et systémiques et finalement devenir autonome. A travers cet apprentissage, Kei parvient à tordre le bras au cliché de la femme polie et discrète qui garde son calme en toutes circonstances. Chassant les souvenirs de l’enfant sage qu’elle était, elle apprend à crier et à se défendre quand on lui fait du mal. Pour l’autrice, le meilleur remède à la sidération reste l’action : rencontrer des spécialistes, travailler en groupe, s’investir pour éviter d’être passif et de subir. En lisant Défendstoi toi-même , titre qui résonne comme un mantra qu’on se répète le soir face au miroir, le lecteur est immergé dans les ateliers d'autodéfense d’Anne Van Hyfte : on apprend comment reprendre la situation en main après qu’elle nous ait échappé, on assiste à la prise de confiance de Kei Lam et au travail collectif d’entraide et de discussion des participants. Si Kei se définit comme féministe depuis sa rencontre avec Anne, elle avoue avoir toujours été entourée de femmes qu’elle trouve inspirantes, militantes, cultivées, féministes, écologistes et anticapitalistes depuis ses débuts dans sa carrière d’artiste. L’autrice a toujours été au contact de personnes qui l'ont aidée et soutenue dans son travail, d’« alliées » comme elle les appelle. Dans son livre, elle nous fait part de cette sororité qui lui permet d’avancer personnellement, dans une société qui manque parfois cruellement d’entraide. La collaboration, Kei, la recherche aussi dans son métier. De son passé d’ingénieure, elle a gardé l’habitude de l’analyse et de la consultation. Avant d’écrire, elle passe un long moment à faire des recherches, à rencontrer des spécialistes et techniciens des sujets qu’elle souhaite aborder. Pour son deuxième livre Les Saveurs du béton, où il est question de la banlieue parisienne, l’autrice a mûri le projet pendant trois années en interrogeant des cinéastes, des architectes, en absorbant des livres d’urbanisme et des films sur les grands ensembles des années 1970. Malgré ces rencontres, la période de création et d’écriture rime souvent avec
solitude. Pour Kei, c’est la phase finale des projets qui est l’une des plus enrichissantes : promouvoir l'œuvre, renouer avec la presse, les médias et le public, parcourir les festivals, les salons du livres, dédicacer les ouvrages en librairie, dans les écoles et découvrir ce que les lecteurs pensent du livre.
Identité et multiples projets
Pendant ces phases différentes du processus de création jusqu’à l’aboutissement, la frontière entre la vie personnelle et professionnelle se brouille. Malgré les bienfaits évidents sur la santé mentale de Kei, les ateliers d’autodéfense émotionnelle n’ont pas réussi à combler cette ombre au tableau. Lorsqu’on l’interroge sur sa gestion de l'équilibre entre ces deux aspects de sa vie, Kei répond du tac-au-tac « Je gère mal ! ». Celle qui a grandi avec un papa artiste peintre rejette l’idée de « l’artiste avec un grand A », qui passe son temps à réfléchir, à écrire des poèmes et à lire des livres. L’autrice rappelle que son métier demande de la souplesse et de la polyvalence, principalement du fait que cette activité reste précaire. Cela oblige à avoir plusieurs activités en même temps et à être très organisée afin de pouvoir gérer les projets comme une entrepreneure, de A à Z et de réussir à vivre en tant qu’artiste. Selon elle, la réussite est subjective et personnelle. Rapidement, Kei a associé la réussite au fait d’être droite dans ses bottes, d’être alignée avec ses valeurs et de défendre et diffuser ses idées dans son travail. Son papa passionné de dessin, a ainsi réussi en tant qu’artiste puisqu’il dessine tous les jours. Comparé à lui, Kei avoue ne pas adorer le dessin. Ce qui la passionne, c’est d’avoir des projets, des idées et de les faire naître.
Kei Lam a beaucoup écrit à propos de son identité. Même si elle fige ses doutes et observations à ce sujet sur le papier, l’autrice voit son identité comme une entité mouvante, qui varie et s’adapte selon les situations, les périodes de la vie et les rencontres. Dans ce troisième ouvrage, celle qui se sent parfois plus française ou plus hongkongaise que d'autres, parfois citoyenne du monde, parle de l’importance de ne pas se laisser enfermer dans des cases et s’autoriser à cultiver une identité riche, plurielle et fluide. Après sa tournée hongkongaise, Kei se lance à l’assaut d’un nouveau projet, dans le cinéma cette fois. En tant que scénariste et réalisatrice, l’artiste devrait commencer le tournage d’une fiction début juin « si tout se passe bien ! ». Celle qui aime raconter les histoires souhaitait voir ce que cela rendait « lorsqu’on ajoute de la musique, de la lumière, des comédiennes et un travail d’équipe à une narration. »
Pour celles et ceux qui fréquentent régulièrement le centre de Jordan de l’Alliance Française, le prénom d’Évangéline - et maintenant, son nom de plume, Man 文 Hoi 海 Lam 林 - ne vous est peut-être pas inconnu. Vous l’avez croisée lors d’un événement littéraire, ou bien, à l’accueil de la bibliothèque quand elle y travaillait, il y a quelques années. Aujourd’hui, cette autrice hongkongaise publie son premier livre aux éditions Post Script Cultural Collaboration à Hong Kong.《天亮前往海邊走》pour lequel, nous pourrions proposer cette traduction française : Avant l’aube, marcher vers la mer.
L’ouvrage, écrit en chinois traditionnel, n’a pas encore fait l’objet d’une traduction, ni en français ni en anglais. Pourtant, en parcourant les articles critiques, les notes de lecture de la maison d’éditions, les commentaires laudatifs des journalistes, écrivains ou encore universitaires, on devine une richesse littéraire difficile à cerner — mais immédiatement intrigante. C’est précisément cette promesse singulière qui nous a donné envie de la rencontrer, pour comprendre l’origine de ce premier livre, soutenu par un programme du gouvernement de Hong Kong dédié à la jeune création.
Avec Man Hoi Lam, l’entretien navigue librement entre le français, l’anglais et le cantonais. Elle a séjourné à Lyon dans le cadre d’un échange universitaire, et sa maîtrise des langues reflète son aisance à passer d’un monde à l’autre, d’une culture à l’autre, tout comme son écriture. Dès que l’on tient son livre entre les mains, on perçoit le soin apporté à l’objet : qualité du papier, choix typographiques, mise en page élégante, choix réfléchi de plusieurs sources d’illustrations. Un livre pensé comme une œuvre à part entière.
Les photographies sous-marines Waves collection de Martin Cheung - IG @martinpinhole - éditions PSCollabHK
D’après les premières lectures et les retours des médias, il s’agirait d’un recueil d’essais à dimension écologique. Une étiquette déroutante, tant le mot écologique semble, du moins par le filtre de la littérature française, peu habituel de prime abord dans les genres littéraires. Ce livre, dans sa genèse, prit d’abord la forme d’une chronique hebdomadaire, publiée en feuilleton dans un journal du week-end (Sunday Ming Pao). La rédaction avait offert à Man Hoi Lam une carte blanche : elle en fit une écriture des rivages, une cartographie intime de l’archipel hongkongais avec multiples lieux, promenades ou voyages à travers les zones littorales du territoire. Chaque texte est à la fois observation scientifique, méditation ethnographique, et introspection. Une écologie du regard, pourrait-on dire. Le mot écologique devient ici le fil conducteur d’une attention au vivant, au fragile, au mouvant.
De notre conversation, nous comprenons que marcher, c’est parfois tirer à soi le fil discret du temps, pour en extraire quelques éclats — bribes de lumière arrachées à l’ombre — et les projeter sur les lignes côtières de la ville. Écrire, c’est peut-être cela aussi : dans le jeu des reflets, dans la persistance des ombres, observer comment d’infimes existences se déploient, s’agrippent au flux, s’éloignent ou reviennent. En direction de la mer, des eaux, des zones intertidales, les îles de Hong Kong poursuivent leur chant premier, celui de l’évolution. Là où la lumière ne s’est pas encore posée, il est possible que les plaies douloureuses et récentes de l’Histoire soient encore bercées par la tendresse intacte des vagues...
Plus qu’un inventaire de paysages ou un carnet de promenades, ce recueil apporte un travail de mémoire sensible : l’autrice effleure, avec pudeur, les métamorphoses de sa ville natale, en les filtrant à travers ses souvenirs d’enfance et les tourments historiques qui traversent Hong Kong. Chaque promenade devient une tentative de retisser le lien entre les lieux et les récits, entre la nature et l’intime, entre l’histoire collective et l’expérience personnelle. Relus, réécrits, mûris, ces textes se sont peu à peu détachés du contexte journalistique pour se transformer en une forme littéraire plus dense, plus libre. À chaque mot, un grain de sable, une étoile de mer, un crabe échoué. Chaque fragment de texte devient un point dans une constellation intime avec une précision poétique.
Avant l’aube, marcher vers la mer est ainsi le fruit d’une traversée de territoires géographiques, certes, mais aussi de paysages intérieurs, de souvenirs flottants, de sensations fugitives. Le rivage est une promesse de voyage et l’ancre de l’inspiration. Et l’on se prend à espérer qu’une traduction permettra bientôt aux lecteurs anglophones et francophones de découvrir à leur tour cette écriture du seuil, discrète et puissante.
caresse à rebours le génie de la réinvention, il réussit le tour de force de faire oublier son style en s’immisçant dans le flux de conscience d’un gosse. Jamais vu, jamais fait. La schizophrénie est élevée au rang de virtuosité. Gary, héros de guerre et compagnon de la libération, devient Momo « proxynète » en devenir dans les bas-fonds interlopes du Belleville des années 1980.
Le roman oscille entre l’émotion et le rire jusqu’à arracher des larmes à la plus marmoréenne des sensibilités, tel un Orphée du 20e arrondissement. Gary expliquait son rapport à l'enfance : « Maintenant, je crois que le jour où je m’éloignerai complètement de mon enfance, je ne pourrai plus écrire, je ne serai plus un romancier. Je crois que la fonction créatrice est très profondément liée à l'enfance. Tuer l'enfant dans l'adulte, c'est vraiment tuer tout rapport avec la créativité. »
La promesse de l’aube, cet autre élixir de jouvence porté à l’écran avec Pierre Niney, est l’hommage à la mère, Mina. Lyrique à souhait lumineux, fou d’espoir, oraculaire… équivoque aussi, ce roman est à la fois la promesse que la vie fait au narrateur à travers une mère dévouée et la promesse silencieuse qu'il lui fait en retour d'accomplir tout ce qu'elle espère de lui : devenir écrivain (Victor Hugo ou rien), pilote, héros de guerre. C’est peut-être l’origine des mystifications géniales, de la promesse de l’autre, du serment de devenir un autre idéalisé. Cette femme d’origine russe, ancienne actrice puis modiste, éprise de la France et férue d’humanités, accable de preuves d'amour un fils dont la gloire à venir s’érigera à l’aune de son cœur démesuré. Il sera un homme d’honneur. Lorsque Romain rentre indemne d’une confrontation avec des gamins qui l’ont injuriée, Nina le gifle et hurle : « Si on insulte ta mère, je veux qu’on te ramène sur un brancard. » Il se conformera en tous points à ces projections, chérissant inconditionnellement sa mère et la France.
Miroir mon beau miroir, la mystification Gary / Ajar
Marcel Proust postulait : « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c'est la littérature ». Ajar ? Gary? Kacew ? Qu’importe l’athanor pourvu qu’on ait la quintessence, qu’importe qu’il s’agisse de braise ou d’étincelles, tout Gary est dans son œuvre incandescente qui ne cesse de reluire :
« La vérité est que j’ai été très profondément atteint par la plus vieille tentation protéenne de l’homme : celle de la multiplicité. Une fringale de vie, sous toutes ses formes et dans toutes ses possibilités que chaque saveur goûtée ne faisait que creuser davantage. Mes pulsions, toujours simultanées et contradictoires, m’ont poussé sans cesse dans tous les sens, et je ne m’en suis tiré, je crois, du point de vue de l’équilibre psychique, que grâce à la sexualité et au roman, prodigieux moyen d’incarnations toujours nouvelles. Je me suis toujours été un autre ».
Pour Gary, le mythe, la légende et la mascarade font partie intégrante de sa vérité, traçant les contours d'une vie habitable et d'un espace personnel possible. Qui tenterait de démystifier un écrivain dont le propos même était de considérer le mythe comme une condition essentielle à la création, voire à la survie ? Le mythe et l'identité personnelle étaient indispensables, consubstantiels. Jouer avec les rôles et les identités était pour lui une manière poétique de se maintenir debout. Écrire devient un mouvement, un élan, une virevolte où la narration du moi s’exécute à sauts et à gambades pour mieux peindre le passage de
l’être comme chez Montaigne. Point une position fixe, pas une identité figée et immobile mais en mouvement, toujours dans la galerie des glaces et des masques. Gary invoque l’art saltatoire pour conjurer l’insoutenable légèreté de l’être ; il évoque Atlas qui portait le monde sur ses épaules comme possible double titanesque de l’écrivain : « S’il n’était pas écrasé par ce poids, c’est parce qu’il était danseur ».
Comme le dit enfin l’écrivain : « on est tous des additionnés ». Et cette addition est une réincarnation. Car se sentir un, unique, pur, sans mélange, sans conflit interne peut s’avérer être une vraie souffrance. Voilà la leçon : celui dans le nom signifiait « brûle » en russe et le pseudo « braise » n’en finit plus de renaître de ses cendres.
La vie devant soi , 1975.
Vers une organisation apprenante
香港法國文化協會——與時俱進
Texte 文 : Jean-Baptiste Larramendy
Dans un monde en transformation constante, la résilience des entreprises est jugée à leur capacité à s’adapter aux changements. Depuis le début du XIXe siècle, le monde de l’éducation a été bouleversé par plusieurs révolutions successives (internet dans la salle de classe, le smartphone, l’émergence des réseaux sociaux, et plus récemment le choc lié à l’apparition de l’intelligence artificielle, IA). Les professionnels en poste à travers le monde n’ont d’autre choix que de s'accrocher au wagon en marche, faute de rapidement se retrouver sur la touche, hors-jeu.
Etre enseignant de langues, on ne le dira jamais assez, c’est avant tout être à l’écoute de ces changements, c’est être engagé dans un processus de formation continue qui demande de rester ouvert et curieux des nouveaux outils qui apparaissent, et des approches pédagogiques qui (re)viennent sur le devant de la scène. Être enseignant, c’est demeurer un éternel apprenant dans l’âme, et embrasser le changement - quand bien même il n’y a rien de
plus effrayant que la fin des certitudes et la remise en question permanente des habitudes.
Des rendez-vous de formation
Depuis janvier 2025, l’Alliance Française de Hong Kong (AFHK) s’est lancée dans l’organisation de rencontres pédagogiques, en
La cinquième discipline , Peter Senge, 1990
interne, à destination de ses enseignants de FLE. Jusque-là, rien d’exceptionnel car il est normal qu’une structure éducative comme l’Alliance mette en place des moments de formation tout au long de l’année. Ce qui se démarque cette année, dans ces plans de formation, c’est le format choisi, les thèmes, et leur fréquence.
A Hong Kong, nous avons l’habitude d’organiser un grand moment de formation continue à la fin du mois de juin, ouvert à tous les professeurs de FLE du territoire. Cette année, cet événement aura lieu et portera sur des sujets comme l’introduction de l’IA dans nos pratiques de classe, la pédagogie différenciée, l’utilisation de marionnettes avec un public enfant, etc. − autant de sujets qu’on aura plaisir à approfondir durant ces journées dédiées à l'exploration de nouvelles techniques de classe et l’acquisition d’utiles compétences. Bien que ces formations couvrent des thèmes variés, elles sont pensées pour répondre aux besoins d’un panel d'enseignants de FLE travaillant dans des structures allant de la maternelle au contexte universitaire. Leur taille et leur format ne permettent pas toujours de répondre à des questions plus simples mais très précises dans le contexte local : − « et d’abord, c’est quoi l’IGCSE French 0520 ? »
Des rencontres pédagogiques pour l’équipe
Le nouveau cycle de rencontres pédagogiques pour le personnel enseignant de l’AF s’inscrit dans cette logique, plus humble, de proposer des moments d’échange sur des sujets qui concernent directement notre équipe enseignante.
Dans un premier temps, nous avons envoyé un formulaire à nos professeurs pour sonder leurs envies et autres besoins, puis nous avons travaillé sur la programmation, tout au long de la session d’hiver, de ces rencontres pédagogiques. Le but était également de varier les lieux de formation (Jordan, Wan Chai), les jours et les horaires, afin de ne pas frustrer les personnes indisponibles sur certains créneaux − selon les participants, on adaptait l’événement pour correspondre à leurs disponibilités. A deux reprises, nous avons répété des formations sur un autre centre, et à un autre horaire, à la demande de nos enseignants.
Entre janvier et mars 2025, nous avons organisé 8 événements uniques, 28 enseignants ont participé à l’un de ces événements, soit près de la moitié de notre équipe. Chacun a pu choisir les thèmes qui l’intéressaient en fonction de ses besoins. La formation continue des enseignants est un sujet à la fois institutionnel (l’Alliance Française planifie des moments de formation) et individuel (l’enseignant cherche les savoirs et autres savoir-faire dont il a besoin). Il est important que nous rendions possible l’accès à certains savoirs autrefois cloisonnés. Ensuite, auprès d’un large public, comme les apprenants de français langue étrangère, il est important de partager les valeurs de l’apprentissage tout au long de la vie.
Le Label « School for Excellence in French », est un label d’excellence destiné exclusivement aux institutions de Hong Kong proposant des cours de français. Cogéré par l’Alliance Française de Hong Kong et le Consulat de France, il a pour but, comme son nom l’indique, de mettre en avant les écoles qui dispensent un enseignement de qualité en français. Le projet n’est pas nouveau : déjà été porté en 2021, avant d’être brutalement coupé dans son élan par l’arrivée du Covid, il a fallu attendre septembre 2024 pour le voir renaître de ses cendres.
Les raisons d’un label local
Tout d’abord, du fait de la situation du français à Hong Kong : aucune école ne remplit aujourd’hui les critères des autres labels existants, en particulier du label FrancEducation qui demande l’enseignement en français de disciplines non linguistiques (comme l’histoire ou les mathématiques, par exemple). Pourtant l’enseignement du français à Hong Kong reste de qualité et doit être valorisé et reconnu pour inciter davantage d’apprenants à se tourner vers cette langue. Il fallait donc proposer un label adapté
aux contraintes de Hong Kong, en adéquation avec la situation du français dans la ville qui reste une langue étrangère parmi d’autres.
La deuxième raison tient à la visibilité. Un label répond au besoin de distinction. Dans un environnement éducatif hautement concurrentiel, les écoles doivent se démarquer pour attirer les élèves. Le français, dans ce contexte, devient un élément fort de communication des écoles pour mettre en avant leurs programmes : pour les parents, c’est un gage de
Cérémonie d’attribution du label à G.T. (Ellen Yeung) College en février 2025
Cérémonie d’attribution du label à G.T. (Ellen Yeung) College en février 2025
Pour mai 2025, les organisateurs du French Gourmay, à savoir Business France et ses partenaires, invitent tous les gourmets de Hong Kong et Macao à entreprendre une triple exploration des liqueurs et spiritueux français. Des chefs de restaurants gastronomiques, de cuisine sophistiquée ou décontractée, ont conçu des menus spéciaux pour émerveiller les papilles de leurs clients. Les bars prendront également le devant de la scène avec des cocktails innovants, mêlant les spiritueux français aux saveurs locales pour créer des expériences uniques. Le public pourra également profiter des promotions French GourMay proposées par plusieurs commerces détaillants et participer à des ateliers pour découvrir les spiritueux, que ce soit comme ingrédients en cuisine, composants pour les cocktails ou, plus simplement, en tant que digestif servi après un repas. Deux événements majeurs s’organisent : les marchés French GourMay, organisés en collaboration avec le Chinachem Group, animeront respectivement le Marché Central et le Nina Mall au début du mois de mai et au début de juin. Ce sera l’occasion de s’imprégner des saveurs françaises avec des stands gourmets, des démonstrations de cuisine et des dégustations d’alcools et de spiritueux !
Cuisiner avec de l'alcool : une longue tradition française
Si vous ouvrez un livre de cuisine traditionnelle française, vous y trouverez probablement plus de recettes avec une touche d’alcool que sans. De l’assaisonnement des terrines et pâtés à l’enrichissement des ragoûts mijotés et des casseroles copieuses, en passant par le flambage des desserts, des spiritueux comme l’Armagnac apportent une profondeur substantielle de saveur aux plats. Et dans la plupart des cas, il suffit d’une petite touche pour obtenir de grands résultats !
Apéritif : l'heure joyeuse française
L’apéritif est un rituel (et une pratique culturelle) avant le repas qui ne concerne pas seulement les boissons ; c’est une occasion de se rassembler entre amis, de se détendre et de se préparer pour le repas à venir. En France, les choix d’apéritifs varient selon les régions — par exemple, le Pastis est un favori dans le sud, notamment à Marseille, tandis que le Calvados est préféré en Normandie ou le Cognac en Charentes. De nos jours, les cocktails sont également un choix populaire, la diversité des spiritueux français permettant une innovation audacieuse. Des spiritueux emblématiques associés à des régions particulières, comme le rhum de Martinique et de Guadeloupe, sont désormais bien établis dans les bars à cocktails à travers le monde.
Terminer un bon repas avec un digestif
Mais les Français savent que la façon dont vous terminez un repas est tout aussi importante que celle dont vous le commencez. C’est là qu'intervient le digestif. Ces petites boissons après le dîner, bien que sérieuses, aident à apaiser l’estomac et marquent la fin parfaite d'un excellent repas. Les digestifs courants incluent souvent des vins fortifiés, des eaux-de-vie comme le Cognac, ou diverses liqueurs comme le Fernet ou la Chartreuse.
Ne manquez pas ce voyage enivrant et illuminant. Levez votre verre au mois de mai – où les spiritueux français enflammeront (avec modération) les nuits de Hong Kong et Macao.
今年的第十六屆法國五月美食薈( Le F rench GourMay)以「Spirit up!」為主題,此美食與葡 萄酒慶典將揭示法國飲食文化與生活藝術中不 可或缺的一環——烈酒。這些法國美酒是集合 優秀地理條件、匠心工藝與專業技術的結晶。 從閃爍琥珀光澤的干邑(Cognac)到風味細膩 的卡爾瓦多斯蘋果白蘭地(Calvados),每一口 佳釀都引領我們穿越時間,探索源遠流長的法 國傳統工藝。
La pièce Corps extrêmes par Rachid Ouramdane / Compagnie de Chaillot est décrite par Le Monde comme « une méditation sur le risque, le vertige et la peur » qui explore le désir humain de pesanteur à travers un mélange exaltant de danse, d'acrobatie et de sports extrêmes. En 2023, The New York Times a nommé Corps extrêmes comme l'une des meilleures performances de l'année. En mars 2025, il a été désigné Meilleur Spectacle de Danse Internationale par la plateforme des arts de la scène Recomana.
frenchmay.com
Juin : French May Jazz
Le grand trompettiste suisse Erik Truffaz sera à HK City Hall pour un concert le samedi 7 juin, nommé Rollin’ & Clap ! où il vient illustrer son évolution continue et sa volonté d'expérimenter de nouvelles formes tout en respectant les traditions du jazz qui l'ont façonné Son dernier album ne se contente pas d'être une exploration des thèmes de films du XXe, mais témoignent également de sa contribution continue au jazz et à la musique de film. Il interprétera des pièces emblématiques avec une touche jazz nouvelle, ainsi qu'une gamme de morceaux impressionnants qui soulignent le style unique de Truffaz à la trompette.
frenchmay.com
Juin : Fête de la musique 2025
Make Music Hong Kong! revient pour sa 8e année consécutive. Depuis 1982, la Fête de la Musique en France célèbre le solstice d'été de l'hémisphère nord, le 21 juin. Make Music Hong Kong! rejoint 750 villes dans 120 pays pour célébrer cette occasion. Cet événement musical gratuit est ouvert aux musiciens amateurs et professionnels de Hong Kong et d’Europe avec plusieurs scènes sur l'île de Hong Kong et à Kowloon. Les concerts se tiennent au Wanch, au Fringe, à l’hôtel Eaton et au club Trilogy, les 20 et 21 juin 2025. La musique sera célébrée pour tous !
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Juin : Photographie, le rêve hongkongais de Frank Horvat
La galerie Boogie Woogie organise une exposition sur le grand photographe allemand, Frank Horvat, qui, dans les années 60, a photographié Hong Kong. Fasciné de découvrir une ville dense agencée verticalement, remplie de personnes, de logements, d'objets et de symboles, où l'espace vide était inimaginable, Horvat a trouvé un cadre idéal pour ses clichés. Fiammetta Horvat, fille du célèbre photographe et administratrice du Frank Horvat Studio, partagera de nombreuses histoires nostalgiques, architecturales, culturelles et même sensorielles sur Hong Kong à travers le regard de son père. boogiewoogiephotography.com