15 livret art

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Les œuvres de Daniel Spoerri dont nous allons parler spécifiquement sont en lien avec la nourriture. En effet, après avoir inventés ses premiers « tableaux-pièges » constitués d’objets du quotidien ramassés et collés sur des planches, puis rédigé une Topographie anecdote du hasard dans laquelle il décrit minutieusement des objets présents sur sa table de nuit, il créé des Détrompes-l’oeil qui concentrent des objets détournant et remettant en cause des images auxquelles ils sont associés. En 1968 Daniel Spoerri se consacre à la restauration en ouvrant un restaurant où la nourriture servie est préparée par l’artiste lui-même. Il ouvre également une Eat-Art Gallery où clients et artistes sont invités à venir réaliser des œuvre comestibles. C’est en collant les restes et les plats des repas de ses clients à leurs tables qu’il devient célèbre. Il les laisse en l’état, tels que les clients les ont laissées en quittant son établissement, ainsi il réalise de nouveau des tableaux-pièges.


Puis, au fil des années il a poursuivi la réalisation d’œuvres comme La poubelle renversée qui témoigne d’un point de vue très critique sur notre société de consommation. L’œuvre de Daniel Spoerri rend très efficacement compte de la société de consommation qui mange. En se servant dans les poubelles il prélève des restes et des emballages, montrant ainsi ce que l’homme rejette en mangeant.

En dénonçant une attitude de ce type, l’artiste questionne nos gestes et nos habitudes. En rendant visible l’intérieur d’un poubelle que l’on s’évertue sans cesse à refermer chez soi ou ailleurs, il laisse entrevoir ce que nous voulons pourtant tant cacher, nous cacher, à savoir notre sur-consommation. Dénoncer par ce genre « d’œuvres » d’art peut donc s’avérer être une méthode subtile mais néanmoins efficace.


Soil Kitchen (2011) est une intervention architecturale dans un moulin à vent abandonné qui invite les habitants de Philadelphie à concevoir les avantages d’un avenir vert. Par exemple, en venant dans cette cuisine d’un nouveau genre, on peut troquer un échantillon du sol de son jardin contre un bol de soupe préparé avec des légumes locaux. Au programme des ateliers proposés on retrouve la construction d’une éolienne, l’apprentissage de techniques d’agriculture urbaine, des méthodes pour réaliser son propre composte ou encore des cours de cuisine.

Dans une démarche qui cherche désormais à solutionner plutôt qu’à dénoncer, le Collectif multidisciplinaire d’origine américaine, Future Farmers sonde la société contemporaine à l’aide d’installations participatives. Ses interventions prennent forme dans l’implication manuelle, corporelle, dans la dimension instantanée et les accidents qui en découlent. Flat bread Society (2012–2016) est l’une des propositions faites par le collectif. Cette installation itinérante s’intéresse au pouvoir fédérateur du pain et à la relation que nous entretenons avec lui.

Ce genre d’art, à la frontière entre la vie réelle et la vie rêvée, questionne sans cesse notre rapport à l’environnement et soi, tout en nous amenant doucement à repenser notre mode de consommation par la nourriture.


Une autre artiste allemande, Sarah Illenberger, associe des fruits et légumes à des objets de notre quotidien pour donner naissance à des objets hybrides frais et humoristiques. Des betteraves taillées en forme de diamants, au rouge à lèvres carotte, en passant par l’artichaut pinceau et l’ananas disco, elle nous offre une nouvelle façon de consommer cinq fruits et légumes par jour ! Ainsi, elle propose une images des fruits, des légumes et de l’alimentation plus poétique et plus insouciante. La connotation positive de ses créations peut avoir un côté plaisant et séduisant, qui nous pousserait presque à consommer davantage de produits frais.



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