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la guerre des boutons

les Velrans et les longevernes
s’affrontent à Saint-Hilarion
Tourné en 1961, le film La Guerre des Boutons a connu un énorme succès avec près de 10 millions d’entrées. Le scénario est né à Saint-Hilarion.
© Yves f ossey
Michel Galabru, Jacques Dufilho, Jean Richard, Pierre Tchernia et Martin Lartigues alias Petit Gibus figurent à l’affiche de la guerre des Boutons où des enfants de deux villages s’affrontent. Malheur aux perdants : les boutons de l’ensemble de leurs vêtements sont coupés. Le scénario fonctionne. Les défis s’enchaînent et les boutons tombent. Quelques répliques du Petit Gibus, âgé de 9 ans à l’époque, sont même devenues cultes : « si j’aurais su j’aurais pas venu » ou encore « mon pantalon est décousu, si ça continue on verra l’trou d’mon… pantalon est décousu… » De nombreuses scènes de cette bataille se sont déroulées dans les communes proches de Rambouillet, notamment à Saint-Hilarion, Saint-Arnoulten-Yvelines, Orphin ou encore Poigny-la-Forêt. Ce n’est pas un hasard. Yves Robert, le réalisateur, était domicilié à Saint-Hilarion, au Moulin de Guéville, du nom de la rivière qui traverse la localité. Le siège de sa société de production est implanté à Rambouillet.
« si j’aurais su, j’aurais pas venu »
Le cinéaste a les décors à côté de chez lui mais il a besoin d’enfants pour constituer les deux groupes rivaux qui se querellent, les Velrans et les Longevernes. Il se rend alors tout simplement à l’école de Saint-Hilarion où il choisit des écoliers, qu’il invite par la suite à passer une audition dans sa propriété. Daniel Tuffier, tout juste âgé de 10 ans, est sélectionné. Aujourd’hui, à 71 ans, il n’a rien oublié de cette « formidable aventure ». « mes parents ne voulaient pas que j’y aille et Yves robert est venu voir ma mère pour lui expliquer le tournage afin de la convaincre », souffle-t-il. Des enfants de l’école de Gazeran sont également de la partie. « nous étions au total une centaine d’enfants, certains venaient de Paris. toute la durée du tournage, qui s’est déroulé pendant les vacances d’été, nous étions installés au moulin de guéville, sous des tentes de l’armée ». Et il s’y voit comme si c’était hier. « on faisait ce que nous disait Yves robert. il nous montrait comment faire des bêtises. à ce propos il n’était pas le dernier, avec sa voiture il roulait dans les champs de maïs, reprend-il. nous n’avions pas conscience qu’on faisait un film, c’était comme des vacances ». la guerre des Boutons a été l’unique expérience cinématographique de Daniel Tuffier. Concernant Martin Lartigues, le Petit Gibus, s’il a posé ses valises dans les Landes et qu’il est devenu artiste peintre, il n’a pas complétement quitté SaintHilarion. « la garderie que nous avons inaugurée en 2018 porte son nom », rappelle Jean-Claude Batteux, le maire du village. Ce n’est pas la seule trace du film. La salle polyvalente porte le nom du réalisateur Yves Robert. En revanche, l’école de Daniel Tuffier et ses camarades n’existe plus. Un nouvel établissement scolaire a été construit et les anciens locaux ont été transformés afin d’y aménager la mairie.
daniel tuffier devant la salle petit gibus.
Les Tuche transfèrent l’Elysée dans les Yvelines

Décidément les Tuche sont irrésistibles. Avec eux, tous les coups sont permis y compris pour le tournage du troisième volet de leurs aventures.

Olivier Baroux, le réalisateur, qui a installé ses caméras dans les Yvelines, fait des prouesses. Avec lui, le château de Voisins à Rambouillet devient le Palais de l’Elysée, le salon des Aigles de l’Hôtel du Département accueille le Conseil des Ministres et les jardins de la Préfecture sont transformés en lieu de détente avec des transats mais aussi avec une piscine gonflable. Lors du tournage, le metteur en scène a livré quelques secrets. « on ne pouvait pas tourner à l’Élysée pour des raisons de temps et de sécurité. on s’est rabattu sur le château de Voisins à rambouillet qui nous a servi principalement pour la façade de l’Élysée ». Quelques trucages ont été ajoutés lors du montage pour réussir totalement le subterfuge. Et l’illusion fonctionne. Colonnes, tapis rouge, graviers dans la cour… à Versailles, c’est pour la beauté des salons et l’architecture des bâtiments que le metteur en scène a choisi l’Hôtel du Département et la préfecture. « cela a été assez simple pour nous de tourner dans ces endroits. les demandes ont été traitées très rapidement, et surtout positivement. on manquait de décors, on n’a quasiment rien eu à faire en décoration parce ce que cela ressemble plus ou moins à l’Élysée. les ors de la république sont à peu près partout les mêmes ». Les Tuche sont comme chez eux. Pas de chichi. Alors que Jean Paul Rouvre, en président, dirige un Conseil des Ministres, Isabelle Nanty, son épouse, est loin des us et coutumes de la fonction de première dame. Elle s’invite à la réunion avec son bac à linge sous le bras. Dehors c’est la fête. Dans les jardins, les enfants et les proches s’adonnent aux plaisirs de la baignade… Les témoins du tournage ont vécu des instants invraisemblables. « Voir isabelle nanty traverser la cour du conseil départemental en charentaises et en chemise de nuit rose, c’est phénoménal, d’autant que les personnalités qui sont accueillies dans ce lieu sont toujours très bien habillés », explique l’un d’eux.
Beynes devient Bouzolles
Le metteur en scène a même transformé l’ancienne salle du Conseil des ministres en chambre à coucher. « tout est millimétré et tout le monde est concentré, les acteurs tout comme le metteur en scène sont à fond dans le scénario », souligne un second témoin. Un autre lieu a accueilli les comédiens et les équipes de production. La petite gare de Beynes a changé d’appellation pour être rebaptisée gare de « Bouzolles », la fameuse ville des Tuche, inventée pour le film. à l’occasion du tournage, plusieurs habitants de Beynes ont joué le rôle de figurants et pris place sur

le conseil des ministres dans le salon des aigles de l’hôtel du département.
le quai. « Pour simuler l’arrivée du tgV et le souffle de la rame, la production avait mis en place de gros ventilateurs, se souvient l’un d’eux. au coup de sifflet les appareils sont actionnés et tout le monde devait tourner la tête pour regarder le train, car il ne s’arrête pas comme prévu… lors des nombreuses prises, l’un des engins est tombé en panne, il a fallu 45 minutes pour le réparer ». Les participants ont pris beaucoup de plaisir. « c’est très intéressant de voir l’envers du décor », témoignentils. Mais « tourner une ou deux scènes sur toute une journée, c’est long surtout pour quelques minutes à peine au final dans le film ! » Ils retiennent également la gentillesse des acteurs et de l’équipe de production. « à la mairie, isabelle nanty s’est prêtée au jeu des photos pour le plus grand bonheur des agents municipaux, ça fait des bons souvenirs ». D’autres films ou séries ont été réalisés dans les locaux du Conseil départemental ou de la Préfecture, par exemple pour l’opération corned-Beef avec Jean Reno et Christian Clavier en 1991 ou encore l’assaut avec Vincent Elbaz en 2010 mais aussi Baron noir avec Kad Merad en 2017 tournée pour la chaîne Canal +.

les jardins de l’elysée installés à la préfecture des yvelines.

