INitiatives Bordeaux - Hors Série "Femmes Inspirantes"

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Hors-série

MARS 2019

FEMMES INSPIRANTES GRATUIT

itiatives IN Bordeaux

LE MAGAZINE QUI S’ENGAGE AVEC VOUS

__ARTS ET CULTURE

Azama

LES ÉMOTIONS ÉFFILOCHÉES _PAROLES CROISÉES

NATHALIE LOISEAU : L’INSPIRANTE MINISTRE DES AFFAIRES EUROPÉENNES _LÉA THOMASSIN

LA VOLONTÉ D’ACCOMPAGNER


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MARS 2019

Hors-série

itiatives IN Bordeaux

FEMMES INSPIRANTES GRATUIT

ÉDITO LE MAGAZINE QUI S’ENGAGE AVEC VOUS

IN itiatives BORDEAUX

__ARTS ET CULTURE

Azama

LES ÉMOTIONS ÉFFILOCHÉES _PAROLES CROISÉES

NATHALIE LOISEAU : L’INSPIRANTE MINISTRE DES AFFAIRES EUROPÉENNES

CET ÉDITO NE DEVRAIT PAS EXISTER

_LÉA THOMASSIN

LA VOLONTÉ D’ACCOMPAGNER

Couverture : © Marie Vaubourgeix En une : Léa Thomassin. Édité à 20 000 exemplaires.

Retrouvez-nous sur www.initiativesbordeaux.fr et sur nos réseaux sociaux

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ans un monde parfait, rien de ce que je vais écrire ne devrait exister ! Car dans un monde parfait, les forces s’équilibrent, les hommes tendent la main aux femmes, les femmes aux hommes, l’égalité est un réflexe, une évidence, une quête, un absolu que l’on aime atteindre ensemble.

Dans un monde parfait, de la plus petite marche à la plus haute marche de l’état, du G7, du Davos, de l’entreprise, des médias, des syndicats, des partis politiques, des fondations, des prix Goncourt ou Albert Londres, des musées, des institutions, des monuments, de l’espace public, de la cour d’école, un homme et une femme s’affichent côte à côte, portant sur leurs épaules la responsabilité d’une planète dans laquelle s’épanouiront les générations futures. Dans un monde parfait, pas de quotas, pas de batailles, pas de MLF, pas d’Audacieuses, pas de féministes, pas de Femen.

MARIE-LAURE HUBERT NASSER Dans ce numéro événement d’ INitiatives Bordeaux, nous avons choisi d’inviter l’auteure Marie-Laure Hubert Nasser. Passionnée par Bordeaux, elle en est la directrice de la communication. Avec « La carapace de la tortue », suivie de « Spleen Machine » et de « Semblant sortir du noir » (Éditions Passiflore et Folio Gallimard), elle réalise son rêve : devenir romancière. Découvrez, au fil des pages, ses coups de cœur, ses réactions ainsi que les engagements qui l’animent. Elle a accepté de partager avec nous ses INitiatives à Bordeaux.

Dans un monde parfait, pas de jugements de valeur, pas d’ordres, pas d’insultes, pas de caquetages, pas d’humiliations, pas de mariage forcé, pas de violences verbales ou physiques, pas de lutte, pas d’esclave, pas de charge mentale. Dans un monde parfait, pas de plafond de verre ni de sillons, pas de syndrome de l’imposture ou de la hotte, pas de nécessité d’en faire toujours plus pour montrer ce que l’on vaut. Dans un monde parfait, des femmes patrons, des femmes pompiers, des femmes présidents, des femmes ministres d’état, des femmes chirurgiens ou ouvriers, des femmes aux premiers rangs de leurs passions. Mais notre monde n’est pas parfait. Alors, merci d’avoir osé mettre en avant ces femmes qui font Bordeaux et seulement elles. Chacune à sa façon. Marie-Laure Hubert Nasser

Ce numéro Hors-Série de INitiatives Bordeaux est édité par IN Magazines – SAS au capital de 10 000€ - RCS Bordeaux 831 530 779 - 10 quai de la Monnaie, 33800 Bordeaux - contact@inmagazines-bordeaux.fr - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Wilfried Barbot - REDACTION : Elise Carde/ Benjamin Rosoor - redaction@inmagazines-bordeaux.fr - Rédactrice en chef invitée : Marie-Laure Hubert Nasser – Rédactrices : Sophie Garrigues/Perrine Tiberghien/Sonia Fajnzilberg - CREATION GRAPHIQUE : IN Magazines - REALISATION : Web Report/Cassandre Faure - CREDITS PHOTOS : Marie Vaubourgeix/Maxime Gautier/Cassandre Faure/Unsplash - PUBLICITE pour IN Magazines : publicite@inmagazines-bordeaux.fr - REMERCIEMENTS : Nathalie Kaïd/Vandana Shiva/Marine Ardizzoni/Pauline Reiffers/Johanna Caraire/Hélène de Ligneris/Arielle Piazza/Sylvie Cazes/Aurélie Guénant/Nathalie Loiseau/Julia Stewart/Michèle Walter Canales/Luciana Morgera/Julia Mouzon/Suzie Maillot/Anaïs Fournier/Trang Phan/Léa Thomassin/Xibina Carreau/ Alyssa Daoud/Rachel Khan/Céline Dupré/Claire Mestre/Camille Choplain/Madina Querre/Françoise Vernet/Sophie Barthélémy/Anne-Sophie Novel/Azama/ Severine Valette/Rose Melon/Marine Bermond/Cécile Despons/Daniela Felletti/Anne-Cécile Banos/Sophie Maxwell/Laurent Hyttenhove - FABRICATION : Imprimé en Belgique par Corelio Printing - DEPÔT LEGAL : à parution – Mars 2019 Reproduction interdite en tout ou partie, sans l’autorisation de l’éditeur. Les articles et annonces publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellés des annonces, fournis par les annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Ce magazine est protégé par la loi du 11 mars 1957 sur la propriété artistique. /Marques et modèles déposées/ Ne pas jeter sur la voie publique.

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itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


sommaire

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_ LES LUMINEUSES

Elles irradient Bordeaux Peggy Halna du Fretay, Pauline Reiffers & Johanna Caraire, Hélène des Ligneris, Arielle Piazza, Sylvie Cazes

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_ PAROLES CROISÉES

Nathalie Loiseau: l’inspirante ministre des affaires européennes

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_ PORTRAIT

La volonté d’accompagner de Léa Thomassin

_EDITO............................................... 5

_LES ACCOMPAGNANTES................. 43

_LE DESSIN........................................ 7

Céline Dupré, Claire Mestre

_CITY IN SITU....................................8

_LES SENTINELLES

_LES COMBATTANTES....................... 27

Camille Choplin, Madina Querre, Françoise Vernet

Julia Mouzon, Suzie Maillot, Trang Phan

_LES BIENVEILLANTES...................... 34 Xibina Carreau, Alyssa Daoud, Rachel Khan

6 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes

_ARTS ET CULTURE

........................... 48 ........................... 54

Sophie Barthélémy, Anne-Sophie Novel, Azama

_L’OEIL SUR LES RÉSEAUX

............... 58



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Vandana Shiva, une Sœurs d’Encre : le tatouage après figure majeure à un cancer du sein Darwin V

andana Shiva, c’est l’une des figures majeures de l’écologie. L’écrivaine et militante féministe indienne prend la parole entre les murs de Darwin, pour une rencontre autour du livre coécrit avec Lionel Astruc « L’Art de la fausse générosité : la fondation Bill et Melinda Gates ». Une excellente occasion de se mobiliser et de s’engager à l’occasion d’un nouveau Micro-Climax à la caserne Niel !

Mercredi 13 mars à 14h, caserne Niel Darwin

Bientôt l’édition 2019 du Festival Musical Ecran !

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’association Sœurs d’Encre par Rose Tattoo, c’est toute une démarche thérapeutique autour du tatouage postopératoire après un cancer du sein. Le groupe de médecins, de femmes et de tatoueuses s’est formé au fil des différentes éditions de Rose Tattoo, organisées régulièrement au cœur de la « Maison Rose » à Bordeaux. Le tout, sous la houlette de l’artiste bordelaise Nathalie Kaïd. Pour continuer à mener des actions d’accompagnement et de sensibilisation, l’association Sœurs d’encre s’est structurée. Les femmes qui se posent la question du tatouage après la maladie y trouvent des réponses et une écoute. Mais pas seulement, puisque l’association forme aussi des tatoueuses pour qu’elles appréhendent mieux la démarche et sa singularité. A consulter et à partager sans attendre… d’autant plus qu’on peut y commander le livre « S’aimer tatouée ». Nathalie Kaïd y partage les parcours, les histoires et confidences de 195 femmes qui ont fait le choix du tatouage après un cancer du sein. www.soeursdencre.fr

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En avril, le documentaire musical est à l’affiche à Bordeaux pour la 5e édition de Musical Ecran. Le festival de documentaires musicaux propose une sélection de films du monde entier, pour explorer des nouveaux codes et repousser les frontières des genres musicaux. La programmation est proposée par Bordeaux Rock et le cinéma Utopia, avec des exclus, des avant-premières et des débats. Du 7 au 14 avril 2019 à Bordeaux.

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Femmes en Lumières au Meetropolitan

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La reconversion fait salon (au féminin)

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a reconversion professionnelle dans un cadre exclusivement destiné aux femmes ? C’est le salon Profession’L, et Bordeaux en accueille une nouvelle édition les 4 et 5 avril. Objectif : proposer des conférences et des solutions concrètes pour les femmes qui cherchent à donner un nouvel élan à leur carrière. Pour cette 7e édition, les organisateurs proposent des workshops innovants et des rencontres autour de l’emploi des femmes… Jeu. 4 ven. 5 avril et de la conciliation de la vie privée avec la vie professionnelle. Rendez-vous à l’hôtel de ville pendant deux jours ! salonprofessionl.com/bordeaux/ - Entrée libre

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i vous avez manqué les œuvres de Stéphanie Clerc et Jean-Charles Rigaud au Meetropolitan, bonne nouvelle : il est encore temps de les découvrir ! L’espace de coworking accueille depuis plusieurs semaines le travail réalisé par l’artiste plasticienne et l’artiste peintre. Au fil d’une trentaine d’œuvres inédites de Jean-Charles Rigaud, l’exposition-installation Femmes en Lumières propose une scénographie étonnante, mise en valeur par les suspensions et lampions imaginés par Stéphanie Clerc. Le Meetropolitan, 31, allée de Chartres à Bordeaux.

Photographies : TADAM • Impression : DS Impression • Conception : Direction de la communication, mairie de Bordeaux • 2019

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Salon de la reconversion professionnelle des femmes

Formation Recrutement Création d’entreprise Accompagnement individuel

©Meetropolitan

Bordeaux Hôtel de Ville 9h-17h

salonprofessionl.com

bordeaux.fr

Courir pour la Fondation des Femmes pendant la Nuit des Relais En 2019, la Nuit des Relais aura lieu pour la première fois à Bordeaux. Il s’agira aussi du premier événement bordelais de la Fondation des Femmes dont vous entendrez parler dans notre portrait consacré à Léa Thomassin. Pendant la Nuit des Relais on court bien sûr - en équipes d’amis ou de collègues - mais aussi et surtout on récolte de l’argent au préalable pour soutenir des associations qui viennent en aide aux femmes victimes de violence. Un bon moment pour soutenir une bonne cause, qui a permis de rassembler plus de 220 000 euros en 2018. L’édition 2019 aura lieu cet été à Bordeaux. Pour plus de renseignements, ne pas hésiter à envoyer un mail à bonjour@fondationdesfemmes.org.

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9 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes

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LES LUMINEUSES

LES LUMINEUSES

Vous les avez sûrement croisées un jour ou vous connaissez forcément leurs réalisations. Arielle Piazza a pris le sport au féminin à bras le corps et se bat à tous les niveaux de décision pour qu’il soit reconnu à sa juste valeur. Le travail photographique de Peggy de Halna du Fretay ne vous laissera pas indifférent et ses mots non plus. Tout comme la belle fraîcheur des deux fondatrices du FIFIB qui fait trembler de joie et de bonheur la Cour Mably tous les mois d’octobre. Enfin deux femmes à la tête de deux institutions bordelaises, deux emblèmes du bien vivre : Hélène de Ligneris et Sylvie Cazes qui oeuvrent tous les jours à nous ouvrir à de nouvelles cultures. >>>


LES LUMINEUSES PEGGY DE HALNA

Crédit photo : Peggy Halna du Fretay

PEGGY HALNA DU FRETAY, DE LA FÉMINITÉ ET DE LA FORCE

La vie de Peggy Halna du Fretay peut ressembler à un combat mais c’est toute sa féminité qui apparaît dans ses photos. Sa force aussi qui lui permet d’avancer, de se projeter dans une vie soumise à de nombreux aléas mais aussi à des défis qu’elle décide de se lancer malgré ses handicaps. 12 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


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lle n’a pas eu beaucoup de répit : dès sa naissance, un choix s’impose. « Se battre ou mourir, je choisis le premier ». Malgré de nombreux problèmes de santé, Peggy Halna du Fretay pratique le ski hors piste et le patinage artistique à un haut niveau. « Et je ne sais pas comment j’ai pu faire ces choses là ; mais, c’est sans aucun doute cette force d’esprit qui me permet d’être là aujourd’hui. Je ne sais pas fonctionner autrement ». C’est pourtant à travers l’art qu’elle va évoluer, là où la compétition est différente. « Quand j’ai cessé de lutter contre la vie, mais plutôt avec ».

Des autoportraits pour mieux se (re)connaître En 2012 que Peggy choisit la photo pour s’exprimer. Elle ne pourra plus montrer les grands espaces des voyages de sa jeunesse. Ce sera des autoportraits. « Je n’avais pas d’autre objet que moi-même pour exprimer mes émotions. Il fallait que je fasse quelque chose de ma vie et j’avais trouvé ce que je cherchais. » Elle se focalise sur sa féminité « pour la sauvegarder », mais elle ne se reconnaît pas complètement dans ces clichés. Elle évolue encore vers l’acceptation de sa « vulnérabilité ».

N’ayez peur de rien et surtout pas de vous-même, et allez au bout des choses Peggy Halna du Fretay est optimiste pour les jeunes femmes qu’elle voit évoluer, à commencer par sa fille d’une vingtaine d’années. « La beauté et la singularité de leur féminité s’imposera d’elle-même ». Elle ajouter : « Elles sont le fer de lance d’une lutte contre l’injustice dans le monde et pas seulement pour la condition féminine ». Des projets nombreux attendent cette femme hors du commun : la création d’un atelier/studio et le tournage bientôt d’un court-métrage. Pour toujours « se frotter au monde, dépasser ses limites ». « L’art n’est peut-être qu’un moyen de lutter et supporter notre handicap à tous : la condition humaine et d’en faire une force ».

Mais cette évolution a été différemment appréciée, selon l’artiste. « Il est intéressant de constater que la bienveillance et la tendresse du regard des hommes sont proportionnelles au degré de violence des images et de ce que je montre de ma vulnérabilité, on ne peut pas toujours en dire autant des femmes que cela renvoie à quelque chose d’intolérable. »

Crédit photo : Peggy Halna du Fretay

Son travail photographique s’en ressent : elle montre son handicap, il devient « visible ». Et sa féminité qu’elle mettait en scène pour mieux la protéger pouvait alors disparaître ? « Cette obligation d’être - aussi - un objet du désir, lisse et sans imperfection est profondément ancrée en nous et nous sommes les premières à craindre de perdre ce statut. C’est sur ce déséquilibre et ce paradoxe que je tente de braquer mon objectif. »


LES LUMINEUSES : PAULINE ET JOHANNA

LES DEMOISELLES DE BORDEAUX ELLES PARLENT ENSEMBLE, D’UNE MÊME VOIX AVEC LE MÊME ENTRAIN DE LEUR BELLE AVENTURE. ELLES NE SONT PAS SŒURS, NI JUMELLES MAIS ELLES FORMENT LE DUO QUI A CRÉÉ LE FIFIB (FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM INDÉPENDANT DE BORDEAUX).

© Christopher Hery

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© Christopher Hery

Pourtant comme les héroïnes de Demy, elles sont parties à Paris « tenter leur chance » et étudier pour Pauline, la comédie et Johanna, les arts plastiques. Dans le film, on ne sait pas si elles reviennent dans leur ville d’origine. Pour Pauline et Johanna, c’est là qu’elles ont réalisé leur rêve. Qui au départ n’en était pas un. « C’est en disant que nous aimerions bien qu’il y ait un festival de cinéma à Bordeaux que nos amis nous ont dit : et pourquoi ne pas le faire ? »

« joie, plaisir, dépassées par ce qui se passe » sont prononcés à l’évocation de cette soirée.

En chiffre 2012 Première édition du FIFIB

Le président du jury est illustre : Olivier Assayas qui sera approché et convaincu par la baby-sitter de son enfant, une amie des demoiselles de Bordeaux. Pourtant, pendant les trois premières éditions, il faut repartir à zéro pour convaincre le partenaires ; mais depuis le FIFIB est installé dans la durée avec une équipe toujours solide et enthousiaste.

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Pas “grand’chose à perdre”

le nombre de festivaliers

Au départ, elles n’ont pas que des atouts pour convaincre : ce sont deux jeunes femmes, qui ne viennent pas du sérail du cinéma. Elles avouent qu’elles n’avaient alors pas «  grand-chose à perdre ». Mais elles mettent quand même toutes les chances de leur côté en faisant une sérieuse étude de marché : « nous avons compris qu’il fallait en premier lieu s’adresser aux professionnels. Derrière tous les gros festivals qui fonctionnent, il y a du business ». Les premiers contacts sont un peu décourageants : ni le CNC, ni les professionnels ne sont enthousiastes, mais Bordeaux a envie de faire de la ville une place importante du cinéma. « On a eu de la chance… ».

accueillis lors de l’édition 2018

7 La 8e édition se déroulera sur 7 jours, du 15 au 21 octobre 2019

« Nous sommes les seules femmes à diriger un festival en France, mais si on a un conseil c’est de ne pas penser qu’être une femme est un handicap. Des personnes se chargent de vous le faire sentir, alors il faut considérer que ce n’est pas important ». Croire en ses projets et si possible trouver le bon binôme celui qui se relève toujours même en cas de coup dur. Cela a été certainement une des raisons du succès. Et bien sûr l’amour du cinéma « qu’il faut célébrer, et la création qu’il faut défendre ». Cette année encore, au mois d’octobre, la Cour Mably va bruisser de critiques de films, de musiques qui rendent joyeux et d’enthousiasmes qui débordent au-delà des murs des salles de cinéma. D’ailleurs, dès cet été, vous pourrez Fifiber, mais chut, c’est un projet encore top secret !

Et surtout un grand élan d’amour lors de la cérémonie d’ouverture, dès le premier jour. Les mots de 15 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


LES LUMINEUSES : HÉLÈNE DES LIGNERIS

LES MACHINES CULTURELLES Hélène des Ligneris fait partie de ces personnes qui laissent des premières impressions marquantes. D’abord du dynamisme, à la façon dont elle circule entre les livres de la Machine à Lire. Ensuite de l’attention, à la façon qu’elle a de s’intéresser à ses interlocuteurs. Et enfin, beaucoup de modestie… même devant un parcours qui ne manque pourtant pas de singularité.

décisions, elle se retrouve à la tête de la Machine à Lire. D’abord uniquement propriétaire, puis rapidement propriétaire et directrice.

Avant la librairie indépendante de la place du Parlement, la Bordelaise a longtemps travaillé dans une entreprise de peinture en bâtiment. Le rôle premier de l’entreprise est la réinsertion par le travail, pour « permettre à des gens en grande exclusion de bénéficier d’un sas professionnel ». Lorsqu’elle « hérite contre son gré » (une expression importante pour elle), la question du devenir de cet héritage se pose très vite. « Je ne me voyais pas changer ma vie », explique-t-elle. De fil en aiguille et de rencontres en

Après les livres de la Machine à Lire, les disques de la Machine à Musique : là aussi, une affaire de circonstances, avec la vente de l’ancienne boutique Harmonia Mundi. Puis la maison de presse de la Petite Machine, rue Le Chapelier. Hélène l’imagine comme une porte ouverte pour le quartier, où on trouve à la fois un petit fonds de livres, la presse bien sûr, mais aussi du café et des chaises. « C’est un lieu de retrouvailles, un lieu de vie dans le quartier, un lieu extraordinaire auquel je tiens énormément », estime Hélène, qui voit « une grande cohérence entre les trois endroits ». Littérature, musique, culture… mais aussi l’occasion de continuer à suivre des engagements sociétaux.

Dans l’insertion par l’emploi. Ou encore en organisant régulièrement des rencontres entre des auteurs et un public en prison. « Le fondement de notre société, c’est la culture : en se cultivant, en lisant on comprend », ajoute la Bordelaise, qui se réjouit de voir que les auteurs répondent volontiers à ces sollicitations. Et la Machine à Lire a changé de visage : plus lumineuse, ouverte sur les découvertes, un endroit où chacun peut trouver de quoi étancher sa soif de lecture. Ce qui n’empêche pas de prendre position aussi sur certains sujets : proposer tout un étal avec des livres sur Simone Veil, par exemple. Un lieu « exigeant, mais pas élitiste ». À la mesure d’Hélène des Ligneris : « c’est un lieu en adéquation avec la femme que je suis ». 16

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© Cassandre Faure

La Machine à Lire, « un lieu en adéquation »


ARIELLE PIAZZA

VASTE SUJET QUE LE SPORT FÉMININ. ET SI LES ÉVOLUTIONS SONT ENCORE LENTES ET DISCRÈTES AUJOURD’HUI, « C’EST À FORCE DE PETITES CHOSES QUE L’ON FAIT DE GRANDES CHOSES », ASSURE ARIELLE PIAZZA.

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djointe au maire chargée des sports, mais également présidente du conseil d’administration du Centre national pour le développement du sport (CNDS), Arielle Piazza œuvre pour que la situation des femmes change fondamentalement. Celle qui admire l’athlète Colette Besson et la boxeuse Sarah Ourahmoune - « des championnes qui ont rajouté tout ce qu’il fallait comme énergie et comme force pour réussir leur parcours » - pense qu’il est dommage de passer à côté du prisme féminin dans le sport. « Les femmes sont curieuses et connaissent bien le sport, ne serait-ce que parce qu’elles accompagnent leurs enfants. »

« Jouer comme une fille » Pour Arielle Piazza, cette expression devrait devenir exemplaire et un moyen de changer l’image de la fille maladroite. Ça se travaille dès la cour de récréation, avec un volet éducatif « juste essentiel » pour que les petites filles ne se disent plus « ça c’est pas pour moi ». Et à tous les autres niveaux : national, local et dans les clubs, où il est important de travailler sur la parité. « Il faut permettre aux femmes d’accéder aux postes à responsabilités, les former, les fidéliser et

créer du lien. Elles ont une vision, une anticipation, une sensibilité. Elles ne s’approprient pas les choses, elles associent la vie des uns et des autres très naturellement. Ça manque dans le sport ! » Arielle Piazza pense aussi à l’arbitrage « parce qu’une femme au sifflet a du pouvoir, ça change les stéréotypes. »

Susciter des envies « Bordeaux doit être un grand terrain de sport où tout le monde est attendu. » Les équipes bordelaises de football et de rugby évoluent dans l’élite, et la prochaine Coupe du Monde Féminine de la FIFA qui aura lieu en France devrait faire progresser le nombre de licenciées. « À chaque événement on suscite des envies et nous sommes prêts à recevoir les filles ! », appuie Arielle Piazza. « Nous sommes en train de travailler pour accueillir les filles en hockey sur glace, cela nécessite des aménagements à la patinoire mais qu’importe ! Il faut se donner les moyens. » Cela passe aussi par des opérations grand public comme Quai des Sports qui aura encore lieu cet été, et… où les filles sont plus nombreuses que les garçons. Le rendez-vous est pris.

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© Ccouly

« LES FEMMES CONNAISSENT BIEN LE SPORT »


LES LUMINEUSES : SYLVIE CAZES

LA CITÉ DU VIN, UN GRAND MILLÉSIME DE SYLVIE CAZES SYLVIE CAZES CONNAÎT BIEN LE MONDE DE LA VITICULTURE ET SAIT QU’IL FAUT ÊTRE PATIENTE POUR OBTENIR UN BON MILLÉSIME. QUE PLUSIEURS FACTEURS PARTICIPENT À LA RÉUSSITE D’UN VIN OU D’UN PROJET COMME LA CITÉ DU VIN. ELLE PRÉSIDE AUJOURD’HUI DE LA FONDATION QUI A EN CHARGE L’EXPLOITATION ET LE DÉVELOPPEMENT DE CE LIEU UNIQUE. 2009 et 2010 furent des millésimes d’exception C’est à cette époque qu’Alain Juppé demande à Sylvie Cazes de réfléchir à un projet de musée sur le monde du vin. Ce n’était pas la première fois que la ville affichait une telle ambition mais tous les signaux sont, cette fois-ci, au vert : les châteaux du Bordelais vont bien et l’adhésion de l’ensemble de la filière est totale, dès le départ. Crédit photo : Serge Chapuis

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ZOOM SUR… Ensuite, même si elle s’en défend, la personnalité de Sylvie Cazes y est pour beaucoup. Viticultrice, un temps responsable de l’Union des Grands Crus, en pointe sur l’œnotourisme, elle est LA personne pour porter ce projet. Elle a connu la frilosité des châteaux à ouvrir leurs portes et elle sent bien qu’une nouvelle génération est prête à jouer le jeu. Elle sait aussi, comme tous les professionnels du vin, la nécessité du choix pour obtenir le meilleur assemblage. Dans ce cas, ce sera la collaboration avec des hommes différents comme Philippe Massol qui ne vient pas du monde du viticole. C’est aussi la présence de mécènes tous impliqués à leur niveau qui permettra l’aboutissement du projet. « La Cité du Vin est le premier établissement touristique et culturel en France à avoir capté autant de fonds par le mécénat » explique Sylvie Cazes.

Se bonifier avec les années ? C’est dans l’ADN des viticulteurs. Rien n’est jamais gagné, chaque année, chaque millésime est un nouveau départ. Sylvie Cazes sait que le gel, la grêle, la maladie peuvent détruire en quelques heures l’ensemble d’une récolte. Pour le monde du tourisme, une crise mondiale (2001, 2008), un mouvement social qui dure, de mauvaises critiques de personnes influentes peuvent casser une tendance positive. «  Nous sommes dans un métier qui est vraiment sensible aux événements du monde » précise-t-elle. Alors, il faut, dans la continuité, se réinventer chaque année. Par exemple, pour le 8 mars, la Cité du Vin a organisé sa première soirée spéciale « elles font bouger le vin » avec la projection du documentaire « Les héritières », un débat avec des personnalités féminines du monde du vin et enfin, un temps de networking. Une journée dédiée aux femmes destinée à devenir un rendez-vous annuel. Ce millésime 2019 semble prometteur.

AURÉLIE GUÉNANT : EN QUÊTE DE SENS Elle aime les belles histoires : « celles qui parlent au cœur, celles qui pour être entendues et légitimées sont portées par des personnes les ayant vécues »… Ainsi, cette patronne qui pendant plus deux décennies s’est concentrée sur le marketing en délivrant des enquêtes et en faisant émerger des idées nouvelles pour entreprises performantes s’est-elle tournée vers les femmes et les hommes qui faisaient les comités de direction en décidant de s’adresser à leur cœur ! Une première expérience à Lille où elle met en scène une dizaine de personnes qu’elle prépare à une prise de parole de dix minutes. Parce que l’entrainement est maitrisé et que ses talkcœurs. Parce que l’entrainement est maitrisé et que ses talkeurs livrent à l’auditoire leur âme et leur énergie vitale, le résultat est extraordinaire. Un parterre de patrons et leurs équipes rient et pleurent, prennent des notes et trouvent un trésor dans ces rencontres : l’inspiration. Aurélie Guénant venait d’inventer son « Regards croisés by » un savoir faire qu’elle met dorénavant au service des grandes marques. La capacité de laisser jaillir les trésors d’une personne que l’on ne connaissait pas vraiment dans le groupe ! Le succès est immédiat. On lui demande depuis de remanier les conventions et les passations de pouvoir dans les entreprises et de faire vibrer les équipes! Pour elle, c’est le paradis. Elle plonge ses mains dans l’histoire des autres en leur permettant de donner à leur récit les couleurs de la vérité et d’exprimer leur passion. Un tour de force que les spectateurs du dernier « Regards croisés by » sur le thème de « La force des fragilités » partagent sur les réseaux sociaux. Magicienne, la dame a su inventer son métier ! Elle continue d’ailleurs à Bordeaux avec l’ouverture prochaine d’une école d’éloquence pour accompagner à la prise de parole en public. www.100pour100quali.com Page facebook Regards Croisés by Chaine youtube Regards Croisés by


PAROLES CROISÉES

NATHALIE LOISEAU

L’inspirante ministre des affaires

europénnes ELLE NOUS AVAIT ÉPATÉS AVEC SON LIVRE « CHOISISSEZ TOUT »* ET SA NOMINATION À LA TÊTE DE L’ENA. VENUE À BORDEAUX POUR L’ÉVÈNEMENT « LES SOCIÉTALES, PAROLE AUX FEMMES », ELLE NOUS AVAIT GALVANISÉES EN NOUS POUSSANT À PRENDRE DES RISQUES, À OSER TOUT SIMPLEMENT ALLER AU BOUT DE NOS RÊVES. ET PUIS ELLE EST DEVENUE MINISTRE ET L’ON POURRAIT CROIRE QU’ENTRANT DANS LES HAUTES SPHÈRES, ELLE SERAIT INTOUCHABLE. ET BIEN NON, MALGRÉ UN EMPLOI DU TEMPS SURCHARGÉ, ELLE A OUVERT LA PORTE DE SON BUREAU AU QUAI D’ORSAY POUR NOUS PARLER EUROPE. RENCONTRE AVEC UNE FEMME DE POUVOIR QUI NOUS INSPIRE ET NOUS POUSSE À AGIR.

maligne qui l’air de rien aspire tout ce savoir. Mais quelle frustration quand même! Il a fallu beaucoup d’intelligence pour transcender cette drôle d’éducation. Elle en retire une incroyable capacité d’adaptation et de rebond. De belles études et la rencontre de personnalités qui lui ont tendu la main complètent son parcours. Une carrière fulgurante et mondiale. Ministre pléni20

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Crédit photo : Maxime Gautier

Enfant, l’ambition dans le foyer familial était portée par un garçon, son frère. Elle en garde un sentiment de « manque de pression confortable ». Une position d’observatrice qu’elle a su faire fructifier au travers d’une carrière trépidante et d’un engagement pour les femmes. Il n’empêche. Il peut tout faire, et elle rien, ou plutôt le regarder : étudier, jouer au tennis, pratiquer la musique… On sent la petite fille


potentiaire, grade le plus élevé de la carrière diplomatique, cette diplômée de Sciences Po Paris et de l’Inalco où elle apprend le chinois, entre en 86 au Ministère des Affaires Etrangères. Affectée à l’international, elle fait ses armes à Jakarta, Dakar, Rabat et Washington. Rien ne lui échappe en matière de diplomatie et de conflits mondiaux. En 2011, Alain Juppé lui confie la direction générale de l’administration et de la modernisation au Ministère des Affaires Etrangères. Elle a été nommée en 2012 directrice de l’ENA. Une femme diplomate non énarque, à la tête du symbole de l’élitisme français. L’an dernier, c’est comme Ministre chargée des Affaires Européennes qu’elle revenait rencontrer Alain Juppé à la mairie de Bordeaux. Quel chemin ! Son entrée dans le quinquennat fut discrète. Nous la reconnaissons bien là, avec son habitude d’explorer le terrain avec humilité. Il est vaste, à la taille de l’Europe. Et alors que les élections approchent et que bruisse son nom comme tête de liste LREM aux Européennes, nous scrutons son compte twitter où elle bataille chaque jour contre l’intolérance et les mouvements extrémistes. On disait de la Madame Europe du gouvernement qu’elle était techno, on sait maintenant qu’elle est politique !

Vous vous souvenez de ce coup de fil qui vous a faite Ministre ? NL. La surprise fut énorme ! Savoir que l’on a deux heures pour changer de vie, que l’on en a très envie mais que l’on sait que ce sera complexe, cela fait le l’effet ! J’ai la chance d’avoir un conjoint qui m’a encouragée. J’étais enthousiaste et curieuse. Une nuit sans sommeil pour préparer ma rencontre avec le Président. Bien sur, j’aurais pu finalement ne pas être sur la liste. D’ailleurs j’étais en jean et tee-shirt en train de ranger chez mon père quand le téléphone a sonné. Le lendemain, j’avais mon premier conseil des ministres et mon premier conseil Européen!

Vous avez toujours choisi le vaste monde pour exercer vos fonctions ministérielles, pourquoi ? NL. C’est génétique je crois ! Ma grand-mère qui était née en France est partie vivre en Australie. Elle 21 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes

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PAROLES CROISÉES a appris l’anglais sur le bateau, le temps de ce long voyage. Mon frère est parti pour sa carrière au Maroc. Mon père en Argentine et au Brésil…

L’ Europe est l’espace où les écarts entre les femmes et les hommes sont en moyenne les plus faibles

Si vous deviez nous « vendre » l’Europe, quelle serait la liste de ses bénéfices? NL. La paix. Nous n’avons jamais été en paix aussi longtemps depuis la réconciliation franco-allemande. L’Europe nous protège. C’est l’espace au monde où la sécurité est la plus grande. Sur les produits consommés par exemple où l’on peut dire en 72 heures, comme cela vient de se produire où est la viande non contrôlée et la détruire. Il y a 40 scandales alimentaires en Europe pour 40 000 en Chine. C’est aussi l’Europe qui contrôle la qualité de l’eau sur les plages. Ou la qualité des jouets, des peintures et cela ne fonctionnerait pas de la même façon si nous n’étions pas 500 millions à consommer les mêmes produits. L’Europe intervient également en matière numérique. Nous sommes le premier espace au monde qui invente l’intimité numérique en contrôlant par exemple l’origine des données…

Qu’en est-il de l’Europe et des femmes ? NL. L’Europe est l’espace où les écarts entre les femmes et les hommes sont en moyenne les plus faibles. La convention d’Istanbul engage dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Bien sur, certains pays n’ont pas ratifié mais personne n’a parlé de ceux qui l’ont fait. Les droits des femmes constituent un enjeu européen. Il règne encore des disparités sur des sujets comme l’avortement ou le mariage homosexuel.

En chiffre 500 c’est en millions le nombre de consommateurs au sein de l’UE

64 % du volume total des échanges

Crédit photo : Maxime Gautier

commerciaux

Quelles sont nos valeurs fondatrices ?

des pays de l’UE sont réalisés avec d’autres Etats

NL. Le rejet de la peine de mort est une valeur fondatrice de l’Union. L’état de droit. La justice indépendante. La li-

22 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes

membres


Crédit photo : Maxime Gautier

berté de la presse. Cela constitue des règles que l’on accepte. Dont on a besoin.

Le Brexit, cela nous concerne ou pas vraiment? NL. Les Britanniques ont décidé de quitter l’UE il y a 2 ans. Nous le regrettons mais le respectons. Dans cette séparation, 2 possibilités : à l’amiable ou brutalement. Michel Barnier a fait un excellent travail de négociation depuis 18 mois. Cet accord est sur la table. Ma préoccupation est de protéger les intérêts des Français et des entreprises françaises. Un mauvais accord serait plus dommageable qu’une absence d’accord.

dire la nationalité : Léonard de Vinci, Chopin… Et puis l’Europe a été faite par les femmes. Simone Veil par exemple.

Qu’est ce qui vous met en colère ? NL. Ceux qui là où ils sont, font comme on a toujours fait !

Qu’est-ce qui vous réjouit ? NL. Le fait que les Français adorent débattre. Même quand le pays va mal, nous sommes capables de nous mettre dans une même pièce et de discuter, ça me donne la pêche, c’est le contraire des idées reçues.

Pouvons-nous parler d’une identité européenne ? NL. Il y a toujours eu des mouvements de pensée ou artistiques qui ont traversé toute l’Europe. Le romantisme, le surréalisme… Nous avons tout cela en partage. Avec des personnages dont on ne sait plus 23 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes

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CROISÉES _ PAROLES CROISÉES _ PAROLES CROISÉES _ PARO

Crédit photo : Maxime Gautier

Ma préoccupation est de protéger les intérêts des Français et des entreprises françaises. Un mauvais accord serait plus dommageable qu’une absence d’accord.


PAROLES CROISÉES

Julia Stewart Fonction : Assistante de direction Julia Stewart est Anglaise. Installée à Bordeaux depuis une vingtaine d’années, elle est assistante de direction. Cette Européenne convaincue est désolée par le Brexit L’Europe est un territoire plein d’opportunités avec les avantages économiques indéniables liés au marché unique. L’Union permet aussi la mise en place de moyens de lutte plus efficaces contre les menaces, malheureusement bien nécessaire à notre époque. Pour une femme, il est possible d’y bouger librement, de passer d’une culture à une autre. Ce n’est pas le cas sur tous les continents.Pour nos enfants, étudier dans un autre pays est devenu plus facile. S’ouvrir à d’autres horizons est toujours très enrichissant. Moi-même j’ai pu passer une année en Espagne à Madrid avant de m’installer depuis maintenant 20 ans en France. Toutefois, je garde des liens très forts avec mon pays l’Angleterre. Mes enfants ont la double nationalité et nous essayons de les élever avec cette notion de double culture. Le débat autour du Brexit me désole beaucoup. Je ne suis pas persuadée que les Anglais souhaitent réellement quitter l’Europe.

Michèle Walter Canales Fonction : Communiquante et ancienne volleyeuse pro Née d’une mère allemande et d’un père alsacien, je suis Européenne, enfant de la paix. Aujourd’hui la famille s’est enrichie avec d’autres cultures, d’autres langues, d’autres cuisines et c’est passionnant. En fait, pour moi qui suis une ancienne volleyeuse de haut niveau, l’Europe c’est comme un sport collectif : une équipe avec des individualités qui ont des qualités spécifiques qui s’additionnent. C’est vivant, ça bouge, on est pas toujours d’accord, ça évolue ; il faut s’entraîner très régulièrement pour garder le niveau et s’entendre sur le terrain. Idem pour l’Europe. je pense qu’il faut continuer l’Union européenne pour se développer, à l’heure de la mondialisation et des autres blocs puissants. Ce n’est pas facile, ni sur le plan économique ni sur le plan politique, mais c’est stimulant et indispensable pour nos enfants qui feront que ce vieux continent devienne un autre nouveau monde. Alors que des extrémistes haineux se réexpriment sans retenue, soyons des « ambassadeurs de bonne volonté » contre la peur, pour la tolérance et la mise en commun de nos différences. Soyons Européens.

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Luciana Morgera Fonction : Créatrice d’ambiance « Citoyenne européenne et fière de l’être! Ce grand projet visionnaire de démocratisation et de rapprochement entre les peuples a beaucoup marqué mon adolescence. Surtout le rêve d’une Europe pacifique, unie et prospère. Un terrain de dialogues interculturels fondés sur les valeurs de démocratie, de justice et de liberté. Un espace de paix et de stabilité que nous tenons désormais pour acquis. Aujourd’hui je me rends compte que je suis habitée par tous ces valeurs, que la diversité culturelle et les imaginaires différents font partie de notre précieux patrimoine collectif, qui doit être protégé bec et ongle, appris aux nouvelles générations et préservé. Le travail des commissions européennes est primordial, par exemple celui de la Commission contre le racisme et l’intolérance (ECRI), qui combat les actes de discrimination de tout genre, en refusant toute justification ou banalisation. C’est un sujet qui dernièrement me touche beaucoup, le droit d’être protégé du racisme est un droit fondamental à tous les êtres humains. Aujourd’hui plus que jamais la cohésion et l’unité des états membres sont nécessaires pour garantir le progrès social et la bonne démocratie ».©Julie Rey Photographies


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LES COMBATTANTES

LES COMBATTANTES Travailler dans un monde d’hommes, agir au cœur du pouvoir masculin c’est leur volonté. Elles sont déterminées, elles ne laissent rien passer, elles font tout pour atteindre les hautes fonctions et l’excellence. Julia Mouzon aide les femmes élues à prendre leur juste place. Et elle n’est pas derrière celle de leurs collègues masculins. Suzie Maillot exerce dans un grand cabinet d’avocat où les femmes sont accompagnées pour atteindre le haut de la hiérarchie. Enfin, Trang Pham veut que les jeunes osent l’excellence. Elle organise des rencontres entre jeunes, parents, professeurs et personnalités au parcours exemplaire pour casser les idées reçues et aider cette jeune à choisir les filières d’excellence. >>>


Crédit photo : Clémence Herout


LES COMBATTANTES

: JULIA MOUZON

JULIA MOUZON : « NE JAMAIS RIEN LAISSER PASSER ! » La vie publique en général, le monde politique en particulier est dur, fait de rapports de force ; un milieu où évoluent de « grands fauves ». Et c’est donc encore plus difficile pour les femmes. Avec les différentes lois sur la parité promulguées depuis l’an 2000, le principe d’accès égal aux responsabilités est maintenant imposé par le législateur. Mais malheureusement, le diable est souvent dans les détails et le principe de la parité encore loin d’être intégré dans les instances politiques, sociales et administratives et dans les têtes de ces messieurs. Alors, des femmes, élues ou à des postes à responsabilité, ont décidé de s’imposer au cœur du pouvoir. Leur technique : faire du réseau et se former. C’est toujours la même histoire. Au départ, une femme, première de cordée comme dirait le Président de la République, adopte les codes des hommes pour réussir dans les hautes sphères du pouvoir. Classes Prépas prestigieuses, Polytechnique, un parcours qui va la conduire au Ministère des Finances. Julia Mouzon, aujourd’hui trentenaire a quitté Paris pour Bordeaux (pour la qualité de vie), elle n’est plus dans la haute fonction publique. Elle a décidé de créer une start-up pour porter ses convictions. Dès le nom de sa SAS (Société par actions simplifiée) vous comprenez l’objet de l’entreprise : « Femmes et pouvoir ». En effet, la jeune entrepreneure féministe veut que les femmes prennent leur place, l’imposent même, au cœur de ces cercles masculins parfois misogynes et machistes.

Se former pour avoir plus d’impact ! Elle lance donc la plateforme Elueslocales.fr qui permet aux maires, conseillères régionales, dépar-

tementales, communautaires ou municipales de se former. Avec comme sujets : piloter efficacement sa délégation, renforcez votre impact politique mais aussi connaître les codes des hommes de pouvoir et se les approprier… L’autre grande thématique de Femmes et pouvoir, c’est d’inciter à la prise de fonctions importantes. Le diable se cache donc dans les détails. Il est aisé de remarquer par exemple que la délégation aux finances dans un conseil municipal est proposée à un homme, quand le social est fléché vers une femme. Posture offensive aussi pour les prises de parole et sur le fait qu’il ne faut « jamais rien laisser passer » de sexiste. On refuse et on dénonce la petite remarque « pour rigoler » sur la tenue d’une conseillère municipale ou la réponse carrément sexiste d’un collègue du conseil général après une intervention. En 2018, 1000 femmes élues ont ainsi été formées.

Vers des girls’ clubs ? C’est aussi l’occasion de créer du réseau. La force des hommes pour conquérir ou conserver le pouvoir, ce sont les « boys’ clubs ». Des clubs, associations, mouvements réservés aux hommes où se jouent les cooptations et les désignations aux postes importants. Alors, Julia Mouzon veut que les femmes utilisent les mêmes techniques. Elle joue à fond la sororité, organise des dîners débats entre femmes élues, incite au partage d’expérience. Enfin, parce que le but c’est bien d’obtenir une véritable égalité femmes/hommes, Julia Mouzon prépare déjà ce moment. Elle vient de lancer avec son équipe MonMandatlocal.fr, une plateforme pour les élus bienveillants : hommes et femmes acceptés. 29

itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


LES COMBATTANTES : SUZIE MAILLOT

PARLEZ-MOI DE COMPÉTENCE ! DANS LES CERCLES DU POUVOIR, DANS LE MONDE ÉCONOMIQUE, LES HOMMES SONT SOUVENT INSTALLÉS AU SOMMET DE LA PYRAMIDE. LES TRIBUNES OÙ LES HOMMES MONOPOLISENT LA PAROLE, LES CONVENTIONS ET DINERS D’AFFAIRES 100% MASCULINS, C’EST UNE RÉFÉRENCE QUASIMENT CULTURELLE. MAIS LES CHOSES CHANGENT.

S

uzie Maillot est avocat associée, responsable du bureau bordelais de PwC Société d’avocats. Spécialiste en droit des sociétés, elle conseille des PME et des ETI (entreprises de taille intermédiaire) et à ce titre, côtoie les grands patrons de la région. Elle est donc régulièrement conviée à des conférences et des déjeuners ou dîners de dirigeants régionaux. Et souvent, à table, elle est la seule femme. Jusqu’au jour où, pour la convention annuelle d’une organisation de décideurs, elle décide d’organiser une table 100% féminine. « C’était tellement rare, que des participants venaient se prendre en photo devant cette tablée de femmes » raconte-t-elle. « Pour arriver à casser le plafond de verre qui nous sépare du « sommet » les femmes doivent souvent faire deux fois plus d’efforts que les hommes.» PwC a engagé, il y a quelques années déjà, une réflexion afin de faire évoluer et de fidéliser les talents féminins au sein du cabinet. C’est important de


ZOOM SUR…

Fort de ce constat, PwC a mis en place des formations pour aider les candidates aux hautes fonctions managériales à s’imposer, à oser parler de leurs souhaits d’évolution dans la hiérarchie et, une fois associées, à savoir dire non lorsque la « hotte est pleine ». L’an dernier, le cabinet a lancé PwC Seed, une pépinière pour accompagner les femmes dans leur évolution de carrière, notamment grâce au mentoring. Ces initiatives ont porté leurs fruits. Même si la proportion d’associés femmes au sein de PwC n’est encore que de 25 %, cette seule année 2018, c’est 40% de femmes qui ont été cooptées Associé. Le cabinet a pour ambition de coopter 50% de femmes d’ici 5 ans Au quotidien, la responsable du bureau bordelais de PwC Société d’Avocats est attentive au bien-être des membres de son équipe : Le home office (télétravail) est encouragé, pas d’envois d’emails le week end, pas de réunions après 18 heures, etc…. Une approche tout à fait pragmatique finalement et respectueuse de l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle : le turn-over est très faible, l’équipe est stable. Quand on lui parle de quota ou d’imposer la parité dans les conseils d’administration des entreprises, Suzie Maillot, l’avocate, préfèrerait qu’on ne « soit pas obligé de légiférer sur ce point. C’est la compétence qui devrait être le seul motif de nomination dans ces cercles, pas le genre ! »

La jeune chef d’entreprise ne s’en cache pas : les bancs de l’école, cela n’a jamais été fait pour elle. « J’ai commencé à apprendre en sortant de l’école », explique-t-elle dans un sourire. Pourtant aujourd’hui, elle est toujours avide de connaissances et se forme en permanence. Et exerce, au sein de sa propre entreprise, une activité où elle aide les entrepreneurs à se développer et à maîtriser leur organisation.

Formation continue et projets de développement Le parcours d’Anaïs Fournier ne la prédispose pas forcément à l’entrepreneuriat : BEP vente, bac pro comptabilité, BTS gestion des PME… « Je suis tombée sur un professeur de compta passionné, qui m’a donné une méthodologie de travail », raconte la jeune femme. « Grâce à lui, j’ai découvert qu’on pouvait prendre plaisir à apprendre ». Pour autant, elle ne se voit pas consacrer sa vie professionnelle à la comptabilité uniquement : ses premières expériences professionnelles la mènent d’abord dans des entreprises où elle exerce ses talents de gestionnaire. Vient alors l’envie de lancer sa propre activité : « j’ai toujours voulu être à mon compte ». L’idée ? Aider d’autres professionnels à mieux s’organiser, se structurer et se développer. Rapidement, l’auto-entreprise devient entreprise. En parallèle, Anaïs Fournier continue à se former et y consacre un budget annuel important. Communication, développement personnel, développement du business, finances… de quoi apporter de nouvelles compétences à sa société, ADM My Solution. Et de nouveaux projets, aussi : la jeune entrepreneure prévoit l’ouverture d’un deuxième bureau ou d’une franchise d’ici 2 ans. La structure est là, et les demandes des TPE et PME aussi ! Un défi supplémentaire quand on est une femme ? Anaïs Fournier ne s’est pas posée la question lorsqu’elle a créé son entreprise. « Au départ, j’étais surtout « la petite jeune » qui arrive », estime-t-elle. Les défis étaient plutôt liés à l’entrepreneuriat qu’à une place à prendre en tant que femme. « Mais un homme ne se demande pas comment il va s’habiller en fonction de ses rendez-vous », souligne-t-elle quand même. Pour éviter l’écueil, elle fait appel à une consultante en image : « c’est aussi quelque chose qui se travaille ».

© Picasa

leur permettre de ne pas rester à « la porte du statut d’associé » précise Suzie Maillot. Un nombre important de ces talents considéraient être au « top » et que si le poste d’associé ne leur était pas proposé, c’est qu’elles n’en étaient pas jugées dignes et donc organisaient leur carrière professionnelle différemment ».

ANAÏS FOURNIER : « J’AI TOUJOURS VOULU ÊTRE À MON COMPTE »


LES COMBATTANTES : TRANG PHAN

PORTER L’EXCELLENCE EN ÉTENDARD LES GRANDES ÉCOLES, CELLES D’INGÉNIEURS OU BIEN ENCORE LES « CLASSES PRÉPAS » SEMBLENT INACCESSIBLES À DE NOMBREUX JEUNES. VÉRITABLE AUTO-CENSURE DE « CLASSE » OU DE TERRITOIRE CONTRE LAQUELLE LES ENTRETIENS DE L’EXCELLENCE ENTENDENT LUTTER. CHAQUE ANNÉE, À BORDEAUX, EN NOVEMBRE, DES GRANDS TÉMOINS, DES PROFESSEURS ET DES JEUNES SONT INVITÉS À ÉCHANGER. Objectif : donner envie aux collégiens et aux lycéens d’oser l’excellence, d’oser intégrer les filières d’exception ! Les Entretiens de l’Excellence sont portés par une association nationale mais Bordeaux est une petite exception. En effet, l’événement aquitain est entièrement organisé par une équipe locale. Il enregistre une dynamique (équivalente aux éditions parisiennes), avec, pour la 10ème édition en 2018, celle du 10ème anniversaire, 1500 participants dans les amphis et ateliers de Sciences Po Bordeaux. Trang Pham est un des piliers de l’équipe bordelaise. Ingénieure chez Thales Group, Chevalier de la Légion d’Honneur, elle a été déléguée régionale des Entretiens de l’Excellence pendant deux ans, elle est toujours administratrice de l’association. « Pour ces 32 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


L’ingénieure regrette aussi que les filles tentent moins les classes prépas que les garçons.

lycéens de milieux populaires ou de petites villes rurales, les filières d’excellence ne sont pas facilement accessibles. Soit parce que l’entourage a développé un complexe d’infériorité – ce n’est pas pour toi ces choses-là, cela sera très cher, nous n’avons pas les moyens - soit par méconnaissance du chemin pour y accéder. Dans les Entretiens de l’Excellence, on s’adresse aux jeunes mais aussi aux professeurs et aux parents. En effet, les freins peuvent venir de l’ensemble de l’environnement proche de l’élève. »

Photo des "Entretiens de l'Excellence"

L’ingénieure aéronautique est bien placée pour savoir que ce n’est pas facile pour certains de se faire une place dans ces formations et ces métiers. C’est une femme et elle est issue d’une minorité visible (comme on dit). Dans une formation supérieure d’électronique puis dans des équipes d’hommes dans les entreprises aéronautiques, c’est un peu la double peine. Dans une intervention au TEDx Bordeaux 2016, Trang Pham raconte ce moment édifiant où « un de ses collègues lui explique qu’il n’arrive pas à écouter sa présentation à cause de sa voix, trop aiguë ! ». Madame l’ingénieure précise aussi dans ce « talk » qu’elle a tout d’abord adopté les codes masculins pour s’intégrer allant jusqu’à s’intéresser au rugby, au foot et même à la formule 1. Avant de reprendre le pouvoir sur sa personnalité et poursuivre sa carrière « comme elle est ». Cette expérience, ce parcours professionnel, sont au cœur de son engagement auprès des lycéens. Elle se bat pour que chacun puisse oser l’excellence. L’auto-censure des filles et de leur entourage est un des sujets mais pas le seul. Trang Pham remarque que les lycéennes qui se lancent dans ces filières sont très déterminées. Et parfois, ce sont même leurs camarades masculins qui pensent que l’électronique ou l’informatique, les sciences de l’ingénieur en général, ne sont pas faites pour elles- ! L’ingénieure regrette aussi que les filles tentent moins les classes prépas que les garçons. « Elles préfèrent les filières avec prépas intégrées. Elles semblent craindre la pression des concours. Victimes de leur volonté d’être parfaites ». Et pourtant, quand elles y vont, elles sont excellentes !

33 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


THEMA

LES BIEN VEIL LANTES


La bienveillance pour ces femmeslà n’est pas un vain mot. C’est un mode de vie. Tout ce qu’elles entreprennent est porté par cette volonté d’aider les autres à vivre mieux, à progresser. Léa Thomassin est au service des associations avec sa plateforme HelloAsso. Une boîte à outils numériques qui permet aux « associatifs » d’être plus efficaces. La même envie de « rendre service », d’accueillir anime Xabina Carreau dans son Bac à Sable. C’est un espace de coworking mais surtout un espace pour éviter la solitude du travailleur isolé, pour partager. Enfin, les « princ’Ess » accueillent dans leur Institut de Beauté tous les publics, y compris ceux qui n’ont pas les moyens ou se sentent exclus de ce genre d’endroit. Une solidarité de bien-être finalement. >>>


LES BIENVEILLANTES : LÉA THOMASSIN

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© Marie Vaubourgeix

36 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


PORTRAIT

La volonté

ccompagner AU SEIN DE HELLOASSO, L’ENTREPRISE QU’ELLE A CO-FONDÉE, OU DE LA FONDATION DES FEMMES, LÉA THOMASSIN DÉPLACE DES MONTAGNES AVEC UN NATUREL DÉCONCERTANT. BEAUCOUP D’ÉNERGIE ET DE BIENVEILLANCE AUSSI. RENCONTRE AVEC UNE JEUNE FEMME DE 32 ANS AVEC QUI ON AURAIT BIEN DISCUTÉ ENGAGEMENT, SOLIDARITÉ ET CAUSE FÉMININE PENDANT DES HEURES. >>>

L’entreprenariat et le secteur associatif sont ancrés dans la vie de Léa Thomassin. « J’ai toujours eu en tête l’envie d’entreprendre, je crois même que c’est dans l’ADN familial. Et mes premières expériences professionnelles ont toujours été dans des associations. » La création d’HelloAsso en 2009 apparaît comme une suite logique et la concrétisation d’une envie de faire bouger les choses plus rapidement. « Je me suis dit qu’il fallait que je fasse d’abord les choses à mon échelle. J’ai rencontré ceux qui sont devenus mes associés et nous avons utilisé le numérique comme une opportunité. » Et paf, ça a fait HelloAsso : une solution gratuite à destination des associations pour recevoir des paiements, des dons

ou encore gérer des adhésions. Depuis 2013, l’entreprise est installée à Bordeaux, une ville dont Léa Thomassin se reconnaît aujourd’hui « très amoureuse ».

HelloAsso, « l’effort joyeux » Lorsqu’on lui demande comment on dirige une entreprise quand on est une femme, Léa Thomassin avoue ne pas être à l’aise avec l’idée qu’il existe des qualités typiquement féminines. « J’ai envie de sortir de ces représentations où l’on pense que la femme est plus pédagogue, par exemple. » Pour elle, c’est l’individu qui importe :

37 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


LES BIENVEILLANTES : LÉA THOMASSINN « Chacun a sa façon de faire, chacun a ses forces. » La sienne, elle l’applique tous les jours dans les bureaux de HelloAsso, à Darwin, où la bienveillance et le bien-être sont au cœur des valeurs communes. « Je suis attachée à créer une entreprise différente et que les personnes qui travaillent le ressentent. Et ça commence par changer la vie des gens que je côtoie tous les jours. » Notes de « happiness », recherche collective de solutions et autonomie font partie de la culture de l’entreprise et du quotidien de l’équipe. « On fixe le cap, mais pas le chemin », explique-t-elle. « Avec mon associé, on pense que la liberté est un facteur d’épanouissement. » Chez HelloAsso, on travaille avec plaisir, dans « l’effort joyeux » comme le mentionne le poster affiché dans les locaux. Et ça marche. L’entreprise ne cesse de grandir et le turn over y est quasi inexistant.

Faire avancer les droits des femmes Pour Léa Thomassin, être une femme est aussi un bon moyen pour se faire entendre. « Quand j’étais plus jeune j’ai eu le sentiment qu’on me considérait moins, j’ai dû redoubler d’affirmation pour me faire entendre et comprendre. Maintenant je sens que j’ai de moins en moins besoin de me défendre, même si cela arrive toujours de se faire expliquer la vie par un homme qui sait tout parce qu’il a 50 ans… Mais heureusement on assiste à une vraie prise de conscience aujourd’hui, il y a davantage de parité dans les prises de parole et ça m’a permis d’avoir plus de visibilité. » Sa voix, elle l’utilise aussi pour faire connaître la Fondation des Femmes dont elle est secrétaire générale depuis fin 2015 : « Elle a été créée parce que les droits des femmes sont trop peu représentés dans la générosité des Français. À l’époque, on s’est rendu compte que 0,027% du budget de l’État étaient dédiés à cette cause, alors on a décidé de générer de la solidarité privée. » Et… ça marche. L’objectif du million d’euros en trois ans sera atteint cette année, et les actions de la Fondation revêtent aussi un aspect juridique avec l’obtention de premières condamnations pour injure en raison du sexe.

Avec mon associé, on pense que la liberté est un facteur d’épanouissement.

© Marie Vaubourgeix

Et demain ? Dans les projets de Léa Thomassin, poursuivre le développement de HelloAsso. L’entreprise, qui fêtera ses 10 ans en 2019, est dans une phase importante de croissance avec plus de 3000 nouvelles associations inscrites chaque mois. Mais aussi continuer à déployer des formations avec les collectivités et toujours œuvrer pour la Fondation des Femmes dont le premier événement bordelais aura lieu cet été. 38 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes

En chiffre 2009 Année de création de HelloAsso

65 000 associations sur la plateforme (et ce n’est pas fini)

3000 nouvelles associations inscrites chaque mois

130 millions d’euros collectés via HelloAsso depuis sa création

500 000 euros reversés à des associations en 2018 via la Fondation des Femmes


XIBINA CARREAUN

COWORKING

GIRL

À 43 ans, Xabina Carreau gère l’espace de coworking Le Bac à Sable qu’elle a elle-même créé. Voici son portrait, à lire avec le premier café du matin. Originaire du Pays Basque, Xabina Carreau a longtemps travaillé à Paris avant de rejoindre Bordeaux avec son mari au début des années 2000. « Maintenant c’est ma ville, je me sens sur mon terrain !». Ce terrain s’appelle le Bac à Sable depuis 3 ans et demi. « Je n’ai jamais su travailler de chez moi, même pour réviser le bac j’ai toujours bossé dans les bibliothèques ou les cafés. Quand je me suis posée à Bordeaux c’était les débuts du coworking et il manquait un espace pour rester une heure ou une demi-journée. »

Tout gérer et se canaliser Aujourd’hui, le Bac à Sable reçoit une vingtaine de personnes en moyenne par jour. Autant de femmes que d’hommes, même si Xabina Carreau reconnaît volontiers que le coworking trouve toute son utilité dans l’organisation d’une vie de femme. « On a ce travers de vouloir tout gérer - qui n’est pas exclusivement féminin - et c’est d’autant plus compliqué quand on travaille de chez soi. Surtout quand on a des enfants, on a du mal à couper ». Les coworkeurs viennent à l’heure, à la journée ou même deux jours par semaine pour trouver un cadre propice à la concentration… et voir les copains. Et Xabina Carreau mène elle aussi un quotidien multi-tâches. Gérer une fuite d’eau, s’occuper de la compta, être créative sur Instagram… tout dans la même journée si ce n’est dans la même matinée. « Ce qui est important dans mon rôle c’est de pouvoir être performante dans tout. La pluralité de notre vie de femme fait que l’on a ces mécanismes de manière naturelle. C’est fatiguant, mais c’est ce qui fait la richesse du projet. »

Au-delà de la peur de rater Si elle confie n’avoir que très rarement ressenti de différence liée à son genre, Xabina Carreau a surtout dû se battre contre des barrières mentales au moment d’entreprendre. « On est aussi un pilier dans l’organisation familiale, on n’a pas envie que ça se passe mal. C’est une menace inconsciemment, mais ça se gère ! » Dans son cas, grâce au soutien de son mari et de ses proches. L’entraide, aussi : « Je reçois beaucoup de femmes qui veulent créer, qui ne s’en sentent pas capables et j’aimerais bien contribuer à ce qu’on casse ces frontières. J’ai deux filles et je voudrais qu’elles puissent aller au-delà. » Dans les cartons du Bac à Sable, la création d’un nouvel espace café. Pour travailler, déguster un brownie gluten free ou saluer Xabina, c’est au 18 rue Sainte Colombe que ça se passe.

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LES BIENVEILLANTES : ALYSSA DAOUD

SE FAIRE DU BIEN POUR FAIRE DU BIEN ! Évidemment, des filles qui se lancent dans la création d’un institut de beauté, on ne peut pas faire plus « cliché d’initiative de filles ». Quand en plus, la structure s’appelle Princ’Ess, on se dit qu’on va atteindre les sommets du projet« girly ». Mais dans ce nom tout est dans l’apostrophe et dans l’Ess. Accrochez-vous, ça décoiffe ! Enfin…je veux dire…bref, lisez la suite. Tout commence dans un quartier populaire de Bordeaux, disons entre la gare Saint-Jean et Saint-Michel. Une association dont le local donne sur la rue organise pour les femmes du coin des petites séances coiffure, maquillage, etc. Et ce petit local devient, notamment pour des mamans, la petite pause « bienêtre, respiration » entre la dépose des enfants à l’école et le retour au foyer.

Entre filles, pas de guerre d’égo ! Dans le même temps, une jeune Bordelaise, engagée, décide d’appeler un petit groupe de connaissances, uniquement des filles. Alyssa Daoud, facilitatrice de transition écologique et sociétale, a reçu cet appel. « Elle nous a proposé de monter un projet qu’entre filles. Ce projet porterait toutes nos valeurs communes ». C’est ainsi que Princ’Ess est née. Évidemment, le projet sera dans l’Économie Sociale et Solidaire, l’Ess donc. Les 10 femmes qui le portent sont toutes issues de ce monde-là. Les Princ’Ess mettent leur savoir-faire en commun pour développer une idée : benchmarker les solutions, convaincre des partenaires, trouver des financements, des lieux, des soutiens… « C’était vraiment particulier ce projet entre filles. C’était hyper agréable, pas d’égo surdimensionné, tout le monde y croyait », raconte Alyssa Daoud.

Le projet, c’est donc l’Autre Institut. Les Princ’Ess ont voulu créer leur entreprise idéale. C’est tout d’abord un institut de beauté tout à fait normal.On y prodigue des soins du visage, des mains, des pieds, du maquillage, on peut se faire un hammam. Sauf que, il y a ce petit… pardon, ce grand supplément d’âme des conceptrices. Tout d’abord, l’ensemble des produits utilisés sont bio, 100% naturels et pour certains vegans. Même les lingettes sont bio et lessivables. Mais ce n’est pas tout…

Tu entres ici, tu vaux quelque chose La démarche de l’association du quartier populaire qui offrait une pause bien-être à celles qui ne pouvait pas se l’offrir. Eh bien cette idée a germé. Au-

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ZOOM SUR…

RACHEL KHAN jourd’hui, l’Autre Institut propose des soins à des tarifs « habituels » aux personnes qui peuvent payer. Dans ce tarif, il y a une part qui est « offerte » à des publics qui n’ont pas les moyens d’accéder à ces soins. En partenariat et avec le soutien d’organismes sociaux, des femmes bénéficient donc gratuitement d’un moment « pour elles ». Les premiers retours depuis l’ouverture de l’institut en novembre 2018 sont très encourageants. Une bénéficiaire, salariée en insertion témoigne : « J’étais un peu stressée à l’idée de recevoir un soin. J’ai été accueillie avec le sourire et j’ai trouvé le lieu chaleureux, la décoration est apaisante et j’apprécie qu’il soit placé dans un quartier comme celui-ci. Les soins hammam et massage m’ont apporté une détente musculaire et émotionnelle. Pendant le soin je respirais mieux et cela a apaisé mon mental. Je ne fréquente pas d’institut en temps normal car les tarifs sont trop excessifs et je n’y suis pas à l’aise. » Le lieu a aussi été choisi avec soin. Il s’agit du quartier Saint-Louis, au 11 cours Louis Fargue. On trouve dans ce secteur des résidences sociales mais aussi des nouveaux arrivants des Bassins à Flots et un hypermarché qui draine du monde. Il est en plus partagé avec une association qui œuvre dans l’accueil périscolaire ce qui, à terme, pourrait permettre d’organiser des animations pour les enfants pendant que les parents sont aux soins. Enfin le personnel est lui aussi en accord avec les valeurs des administratrices de l’association. Les publics bénéficiaires des aides sont reçus par des socio-esthéticiennes et les futurs collaborateurs/trices viendront en insertion. Tout est fait pour que l’ensemble des parties prenantes se sentent « inclues » dans le projet. Sauf pour une partie de la population non Alyssa ? « Vous voulez parler des hommes ? Mais ils sont les bienvenus à l’Autre Institut : barbier, soins du visage, épilations…On ne va pas revendiquer l’inclusion en commençant par exclure non ? » Les princesses du quartier Saint-Louis sont des reines !

Elle est la marraine de la Journée Femmes de la dispora le 12 avril prochain à Bordeaux : conférences, témoignages et networking. Auteure du roman « Les grandes et les petites choses » paru aux éditions Anne Carrière, elle est aussi actrice. On se souvient de son interprétation des Monologues du vagin en Avignon produit par Gérard Miller. Elle faisait également partie du collectif des comédiennes qui ont monté les marches du Festival de Cannes en arborant une phrase devenue célèbre : Noire n’est pas mon métier.

Voici ce qu’elle dit des JNDA  : « Les JNDA femmes sont à la fois une révélation mais m’ont aussi permis de me révéler. D’abord, Il s’agit d’un événement unique où les femmes des diasporas transmettent, échangent, se rencontrent, partagent, se donnent des rires et de la force dans un cadre puissant. Ces journées sont un magnifique pied de nez à l’histoire puisqu’elles ont lieu à Bordeaux, dans cette ville de départ où nos récits résonnent souvent avec Diaspora. Avec les JNDA c’est le lien avec l’histoire, la vie et entre les femmes de tous les secteurs qui se recrée. Une fois tissé, celui-ci donne des fruits artistiques, juridiques, politiques, commerciaux, environnementaux, sociaux à travers le monde, là où les femmes se trouvent elles agissent en se sentant désormais moins seules. Une nécessite dans le contexte actuel. » Vendredi 12 avril de 9 heures à 17 heures. 7ème édition des journées Nationales des Diasporas Africaines les 11, 12, 13 avril 2019. Hôtel de ville. Infos sur bordeaux.fr


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LES ACCOMPAGNANTES

LES ACCOMPAGNANTES Oser, faire des choix et tout simplement suivre ses envies. Céline Dupré et Claire Mestre ont ces dénominateurs communs, en plus de consacrer leurs vies professionnelles aux autres. Les femmes atteintes de cancer pour l’une, les migrants pour l’autre. Pas simple, pas vrai ? Et pourtant, les écouter - ou les lire, en l’occurrence - toutes les deux, c’est ressortir avec une énorme bouffée de bien-être, et cette chaleur réconfortante qui vous prend dans ses bras. Alors on se dit qu’on a de la chance de les avoir. De les avoir tout court évidemment, mais aussi de les avoir dans les pages de ce magazine. Parce qu’elles ont pris du temps pour nous et pour vous, qui allez avoir la chance de les rencontrer dans les pages qui suivent. >>>


LES ACCOMPAGNANTES : CÉLINE DUPRÉ

CÉLINE DUPRÉ, TOUJOURS ADMIRATIVE DES FEMMES CÉLINE DUPRÉ EST DE CES PERSONNES INSPIRANTES QUI DONNENT L’IMPRESSION D’ÊTRE UNE BONNE FÉE. DÉTERMINÉE ET OPTIMISTE, LA COFONDATRICE DE ROSE ASSOCIATION ÉVOQUE SES MOTEURS ET SON QUOTIDIEN DE FEMME AVEC LE SOURIRE DANS LA VOIX. « Tu veux un truc, va le chercher »

Crédit photo : Marc O Carion

Quand nous l’appelons ce matin-là, Céline Dupré est en train d’organiser un événement sur le sujet du cancer du sein métastatique, pour aider les malades à faire valoir leur situation. Un défi de plus à relever, mais toujours choisi. Car si elle est avant tout tournée vers les autres, Céline Dupré se donne les moyens de faire ce qui lui plait et d’aller où elle veut. « J’ai eu une éducation où on m’a dit que tout était possible. Et ma grand-mère me disait aussi qu’il faut toujours prendre soin de ceux qui en ont besoin. Maintenant c’est : tu veux un truc, va le chercher ! » Pour le magazine « Rose » destiné aux femmes souffrant d’un cancer, c’est Céline Lis Raoux qui est venue la trouver. C’était il y a 8 ans et 15 numéros à raison de deux par an. Puis l’association s’est étendue : la Maison Rose à Bordeaux, une autre à Paris en mai 2019, un site Internet, un service de covoiturage. « Proposer à ces personnes tous les services dont elles ont besoin est un véritable enjeu sociétal. Nous voulons aussi faire en 44 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


Crédit photo : Paul Blind

De gauche à droite : Sylvie Hoarau (Brigitte), Zabou, Céline Dupré, Céline Lis Raoux, Aurélie Saada (Brigitte),

sorte que les lois soient au niveau des progrès de la science, comme le droit à l’oubli. » Parler de la maladie de façon positive en tant que citoyennes et non militantes passionnées est une autre force de l’association. « Nous voulons dire que la maladie est un très mauvais moment à passer, mais il y a des solutions. »

Faire les choses avec le cœur

Paolo de Cesare (Président du Printemps)

À 50 ans, Céline Dupré nous confie son admiration pour les femmes et… qu’elle adore son âge. « On a fait plein de choses, des trucs incroyables, nos carrières sont un peu derrière nous, on a eu des enfants. On peut avoir de l’autodérision et du recul. » De la complicité aussi, parce qu’elle ne travaille qu’avec des femmes : « Nous avons moins de problèmes d’ego. On s’écoute, on accepte nos différences et on peut changer d’avis. C’est hyper constructif alors que c’est souvent plus brutal avec les hommes. »

Sans filtre, Céline Dupré nous raconte qu’elle souhaite continuer à faire grandir son agence COMM Santé, toujours en ne sélectionnant que les dossiers sur lesquels elle a envie d’aller. « Le problème c’est qu’ils sont tous intéressants ! », glisse-t-elle. Même pour le recrutement, son but est d’avoir le coup de cœur pour des personnalités et pour ce supplément d’âme qui fait les individus. « Quand on fait le choses avec le cœur, c’est le succès garanti. »

Toujours en mouvement Et Bordeaux dans tout ça ? « Ma boîte s’y trouve et ma maman qui est âgée y vit donc je ne changerai pas ma base. J’adore cette ville parce qu’elle est magnifique et douce, et on peut aller partout. Je peux partir en week-end à Venise, je bosse à Paris et mon cœur est au Maroc où habite mon fiancé. » Pour Céline Dupré, la femme bordelaise est une femme qui bouge et on a bien envie de la suivre.

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LES ACCOMPAGNANTES : CLAIRE MESTRE

«

Crédit photo : Poly

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S’OCCUPER DES AUTRES, UNE TRADITION FÉMININE » Psychiatre, psychothérapeute et anthropologue, mais aussi mère de famille et grand-mère, auteure et engagée dans le domaine associatif, Claire Mestre reconnaît elle-même qu’elle ne s’arrête jamais. Elle aussi, en se laissant guider par ses envies, son amour du travail et ses forces de femme. Arrivée à Bordeaux en 1987, Claire Mestre s’engage en faveur d’un public de plus en plus précaire : les migrants, qu’elle accueille quotidiennement en consultation de soin psychique. « J’ai toujours été un peu insatisfaite par mes études de médecine alors je me suis intéressée à la psychanalyse et à l’anthropologie, raconte-t-elle, et je me suis aussi approprié la tradition bordelaise d’ouverture vers l’Afrique, le Tchad et Madagascar notamment. » À ses débuts, il n’existe pas de consultation pour les populations qui ne parlent pas français et ce domaine est toujours marginal aujourd’hui. Sans compter les inégalités « silencieuses » qui persistent dans le milieu de la médecine.

social m’a aussi beaucoup influencée. » Etre une femme et être Claire Mestre, c’est aussi devenir mère à 20 ans et se servir de cette formidable endurance et d’une capacité à tout organiser en même temps. « Je viens d’une lignée de femmes qui ont dû faire face à de grandes difficultés et je suis très résistante. J’ai aussi un mari très présent ! Quand une femme réussit, il faut chercher l’homme et les personnes qui la soutiennent. Et l’enthousiasme, c’est un baume extrêmement puissant. »

« La Bordelaise est capable d’être l’aise avec des gens très différents »

« L’enthousiasme est un baume extrêmement puissant »

À son arrivée, Claire Mestre a connu le Bordeaux sombre et l’a tout de suite aimé. « Je suis arrivée au printemps, j’ai aimé l’océan, la pluralité culturelle. Bordeaux est une ville d’ouverture avec des lieux de rencontre et de mixité sociale, et j’espère que la ville va garder cette préoccupation. Pour moi la femme bordelaise de 2019 est une femme capable d’être à l’aise avec des gens très différents. »

Alors on se dit qu’il faut beaucoup d’énergie et d’investissement pour tout ça, des forces que seule une femme peut déployer. « Oui, on est plus à l’aise dans certains domaines. En m’occupant du soin psychique, je porte en moi une tradition féminine. L’écoute et la préoccupation de l’autre sont des qualités féminines, souvent minorées mais très anciennes. Elles sont issues de notre histoire collective, plus pour les femmes que pour les hommes. Personnellement, ma mère qui a travaillé dans le

Toujours en vélo, Claire Mestre se voit continuer ses activités de soins et associatives. Après l’association Mana qu’elle a fondée, elle s’occupe aujourd’hui d’Ethnotopies qui traite des questions migratoires sur le plan clinique à travers des ateliers, des activités de recherche, des séminaires et des journées scientifiques. Elle se voit aussi s’occuper de sa famille, de ses petits-enfants et… écrire sur la condition féminine et la médecine : « Je pense que j’aurais des choses à dire ».

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LES SENTINELLES

LES SENTINELLES

Elles ont quasiment le même parcours. Alors qu’elles mènent une vie « normale », un jour, elles constatent un dysfonctionnement, une évolution du monde qui les met en colère : la déforestation, la destruction de l’environnement, la surproduction, etc. Et elles transforment cette colère en actions. Madina Querre organise un festival où elle réunit Nicolas Hulot, les acteurs de la protection de l’environnement mais aussi les représentants des viticulteurs. Camille Choplin forme et informe tous les publics aux gestes respectueux de l’environnement. Quant à Françoise Vernet, depuis qu’elle a quitté un grand groupe toutes ses activités sont tournées vers le vivre ensemble et la promotion des actions pour la défense d’une planète durable.


Camille Choplin : la fille qui aime les brocolis sans se prendre le chou !

Ses premiers jobs ? Dans la cosmétique et le complément alimentaire. Mais bio : c’est comme ça que la jeune Camille a engrangé des informations, s’est forgée des convictions et a décidé de les partager. À travers un blog, le célébrissime « Ecolo girl » dès 2006. Une sorte de dinosaure dans le monde des forums, dans lequel elle fait de la pédagogie et partage ses bonnes adresses sur les épiceries en vrac et les lectures qui vous font avancer. Après 7 années passées au sein de la Maison Éco-citoyenne de Bordeaux, elle a voulu se frotter à la vraie vie et s’inventer le travail qui va avec. Elle a commencé par écrire un livre « feel good » où elle explique comment chacune à son niveau peut faire évoluer son comportement. Chacune parce que pour l’instant, elle a l’impression que c’est surtout les femmes qui peuvent changer les choses : « je voyais surtout des femmes aux conférences et animations que l’on programmait à la Maison Eco-citoyenne et je suis plutôt en contact avec des femmes ».

Par quoi commencer ? La réponse fuse : « il faut voir ce qui vous anime, ce qui vous donne de la joie et ce qui vous met

Crédit photo : Cécile Labonne

CAMILLE A DÉCIDÉ DE VENIR VIVRE À BORDEAUX POUR NE PAS ÉLEVER SES ENFANTS À PARIS. ET SE METTRE EN ACCORD AVEC SES CHOIX ET SES ENVIES DE VIE ÉCOLO. BIEN PLUS QU’UNE CONVICTION, UNE MANIÈRE DE VIVRE, UN ENTHOUSIASME CHEVILLÉ AU CORPS, « TOUT EN RESTANT LUCIDE »… en colère. Et c’est alors là qu’il faut agir. Moi, la dernière chose qui m’a mise en colère c’est la déclaration de Bolsonaro sur l’Amazonie. Comment on a pu en arriver là ? Et ce qui me met en joie, c’est l’énergie que je vois dans toutes les associations que je croise. Les personnes qui se reconvertissent pour être plus en accord avec leur (en)vie. » Pour aider les écolos débutants, Camille organise des ateliers. Elle qui n’achète que des vêtements d’occasion a des idées simples, « sans se prendre le chou » pour modifier des comportements « sur lesquels on ne réfléchit plus ». « Par exemple, manger moins de viande, changer de fournisseur d’électricité, cela prend 10 minutes et on peut accéder à une offre verte, aller au marché plutôt qu’en grande surface. D’ailleurs je participe au Supercoop, le premier supermarché coopératif de Bordeaux. J’ai fait 3 heures de vente dans le rayon fruits et légumes, ce matin. C’était super ! ». Du bon sens, de l’énergie et la volonté de changer les comportements petit à petit, c’est toute l’ambition de Camille et peut être aussi vivre à la campagne, pas loin de Bordeaux, « où j’y suis bien ».

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LES SENTINELLES : MADINA QUERRE

Madina Querre, une anthropologue dans les vignes C’EST PRESQUE PAR HASARD QU’ELLE EST DEVENUE ANTHROPOLOGUE ET C’EST PAR NÉCESSITÉ QU’ELLE EST REVENUE À SAINT-EMILION, TERRE DE SON ENFANCE. DU SAHEL, ELLE A RAPPORTÉ L’HUMILITÉ DES ENTREPRISES AMBITIEUSES, DANS LES VIGNES, ELLE A CHOISI DE S’IMPLANTER. POUR ENCORE ET TOUJOURS CHANGER, AMÉLIORER, COMPRENDRE ET CONVAINCRE QU’IL FAUT SE MOBILISER POUR RÉUSSIR. La première chose que l’on remarque c’est un enthousiasme débordant, envahissant. Et l’on se demande si Madina Querre vit dans le même espace temps que nous devant l’accumulation d’actions et d’envies qu’elle nous énumère. Ensuite, on comprend : « c’est chouette » égrène ses phrases et l’on ne compte pas le nombre de fois où elle parle « d’émerveillement ». Parce que cette femme a connu l’urgence de vie dans certaines zones du globe, elle a choisi de considérer le même état d’alerte pour ses actions. Pour le premier festival « Biotope » par exemple : « Nous avions contacté Nicolas Hulot qui nous a confirmé sa venue au mois d’avril pour le mois de juin ! On s’est dit qu’on allait quand même le faire parce qu’il y avait urgence ».

Crédit photo : Philippe Pallaro

L’ affaire des pesticides dans les vignobles faisait la Une des journaux

S’inscrire dans une démarche constructive Parce que l’affaire des pesticides dans les vignobles faisait la Une des journaux, l’association du Festival BioTope choisit de réunir sur ce thème, tous les acteurs du territoire : le CIVB mais aussi des experts

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en biodynamie. « Nous savions que la présence de Nicolas Hulot montrait que nous étions dans une démarche constructive, avec de la bienveillance. Tout le monde a joué le jeu et a évité de se regarder en chiens de faïence, parce que le vin est là aussi au centre de tout un ensemble d’enjeux ». Les 1200 personnes qui ont assisté à cette première édition ont convaincu tous les bénévoles de continuer sur cette voie. « Nous nous sommes rendu compte que tous les outils sont adaptés au milieu urbain : les AMAP par exemple sont très peu développées à 30 minutes de Bordeaux. Même chose pour les producteurs locaux : où sont-ils ? Comment faire pour que nos enfants aient une cantine responsable quand on ne sait pas où s’approvisionner ? ». Madina et son association ont pris les sujets à bras le corps et avec l’appui de la Fondation Hulot ont réussi en un temps record à développer le label « mon restau responsable » sur l’ensemble des cantines de la communauté de communes.

Et semer les bonnes graines auprès des jeunes Tout au long de l’année, Madina rencontre des « biotopiens » dans les écoles primaires et les lycées. Elle sème des graines auprès de ces jeunes qui sont notre futur et qui vont être mis en avant lors de la prochaine manifestation au moment du solstice, autour du menhir de Saint Sulpice de Faleyrens. Un moment fait de transmission et de prise de conscience à l’ombre d’un symbole d’un autre temps. Si c’est en devenant maman qu’elle a choisi de ne plus voyager aussi souvent, Madina Querre peut compter sur ses bataillons qui sont aussi bien féminins que masculins, même si elle remarque quand même une présence plus féminine au sein de son conseil d’administration.

Crédit photo : David Boisseleau

Elle a souvent répété à ses troupes de BioTope ce qu’elle disait dans le désert : « n’attendez pas l’argent, trouvons les moyens sur place ». C’est ce qui a permis à Madina Querre de monter ses actions avec une détermination sans faille, une imagination énergique ici et ailleurs. « Je fais où je suis ». 51 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


LES SENTINELLES : FRANÇOISE VERNET

Françoise Vernet : se réaliser en prenant soin de soi DANS QUELQUES MOIS, ELLE HABITERA BORDEAUX ! CETTE GERSOISE D’ORIGINE QUITTE RAMBOUILLET POUR S’INSTALLER SUR LES RIVES DE LA GARONNE. ELLE Y APPRÉCIE LA QUALITÉ DE VIE, LES TRANSPORTS DOUX ET LA TAILLE DE NOTRE VILLE. RETOUR SUR LE PARCOURS DE FRANÇOISE VERNET QUI EST AUJOURD’HUI À LA TÊTE DE TERRE ET HUMANISME.

Françoise Vernet a déjà eu plusieurs vies : elle a travaillé dans un grand groupe « Nature et Découvertes », a créé la Fondation Pierre Rabih et édité un mensuel Kaïzen. À chaque fois avec succès, mais toujours dans la volonté de faire autrement, mieux, selon ses envies.

Trouver une autre voie

Depuis, elle cherche à mettre en pratique ses idées mais aussi à aider les autres à y parvenir. C’est l’enseignement du succès du film « Demain » : tout le monde a voulu participer à ce nouvel élan mais souvent manquait des informations pratiques pour y arriver. Et c’est comme ça qu’est née la collection « Je passe à l’acte ». « S’engager dans une AMAP », « Montessori à la maison » ou encore « Débuter son

« Lors d’un comité de direction, je me suis rendu compte que nous n’étions que deux femmes sur douze personnes. Et pour mieux faire entendre ma voix et mon point de vue, je m’étais « masculinisée ». Je reprenais tous les codes, les manières d’agir d’un homme. C’est à ce moment que je me suis dit qu’il y avait certainement une autre voie. »

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potager en permaculture », autant de réponses à toutes les questions que se posent plus de 120 000 personnes qui ont acheté ces livres. Et surtout des femmes : « je les vois surtout dans les débats que nous organisons. Elles sont en lien avec le concret, une vision à 360 degrés. Les hommes sont plus intéressés par des sujets plus techniques, mais ils viennent aussi… ».

« Je sens que les choses bougent de plus en plus » Parce que Françoise Vernet pense qu’il faut que tous les citoyens reprennent le pouvoir. De manière pacifique, bien sûr, en agissant concrètement : « je sens que les choses bougent de plus en plus. Je vais dans un des plus grands lycées de France à Rambouillet et je vois que les enfants sont réceptifs pour prendre soin de l’environnement. Mais il faut bien avouer que rien n’est fait vraiment dans

le système éducatif pour penser autrement, alors nous avons la responsabilité de leur montrer qu’ils peuvent aussi agir, à leur niveau ». À quel niveau d’ailleurs ? « C’est une bonne question. On se laisse envahir parfois par nos passions et notre envie de partager avec les autres et de faire avec. J’ai rencontré Claire Nouvian, présidente de Bloom et défenseuse des océans. On s’est rendu compte qu’il fallait aussi que l’on prenne soin de nous pour toujours être à la juste place ». C’est ainsi que Françoise Vernet s’interroge aussi logiquement sur les moyens de gouvernance, sur l’entreprise libérée et la manière de « faire ensemble ». Arriver à se réaliser en prenant soin de soi, sans nul doute que cette naturopathe (oui, elle a aussi cette corde à son arc) trouvera la solution et pourquoi pas à Bordeaux ?

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ARTS ET CULTURE

Sophie Barthélémy

« J’aime beaucoup la mixité » Hésiter et puis finalement décider de sauter le pas. Sophie Barthélémy a longtemps été conservatrice chargée de collections et occupe désormais le poste de directrice du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux depuis 2014. Alors comment dirige-t-on un musée quand on est une femme ? « Il faut avoir les mêmes qualités de savoir valoriser ses équipes et faire preuve de diplomatie. Peut-être que les femmes ont plus d’humanité mais je ne veux pas généraliser. » Dans une profession qui se féminise depuis plusieurs années, Sophie Barthélémy nous confie qu’elle apprécie aussi beaucoup travailler avec des hommes. « J’aime bien la mixité, ça apporte de la complémentarité. Dans mon poste précédent mon directeur était un homme, j’ai beaucoup appris à ses côtés. Et je ne veux pas tomber dans ces clichés de dire que les hommes sont plus francs. C’est juste différent. »

Mettre les femmes en valeur dans l’art La mixité, Sophie Barthélémy la retrouve aussi dans l’art. « Au musée, on aime bien mettre les femmes en valeur. », raconte-t-elle. Dans son passé dijonnais déjà, elle travaille comme commissaire sur une exposition consacrée à François et Sophie Rude. « C’était passionnant ! Sophie Rude qui était peintre a toujours vécu dans l’ombre de son mari et c’était l’occasion de la faire ressortir. » Au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, on peut suivre tout un parcours dédié aux femmes. Des œuvres d’artistes féminines, et d’autres qui font écho à notre époque comme le tableau évoquant le viol de Lucrèce. « Nous avons aussi un fonds très important sur Rosa Bonheur qui est née à Bordeaux et dont nous fêterons le bicentenaire en 2022. C’était un personnage d’une modernité folle qui assumait complètement son homosexualité et nous envisageons de lui consacrer une exposition ». Et dans la Galerie du Musée, une autre femme : la photographe Suzanne Lafont, qui a eu carte blanche. Elle expose également sa pièce « Nouvelles espèces de compagnie. Roman » au premier étage, résultat d’une commande de Bordeaux Métropole et à découvrir jusqu’au 8 avril 2019. 54 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


ANNE SOPHIE NOVEL

Au cœur de l’écologie des médias N’y aurait-il pas un problème avec ce titre ? Non madame la Rédactrice en Chef, on va bien parler ici de « l’écologie des médias ». On va essayer de comprendre comment les utilisateurs, les consommateurs et les producteurs de cette ressource sont arrivés à une telle défiance mutuelle, à provoquer une telle dégradation de ce milieu « l’information » ! Les réponses, on les trouve dans le film documentaire d’Anne-Sophie Novel, aboutissement de 5 ans de travail : « Les médias, le monde et moi ». Si J. K. Rowling a inventé pour Harry Potter le chemin de traverse, on peut affirmer qu’Anne-Sophie Novel s’y balade aussi depuis longtemps. La collégienne de Caudéran devenue docteur en économie sera finalement journaliste sur les questions de l’environnement, de l’écologie mais aussi sur les nouveaux modèles comme le partage ou la société collaborative. Et c’est en constatant au quotidien que ces sujets « écolos » passaient toujours après les autres qu’elle a commencé à s’interroger. D’un côté, la défiance vis-à-vis de la presse augmentait, de l’autre, les rédactions n’arrivaient pas à prendre en compte les sujets sur l’urgence environnementale. C’était il y a 5 ans. « J’ai tout d’abord eu l’idée de faire un livre sur la défiance vis-à-vis des médias, explique Anne-Sophie Novel, puis j’ai rencontré à Bordeaux Flo Laval, documentariste. Finalement, on est parti sur l’idée d’un film documentaire ». Puis, au fil des années de recherche, des interviews à travers le monde, une évidence s’est présentée à l’auteure : « Les médias souffraient des mêmes maux que la planète, le sujet n’était plus la défiance mais bien l’écologie des médias en danger. Et finalement je découvrais que la plupart des symptômes

mais aussi des solutions pour sauver ces deux « milieux naturels » étaient similaires. » C’est en effet, toute la démonstration du film qui explique comment le retour par exemple à de l’information de proximité faite par des gens du coin pour les gens du coin (une information locavore finalement), améliore la relation entre producteur et consommateur d’actualité. On y voit aussi des projets de co-construction de l’information ou bien encore de vérification collective à l’instar de certains projets environnementaux ou des applications de labellisation de produits agro-alimentaires. Enfin, on en arrive à parler d’une réduction de la production des news pour lutter contre l’infobésité. Evidemment, le film a bénéficié d’une campagne de crowdfunding pour une partie de son financement. Il est en cours de diffusion sur docstv.fr, la télévision publique Belge le diffusera bientôt. Anne-Sophie et Flo Laval se rendent disponibles pour des projections notamment pour les collèges et les lycées. « En effet, comme pour la prise en compte de l’urgence environnementale, il est nécessaire de transmettre, de partager, de débattre, d’échanger. Nous revendiquons notre filiation avec le projet et film Demain ! » On souhaite à ce film un parcours similaire.

55 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


ARTS ET CULTURE

Azama, les émotions éffilochées et partagées AVEC LE TISSU, AZAMA PARTAGE LES ÉMOTIONS QU’ELLE A VÉCUES… ET EN FAIT NAÎTRE CHEZ LES AMATEURS QUI DÉCOUVRENT SES ŒUVRES. L’ARTISTE ZAÏROISE VIT ET CRÉE À BORDEAUX, APRÈS AVOIR GRANDI EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO. SUR SON PASSÉ, ELLE NE LÈVE QUE PUDIQUEMENT LE VOILE. MAIS ELLE PARTAGE DÉSORMAIS DES ÉMOTIONS APAISÉES À TRAVERS UNE TECHNIQUE DE CRÉATION BIEN PARTICULIÈRE. Une émotion partagée avec ses visiteurs Car Azama – son véritable prénom et non un nom d’artiste – tisse des œuvres étonnantes. Ou plutôt, les détisse : ses créations naissent de la façon dont elle effiloche un tissu. Et ce processus l’a accompagnée toute sa vie, puisque depuis toute petite, Azama se sert de cette technique pour exprimer une émotion difficile à retenir ou à vivre. La douceur du tissu, la texture du fil et même le son ainsi créé servent d’exutoire et finalement, d’expression. « Grâce à cet effilochage, cette émotion devient

belle même si elle ne tient qu’à un fil, raconte l’artiste. Je réussis à faire passer la lumière et on ne garde que le beau et l’essentiel, léger comme une plume. » Ces moments d’expression sont désormais l’occasion d’autant de rencontres lors de ses expositions. Depuis près de 5 ans, Azama se consacre entièrement à son art. Elle est d’ailleurs la seule à le pratiquer sous cette forme. Et si cette déstructuration qui donne naissance à d’autres formes peut surprendre de prime abord, les œuvres d’Azama suscitent d’autres émotions chez les visiteurs. « Nous sommes tous effilochés, nous avons tous en nous des morceaux manquants », exprime l’artiste. Ainsi, telle ou telle œuvre va peut-être rencontrer un écho particulier. « Je m’efforce de rester proche des gens qui découvrent et s’imprègnent, parce que je suis toujours étonnée de ce qu’ils ont à raconter », ajoute-t-elle encore, évoquant « la petite Azama qui ne m’a jamais quittée ». Après une exposition à Nîmes et avant d’autres projets à Bastia et à Londres, les œuvres d’Azama seront à découvrir au Canopée Café à Mérignac entre le 15 avril et le 11 mai.

Crédit photo: Benjamin Gay

56 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes


CrĂŠdit photo: Benjamin Gay


L’OEIL SUR LES RÉSEAUX

À BORDEAUX, LES RÉSEAUX FÉMININS ONT DES TALENTS Se retrouver entre pros pour discuter de thématiques communes… ou échanger autour de compétences et de projets ? Ce sont les objectifs des réseaux professionnels. Et à Bordeaux comme dans d’autres villes de France, il existe des réseaux uniquement féminins. On s’y retrouve aussi pour évoquer les bonnes pratiques, pour dépasser les questions des disparités avec les collègues masculins, pour s’entraider ou pour partager autour des questions de mixité professionnelle. Et ça marche. Rien qu’à Bordeaux, on dénombre une demi-douzaine de réseaux professionnels féminins très actifs. Tour d’horizon non exhaustif !

Daniela Felletti

Lean in Bordeaux regroupe des étudiantes et des mères de famille en même temps que des professionnelles issues de tous secteurs. #partage #reseaupro

Marine Bermond et les femmes 3000 Gironde

Ce réseau national se décline en Gironde pour encourager les femmes dans leurs projets. #talentsfeminins #projets

Le Gang des Business Women décalées

Dans des groupes ou sur des thématiques liées à l’accompagnement des dirigeants, elles se retrouvent dans une ambiance «  nouvelle génération ». #gang #woman

Anne Cécile Banos

Depuis 2005 l’association accompagne gratuitement les femmes de plus de 45 ans, sans emploi, dans leurs démarches de retour à l’emploi. #nouvellevie

58 itiatives Bordeaux / Hors-série / Femmes inspirantes

Séverine Valette

Chaque année, place à un salon uniquement dédié à la reconversion professionnelle pour Elles. #nouvelelan #carriere

Cécile Desponse

Le réseau FCE existe à Bordeaux par une très forte implication dans l’économie locale. #reseaufemmes


LA RÉUSSITE EST EN VOUS

NOUS ACCOMPAGNONS LA RÉUSSITE AU FÉMININ

Maryline Reuschle, directrice du laboratoire cosmétologique Art&Cos, qui a fait de son métier sa passion. Lauréate du Prix de l’Eco Néo Aquitains 2018

Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique, Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable, régie par les articles L.512-2 et suivants du code monétaire et financier et l’ensemble des textes relatifs aux Banques Populaires et aux établissements de crédit. Siren : 755 501 590 RCS Bordeaux. Siège social : 10 quai des Queyries 33072 Bordeaux Cedex. Intermédiaire d’assurance immatriculé à l’Orias sous le numéro 07 005 628. Numéro d’identification intracommunautaire FR66755501590. Code APE 6419 Z.


BOUTIQUE LALIQUE - 19, cours de l'Intendance - 33000 Bordeaux - 05.57.34.32.68 - shop.bordeaux@lalique.fr


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