Tribune de Geneve-Millesime 2020

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Escapade dans le vignoble Bordelais

Pages 18 à 26

Sensuel et glamour, instants champagne

Pages 4 à 11

KF Scheufele, coprésident de Chopard parle de vins

Pages 12, 13

Un supplément de la Tribune de Genève

Les vins suisses au Beau-Rivage Genève

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Marc Lévy, confidences bachiques

Entre ses actualités et la parution de son dernier opus, Marc Lévy

s’exprime sur sa passion du vin…

Cela fait exactement 20 ans que Marc Levy a publié « Et si c’était vrai » . Aujourd’hui, le romancier aux 50 millions de livres vendus dans le monde, vient de signer son 21ème roman, premier tome d’une série baptisée « 9 » : « C’est arrivé la nuit » Dans ce nouvel opus, Marc Levy s’attaque à la notion toute relative « du bon et du mauvais côté de la force » dans le monde numérique. Il constate qu’une minorité « d’oligarques » s’emparent des richesses du monde. Ces derniers contrôlent et divisent les populations tout en faisant régner la peur : « Je pensais que cela n’existait que dans un roman de George Orwell… ». Cette dérive, selon lui ne vient pas de l’outil mais de l’humain. Les hackers, ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Il s’attelle, dans ce roman, à mettre en valeur ceux qu’il qualifie de Robin des bois des temps modernes et qui s’opposent aux puissants narcissiques. Il raconte le destin du groupe des 9, confrérie de hackeurs luttant contre les forces obscures qui veulent faire vaciller nos démocraties… Cette utilisation détournée des réseaux sociaux peut mener, selon lui à « la démocratie assassinée » Nous l’avons rencontré à New-York où il réside depuis 2008. Nous nous sommes bien-sûr entretenus avec lui sur des sujets qui concernent sa philosophie de vie, les voyages, ses convictions… Mais peu de ses lecteurs savent que Marc Lévy est un véritable amateur de vins. En effet Marc Lévy affectionne particulièrement les bordeaux mais n’en oublie pas pour autant les vins suisses : « Je suis très sensible aux vins suisses qui sont malheureusement trop méconnus. Concernant Genève, le secret le mieux gardé se trouve... en dehors de la ville. Son vignoble donne naissance à des vins parmi les meilleurs de Suisse » Rencontre bachique… Page 2

Préambule Découvrez le nouveau supplément “Millésime”

Thibault

Reichell

Responsable du supplément

Depuis plusieurs années, les lecteurs de la Tribune de Genève ont pour habitude d’apprécier les suppléments Champagne qui paraissent traditionnellement lors de chaque fin d’année au moment des fêtes de Noël. Partant de ce constat, nous avons décidé, avec la rédaction en chef du journal, de poursuivre l’expérience et de vous faire découvrir régulièrement un univers plus diversifié, celui des vins, champagnes et spiritueux. Ainsi est né, le projet du supplément « Millésime » que nous sommes heureux de vous présenter aujourd’hui. Nous vous proposons, au travers d’une ligne éditoriale axée sur l’art de vivre, de vous aider à décrypter cet univers qui peut parfois intimider les amateurs.

Dans ce supplément, vous pourrez ainsi composer votre cave sans fausse note, agrémenter vos dîners de fin d’année avec les meilleures cuvées de champagne, découvrir la passion de l’écrivain Marc Lévy pour les beaux flacons ou les secrets de Bacchus de Karl-Friedrich Scheufele - coprésident de Chopard - collectionneur très averti. Mais aussi aller à la rencontre de Dominique Gauthier, le chef talentueux du restaurant Le Chat-Botté du Beau-Rivage Genève, amateur éclairé de vins suisses ; ou découvrir la passion et les conseils du suisso-italien Paolo Basso - meilleur sommelier du monde 2013. Nous vous souhaitons à toutes et à tous de très belles fêtes de fin d’année, et nous vous remercions par avance de nous suivre dans cette nouvelle aventure. D’ores et déjà, prenons rendez-vous pour 2021 et la seconde édition de « Millésime » où la part belle sera faite, bien entendu aux vins suisses, mais aussi à des vins et spiritueux en provenance du Monde.

3 |
4 à 11 |
12, 13 | Cocktails 14, 15 | Suisse 16 | Bordeaux 18 à 26
Entretien 2,
Champagne
Collectionneur
9 décembre 2020 | Ce supplément ne peut être vendu séparément Tamedia Publications romandes SA - Tribune de Genève - Rue des Rois 11 - 1204 Genève - Tél: 022 322 40 00 - Case postale 5115 - 1211 Genève - Rédacteur en chef : Frédéric Julliard - Responsable du supplément : Thibault Reichell - Publicité : Thibault Reichell, t.reichell@citizenhedonist.com - Maquette : Claire Carreau - Tirage: 31’148 exemplaires (REMP 2020) - Audience: 94’000 lecteurs (MACH Basic 2020 - 2) - Impression : CIL Centre d’Impression Lausanne SA - Indications des participations importantes selon l’article 322 CPS : Actua Immobilier SA, CIL Centre d’impression Lausanne SA
Marc Lévy vit aujourd’hui à Manhattan dans l’un des cinq arrondissements de la ville de New York. © ANTOINE VERGLAS
Mercredi
[ L’univers des Vins & Spiritueux ] M illésime

Marc Levy [ Rencontre hédoniste à New York… ]

C’est à New York, en plein cœur de Manhattan, dans le quartier de Greenwich Village, que nous avons rendez-vous avec Marc Lévy. Au 130 W 3rd Street, Antoine Verglas, le célèbre « photographe des stars » aux Etats-Unis, nous attend au 4ème étage d’un immeuble tout en briques rouges dans le pur style newyorkais. Lové dans un building qui accueillait autrefois d’anciennes écuries, son superbe loft de 350 m2 marie harmonieusement poutres apparentes, bois et briques rouges…

Précédé d’un couloir, le « living studio » se dévoile… Coin maquillage et coiffure, espace détente avec un superbe sofa, pièce d’archives renfermant des milliers de négatifs photos, studio de shooting et cuisine américaine où une bouteille de bordeaux nous attend… Marc Levy, l’auteur français contemporain le plus lu à l’étranger, grand amateur de vins, engage la conversation. Traduits en 49 langues, ses romans se sont vendus aujourd’hui à 50 millions d’exemplaires dans le monde. Rencontre…

Si vous deviez vous définir en quelques mots…

J’ai toujours eu un mal fou à m’intéresser à moimême, mais pour tenter de vous répondre, écrivain après avoir parcouru le monde, je me suis installé à New York, fasciné par la diversité culturelle, sociale et ethnique qu’offre cette ville qui regroupe sur une île plus de 300 communautés différentes cohabitant dans une certaine harmonie. Mon centre d’intérêt principal a toujours été l’humain. C’est peut-être pour cela que ma vie active a commencé par un engagement à la Croix Rouge, où j’ai passé six ans.

Pensez-vous comme l’alchimiste de Paolo Coelho vivre votre légende personnelle ? Je ne crois pas avoir une légende personnelle. Cela me semblerait un peu prétentieux. J’espère seulement pouvoir me dire à la fin de ma vie, que j’ai été un homme sincère dans ce que j’ai accompli comme dans mes échecs, fidèle aux valeurs que mes parents m’ont transmises, à mes pairs, à ma famille et à mes amis. C’est la façon dont j’envisage d’avoir réussi sa vie.

Le destin existe-t-il ?

Imaginer qu’il est tout tracé reviendrait à nier l’intelligence humaine et le libre arbitre. Je crois que le destin est fait des choix que la vie place sur notre chemin et notre destinée dépend de ceux que nous faisons.

Vous véhiculez aujourd’hui l’image d’un homme qui a pleinement réussi sa vie… Avezvous cependant des regrets ?

Je ne pense pas avoir pleinement réussi ma vie, car j’espère qu’elle est loin d’être finie. J’ai encore bien des rêves à réaliser. Et puis, loin de cette image de réussite, j’ai aussi raté pas mal de choses, et heureusement d’ailleurs, car j’ai beaucoup appris de mes échecs, peut-être plus que des succès. Je sais avoir eu beaucoup de chance et je me suis efforcé humblement de travailler beaucoup pour la mériter. Mon seul regret est de ne pas avoir connu ma femme plus tôt.

Un de vos livres, « La Dernière des Stanfield », est une plongée en apnée dans les secrets de famille, avec cette question en fil directeur : connaissons-nous bien nos proches ? Au final, qu’en pensez-vous ?

On ne sait de nos parents et de nos proches que ce qu’ils ont bien voulu nous dire. Ce que nous avons bien voulu entendre dépend de là où l’on place son centre de gravité, autour de son nombril ou portés vers l’extérieur. Il faut beaucoup d’amour pour comprendre qu’avant de devenir nos parents, ceux-ci étaient homme et femme, aspiraient comme nous à réaliser leurs rêves. On le comprend d’ailleurs en devenant nous-même des parents.

Quand vous êtes sur New York, quelle est votre journée type ?

Celle d’un mari, d’un père de famille et d’un artisan qui écrit dans son atelier, souvent la nuit.

Dans un monde où les religions sont devenues sources de conflits, quel regard portez-vous sur elles ?

Les religions ont toujours été sources de conflits.

“Je suis amateur de Bordeaux. J’ai un faible pour les Pomerols et les Margaux.”

Religion et foi se confondent mais sont pourtant différentes. Les religions sont des organisations conçues pour diriger les hommes, les contraindre dans des lois établies par des castes qui s’arrogent les paroles d’un Dieu pour régner sans contestation. Les textes divins sont interprétés à dessein en ce sens. Ce sont ceux qui dirigent ces organisations, et selon qu’ils sont ultraconservateurs, autocrates, fanatiques, ou au contraire progressistes et tolérants, qui font que les religions sont sectaires et belligérantes ou tolérantes et pacifiques.

Quelle est votre vision du monde dans les prochaines années ?

Je suis de nature optimiste et inquiète et en ce moment l’inquiétude prime. Je crois que nos démocraties sont à nouveau en péril. Ce que je vois et vis quotidiennement depuis les États-Unis me le laisse penser. Une poignée d’hommes, mus par des idéologies ultraconservatrices, religieuses, ou par des agendas bassement mercantiles sont en train de mettre à mal la démocratie, détruisent jour après jour les institutions qui la protègent. S’ils arrivent à leurs fins, la Russie et les États-Unis vivront dans vingt ans sous des mêmes types de régimes, comme d’ailleurs celui que connaissent la Turquie ou les pays du Golf. L’Europe reste le

dernier bastion de la démocratie.

Quel est votre plus grand luxe ? D’être écrivain et libre d’écrire ce que je pense, de pouvoir vivre de ma plume, enfin de mon clavier pour être précis.

La liberté est un thème fort pour vous… Elle a guidé toute mon existence…

Quelle est votre dernière colère ?

La colère m’est étrangère, mais je me révolte facilement. Je préfère agir à mon humble mesure pour faire changer les choses qui me révoltent et participer du mieux que je le peux, que de pousser des coups de gueule…

Dans les moments compliqués de votre existence, comment faites-vous pour retrouver la paix intérieure ? Si votre centre de gravité est porté vers les autres, il est plus facile de relativiser ses propres problèmes.

Que prônez-vous dans votre vie ?

La tolérance, le respect de l’autre, l’humilité et l’humour.

Quels sont vos goûts en matière d’art ?

La spontanéité et la beauté sous toutes ses formes. Musique, photo, peinture sculpture, architecture, cuisine, je suis curieux de tout.

Durant votre vie, quels livres vous ont construit ?

Ils se comptent par centaines et continuent de me construire, des Misérables aux Raisins de la colère, de la poésie de Prévert à l’œuvre de Gary, les grands auteurs américains comme Kent Haruf, Richard Yates, Hemingway, et tant d’autres.

La séparation par la mort avec les gens que l’on aime est souvent au cœur de vos romans. Mais quel est votre rapport personnel à la mort ?

Nous sommes fâchés depuis la mort de mon père…

Vous considérez-vous comme un écrivain en marge du système ?

Si un écrivain appartient à un système, alors il a perdu sa liberté. Je n’ai jamais appartenu à un milieu, car quand on est au milieu, on ne voit plus rien de ce qui se passe à l’extérieur.

La question identitaire est très souvent au cœur de vos romans…

Elle est au cœur de nos vies, il me semble.

Et pour finir, quelle est votre prochaine actualité ?

Je vais aller préparer le dîner de mes enfants (sourire) et je retournerai ensuite à l’écriture de mon prochain roman...

Plus d’infos sur www.marclevy.info

Texte : Thibault Reichell • Photos : Antoine Verglas • Remerciements à Didier Lazare Benitah.

Antoine Verglas

Né en 1962, Antoine est un photographe français, naturalisé américain, basé à New-York. Dès ses débuts, Antoine Verglas a introduit, avec les mannequins Stephanie Seymour, Claudia Schiffer, Linda Evangelista, Cindy Crawford… une série de photographies de mode de style documentaire intime qui ont paru dans plusieurs éditions internationales du magazine Elle. Au fil des années, Antoine Verglas a connu une carrière florissante dans la photographie commerciale en créant des images pour Victoria’s Secret, Revlon, Maybelline…ainsi que pour des magazines comme Vogue, Elle, Ma xim, Sports Illustrated, GQ et Playboy.

Plus d’infos sur www.antoineverglas.com

A lire...

« À quoi sert d’être écrivain, si ce n’est pour raconter des histoires qui interpellent, pour se poser des questions ? Je m’en suis posé à chaque page, alors j’ai mené l’enquête, résolu, aussi mordu qu’un reporter. Je suis parti à la rencontre des vrais protagonistes, des hors-la-loi au cœur d’or, des vilains bien sous tous rapports, des manipulateurs, des faussaires, des passeurs, des assassins en col blanc, des putains magnifiques, des journalistes risquant leur peau pour que la vérité éclate, et ce faisant j’ai découvert l’indicible… »

« C’est arrivé la nuit »

Editions Robert Laffont CHF 35.00

2 Entretien TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

Questionnaire bachique

Quels sont vos goûts en matière de vins ?

Même si je suis très sensible aux vins suisses qui sont malheureusement trop méconnus - le secret le mieux gardé de Genève se trouve... en dehors de la ville. Son vignoble donne naissance à des vins parmi les meilleurs de Suisse. Je suis surtout amateur de bordeaux. J’ai un faible pour les pomerols et les margaux, le Labégorce Zédé, le clos du Clocher, et le château l’Evangile en particulier, même si j’ai rarement eu l’occasion de goûter ce dernier.

Est-ce qu’un vin a particulièrement marqué votre vie ?

Oui, lorsque j’étais adolescent, le père d’un ami, propriétaire et exploitant d’un vignoble, a sorti un jour de sa cave un Clos des Lambrays datant de 1914. Je garderai toute ma vie le souvenir de cette bouteille. Elle avait traversé, intacte, un siècle et deux guerres mondiales. Son histoire et son destin me fascinaient. Je pense écrire un jour un livre dont elle sera le fil rouge.

Gardez-vous un souvenir particulier d’un déjeuner ou d’un dîner ?

Mon premier dîner avec ma femme, mes premiers dîners en tête à tête avec chacun de mes deux fils, et je guette celui que je connaîtrai avec ma fille, mais elle est encore jeune, alors je dois patienter… Un dîner aussi en tête à tête avec mon père et un dîner en Corse avec mes amis où un fou rire dura si longtemps que nous nous sommes retrouvés allongés par terre. Le vin y avait peut-être un peu aidé…

Quels sont vos moments de prédilection pour apprécier un vin ?

Autour de bons mets, entouré d’amis.

Avec quel personnage célèbre (mort ou vivant) aimeriez-vous partager une bonne bouteille ? Et que lui diriez-vous ?

Avec Victor Hugo. Comment avez-vous fait pour accomplir une telle œuvre ?

Quelques mots sur votre cave ?

J’ai beaucoup voyagé, alors ma cave a toujours été relativement réduite. Et puis je suis un épicurien qui vit dans le présent. Comment résister à l’envie de libérer un bon vin ?

Si Bacchus existe, qu’aimeriez-vous vous qu’il vous dise à votre mort ?

Tu as su bien vieillir…

Quels restaurants fréquentez-vous lorsque vous êtes de passage à Paris ?

J’ai un faible pour « Chez l’Ami Jean », rue Malar, je m’y précipite dès que j’arrive à Paris. Le patron est aussi généreux et créatif que sa cuisine.

Baudelaire dans « Les fleurs du mal », « humait à longs traits le vin du souvenir ». Quel rapport entretenez-vous avec le passé ? Celui des bons souvenirs. Le manque qu’il me laisse est celui de mon père. Mais la passion que j’entretiens pour le présent me protège de la nostalgie.

La magie Saint-Julien, l’élégance Barton
TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020
Entretien 3
www.barton-family-wines.com
PUB_LEOV_SUISSE_216X279_11_20_FLASH_1.qxp_Mise en page 1 17/11/2020 18:47 Page 1 PUBLICITÉ

Dossier

Champagne [ Instant séduction ]

Séducteur, sensuel et glamour, le champagne est le vin de tous les superlatifs. Très en vogue dans les bars des grands hôtels, parfois associé dans le shaker, Il se plie à toutes les humeurs, s’adapte à tous les moments, toutes les circonstances comme ici lors de cette prise de vue, illustrant que champagne et féminité s’associent parfaitement. Mieux le connaître et savoir le déguster est non seulement un plaisir pour le palais, mais aussi l’apprentissage d’un art légué par des siècles de civilisation. Partout dans le monde, il est synonyme d’élégance et de plaisir. Alors champagne !

Il a su enchanter les poètes russes, les écrivains français et les dandys anglais… Il enflamme les discussions, nourrit les débats, stimule parfois la créativité. Le champagne accompagne les émotions de tous les instants, souligne les moments inoubliables. Il rend joyeux, séduit hommes et femmes, met en valeurs les mets les plus fins. Au XIXe siècle, une chanson déclare même « Quand tu pétilles dans mon verre / Vin spirituel et joyeux / Mon œil brille, mon front s’éclaire / Je pense plus, je parle mieux ». Le champagne a inspiré de nombreux auteurs, d’Agatha Christie à Colette et Marcel Proust, et réalisateurs dont Robert Capa. C’est un fidèle compagnon de James Bond. Laurel et Hardy le boivent frappé, Marilyn Monroe avec des chips, Katharine Hepburn avec un ours. Quant aux artistes, eux aussi se laissent prendre au charme des grandes maisons de champagne dont les flacons inspirent leur créativité.

Le champagne enchanteur sait aussi s’adapter aux moments. Blanc de blancs il charme tous les instants. Et blanc de noirs, sa vinosité rend hommage aux plats gastronomiques les plus fins. Quant au rosé, il révèle la délicatesse d’un moment gourmand. A moins, que tout cela ne s’inverse, selon les goûts et les préférences de chaque amateur, de son état d’esprit. Car le champagne est avant tout universel. De New York à Shanghai, en passant par Tokyo, Londres ou Paris, ses fines bulles font rêver, transportent sur une autre planète. D’après la légende, Dom Pérignon, inventeur de la méthode champenoise et donc du champagne, ne disait-il pas qu’il « goûtait les étoiles » ?

Produit de luxe accessible, le champagne véhicule avant tout du rêve. Un domaine que les grandes maisons explorent au fil des années en proposant des cuvées « extraordinaires » au sens propre du terme, des millésimes soigneusement choisis. Et à l’instar des jolies femmes, les bouteilles s’habillent en haute couture grâce à des collaborations avec les plus grands créateurs de mode, tels Karl Lagerfeld, Dior ou Pucci. Déjà la marquise de Pompadour, favorite de Louis XIV, disait du champagne « qu’il est le seul vin qui laisse les femmes belles après l’avoir bu ». Depuis sa naissance, le champagne est lié au luxe, à la victoire et aux festivités. Et aucun autre vin n’a pu lui ravir la vedette. Magie des bulles et séduction « à la française », le champagne exacerbe la sensualité et l’intelligence. Sachons être prodigues en bulles. Elles nous le rendent bien…

Texte : Astrid Bartholdi • Photographe : Sandra Fourqui • Mannequins : Baptiste Giabiconi et Kristina Krajcirova

4 Champagne TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

Champagne 5

Retour sur les origines du champagne L’origine du mot « champagne » provient de l’ancien terme français « canpayne ».Datant du XIe siècle, ce mot signifie « grande étendue de terrain plat ». Ce sont alors les nombreux champs ouverts sur des plateaux qui ont inspiré son nom.

TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

6 Champagne

Markus Del Monego Les mystères du champagne

Markus del MONEGO

Meilleur Sommelier du Monde 1998

Après une carrière dans l’hôtellerie, Markus Del Monego, né en Suisse, a gagné le concours du Meilleur sommelier du monde en 1998. Depuis, il a fondé le laboratoire CaveCo, spécialisé dans l’analyse organoleptique des vins et spiritueux. En 2003, il est le premier Meilleur sommelier du monde à devenir

Master of Wines. Installé en Allemagne, il travaille aussi comme expert assermenté pour l’évaluation des vins et est également l’auteur de nombreux livres et articles.

Vous pouvez le retrouver sur le site internet Tasting Book.

Plus d’infos sur www.tastingbook.com

Né en Suisse et de nationalité allemande, Markus Del Monego, Meilleur sommelier du monde 1998, connaît intimement l’univers élégant et festif du champagne. Attiré par les champagnes mûrs, porteurs pour lui d’arômes plus riches et d’une complexité plus profonde, il décrypte pour nous les mystères de cet univers.

Le champagne a toujours été associé aux termes de charme, de séduction, d’élégance et de raffinement. Qu’est-ce qui le rattache à cet univers si particulier ?

Cette association est bien justifiée car le champagne est effectivement élégant et raffiné. Issus d’une région viticole relativement septentrionalela Champagne est proche de la frontière de la culture de la vigne en Europe - ses vins jouent plus sur l’élégance que sur la puissance ; cela se retrouve dans l’expression du produit, sa minéralité, sa gamme aromatique de fruits et fleurs qui sont très complexes, mais raffinés comme une dentelle. Son côté appétissant, rafraichissant et séduisant en fait un produit festif par excellence.

Certains font un parallèle entre champagne et parfum. Cela vous semble-t-il pertinent ? Il est difficile de comparer les deux univers car les parfums sont souvent plus intenses et excessifs que les touches aromatiques du champagne, plus discrètes et fines. Cela étant, l’idée de mettre deux mondes complexes et exigeants ensemble n’est pas complètement dépourvu de sens. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’une synthèse de plusieurs éléments pour arriver à un tout, à l’expression d’un produit. Dès lors, faire dialoguer un œnologue et un parfumeur peut être enrichissant. Je me souviens avoir discuté avec Monsieur Guerlain, il y a quelques années. C’était passionnant de voir comment il percevait les expressions aromatiques des champagnes.

Au cours de votre carrière, vous avez dégusté un grand nombre de champagnes. Quels sont vos souvenirs les plus marquants ?

“J’ai eu la chance de rencontrer un collectionneur suisse avec quelques flacons parmi les plus exceptionnels du monde.”

J’en ai tellement dégusté ! Mais ce qui me surprend toujours quand j’ai la chance de goûter de vieux champagnes vieillis sur pointe, c’est la fraîcheur qu’ils gardent. Même au bout d’un siècle, c’est impressionnant ! Et j’aime aussi beaucoup les champagnes plus mûrs. Leur évolution apporte des arômes plus riches, une complexité plus profonde. Si les jeunes champagnes font plaisir, après une ou deux décennies, ils deviennent fascinants de délicatesse et de finesse. Cette capacité de vieillissement est spécifique à la Champagne et ne se retrouve pas avec les autres effervescents européens, quelle que soit leur qualité.

Mais vous avez certainement des souvenirs particuliers liés à des dégustations ?

se trouve en famille, avec des amis, que ce soit à la maison ou en voyage. Les êtres qui nous accompagnent font la différence d’appréciation. Existe-t-il de grands collectionneurs de champagnes ?

Bien sûr, mais comme tous les collectionneurs, ils sont très discrets pour ne pas se placer devant leurs vins. Certaines collections sont sublimes et la tradition est très forte en Europe en la matière. Mais il en existe aussi au Japon, maintenant en Chine et aux Etats-Unis. Ensuite, il faut différencier ceux qui privilégient la quantité avec des milliers de bouteilles et une grande diversité de millésimes, et ceux qui choisissent la qualité. J’ai eu la chance de rencontrer un collectionneur suisse qui n’a pas une cave excessivement grande - un millier de bouteilles - mais avec quelques flacons par millésime, parmi les plus exceptionnels. Il a préféré s’intéresser à la richesse des vins et le choix qu’il possède est vraiment impressionnant.

Quels conseils donneriez-vous à un amateur non averti ?

Avant tout, dans l’univers du champagne, il y en a pour tous les goûts avec une diversité de produits

immense. Ce qu’il faut avant tout, c’est comprendre ce qu’on aime dans un champagne : sa palette aromatique et son intensité, la finesse des bulles… Une fois qu’on a compris ces éléments, il suffit de se laisser porter par le fil des découvertes, bâtir son avis sur l’expérimentation et découvrir ce que l’on apprécie. L’essentiel est de trouver l’adéquation avec son propre goût, pas forcément avec telle ou telle étiquette.

Comment expliquez-vous l’essor des champagnes rosés ces dernières années ?

Ce renouveau est sans doute dû à leur richesse aromatique, liée à l’utilisation de cépages rouges qui ont plus de corps. Les rosés fascinent de plus en plus et pas uniquement un public féminin. Je me souviens qu’au début des années 2000, j’avais voulu proposer une cuvée rosée aux clients des salons de première classe de la compagnie aérienne Lufthansa. Mais aucun homme n’en voulait. Aujourd’hui, ce n’est plus un problème. Les mentalités ont changé et les rosés ont retrouvé leur place avec leur richesse aromatique plus vineuse.

Une histoire liée à dom Pérignon Historiquement, dès le Moyen Âge, la région de la Champagne a commencé par produire des vins tranquilles non effervescents. Des vins clairs appelés aussi « nature », dont la renommée commence à dépasser leur région d’origine au XVIe siècle, par l’entremise d’un ambassadeur de renom, le roi Henri IV. Puis au XVIIe siècle, grâce aux talents de dom Pérignon (1638-1715), un moine cellérier de l’abbaye bénédictine d’Hautvillers, notamment par l’assemblage de différents crus et le contrôle de la prise de mousse lors de la deuxième fermentation.

Bien sûr ! Je me souviens de la présentation aux meilleurs sommeliers du monde de la cuvée l’Esprit du Siècle de Moët & Chandon. C’était impressionnant de déguster un champagne composé de vins de chaque décade du XXe siècle, de 1900 à 1995, avec une quasi troisième fermentation. Ce champagne était exceptionnel et m’a beaucoup marqué. Mais je pourrais en dire autant d’autres grands produits : un Comte de Champagne de Taittinger, un Dom Pérignon, un Krug, un Pol Roger, un Laurent-Perrier ou un Salon sont tout aussi marquants.

Quels sont les meilleures conditions de dégustation ?

Professionnellement, l’idéal est de déguster dans la matinée. C’est le moment où le palais est le plus ouvert et le plus neutre. Après le déjeuner ou dans la soirée, la fatigue se fait sentir. Et pour les dégustations les plus importantes, je privilégie un cadre neutre pour mettre en valeur le produit. Mais ce qui est professionnellement idéal n’est pas pour autant ce qui donne le plus de plaisir. Les meilleures conditions de dégustation, c’est lorsqu’on

TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

Champagne 7

Quels sont les différents types de champagne ?

Lors d’un dîner ou d’un cocktail, il vous est sans doute déjà arrivé de rencontrer l’expression « champagne millésimé » sans savoir véritablement à quoi cela correspondait… Petit lexique des notions incontournables à connaître sur le champagne.

• Brut sans année (BSA)

Il s’agit d’un champagne élaboré à partir de cépages, d’années et de régions différentes pour maintenir aussi constant que possible le goût typique d’une maison de champagne. D’où l’importance du dosage, véritable signature de la maison. Mêlant en général un tiers de chardonnay, un tiers de pinot noir et un tiers de pinot meunier, il est élevé au moins 18 mois en cave avant d’être mis en vente. À boire rapidement, plutôt à l’apéritif ou en cocktail.

• Millésimé

En œnologie, cette expression désigne l’année de vendange des raisins et de l’élaboration du vin. Ainsi, un champagne millésimé est composé exclusivement de raisins d’une même année. Son goût peut donc varier d’un millésime à l’autre. En règle générale, seules les bonnes années sont millésimées.

• Cuvée Prestige

Millésimée ou non, elle est composée d’une sélection de terroirs. Toutes les maisons, comme la plupart des vignerons indépendants, ont leur Cuvée Prestige. A noter que ces mentions n’ont aucune signification réglementaire... Elles correspondent à une démarche purement commerciale des grandes maisons.

• Blanc de blancs

Il s’agit d’un champagne élaboré exclusivement à partir de raisins de cépage chardonnay (raisin blanc à jus blanc). Le goût est généralement plus fin et le prix plus élevé.

• Blanc de noirs

C’est un champagne blanc, plus charpenté, issu de raisins noirs à jus blanc (pinot noir et pinot meunier).

• Rosé

Souvent obtenu par adjonction de vins rouges (de Champagne). Certaines maisons préfèrent laisser macérer un temps la peau des raisins (pinots) lors de la vinification. Cela donne des rosés vineux de repas. Le rosé élégant d’apéritif est plus souvent issu de chardonnay coloré au vin rouge. Les rosés peuvent être millésimés ou non.

Et la notion de crus ?

A l’instar des autres vignobles, il existe différents crus de champagne et il est souvent compliqué pour les amateurs de vin de s’y retrouver… Voici quelques pistes...

Une échelle de valeur a été instituée au XVIIIe siècle par les Champenois pour leur permettre de classer leur production. Pour l’établir et déterminer la notion de cru, tout est pris en compte : la géologie, les microclimats, l’exposition, l’altitude, les vents dominants et cela selon plusieurs critères (le cépage, l’âge des vignes, la vinification etc.). Un cru est caractérisé par un pourcentage compris entre 80 et 100. Ce pourcentage sert de référence. Les quelque 300 crus de champagne sont ainsi classés en trois catégories et regroupés sur une échelle des crus.

Echelle des crus de champagne

• 17 Grands Crus classés à 100 %

• 44 Premiers Crus classés de 99 % à 90 %

• 237 Crus classés de 89 % à 80 %

Grand cru Champagne provenant des seules communes classées à 100 %, celles qui possèdent les meilleurs terroirs.

Premier cru Champagne provenant de communes dont le classement est compris entre 90 et 99 %.

Le champagne, un vin féminin ?

La Marquise de Pompadour (1721-1764), favorite du roi de France Louis XV, aurait dit que « Le champagne est le seul vin que la femme peut boire sans s’enlaidir ».

Assurément, la faible teneur en sucre du champagne n’est pas étrangère à cet argument :

Le champagne extra-brut (0 à 6 grammes de sucre par litre)

Le champagne brut (6 à 20 grammes de sucre par litre)

Le champagne sec (17 à 35 grammes de sucre par litre)

Le champagne demi-sec (33 à 50 grammes de sucre par litre)

Le champagne doux (plus de 50 grammes de sucre par litre).

Rencontre avec Sandra Fourqui

Un monde de bulles revisité dans ce dossier par Sandra Fourqui. Après avoir photographié les plus célèbres top models, dont Claudia Schiffer et Estelle Lefébure, Sandra Fourqui collabore aujourd’hui avec les plus grands magazines. Elle vient même d’en créer un…Rencontre.

Vous avez été bercée par Helmut Newton, Man Ray... Comment définiriez-vous votre style ?

C’est assez difficile de définir son propre style... Ce que je peux dire c’est que j’aime la perfection, la sensualité, le glamour et le sophistiqué....

Vous vous êtes prêtée à un exercice de style autour du champagne. Qu’évoque-t-il pour vous ?

Le champagne est pour moi un vin féminin par excellence. Il est festif, chic et un peu enchanteur. J’adore le champagne rosé, qui a un côté très « girly », mais j’aime aussi les vins sucrés tel que le chardonnay ou le pinot. Le champagne est une icône et comme le disait George Sand : « Le champagne aide à l’émerveillement. ».

Pouvez-vous nous parler de Krushing, le magazine que vous avez créé ?

C’est un magazine qui s’adresse essentiellement

aux femmes d’aujourd’hui. On y retrouve des rencontres avec des mannequins comme Estelle Lefébure, Isabelle Adjani…, des portraits de designers et artistes, la quintessence de l’art de vivre, de nombreux shootings, toutes les tendances mode, des reportages consacrés au voyage, des conseils… Aujourd’hui Krushing Magazine, évolue et devient Liberty’s. Nous allons développer le monde de l’art et du luxe en collaborant avec des peintres, sculpteurs, artistes de street-art et proposer des œuvres exclusives qui seront disponibles sur le site internet du magazine. Notre magazine biannuel sera disponible en France dans une sélection de librairies : Palais de Tokyo, Drugstore Publicis, WH Smith…, mais aussi dans les kiosques et les palaces parisiens.

Plus d’infos sur sandrafourqui.com/KRUSHING2.pdf et www.libertysmagazine.com

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divine Isabelle Adjani € 02 m# m KRUSHING Féminisme M G Ch d K g E R R X A V E R L A V I C T O I R ER E M S L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É A C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N DEUTZ brut classic Ciel etoile 209x279:5667 DEUTZ 225x285 24/11/20 14:24 Page1 TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

8 Champagne

L’art d’associer le champagne selon Moët & Chandon

Si le champagne est très souvent servi à l’apéritif, voire au dessert, il accompagne assez rarement tout un repas. La Maison de champagne française dévoile les secrets d’une expérience enrichie et partage sa vision de l’art d’associer ses champagnes d’exception.

Alors que la plupart des amateurs de champagne associent instinctivement leur champagne de choix à de la nourriture, peu maîtrisent les connaissances que certains experts en vin et sommeliers appliquent pour valoriser un champagne choisi pour accompagner un apéritif ou un repas gastronomique. Pour la première fois, Moët & Chandon a levé le voile sur ces secrets gardés, en dévoilant les détails de la philosophie du food-pairing affinée par son chef de cave, Benoît Gouez, en collaboration avec son chef exécutif, Marco Fadiga. Jusqu’à présent, leur savoir-faire faisait partie des expériences rares réservées aux seuls hôtes de la Maison, invités à savourer un délicieux repas champagne au Château de Saran ou à la résidence de Trianon à Epernay.

Ces conseils que les amateurs pourront découvrir, sont révélés pour la première fois et sont le produit d’un savoir-faire unique mis au point en interne et fondé sur le savoir-faire viticole et l’expertise gastronomique séculaires de la Maison. Ils reposent sur un ensemble de six principes conçus comme des recommandations pour améliorer la délicieuse expérience culinaire des chefs, des gourmets et des amateurs de champagne à travers le monde.

Les étapes de ce nouveau voyage épicurien sont désormais accessibles à tous sur www.moet.com.

Les six principes, à la fois édifiants et magnifiquement illustrés sur le site, appellent d’abord le choix d’un champagne avec notamment les styles

À Propos de Moët & Chandon

Fondée en 1743, Moët & Chandon a contribué à faire découvrir le champagne au monde en proposant une gamme de vins uniques pour chaque occasion. De l’iconique Moët & Chandon Impérial Brut à la Grand Vintage Collection, de l’extraverti Moët & Chandon Rosé Impérial à l’innovant Moët & Chandon Ice Impérial, chaque champagne éblouit et ravit avec un fruité éclatant, une bouche séduisante et une maturité élégante. Depuis sa création, Moët & Chandon est un champagne de choix pour célébrer des moments historiques ou des moments privés d’une grande importance personnelle. Pour chacun des moments mémorables de la vie, Moët & Chandon a un style de champagne qui marque l’évènement d’une manière tout à fait unique.

richement diversifiés de Moët & Chandon. Ce n’est qu’alors qu’un « dialogue » peut s’engager, pour établir une véritable « conversation » et obtenir une alliance harmonieuse entre le champagne choisi et le plat qui l’accompagne. Avec «simplicité», la Maison propose de limiter le nombre d’ingrédients à seulement trois : un élément principal, un deuxième complémentaire et un dernier élément de contraste, afin de ne pas submerger le palais. Un accord de « couleurs » assure une harmonie chromatique pour une

écrit sur les spécificités de l’accord metschampagne », déclare Benoît Gouez, chef de cave de Moët & Chandon. « Comme pour tous les vins, les arômes du champagne se révèlent encore meilleurs lorsqu’ils sont associés à des plats bien choisis. Les fines bulles ajoutent de la légèreté aux combinaisons de saveurs et stimulent la sensation des textures en bouche. »

“Les arômes du champagne se révèlent encore meilleurs lorsqu’ils sont associés à des plats bien choisis”

alliance vin-nourriture idéale. La « salinité » complètera l’éventail des sensations en bouche puisqu’elle est absente du champagne qui évoque typiquement la douceur, l’acidité, l’amertume et l’umami. La « texture » est cruciale pour satisfaire l’envie de sensations croquantes et une plus grande « sensation en bouche » lorsque la nourriture et le champagne sont assortis. La « cuisson » enfin, demande un temps limité, car le champagne est mieux servi avec des ingrédients légèrement cuits.

« C’est assez extraordinaire que presque rien n’ait été

« Comme un couturier avec son modèle, je crée une recette sur mesure pour un champagne », explique Marco Fadiga, chef exécutif chez Moët & Chandon. « Les recommandations que nous avons développées avec Benoît ont été conçues spécifiquement pour pouvoir être appliquées universellement, quelle que soit la culture gastronomique ou l’occasion, pour magnifier toute expérience de dégustation de champagne. »

Loin d’une compilation de recettes à suivre à la lettre, la plateforme en ligne de mets et vins Moët & Chandon est un cadre universel conçu pour mettre en valeur les notes de dégustation de

Benoît Gouez, chef de cave de Moët & Chandon

Marco Fadiga, chef exécutif chez Moët & Chandon

chaque champagne, donner un aperçu de l’art et de la science derrière l’équilibre idéal créé lorsqu’un champagne spécifique est bien choisi pour accompagner un plat. Surtout, cette initiative vise à inciter les amateurs de champagne à être créatifs avec leurs propres accords, quelles que soient leurs préférences gastronomiques, pour créer une expérience de dégustation mémorable qui est, à chaque fois, parfaitement adaptée à leur palais spécifique.

Plus d’infos sur www.moet.com

LA RECETTE DU CHEF

MOËT IMPERIAL ROSÉ

Ingrédients

• 12 tomates moyennes

• Olives noires grecques

• Huile d’olive de Sicile

• 1 gousse d’ail

• Thym

Disposez

• 4 tranches de pain (de la veille)

• 2 feuilles de laurier

• Sel de mer Maldon

Tranchez délicatement une croix le long du fond des tomates. Plongez les tomates dans l’eau bouillante pendant environ 6 secondes avant de les peler. Coupez les tomates pelées en quatre et retirez la pulpe. Disposez-les sur une plaque de cuisson, salez et poivrez, ajoutez du thym, une feuille de laurier et la gousse d’ail écrasée. Faites cuire au four à 180°C pendant 25 minutes.

Coupez une baguette (de la veille) dans le sens de la longueur en fines tranches.

Disposez les tranches sur une assiette et ajoutez l’huile d’olive, le thym et le sel. Faites cuire au four à 180°C pendant 5 minutes. Hachez les olives grecques. Retirez les tomates du four : elles doivent être rôties mais encore tendres. Disposez les tomates dans un coupe-pâte avec l’ail et le thym finement coupés. A l’aide d’une cuillère à café, pressez doucement le contenu. Faites cuire à nouveau pendant 10 minutes.

À l’aide d’une spatule, déposez la garniture (toujours dans le coupe-pâte) sur du papier absorbant pour absorber l’excès d’huile. Transférez-la dans votre assiette et retirez délicatement le cutter. Ajoutez du sel et recouvrez la garniture avec le pain de bruschetta. Saupoudrez d’olives hachées, disposez les pétales de tomates et dégustez le tout chaud.

TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020
MOËT IMPÉRIAL ICE IMPÉRIAL TIE YOUR WISH LIMITED EDITION MOËT IMPÉRIAL ROSÉ ICE IMPÉRIAL ROSÉ GRAND VINTAGE ROSÉ 2012 GRAND VINTAGE 2012 Alliance autour du Moët & Chandon Grand Vintage 2012
TARTE AUX TOMATES NOIRES Préparation 40
Cuisson 30 MIN Personnes
MIN
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DU CHEF
Poivre L’ASTUCE
tomates
faites-les cuire au four
60°C pour obtenir des pétales de tomates qui garniront et décoreront votre assiette. 01 02 03
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sur une plaque de cuisson et
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© Michel Jolyot

Entretien avec Guillaume ROFFIAEN

Chef de Caves de Champagne Nicolas Feuillatte

Le terroir au pouvoir

chez Nicolas Feuillatte

Champagne Nicolas Feuillatte, la marque préférée des Français* et n°3 dans le Monde*, regroupe aujourd’hui 5 000 vignerons. Elle compte désormais la cuvée Terroir Premier Cru. Rencontre avec son créateur Guillaume Roffiaen, le Chef de caves de Champagne Nicolas Feuillatte.

Quelques mots sur votre dernière cuvée ?

Habillé aux couleurs emblématiques bleu, blanc, rouge, référence à l’excellence du savoir-faire français et aux Meilleurs Ouvriers de France (MOF), Terroir Premier Cru est un champagne au potentiel surprenant, un vin de partage, vibrant de culture gastronomique, qu’elle soit de nos régions ou cosmopolite.

Pensez-vous que Terroir Premier Cru va surprendre les amateurs d’accords mets/ champagnes ?

Sa grande souplesse stylistique offre un large éventail de possibilités qui va bien au-delà des mariages classiques. Brunchs, poêlées de champignons, recettes légumières, mais aussi fondue, viandes, mijotées en sauce ou grillées. Compagnon d’un beau plateau de fromages, Comté affiné, Gouda vieux, chèvres ou Brillat-Savarin trouvent ainsi leur flacon idéal. C’est un champagne hors code, hors norme, qui permet de satisfaire toutes les envies et inspirations culinaires.

Au niveau de son élaboration ?

Composé de Pinot Noir, Meunier et Chardonnay à parts égales, Terroir Premier Cru est un vin révélateur de saveurs. Sa minéralité et sa tension

reflètent ses origines, avec une grande clarté d’expression des terroirs venant des cinq territoires classés en Premier Cru. C’est l’assemblage le plus complet qui existe. Il est ensuite vieilli en cave plus de 4 ans.

Et concernant sa dégustation ?

Terroir Premier Cru offre de la complexité et de la profondeur dans le temps, un goût subtil et une grande richesse aromatique. Il présente une robe or clair, d’aspect très brillant. Au nez, des notes douces de miel d’acacia, de poire, de fruits blancs et d’agrumes frais. À l’attaque, c’est le terroir qui prend le pouvoir : la minéralité d’un sol crayeux après une légère pluie sur les coteaux de la Côte des Blancs, la rocaille des pierres calcaires emblématiques de la Champagne s’expriment pleinement. Puis, les pinots noirs épicés du Sud de la Montagne de Reims apportent puissance et charpente douce à ce vin ciselé, caressé ensuite par le velouté du meunier, tout en délicatesse. En finale, on perçoit un nouvel élan plus salin et une tension qui ouvrent les papilles. A table ! Plus d’infos sur www.nicolas-feuillatte.com *n°1 en France. Source : Nielsen CAD P8 2020 HMSM (source 2020)

– Impact 2020

Nicolas Feuillatte en Suisse

Les happy fews pourront découvrir prochainement les alliances mets/champagne autour des plus grandes cuvées de Nicolas Feuillatte au 360° Panoramarestaurant Weisshorngipfel à Arosa, au restaurant Die Waid à Zurich, au Lenkerhof Gourmet Spa Resort à Lenk, à l’Osteria Ferriroli à Contra et au Restaurant Schloss Seeburg à Kreuzlingen.

© Thomas Raffoux

Champagne 9

Entretien avec Fabrice ROSSET

Président des Champagnes Deutz

L’art de la séduction par Deutz

Deutz fait partie de ces maisons de champagne aussi discrètes que somptueuses, tant par l’image que par le style de ses champagnes. S’il existe une cuvée en Champagne qui symbolise l’amour c’est sans aucun doute celle d’Amour de Deutz… Deutz bénéficie en Suisse d’un fort attachement d’amateurs de vins mais peu connaissent son histoire… Tout remonte à la rencontre entre William Deutz et Pierre-Hubert Geldermann, allemands tous les deux nés sous le Premier Empire. Attirés par la prospérité de la France sous le règne de Louis-Philippe 1er, les deux immigrants de la Prusse napoléonienne se sont installés en Champagne en 1830 et ont ouvert une maison de négoce de vin. Celle-ci deviendra la “Maison Deutz” et sera rachetée ensuite par la famille Rouzaud déjà propriétaire de Louis Roederer.

Comment est née Amour de Deutz ?

Nous avions perçu que le millésime 1993 pouvait donner naissance chez Deutz à une cuvée blanc de blancs d’exception. Cette nouvelle cuvée a été baptisée Amour de Deutz en hommage à « l’Amour*», notre angelot qui orne la cour d’honneur de la Maison Deutz. Cette cuvée millésimée, 100% chardonnay, issue des meilleurs crus, n’est produite que les grandes années. Suite à cette création, nous avons ensuite lancé Amour de Deutz rosé, la quintessence des plus beaux chardonnays et pinots noirs.

Selon les millésimes, les cuvées vont-elle évoluer différemment dans le temps ? Quand un champagne classique se conserve entre 3 et 6 ans, le temps de garde d’un millésimé sera au minimum de 15 ans. Ses qualités gustatives vont ainsi évoluer, la bulle deviendra de plus en plus fine et légère, et le champagne se fera également plus vineux. En vieillissant, le rosé changera de coloration, et avec son évolution naturelle, il va tirer sur l’orangé, ce qui n’est absolument pas un défaut. Il faut d’ailleurs le protéger de la lumière afin d’éviter son altération. Ces champagnes seront alors parfaits pour des accords mets-vins subtils et élaborés.  Les Mathusalems Amour de Deutz sont très prisés des collectionneurs…

Effectivement. Amour de Deutz 1999 fut le premier opus. Habillé de cuir blanc, brodé d’un fil d’or, le coffret façon « malle de voyage » évoque les voyages intrépides et fructueux de William Deutz. Nous avons ensuite réalisé en hommage à Marie Deutzfille du fondateur qui dessina, décora et aménagea les salons de notre hôtel particulier familial d’AÿAmour de Deutz 2000, paré d’un flamboyant écrin rouge, témoignage du Second Empire. Puis Amour de Deutz 2002 dans un coffret Christofle. Nous avons choisi le corian pour être le doux protecteur d’Amour de Deutz 2005. Le millésime 2006 se lovera dans un coffret ovoïde signé Christofle, décoré d’une frise rappelant le décor du Salon aux oiseaux de la maison du Fondateur, William Deutz, Une merveille déjà disponible au compte-goutte.

Plus d’infos sur www.champagne-deutz.com

* Cupidon dans la mythologie romaine est le dieu du désir amoureux.

Histoires des grandes familles de Champagne

Nous vous partageons une partie de l’histoire incroyable de la façon dont le champagne a atteint sa renommée internationale…

Louis Roederer - La naissance d’une grande Maison

1776... A Philadelphie, naissent les États-Unis d’Amérique, à Reims, naissent les champagnes Louis Roederer. A ce jour, Louis Roederer est toujours une Maison familiale Indépendante propriété de la famille Rouzaud. www.louis-roederer.com

Gosset - Une histoire qui remonte à 1584

Pierre Gosset produisait des vins tranquilles. A l’époque, deux vins se disputaient la table des rois de France : le vin d’Aÿ et le vin de Beaune. Au XVIIIe siècle, les vins d’Aÿ devinrent effervescents... www.champagne-gosset.com

Laurent-Perrier - Une histoire qui remonte à 1812

Créée par André Michel Pierlot, elle prendra le nom de Veuve Laurent-Perrier lorsque Mathilde Emilie Perrier, veuve d’Eugène Laurent décide de réunir les deux noms de famille. La Maison sera cédée à Marie-Louise de Nonancourt en 1939. www.laurent-perrier.com

Castelnau - Une histoire liée à un général

Il y a 100 ans, des négociants entrepreneurs d’Épernay lançaient une nouvelle marque de Champagne, élaborée au nom du général de Curières de Castelnau. Aujourd’hui, la Maison représentée par un collectif de vignerons possède un vignoble de 900 hectares. www.champagne-castelnau.fr

Mumm - Une lignée de barons et de chevaliers

La famille Mumm, dont les origines remontent au XIIe siècle, exerçait depuis 1761 une activité de production et de vente de vins basée à Cologne. C’est en 1827 que naquit la Maison G.H. Mumm. www.mumm.com

Deutz - Des origines qui datent de 1838

Fondée par William Deutz et Pierre-Hubert Geldermann, Deutz possède 3 km de caves creusées au cœur des craies de la commune, à plus de 20 mètres sous terre dans la colline d’Aÿ. Elle produit 2,5 millions de bouteilles par an. www.champagne-deutz.com

Henriot - Un ancrage dans l’histoire

En 1794, Nicolas Henriot épouse Apolline Godinot. Ensemble, ils se passionnent pour la vigne et l’élaboration de vins de qualité. C’est en 1808 que la Maison Henriot est officiellement fondée. www.champagne-henriot.com

Taittinger - L’âme des chefs

Depuis 47 ans, le «Taittinger» met à l’épreuve le talent de jeunes chefs. Par sa rigueur, ce prix culinaire international porte au sommet l’art culinaire français et promeut la génération montante. www.taittinger.com

Pol Roger - Un attrait pour l’Angleterre

Pol Roger effectue sa première vente de vin en janvier 1849. Dès 1855, il commence à privilégier la production de champagne brut. Il savait que c’était le type de champagne préféré des Anglais ! www.polroger.com

“Au XVIIe siècle, avec la révolution de la bouteille venue d’Angleterre, les vins dans ce contenant conservent cette effervescence. Le champagne est né...”

Bollinger - Des empreintes

aristocrates

Athanase de Villermont, aristocrate ayant hérité d’un domaine dans les environs d’Aÿ, et deux experts du vin, Joseph Bollinger et Paul Renaudin, marquent en 1829 la Maison de leur empreinte. www.champagne-bollinger.com

Lanson - Un ancrage dans l’histoire

En 1760, François Delamotte crée sa Maison de champagne. En 1837 Jean-Baptiste Lanson se voit confier la gestion du patrimoine. La Maison prend alors le nom de « Lanson, Père et Fils ». www.lanson.com

Ruinart - Un engagement dans l’art contemporain

Engagée dans la création contemporaine, la Maison Ruinart, créée en 1729 par Nicolas Ruinart, est présente dans le monde entier. De « Art Basel » à la « Masterpiece London » en passant par la « FIAC Paris », Hong Kong... www.ruinart.com

Krug - Une histoire de six générations

La Maison a été fondée en 1843 par Johann-Joseph Krug, un homme visionnaire, originaire de Mayence, alors sous contrôle de l’Empire français. Depuis, la famille Krug continue de veiller à la destinée de cette Maison mythique. www.krug.com

Nicolas Feuillatte - Un homme derrière un nom...

Après avoir fait fortune aux États-Unis, Nicolas Feuillatte décida de créer un champagne. En 1986, aux côtés du Centre vinicole de la Champagne, la marque prendra un tournant décisif. C’est aujourd’hui la première union de producteurs de Champagne. www.nicolas-feuillatte.com

Besserat de Bellefon - L’art de vivre à la française

Cette maison qui date de 1843 a su laisser son empreinte. Déjà, dans le vent des années folles, elle célébrait la ferveur des cabarets avant de se consacrer au souffle de liberté du Saint Tropez des sixties.  www.besseratdebellefon.com

Tsarine - Au cœur du siècle des Lumières

C’est à cette époque que l’histoire de la Maison Chanoine Frères prit toute son importance avec l’autorisation royale de creuser les premières caves à Épernay en 1730. Ainsi fut imaginé le Champagne Tsarine… www.tsarine.com

Barons de Rothschild - Les 3 branches de la famille Rothschild A l’origine, une histoire contemporaine autour du champagne entre Benjamin, banquier à Genève et propriétaire du château Clarke, Éric, propriétaire du château Lafite Rothschild, premier cru classé à Pauillac, et Philippine, de Mouton Rothschild, premier cru classé à Pauillac. www.champagne-bdr.com

Joseph Perrier - Au temps des diligences...

Joseph Perrier fonde en 1825 la maison «Joseph Perrier Fils et Cie». Il loge les bureaux dans un ancien relais de poste, abrite celliers et caves dans la demeure bourgeoiseattenante. La naissance d’une start-up avant l’heure… www.josephperrier.com

TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

Notre sélection de cuvées pour Noël

Quoi de mieux en cette fin d’année que de se faire tout simplement plaisir et de se laisser séduire par la magie des bulles ? Notre sélection de champagnes saura vous aider à trouver l’accord parfait. Zoom sur cette belle sélection de cuvées d’exception - bouteilles de 75 cl - qui illuminera assurément vos dîners...

Les cépages du Champagne

Le pinot noir (raisin noir), le meunier (raisin noir) et le chardonnay (raisin blanc) sont aujourd’hui très largement majoritaires. L’arbane, le petit meslier, le pinot blanc et le pinot gris (tous à raisins blancs), également autorisés, représentent moins de 0,3 % du vignoble.

DOM RUINART Blanc de Blancs 2006 CHF 249.00 CASTELNAU Cuvée Hors Catégorie CHF 105.00 KRUG Grande Cuvée 168ème Édition CHF 229.00 BARONS DE ROTHSCHILD Rare Vintage 2010 CHF 230.00 SALON Blanc de Blancs 2007 CHF 700.00 DOM PERIGNON Vintage 2010 CHF 179.00 TSARINE Cuvée Tzarina CHF 78.00 MUMM Cuvée René Lalou 2006 CHF 100.00 LANSON Clos Lanson 2006 CHF 169.50 BESSERAT DE BELLEFON Blanc de Blancs CHF 69.00 PERRIER-JOUËT Belle Epoque 2012 CHF 151.00 VEUVE CLICQUOT La Grande Dame 2008 CHF 189.00 DEUTZ Amour de Deutz 2010 CHF 150.00 NICOLAS FEUILLATTE Palmes d’Or 2008 CHF 160.00 TAITTINGER Comtes de Champagne 2008 CHF 160.00 LAURENT-PERRIER Grand Siècle Itération N°24 CHF 159.00 POL ROGER Sir Winston Churchill 2009 CHF 230.00 HENRIOT Cuvée Hemera 2006 CHF 183.00 GOSSET Cuvée Célébris 2007 CHF 150.00 MOËT & CHANDON Grand Vintage 2012 CHF 69.90 LOUIS ROEDERER Cristal 2012 CHF 213.00
10 Champagne TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

Champagne 11

CATTIER

Clos du Moulin CHF 115.00

PIPER-HEIDSIECK

Rare Millésime 2006 CHF 180.00

JACQUART

Cuvée Alpha Brut 2010 CHF 150.00

PHILIPPONNAT

Clos des Goisses 2009 CHF 220.00

DE SAINT GALL

Cuvée Orpale 2008 CHF 120.00

BOLLINGER

PN VZ15

CHF 115.00

CHARLES HEIDSIECK

Millésime 2012 CHF 105.00

POMMERY Cuvée Louise 2004 CHF 125.00

JOSEPH PERRIER

Cuvée Joséphine 2008 CHF 130.00

DELAMOTTE Blanc de Blancs 2012 CHF 65.00

BILLECART SALMON

Millésime 2008 CHF 81.00

DUVAL LEROY Femme de Champagne 2002 CHF 250.00

Entretien avec

Vitalie TAITTINGER

Présidente du Champagne Taittinger

La transmission chez Taittinger

Son nom aurait pu faire d’elle une héritière… Sauf que, chez les Taittinger, rien n’est acquis de naissance, surtout pas la présidence de l’entreprise familiale. Comme son père avant elle, Vitalie Taittinger a dû  « faire ses preuves » avant de se voir confier, à 40 ans seulement, les clefs de la célèbre marque de champagne. Son père avait commencé comme représentant de commerce, Vitalie a débuté comme consultante indépendante avant d’intégrer le service marketing et communication de la Maison Taittinger en 2007 et d’en être nommée Directrice Marketing & Communication en 2015.

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Vous êtes depuis ce début d’année Présidente de Taittinger… Etait-ce planifié ? Après avoir repris le contrôle du champagne Taittinger en 2006 et selon le calendrier qu’il s’était fixé à l’époque, mon père Pierre-Emmanuel Taittinger avait décidé depuis bien longtemps de confier à terme l’avenir de l’entreprise familiale à la génération suivante.

De qui êtes-vous entourée pour assurer ce challenge ?

J’assume cette mission bien entourée ! J’ai à mes côtés deux hommes en qui j’ai une totale confiance, Damien le Sueur et mon frère Clovis Taittinger, tout deux Directeurs généraux, et un Comité de direction de choc. Enfin, j’ai la chance de pouvoir compter sur l’implication de tous les collaboratrices et collaborateurs du champagne Taittinger.

Rien ne vous prédestinait pourtant à reprendre la présidence de Taittinger… Après mon bac, j’ai décidé d’intégrer à Lyon l’École Émile-Cohl pour débuter un cursus dédié aux différentes pratiques artistiques appliquées aux métiers de l’illustration et du graphisme. Après en être sortie diplômée quatre ans après, j’ai enchaîné différents projets liés à l’art, la gastronomie et le vin. Je reste très attachée au monde des arts à travers mon rôle à la présidence du Fond régional d’art contemporain Champagne

Ardennes, et à la présidence de l’association Platform, réseau des 23 FRAC de France depuis 2018.

Votre destin a basculé en 2006 ? En effet, à cette époque, mon père a réussi à racheter la maison de champagne Taittinger vendue au fond américain Starwood en 2005. Grâce au soutien du Crédit Agricole du Nord Est, il a réuni les 600 millions d’euros nécessaires à l’opération. Avec mon frère Clovis, nous sommes heureux d’avoir pu le suivre dans ce pari fou. Nous voulions travailler avec lui et apprendre à ses cotés. Il y

“J’ai à mes côtés une équipe en qui j’ai une totale confiance.”

avait alors fort à faire, même si la maison était déjà totalement engagée et depuis longtemps dans cette poursuite de l’excellence. Aujourd’hui, nous avons l’ambition de poursuivre l’œuvre entamée par notre père, d’en travailler encore et encore la valeur pour pouvoir transmettre ce beau patrimoine à notre tour.

Plus d’infos sur www.taittinger.com

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TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020
© Luc Valigny

L’âme d’un esthète [

Karl-Friedrich

Scheufele ]

Co-Président, aux côtés de sa sœur Caroline, de la société Chopard, pépite suisse d’horlogerie de luxe, joaillerie et accessoires fondée en 1860, Karl-Friedrich Scheufele est, parallèlement à ses fonctions, propriétaire du château Monestier La Tour. Amateur de vin éclairé, il nous livre ici les secrets d’un collectionneur averti. Entre de prestigieux millésimes du domaine de La Romanée-Conti et du château Haut-Brion, ce fervent hédoniste, grand amateur de vins suisses, nous fait partager ses plus belles dégustations et sa passion pour le luxe. Rencontre.

On ne peut commencer cette interview sans parler de vins suisses…

Je suis en effet très amateur… Déjà, pour moi, la découverte du vin a commencé en Suisse. Mes premiers vins blancs dégustés provenaient du vignoble vaudois et étaient issus des appellations Dezaley, Yvorne… J’ai découvert par la suite ceux du Canton de Genève, qui sont situés près de notre manufacture Chopard. Je suis moins conquis par les vins rouges suisses, mais je reconnais que depuis quelques années, il y a de véritables découvertes. Notamment ceux du domaine Histoire d’Enfer et les vins de Marie-Thérèse Chappaz, cultivés en biodynamie.

Dernièrement, vous avez lancé à Genève le wine bar Chez Bacchus…

On y trouve d’ailleurs de très nombreux vins suisses… C’est une idée qu’il a fallu laisser mûrir quelques années. J’ai souhaité d’abord étudier minutieusement la situation et, avant tout, trouver «Le» lieu, déterminant dans le cadre d’un tel projet. Tout a commencé en avril 2018 lorsque j’ai appris que les locaux de la boutique de mode à proximité immédiate du magasin Le Caveau de Bacchus à Rive se libéraient. Un emplacement idéal, et des locaux qui m’ont tout de suite séduit. Mais avant de me lancer, je voulais être certain qu’un passage entre les deux arcades serait possible, chose qui s’est confirmée et un nouveau chapitre pouvait alors s’écrire… C’est un lieu de détente et de partage pour tous les œnophiles et amateurs de vin.

« Ce que l’on fait avec le temps, le temps le respecte » est votre devise. Un dénominateur commun au monde de l’horlogerie et à celui du vin ?

Cette citation vient de l’artiste sculpteur Auguste Rodin, l’un des plus importants sculpteurs français. Je l’apprécie pour de multiples raisons... Elle s’applique aussi bien au monde de l’horlogerie, et notamment à celle de notre Maison Chopard, qu’à celui de la culture du vin. Dans les deux cas, il faut être patient. Que votre projet consiste à planter une vigne ou à concevoir un mouvement mécanique horloger, ce sont dans les deux cas des projets à long terme, de trois à cinq ans. Précision, discipline, passion sont des notions et des valeurs communes à l’une et à l’autre.

Grand amateur de vin, vous avez exploré différentes régions de la France viticole ces dernières années avant de tomber sous le charme de Monestier La Tour et de son château…

Effectivement, nous sommes tombés, mon épouse et moi, sous le charme du château Monestier La Tour, en Dordogne. À l’époque, pour notre voyage de noces, nous avions sillonné la France avec une voiture de collection, une Bentley cabriolet des années 50. C’est un voyage dont on se souvient toute sa vie... Nous avions fait une halte en Dordogne et avions commencé à rêver de châteaux. Ainsi, depuis plus de vingt ans, nous souhaitions acquérir une belle propriété en France et puis nous sommes (re)tombés sur la Dordogne, la région pour laquelle nous avions eu un coup de cœur. L’alchimie a opéré…

Un investissement plus basé sur la passion que sur la raison ?

L’idée n’était pas d’acquérir une “étiquette prestigieuse”. Le projet était de construire. Nous ne voulions pas devenir propriétaire d’un vignoble où tout avait déjà été réalisé. La passion a motivé notre décision mais il reste que le château Monestier La Tour offre un potentiel incroyable.

Le château Haut-Brion est l’un de vos vins préférés. Confiez-nous pour quelles raisons… C’est un vin que j’ai toujours particulièrement affectionné. De plus, c’est une propriété familiale appartenant au Prince de Luxembourg avec lequel j’ai sympathisé. Je me souviens d’une dégustation que nous avions effectuée en sa compagnie, mon père et moi-

le concept de bar à vins qu’il a lancé au cœur de Genève.

“Mes premiers vins blancs dégustés provenaient du vignoble vaudois et étaient issus des appellations Dezaley, Yvorne.
Par la suite, j’ai appris à apprécier ceux du Canton de Genève.”

même. Il avait eu la générosité de nous présenter deux verticales, une du château Haut-Brion et une du château La Mission Haut-Brion sur les mêmes millésimes ; 1957, 1961, 1982… Et 1989, mon millésime préféré, que je déguste avec autant de bonheur aujourd’hui. Ce sont des instants que vous n’oubliez jamais. Pour toutes ces raisons, c’est toujours un grand moment d’ouvrir une bouteille de ce château prestigieux.

Vous collectionnez les grands contenants. Pourquoi ? Si vous deviez en citer quelquesuns… Bien sûr, plus le contenant est large, plus longue sera la durée de vie du vin. La proportion d’air emprisonnée à l’intérieur du magnum est moins importante que dans une bouteille. De ce fait, l’évolution du vin est plus lente. Mais ma motivation première n’est pas uniquement celle-ci. J’affectionne tout particulièrement le double magnum (Jéroboam) pour son esthétisme et l’émotion qu’il dégage. Sur une grande table, une impression particulière se dégage de l’assemblée des convives. De ce fait, dès que je vois un grand vin dans un tel format, je ne peux pas passer à côté (Sourire). Je pense au château Mouton Rothschild 1989 avec son étiquette si particulière, que l’on doit au peintre allemand Georg Baselitz. Ses béliers renversés pour Mouton Rothschild 1989 associent l’emblème traditionnel de Mouton à l’événement choc de cette année-là, la chute du mur de Berlin. « Drüben sein jetzt hier » écrivit le peintre sur l’étiquette : “L’autre côté est maintenant chez nous”. Superbe.

Mais je pense aussi à des châteaux comme Léoville Las Cases 1990, Pontet-Canet 2000, Pape Clément 2005…

Si vous deviez associer de grands vins aux modèles de voitures suivantes : Rolls Royce Silver Cloud, Bugatti Royale Type 41 et Porsche 356, quelles seraient vos “alliances” ?

Avec une Rolls Royce Silver Cloud, j’associerais un millésime ancien d’un Premier Grand Cru de Bordeaux, un château Cheval Blanc 1957. Concernant la Bugatti Royale Type 41, nous serions dans le royaume du domaine de la Romanée Conti. Cette Bugatti est tellement sophistiquée et à multiples facettes qu’il faut lui associer un vin tout aussi complexe. Et pour la Porsche 356, je verrai un grand vin italien, pourquoi pas un Sassicaia.

A ce sujet, Chopard est le sponsor de la célèbre course automobile italienne “Mille Miglia” à laquelle seuls peuvent participer les véhicules des millésimes 1927 à 1957. Quels sont les millésimes préférés de votre cave qui couvrent cette période ?

Je pense tout de suite à un nom qui appartient à la légende du vin, un château Yquem 1927. Et aussi à un château Cheval Blanc 1957.

En tant que pilote, vous traversez durant cette course de magnifiques vignobles. Collectionnez-vous les grands vins italiens ? Moins, même si je les déguste bien volontiers.

L’univers du vin étant tellement vaste, je me suis focalisé sur les vins français et suisses. Mais, j’adore particulièrement le Sassicaia produit par le Domaine Tenuta San Guido, un vin, pour moi, “typé” bordeaux. Mais j’aime aussi beaucoup les vins prestigieux de Toscane du domaine Tenuta Dell’Ornellaia ou ceux du Piémont d’Angelo Gaja qui donnent sans aucun doute une des meilleures images du vin italien. Ce sont de véritables merveilles…

Le Caveau de Bacchus, très belle œnothèque que vous possédez, propose une large sélection de spiritueux ; notamment une centaine de whiskies, une cinquantaine de rhums et de prestigieux cognacs. Quels sont vos goûts personnels ?

J’avoue que je ne suis pas connaisseur dans ce domaine là. Ce qui me séduit surtout est d’ordre esthétique car je trouve les carafes et flacons fabuleux. J’aime particulièrement les cognacs Hine et Tesseron dont j’apprécie la qualité. Et tout particulièrement, le Hine 1985 et le Tesseron Lot n°29.

Feriez-vous un parallèle entre une dégustation et le monde de l’horlogerie ? Effectivement, je comparerais la Romanée-Conti à une montre d’exception munie de complications. Comme vous le savez peut-être, les complications sont des fonctions additionnelles dans un mouvement mécanique. Comme pour ces garde-temps exceptionnels que l’on découvre peu à peu, la Romanée Conti dévoile ses mystères au fil d’une dégustation.

12 Collectionneur TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

Karl-Friedrich Scheufele et son fils Karl-Fritz.

Peu importe le millésime, c’est toujours une découverte à multiples facettes. On décèle constamment de nouveaux arômes. C’est une révélation assez unique… Pour accéder au Graal, il faut être ouvert au présent, accepter de passer du temps pour en comprendre la complexité. C’est la même chose avec un mouvement horloger complexe.

Quelle est votre plus belle rencontre gastronomique à ce jour ?

Je parlerais tout naturellement d’un ami cher qui n’est malheureusement plus parmi nous, le chef triplement étoilé suisse Philippe Rochat. Sa cuisine était créative sans pour autant transformer les goûts des produits.

Baudelaire, dans Les fleurs du Mal, “humait à longs traits le vin du souvenir”. Quel rapport entretenez-vous avec le passé ?

Le passé est important à plusieurs titres. Notamment,

on ne peut avancer sans le respecter que ce soit à titre professionnel ou privé. Si on sait s’en inspirer, il peut nous guider dans nos choix futurs… Au niveau du vin, découvrir un millésime du passé me semble toujours un peu un voyage dans le temps.

Avec quel personnage célèbre (mort ou vivant) aimeriez-vous partager une belle bouteille ?

Il y a plusieurs années, le Groupe Chopard a décidé de faire revivre le nom horloger « Chronométrie Ferdinand Berthoud », un célèbre horloger du 18e siècle. Son génie fut reconnu de par sa position enviée d’Horloger mécanicien du Roi et de la Marine sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, ainsi que sous l’Empire. Autour d’un bon verre de vin, j’aimerais bien pouvoir lui présenter notre chronomètre contemporain, « FB1 », lancé à l’époque en son honneur.

Texte : Olivia Reichell

Chez Bacchus, un bar à vins au cœur de Genève, lancé par Karl-Friedrich Scheufele

• Un emplacement unique.

Un local de 200 m2 pouvant accueillir 90 personnes dont une cinquantaine de places assises, situé en plein centre de Genève dans le prolongement des arcades Le Caveau de Bacchus et Bacchus Spirits. A l’entrée, un bar ancien qui est la pièce maîtresse des lieux, dressé sur des carreaux de ciment. Un décor bistronomique au sein duquel chaque objet y trouve sa place : livres, photos et tableaux triés sur le volet.

• Accords mets et vins.

Ce bar à vins propose quotidiennement 40 vins au verre (Suisse, France, Italie, Espagne,…) et il est possible d’y consommer sur place des vins disponibles au Caveau de Bacchus

Une carte exceptionnelle qui comprend plus de 1000 références d’horizons divers, le tout accompagné d’une petite restauration chaude fine et délicate. La carte vient sublimer cette

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“Une carte des vins qui comprend plus de 1000 références d’horizons divers.”

expérience sensorielle : différentes bouchées, planchas de charcuterie, fromages de qualité,… accompagnent la sélection de vins renouvelée régulièrement et disponibles à l’emporter (achats jusqu’à 21h). Les amateurs de spiritueux et de cocktails ne seront également pas en reste avec une très jolie gamme de spiritueux allant des grands classiques aux flacons rares et la confection de délicieux cocktails.

Chez Bacchus - Cours de Rive 7, 1204 Genève

Tel. : +41 22 312 41 72 www.caveaudebacchus.ch

Château Monestier La Tour Connu aujourd’hui pour ses vins, Monestier fut d’abord une maison forte bâtie au Moyen-âge, dont les plus anciennes parties datent du XVIIIe. Son architecture a évolué au cours des siècles vers un élégant style Renaissance, mais la haute tour qui commande le domaine a conservé sa silhouette médiévale sous l’influence de Viollet-le-Duc. En janvier 2012, le château devient la propriété de Karl-Friedrich Scheufele et de sa famille. C’est un domaine en biodynamie, au cœur de Bergerac. Surface : 30 ha.

www.chateaumonestierlatour.com

TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020 PUBLICITÉ
Karl-Friedrich Scheufele, son épouse Christine et sa sœur Caroline Scheufele au Château Monestier La Tour.
Patrick Cronenberger

Dolce Vita [ Instant mode à la Terrazza Martini… ]

On ne peut parler de la Dolce Vita sans évoquer le film de Federico Fellini sorti en Italie en 1960, qui a obtenu la Palme d’or au 13ème Festival de Cannes. Et de l’histoire de Martini, qui remonte certes à beaucoup plus tôt, en 1863, mais qui se perpétue de nos jours notamment grâce aux mythiques

Terrazza Martini dont celle de Milan - qui vient de ré-ouvrir après 8 mois de rénovation - où nous avons réalisé ce shooting mode…

Cela fait plus de cent cinquante ans que les temps forts rythment la saga de Martini, une Maison au destin rare… L’histoire débute en Italie, en 1863. Alessandro Martini, vingt-neuf ans, passionné et négociant en vin et Teofilo Sola, trente-deux ans, qui manie les chiffres comme personne s’ennuient à la Distelleria Nazionale qui les emploie. Des rêves plein la tête, les deux jeunes hommes sont rejoints par Luigi Rossi, trente-cinq ans, expert en liqueur et herboriste éclairé. Ils décident d’allier leurs talents pour nourrir leurs envies d’ailleurs. C’est à Pessione, dans la région de Turin, que les trois jeunes conquérants se décident à lancer leur société Martini, Sola & Cia.

Dès 1865, ils gagnent le Prix de l’Exposition Internationale de Dublin en faisant découvrir un vermouth à base de vin, d’herbes et d’aromates, mélange d’amertume et de douceur. De New York à Buenos-Aires, en passant par Téhéran, Le Caire… Alessandro Martini, infatigable globetrotter, se lance alors à la conquête du monde.

En 1879, au décès de Teofilo, la société devient alors Martini & Rossi. Martini est alors la boisson la plus populaire d’Italie. Et, moins de trente ans plus tard, c’est la consécration suprême en terre catholique : en 1907, le cardinal Agostino Richelmy, archevêque de Turin, reconnaît le Martini « digne d’être utilisé comme vin de messe car conforme aux prescriptions canoniques ». Au début du 20ème siècle, la marque s’exporte déjà dans 70 pays. A chaque pays sa déclinaison : une version «Dry», plus sèche, à la française, naît en 1900, suivie du «Bianco» en 1910... Jusqu’à une édition sans alcool, la même année, pour satisfaire aux exigences des États-Unis, alors en pleine prohibition. C’est la mondialisation avant l’heure. Reconnue, la marque vise désormais la célébrité et commence à soigner sa communication - le logo à la boule rouge naît en 1929. La marque apparaît alors en 1933 dans le film Teacher’s Pet avec Clarke Gable, qui sera le premier d’une longue liste.

En 1948, juste avant l’engouement pour la dolce vita et le glamour à l’italienne des années 19501960, Martini inaugure sa première « terrazza » à

Paris, sur les Champs-Élysées. On y croise Sophia Loren, Paul Newman et tout le gotha du septième art. Le concept remporte un tel succès que la Terrazza Martini se décline à Londres, Milan, Genève, Bruxelles, Sao Paulo et Barcelone : on y boit le Martini « on the rocks », en long drink ou en cocktail. Martini demande à un certain Andy Warhol, encore quasi inconnu, de dessiner quatre réclames destinées à passer dans la presse. Et c’est grâce à un cocktail que la marque tutoie les sommets de la célébrité avec le vodka-Martini, commandé « au shaker, pas à la cuillère » en 1962 par James Bond dès son premier film « James Bond 007 contre Dr. No ».

Dans un pays où l’automobile est élevée au rang de religion, la marque lance sa propre écurie de course, Martini Racing Team, en 1968. « Les célèbres bandes bleues et rouge ont été créées pour rendre nos voitures reconnaissables », raconte Manfredo Rossi, le fils du créateur de Martini Racing. La marque va remporter trois fois les 24 Heures du Mans avec Porsche et sept fois le championnat du monde de rallye avec Lancia,

sans oublier de fréquentes apparitions en Formule 1 avec cette saison l’écurie Williams.

Mais, à partir des années 1980, le développement de la marque ralentit et ses principaux consommateurs, les baby-boomers, prennent de l’âge. Une nouvelle ère s’ouvre en 1993, quand la cinquième génération des Rossi vend la société à la famille Bacardi, et intègre ainsi le portfolio des marques du géant du rhum d’origine cubaine. Désormais, la tendance est à l’apéritif dînatoire qui se prolonge tout au long de la soirée autour d’antipasti ou de tapas, arrosés de deux ou trois cocktails peu alcoolisés à base de Martini… Aujourd’hui, un des secrets les mieux gardés d’Italie bouillonne toujours à l’intérieur d’immenses cuves à Pessione, non loin de Turin. Au cœur de la Casa Martini, une vaste salle aux allures de cathédrale abrite la production du célèbre breuvage. Même orpheline de ses descendants, Martini continue à écrire son histoire en lettres blanches sur fond noir…

Mais revenons à Milan, à la Terrazza Martini,

14 Cocktails TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

piazza Armando Diaz… L’ombre de Federico Fellini plane toujours sur cette terrasse mythique qui a accueilli depuis 1958 les monstres sacrés du 7ème art, les Visconti, Antonioni, Pasolini… ou encore Claudia Cardinale, Sophia Loren et Marcello Mastroianni. Nous sommes à la fin des années 1950, le cinéma italien commence à s’émanciper du néoréalisme et affronte les thèmes de la vie d’un point de vue plus introspectif que descriptif. C’est un cinéma d’auteurs, marqué par le style personnel des réalisateurs.

Federico Fellini, avec des chefs-d’œuvre comme Les Vitelloni, La strada et bien-sûr La dolce vita, s’impose comme un des points de référence du cinéma italien. Son style inimitable est mis en valeur par la collaboration réussie avec le compositeur Nino Rota, dont les musiques entreront dans l’imaginaire collectif. Certaines scènes de ses films deviendront le symbole d’une époque entière, comme la fameuse scène où Anita Ekberg, dans La dolce vita, se baigne dans la fontaine de Trevi.

Michelangelo Antonioni, avec des films comme Le cri (Il grido), La nuit (La notte) ou L’éclipse (L’eclisse), crée un cinéma existentiel et porte son attention à la psychologie des personnages plutôt qu’aux évènements. Luchino Visconti, grand esthète, continue à offrir au cinéma italien d’autres créations inoubliables et prestigieuses : Rocco et ses frères, Le Guépard, Mort à Venise…

Pier Paolo Pasolini, un autre grand nom du cinéma italien, s’oppose dans ses œuvres à la morale de l’époque et ne cesse de combattre sur tous les fronts (littéraire, cinématographique et politique) pour proposer ses propres valeurs contraires au conformisme et au consumérisme de la société italienne. Personnage de rupture, il fut assassiné en 1975… L’une des hypothèses de sa mort est la mise en cause par Pasolini du parti politique de la Démocratie Chrétienne, des groupes pétroliers, de la CIA et de la Mafia dans la mort

“L’ombre de Federico Fellini plane sur cette terrasse mythique…”

d’Enrico Mattei (responsable de l’ENI, groupe nationalisé du pétrole italien). Le 14 novembre 1974 déjà, dans une tribune du Corriere della Sera, Pasolini affirmait connaître les noms des « personnes importantes qui avec l’aide de la CIA, des colonels grecs et de la Mafia » auraient planifié et mis en œuvre les vagues de terrorisme ayant secoué l’Italie, attribuées successivement à l’extrême gauche et à l’extrême droite. À sa mort, son dernier roman, Petrolio (Pétrole), est construit autour des liens entre les services secrets, le pouvoir politique et l’ENI (Groupe nationalisé du pétrole italien), dirigé alors par Eugenio Cefis. Il fait apparaître ce dernier dans le roman sous le nom d’Aldo Troia, la « truie », un personnage-clé et quelque peu obscur de l’histoire politique italienne, que les enquêtes ont souvent présenté comme le principal fondateur de la loge maçonnique P2 et que Pasolini accusait d’avoir commandité l’assassinat d’Enrico Mattei, son prédécesseur à la tête de la compagnie pétrolière, et d’un certain nombre d’autres meurtres politiques. Le livre paraîtra à titre posthume, avec un chapitre manquant, « mystérieusement » disparu après la mort de Pasolini…

Aujourd’hui, Martini reste indissociable de la culture italienne, que ce soit de son cinéma, mais aussi de sa littérature ou de sa gastronomie. Et la dolce vita ou gioa de vivere pour les italiens ne peut être évoquée sans faire référence à la mode italienne, présente dans ce shooting au travers de la Maison de couture Francesco Smalto, pour laquelle, et ceci depuis 1962, l’art de la grande mesure est l’apanage.

Plus d’infos sur www.martini.com, terrazzamartinimilano.com et smalto.com

Texte : Gigi Riard • Photos : Leif Carlsson • Direction artistique : Thibault Reichell • Stylisme : Francesco Smalto • Mannequin : Henry Mello de l’agence Fashion Model à Milan • Maquilleur Coiffeur : Tatiana Barbier • Remerciements aux équipes de Martini et Terrazza Martini Italie, Fashion Model et Thibault Ruffat pour l’organisation de ce reportage.

Instant Cocktails

Rencontre avec Nicola Piazza, ambassadeur de la marque Martini en Italie.

Le Martini (savant mélange de vin, de plantes, d’herbes et d’épices) se décline en plusieurs versions : Martini Rosso, Martini Bianco, Martini Rosato, Martini Bitter et Martini Extra Dry. Une dernière création vient d’apparaitre, le Martini Fiero. Récoltées dans le petit village italien de Pancallieri, l’absinthe et l’armoise romaine macèrent pendant deux mois avec des écorces d’agrumes conférant au Martini Fiero des notes de caractère ainsi qu’un léger goût amer. Composé d’ingrédients naturels, il surprend les papilles par ses notes intenses d’orange et de mandarine qui s’accorde parfaitement avec un tonic. Enfin, la gamme de Vermouth Martini Riserva Speciale est disponible en Rubino, Ambrato et Bitter. La Terrazza Martini est le lieu idéal pour le découvrir des cocktails à base de Martini autour d’un Aperitivo !

En savoir plus sur www.martini.com

PUBLICITÉ TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

Dominique Gauthier [ Un amateur de vins suisses ]

Dominique Gauthier, le chef du Chat-Botté à Beau-Rivage Genève arbore 1 étoile au Guide Michelin et 18 points au Gault & Millau pour sa cuisine française de tradition, revisitée et sublimée. Il voue dans sa cuisine une véritable passion aux vins suisses dont il nous livre quelques secrets…

Dominique GAUTHIER

Chef du Chat-Botté à Beau-Rivage Genève

Au restaurant étoilé, loué, primé, de l’hôtel Beau Rivage Genève, Dominique Gauthier pratique une cuisine pleine de fraîcheur, d’audace et d’élégance. Une cuisine solaire autant que minutieuse, bâtie sur les chairs de saison et le meilleur des produits locaux. Entré comme chef de partie en 1992, il lui aura fallu cinq années avant de devenir sous-chef aux côtés du chef Richard Cressac. Avec lui il apprend la maîtrise des saveurs et le management du restaurant. Fort de cette collaboration, Dominique Gauthier lui succède en 2001.

Comment avez-vous découvert les vins suisses ?

J’ai commencé à déguster des vins suisses il y a maintenant plus de vingt-cinq ans à mon arrivée en Suisse. A l’époque, j’ai été surpris de découvrir leurs qualités exceptionnelles et la diversité du terroir suisse. Bien-sûr les principaux cépages cultivés en Suisse sont le pinot noir, le chasselas, le gamay et le merlot. Mais on trouve des cépages indigènes étonnants comme le gamaret, le garanoir ou la petite arvine, le plus connu d’entre eux… Peu d’amateurs le savent, mais la Suisse a plus de 200 cépages, dont 40 variétés indigènes très anciennes et uniques au monde. Au niveau des alliances avec des mets, certaines sont des évidences presque universelles, d’autres sont davantage liées à des cultures et des habitudes de consommation locale. Aujourd’hui, je suis un réel amoureux du terroir suisse et un ambassadeur de ses vins dès que je me déplace à l’étranger.

Avez-vous des coups de cœur dans le vignoble suisse ? L’exercice est difficile car j’ai de nombreux coups de cœur. Je pourrais vous en citer beaucoup, et j’espère que ceux que je ne vais pas vous nommer ne m’en voudront pas... Je pense tout d’abord à Alexandre Delétraz, de la Cave des Amandiers. Son vignoble est situé à Saillon dans le Valais. Il fait une petite arvine de Fully exceptionnelle. Elle est produite à partir de vignes en terrasses situées à Fully. Elle exprime un côté frais et printanier. Sa vigueur,

son énergie et son acidité ont été canalisées par un élevage sur lies. On y trouve des arômes de citron vert, glycine, rhubarbe. C’est superbe. Je me souviens de ma première visite chez lui. Il m’a fait découvrir ses vignes, sa façon de travailler et sa passion. C’est devenu un ami…

Pouvez-vous nous en citer d’autres ?

Je pourrais vous parler de Sophie Dugerdil, du Domaine Dugerdil. Sa vigne est en bio et elle met en œuvre des solutions responsables qui respectent le sol, la plante et l’être humain. Son vignoble est situé à Dardagny dans le canton de Genève. Je me souviens de la dégustation d’un pinot gris qui développait des arômes très complexes, sur des notes fruitées (coing, pêche, abricot, fruits secs…), avec une acidité relativement faible. Et je pourrais vous parler de Philippe Villard du Domaine Villard & Fils. A la vigne, il a introduit depuis les années 1990 la production intégrée, une méthode de culture visant à limiter l’utilisation des produits chimiques et à utiliser des alternatives naturelles. Il a franchi un nouveau pas en se lançant en Bio Suisse. Son domaine est situé à Anières au bord du Léman dans le canton de Genève. J’y ai dégusté un savagnin blanc exceptionnel cultivé sur des sols graveleux où les courants thermiques du lac créent un microclimat très favorable à sa maturation. Il est légèrement aromatique, avec des notes de citron vert, ananas, vanille. C’est un vin corsé, ample avec une longue tenue en bouche mais qui garde sa fraîcheur et sa vivacité. Il s’accorde parfaitement bien avec les poissons du lac, fruits de mer, terrines ou vieux fromages.

Pourriez-vous associer ces trois vins à un plat de votre cuisine ? Effectivement, tous s’accorderaient à merveille avec « Le saumon suisse des Grisons, caviar impérial, yuzu de Niels Rodin » que je propose dans mon

Où acheter son vin sur internet ?

menu « signature ». Ce saumon est élevé à Lostallo, une belle région préservée dans la partie italienne des Grisons. Il se développe dans une eau exceptionnelle qui provient de la fonte des neiges et qui est exempte de produits chimiques. Je le fais cuire à basse température et je le sers accompagné d’un caviar et d’une sauce au yuzu que je me procure chez Niels Rodin. Ce néo agriculteur - ancien banquier - est un explorateur, un découvreur de nouveaux mondes. Dans son cas, il s’agit des mondes gustatifs. Tombé amoureux du yuzu il y a une décennie, il a commencé par en planter un chez lui à Gland.  Parmi les personnages célèbres que vous avez accueillis à Beau-Rivage Genève, lesquels vous ont marqué ?

Le choix est difficile… Mais je pense à Kofi Annan, malheureusement aujourd’hui décédé, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies. C’était un homme très attachant… A l’acteur américain Bill Murray avec lequel j’ai déjeuné dans ma cuisine. Personnage très touchant… Ou à Philippe Rochat, chef suisse triplement étoilé que tout le monde connaît, qui aurait dû venir me voir à Beau-Rivage avant son décès. On avait un respect mutuel et c’est incroyable ce qu’il a amené à la gastronomie suisse.

Pouvez-vous nous parler du livre que vous avez écrit ?

Il s’agit de « Nouvelle collection : Quarante recettes pour tous les fourneaux » que le Club Prosper Montagné a récompensé du Grand Prix du Livre Culinaire Suisse 2015.

Que retrouve-t-on dans votre bibliothèque ? Ce sont exclusivement des livres de cuisine… Cela me permet d’élargir mes connaissances car nous pouvons apprendre toute notre vie. Un de mes livres préférés est « The cookbook », du chef suisse Daniel Humm expatrié aux États-Unis. Il a trois étoiles au guide Michelin. Nous nous sommes rencontrés à New-York dans son restaurant « Eleven Madisson Park ». C’est un véritable visionnaire …

Plus d’infos sur www.beau-rivage.ch

1jour1vin, pionnier du concept de vente privée appliqué au vin, se développe en Suisse.

Entretien avec Olivier MARCHAL Président et Cofondateur du site 1jour1vin

Vous êtes un des pionniers des ventes privées de vins sur internet ?

En effet, nous avons lancé en 2006, avec mon associé Jacky Molliex, le 1er site de ventes privées dédié au vin et nous sommes aujourd’hui l’un des leaders de la vente de vins sur internet dans 11 pays avec plus de 600 000 membres inscrits. De nombreux suisses, amateurs de bons vins font à ce jour partis de notre club.

Pourquoi avoir décidé de développer votre activité en Suisse ?

A titre personnel, durant ma jeunesse, j’ai passé une grande partie de mes vacances dans le Jura Suisse, dans la commune Les Rasses, au-dessus d’Yverdon. C’était l’eldorado pour la raquette et le ski de fond face à un panorama exceptionnel sur les Alpes. De plus, j’adore les vins suisses - et

notamment ceux de Genève, du canton de Vaud et du Valais - qui ne sont malheureusement pas assez connus à l’étranger. D’ailleurs, nous sommes actuellement en contact avec des viticulteurs suisses afin de développer notre offre. Pour toutes ces raisons, nous avons créé notre société en 2018 à Sion.

En quelques mots, quel est votre concept ? Notre site fonctionne un peu comme un club. On s’inscrit pour être informé par mail des nouvelles ventes, une newsletter par jour ou par semaine selon ses préférences, chacune mettant à l’honneur plusieurs vignerons de différentes régions viticoles françaises ou étrangères. Il n’y a pas de commande

minimum et on peut panacher ses vins à l’envi, les frais de port restent très raisonnables (CHF 11.90 jusqu’à 12 bouteilles et CHF 0.50 par bouteille supplémentaire) et la fidélité des clients est récompensée. Nous travaillons en direct avec les producteurs sans intermédiaire, ce qui nous permet de proposer à nos clients des vins conservés dans d’excellentes conditions de stockage et au meilleur prix.

Pouvez-vous nous parler de la gamme de vins que l’on retrouve sur votre site ?

Nos clients nous disent souvent combien notre sélection est éclectique… Elle couvre toutes les appellations françaises et explore aussi les autres vignobles du Monde. La gamme met en avant aussi bien les grands noms du vignoble que des producteurs plus confidentiels. Chaque cuvée est présentée avec une information exhaustive (cépages, viticulture, vinification, élevage, dégustation, garde, suggestions gourmandes, avis des guides et des clients...). Plus de 50% de l’offre est constituée de vins issus de l’agriculture biologique et côté prix il y a des vins pour toutes les bourses.

Comment est effectué votre sélection ?

Le millier de producteurs avec qui nous travaillons à ce jour a été sélectionné par notre service achat

pour le bon rapport qualité/prix de leurs vins. Nous nous appuyons aussi sur les avis d’experts (Parker, Hachette, Revue du Vin de France, concours…). Et comme nous n’avons pas tous le même palais, le client peut toujours profiter de notre garantie « satisfait ou remboursé » si une cuvée ne correspond pas à ses attentes.

Quels sont les avantages de votre site pour un amateur de vins ?

Acheter au juste prix ses vins favoris, accéder à des cuvées rares ou encore découvrir de nouveaux vins sur un site qui a fait ses preuves dans la vente de vins aux particuliers depuis 15 ans.

De quels avantages bénéficie votre client suisse ?

La commande est effectuée et payée en CHF directement à notre société suisse. La TVA et les taxes suisses sur les alcools sont comprises. Ainsi notre client suisse n’a rien à payer en plus de la livraison de ses vins qui est assurée par La Poste suisse avec laquelle nous avons travaillé en étroite collaboration, notamment concernant la recherche d’un transitaire en douane suisse de qualité.

Plus d’infos sur www.1jour1vin.ch

16 Suisse TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020
Saumon suisse des Grisons, caviar impérial, yuzu de Niels Rodin

A la table des rois

Le classement de 1855 place le château d’Issan au rang des Troisièmes Crus. Loin des routes, ce domaine d’une sérénité stupéfiante est la propriété de la famille Cruse depuis 1945 – avec l’entrée de Jacky Lorenzetti en 2013.

Plus d’infos sur chateau-issan.com

Une berline parmi les voitures de sport  Avec une puissance minimale de 330 chevaux, la Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid Sport Turismo a assurément l’âme sportive ! A côté des classiques blocs thermiques, le constructeur propose depuis le lancement une version hybride rechargeable de 462 chevaux. Mais pour ceux qui trouveraient ça léger, Porsche ajoute maintenant une deuxième version hybride « plug-in », forte, elle, de… 680 chevaux…

Plus d’infos sur porsche.ch

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TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020
Bordeaux

Dossier

Escapade

Des crus mythiques… ]

L’hédonisme n’est jamais très loin des Grands Crus Classés de Bordeaux, qui participent à l’exception culturelle française et à un certain art de vivre. Nous avons sillonné le vignoble à bord de la Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid Sport Turismo pour vous faire découvrir ces crus mythiques et revenir sur leur histoire...

Saviez-vous que la vigne est présente dans la région de Bordeaux depuis l’Antiquité ? A l’époque, les notables de Burdigala (nom latin de la cité antique de Bordeaux) auraient décidé de créer leur propre vignoble en raison du prix élevé des vins en provenance de la Gaule Narbonnaise, importés par les négociants romains, mais aussi pour exporter eux-mêmes par voie de mer. D’ailleurs, le poète Ausone, Consul à Burdigala, aurait possédé une villa et des vignes à Saint-Emilion (d’où le nom du célèbre Château Ausone). Malheureusement, à ce jour, les documents manquent en ce qui concerne le sort du vignoble après l’écroulement du monde romain.

Au Moyen-Age, la Guyenne devient territoire du roi d’Angleterre à la suite du remariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt, comte d’Anjou et roi d’Angleterre sous le nom de Henri II. À cette époque, les rois d’Angleterre étaient d’origine française (normande et angevine), le français étant d’ailleurs la langue officielle de la Cour d’Angleterre. Sous cette impulsion, le vignoble bordelais se développe dès le XII e siècle en suivant la croissance de Bordeaux. Le roi d’Angleterre accorde alors d’importants privilèges fiscaux aux négociants bordelais : ces derniers se mettent alors à planter de la vigne à tour de bras…

En 1451, le Roi de France Charles VII occupe alors Bordeaux qui est reprise par l’Anglais John Talbot (qui a donné son nom au château Talbot). En 1453, à la suite de la bataille de Castillon, la ville redevient une possession française et la guerre de Cent Ans s›achève. Mais la ville n’apprécie guère la tutelle du roi de France et Charles VII interdit le commerce du vin bordelais avec l’Angleterre, la ville perdant alors sa prospérité.

Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle qu’apparaissent des exploitations viticoles proches de celles d’aujourd’hui, avec les pieds de vigne plantés en sillons. Plus tard, La famille Pontac choisit alors une nouvelle voie pour produire son vin : la vigne est bien soignée, les vins rubis, puissants et corsés sont aptes à une grande garde. Négociants et bourgeois se mettent alors à les imiter, les affaires fleurissent à nouveau et le vignoble s’étend largement. Les parlementaires sont parmi les grands propriétaires, tel que Nicolas-Alexandre de Ségur (surnommé le « prince des vignes » par Louis XV), propriétaire de Latour, Lafite, Mouton et Calon-Ségur ou Montesquieu ; du même coup naissent les crus bordelais, qui commencent à se faire connaître à Paris et Versailles. Des négociants anglais, flamands, allemands, russes et irlandais s’installent à Bordeaux à partir du XVIIe siècle (on retrouve leurs noms dans ceux des crus actuels : Lynch-Bages, Lynch-Moussas, Mouton Rothschild, Lafite Rothschild, Léoville Barton, Prieuré-Lichine, Kirwan, Cantenac Brown,etc…). S’ensuit l’époque contemporaine du vignoble bordelais…

Texte : Viviane Lafargue

• Photos : Leif Carlsson

TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020 Bordeaux 19
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Paolo Basso Les mystères du vin

Paolo Basso

Meilleur sommelier du monde 2013

Ce sommelier émérite fait partie du petit groupe de six sommeliers dans le Monde à avoir remporté à la fois le titre de meilleur sommelier d’Europe (en 2010) et celui de meilleur sommelier du monde (en 2013). Paolo Basso vit aujourd’hui en Suisse dans le Tessin.

Une personnalité d’exception

Au château Pichon Longueville Comtesse de Lalande - propriété de la famille Rouzaud - un grand plan de restructuration du vignoble est opéré depuis quelques années avec la pratique de la biodynamie. « De la vigne, où les grands vins sont faits, est né un projet de rénovation, voire de construction de l’ensemble des bâtiments de la propriété, bref, nous avons créé des conditions pour rendre notre travail et son cadre encore plus agréables ! », explique le directeur de la propriété, Nicolas Glumineau. Plus d’infos sur www.pichon-comtesse.com

Suisse d’origine italienne, le sommelier Paolo Basso a remporté un nombre de titres importants… Meilleur sommelier suisse en 1997, il décroche le titre de champion d’Europe en 2010. Trois ans plus tard, en 2013, il est couronné meilleur sommelier du Monde à Tokyo. Rencontre…

La vie de Paolo Basso a toujours été portée par la passion. La passion du goût, qui l’a incité à faire une formation hôtelière dans sa Lombardie natale. La passion du ski, qui l’a poussé à choisir la Suisse et Crans-Montana pour débuter son pa cours professionnel. La passion du vin et de la compétition, enfin, qui lui ont permis d’enchaîner les concours jusqu’à devenir le meilleur sommelier du monde. Un titre qui a changé sa destinée. Désormais considéré comme l’un des plus grands experts du vin au monde, il a été sollicité par de nombreuses entreprises, parmi lesquelles Air France, le groupe hôtelier Kempinski, Nespresso … D’où vous est venue votre passion ?

Tout a commencé sans le savoir avec la cave de mon grand-père, définie pendant mon enfance comme “le lieu interdit”. Un endroit qui, dans mon fantasme d’enfant, cachait qui sait quel secret. Peut-être le vin était-il le gardien du secret, car mon grand-père le traitait avec soin et respect et le faisait vieillir dans ce lieu tranquille où il semblait que le temps s›était arrêté. Quelques années plus tard, lors d’un séjour linguistique en Suisse dans le Valais, est née en moi cette passion qui m’a incité à approfondir ma formation sur le vin.

Cette passion pour le vin vous amène aujourd’hui à développer de nombreuses activités ?

Effectivement, je collabore avec plusieurs sociétés. Depuis 2014, je sélectionne les vins pour la compagnie aérienne Air France et je suis d’ailleurs très honoré que nous ayons décroché en 2018 et 2019 le prix de «Best Airline Wine List of the World». J’enseigne également en Suisse au Glion Institute of Higher Education qui forme les futurs cadres dans l’hôtellerie de luxe, à l’Académie Worldsom de Bordeaux. Je suis aussi actif en tant que conférencier, animateur d’événements œnogastronomiques, consultant dans la sélection des vins et je collabore à la promotion des vins suisses avec l’organisme Swiss Wine Promotion. Et mon entreprise Paolo Basso Wine, basée à Lugano, s’occupe de la vente de vins en Suisse et à l’étranger.

L’élégance irlandaise

Dans les années 2000, un grand groupe proposa une forte somme pour acheter le château Léoville Barton. Anthony Barton répondit à l’offrant : « Il faudrait être fou pour ne pas accepter… Mais je suis fou… ». Plus d’infos sur www.barton-family-wines.com

“Mes millésimes coups de cœur à Bordeaux sont les 2005, 2009, 2010, 2015, 2016.”

Combien de vins dégustez-vous dans une année ?

Environ 3000 mais je suis monté jusqu’à 5000 lorsque je préparais les concours.

Vous produisez également vos propres vins ?

Ma passion pour le vin m’a conduit à une conversion professionnelle vers la production. Ce choix est dû d’une part au lieu où j’habite, Ligornetto, un des villages viticoles du Canton du Tessin, et d’autre part au désir de vivre le vin sous tous ses aspects, à travers une activité professionnelle sur plusieurs fronts. Je produis donc à ce jour six vins, dont quatre dédiés à ma fille Chiara. Deux vins blancs : « Il Bianco di Chiara » et « Fiore di Chiara ». Deux vins rouges : « Il Rosso di Chiara » et « Il Bouquet di Chiar ». Ensuite, il y a « Le Rosé » et un nouveau vin rouge très attendu qui sera disponible en 2022.

Dans un de vos livres « Le vin selon de meilleur sommelier du monde », vous livrez quelques astuces et coups de cœur ?

En effet, au cours de plusieurs entretiens avec le journaliste Pierre-Emmanuel Buss (co-auteur du « Guide des meilleurs vignerons de Suisse » et des « 99 chasselas à boire avant de mourir »), je retrace mon parcours, ma jeunesse à Besnate, en Lombardie, jusqu’à l’obtention de mon titre de meilleur sommelier du monde en 2013. Je détaille les contraintes de l›entraînement pour les concours et donne des trucs et astuces pour les amateurs qui souhaitent améliorer leur connaissance du vin et de la dégustation. Je décris également sept régions viticoles qui m’ont le plus marqué, avec une sélection des vignerons et domaines à découvrir absolument. Un choix de domaines de référence de Bordeaux à l’Alsace, en passant par la Bourgogne, la Champagne, la Suisse, le Piémont et la Toscane. Je délivre également quelques conseils

pour évaluer les qualités et défauts d’un vin, choisir ses verres ou encore trouver les meilleurs accords avec des mets.

Les collectionneurs de grands flacons ont-ils des profils différents en Europe et en Asie ? Effectivement, le collectionneur asiatique est souvent plus attiré par la spéculation. Mais il a besoin de comprendre le vin et s’entoure d’experts. L’amateur asiatique, contrairement à l’amateur européen, n’a pas de « background » et il a une approche plus analytique. Notre rôle de sommelier est donc un peu à l’image de celle d’un guide dans un musée. Nous avons en face de nous une œuvre d’art, à savoir un grand vin, et nous devons expliquer tous ses mystères à notre interlocuteur.

Est-ce que votre palais a évolué au fil des années ?

A force de pratiquer, le palais s’améliore. Il y a des vins avec des cépages compliqués que je ne comprenais pas il y a trente ans et que j’apprécie maintenant. J’avais par exemple du mal à déguster en Italie le vignoble de Lombardie où l’on produit entre autres des vins à base de Nebbiolo.

Quelle est à Bordeaux l’appellation la plus compliquée pour un amateur de vins ?

Je pense qu’une personne qui commence à déguster aura plus de difficultés à comprendre les Pessac Léognan rouges et les Saint-Estèphe par rapport à leur virilité.

Avez-vous un souvenir d’une dégustation particulière à Bordeaux ?

Une de mes plus belles émotions concerne un Haut-Brion 2009 servi en magnum et que j’ai dégusté en 2014.

Votre plus belle verticale à Bordeaux ? Une verticale de Cos d’Estournel à l’occasion de laquelle j’ai fait un voyage très intéressant à travers le temps…

Quels sont les plus anciens millésimes que vous ayez dégustés à Bordeaux ?

J’ai eu la chance de déguster le millésime 1945 de nombreux châteaux. Mais je pense aussi à un Château Yquem de 1926 et à un Château Margaux de 1899 qui avait encore une jeunesse étonnante.

Que pensez-vous des derniers primeurs et de la dégustation du millésime 2019 ? Malgré la covid-19, j’ai eu la chance de déguster de nombreux châteaux. C’est un beau millésime avec des vins équilibrés et plaisants. Et à des prix raisonnables. Je pense que c’est une opportunité pour les amateurs de vins.

Que pensez-vous en général du système des primeurs à Bordeaux ?

Je pense que Bordeaux est allé trop loin en termes de prix avec les millésimes 2009 et 2010 et que la « machine » s’est un peu cassée à cette époque. Les marges des intermédiaires se sont alors réduites et ceci a démotivé le marché. Je pense que les châteaux devraient faire marche arrière dans leur politique de prix et motiver financièrement tout le circuit de distribution jusqu’au consommateur final qui trouvera alors un intérêt. Ce n’est qu’ainsi que les investisseurs reviendront alors vers Bordeaux…

Est-ce que les grands vins de Bordeaux peuvent perdre leur place de leader dans 20 ou 30 ans ?

Je pense que Bordeaux a vécu des moments difficiles au profit de la Bourgogne. Mais Bordeaux est actuellement en train de revenir, bien que cela prendra du temps. Le vignoble bordelais se reconvertit au bio dans une proportion importante et je pense que c’est la bonne voie. Mais, encore une fois, ceci passe absolument par un repositionnement de prix comme cela s’est fait avec le millésime 2019.

Plus d’infos sur www.paolobassowine.ch

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La famille Tesseron de Pontet-Canet à la Napa Valley…

Château Pontet-Canet est un grand cru classé en 1855 à Pauillac, dont l’histoire remonte au début du 18ème siècle. Pourtant, au cours de cette longue période, seulement trois familles s’y sont succédées. Aujourd’hui, Justine Tesseron, tout juste trente ans, codirige la propriété aux côtés de son père, Alfred.

© Julie Rey

Entretien avec

Justine TESSERON

Directrice Générale du Château Pontet-Canet

Suite à votre arrivée à la direction du château aux côtés de votre père, quelle nouvelle page souhaiteriez-vous écrire sur Pontet-Canet ?

Je souhaite avant tout poursuivre le travail mis en place à ce jour par ma famille. Continuer à faire progresser qualitativement les vins du Château et aller toujours plus loin dans le respect de notre vignoble. A trente ans, on a une vision plus moderne du vin, de sa commercialisation, de sa communication, mais l’idée n’est pas d’être dans la rupture, seulement de vivre avec son temps… La modernité dans la tradition !

Quel a été votre parcours avant d’intégrer la propriété familiale ?

Diplômée d’une école de commerce en marketingcommunication, j’ai par la suite complété ma formation avec un master vin & spiritueux. J’ai effectué de nombreux stages à l’étranger dans l’univers du vin, que ce soit dans les

“Notre famille est, depuis plusieurs générations, étroitement liée à Bordeaux, mais aussi à Cognac où nous possédons la maison Tesseron, mon vœu a toujours été de rejoindre un jour cet univers.”

relations publiques, l’événementiel ou la commercialisation, mais j’ai toujours souhaité revenir vivre en France. Notre famille est, depuis plusieurs générations, étroitement liée à Bordeaux, mais aussi à Cognac où nous possédons la maison Tesseron, et depuis mon enfance, mon vœu a toujours été de rejoindre un jour cet univers.

Allez-vous continuer à placer l’environnement au centre de vos priorités ?

Bien sûr ! A Pontet-Canet, nous cultivons le vignoble comme un jardin potager, sans pesticide, en respectant le rythme naturel des saisons et des hommes qui y travaillent. Notre volonté est de maximiser le potentiel de notre terroir en étant notamment engagés dans une démarche biodynamique depuis 2004, qui a abouti à sa certification en 2010. Le vin produit révèle toutes les nuances de la nature avec précision, pureté et vérité.

Tesseron Cognac – Trésor un cognac exceptionnel pour les fêtes.

C’est dans un ancien prieuré du XIIème siècle que la famille Tesseron, propriétaire du cognac du même nom, élève des eaux-de-vie depuis 1905. Abel Tesseron, le patriarche, constitua à l’époque ce qui deviendra une des plus vieilles et importantes collections d’eaux-de-vie, dont certaines ont aujourd’hui plus d’un siècle. Pour Noël, nous vous conseillons « Trésor ». Puissant et soyeux, ce cognac vieilli pendant plusieurs générations en futs, est le fruit d’un assemblage d’une centaine d’eaux-de-vie fines et constitue une des pièces uniques de la collection Signature. A déguster, pourquoi pas, avec un cigare cubain ! Prix : 780 CHF

Le Pouvoir de la Terre à Cantenac Brown

Entretien avec

José SANFINS

Directeur du Château

Cantenac Brown

Propriétaire avec sa famille, depuis décembre 2019, du Château Cantenac Brown, troisième grand cru classé en 1855 au cœur de l’appellation Margaux, Tristan Le Lous dévoile un projet d’avenir fort : un chai unique au monde, qui repoussera les limites de ce qui se fait aujourd’hui en matière d’éco-responsabilité. Rencontre avec José Sanfins, le Directeur du Château.

Pouvez-vous revenir sur les origines écossaises de Cantenac Brown ?

La propriété a été fondée au début du XIXème siècle par John-Lewis Brown, qui était Ecossais. Il a doté le Château d’une architecture de style Tudor, unique en son genre dans le Médoc. En se promenant, nous nous rendons vite compte qu’audelà d’une simple architecture, c’est une atmosphère particulière qui se dégage de cet endroit, notamment grâce à notre parc composé de nombreuses essences d’arbres (Sequoia bicentenaire, chênes rouges d’Amérique…). Un bout d’Ecosse en plein cœur de l’appellation Margaux…

Vous êtes également winemaker de Cantenac Brown, est-ce une véritable force ?

Beaucoup de propriétés fonctionnent de la même façon. J’ai grandi au milieu des vignes, tout cela me semble naturel. Mais au-delà de moi-même, il y a une équipe solide sur qui on peut compter et qui est là depuis longtemps. D’ailleurs puisque nous sommes un peu « écossais » Cantenac Brown c’est plus qu’une équipe, c’est un clan !

Le nouveau chai révolutionnaire que vous vous apprêtez à construire est une réalisation pratiquement unique au monde ?

En effet, aucune utilisation de ciment n’est prévue. Le projet, signé par l’architecte Philippe Madec, est totalement intégré dans l’enceinte des bâtiments actuels. Tous les matériaux, biosourcés, naturels et non traités, proviendront de la région Aquitaine. Construite également en terre compressée (argile et sable), la voûte basse du chai sera, à elle seule, une prouesse architecturale : la seule en Europe de cette envergure et la seule au monde à porter une charpente en bois.

Pouvez-vous nous parler des vins de votre propriété ?

Le vin c’est avant tout une émotion ! Il est toujours compliqué de décrire les vins en quelques mots. Tout d’abord, Château Cantenac Brown, éclatant, envoûtant, charnel, velouté. Un vin marqué par la densité et les tanins fins de nos vieilles parcelles de cabernet sauvignon. BriO de Cantenac Brown, résultat d’une sélection parcellaire, est brillant, délicat et charmeur. Et Alto, le vin blanc de Cantenac Brown, minéral, suave et vibrant.

Dans les années à venir, à quels mets associeriezvous le millésime 2019 de Cantenac Brown ? 2019 est un grand millésime, comparable à 2016 et 2018. L’assemblage du cabernet sauvignon et du merlot a révélé un vin délicat avec beaucoup de classe. Généralement les grands vins s’accordent bien à la plupart des bons plats. Mais ce qui compte c’est avec qui vous partagerez cette bouteille !

Plus d’infos sur www.cantenacbrown.com

Votre famille s’est diversifiée en acquérant un vignoble en Californie… Nous avons acquis en 2016 Pym-Rae en Napa Valley. Cette propriété, qui appartenait à l’acteur Robin Williams, d’une superficie totale de 250 hectares, comprend 7,5 hectares de vignes, d’une trentaine d’années, plantés avec les cépages rois du Médoc : cabernet sauvignon, merlot et cabernet franc. Jusqu’à maintenant, les raisins de la propriété étaient vendus à des producteurs locaux, l’ancien propriétaire ne produisant pas son propre vin. Le challenge était donc extrêmement intéressant car tout était à créer : de l’outil de production (les cuves béton ont été faites sur-mesure dans le Médoc), à la

promotion de la marque en passant par sa commercialisation. Nous avons lancé notre premier millésime 2016, d’abord aux États-Unis et depuis peu, dans le reste du Monde. A l’instar de Pontet-Canet, nous avons converti, dès notre arrivée ce vignoble en biodynamie et sommes passés en dry-farming (non-irrigation des vignes). Situés à 550 mètres d’altitude, les sols argilocalcaires nous permettent de réaliser des vins tout en fraîcheur et en équilibre. A Pym-Rae, chaque détail a été pensé pour révéler le potentiel de ce vignoble rare et accentuer sa singularité, sans jamais verser dans l’ostentation. Plus d’infos sur www.pontet-canet.com

Le Phénix d’Angélus

Entretien avec Stéphanie de BOÜARD- RIVOAL

Présidente Directrice Générale du Château Angélus

A 37 ans à la tête du Château Angélus, Premier grand cru classé A de Saint-Émilion, Stéphanie de Boüard-Rivoal fait bouger les lignes de ce vignoble mondialement reconnu depuis son arrivée à la Présidence en 2012. Distinguée en 2017 par la French-American Foundation comme Young Leader, elle affirme ainsi sa volonté de diversification.

Quelle est donc votre motivation ?

Notre savoir-faire se transmet à Angélus de génération en génération. Il est inscrit dans le temps depuis 1782. La notion de pérennité est pour moi capitale. Mon rôle est d’être à la hauteur de mes prédécesseurs tout en apportant une touche personnelle. Le respect des traditions n’interdit pas les innovations…

A votre arrivée à Angélus, vous aviez décidé d’habiller de noir et d’or les bouteilles du millésime 2012 pour marquer deux cent trente ans d’histoire et l’avènement au sommet du classement de Saint-Emilion. Vous avez décidé de réitérer  avec le millésime 2018 ? Tous les flacons de ce millésime mémorable ont été frappés à la figure du Phénix, cet oiseau légendaire qui signe l’éternité. Les Grecs anciens l’avaient nommé à partir de sa couleur, rouge sang. Cet animal imaginaire et fascinant a traversé les temps et les cultures. Il est le symbole d’un des plus anciens rêves de l’humanité : l’immortalité. Rouge sang, rouge aussi comme les braises du feu dont il renaît toujours, et rouge enfin comme le raisin et son nectar. A l’image du Phénix, la vigne est-elle un perpétuel recommencement ? A chaque cycle, le cadeau qu’elle nous fait est

différent. Et certaines fois il est d’une valeur rare. 2018 est de ces millésimes hors norme qui semblent habités de leur propre force de vie. Cette année-là, les conditions climatiques furent telles que le doute et l’inquiétude ont été de mise jusqu’à mi-juillet. Puis tout s’est inversé, aux obstacles ont succédé des conditions exceptionnelles. Et, à l’image du Phénix qui renaît de ses cendres, 2018 donna lieu à une récolte magnifique. C’est pour célébrer ces moments où le temps linéaire s’ouvre à celui, cher au mythe, de l’éternel retour, que tous les flacons de ce millésime mémorable ont été frappés de la figure du Phénix.

Mais, depuis 2012, votre détermination ne s’arrête pas là ?

Nous avons évolué dans le monde du vin mais pas seulement… Nous avons décidé de rénover le Logis de la Cadène, l’un des plus vieux hôtels de SaintEmilion, acquis par ma famille en 2013, et notre jeune Chef, Alexandre Baumard, a entre-temps décroché une étoile. Nous avons racheté Le Gabriel, une institution bordelaise dans la gastronomie. Côté vignes, nous continuons à avancer vers une conversion au bio. Et, parce qu’il a une définition singulière, Carillon d’Angélus n’est plus un simple second vin. Il est désormais un grand vin à part entière et se voit doter d’un nouveau chai à la pointe de l’innovation.

Plus d’infos sur www.angelus.com

TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020

Domaine de Chevalier, un jardin secret dans les Graves

Le Domaine de Chevalier est une clairière au milieu de la forêt qui le protège, une sorte de jardin secret à l’écart des circuits médiatiques. C’est un peu le paradoxe de ce grand cru classé de Graves, qui fait partie des meilleurs vins blancs secs de la planète.

Entretien avec Olivier BERNARD Copropriétaire du Domaine de Chevalier

Aujourd’hui, avec votre famille, vous êtes à la tête d’un empire vinicole à Bordeaux ? C’est exagéré mais nous avons développé depuis 1983 une belle histoire… Nous avons fait passer le foncier familial de 18 à 200 hectares en trois décennies. En plus du Domaine de Chevalier, nous exploitons le Domaine de la Solitude, le Château Lespault-Martillac, et nous avons pris une participation dans Château Guiraud (100 hectares à Sauternes). Notre dernière aventure est celle du Clos des Lunes, un blanc sec issu des grands terroirs de Sauternes.

Où en est votre engagement pour une viticulture plus environnementale ?

Au fil des années nous avons fait au Domaine de Chevalier, et sur nos autres vignobles des choix stratégiques qui nous permettent d’arriver à un niveau

de maturité étonnant en matière environnementale. Nous avons commencé en 1996 et avons aujourd’hui, sur l’ensemble, 52 hectares en biodynamie et 110 hectares en bio. Cette part continue de progresser. Sur le reste, nous avons de longue date, supprimé les CMR (potentiellement cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques). Nous voulons protéger nos vins, notre environnement et nos salariés. Nous nous sommes engagés dans la certification de nos vins blancs en bio, prévue en 2023. Et dans la foulée, ce sera celle de nos vins rouges.

Pensez-vous que vos vins ont évolué ces dernières années ?

Énormément… Du fait des nombreuses initiatives citées préalablement, de notre gestion du terroir, de notre respect de la terre et de la vigne, du travail de l’homme. Le réchauffement climatique permet également au vignoble bordelais d’élaborer ces dernières années des vins de qualité exceptionnelle. On vit aujourd’hui un bouleversement... Les limites d’hier sont dépassées d’année en année. Sur les derniers millésimes, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019, nous avons réalisé 5 grands millésimes. Je dis souvent que le plus beau millésime de ma vie sera celui que je ferai demain, mais je n’ai jamais ressenti cela aussi fortement qu’aujourd’hui…

L’art de vivre selon la famille Edmond de Rothschild

Entretien avec Alexis de La PALME Président du Directoire de Edmond de Rothschild Heritage

La tradition du vin dans la branche française des Rothschild est née en 1868 avec l’achat du Château Lafite par James de Rothschild. Le baron Edmond - arrière-petit-fils de James - prolongea ensuite cette histoire familiale. Aujourd’hui, le monde du vin est incontestablement une passion qu’Ariane et Benjamin de Rothschild cultivent avec brio.

Pouvez-vous nous présenter Edmond de Rothschild Heritage ?

Cette entité réunit les activités d’art de vivre gérées par Ariane et Benjamin de Rothschild. Elles s’organisent en trois pôles. Le premier regroupe nos activités vinicoles avec des domaines prestigieux en France et dans le Monde. Le second rassemble nos hôtels et restaurants situés à Megève dont le Four Seasons Hotel, et dans quelques mois, en Espagne, avec l’inauguration du Palacio de Samaniego. Le troisième est le pôle « Nature » avec notamment notre fromagerie, installée sur les terres familiales de Seine-etMarne, qui incarne l’excellence laitière française.

Quelques mots sur vos activités vinicoles ? Nous possédons sept propriétés dans le Monde, qui

représentent au total 500 hectares. En France, dans le Bordelais, le Château Clarke, le Château des Laurets et le Château Malmaison. En Argentine, la Bodega Flechas de Los Andes en joint-venture avec Laurent Dassault. En Nouvelle-Zélande le vignoble de Rimapere. En Afrique du Sud, le domaine Rupert & Rothschild Vignerons en joint-venture avec la famille Rupert. Et en Espagne, la Bodega Benjamin de Rothschild & Vega Sicilia issue également d’une joint-venture. Nous travaillons avec près de 100 distributeurs dans 80 pays et avons 150 collaborateurs. Nous produisons et commercialisons environ 3,5 millions de bouteilles par an.

Vous êtes, paraît-il, de plus en plus dans une optique de premiumisation au Château Clarke? En effet, nous nous sommes appuyés depuis 2015 sur l’expertise de l’œnologue conseil Eric Boissenot, associé à un nouveau directeur technique Fabrice Darmaillacq. Les résultats sont spectaculaires. On les retrouve d’ailleurs dans les notes attribuées par les plus grands critiques de vin. Toujours dans cet esprit d’excellence, nous avons initié de grands travaux de restructuration à Clarke qui devraient aboutir mi 2022. Ce projet, que nous appelons « Impulse » consiste à revoir l’intégralité de notre site de production.

Êtes-vous toujours proche du Château Lafite Rothschild ?

Tout à fait… Benjamin de Rothschild est toujours l’actionnaire principal de cette propriété gérée admirablement par le Baron Eric de Rothschild et sa fille Saskia, également actionnaires. Pour la petite histoire, en 1868, le Baron James de Rothschild a acquis le Château Lafite qui était mis en vente publique dans le cadre d’une succession. A la mort du Baron James, 3 mois après l’achat, Lafite est devenue la propriété conjointe de ses trois fils : Alphonse, Gustave et Edmond.

Plus d’infos sur www.edmondderothschildheritage.com

Le Clos des Lunes, votre dernière aventure vinicole, est un véritable succès… Ce domaine de 50 hectares démontre la capacité des grands vins blancs secs à être élaborés dans le Sauternais. Le Clos des Lunes est une magnifique histoire, écrite en 2011. J’ai aujourd’hui près de 10 ans de recul sur les premiers millésimes. Quand je suis arrivé à Sauternes, c’était un pari mais aujourd’hui, je sais que nous sommes capables de réaliser de très grands vins. C’est un terroir prodigieux dans lequel j’ai pleinement confiance. On trouve dans les millésimes 2016, 2017 et 2018 des vins qui ont une capacité exceptionnelle de vieillissement et qui délivreront encore une autre dimension avec le temps. Ils sont parfaitement adaptés aux amateurs de vins qui aiment les grands vins blancs de Bordeaux, de Bourgogne ou d’Alsace. Ces vins sont généreux, avec une puissance et une concentration tout à fait étonnante.

Quelle est votre gamme de vin à Clos des Lunes ?

Nous avons trois cuvées de vins blancs secs : Lune Blanche (élevage uniquement en cuve inox et béton), Lune d’Argent (élevage en cuve et 25 % de barriques), et enfin Lune d’Or (vinification et

élevage de dix-huit mois en barriques dont un tiers de neuves). Ces vins sont bien-sûr à dominante de sémillon (70%) - cépage roi de Sauternes - et de sauvignon Blanc (30%).

Plus d’infos sur www.domainedechevalier.com et www.closdeslunes.com

La nature à Smith-Haut-Lafitte

© Vinmedia Rolf Bichsel

Entretien avec Florence CATHIARD

Propriétaire du Château Smith Haut Lafitte

Aux portes de Bordeaux, voici trente ans que Florence et Daniel Cathiard sont tombés amoureux de Smith Haut Lafitte, cette clairière de vignes entourée de bois. Le plus « Graves des Graves », telle était la réputation de ce grand cru classé de Graves… Mais son surnom était « la belle endormie ». Depuis son acquisition, chaque millésime, en rouge comme en blanc, reflète ce magnifique terroir.

30 ans après l’acquisition de Smith Haut Lafitte, quel est votre nouveau challenge ? Nous souhaitons de plus en plus nous engager dans la protection de la planète. Notre vignoble est en biodynamie depuis 2016, et nous avons reçu le Label Agriculture Biologique en 2019. Le labour des vignes se fait à cheval grâce aux Ardennais (une très ancienne race rustique de chevaux de trait) qui sont élevés sur le domaine. Nous recyclons le CO2 issu des fermentations, récupérons les eaux de pluie, utilisons des panneaux solaires… Quelle est votre motivation ? Je pense que s’intéresser à la nature, c’est appréhender le monde avec humilité. En récolter les meilleurs fruits sans appauvrir la terre, et s’inscrire dans la longévité. C’est pour ces raisons que notre engagement environnemental ne cesse de se renforcer depuis notre acquisition de Smith Haut Lafitte. Nous cultivons nos propres plantes médicinales comme l’achillée millefeuille, la prêle, la tanaisie, et élaborons des décoctions souvent pulvérisées à l’aide des chevaux. La biodiversité et la situation privilégiée du vignoble sont renforcées par la présence d’une forêt, de vergers, de ruches et de potagers.

Vous avez toujours été liés à la nature ? Effectivement, mon mari et moi-même, de par notre passé de sportifs de haut niveau dans le domaine du

ski, étions déjà très attachés à la montagne comme nos amis suisses. Aujourd’hui, la nature est une affaire de famille partagée avec nos enfants, d’un côté fondateurs de « Caudalie », et de l’autre d’un Palace des vignes, « Les Sources de Caudalie », à 100 mètres de Smith Haut Lafitte. Nous sommes conscients de la chance que nous avons de vivre dans un lieu si privilégié, et voulons le partager à travers des expériences et des vins exceptionnels qui reflètent ce bon traitement de la terre.

Quelles sont les expériences que vous proposez à Smith Haut Lafitte ?

Elles sont nombreuses… Parmi elles, « La Forêt des sens, parcours de Land ‘Art », attenante au domaine viticole. Ce parcours artistique de 10 hectares réunit les créations d’artistes majoritairement bordelais, en réponse aux œuvres majeures qui entourent le château. Mais aussi, « Dans les pas du vigneron », on peut expérimenter le quotidien du Chef de culture ou du Maître de chai et comprendre les multiples facettes du métier de vigneron. La « Masterclass » est un nouvel atelier qui met en lumière la philosophie du domaine, ses valeurs et sa passion renouvelée au fil des millésimes. Une dégustation verticale exceptionnelle de 6 vins (dont 2 blancs et 4 rouges) concrétise cette immersion dans l’histoire du château, en suivant une visite privée à travers nos chais et nos caves.

Plus d’infos sur www.smith-haut-lafitte.com

TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020
Bordeaux 23
1 - Château Lynch-Bages 2 - Château Saint-Pierre 3 - Château Giscours
© Jean Barge

Accords lyriques à Pichon Comtesse

Entretien avec

Nicolas GLUMINEAU

Directeur Général du Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande

Immersion à Pauillac au Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, second cru classé en 1855. Rencontre avec Nicolas Glumineau son Directeur Général au parcours iconoclaste. Ancien chasseur alpin dans l’armée, chanteur d’opéra et plus précisément baryton, membre d’un groupe de rock, son profil dénote assurément dans le paysage bordelais…

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Je me suis un temps destiné à la recherche en génétique mais je me suis aperçu que je faisais fausse route. J’ai alors trouvé plus d’attraits dans une vie militaire, comme chasseur alpin, avant de suivre une formation d’artiste lyrique au Conservatoire de Musique de Bordeaux. J’ai alors été tenté par une carrière de baryton, mais la vie, le vin et la rencontre de ma future femme en ont décidé autrement. J’ai donc repris mes études, et obtenu un diplôme d’ingénieur en viticulture et œnologie à l’École Nationale d’Agronomie de Montpellier. S’en sont suivies plusieurs expériences au Château Haut Brion, au Château Margaux et au Château Montrose, avant de devenir en 2012 le

Directeur Général du Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande (Pauillac) et du Château de Pez (Saint-Estèphe), propriétés de la Maison de Champagne Louis Roederer.

Comment définiriez-vous Pichon Comtesse ?

A Pichon Comtesse, nous sommes dans la création, dans la haute couture. La complexité aromatique est proche des vins de Pauillac, sur le côté cigare, cèdre, mûre et framboise. La structure de notre vin est très droite, la finesse des tanins est poussée à l’extrême - ils sont très enrobés du fait d’un gros travail sur les presses et l’extraction des cabernets, notamment - et il a une finale sapide. On a à la fois un équilibre et une élégance plus marqués, avec beaucoup de sensualité et de suavité, qui font que Pichon Comtesse est différent de ses voisins qui élaborent des vins plus puissants et charpentés.

Quels sont vos millésimes de références ?

Ils sont nombreux mais le millésime 1989 à Pichon Comtesse est fabuleux. C’est l’équilibre absolu. Le vin de Pauillac par excellence. Je souhaite m’en rapprocher au plus près chaque année et pourquoi pas le dépasser…

Qu’est-ce qui différencie le monde du vin et celui de la musique ?

Dans le vin, on n’a pas la même répétabilité qu’en musique. Le vin est une école d’humilité. Il y a toujours moyen de faire mieux et d’être plus précis. La différence entre un grand vin et un vin exceptionnel est une histoire de détails.

Avec quelle musique nous conseilleriez-vous de déguster votre château ?

Le panel est assez large. Je vous conseillerais d’écouter So What de Miles Davis, Così fan tutte, un opéra en deux actes de Mozart. Ou dans un tout autre registre, Wuthering Heights, le plus grand succès de Kate Bush.

Plus d’infos sur www.pichon-comtesse.com

Malartic-Lagravière du Québec à Hollywood…

Entretien avec Séverine BONNIE

Château

Malartic-Lagravière

Depuis son acquisition en 1997 par le couple belge Alfred-Alexandre et Michèle Bonnie, anciens propriétaires de l’Eau Ecarlate, et grâce à la gestion actuelle de ses enfants Jean-Jacques et Véronique Bonnie, le Château Malartic-Lagravière a spectaculairement progressé. Les vins rouges s’inscrivent aujourd’hui parmi les plus intéressants de l’appellation et les vins blancs allient complexité, fraîcheur et harmonie.

Pourquoi votre Grand Cru Classé de Graves arbore-t-il un trois-mâts sur son étiquette ?

C’est en souvenir du Comte Hippolyte de Maurès de Malartic, dont la famille acquit le domaine de la Gravière autour de 1800 et qui s’illustra brillamment au-delà des mers. Son navire « La Minerve » est ainsi devenu l’emblème du château et orne les étiquettes de nos vins…

Quelle est d’après-vous la signature de MalarticLagravière ?

Je dirais des vins équilibrés et précis, alliant complexité aromatique et grande profondeur, un soyeux et une élégante touche épicée venant des profondeurs de son magnifique terroir de graves.

Votre château, paraît-il, a séduit l’actrice Charlize Theron lors d’un dîner de gala de l’American Cinematheque donné en son honneur à Beverly Hills ? En effet, l’American Cinematheque distingue chaque année une personnalité pour l’ensemble de sa carrière.

Charlize Theron s’est vu honorée par l’Award en novembre 2019. Les 700 personnes invitées au dîner de gala se sont régalées des vins du Château Malartic-Lagravière.

Il se murmure que votre château sera également visible dans plusieurs productions internationales prochainement ?

Nous avons effectivement de beaux projets en cours. Malartic est déjà visible dans la saison 3 de Riviera, et sort début décembre dans une jolie comédie romantique Love, weddings and others disasters avec Diane Keaton et Jeremy Iron. Nous avons aussi eu la joie de collaborer avec Kenneth Branagh, l’acteur-producteur du prochain Agatha Christie Mort sur le Nil, qui sortira en 2021. En soutien à l’association Movember, il a signé l’unique bouteille de 6 litres de Malartic-Lagravière rouge 2016, gravée Death on the Nile, mise en enchère fin novembre.

Aborder le vin par l’art et le cinéma est-il intéressant ?

Produire un grand cru, c’est un peu comme réaliser un film : raconter une histoire, partager et transmettre des émotions, faire voyager, s’évader... Ce sont des vecteurs de joie !

Toujours dans le domaine de l’art, il paraît que vous avez pour projet l’écriture d’un livre de cuisine ?

Avec le ralentissement de l’activité réceptive, nous avons souhaité garder un lien avec nos consommateurs et visiteurs en partageant un peu de notre quotidien au domaine. Le lecteur se plonge dans la vie du domaine au fil des saisons, avec anecdotes familiales et savoir-faire d’un grand cru classé. 24 recettes de famille illustrent ces pages, comme autant de pépites culinaires !

Avec quels mets se mariera le mieux le millésime 2019 de Malartic-Lagravière dans quelques années ?

Le millésime 2019 sera certainement un très grand millésime. Il offre déjà une profondeur et un soyeux en bouche remarquables. C’est dur d’imaginer aujourd’hui l’accord parfait, mais son équilibre exceptionnel en fera sans aucun doute un très agréable compagnon de table !

Plus d’infos sur www.malartic-lagraviere.com

Le charme Irlandais de Léoville Barton

© Guy Charneau

Entretien avec Lilian BARTON-SARTORIUS

Propriétaire du Château

Léoville Barton

En 1722, Thomas Barton quittait son Irlande natale pour venir s’établir à Bordeaux qui était à l’époque un important port de commerce. C’est son petit-fils, Hugh, qui rendit encore plus florissante l’entreprise familiale et consolida sa fortune. Rencontre avec sa descendante Lilian Barton-Sartorius.

Pouvons-nous revenir sur la destinée de Léoville Barton et Langoa Barton ? C’est en 1821 que, Hugh, le petit-fils de Thomas Barton, a conclu l’achat du Château Langoa, puis, en 1826, d’une partie du domaine de Léoville. A cette époque, le domaine de Léoville formait un des plus vastes et des plus anciens crus du Médoc avant d’être divisé en trois châteaux : Léoville Las Cases, Léoville Poyferré et Léoville Barton. Lors du Classement de 1855, Léoville Barton et Langoa Barton ont été classés respectivement 2ème grand cru classé et 3ème grand cru classé. Aujourd’hui, mon fils Damien et ma fille Mélanie représentent la 8ème génération de notre famille.

Comment définiriez-vous Léoville Barton ?

Avec 82% de cabernet sauvignon et 18% de merlot, Il a un équilibre souverain qui n’en fait jamais un monstre de puissance, mais jamais non plus un vin trop souple. Son nez est intense, expressif, sur des effluves mentholées, épicées et de fruits noirs. En bouche, les saveurs de la myrtille et du cassis se révèlent et la pointe de poivre blanc vous surprendra. Le vin est droit, équilibré et sa puissance exponentielle.

L’influent magazine américain

Wine Spectator vous a honoré… Pour sa longue tradition familiale, pour son excellente qualité et pour sa valeur relative, le millésime 2016 de

60ème

Léoville Barton a été élu vin de l’année 2019 par le Wine Spectator, toutes régions vinicoles confondues dans le Monde.

Que pensez-vous de la spéculation des vins de Bordeaux ?

Comme mon père, Anthony Barton, nous avons toujours le bon goût de préserver le classicisme de Saint-Julien et celui de ne jamais céder aux sirènes de la spéculation. Nous élaborons avant tout des vins pour qu’ils soient bus, non pour être thésaurisés.

Pourquoi le terroir de Moulis a-t-il retenu votre attention ?

En 2011, nous avons choisi d’ajouter de nouvelles pages à une longue histoire et nous avons acquis le Château Mauvesin, désormais Mauvesin-Barton. Cette propriété historique existe depuis 1457 et a été un réel château fort. Les propriétaires précédents préféraient jouir des 170 hectares de bois et prairies que de s’attacher à exprimer le potentiel des 51 hectares de vignes pourtant splendidement situées sur des sols de graves fines, avec plus de sable qu’à Saint-Julien et un socle argilo-calcaire. Ce qui fait la différence avec Saint-Julien, c’est aussi la proximité avec la forêt et l’éloignement de l’estuaire. La stabilité climatique y est moins assurée, les maturités idéales des fruits y arrivent un peu plus tardivement. Une belle histoire est à écrire… Plus d’infos sur www.leoville-barton.com

vendange du Comte Léo de Malet Roquefort

Entretien avec

Alexandre de MALET ROQUEFORT

Copropriétaire du Château La Gaffelière

Le millésime 2018 marque la 60ème vendange de votre père, le Comte Léo de Malet Roquefort… En effet, ce millésime est assez exceptionnel pour nous. C’est l’occasion d’un habillage unique du millésime 2018, réédition de l’étiquette de 1959, qui vient célébrer cet anniversaire tout en rendant hommage à l’esprit de La Gaffelière.

La restauration de l’étiquette de 1959 a été, paraît-il, un travail d’orfèvre ? Elle a été confiée aux soins d’un studio spécialisé et associe bouteille, capsule, étiquette et caisse bois. Elle a donné lieu à la renaissance de chaque élément graphique : calligraphie, blason familial et typographies ont été redessinés à la main, dans un trait à la fois fidèle et historique. Par cet habillage s’affirment ainsi toute l’histoire et l’âme de notre domaine.

Si vous deviez décrire le Château La Gaffelière ?

Premier Grand Cru Classé depuis l’origine du classement de SaintEmilion, le Château La Gaffelière est le reflet de la grandeur de son terroir et de la compétence de ceux qui y œuvrent. Niché entre les collines de Pavie et d’Ausone, le vignoble compte 38 hectares en production avec un âge moyen des vignes de 35 ans et un rendement moyen de 31 hl/ha. Exposées majoritairement plein sud, les parcelles

s’étendent sur les trois terroirs spécifiques de Saint-Emilion : le plateau calcaire, la côte argilocalcaire et le pied de côte, plus siliceux.

Depuis quinze ans de nombreux investissements ont été réalisés… Effectivement. Notamment le réencépagement du vignoble, engagé en 2001, et la construction d’un nouveau cuvier, inauguré en 2013, qui permet une vinification parcellaire précise. Vivant au cœur même du vignoble, notre famille revendique une signature de vignerons. Agriculture ultra-raisonnée et protection de la biodiversité favorisent l’épanouissement de la vigne. L’encépagement, travaillé depuis 2004 au côté de notre œnologue conseil Stéphane Derenoncourt, repose aujourd’hui sur une adéquation affinée entre sols et cépages. Désormais présent à plus de 35% dans le vignoble, le cabernet franc répond, au côté du merlot, à la pluralité naturelle des lieux. Cela permet la naissance de vins complexes, floraux, empreints de fruit et de fraîcheur, exprimant toute la profondeur des terroirs saintémilionnais.

Plus d’infos sur http://gaffeliere.com

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TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020
Bordeaux
© Furax

Bordeaux 25

L’empire de la famille Castéja

© Patrick Cronenberger

Entretien avec Frédéric CASTEJA

Copropriétaire du Château Batailley

La famille Castéja est l’une des dynasties du négoce de vin dans le Bordelais. Son chiffre d’affaires approche les 150 millions d’euros, grâce aux maisons Borie-Manoux depuis 1870, Mähler-Besse et A. de Luze. Elle possède aussi plusieurs propriétés bordelaises qui totalisent 240 hectares de vignes mais également 2 sites : www.lagrandecave.fr et www.1jour1vin.com.

Depuis 1870, le vin fait partie de l’ADN de votre famille ?

Historiquement, par la branche Castéja, nous étions propriétaires de Pichon Baron et Duhart Milon à la fin du 19ème. Par les Borie nous sommes devenus négociants en vin sur la Place de Bordeaux en 1870 et nous avons acquis au fil des générations plusieurs châteaux : Batailley (Grand Cru Classé en 1855 à Pauillac), Lynch-Moussas (Grand Cru Classé en 1855 à Pauillac), Beau-Site (Cru Bourgeois à Saint-Estèphe), Trotte Vieille (Premier Grand Cru Classé de Saint-Émilion) et les pomerols Domaine de l’Église et Château la Croix du Casse.

Quelques mots sur le Château Batailley, joyau de votre famille ?

Ce 5ème Grand Cru Classé en 1855 couvre 60 hectares. Concernant son nom, l’hypothèse la plus probable est qu’il a été baptisé ainsi en référence aux batailles qui ont ensanglanté le Mé-

doc à la fin de la guerre de Cent Ans. Il est composé de 70% de cabernet sauvignon, 25% de merlot, 2% de petit verdot et de 3% de cabernet franc. Il a un profil très typique des grands vins de Pauillac, entre droiture et précision, et a considérablement gagné en définition et en précision depuis une dizaine d’années.

Vous vous intéressez également au E-Commerce ?

En effet, nous avons décidé en 2016 de lancer une activité dans la vente de vins en ligne en France en créant le site www.lagrandecave.fr.  Ce site est uniquement dédié aux vins de Bordeaux et nous nous appuyons sur les stocks de nos maisons de négoce. Grâce à elles, notre site internet a à sa disposition plusieurs dizaines de millions de bouteilles de grands crus en stock, remontant pour les millésimes plus anciens jusqu’au début du XXème siècle. Et nous avons également acquis le site www.1jour1vin.com. Ce site fonctionne comme un club avec des membres qui reçoivent des offres. Les vins ne sont plus uniquement bordelais mais proviennent aussi de Bourgogne, de Loire, du Rhône, bref de toute la France et du monde entier. Ce marché du E-commerce dans le vin s’inscrit dans le sens de l’Histoire et de la famille Castéja.

Votre famille vient d’acquérir également en Provence le Château Bas ?

En effet, ma mère, Catherine Castéja, vient de faire l’acquisition de cette belle propriété de 300 hectares située au cœur de l’appellation Coteaux-d’Aix-en-Provence. Les 75 hectares donnant les vins rouges, rosés et blancs de Château Bas sont certifiés bio depuis 2010. Bâti sur l’emplacement d’une ancienne cité gallo-romaine, le château Bas reçoit tous les ans des milliers de visiteurs qui viennent découvrir ses vins et son huile d’olive, mais aussi son temple romain, sa chapelle médiévale et son parc.

Plus d’infos sur www.batailley.com

Une vision de bâtisseur « La notion de Grand Cru Classé appelle davantage de devoirs qu’elle ne donne de droits », prévient Hervé Berland qui dirige un vignoble de 95 hectares où l’influence de l’estuaire, les sols argilo-graveleux et les meilleurs plants de vignes se conjuguent pour donner des grands vins de garde racés, fidèles à SaintEstèphe. A cela s’ajoute un bâti : « Montrose s’inscrit dans le temps long, Montrose est indémodable, on a l’impression qu’il n’y a pas eu de travaux… », ajoute Hervé Berland. Plus d’infos sur www.chateau-montrose.com

TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020
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Le Millésime 2019 en primeurs

Le système des primeurs est une institution bordelaise. Cette année, le millésime 2019 permettra certainement au consommateur de réaliser une économie de prix de 30% par rapport au prix estimé après sa mise en bouteille 2 ans plus tard.

Voici une sélection qui est bien-sûr non exhaustive…

26 Bordeaux TdG • Millésime | Mercredi 9 décembre 2020 ANGELUS Saint-Emilion 1er Grand Cru Classé «A» CHF 289.00 LYNCH-BAGES Pauillac 5ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 84.00 DOMAINE DE CHEVALIER (Blanc) Pessac Léognan Cru Classé de Graves CHF 80.00 CANTENAC BROWN Margaux 3ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 42.00 BATAILLEY Pauillac 5ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 36.00 PAVIE Saint-Emilion 1er Grand Cru Classé «A» CHF 314.00 BRANAIRE-DUCRU Saint-Julien 4ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 44.00 LEOVILLE BARTON Saint-Julien 2ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 70.00 LASCOMBES Margaux 2ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 62.00 MONTROSE Saint-Estèphe 2ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 126.00 MALARTIC-LAGRAVIÈRE (Rouge) Pessac Léognan Cru Classé de Graves CHF 37.00 SAINT-PIERRE Saint-Julien 4ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 48.00 PICHON LONGUEVILLE COMTESSE DE LALANDE Pauillac - 2ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 150.00 GRAND-PUY DUCASSE Pauillac 5ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 31.00
PONTET-CANET Pauillac 5ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 78.00 MARQUIS DE TERME Margaux 4ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 41.00
ROCHET Saint-Estèphe 4ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 39.00
GAFFELIERE Saint-Emilion 1er Grand Cru Classé «B» CHF 55.00 SMITH HAUT LAFITTE (Blanc) Pessac Léognan Cru Classé de Graves CHF 109.00 GISCOURS Margaux 3ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 45.00 LEOVILLE LAS CASES Saint-Julien 2ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 210.00 ISSAN Margaux - 3ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 55.00 CLOS DES LUNES (Lune d’Argent) Bordeaux Blanc sec CHF 11.00 LAFAURIE-PEYRAGUEY Sauternes 1er Cru Classé CHF 49.00 CLARKE Listrac Médoc CHF 27.00 PAPE CLÉMENT Pessac Léognan Cru Classé de Graves CHF 80.00 LAGRANGE Saint-Julien - 3ème Grand Cru Classé en 1855 CHF 41.00 HAUT-BAILLY Pessac Léognan Cru Classé de Graves CHF 90.00
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