HARCOURT-Magazine Black Cover-27 juin

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MODE FRÉDÉRIC BEIGBEDER

LE TEMPS DES AVEUX

JOAILLERIE DIAMANTS ÉTERNELS

HORLOGERIE À L'HEURE DES STARS BEAUTÉ DES ÉGÉRIES AU CINÉMA

RENCONTRES MARC LÉVY SOFIA ESSAÏDI

THIERRY ARDISSON

FX DEMAISON

SONIA ROLLAND

CHRISTOPHE LAMBERT

ELISA TOVATI

Cate Blanchett

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PROCHAINEMENT EN KIOSQUES le 27 juin 2023
GLAMOUR IS THE NEW SMART

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[ Quand la couleur cîtoie le noir et blanc
 ]

Depuis sa crĂ©ation, Studio Harcourt, hors du temps et des modes, prĂ©serve et cultive les valeurs fondamentales qui ont forgĂ© son succĂšs et sa rĂ©putation : l’excellence, la valorisation d’une esthĂ©tique, une Ă©lĂ©gance Ă  la française et un art de recevoir trĂšs parisien.

ImaginĂ© par Cosette Harcourt, femme d’exception, moderne et Ă  l’avant-gardisme audacieux, le studio Ă©ponyme naĂźt de sa collaboration avec les frĂšres Lacroix, patrons de presse Ă  l’instinct visionnaire et hommes d’affaires aguerris. L’idĂ©e de Cosette Harcourt : faire se rencontrer deux arts, la photographie et le cinĂ©ma. Ainsi, pour tirer le portrait des grandes familles de l'Ă©poque, fait-elle appel aux Ă©clairagistes de cinĂ©ma. Une mĂ©thode bien Ă  elle qui fera tout le charme de cette emblĂ©matique maison.

Studio Harcourt prend ainsi ses marques en 1934, au sein du trĂšs chic 8e arrondissement de Paris et puise son hĂ©ritage dans les racines glamour de l’ñge d’or du cinĂ©ma français en noir et blanc. L'esprit intimiste et trĂšs Ă©lĂ©gant de la mĂ©thode Harcourt sĂ©duira le monde du 7e art. De Brigitte Bardot Ă  Alain Delon, en passant par Catherine Deneuve, Carole Bouquet, Laetitia Casta, Vincent Lindon, Jean Reno ou Keanu Reeves pour ne citer qu’eux, ces actrices et acteurs dĂ©fileront dans l'atmosphĂšre feutrĂ©e des studios de la Maison. Sans oublier bien-sĂ»r les personnalitĂ©s issues de la politique, de la mode, du sport ou de la culture


Souvent imitĂ©, mais jamais Ă©galĂ©, le style Harcourt est devenu au fil du temps un gage d’éternitĂ©, une rĂ©fĂ©rence iconographique qui s’impose comme une signature incontournable. A l'heure des "selfies" et du tout numĂ©rique, dans une pĂ©riode oĂč la presse magazine est souvent dĂ©laissĂ©e, nous avons souhaitĂ© prendre le contrepied et relever ce challenge en lançant Harcourt Magazine.

Au-delĂ  du mythique portrait qui a fait sa renommĂ©e, nous allons vous faire dĂ©couvrir dans ce numĂ©ro 1, un univers artistique souvent mĂ©connu oĂč la couleur cĂŽtoie le noir et blanc en totale harmonie. Les rĂ©fĂ©rences iconographiques liĂ©es au plan amĂ©ricain, avec son halo de lumiĂšre, sont challengĂ©es, ce qui permet de crĂ©er un magazine en mouvement en pleine cohĂ©rence avec notre Ă©poque. Tout en respectant les codes du Studio Harcourt, l’esprit de cette Ă©dition est rĂ©solument contemporain et ne manquera pas de surprendre


Dans notre premier numĂ©ro semestriel avec ses deux « covers » (Black / Red), qui a pour thĂ©matique « Studio Harcourt fait son cinĂ©ma », Harcourt Magazine clame son amour pour le 7e art au travers de portraits de personnalitĂ©s qui comptent dans les milieux du cinĂ©ma. Des Ă©ditoriaux consacrĂ©s Ă  la mode, Ă  la joaillerie, Ă  l’horlogerie, aux fragrances, etc. - que nous retrouverons dans les prochaines Ă©ditions - viendront complĂ©ter ces rencontres. Les prochains thĂšmes traitĂ©s pourraient ĂȘtre « Black is Black », « L’intime », « Les 7 pĂ©chĂ©s capitaux », « Voyage » 


Un grand merci Ă  l’équipe du Studio Harcourt et Ă  la team de Harcourt Magazine qui ont collaborĂ© Ă  la rĂ©alisation de ce magazine et partagĂ© cette expĂ©rience, ainsi qu’à toutes les personnes qui se reconnaĂźtront.

COVER BLACK

Photographie, maquillage, coiffure : Equipe STUDIO HARCOURT.

COVER RED

Julie TUZET, mannequin @metropolitanmodelsgroup porte une robe

GEORGES MAKAROUN avec une montre LA D MY DIOR et des boucles

‱ SecrĂ©taire de rĂ©daction : Alain LABATUT

‱ P.A.O : Atelier Claire CARREAU

manucures : voir dossiers intérieurs

‱ Dessinateurs : Jade, Ange, Hugo, Tom & ThĂ©o, Rose, Swana, Jeyla

‱ RĂ©gie Publicitaire : HARCOURT MAGAZINE, Thibault REICHELL, t.reichell@harcourtmagazine.com et SO EVENTS, Jean-Marc DAHAN, jmd@hdmedias.com,

EDITO
HARCOURT MAGAZINE Fondateur, Editeur & Directeur de la publication : Thibault REICHELL ‱ AttachĂ©e de presse : Olivia REICHELL-GONTHIER ‱ Conseiller communication : Jean-Michel DELAVAUD ‱ Coordinateur de la rĂ©daction : Olivier BONNEFON ‱ Styliste et Directeur artistique : Farouk CHEKOUFI ‱ Photographes : Equipe du STUDIO HARCOURT, Kostia PETIT, collectif de photographes et assistants (voir dossiers intĂ©rieurs) ‱ Coordinateur STUDIO HARCOURT : Eloi ROBERT ‱ Correspondants : Audrey GROSCLAUDE, Blandine DAUVILAIRE, Alicia FALL, Tom BOYLE, Viviane LAFARGUE, Gigi RIARD, Jade REICHELL, Ange REICHELL, HervĂ© de l’ANTENNE, Serge COURTELINE ‱ Maquilleurs, coiffeurs,
tĂ©l. / 06 07 78 46 45 ‱ DĂ©pĂŽt lĂ©gal Ă  parution, copyright N2GUP, ISSN en cours. HARCOURT MAGAZINE, www.harcourt-magazine.com, est une publication Ă©ditĂ©e par N2GUP. SiĂšge social : 25 rue de Ponthieu, 75008 Paris, France. Impression en France. Toute reproduction, mĂȘme partielle, des articles publiĂ©s dans cette Ă©dition sans accord de la sociĂ©tĂ© Ă©ditrice
la loi du 11 Mars 1957
la propriété littéraire et artistique.
la Publication de HARCOURT MAGAZINE
est interdite, conformément à
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Olivia & Thibault* REICHELL *Fondateur, Editeur & Directeur de
d'oreilles CONSTELLATION en or blanc serties de diamants de synthĂšse et bague COURBET ‱ Photographe : Equipe STUDIO HARCOURT composĂ©e de Eloi ROBERT (coordination), Kostia PETIT (photographe), Alexis RAMBOSSON (assistant photographe), Benoit PINCHON (assistant photographe) et Elliot MEYER ‱ Stylisme et rĂ©alisation : Farouk CHEKOUFI ‱ Coiffure : Raynald @b-agency ‱ Maquillage : LORANDY pour DIOR BEAUTY ‱ Manicure : MARIE ROSA pour DIOR BEAUTY ‱ Assistant stylisme : Benjamin COUTAN et Cannelle GODRAN. EN COUVERTURES DU NUMÉRO 1 JOAILLERIE L'HEURE DES STARS RENCONTRES Cate Blanchett Star iconique GLAMOUR IS THE NEW SMART UN LUXE INTEMPOREL GLAMOUR IS THE NEW SMART Secrets de stars La mode fait son cinĂ©ma Lancement
Harcourt Magazine
du numéro
de
Rendez-vous sur harcourt-magazine.com 8

Marc Lévy

Visuel, cinĂ©matographique, son style littĂ©raire a sĂ©duit des millions de lecteurs Ă  travers le monde et tapĂ© dans l’Ɠil d’Hollywood. Sa derniĂšre saga, « 9 », aux accents prĂ©monitoires, est en cours d’adaptation en sĂ©rie et pourrait avoir une suite en librairie.

JOAILLERIE | 60

Diamants éternels

LE CINÉMA EST UN ÉCRIN, UNE BOÎTE À BIJOUX

Cinq films recĂšlent presque plus de perles et de diamants, que toute la place VendĂŽme. Dans « Breakfast at Tiffany’s » (1961), Audrey Hepburn, vĂȘtue d'une robe noire et d'un collier de perles, rĂȘve devant la vitrine de la cĂ©lĂšbre joaillerie new-yorkaise. ComposĂ© par Jean Schlumberger, son collier est composĂ© de cinq rangs de perles, ornĂ© d'un pendentif en diamants en forme de croissant de lune...

MODE | 36

Frédéric Beigbeder

CONFESSION

D’UN SERIAL NOCEUR

FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a longtemps cru que la vie Ă©tait une fĂȘte. Avant d’en sortir, l’écrivain, chroniqueur et cinĂ©aste s’est Ă©garĂ© dans un monde oĂč l’hĂ©donisme Ă©tait la seule utopie et la cocaĂŻne son kĂ©rosĂšne. A 57 ans, le voilĂ  rattrapĂ© par ses dĂ©mons, qu’il exorcise dans ses « Confessions d’un hĂ©tĂ©rosexuel lĂ©gĂšrement dĂ©passĂ© ».

Cate Blanchett

Elle possĂšde le magnĂ©tisme et l’élĂ©gance sublime des Ă©toiles de l’ñge d’or hollywoodien. La modernitĂ© et la prĂ©cision de son jeu, sa capacitĂ© Ă  entrer dans tous les rĂŽles, font de Cate Blanchett, une sorte de comĂ©dienne ultime. Actrice camĂ©lĂ©on, dont la classe n’a jamais Ă©tĂ© prise en dĂ©faut.

HORLOGERIE | 72

L’élĂ©gance de la ponctualitĂ©

LE TEMPS EST UN ÉLÉMENT ESSENTIEL DU CINÉMA

Il rythme le récit, crée du suspense, influence les choix des personnages. D'ailleurs, James Bond porte des montres de luxe, comme la Rolex Submariner ou la Omega Seamaster, sans lesquelles il ne serait pas 007...

CADRAGE | 16 Sofia EssaĂŻdi CLAIR OBSCUR | 18 Thierry Ardisson CONTRASTE | 21 India Hair ZOOM | 22 FX Demaison FOCUS | 24 Sonia Rolland ÉCRAN TOTAL | 26 Esther Rollande CHAMBRE NOIRE | 27 Elisa Tovati ARRÊT SUR IMAGE | 28 Christophe Lambert FAIR PLAY | 30 Projecteur sur Paris 2024 FRAGRANCES | 52 Parfum et cinĂ©ma BEAUTÉ | 58 Des Ă©gĂ©ries sur pellicule SOMMAIRE GRAND ÉCRAN
| 12
DE L'ÉCRIT AU GRAND ÉCRAN
PRISE DE VUE | 32
ULTIME ET SUBLIME
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DISRUPTING DIAMONDS

Photographie retouchée* Le Diamant Disruptif *
GRAND ÉCRAN 12

Si j’ai attendu 38 ans pour embrasser une carriĂšre d’auteur,c'estparcequ'ilfallait que j’aie une vie avant. Toutes les expĂ©riences positives ou nĂ©gativesquej’aivĂ©cuesnourrissentaujourd’huimeslivres, mesintriguesetlapsychologie de mes personnages ». C’est sa sƓur, scĂ©nariste et rĂ©alisatrice, qui a poussĂ© Marc Levy Ă  Ă©crire. En 2000, le livre est prĂȘt et Steven Spielberg signe un chĂšque de deux millions de dollars pour en acquĂ©rir les droits. DerriĂšre ce « miracle » un pitch efficace de Susanna Lea, devenue depuis son agent littĂ©raire et co-Ă©ditrice. Le film « Just like heaven », rĂ©alisĂ© par Mark Waters, sortira en 2005 avec Reese Witherspoon et Mark Ruffalo.

MARC LÉVY

DE L’ÉCRIT AU GRAND ÉCRAN

Visuel, cinĂ©matographique, son style littĂ©raire a sĂ©duit des millions de lecteurs Ă  travers le monde et tapĂ© dans l’Ɠil d’Hollywood. Sa derniĂšre saga, « 9 », aux accents prĂ©monitoires, est en cours d’adaptation en sĂ©rie et pourrait avoir une suite en librairie. Marc Levy est un conteur nĂ© et un auteur engagĂ©. De passage Ă  Paris, ce passionnĂ© de cinĂ©ma a rejoint les Ă©toiles du Studio Harcourt.

Il est entrĂ© par effraction dans nos vies avec « Et si c’était vrai ». L’histoire d’une rencontre improbable et bouleversante entre un architecte prĂ©nommĂ©

Mark et le fantĂŽme d’une jeune femme appelĂ©e Lauren, luttant pour sa survie Ă  l’autre bout de San Francisco, aprĂšs un dramatique accident de voiture. Convier Marc Levy Ă  une sĂ©ance au Studio Harcourt, oĂč planent les souvenirs de centaines de stars photographiĂ©es depuis 1934, c’est comme attirer un papillon de nuit dans une lanterne magique. On ne sait pas ce qui va en sortir.

Jouer avec le monde des esprits. Flirter avec le fantastique et le paranormal, pour mieux parler du monde actuel, de la spiritualitĂ©, de l’amour, du bonheur et de toute la palette des sentiments humains. Dans les livres de Marc Levy, les hĂ©ros volent les ombres, entendent les rĂȘves des autres, se battent pour la justice et des causes perdues et chuchotent des histoires teintĂ©es de magie Ă  l’oreille des grands enfants que nous sommes. Des contes construits comme des rĂȘves Ă©veillĂ©s, pour mieux toucher les lecteurs du XXIe siĂšcle, comme les romans d’Alexandre Dumas emportaient ceux du XIXe siĂšcle.

« Tout s’est bien passĂ© », s’amuse l’intĂ©ressĂ©, dans le taxi qui le ramĂšne du salon du livre de Paris.

« J’ai adorĂ© l’accueil chez Harcourt avec l’élĂ©gant portrait de Carole Bouquet que j’admire.

J’ai saluĂ© MarlĂšne Dietrich, JeanPaul Belmondo, Jean Gabin. Moi qui ai horreur de me faire tirer le portrait, je me suis prĂȘtĂ© au jeu, sous l’Ɠil complice de mon ami Jean Reno que j’admire Ă©galement, non seulement l’acteur mais l’homme qu’il est ». Quelques instants plus tard, confortablement installĂ© dans sa chambre d’hĂŽtel, loin de son domicile new-yorkais, Marc Levy se livre au jeu des questions rĂ©ponses, avec humour et sincĂ©ritĂ©.

Gregory Lemarchal. C’était merveilleux. Tous deux avaient des voix extraordinaires et une humanitĂ© incroyable. Je me sens si honorĂ© de les avoir connus. J’aurais aimĂ© leur Ă©crire d’autres chansons


Si c’était possible, quel serait le casting idĂ©al d’une soirĂ©e chez vous, avec des personnalitĂ©s vivantes ou disparues ?

Dans mon enfance, j’ai eu la chance, grĂące Ă  mes parents, de cĂŽtoyer des personnalitĂ©s du monde du cinĂ©ma comme François Perrier, Michel Piccoli, Yves Montand, Simone Signoret. Ce serait un plaisir de les revoir. Mais s’il y a une personne disparue que j’aurais aimĂ© rencontrer par-dessus tout, c’est bien Romain Gary. J’aurais vraiment adorĂ© avoir une conversation avec lui. Passer des heures Ă  refaire le monde en sa compagnie, apprendre de lui. J’ajouterais John Steinbeck ainsi que Jim Harrison, deux de mes auteurs favoris et maĂźtres Ă  penser.

QuandonĂ©crit,les personnages n’ont pas devisage...

Parlons 7e art, si prĂ©sent dans l’ADN Harcourt et dans vos livres. Qu’est-ce que votre imaginaire doit au cinĂ©ma ? Beaucoup. Le cinĂ©ma a jouĂ© un rĂŽle trĂšs important dans le dĂ©veloppement de mon imaginaire. Parce que dans mon enfance, internet n’existait pas. Il y avait trĂšs peu de choses Ă  la tĂ©lĂ©vision. Le cinĂ©ma et la tĂ©lĂ©vision n’étaient pas amis, bien au contraire. Chaque mercredi, les salles obscures Ă©taient ma source de rĂȘves et d’évasion. Des films comme « Pain et Chocolat » de Franco Brusati que j’ai vu Ă  16 ans, ou « La guerre de Murphy » de Peter Yates, ont profondĂ©ment marquĂ© mon enfance. J’ai adorĂ© Ă©galement « Monsieur Smith au SĂ©nat » ou « La vie est belle » avec James Stewart.

Quels sont les acteurs ou actrices contemporains qui vous inspirent ? Est-ce que vous pensez à leurs visages quand vous écrivez ?

Si dans un choc spatio temporel, dont vous avez le secret, vous croisiez l’une des Ă©toiles disparues croisĂ©e chez Harcourt, Serge Gainsbourg ou Edith Piaf par exemple, que lui diriez-vous ? Aimeriez-vous Ă©crire pour elle ? Je commencerais par les remercier pour leur talent, pour les Ă©motions qu’elles nous ont procurĂ©es. Quant Ă  imaginer que je puisse Ă©crire un texte pour un poĂšte et parolier aussi talentueux que Serge Gainsbourg
 Je pense qu’il n’aurait pas eu besoin de moi. En revanche, je dois dire que j’aurais follement aimĂ© ĂȘtre un parolier de Serge Reggiani qui n’écrivait pas ses chansons. J’ai eu la chance de signer un titre pour Johnny Hallyday et un autre pour

Comment choisir ! Il y a tellement d’acteurs et d’actrices extraordinaires que j’adore. Je pourrais citer Jessica Chastain, Penelope Cruz ou Jennifer Lawrence, que j’ai eu le plaisir de rencontrer et d’interviewer. Et puis j’ai un faible Ă©galement pour Jacqueline Bisset. Son intelligence, son humour et sa beautĂ© ! En revanche, quand j’écris, je m’interdis de donner un visage Ă  mes personnages. Le travail d’un Ă©crivain, c’est justement de faire exister un personnage dans la tĂȘte du lecteur, sans lui imposer trop de dĂ©tails. L’écriture est le territoire de tous les possibles, les voix, les visages, les paysages.

GRAND ÉCRAN
Texte : Olivier Bonnefon
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Au Studio Harcourt, Marc Levy a retrouvĂ© sur les murs les actrices et les acteurs qui l’ont inspirĂ© depuis toujours, en particulier son ami Jean Reno. « Si je croisais en vrai ces Ă©toiles, dont beaucoup ont rejoint l’éternitĂ©, je leur dirais merci pour toutes les belles Ă©motions qu’elles m’ont apportĂ©es ».

UNE JOURNÉE AVEC MARC LÉVY

« Pour Ă©crire, confie Marc Levy, il faut se dĂ©connecter du monde qui vous entoure. Entrer dans une bulle. Vivre en totale intimitĂ© avec vos personnages. Ce qui demande beaucoup d’assiduitĂ©. Il y a un temps de rĂ©adaptation quotidien, pour ĂȘtre en connexion avec l’univers du roman ».

C’est aussi beaucoup de travail. « Une journĂ©e type, demande entre 14 et 15 heures d’écriture. En gĂ©nĂ©ral, je commence vers 10 heures pour finir autour de 2 ou 3 heures du matin ». Aujourd’hui, Marc Levy a vendu plus de 52 millions de ses romans Ă  travers le monde. Il est l’auteur français contemporain le plus lu. « En Chine, « Le voleur d’ombres » s’est dĂ©jĂ  vendu Ă  plus de 6 millions d’exemplaires. Personne n’avait vu venir ce succĂšs. Il faut s’en rĂ©jouir quand ça arrive ». PubliĂ© en novembre dernier, « Eteignez tout et la vie s’allume », son dernier roman, connaĂźt un succĂšs soutenu. « Quand ça dure, c’est aussi que le bouche Ă  oreille est bon. C’est une double rĂ©compense », assure Marc LĂ©vy.

J’ai beaucoup observĂ©, enquĂȘtĂ©, recherchĂ©. Le point de dĂ©part de cette sĂ©rie, construite comme un thriller politique, tranche avec mes livres prĂ©cĂ©dents, ce sont les questions soulevĂ©es par l’élection de Trump en 2016 quiontfaitnaĂźtrecettesĂ©rie.

Est-ce que la pandémie puis la guerre en Ukraine ont changé votre perception du monde ?

Les Ă©crivains Ă©taient sans doute les personnes les mieux prĂ©parĂ©s psychologiquement Ă  vivre le confinement. La bulle qu’ils crĂ©ent autour d’eux, quand ils Ă©crivent, les confine. Ce qui ne m’a pas rendu Ă©tranger aux souffrances causĂ©es par cette pandĂ©mie.

La guerre en Ukraine me touche dans mon quotidien, il ne se passe pas un jour sans que j’y pense. Je la voyais venir, la folie meurtriĂšre de Poutine avait dĂ©jĂ  meurtri les populations civiles syriennes, je ne pouvais pas faire semblant d’ignorer. L’histoire du XXe siĂšcle m’a appris Ă  ne pas oublier. Depuis la GĂ©orgie, la Syrie, l’invasion de la CrimĂ©e, je n’avais aucune illusion sur les intentions belliqueuses de Poutine et de son rĂ©gime. Sa dĂ©testation de l’Occident, de la libertĂ©, de toutes les valeurs que nos dĂ©mocraties reprĂ©sentent. « Les forces du mal avancent quand les forces du bien renoncent ». Cette guerre nous rappelle que la dĂ©mocratie est aussi fragile que la planĂšte. Mais nous n’avons plus le temps d’ĂȘtre pessimiste. La menace est lĂ , dans la dĂ©sinformation, le populisme, la terreur, la corruption, le recul des libertĂ©s et les attaques contre les valeurs dĂ©mocratiques.

Cette situation que vous dĂ©crivez, c’est le cƓur de votre sĂ©rie « 9 ». On peut dire que vous avez Ă©tĂ© visionnaire, en l’écrivant. Quel a Ă©tĂ© le dĂ©clencheur ?

J’ai beaucoup observĂ©, enquĂȘtĂ©, recherchĂ©. Le point de dĂ©part de cette sĂ©rie, construite comme un thriller politique, tranche avec mes livres prĂ©cĂ©dents, ce sont les questions soulevĂ©es par l’élection de Trump en 2016 qui ont fait naĂźtre cette sĂ©rie. On dĂ©couvre que des individus et des groupes en lien avec la Russie ont menĂ© une vĂ©ritable campagne de dĂ©sinformation pour influer sur l’opinion des Ă©lecteurs amĂ©ricains. Les mĂȘmes acteurs ont usĂ© des mĂȘmes armes durant le Brexit. Et les moyens mis en Ɠuvre sont vertigineux !

J’ai pu rencontrer des lanceurs d’alerte, des journalistes d’investigation et des hackers appelĂ©s hacktivistes, ceux qui se servent de leur savoir pour de bonnes causes. Tout cela a ouvert le cadre de mon histoire. Il suffisait de tirer le fil.

Avant mĂȘme que Vladimir Poutine ne dĂ©cide de dĂ©clencher sa guerre d’invasion, le dĂ©cor Ă©tait plantĂ©. Le nom du dictateur de cette saga, Loutchine, est d’ailleurs un mĂ©lange de Poutine et de Loukachenko.

L’actualitĂ© brĂ»lante ne vous donne-t-elle pas envie d’écrire une suite, alors qu’une sĂ©rie tĂ©lĂ© est en Ă©criture sur cette saga ?

J’y rĂ©flĂ©chis beaucoup effectivement. Il y a de la matiĂšre. Tout est suspendu Ă  l’issue de la contre-offensive ukrainienne et de ce qui va se passer sur le terrain. Si Poutine devait s’en sortir, ce serait un coup trĂšs dur, l’entrĂ©e dans une pĂ©riode encore plus sombre. S’il tombe, ce que je souhaite de tout mon cƓur, deux peuples seront libĂ©rĂ©s, les Ukrainiens bien sĂ»r, mais le peuple russe Ă©galement. Les dictateurs se sentiront moins forts, je ne donne pas cher de la peau de Loukachenko si Poutine perd sa guerre. L’Europe en sortira encore plus renforcĂ©e. Les rĂ©volutions sont contagieuses. C’est bien ce qui fait trembler les autocrates. Quant Ă  l’adaptation en sĂ©rie tĂ©lĂ©, j’ai eu le bonheur de recevoir un jour un appel de M. Costa Gavras, enthousiaste aprĂšs la lecture des 3 tomes. Il m’a dit : « j’ai passĂ© les derniĂšres 48 heures avec vous » et je lui ai rĂ©pondu, que son cinĂ©ma m’avait nourri depuis 40 ans. L’adaptation est en cours. Aucune date n’est encore fixĂ©e. Comme m’a dit Steven Spielberg, que j’ai eu la chance de rencontrer, lors de l’adaptation de mon premier roman : « Le seul moment oĂč on est sĂ»r qu’un film se fera, c’est le jour oĂč on peut prendre un billet pour aller le voir en salle. »

GRAND ÉCRAN
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CADRAGE 16

J’ai grandi en Ă©tant nourrie au cinĂ©ma amĂ©ricain. JesuisfascinĂ©eparletravaildu rĂ©alisateur David Fincher, avec lequel je rĂȘverais de tourner. Il a une façon unique de faire monter la tension. Dans un registre totalement diffĂ©rent, John Cassavetes m’a procurĂ© de grands moments d’émotion en tant qu’acteur et rĂ©alisateur. En particulier avec son film « Opening Night », oĂč il met en scĂšne sa muse Gena Rowlands, qui est devenue mon modĂšle. Parmilesactricesactuelles,Kate Winslet est celle qui me fait le plusfrissonner.Achaquefoisque je la vois jouer, j’ai l’impression d’apprendrequelquechose.

SOFIA ESSAÏDI

UNE ACTRICE QUI BOUSCULE LES ÉTIQUETTES

RĂ©vĂ©lĂ©e Ă  19 ans par la Star Academy, Sofia EssaĂŻdi s’affirme comme une artiste multi facette, Ă  l’amĂ©ricaine, aussi Ă  l’aise en chanteuse, musicienne, danseuse ou comĂ©dienne. Depuis 20 ans, Ă  force de travail, la belle franco-marocaine s’est fait une place enviable au cinĂ©ma et Ă  la tĂ©lĂ©vision.

Sofia EssaĂŻdi a la beautĂ© solaire des trentenaire Ă©panouies, qui vivent leurs passions Ă  fond. TĂ©lĂ©films, sĂ©ries, cinĂ©ma, elle ne cesse d’enchaĂźner les projets et plateaux de tournage. C’est Ă  peine si elle a eu le temps de faire un stop au Studio Harcourt, pour une sĂ©ance trĂšs glamour. « J’ai Ă©tĂ© impressionnĂ©e par le travail et l’énergie dĂ©ployĂ©e pour rĂ©aliser ces images. Pendant la sĂ©ance, il y avait une danse constante entre la personne qui s'occupe de la lumiĂšre et le photographe. En gĂ©nĂ©ral, c'est plutĂŽt la personne photographiĂ©e qui propose des mouvements, des poses. C’était une expĂ©rience inĂ©dite pour moi », s’enthousiasme Sofia.

Elle est lĂ , nimbĂ©e de lumiĂšre, fragile et puissante dans le savant clair-obscur. On a peine Ă  se souvenir de la jeune femme timide de 19 ans que l’on avait laissĂ©e un soir d’hiver, Ă  la sortie du chĂąteau de la Star Academy. Deux dĂ©cennies ont passĂ©. La jeune fille de Casablanca qui fĂȘtera ses 40 ans l’annĂ©e prochaine, s’est mĂ©tamorphosĂ©e. Elle a gagnĂ© en assurance, sans perdre son Ă©nergie, sa fraĂźcheur, son optimisme.

« Il y a des artistes qui, Ă  dix-neuf ans, se connaissent dĂ©jĂ  et sont connectĂ©s Ă  eux-mĂȘmes. Je pense en particulier Ă  la chanteuse AdĂšle. Et puis il y en a d’autres qui n’ont pas encore fini de se construire. C’est mon cas. Il m’a fallu des annĂ©es, et beaucoup de travail personnel, pour acquĂ©rir de la maturitĂ©, apprendre Ă  mieux me connaĂźtre ». Et de rajouter, « Depuis mes dĂ©buts Ă  la Star Academy, j’ai toujours eu envie de dĂ©couvrir de nouveaux horizons artistiques. Je pense que c’est important de se renouveler et de se challenger. J’aime la musique, le théùtre, la danse, le cinĂ©ma
 Ce sont des formes d’expression diffĂ©rentes mais complĂ©mentaires. Je n’ai pas de prĂ©fĂ©rence. Je choisis mes projets en fonction de mon envie et du message que je veux transmettre. »

« Je ne me suis jamais vraiment fixĂ© de limites. Ce sont les autres qui m'en ont mises. En France, c'est un peu compliquĂ© d'avoir plusieurs envies. En AmĂ©rique, c’est beaucoup mieux acceptĂ©. Certains journalistes m'ont demandĂ© pendant longtemps si je me cherchais, si j’étais perdue. En vĂ©ritĂ©, je m’amuse, en passant d'un univers Ă 

un autre. C'est ainsi que j'imagine ma carriÚre, jusqu'au bout. »

Sofia EssaĂŻdi Ă©voque ensuite quelques moments forts. Ces tournages et Ă©changes sur les plateaux qui lui donnent de l’énergie et la confortent dans la façon dont elle pilote ses rĂŽles et ses choix. « Nous venons de boucler le tournage du film « Antigang la relĂšve » de Benjamin Rocher, avec Alban Lenoir, Jean Reno et CassiopĂ©e Mayance. Une suite au film du mĂȘme Benjamin Rocher de 2015. C’était ma premiĂšre comĂ©die et je suis trĂšs heureuse d'avoir participĂ© Ă  ce film qui devrait sortir d’ici la fin de l’annĂ©e sur Disney+. Cela faisait un moment que je voulais me frotter Ă  ce genre dĂ©calĂ© et ça m'a donnĂ© envie d'y retourner. LĂ  j’étais dans un rĂŽle de policiĂšre. Mais je n’exclus pas de jouer un jour le rĂŽle d’une mĂ©chante (rire). » Quelques jours aprĂšs cet entretien, Sofia attaquait le tournage d’une nouvelle adaptation de « La Peste », d’Albert Camus. Une dystopie transposĂ©e en 2029, dans un monde en pleine pandĂ©mie. « C’est un projet ambitieux, pilotĂ© par Antoine Garceau pour France 2. Je joue le rĂŽle de Laurence, une journaliste d’investigation qui va enquĂȘter sur les origines de la maladie et sur la responsabilitĂ© des autoritĂ©s. C’est un personnage courageux, intĂšgre et dĂ©terminĂ©, qui va se retrouver au cƓur d’un complot et d’une lutte de pouvoir. Elle Ă©volue dans une sociĂ©tĂ© oĂč rĂ©sonnent les craintes et prĂ©occupations actuelles : crise sanitaire, Ă©cologique, sociale, politique
 L’épidĂ©mie de peste dĂ©crite dans le roman initial va devenir un variant de l’épisode le plus meurtrier de l’histoire. »

Travelling avant. Nous voilĂ  il y a une annĂ©e Ă  Cannes. Alors que le festival retrouve cette annĂ©e un format proche de celui d’avant Covid, Sofia EssaĂŻdi se souvient de sa montĂ©e des marches avec l’équipe du film « Nostalgia » de Mario Martone. « C’était vraiment un moment magique, hors du temps. Quelques minutes avant, nous Ă©tions en train de danser comme deux gamins, Mario et moi, entraĂźnĂ©s par une super musique. Sans aucun complexe. Je me disais que c'Ă©tait formidable d'avoir quelqu'un qui ne se prend pas au sĂ©rieux, qui est juste dans l'instant prĂ©sent. Cela m’a rappelĂ© la fĂȘte de fin de tournage Ă  Naples. »

LES RÉALISATEURS AVEC LESQUELS ELLE RÊVE DE TOURNER

« J'adorerais travailler avec Emmanuelle Bercot. J'espĂšre qu'un jour j'aurai la chance de croiser son chemin, parce que j'aime vraiment ce qu’elle fait. J'aime son authenticitĂ©. J'aime la façon dont elle dĂ©ploie son humanitĂ©. Je rĂȘve Ă©galement et pour des raisons diffĂ©rentes, d’ĂȘtre dirigĂ©e par Jacques Audiard, Claude Lelouch, Alice Winocour, qui met en scĂšne des femmes fortes, Ă  la fois courageuses et fragiles, ou encore Albert Dupontel. A chaque fois que

ce dernier fait un film, il nous emmĂšne vraiment dans des Ă©motions et paysages intĂ©rieurs surprenants. Et puis je suis fan d’Eric Toledano et Olivier Nakache. J’ai la chance de connaĂźtre leur travail depuis leur dĂ©but. Ils rĂ©alisent des films Ă  la fois sensibles, authentiques et accessibles. Du cinĂ©ma qui donne du plaisir et des pĂ©pites comme « Intouchables », « Le Sens de la fĂȘte », « Hors normes ». D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans le jeu, j’aime ĂȘtre cadrĂ©e, mais j'aime aussi l'inverse. J'aime

quand tout d'un coup, il y a une totale libertĂ©. J'ai dĂ©couvert cela avec la rĂ©alisatrice israĂ©lienne, Michale Boganim, lors du tournage de « Tel Aviv, Beyrouth ». Elle vous laisse une totale libertĂ© de propositions et d'espace. Je me rappelle qu'elle me disait « Fais ce que tu veux. Je me dĂ©brouillerai, je m’adapterai. » C'Ă©tait une expĂ©rience rare, extraordinaire. »

CADRAGE
Sofia EssaĂŻdi fĂȘtera ses 40 ans l’annĂ©e prochaine. En deux dĂ©cennies, elle a rĂ©alisĂ© dĂ©jĂ  beaucoup de ses rĂȘves mais n’a pas encore tout exprimĂ©.
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Texte : Olivier Bonnefon
CLAIR OBSCUR 18

On voulait changer le monde. C’est le monde qui nousachangĂ©s.Maisons’est bien amusĂ©s. On a vĂ©cu notre vie comme un roman. On a vĂ©cu avec talent ». En 2005, Thierry Ardisson se met Ă  table dans « Confession d’un Babyboomer » (Flammarion), Ă©crit avec Philippe Kieffer. LesBoomersn’ontpasencore Ă©tĂ© mis Ă  l’index. Il dĂ©balle tout : ses racines italoprovençales, son enfance pleine d’ennui, ses rĂȘves et dĂ©rapages d’adolescent et de jeuneadulte,lesvoyagesdans lespalaces,sapĂ©riodejunkie, la nuit, les excĂšs. Au dĂ©tour d’unepage,onyapprendĂ©galement qu’en latin, Ardisson signifie « grande gueule », on s’enseraitdoutĂ©.

THIERRY ARDISSON

LE BARON NOIR DE LA TÉLÉ FAIT PARLER LES MORTS

Depuis les AnnĂ©es 80, Thierry Ardisson bouscule les codes du talk-show, mĂȘlant provocations souriantes, punchlines percutantes et concepts novateurs. Aujourd’hui, le Baron Noir du PAF redonne vie Ă  Dalida, Jean Gabin ou Coluche grĂące Ă  l'IA. De « Tout le monde en parle » Ă  « HĂŽtel du Temps », Harcourt Magazine explore les audaces du MaĂźtre de l’Interview !

Texte : Olivier Bonnefon

Thierry Ardisson jongle avec les punchlines et les concepts. S’il fallait le dĂ©finir en une phrase, on retiendrait forcĂ©ment cette maxime de Jacques Brel qu’il cite en exergue de son livre « Confessions d’un Babyboomer »  : « Il nous a fallu bien du talent pour ĂȘtre vieux, sans ĂȘtre adulte ».

Lui-mĂȘme a beaucoup Ă©crit : des romans, des interviews, des slogans publicitaires, des pitchs et quelques aphorismes : « Il faut vivre sa vie comme on aimerait la raconter ». Pas mal, comme programme !

Le roi de la provoc’ n’en est pas moins esthĂšte et dandy, il cite Ă  l’envie, cette sentence de Maurice BarrĂšs : « Tout obtenir, pour pouvoir tout mĂ©priser ». Le luxe de ceux qui ont touchĂ© du doigt leur rĂȘve


En ce mois d’avril 2023, Thierry Ardisson est confortablement installĂ© dans le salon de maquillage du Studio Harcourt, aux lourds rideaux tendus de velours rouge. Tout de noir vĂȘtu, il sirote un Perrier tranche et consume des blondes, en regardant les photos de stars du 7e Art flotter sur les murs. Devant ses yeux mi-clos, c’est un peu de son enfance et de son destin qui dĂ©filent. Comme un vieux film en Super 8. « Je suis Ă©mu d’ĂȘtre lĂ . Mon pĂšre, Victor, Ă©tait fou de cinĂ©ma. C’était sa passion, lui qui passa l’essentiel de sa vie Ă  construire des ponts, des tunnels et des barrages. Il connaissait les dialogues de certains films par cƓur. Je n’oublierai jamais la fois oĂč il m’a emmenĂ© voir « Les Dix Commandements ». Quand MoĂŻse a ouvert la mer Rouge, ça m’a autant sidĂ©rĂ© que les HĂ©breux Ă  l’époque (rire).

Au retour de cette sĂ©ance, il y avait du verglas sur la route de montagne oĂč l’on roulait. Soudain, la Jeep a fait une embardĂ©e et a glissĂ© Ă  quelques centimĂštres d’un ravin. Je me suis mis Ă  genoux et elle s’est arrĂȘtĂ©e ».

Au fil de cette enfance marquĂ©e par le spleen, l’ennui, et les Ă©tudes chez les SalĂ©siens, Thierry Ardisson s’évade dans les livres et l’écriture. Sur ses cahiers d’écolier, il griffonne d’étranges intrigues. Il invente son propre univers.

Chez les PĂšres, il serre les dents, apprend la discipline et s’initie Ă  la foi et Ă  la spiritualitĂ© catholique. Des piliers fondamentaux sur lesquels il s’appuiera toute sa vie.

« Je vis la nuit, je vis (aussi) le jour. Toute la semaine, je me couche tard, mais le dimanche matin, je me lĂšve tĂŽt : je vais Ă  la messe (et j’aime ça) », dĂ©clarera t-il en 1980 dans une interview Ă  Playboy.

A cette Ă©poque, le jeune Thierry dĂ©veloppe parallĂšlement certains penchants avouables, comme sa passion pour les Beatles. D’autres un peu moins. Lors du fol Ă©tĂ© de ses 18 ans, il s’installe Ă  Juan-les-Pins, le bac en poche, il y dĂ©couvre les plaisirs de la chair et les vertiges du monde interlope.

« Ensuite, au dĂ©but des AnnĂ©es 1970, je suis montĂ© Ă  Paris, avec 50 francs en poche. Je rĂȘvais de faire fortune et conquĂ©rir la capitale. Le must pour moi, c’était d’avoir les moyens de m’offrir des allers-retours Ă  New-York en Concorde ». Thierry Ardisson Ă©crit bien. Il a du style, des idĂ©es. « Comme disait Serge Gainsbourg, j’ai retournĂ© ma veste, elle Ă©tait doublĂ©e de vison. En attendant la consĂ©cration comme Ă©crivain, je suis devenu concepteur-rĂ©dacteur dans la publicitĂ©. C’était bien payĂ©. Cela m’a beaucoup appris pour la suite ».

Chez les Mad Men de la capitale, le jeune homme pressĂ© devient un wonder boy, gagnant notamment la confiance de Bill Tragos, le T de l’agence TBWA. Il apprend Ă  rentrer dans la tĂȘte des gens, avec des slogans entĂȘtants, que ne renierait pas le crĂ©ateur de Publicis, Marcel BleusteinBlanchet (« Du bon, du beau, Dubonnet ») « Vas-y Wasa », « Ovomaltine, c’est de la dynamite », « Quand c’est trop, c’est Tropico », « Lapeyre, y’en a pas deux », sont autant de pĂ©pites signĂ©es Ardisson.

« J’ai trouvĂ© la plupart de ces concepts dans mon bain, aprĂšs avoir fumĂ© un joint. C’était cool (rire) ! Mais au bout d’un certain temps, j’ai commencĂ© Ă  tourner en rond. Je m’étiolais. A force de vendre du fromage blanc, j’avais du yaourt dans la tĂȘte. Mon obsession restait l’écriture. Mes maĂźtres penser : Paul Morand pour le style et Philip K. Dick pour l’imaginaire ». Un soir, Thierry Ardisson sort bouleversĂ© d’une sĂ©ance de cinĂ©ma aprĂšs avoir vu « More », le classique de Barbet Schroeder. « Le refus des valeurs conventionnelles, le rejet d’une sociĂ©tĂ© matĂ©rialiste, l’errance, la came, l’amour, la bande originale de Pink Floyd. J’ai pris tout ça dans la gueule comme un message personnel. Il Ă©tait temps de larguer les amarres ».

MAGNÉTO SERGE ‱ AUTEUR-COMPOSITEUR ET COMÉDIEN

AprĂšs Ardimat, son Ă©mission la plus dingue, voici Arditube, lancĂ©e sur Youtube en coopĂ©ration avec l’INA. En accĂšs libre, elle abrite les sĂ©quences culte de l’Homme en Noir, de « Bains de Minuit » en 1987 Ă  « Salut les Terriens » en 2019. « YouTube est devenue la meilleure chaĂźne de tĂ©lĂ©vision au monde. Arditube compte dĂ©jĂ  480 000 abonnĂ©s et a fait 91 millions de vues l’an dernier »,

se rĂ©jouit Thierry Ardisson. « On ne se contente pas de mettre des archives en ligne. Il y a un vrai travail Ă©ditorial de mise en valeur des contenus. J’ai fait de la tĂ©lĂ© comme du cinĂ©ma. J’ai passĂ© des heures Ă  Ă©crire, tourner, monter, mixer des interviews. Sans cette initiative de l’INA, c’est un prĂ©cieux tĂ©moignage sur une Ă©poque qui risquait de se perdre. »

De Gorbatchev ou Brad Pitt Ă  une icĂŽne black transgenre, les plateaux de ces Ă©missions brillaient par leur Ă©clectisme et leur cĂŽtĂ© transgressif. « J’étais le premier Ă  reprĂ©senter la rue sur le petit Ă©cran. On jouissait d’une libertĂ© totale. Maintenant, tu dis un truc de travers et tu te prends cinquante signalements Ă  l’Arcom ».

CLAIR OBSCUR
Au dĂ©but des AnnĂ©es 80, Ă  l’époque Palace et Bains-Douches, Thierry Ardisson travaillait chez Façade, magazine chic et branchĂ© des Rich & Famous. C’était alors trĂšs tendance de se faire tirer le portrait au Studio Harcourt. 40 ans plus tard, il s'est Ă  nouveau prĂȘtĂ© au jeu.
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Il dĂ©missionne et s’exile en GrĂšce sur l’üle d’Ios, pour y Ă©crire un premier roman personnel et baroque qu’il baptise « CinĂ©moi », publiĂ© au Seuil.

« C’est l’histoire d’un mec qui est allĂ© trop jeune au cinĂ©ma. Il ne sait plus de quel cĂŽtĂ© de l’écran il est. Woody Allen a fait mieux ensuite, avec « La Rose Pourpre du Caire ». Mais ce livre a Ă©tĂ© plutĂŽt bien reçu et a fait de moi un auteur ». Il en publiera six autres.

Thierry Ardisson tourbillonne, s’épuise et touche le fond Ă  plusieurs reprises. A 21 ans, il a dĂ©jĂ  vĂ©cu un Ă©pisode assez rĂ©vĂ©lateur qui a failli briser cette ligne fragile, sur laquelle il avance parfois tel un funambule. Un soir, dĂ©primĂ©, il s’entaille les veines dans sa baignoire, aprĂšs une dispute avec Christiane, sa premiĂšre femme.

« J’aurais pu y passer. C’était un vrai suicide. Une attitude d’ado tourmentĂ© qui veut vraiment en finir ». Heureusement, Christiane repasse chez lui complĂštement par hasard et le sauve. Sa bonne Ă©toile veille au grain.

« Le psychiatre que j’ai consultĂ© quelques jours plus tard m’a proposĂ© d’engager une thĂ©rapie, pour « retrouver une vie normale ». J’ai rĂ©pondu : « Laissez-moi comme je suis. Je n’ai aucune envie d’ĂȘtre normal ». Tout est dit


« AprĂšs ça, enchaĂźne Thierry Ardisson, j’ai trouvĂ© un temps, dans la drogue, une solution Ă  tous mes problĂšmes d’angoisse et de spleen. Un remĂšde Ă  mes failles personnelles. Quand tu prends de l’hĂ©roĂŻne, tu n’as plus envie de manger, de baiser, de sortir, de voyager, de penser. Tout se rĂ©duit Ă  un petit peu de poudre blanche ». Deux ans plus tard, le retour sur terre s'avĂšre brutal. Heureusement, le pouvoir de rĂ©silience de Thierry Ardisson est phĂ©nomĂ©nal. Il passe six mois Ă  se

dĂ©sintoxiquer, sans mĂ©thadone, sans traitement alternatif, en parcourant les Etats-Unis. Il revit. Mais son couple ne survivra pas Ă  cette Ă©preuve. De retour Ă  Paris, il redevient un publicitaire en vue et crĂ©e l’agence Business. « Comme son nom l’indique, Business ne fait pas du bĂ©nĂ©volat ». Cela reflĂšte bien l’état d’esprit cynique et dĂ©complexĂ© des AnnĂ©es 80.

« Au lieu de me dĂ©truire j’ai canalisĂ© mon Ă©nergie vers la crĂ©ativitĂ© ». C’est une pĂ©riode intense de travail, oĂč Thierry Ardisson assoit enfin sa rĂ©ussite professionnelle et personnelle.

Mais l’homme est un Ă©ternel insatisfait. Toujours en quĂȘte d’un nouveau dĂ©fi, d’une nouvelle folie. À 35 ans, il se lance dans la tĂ©lĂ©vision avec « Scoop Ă  la Une ». C’est la rĂ©vĂ©lation. Il enchaĂźne en crĂ©ant « Bains de Minuit », « Lunettes Noires pour Nuits Blanches ». Le dĂ©but d’une aventure, avec des Ă©missions nocturnes Ă  nulle autre pareille, oĂč il se mue en baron noir du PAF. Ses talkshows sont sĂ©quencĂ©s, rythmĂ©s, branchĂ©s. Il a un ton Ă  part. Il innove, ose, s’appuie sur des concepts, parfois bizarroĂŻdes, comme l’auto-interview. Il invite des DJ, Guy Cuevas, Philippe Corti. Lance Laurent Baffie, le « sniper ». Son double, aux rĂ©parties incisives.

« J’avais un trac pas possible Ă  chaque Ă©mission. Le culot a toujours Ă©tĂ© un masque, une bonne excuse. Une fois que les timides ont brisĂ© la glace, ils deviennent exubĂ©rants, provocateurs, souvent insupportables ».

Pendant trente ans, Ardisson devient l’un des rois du talk-show. « Tout le monde en parle », « Salut les Terriens » Ses Ă©missions culte abordent l’actualitĂ© façon gonzo journalisme.

« J’ai vexĂ© la terre entiĂšre. J’avais la rĂ©putation d’ĂȘtre un mĂ©chant, en fait, j’avais le trac. Aujourd’hui, je suis un homme meilleur, grĂące Ă  la tĂ©lĂ© qui m’a obligĂ© de m’intĂ©resser aux autres. Je suis sorti de moi-mĂȘme », glisse-t-il, apaisĂ©.

Dans ses prĂ©cĂ©dentes Ă©missions, il avait invitĂ© Baudelaire, Victor Hugo, John Lennon sous forme de sosies grimĂ©es en personnages historiques. Mais cela ne le satisfaisait guĂšre. Avec sa toute derniĂšre Ă©mission sur France TĂ©lĂ©visions, il pousse le curseur lĂ  oĂč personne n’avait encore jamais osĂ© aller. Il ressuscite les morts, grĂące Ă  l’Intelligence Artificielle.

« J’ai inventĂ© ce mĂ©tavers que j’ai appelĂ© « HĂŽtel du Temps ». J’y invite des stars disparues. En dĂ©couvrant le concept, oĂč je montrais Mitterrand en train de dialoguer avec Lady Di, les dĂ©cideurs ont Ă©tĂ© scotchĂ©s ! Je prĂ©cise que tout ce que les stars disparues disent ou racontent a vraiment Ă©tĂ© dit ou Ă©crit », souligne Thierry Ardisson.

MalgrĂ© le terne audimat du lancement, le concept plaĂźt artistiquement. France TĂ©lĂ©visions a signĂ© pour deux nouvelles Ă©missions. Et la Warner Bros USA vient de racheter les droits d’exploitation du concept pour le monde. « Moi qui ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans le culte d’Hollywood, j’ai d’abord cru que c’était un canular. Et pourtant c’est vrai ! » Nul doute que ses parents Victor et RenĂ©e auraient Ă©tĂ© fiers


AprĂšs Dalida, « HĂŽtel du Temps » reviendra en juin avec Coluche, puis Jean Gabin. Tel un phĂ©nix audiovisuel, Thierry Ardisson connaĂźt Ă©galement une nouvelle jeunesse sur YouTube (lire par ailleurs). Le Baron Noir du PAF n’a aucune envie de baisser le rideau !

CLAIR OBSCUR
Devant ses yeux mi-clos, c’estunpeudesonenfanceetde sondestinquidĂ©filent.Commeun vieuxfilmenSuper8.
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Jevislanuit,jevis(aussi) lejour.Toutelasemaine,jeme couchetard,maisledimanche matin,jemelùvetît :jevaisà lamesse(etj’aimeça)...

INDIA HAIR

UN FESTIVAL DE CANNES AVEC MAÏWENN ET JOHNNY DEPP

Elle n’hĂ©site pas Ă  se mettre en danger et Ă  sortir de sa zone de confort pour interprĂ©ter des personnages complexes et attachants. Son jeu naturel, sa voix singuliĂšre et son regard malicieux ont sĂ©duit les plus grands rĂ©alisateurs. En une dĂ©cennie, India Hair est devenue indispensable au cinĂ©ma français.

«Tout en elle est particulier et inattendu. Sa voix, sa maniĂšre de se mouvoir, son regard. Elle bouge un cil et c’est passionnant. Elle ouvre la bouche et c’est passionnant. Un gĂ©nie ». NoĂ©mie Lvovsky, rĂ©alisatrice de « Camille redouble » ne tarit pas d’éloges sur India Hair. ClĂ©mence PoĂ©sy qui fut sa marraine lors des CĂ©sars, non plus. « Quand India joue, elle est toujours surprenante, toujours juste ». À peine douze ans de carriĂšre et dĂ©jĂ  plus d’une trentaine de films Ă  son actif. Des sĂ©ries, des projets en pagaille. Et une montĂ©e des marches en vue Ă  Cannes, avec toute l’équipe de « Jeanne du Barry », le film Ă©vĂ©nement de MaĂŻwenn, hors compĂ©tition mais en ouverture, qui signe le grand retour de Johnny Depp. India Hair Ă©tonne et dĂ©tonne. Confidences
 La jeune femme a dĂ©couvert sa passion du jeu Ă  12 ans, en classe de théùtre. « Mes grands-parents m'ont initiĂ©e au cinĂ©ma dĂšs mon plus jeune Ăąge. J'ai toujours trouvĂ© cela fascinant de pouvoir faire ressentir des Ă©motions aux autres : le rire, les larmes
 C’est tellement important d'encourager les enfants et les adolescents Ă  suivre leur passion, car cela peut les aider Ă  trouver leur place dans le monde. » SĂ©ries, tĂ©lĂ©films, films
 India Hair ne cesse de tourner. En ce dĂ©but 2023, elle est Ă  l’affiche des « Petites victoires » de MĂ©lanie Auffret, « Rien Ă  perdre » de Delphine Deloget, avec Virginie Efira, et vient Ă  peine d’achever le tournage de « PlanĂšte B », d’Aude-LĂ©a Rapin, au cĂŽtĂ© d’AdĂšle Exarchopoulos et Souheila Yacoub. Arte diffuse actuellement « Des gens bien », de StĂ©phane Bergmans, Benjamin d’Aoust et Mathieu Donck. A la rentrĂ©e, on devrait retrouver India Hair dans la sĂ©rie « Polar Park », de GĂ©rard Hustache-Mathieu, toujours sur Arte.

« Je me sens extrĂȘmement chanceuse que l’on me donne autant de travail. Pour moi, le plus grand succĂšs, c'est de pouvoir collaborer avec des crĂ©ateurs que j'admire et dont les films m'ont Ă©bloui et Ă©tonnĂ©. Faire partie de leur univers est un vĂ©ritable accomplissement ».

India Hair a pris un immense plaisir Ă  jouer avec l’objectif et les Ă©clairages des photographes du Studio Harcourt dans de sublimes tenues de la Maison Patou. Elle venait d’achever le tournage d’un film d’anticipation et se prĂ©pare Ă  tourner la sĂ©rie « Les enfants sont rois », de

India Hair fait Ă©galement partie du casting prestigieux de « Jeanne du Barry », le film Ă©vĂ©nement de ce printemps 2023, qui fait beaucoup parler. « Le tournage a Ă©tĂ© une leçon de cinĂ©ma. LumiĂšre, son, dĂ©cor, maquillage, coiffure, costumes
 J’avais l'impression d'ĂȘtre entourĂ©e des meilleurs professionnels, des plus grands talents. Nous Ă©tions sur des sites historiques, avec beaucoup de figurants. Il faisait chaud. Il fallait ĂȘtre hyper concentrĂ©. Car on tournait avec de la vraie pellicule. Tout le monde Ă©tait Ă  la tĂąche autour de MaĂŻwenn. C'Ă©tait prodigieux. Je restais souvent entre mes sĂ©quences pour observer le jeu des acteurs, notamment Johnny Depp et Pascal Greggory. ».

« C'Ă©tait un challenge d’incarner une jeune femme de l’époque de Louis XV et de jouer face Ă  des acteurs de cette trempe. Tous deux ont tellement de charisme et de prĂ©sence. Johnny Depp a Ă©tĂ© vraiment adorable, super professionnel, impressionnant sans ĂȘtre intimidant. DĂšs qu’il entrait sur le plateau, il se passait quelque chose. On a fait la premiĂšre scĂšne ensemble, avec les actrices qui jouaient mes sƓurs. Nous Ă©tions un peu stressĂ©es. Mais il nous a guidĂ©es. A partir de cette premiĂšre proposition, on avait l'impression d'en avoir fait beaucoup. Et il m'a rĂ©pondu avec un grand sourire : « En mĂȘme temps, c'est ça qui est excitant ! »

« Les acteurs du niveau de MaĂŻwenn, Johnny Depp, Pascal Gregory sont tellement bons, qu'il faut les Ă©couter, jouer avec eux. Et on est forcĂ©ment prĂ©sent au moment requis. GrĂące Ă  la personne que l’on a en face, une grande partie du travail est fait. Quant Ă  MaĂŻwenn, c’est une actrice que j'admire notamment pour son jeu subtil et sa capacitĂ© Ă  incarner des rĂŽles trĂšs diffĂ©rents et Ă  transmettre des Ă©motions trĂšs complexes. Je l’ai rencontrĂ©e dans sa direction d’acteur et j’ai Ă©normĂ©ment apprĂ©ciĂ© la confiance et le cadre qu’elle crĂ©e. Elle donne des indications comme des confidences. On se sent entourĂ©e et libre. HĂąte de la retrouver Ă  Cannes, pour partager ce film avec le public. »

DES PARENTS ARTISTES ET UNE ENFANCE À LA CAMPAGNE

« Ma mĂšre est sculpteur, mon pĂšre est cĂ©ramiste. J'ai grandi en les voyant crĂ©er au quotidien. J’ai appris que je pouvais moi aussi devenir artiste. Que c'Ă©tait un mĂ©tier difficile, avec des hauts et des bas, mais qu’il Ă©tait concret et rĂ©alisable. Avoir le soutien de ma famille a Ă©tĂ© un trĂ©sor inestimable lorsque j'ai voulu devenir actrice. Je n'ai pas rencontrĂ© de frein. C'Ă©tait du domaine du possible. Cela m'a donnĂ© la confiance nĂ©cessaire pour poursuivre mes rĂȘves. Et si cela

n’avait pas fonctionnĂ©, j’aurais toujours pu donner des cours de théùtre ou me lancer dans une activitĂ© artisanale, quelque chose de concret. Je pense qu'il est important de persĂ©vĂ©rer, garder la foi en soimĂȘme et en son travail. Et surtout, rester curieux, s'ouvrir Ă  diffĂ©rentes formes d'art et ne jamais cesser d'apprendre.

Vivre dans un petit village en Touraine, avec une enfance trÚs libre, a été une expérience formidable.

Nous avions la libertĂ© d'explorer les marais, le lavoir, le dolmen. C’était une expĂ©rience trĂšs forte, qui m'a donnĂ© un lien intime avec la nature. Aujourd’hui, je vis Ă  la campagne dans la Sarthe, dans une maison passive, avec mon compagnon et mes enfants. L’écologie est pour moi une cause essentielle. Je n'ai pas d'engagements publics mais cela fait partie de mon quotidien ».

CONTRASTE
Texte : Olivier Bonnefon Sébastien Marnier et Léopold Legrand.
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FRANÇOIS-XAVIER DEMAISON

DE LA FINANCE À LA COMÉDIE

Au Studio Harcourt, François-Xavier Demaison a posĂ© dans une mise en scĂšne toute personnelle, pour le making-off, en sous-vĂȘtements et impermĂ©able. Une improvisation pleine d’impertinence que nous vous ferons dĂ©couvrir prochainement, entre « Stan the flasher », film de Serge Gainsbourg avec Claude Berri et « La PanthĂšre Rose », classique de Blake Edwards

Il a Ă©tĂ© avocat fiscaliste Ă  New York. Il a incarnĂ© Coluche au cinĂ©ma. Il est passionnĂ© de théùtre et vigneron. Il est l’une des personnalitĂ©s du spectacle les plus apprĂ©ciĂ©es des Français. MalgrĂ© un emploi du temps de ministre, FrançoisXavier Demaison a pris le temps de se faire tirer le portrait au Studio Harcourt.

Texte : Olivier Bonnefon

Elleauntelaccentquej’aiparfoisl’impressiondecoucher avec Francis Cabrel ». François-Xavier Demaison adore taquiner sa femme AnaĂŻs, une pure Cathare. C’est elle qui l’a amenĂ© dans les PyrĂ©nĂ©es-Orientales, lui a fait dĂ©couvert le vignoble. MariĂ© en 2019, le couple a eu le bonheur d’accueillir une petite Louise Ă  l’automne 2022.

François-Xavier Demaison est entrĂ© dans la lĂ©gende Harcourt uniquement vĂȘtu d’un caleçon et d’un impermĂ©able. Une mise en scĂšne dĂ©calĂ©e, Ă©bouriffante, Ă  son image, que nous garderons prĂ©cieusement pour un making off. « Cette sĂ©ance Ă©tait une parenthĂšse enchantĂ©e. C’est impressionnant de rejoindre toutes ces Ă©toiles en noir et blanc », confie avec un petit sourire espiĂšgle l’intĂ©ressĂ©. Comme un gamin dans une confiserie, il a pu admirer les portraits des comĂ©diens accrochĂ©s aux murs. Jean Gabin, MarlĂšne Dietrich
 Mais il n’a d’yeux que pour Jean-Paul Belmondo, son idole absolue. Bon vivant, truculent, François-Xavier Demaison s’inscrit dans la lignĂ©e des Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Yanne, Philippe Noiret ou Claude Brasseur. Des durs au cƓur tendre, amoureux des bons mots, des bons plats, et trĂšs pince-sans-rire.

« Si c’était Ă  refaire, je pense que je ne changerais rien. Mon parcours fait tellement partie de moi mĂȘme dĂ©sormais. Je suis un homme heureux, parce que je fais ce que j’aime et que je n’ai pas peur de me rĂ©inventer », enchaĂźne ce presque quinquagĂ©naire (il soufflera ses 50 bougies le 29 septembre prochain), qui aurait pu passer totalement Ă  cĂŽtĂ© de sa vocation.

AprĂšs des dĂ©buts prometteurs dans la classe libre du Cours Florent, il se dĂ©gonfle et s’embarque dans un cursus de premier de la classe : maĂźtrise de droit, Sciences Po Paris, DESS de droit fiscal
 A la clef, un poste Ă  New-York au sein du cabinet Pricewaterhouse Coopers.

Trois ans plus tard, on est le 11 septembre 2001. En route pour son bureau de Manhattan, oĂč il jongle avec le fisc pour le compte de richissimes multinationales, tout en Ă©crivant quelques sketches Ă  temps perdu, François-Xavier Demaison assiste, tĂ©tanisĂ© Ă  la chute des Twin Towers du World Trade Center. « J’ai perdu des collĂšgues, des amis et mes illusions. Ce choc cathartique m’a fait prendre conscience de la fragilitĂ© de la vie. J’ai rĂ©alisĂ© aussi que j’avais endossĂ© un costume qui ne m’allait pas ». BouleversĂ©, il dĂ©cide de dĂ©missionner et rentre Ă  Paris afin de rĂ©aliser son rĂȘve d’enfant : devenir

comĂ©dien pour brĂ»ler les planches. Il crĂ©e sans filet et interprĂšte son premier one-man-show le 2 dĂ©cembre 2002, dans lequel il raconte avec humour et Ă©motion son parcours atypique. PrĂ©sent dans la salle, le comĂ©dien Samuel Le Bihan est emballĂ©. Il dĂ©cide de le produire. Les spectacles s’enchaĂźnent. En 2006, FX reçoit le prix SACD Nouveau Talent Humour. Deux ans plus tard, il se fait remarquer au cinĂ©ma dans le biopic « Coluche : l’histoire d’un mec », rĂ©alisĂ© par Antoine de Caunes. Long mĂ©trage centrĂ© sur le coup d’éclat de l’humoriste, lors de l’élection prĂ©sidentielle de 1981. FX se prĂ©pare façon Actor’s Studio. Il prend 14 kilos pour le rĂŽle, travaille sa voix, peaufine son jeu avec des coachs. Il est nommĂ© aux CĂ©sars 2009 dans la catĂ©gorie « meilleur acteur ». « J’ai eu la chance d’endosser rapidement un rĂŽle magnifique, qui m’a permis d’exprimer tout ce que je pouvais faire. Les gens ont vu que c’était ma place d’ĂȘtre sur scĂšne. Que j’étais un acteur qui s’était Ă©garĂ© chez les fiscalistes et non le contraire ».

PrĂšs d’une quarantaine de films plus tard, FrançoisXavier Demaison a touchĂ© Ă  tous les genres : la comĂ©die ( « Tellement proches », « L’ArnacƓur » ), le drame ( « La Chance de ma vie » ). Le social ( « La syndicaliste » ). Mais c’est au théùtre qu’il exprime pleinement sa passion, jouant dans des piĂšces classiques ( « Le Dindon » de Feydeau) ou contemporaines ( « Par le bout du nez », de Mathieu Delaporte et Alexandre de la PatelliĂšre).

Amateur de bonnes bouteilles, il possĂšde une vigne en Languedoc oĂč il produit du vin bio sous le nom de Domaine Demaison. « J’en suis Ă  mon quatriĂšme millĂ©sime. C’est un mĂ©tier compliquĂ©, liĂ© aux alĂ©as climatiques. Pour faire du bon vin aujourd’hui, il faut beaucoup d’humilitĂ©. Le millĂ©sime 2022 a Ă©tĂ© trĂšs bien. 2021 catastrophique. Vous vous rendez compte qu’aujourd’hui, on vendange les blancs en aoĂ»t ! »

Cette aventure de vigneron lui a inspirĂ© un one-man show. « Je me raconte Ă  travers dix bouteilles qui ont marquĂ© ma vie. Une machine Ă  remonter le temps oĂč le vin sert de fil rouge pour Ă©voquer des tranches de vie : mon enfance chez mes grands-parents ; le repas de fĂȘte au restaurant, le jour de mon bac ; New-York
 C’est goĂ»teux et le public en redemande. »

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EN BONNE COMPAGNIE AU THÉÂTRE DE L’ƒUVRE

Depuis huit ans, François-Xavier Demaison dirige le Théùtre de L’Ɠuvre avec Kim Poignant et BenoĂźt Lavigne, vieille institution fondĂ©e en 1893. Il y succĂšde Ă  Jean-Louis Barrault, Pierre Franck ou Georges Wilson. Drame, music-hall, comĂ©die, stand-up
 il en a fait un « espace de crĂ©ation et de partage, exigeant et Ă©clectique ». Avec des auteurs et metteurs en scĂšne de renom, comme Florian Zeller, Yasmina Reza ou Alexis Michalik. Des jeunes talents, comme Baptiste Lecaplain. On y retrouve actuellement Sylvie Testud dans « Tout le monde le savait », MoliĂšre du seul en scĂšne, MichaĂ«l Hirsch, « Je pionce donc je suis » ainsi

que « Smile », Ă©tonnante piĂšce « en noir et blanc » sur Charlie Chaplin. Daniel Auteuil s’y donnera en concert en janvier.

François Xavier Demaison y a rĂŽdĂ© son quatriĂšme spectacle, « Di (x) vin (s) », coĂ©crit avec Eric ThĂ©obald, dans lequel il mĂȘle humour et passion du vin. Une tournĂ©e est prĂ©vue avant des reprĂ©sentations Ă  Paris en dĂ©cembre et janvier. « J’aime la scĂšne. J’y retrouve mes racines » confie François-Xavier Demaison qui a suivi, dans sa prime jeunesse, la classe libre du cours Florent, oĂč il a cĂŽtoyĂ© Gad Elmaleh ou Audrey Tautou.

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Si je rencontrais JosĂ©phineBakeraujourd’hui, je lui dirais bravo pour son engagement, son courage, sa gĂ©nĂ©rositĂ©, toutes les causes qu’elle a dĂ©fendues. Toutes les barriĂšres qu’elle a fait tomber. Pendant la guerre, elle s’est mĂȘme engagĂ©e dans la RĂ©sistance aulieudefuirauxÉtats-Unis. C’est l’une de mes modĂšles et de mes sources d’inspiration, notamment dans la reconnaissance des artistes de couleur. J’ai eu la chance de l’incarner au cinĂ©ma dans «MidnightinParis».Untout petit rĂŽle. Mais Woody Allen y tenait. J’ai adorĂ© et j’ai Ă©tĂ© fiĂšred’entrerdanslapeaude cepersonnage.

SONIA ROLLAND

SES MILLE ET UN RÊVES


NĂ©e Ă  Kigali, au pays des mille collines, Sonia Rolland a dĂ©ployĂ© ses ailes aprĂšs son titre de Miss France pour rĂ©aliser ses rĂȘves les plus fous. Actrice, productrice, rĂ©alisatrice, Ă©gĂ©rie Guerlain, femme engagĂ©e, cette belle Ăąme a signĂ© « Un destin inattendu », un film envoĂ»tant, largement inspirĂ© de sa propre vie.

SSonia Rolland est entrĂ©e dans la lumiĂšre Ă  19 ans, un soir de dĂ©cembre 1999, en devenant la Miss France de l’an 2000. Cette histoire, qui a inspirĂ© son premier film, fut loin d’ĂȘtre un conte de fĂ©e. Aujourd’hui, les Français craquent pour son charme insolent, sa sensibilitĂ© rare. Sa beautĂ© solaire a sĂ©duit Mixa et Guerlain, dont elle est l’une des Ă©gĂ©ries. Et elle tourne devant et derriĂšre la camĂ©ra. Elle s’est confiĂ©e depuis la Martinique, oĂč elle joue dans la cinquiĂšme saison de « Tropiques criminels », sĂ©rie Ă  succĂšs de France TĂ©lĂ©vision.

France 2 avance de quatre mois la diffusion de la saison 4 de « Tropiques criminels », c’est une belle reconnaissance, non ? Super nouvelle en effet. Cette sĂ©rie cartonne Ă  chaque diffusion sur France 2 et marche bien Ă©galement en streaming. On en est dĂ©jĂ  Ă  la cinquiĂšme saison, que j’enregistre jusqu’en juin. Ce succĂšs tient Ă  la qualitĂ© des intrigues qui s’étoffent. Les auteurs ont bien travaillĂ© (sourire). Mon personnage de Melissa et celui de GaĂ«lle, interprĂ©tĂ© par BĂ©atrice De La Boulaye, deviennent plus complexes. On dĂ©couvre petit Ă  petit leurs vies sentimentales, leurs petits secrets.

Un autre ingrĂ©dient du succĂšs de « Tropiques criminels » est la complĂ©mentaritĂ© du duo que nous formons, BĂ©atrice De La Boulaye et moi-mĂȘme. Elle est un peu le poil Ă  gratter de l’équipe. Et moi je suis sa supĂ©rieure hiĂ©rarchique totalement barrĂ©e (rire). On se dĂ©teste autant qu’on s’adore. On forme un peu un duo façon « Amicalement vĂŽtre ».

Cela ne vous replonge t-il pas dans le souvenir de la série Léa Parker ?

LĂ©a Parker m’a accompagnĂ©e pendant 2 ans et 50 épisodes de 52 minutes. Ce n’est pas rien ! Personne ne me proposait autre chose Ă  l’époque. J’étais enfermĂ©e dans mon image de reine de beautĂ©. Je rĂȘvais de films d’auteurs avec Arnaud Desplechin, Anne Fontaine, AgnĂšs Varda. Je voulais aborder des rĂŽles qui me mettent en danger et me permettent d’explorer une palette de jeu plus large que celui d’une jeune femme sentimentale et amoureuse. Jean Marbeuf, Raoul Peck, Bertrand Tavernier, m’ont donnĂ© cette chance.

Une sixiÚme saison de « Tropiques criminels » est-elle prévue ?

Objectivement, je pense que l’on a le potentiel pour tenir

LA PASSION DE L’ENGAGEMENT

en haleine les gens pendant encore deux ans. AprĂšs sept saisons, on risque de s’essouffler. La sĂ©rie mĂšne Ă©galement une belle carriĂšre Ă  l’étranger en Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne et mĂȘme au Japon. Au niveau tournage, les conditions sont assez strictes. Nous avons neuf Ă  dix jours maximum pour boucler chaque Ă©pisode, trois prises maximum par scĂšne. Il faut ĂȘtre endurant, instinctif, rester bien concentrĂ©.

Vous venez de boucler « Un destin inattendu ». Ce projet est presque le film de votre vie ! J’ai portĂ© ce film pendant six ans. Au dĂ©part, il Ă©tait destinĂ© au cinĂ©ma. Et puis avec le confinement, tout s’est arrĂȘtĂ©. J’ai rachetĂ© et rĂ©cupĂ©rĂ© le projet avec ma maison de production. Sur les conseils de France TĂ©lĂ©vision, je me suis associĂ©e avec Harold Valentin, qui produit la sĂ©rie « Dix pour cent ». Je suis donc Ă  la fois co-productrice, coscĂ©nariste et rĂ©alisatrice du projet, ce qui est assez rare Ă  la tĂ©lĂ©vision.

Mes prĂ©cĂ©dents tournages m’ont servi d’école de cinĂ©ma. Je passais mes journĂ©es Ă  apprendre pourquoi on mettait la camĂ©ra comme ça. Pourquoi la lumiĂšre Ă©tait là
 Un jour, un chef opĂ©rateur m’a dit : « tu devrais te lancer dans la rĂ©alisation, parce que tu aimes trop la technique ». J’ai co-Ă©crit le scĂ©nario avec Fadette Drouard, qui avait accompagnĂ© Grand Corps Malade dans l’écriture de son film « Patients ».

L’histoire est inspirĂ©e de celle de la petite kamikaze franco-rwandaise fan de basket et de rap, devenue Miss France (rire) 
 Totalement (rire), Nadia fait presque tout comme moi. Sauf qu’elle habite Ă  AngoulĂȘme en Poitou-Charentes et non Ă  Cluny en Bourgogne.

J’aborde, bien sĂ»r, toutes les problĂ©matiques que j’ai rencontrĂ©es : le racisme, la discrimination sociale, le dĂ©passement de soi autour du destin de Nadia. Esther Rollande que j’ai choisie pour le rĂŽle a Ă©tĂ© fulgurante. Elle est bien servie par Thierry Godard qui joue son papa et Mata Gabin qui joue sa maman, mais aussi ClĂ©mentine CĂ©lariĂ©, qui incarne un personnage proche de celui de GeneviĂšve de Fontenay, sans tomber dans la caricature. Il s’est vraiment passĂ© de trĂšs belles choses sur ce tournage. Et j’ai hĂąte de prĂ©senter le film dans les festivals cet Ă©tĂ©, puis sur France TĂ©lĂ©vision


Sonia Rolland a ƓuvrĂ© pendant 22 ans au Rwanda, dans le cadre de l’association « MaĂŻsha Africa », qu’elle a fondĂ©e en 2001 avec sa mĂšre. En swahili, ce nom signifie « le droit de vivre en Afrique ». « L’association a Ă©tĂ© initialement créée pour venir en aide aux enfants dĂ©favorisĂ©s et aux plus de 600.000 orphelins, victimes des dramatiques Ă©vĂ©nements de 1994. « Beaucoup ont pu ainsi prendre

leur envol », souligne Sonia. GrĂące aux fonds rĂ©coltĂ©s, « MaĂŻsha Africa » a pu participer Ă  la construction de centres d’accueil, d’équipements mĂ©dicaux et d’habitations. En 2022, l’aventure s’est achevĂ©e avec un don au service de nĂ©onatalogie de l’hĂŽpital de Kigali. Sonia Rolland s’est Ă©galement mobilisĂ©e contre le racisme, dont elle a beaucoup souffert et dont elle

tĂ©moigne dans les livres « Les gazelles n’ont pas peur du noir » (Michel Lafon) ou « Noire n’est pas mon mĂ©tier », coĂ©crit avec AĂŻssa MaĂŻga (Ă©ditions du Seuil). Elle a dĂ©fendu la cause des femmes et des minoritĂ©s, rĂ©alisĂ© ou corĂ©alisĂ© plusieurs documentaires : « Rwanda, du chaos au miracle » (2014), « HomosexualitĂ©, du rejet au refuge », « Femme du Rwanda » (2018).

FOCUS
Texte : Olivier Bonnefon
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Sonia Rolland est un rĂȘve pour tout photographe. L’harmonie de son visage, l’énergie et la sĂ©rĂ©nitĂ© qu’elle dĂ©gage, s’expriment pleinement dans ce portrait qui fait Ă©cho Ă  celui de JosĂ©phine Baker, ellemĂȘme immortalisĂ©e au Studio Harcourt il y a plus de 70 ans.
FOCUS 25

Aussi Ă  l’aise en baskets que pieds nus, Esther Bernet-Rollande joue avec naturel et Ă©lĂ©gance face Ă  l’objectif du Studio Harcourt, dans ses tenues prĂ©fĂ©rĂ©es. Nullement impressionnĂ©e par le cadre un peu solennel, elle Ă©clabousse de son charme cette sĂ©quence dĂ©licieusement glamour

Depuis toujours, je suis attirĂ©eparl’art.J’écris,jejoue du violon alto. Plus jeune, j’ai faitdeladansecontemporaine auconservatoire.Jepenseque jetienscettefibreartistiquede mongrand-pĂšre.

ESTHER ROLLANDE

ATTENTION, TALENT BRUT


RĂ©vĂ©lĂ©e dans « Les Meilleures », de Marion DesseigneRavel - l’histoire d’un coup de foudre entre deux filles d’une citĂ© parisienne - Esther Bernet-Rollande est nĂ©e pour flirter avec la camĂ©ra. Cette comĂ©dienne instinctive irradie de son talent le premier film de Sonia Rolland, « Un destin inattendu ».

Elle est nĂ©e Ă  Rodez, d’une mĂšre Aveyronnaise et d’un pĂšre d’origine BerbĂšre, qu’elle n’a jamais connu. Un dĂ©tonnant mĂ©lange qui lui a donnĂ© un visage de madone, façon Anouk AimĂ©e. A chaque apparition, Esther BernetRollande crĂšve l’écran. Cette magnifique brune incarne la jeunesse d’aujourd’hui, rebelle, bosseuse, curieuse et dĂ©complexĂ©e. La justesse et la spontanĂ©itĂ© de son jeu Ă©patent les rĂ©alisateurs et charment les spectateurs. A peine ĂągĂ©e de 22 ans, elle est dĂ©jĂ  au gĂ©nĂ©rique de trois films, plusieurs clips, ainsi que du pilote d’une sĂ©rie encore confidentielle. Moteur


Vos dĂ©buts Ă  l’écran dans le film « Les Meilleures », de Marion Desseigne-Ravel, ont vraiment impressionnĂ©. Vous attendiez-vous Ă  connaĂźtre un tel accueil ?

J’ai eu trĂšs tĂŽt le goĂ»t du jeu, l’envie de me mettre dans la peau des autres. Enfant, j’aimais observer les gens, tenter de deviner leurs pensĂ©es, rentrer dans leurs tĂȘtes. C’était mon passe-temps favori, notamment dans le mĂ©tro (rire). En 2018, aprĂšs mon Bac S, j’ai Ă©tĂ© admise en cursus de théùtre Ă  la Sorbonne Nouvelle. C’est la seule fac qui m’a acceptĂ©e (sourire). J’ai fait trois mois et je suis partie. C’était trop thĂ©orique. Pourtant, c’est lĂ  que j’ai commencĂ© Ă  croire que ce mĂ©tier Ă©tait fait pour moi
 La chance a beaucoup jouĂ© Ă©galement. RepĂ©rĂ©e sur Instagram, on

m’a engagĂ©e pour figurer dans plusieurs clips avec Fleur Copin, Calogero, Bon Entendeur. Il manquait le petit coup de pouce du destin. Sur le tournage de « Tu m’as menti » de Vegedream, dirigĂ© par Pierre Win, j’ai fait la connaissance de Nadhir El Arabi, frĂšre de la comĂ©dienne Lina El Arabi
 C’est lui qui vous a prĂ©sentĂ© Ă  Marion Desseigne-Ravel ? Oui. Le casting du film « Les Meilleures » Ă©tait dĂ©jĂ  quasiment bouclĂ©. Mais Marion Desseigne-Ravel peinait Ă  trouver la comĂ©dienne qui donnerait la rĂ©plique Ă  Lina El Arabi. Le sujet de l’homosexualitĂ© est encore trĂšs sensible. Cela freinait les candidates. Nadhir me voyait bien dans le rĂŽle et m’a recommandĂ© auprĂšs de Marion. N’ayant jamais jouĂ©, je suis allĂ©e au rendez-vous sans grand espoir. A ma grande surprise, Marion m’a rappelĂ©e une semaine plus tard, pour refaire un bout d’essai face Ă  Lina. Le jour J, j’étais super stressĂ©e. J’en ai mĂȘme oubliĂ© mon texte (rire). Mais il y a eu une entente immĂ©diate avec Lina. Deux semaines plus tard, j’étais engagĂ©e. Le tournage a Ă©tĂ© une expĂ©rience extraordinaire. J’observais Lina. J’apprenais, par mimĂ©tisme. Ce rĂŽle m’a dĂ©finitivement confortĂ© dans mon dĂ©sir de faire ce mĂ©tier.

Vous avez enchaĂźnĂ© ensuite avec une sĂ©rie et deux films dont celui de Sonia Rolland. Vous y incarnez une mĂ©tisse embarquĂ©e dans l’aventure Miss France. Sonia vous a fait une belle confiance !

Sonia est inspirante, intelligente, rayonnante, gĂ©nĂ©reuse. On s’est tout de suite bien entendues, toutes les deux. Cette histoire est fortement inspirĂ©e de sa vie. Elle raconte son parcours de premiĂšre miss France d’origine francoafricaine.

Le scĂ©nario est porteur de trĂšs beaux messages que j’ai plaisir Ă  transmettre. Cela parle de mĂ©tissage, de dĂ©racinement, de tolĂ©rance, de confiance en soi, de dĂ©couverte de la fĂ©minitĂ©. Je me suis beaucoup retrouvĂ©e dans le personnage de l’hĂ©roĂŻne, qui s’appelle Nadia. J’ai essayĂ© de mettre toute mon Ă©nergie, ma jeune expĂ©rience et ma passion dans ce rĂŽle.

COMÉDIENNE, MANNEQUIN, ARTISTE, DANSEUSE

Esther Bernet-Rollande est un peu du genre hyperactif.

« Depuis toujours, je suis attirĂ©e par l’art. J’écris, je joue du violon alto. Plus jeune, j’ai fait de la danse contemporaine au conservatoire. Je pense que je tiens cette fibre artistique de mon grand-pĂšre, Pierre Bernet-Rollande. Peintre et graveur, il a Ă©tĂ© second grand prix de Rome. Petite, je passais beaucoup de temps dans son atelier. C’est lui qui m’a appris Ă  dessiner. »

« Il y a encore deux ans, je n’avais quasiment aucune expĂ©rience du jeu, avoue Ă©galement la jeune femme. Je travaille avec Karine Nuris, comĂ©dienne et coach. Je prends

des cours d’improvisation. J’essaie de regarder au moins un film par jour, afin de parfaire ma culture cinĂ©matographique. AprĂšs « Les Meilleures », tout s’est enchaĂźnĂ© trĂšs vite. J’ai pris le mĂȘme agent que Lina, Gonzalve Leclerc, chez AdĂ©quat. Et depuis, j’ai eu la chance de dĂ©crocher ma premiĂšre sĂ©rie. Un sujet encore confidentiel. Le rythme Ă©tait intense. Depuis, d’ailleurs, je me suis Ă©galement lancĂ©e dans le karatĂ© (rire). Et j’ai tournĂ© dans le premier long de Thierry Beccaro, « AngĂšle et mes dĂ©mons ». Un film plein d’énergie et assez expĂ©rimental sur l’adolescence. »

ÉCRAN TOTAL
Texte : Olivier Bonnefon
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ELISA TOVATI

UN VOYAGE ENTRE MUSIQUE ET CINÉMA

Dans  « Elisa fait son cinĂ©ma », son dernier album qui sort en Juin, Elisa Tovati concilie l’amour du cinĂ©ma et celui de la chanson. Avec des rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques comme « Diabolo menthe » d’Yves Simon, son premier single, cette mĂšre et artiste accomplie vogue entre plateaux de cinĂ©ma et studios d'enregistrement.

Texte : Alicia Fall ‱ Stylisme : Farouk Chekoufi

C'est dans « La vĂ©ritĂ© si je mens ! » 2 et 3, aux cĂŽtĂ©s de Richard Anconina, JosĂ© Garcia, Bruno Solo ou encore Gad Elmaleh, que la France dĂ©couvre Élisa Tovati, alias Chochana Boutboul. Elle reconnaĂźt qu’il n'a pas Ă©tĂ© facile de se dĂ©tacher de ce personnage.

Cela dit, depuis, elle a enchaĂźnĂ© de nombreux rĂŽles au cinĂ©ma et sur les planches. CĂŽtĂ© musique, elle multiplie les concerts et les albums, avec notamment son dernier opus « Elisa fait son cinĂ©ma ». Artiste accomplie, assumĂ©e, Élisa Tovati nous fait voyager entre la musique et le cinĂ©ma


Le cinéma et la musique sont un peu comme un pÚre et une mÚre pour vous
 Auquel de ces parents ressemblezvous le plus ?

Le cinĂ©ma et la musique sont amants depuis toujours, j'ai envie de chanter cet amour-lĂ  sans en aimer l’un plus que l’autre.

Si vos fils vous disaient qu’ils souhaitent faire du cinĂ©ma, quel serait le conseil de la mĂšre et celui de l'actrice ?

La mĂšre leur dirait d'aller jusqu'au bout de leurs rĂȘves mais de savoir que ce n'est pas un long fleuve tranquille. Quant Ă  l'actrice, elle leur dirait de foncer s’ils aiment les montagnes russes et les Ă©motions fortes !

Vous avez commencĂ© votre carriĂšre trĂšs jeune et votre premier rĂŽle au cinĂ©ma vous a marqué 

Effectivement, j’avais 15 ans, j’interprĂ©tais le rĂŽle d’une prostituĂ©e dans « Macho » de JosĂ© Juan Bigas Luna aux cĂŽtĂ©s de Javier Bardem le mari de Penelope Cruz. À cet Ăąge lĂ , on peut ĂȘtre plus facilement fragilisĂ©, cela a Ă©tĂ© une expĂ©rience forte en Ă©motions trĂšs enrichissante, mais Ă  la fois j’ai laissĂ© quelques plumes


Votre dernier album « Elisa fait son cinĂ©ma » parle d'amour, de l'enfance mais aussi de cinĂ©ma


C’est un album qui me tient à cƓur avec des chansons

culte d'un cinéma qui m'a marqué de façon indélébile. Ces chansons sont comme des guides. J'avais envie de les faire revivre à ma façon. Je les chante en français, en anglais ainsi qu'en espagnol, en ayant réinventé les rythmes. J'avais envie de les faire revivre à ma façon. « La boum », « Love story » ou encore « Top Gun », ces bandes originales représentent mes madeleines de Proust, elles sont des mémoires sensorielles trÚs puissantes.

La chanson Élisa de Serge Gainsbourg est interprĂ©tĂ©e avec tendresse et insouciance. Que dirait la femme accomplie que vous ĂȘtes aujourd'hui Ă  la petite Élisa ?

Tout d’abord, je lui dirais de suivre son intuition
 Je lui prendrais la main, je lui ferais un gros cĂąlin, en lui transmettant toute mon Ă©nergie positive.

Sur quelle bande originale auriez-vous aimé chanter ? Ce serait pour cette série que je regarde en ce moment « Daisy Jones and the Six ». Je vous conseille d'écouter l'album « Aurora ». La musique à toujours permis de séduire, d'aimer, de se souvenir.

Artiste engagĂ©e, vous Ɠuvrez pour des associations. Quel combat porteriez-vous Ă  l'Ă©cran et pourquoi ?

À l'Ă©cran, je porterais le combat de GisĂšle Halimi. Avocate engagĂ©e, fĂ©ministe, femme de lettres et femme politique, elle est une figure emblĂ©matique. Avec ses combats et sa force de caractĂšre, elle a fait bouger les lignes. Ce serait pour moi un trĂšs bel hommage que de rĂ©ussir Ă  relater sa vie au cinĂ©ma.

LES DIFFÉRENTES FACETTES D’ELISA TOVATI

Mais qui est rĂ©ellement Élisa Tovati
 On connaĂźt bien-sĂ»r sa musique, son personnage, Chochana Boutboul, dans « La vĂ©ritĂ© si je mens », qui a rĂ©uni 10 millions de tĂ©lĂ©spectateurs. Mais beaucoup moins les autres personnages qu’elle a interprĂ©tĂ©s au cinĂ©ma. Notamment dans « Zone libre », un film dramatique rĂ©alisĂ© par Christophe Malavoy, oĂč elle interprĂšte le rĂŽle d'une rĂ©fugiĂ©e juive ou « 99 Francs », l'adaptation cinĂ©matographique du roman de FrĂ©dĂ©ric Beigbeder, rĂ©alisĂ© par Jan Kounen. Entre son mĂ©tissage culturel et religieux, elle a rĂ©ussi Ă  trouver un Ă©quilibre. Si elle se reconnaĂźt un physique SĂ©farade avec une Ăąme AshkĂ©naze, la mĂšre de famille n'est pas pour autant

rĂ©ellement religieuse. Mais elle croit en l'importance de la transmission des traditions, qu'elle perpĂ©tue avec ses enfants au travers des fĂȘtes. Une façon de leur donner des clefs afin qu'ils fassent leur propre cheminement spirituel. Elisa Tovati est une femme bienveillante qui apprĂ©cie la tendresse de son mari, l'Ă©coute de ses amis. Elle se sait fonceuse, impatiente. Celle dont l'auteur favori est Stefan Zweig aimerait d’ailleurs avoir le pouvoir de se tĂ©lĂ©porter pour voir sa sƓur plus souvent. Dans le domaine artistique, elle apprĂ©cie le peintre Paul Gauguin et les compositions de Michel Legrand ou encore celles de Francis Lai.

Tailleur pantalon de Giada - Bottines de Dolce & Gabbana - Chapeau de Virginie O Paris Pour les 20 ans de « La vĂ©ritĂ© si je mens », Elisa Tovati rend hommage Ă  ce film culte avec son deuxiĂšme single « Alabina », titre qui figure au gĂ©nĂ©rique du film. « Ce single reprĂ©sente une passerelle, un alignement
 », commente l'artiste avec reconnaissance

L’album « Elisa fait son cinĂ©ma » metientparticuliĂšrement Ă cƓur.Ilportedeschansonsculte du cinĂ©ma, qui m'ont marquĂ© de façonindĂ©lĂ©bile.Ellessontcomme desguides


CHAMBRE NOIRE
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ARRÊT SUR IMAGE 28

CHRISTOPHE LAMBERT

COMÉDIEN À LA CARRIÈRE INTERNATIONALE, IL TOURNE CET ÉTÉ EN FRANCE

RĂ©vĂ©lĂ© au grand public par sa performance dans « Greystoke, la lĂ©gende de Tarzan » de Hugh Hudson (1984), Christophe Lambert partage sa vie entre l’Hexagone et les États-Unis. Aussi Ă  l’aise dans une comĂ©die que dans un film de science-fiction, il retrouvera Claude Lelouch dĂšs juin avec un rĂŽle Ă©crit spĂ©cialement pour lui. GĂ©nĂ©reux, enthousiaste, hypersensible, Christophe Lambert dĂ©borde de projets. Rencontre avec un homme aux multiples talents.

Texte : Blandine Dauvilaire

Je partage avec Claude Lelouch l’idĂ©e que le cinĂ©ma doit ĂȘtre du divertissement, et qu’il doit se faire avec une grande libertĂ©, beaucoup d’inventivitĂ© et d’improvisation. »

Vous enchaßnez les films cette année, quels sont vos projets ?

Je viens de finir le tournage de « Zoners » Ă  Los Angeles et Bangkok, un film d’action et de science-fiction de Stephan Zlotescu, qui sortira en 2024.

Je pars sous peu tourner à Rome et Londres la suite de la comédie « Falla girare » de Giampaolo Morelli, qui a fait un carton sur Netflix. Puis je retrouverai Claude Lelouch pour la troisiÚme fois, avant de commencer en juillet le remake de « The killer », réalisé par John Woo, avec Omar Sy, Tchéky Karyo et Nathalie Emmanuel vue dans « Game of Thrones ».

Claude Lelouch, avec lequel vous avez tournĂ© « Un plus une » (2015) et « Chacun sa vie » (2017), vous offre dans son prochain film un rĂŽle de gangster


Oui, il m’a Ă©crit le rĂŽle de gangster au grand cƓur dont je rĂȘvais. C’est gĂ©nial de tourner avec lui car il incarne l’amour du cinĂ©ma : il vit cinĂ©ma, respire cinĂ©ma, mange cinĂ©ma, dort cinĂ©ma, il ne triche pas. Son engagement est plus que total puisqu’il a mis sa maison en vente pour financer ce film ! Je partage avec lui l’idĂ©e que le cinĂ©ma doit ĂȘtre du divertissement et qu’il doit se faire avec une grande libertĂ©, beaucoup d’inventivitĂ© et d’improvisation. C’est un mec extraordinaire, comme Steven Spielberg ou Clint Eastwood. Ces ĂȘtres Ă  part font du cinĂ©ma pour les gens, ils crĂ©ent des films personnels Ă  la portĂ©e universelle.

Ilya30 ans,jemesuis ditqu’ilyavaitquelquechose d’éphĂ©mĂšre dans le cinĂ©ma. Onpeutfaireuncarton,puis unflop.

prison qui a Ă©tĂ© rĂ©habilitĂ©e, l’idĂ©e de rendre un patrimoine national accessible Ă  tous m’amusait. A Beaune, le maire m’a proposĂ© d’ouvrir un hĂŽtel dans la CitĂ© des climats et des vins de Bourgogne, c’est une crĂ©ation qui ouvrira en dĂ©cembre. Et Ă  Paris, le petit hĂŽtel Louvre-Richelieu de 15 chambres est dĂ©jĂ  ouvert. Nous avons Ă©galement plusieurs restaurants et bars Ă  la Philharmonie de Paris. Vous soutenez aussi de jeunes entreprises
 Il y a 30 ans, je me suis dit qu’il y avait quelque chose d’éphĂ©mĂšre dans le cinĂ©ma. On peut faire un carton, puis un flop. J’ai dĂ©cidĂ© d’investir dans des start-up françaises Ă  vocation internationale, notamment la plateforme Socrate, qui permet aux collaborateurs d’échanger des connaissances au sein d’une entreprise pour la faire progresser. Graines de boss est aussi une idĂ©e formidable, elle permet aux jeunes crĂ©ateurs d’entreprise de rencontrer des patrons de grands groupes pour leur exposer leurs projets. Je crois qu’il faut arrĂȘter de ne prendre que des jeunes qui sortent de grandes Ă©coles, il faut diversifier et s’ouvrir aux jeunes qui crĂ©ent des start-up. Il y a aussi l’entreprise Tea TropĂ©zien, qui a créé un spiritueux en arrivant Ă  stabiliser l’alcool dans le thĂ©, ce qui est trĂšs difficile. Ça commence Ă  ĂȘtre diffusĂ© Ă  l’étranger. En les soutenant, j’ai le sentiment de pouvoir inventer des choses qui potentiellement n’existent pas et qui peuvent marcher.

Vous ĂȘtes aussi engagĂ© pour la planĂšte aux cĂŽtĂ©s de Jane Goodall


« Claude Lelouch m’a Ă©crit le rĂŽle de gangster au grand cƓur dont je rĂȘvais. C’est gĂ©nialdetourneravecluicar ilincarnel’amourducinĂ©ma : il vit cinĂ©ma, respire cinĂ©ma, mangecinĂ©ma,dortcinĂ©ma,il netrichepas.Sonengagement est plus que total puisqu’il a mis sa maison en vente pour financercefilm ! »

LA BIOGRAPHIE DE CHRISTOPHE LAMBERT

En parallĂšle du cinĂ©ma, vous avez dĂ©veloppĂ© une activitĂ© importante dans l’hĂŽtellerie, pourquoi cet intĂ©rĂȘt ?

Depuis 30 ans, j’habite Ă  l’hĂŽtel parce que c’est pratique. Si on veut rencontrer des gens, on descend, si on veut ĂȘtre tranquille on reste dans sa chambre. C’est une chose qui m’a toujours plu. Aux États-Unis je vis dans un appartement qui est comme un hĂŽtel avec un service de conciergerie. Avec mon associĂ© Michel Halimi, sa fille et quelques personnes, nous avons formĂ© une petite Ă©quipe afin de construire un groupe d’hĂŽtellerie et de restauration. Nous avons 14 établissements, dont 3 hĂŽtels. L’hĂŽtel La Prison Ă  BĂ©ziers ouvre en juin dans une

Je ne suis pas trĂšs souvent avec elle mais j’aime son engagement, la maniĂšre dont elle le fait sans agressivitĂ© et pas seulement Ă  travers les singes, c’est un ensemble. Elle essaie d’expliquer calmement qu’à un moment donnĂ© on va au massacre.

Est-ce que vous avez des rĂȘves ?

Oui, j’aimerais ĂȘtre sĂ»r que les choses auxquelles je crois existent. Que ce soit Dieu, les extraterrestres, les anges, le Petit Prince ou le PĂšre NoĂ«l. C’est tout ce que je demande. Et mĂȘme si je ne les rencontre pas, le fait d’y croire me suffit.

ComĂ©dien nĂ© le 29 mars 1957 à Great Neck (État de New York). Il est rĂ©vĂ©lĂ© au grand public par sa performance dans « Greystoke, la lĂ©gende de Tarzan » de Hugh Hudson (1984), qui connaĂźt un succĂšs mondial. En 1985, il reçoit le CĂ©sar du meilleur acteur pour son rĂŽle dans « Subway » de Luc Besson, puis incarne l'immortel Connor MacLeod dans « Highlander » de Russell Mulcahy (1986). DĂšs lors, il enchaĂźne les films en France et Ă  l’étranger, dans des registres aussi diffĂ©rents que la comĂ©die, avec « Hercule et Sherlock » de Jeannot Szwarc (1996) ou « Arlette » de Claude Zidi (1997), le thriller avec « Face Ă  face » de Carl Schenkel (1992) et « La Disparue de Deauville » de Sophie Marceau (2007). Jamais lĂ  oĂč on l’attend, il marque les esprits dans « Max et JĂ©rĂ©mie » de Claire Devers (1992), campe le hĂ©ros dans « VercingĂ©torix : la lĂ©gende du druide roi » de Jacques Dorfmann (2001), ou encore un fan de rock sous acide pour Samuel Benchetrit dans « Janis et John » (2003). Il est aussi producteur ( « GĂ©nial, mes parents divorcent ! », « Neuf mois » 
 ), et auteur de deux livres ( « La fille porte-bonheur » et « Le Juge » ).

ARRÊT SUR IMAGE
Au cinĂ©ma comme dans ses projets hĂŽteliers, Christophe Lambert aime dĂ©couvrir de nouveaux terrains d’aventure qui sollicitent sa crĂ©ativitĂ©. Partager, transmettre, rĂȘver sont des moteurs forts pour le comĂ©dien.
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PROJECTEUR SUR PARIS 2024

RENCONTRE AVEC CÉCILIA BERDER ET PERLE BOUGE DE LA TEAM TOYOTA FRANCE

Ces derniĂšres dĂ©cennies, les amateurs du 7e art ont pu dĂ©couvrir « Les chariots de feu » de Hugh Hudson, « La Couleur de la victoire » de Stephen Hopkins, « Richard Jewell » de Clint Eastwood, « Munich » de Steven Spielberg
 Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 se rapprochant Ă  grands pas, nous ne pouvions ignorer les liens qui unissent le cinĂ©ma Ă  cette compĂ©tition mondiale se dĂ©roulant tous les quatre ans. De ce fait, nous avons conviĂ© sous les spots du Studio Harcourt - vĂ©ritable temple du 7e art, deux athlĂštes de haut niveau - CĂ©cilia Berder et Perle Bouge, toutes deux habituĂ©es des Jeux et membres de la Team Toyota France. Rencontre


Texte : Ange Reichell

Si vous deviez vous présenter en quelques mots ?

CĂ©cilia Berder : Je suis une escrimeuse française pratiquant le sabre au Cercle d’Escrime OrlĂ©anais. Vice-championne du monde en sabre et mĂ©daillĂ©e de bronze aux championnats du monde Ă  Leipzig en Allemagne en 2015. J’ai obtenu la 5e place aux Jeux olympiques de Rio 2016 et j’ai Ă©tĂ© numĂ©ro 2 mondiale de sabre en 2017. Championne du monde par Ă©quipe en 2018 en Chine et mĂ©daillĂ©e d'argent Ă©galement par Ă©quipe lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020. J’animais en parallĂšle de mon activitĂ© sportive une chronique hebdomadaire diffusĂ©e sur France Info mais je souhaite dĂ©sormais ĂȘtre pleinement focus sur les Jeux de 2024.

Perle Bouge : Je suis une rameuse de para-aviron française licenciĂ©e Ă  l’Aviron Bayonnais, compĂ©titrice dans l’ñme, j’ai participĂ© Ă  trois paralympiades. J’ai remportĂ© deux mĂ©dailles paralympiques avec StĂ©phane Tardieu : la premiĂšre d'argent aux Jeux de Londres en 2012, la seconde de bronze aux Jeux de 2016 à Rio. A titre individuel, championne du monde en 2018 en Bulgarie, j’ai terminĂ© Ă  la 9e place aux Jeux paralympiques de Tokyo 2021. Je fais partie depuis 2018 de la Commission des athlĂštes de Paris 2024 : une instance de dix-huit sportifs prĂ©sidĂ©e par Martin Fourcade, qui travaille Ă  la prĂ©paration des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris.

Quel est le sportif ou la sportive de haut niveau qui vous inspire le plus ?

CĂ©cilia Berder : Sans rĂ©flĂ©chir, Rafael Nadal. Il a une capacitĂ© de concentration, d’adaptation et de dĂ©termination extraordinaire. C’est pour moi un extraterrestre


Perle Bouge : Je n’ai pas vraiment de modĂšle - en dehors de ma mĂšre qui s’est toujours battue dans la vie - mais plusieurs sportifs m’ont marquĂ©e. Par exemple, JĂ©rĂ©mie Azou, mĂ©daillĂ© olympique et plusieurs fois mĂ©daillĂ© d’or en compĂ©titions internationales d’aviron pour

son Ă©tat d’esprit. Mohamed Ali en boxe pour son engagement au niveau de la reconnaissance de l'Ă©galitĂ© des droits des Afro-AmĂ©ricains. En tennis, AndrĂ© Agassi car il a rĂ©ussi Ă  casser les codes avec ses tenues vestimentaires. Et Novak Djokovic pour son humilitĂ© et sa proximitĂ© avec les jeunes.

Quelles sont les qualités principales qui vous définissent en tant que femme et athlÚte ?

CĂ©cilia Berder : L’optimisme, la curiositĂ©, la tenacitĂ©. Mais j’ai aussi un certain cĂŽtĂ© joueur, espiĂšgle, instinctif, voire fĂ©lin. D’ailleurs, pour mieux comprendre la discipline du sabre, on peut faire un parallĂšle avec l’athlĂ©tisme. En athlĂ©tisme, certains sportifs vont dĂ©cider de faire du marathon, d’autres vont se spĂ©cialiser dans le 800 mĂštres et d’autres dans le 100 mĂštres. En escrime, si vous voulez pratiquer l’équivalent du 100 mĂštres en athlĂ©tisme, vous faites du sabre ! Vous retrouvez cette explosivitĂ© avec un cĂŽtĂ© fĂ©lin couplĂ© Ă  l’esprit d’un joueur d’échecs. Je suis trĂšs attachĂ©e Ă©galement Ă  la transmission et encore plus depuis que je suis maman avec la rĂ©cente naissance de ma fille.

Perle Bouge : Optimiste, perfectionniste, travailleuse. J’aime la vie et j’essaie de la vivre Ă  100 %. Je suis un vĂ©ritable couteau suisse et je sais m’adapter Ă  toutes les situations. Je cherche toujours Ă  voir le positif. De par les Ă©vĂ©nements que j’ai traversĂ©s dans la vie, je suis indestructible. Chaque Ă©vĂ©nement me renforce


Être une femme peut-il ĂȘtre un frein dans la pratique du sport de haut niveau ?

CĂ©cilia Berder : Dans l’escrime, contrairement Ă  d’autres sports, les femmes et les hommes sont sur un pied d’égalitĂ©.

Perle Bouge : MĂȘme si ce n’est pas encore le cas, Ă  mon sens, le sport ne doit pas ĂȘtre genrĂ©. Bien-sĂ»r, la grossesse et l’éducation des enfants peuvent ĂȘtre des freins dans une carriĂšre professionnelle mais il y a des avancĂ©es. On a vu rĂ©cemment le staff de l’équipe de France fĂ©minine de football s’organiser pour accueillir le bĂ©bĂ©

de la joueuse lyonnaise Amel Majri à Clairefontaine. Si je vous dis dépassement de soi ?

CĂ©cilia Berder : J’ai un souvenir des Jeux olympiques de Tokyo 2020 lors desquels je perds au premier tour en individuel. Cinq annĂ©es de prĂ©paration pour perdre au bout de cinq minutes. Je prends un coup de massue, je doute, mais je dois tout de suite me mobiliser pour ces mĂȘmes Jeux olympiques par Ă©quipe oĂč nous gagnons, quatre jours aprĂšs la mĂ©daille d’argent. J’ai beaucoup appris
 J’ai dĂ» repartir tout de suite au combat autant physiquement que psychologiquement. La mĂ©ditation et la visualisation m’ont beaucoup apportĂ©. Perle Bouge : Le dĂ©passement de soi permet de repousser ses limites si on reste concentrĂ© sur son objectif. Le titre mondial m’a Ă©chappĂ© par le passĂ© Ă  quatre reprises avec mon Ă©quipier StĂ©phane Tardieu. En 2018, je me suis lancĂ©e toute seule en skiff aux Mondiaux et j’ai rĂ©ussi Ă  obtenir le titre, malgrĂ© une blessure en finale. Mon envie de gagner a Ă©tĂ© plus forte que la douleur du moment
 J’ai aussi vĂ©cu une grosse dĂ©ception aux Jeux de Tokyo, mais j’ai su rebondir pour de nouveau performer.

Comment le sport contribue-t-il à créer un monde meilleur ?

CĂ©cilia Berder : La bulle qui se crĂ©e durant les Jeux permet des avancĂ©es diplomatiques importantes. Quand on voit la CorĂ©e du Nord et la CorĂ©e du Sud dĂ©filer ensemble lors des mĂȘmes Jeux, on ne peut que s’en rĂ©jouir. Lorsque des athlĂštes s’embrassent quelles que soient leur couleur de peau et leur religion, c’est une victoire. Les Jeux ont le pouvoir de mobiliser le monde et permettent des avancĂ©es extraordinaires.

Perle Bouge : Les Jeux permettent de supprimer les frontiĂšres et de rassembler les peuples. Le sport doit ĂȘtre utilisĂ© comme un outil de dialogue. La diplomatie sportive doit favoriser l’engagement du monde du sport en faveur de la paix et renforcer la solidaritĂ© des sportifs de tous les pays. Le sport permet Ă©galement de faire Ă©voluer

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notre regard sur certaines situations comme le handicap.

C’est aussi Ă  travers le sport qu’on apprend les rĂšgles de la vie en collectivitĂ©, le respect et le dĂ©passement de soi. Il peut assurĂ©ment crĂ©er un monde meilleur


Que représentent à vos yeux les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ?

CĂ©cilia Berder : Les Jeux olympiques sont pour un athlĂšte l’aboutissement d’une vie sportive. Ils reprĂ©sentent le Graal d’une carriĂšre
 De la qualification Ă  la participation, c’est une aventure extraordinaire. Les Jeux, c'est la magie ! Les disputer Ă  Paris est un rĂȘve. Et pour leur organisation en 2024, nous devons ĂȘtre Ă  la hauteur d’un point de vue Ă©cologique.

Perle Bouge : C’est un Ă©vĂ©nement unique dans la vie d’un sportif de haut niveau, le Graal. On s’entraĂźne quatre ans pour essayer d’ĂȘtre le meilleur le jour J. Et, lorsque l’on est Français, quelle fiertĂ© de pouvoir vivre ceux de Paris en 2024. J’espĂšre que ces Jeux seront un tremplin pour que l’on communique plus sur le Paralympisme dans les mĂ©dias, qu’ils contribueront Ă  changer le regard sur le handicap.

Les ComitĂ©s Internationaux Olympique et Paralympique souhaitent collaborer avec des partenaires qui s’engagent Ă  participer au rayonnement des valeurs de l’Olympisme et du Paralympisme. Vous faites partie de la Team Toyota France, en quoi la marque Toyota s’inscrit-elle dans cette dĂ©marche ?

CĂ©cilia Berder : J’ai des souvenirs des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020 lors desquels Toyota Ă©tait dĂ©jĂ  partenaire mobilitĂ© officiel. Toyota m’avait impressionnĂ©e dans son implication en termes de mobilitĂ© douce, ces solutions pour affronter les dĂ©fis majeurs du rĂ©chauffement climatique et des nuisances sonores qui nous concernent tous. Un exemple, je me souviens de navettes autonomes « e-Palette » qui nous transportaient sans conducteur et sans aucun bruit. Cela donnait un cĂŽtĂ© trĂšs futuriste au

Page de gauche : Perle Bouge, rameuse de para-aviron française, membre de la Team Toyota France, a remportĂ© deux mĂ©dailles paralympiques par Ă©quipe en 2012 et 2016. A titre individuel, elle est mĂ©daillĂ©e d’or aux championnats du monde de 2018 en Bulgarie. Pour elle, « Le sport permet de faire Ă©voluer notre regard sur certaines situations comme le handicap. C’est aussi Ă  travers le sport qu’on apprend les rĂšgles de la vie en collectivitĂ©, le respect et le dĂ©passement de soi. Il peut assurĂ©ment crĂ©er un monde meilleur
 »

Page de droite : Cécilia Berder, escrimeuse française pratiquant le sabre, membre de la Team Toyota France, couronnée de nombreuses médailles aux Jeux olympiques de Tokyo 2021 et championnats du monde. Pour elle, « De la qualification à la participation, les Jeux olympiques sont une aventure extraordinaire ».

La Charte olympique stipule que le but de l'Olympisme est de mettre le sport au service du dĂ©veloppement harmonieux de l'humanitĂ© en vue de promouvoir une sociĂ©tĂ© pacifique, soucieuse de prĂ©server la dignitĂ© humaine. AssurĂ©ment Toyota s’inscrit dans cette dĂ©marche. Sur les compĂ©titions, il est apprĂ©ciable d’avoir un bus amĂ©nagĂ© ou le Walking Area BEV, cette solution de mobilitĂ© adaptable dotĂ©e d’un radar automatique qui anticipe les freinages. Elle permet Ă©galement detracterunfauteuilroulant !C’estunesuper avancĂ©e pour les personnes en situation de handicap.SijedevaisfaireunparallĂšle,Toyota, trĂšs engagĂ©e dans la mobilitĂ© pour tous, se comportecommeunsportifdehautniveauqui repousseseslimitesetchercheĂ s’amĂ©liorer etĂ serapprocherdel’excellence. »

Perle Bouge - Para-aviron - MĂ©daillĂ©e d’or aux championnats du monde de 2018 - Team Toyota France.

village olympique
 En l’espace de quatre ans, si je compare les Jeux olympiques de Rio Ă  ceux de Tokyo, Toyota a Ă©normĂ©ment apportĂ© Ă  la mobilitĂ© des athlĂštes paralympiques au sein du village. Tout avait Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© pour eux et leur quotidien a Ă©tĂ© totalement modifiĂ©.

Perle Bouge : Au quotidien, Toyota met Ă  ma disposition un vĂ©hicule adaptĂ© Ă  mon handicap. C’est un vĂ©ritable luxe lorsque l’on doit s’entraĂźner tous les jours de pouvoir se dĂ©placer aisĂ©ment. Et sur les compĂ©titions, il est apprĂ©ciable d’avoir un bus amĂ©nagĂ© ou le Walking Area BEV, cette solution de mobilitĂ© adaptable dotĂ©e d’un radar automatique qui anticipe les freinages. Elle permet Ă©galement de tracter un fauteuil roulant ! C’est une super avancĂ©e pour les personnes en situation de handicap. Et ce qui est formidable, c’est que cette avancĂ©e technologique pourrait servir ensuite Ă  des maisons de retraite, des centres de rééducation
 Si je devais faire un parallĂšle, Toyota, trĂšs engagĂ©e dans la mobilitĂ© pour tous, se comporte comme un sportif de haut niveau qui repousse ses limites et cherche Ă  s’amĂ©liorer et Ă  se rapprocher de l’excellence.

Quelle est votre maxime dans la vie ?

Cécilia Berder : Inspire-toi des plus grands et crée ton propre talent.

Perle Bouge : Carpe Diem
 Vis l’instant prĂ©sent
 Avez-vous un livre culte que vous souhaiteriez voir Ă  l’écran ?

CĂ©cilia Berder : « Mille soleils splendides de Khaled Hosseini ». Sur fond de chaos et de violence dans un Afghanistan dĂ©chirĂ© par cinquante ans de conflits, c’est l'histoire bouleversante de deux femmes dont les destins s'entremĂȘlent, un chant d'amour poignant Ă  une terre sacrifiĂ©e.

Perle Bouge : « Ta deuxiĂšme vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une » de RaphaĂ«lle Giordano.

Un roman « livre de dĂ©veloppement personnel » autour de la pensĂ©e positive. A travers des expĂ©riences Ă©tonnantes, crĂ©atives et riches de sens, le personnage principal du livre va, pas Ă  pas, transformer sa vie et repartir Ă  la conquĂȘte de ses rĂȘves


Toyota et les Jeux de Paris 2024

FidĂšle Ă  sa stratĂ©gie « Beyond Zero », afin de limiter l’impact environnemental des Jeux de Paris 2024, Toyota fournira des vĂ©hicules zĂ©ro Ă©mission, dont certains Ă  hydrogĂšne, et des solutions de mobilitĂ© avancĂ©e, confirmant son engagement en faveur d’une sociĂ©tĂ© dĂ©carbonĂ©e et d’une mobilitĂ© pour tous. Pour

Frank Marotte, PrĂ©sident de Toyota France, « les valeurs du sport - comme le respect mutuel, la quĂȘte de l’amĂ©lioration continue, le dĂ©passement de soi - nous sont chĂšres » Et de rajouter « Cet Ă©tat d’esprit Ă©tait prĂ©sent dĂšs la crĂ©ation de l’entreprise en 1937, ce qui a poussĂ© le fondateur de l’entreprise, Kiichiro Toyoda, Ă  crĂ©er un club d’athlĂ©tisme la mĂȘme annĂ©e.

Nous croyons que le sport n’est pas seulement une affaire de compĂ©tition mais avant tout un moyen de rassembler le plus grand nombre.

Nous croyons également que lorsque les femmes et les hommes sont libres dans leurs mobilités, ils peuvent aller toujours plus loin.

C’est pour cela que nous nous engageons Ă  faire progresser la mobilitĂ© pour tous ».

En savoir plus sur : www.toyota.fr/decouvrez-toyota/startyour-impossible/athletes-equipe-toyotafrance

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CATE BLANCHETT

ULTIME ET SUBLIME

Elle possĂšde le magnĂ©tisme et l’élĂ©gance sublime des Ă©toiles de l’ñge d’or hollywoodien, qualitĂ©s que l’on pensait Ă©vanouies Ă  jamais depuis que Greta Garbo, Lauren Bacall ou Ava Gardner avaient tirĂ© leur rĂ©vĂ©rence. La modernitĂ© et la prĂ©cision de son jeu, sa capacitĂ© Ă  entrer dans tous les rĂŽles, font de Cate Blanchett, une sorte de comĂ©dienne ultime. Actrice camĂ©lĂ©on, dont la classe n’a jamais Ă©tĂ© prise en dĂ©faut. Sa beautĂ© cinglante, son aura et sa distinction naturelle ont sĂ©duit les marques de luxe Armani, Givenchy, Louis Vuitton ou IWC, qui l’ont engagĂ©e comme ambassadrice ou Ă©gĂ©rie et mĂȘme photographiĂ©e au Studio Harcourt. Mais ce qui distingue par-dessus tout Cate Blanchett, c’est son courage, sa gĂ©nĂ©rositĂ© et les valeurs qu’elle incarne. Aux avant postes dans la lutte pour l’égalitĂ© des femmes et contre le harcĂšlement, elle dĂ©fend de nombreuses causes et s’est engagĂ©e notamment auprĂšs des plus vulnĂ©rables, pour le compte du Haut-Commissariat aux RĂ©fugiĂ©s des Nations Unies (UNHCR), marchant sur les traces d’Audrey Hepburn. Cover story de ce numĂ©ro spĂ©cial cinĂ©ma, Cate Blanchett est aussi une super star du cƓur.

PRISE DE VUE
Texte : Tom Boyle
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PRISE DE VUE 33

Le film statufie et m’évoque la phase de Moussorgski sur son lit de mort : « L’art sera un jour fait de statues qui parlent ». (
) La femme est plus secrĂšte que l’homme et le cinĂ©matographe livre ses secrets ». Cette magnifique rĂ©flexion de Jean Cocteau, dĂ©crit avec acuitĂ© la fascination suscitĂ©e par les comĂ©diennes puissantes d’Hollywood et d’ailleurs, « Ă  mi-chemin des dieux et des mortels », selon la formule d’Edgar Morin. Qui mieux que Cate Blanchett incarne aujourd’hui cet archĂ©type ? Celle d’une femme sublime, conjuguant sensualitĂ© et noblesse d’ñme, avec cette part de fragilitĂ© et d’humanitĂ© assumĂ©es, marque des combattantes de notre Ă©poque. NĂ©e Ă  Melbourne en 1969 d’un pĂšre Texan et d’une mĂšre Australienne, la comĂ©dienne surdouĂ©e, prĂ©sidente en 2018 du jury du festival de Cannes, reprĂ©sentĂ©e cette annĂ©e encore sur la Croisette, afin de dĂ©fendre un film dans lequel elle joue : « The New Boy » de Warwick Thornton (sĂ©lection « Un certain regard »), ne pouvait mieux incarner ce premier Harcourt magazine, spĂ©cial cinĂ©ma.

ConsidĂ©rĂ©e comme l’une des meilleures, sinon la meilleure actrice de sa gĂ©nĂ©ration, Cate Blanchett a posĂ© au Studio Harcourt Paris Ă  l’occasion d’une campagne de l’horloger IWC. Les mots de Roland Barthes sur le mythe Harcourt, Ă©crits Ă  la fin des annĂ©es 1950, rĂ©sonnent encore Ă  merveille concernant ce portrait intemporel, oĂč l’on voit presque rĂ©apparaĂźtre la reine des Elfes Galabriel, du « Seigneur des anneaux ». « Le visage poncĂ© par la vertu, aĂ©rĂ© par la douce lumiĂšre du studio » et « idĂ©alement silencieux, c’est Ă  dire mystĂ©rieux, plein du secret profond que l’on suppose Ă  toute beautĂ© qui ne se pare pas ». La lumiĂšre Harcourt, inspirĂ©e du clair-obscur de Rembrandt et du travail d’orfĂšvre du chef opĂ©rateur Henri Alekan, sublime Ă  merveille Cate Blanchett.

Pourtant, cette derniĂšre s’est toujours un peu moquĂ©e de son image et du culte admiratif qu’elle suscite. En 2023, plus aucune actrice n’accepterait qu’on la surnomme « le plus bel animal du monde », slogan utilisĂ© en 1954 pour vanter les charmes d’Ava Gardner et qui barre en grand l’affiche de « La Comtesse aux pieds nus » de Joseph L. Mankiewicz. Aujourd’hui, nul doute que Cate Blanchett serait l’une des rares Ă  en rire au second ou au troisiĂšme degrĂ©.

« Le physique n’a jamais Ă©tĂ© ma carte de visite. Ce qui m‘intĂ©resse, c’est de rendre sĂ©duisant ou acceptable ce que je possĂšde en moi », dĂ©clare-t-elle au Figaro. Et d’ajouter : « Il m'est assez incomprĂ©hensible que l'ĂȘtre humain cherche Ă  gommer ses imperfections au lieu de les travailler ou mĂȘme de les souligner. VoilĂ  ce qui rend unique, et donc beau ! » « La beautĂ© doit ĂȘtre honnĂȘte, sans complexes, et s'enraciner dans la libertĂ© d'ĂȘtre tel que l'on est. Et j'accorde plus de crĂ©dit que jamais Ă  la notion de libertĂ© (
). La beautĂ© conventionnelle ou uniformisĂ©e prĂ©sente peu d'attraits Ă  mes yeux ».

L’aura de Cate Blanchett n’est pas Ă  proprement parler conventionnelle. Mais elle s’approche de ce qui Ă©meut encore les fans inconditionnels de Greta Garbo, Katherine Hepburn, Bette Davis ou Lana Turner. Physique longiligne, teint d’albĂątre, pommettes hautes, blondeur diaphane (mĂȘme si elle a plusieurs fois jouĂ© avec la couleur de ses cheveux, passant de brune Ă  rousse, de chĂątain Ă  cuivrĂ©e). Et surtout ses yeux, qui donnent envie de l’appeler « The look », comme Lauren Bacall.

Lors de la cĂ©rĂ©monie 2022 à l’Olympia, oĂč toute la profession du cinĂ©ma français lui a remis un CĂ©sar d’honneur, son amie Isabelle Huppert, avec laquelle elle interprĂ©ta la piĂšce de théùtre « Les Bonnes », insista beaucoup sur ce regard bleu laser. « Tu habites la planĂšte cinĂ©ma. Ta libertĂ©, c’est ce qui te raconte le mieux. Tu peux tout jouer, mĂȘme un homme, mĂȘme un serpent (
) Tu nous inspires ce dĂ©sir de libertĂ©. Je vais donc parler de tes yeux, un miroir. Sauvages, terriblement humains. Tes yeux bleus, magnifiques, ton regard de cinĂ©ma », s’exclame Ia comĂ©dienne française. « Ce soir nous avons l’immense joie de croiser ce regard et

ComĂ©diens,rĂ©alisatrices,personnalitĂ©s
LesphotosduStudio HarcourtrĂ©sonnentavecl’actualitĂ©cinĂ©matographiqueduprintemps etdel’étĂ©2023,Ă Cannesetdanslessallesobscures.MadsMikkelsen, acteur suĂ©dois au physique magnĂ©tique, figure au gĂ©nĂ©rique du cinquiĂšmevoletdes« Aventuresd’IndianaJones »,avecHarrisonFord, JamesMangoldetAntonioBanderas.LacomĂ©dienneAnaĂŻsDemoustier apparaĂźt dans « Le Temps d’Aimer » de Katell QuillĂ©vĂ©rĂ©. L’AbbĂ© PierreestlehĂ©rosdufilmdeFrĂ©dĂ©ricTellier.L’occasiondedĂ©couvrir les combats intimes du fondateur de la CommunautĂ© d’EmmaĂŒs. CatherineDeneuveestl’hĂ©roĂŻnedel’affichedeCannes2023,avecune photodatantdelafindesannĂ©es60.IsabelleHuppert,prĂ©sidentedu jury Longs mĂ©trages 2009 est une habituĂ©e des marches du Palais desfestivals.ToutcommeValerieDonzelli,rĂ©alisatricede« L’amour etlesforĂȘts »,sontoutdernierfilm.UnebelleoccasiondevoirMelvil Poupaud et Virginie Efira, les deux principaux interprĂštes. Cannes, c’estaussiunrĂŽledechoixpourClaraMastroianni,lamaĂźtressede cĂ©rĂ©moniechoisiecetteannĂ©eparledĂ©lĂ©guĂ©gĂ©nĂ©ralThierryFrĂ©maux etsonĂ©quipe.

moi de te dire les yeux dans les yeux, toute mon admiration », ajoute Isabelle Huppert.

« L’avenir est imaginĂ© dans l’esprit des artistes », lui rĂ©pond quelques instants plus tard Cate Blanchett, trĂšs Ă©mue. Il y a quelques mois, l’Australienne rĂ©vĂ©lait qu’elle aurait adorĂ© jouer un nain avec une barbe, dans la saga du « Seigneur des Anneaux » et sa suite, signĂ©es Peter Jackson ! Une anecdote cocasse qui illustre parfaitement son incroyable tempĂ©rament. « Pour moi, le tournage a Ă©tĂ© trop rapide. J’aimais tellement ça ! J’ai dit Ă  Peter et Fran, qui faisaient une scĂšne de banquet avec plein de nains, que j’avais toujours voulu jouer une femme Ă  barbe. Je leur ai donc demandĂ© si je pouvais ĂȘtre leur femme poilue au moment oĂč la camĂ©ra survolerait la table avec les nains. Bien entendu, ça n’a pas Ă©tĂ© possible Ă  cause du timing. Je n’ai jouĂ© Galadriel que pendant trois semaines ».

Cate Blanchett surprend encore en 2007, lorsqu’elle interprĂšte Jude Quinn, l’une des facettes du chanteur Bob Dylan, dans le biopic « I’m Not There » de Todd Haynes, consacrĂ© Ă  l’enfance, l’ascension et la carriĂšre du chanteur folk.

« Je pense qu’il est toujours bon de se mesurer Ă  des choses qui semblent plus grandes que vous. Ensuite, vous essayez juste de les surmonter », dĂ©clare encore Cate Blanchett.

« Je n'aime pas les opinions dominantes, les diktats, et je valorise plus volontiers la différence comme vous l'avez compris. J'évite les réseaux sociaux, je fuis la pensée unique et l'hégémonie du goût mondialisé ».

Tout en sachant se mĂ©nager des moments de pause bien Ă  elle, notamment pour son couple et ses enfants, installĂ©s en Australie, loin des turpitudes d’Hollywood, Cate Blanchett a signĂ© l’une des plus singuliĂšres carriĂšres depuis 30 ans, alternant les films d’auteur, les superproductions et les blockbusters. « Aviator » de Martin Scorcese et « Blue Jasmine » de Woody Allen, lui ont valu deux Oscar.

Mais son plus beau rĂŽle, selon elle, reste celui qu’elle joue hors champ dans l’humanitaire, notamment pour le Haut-Commissariat des Nations Unies. Elle en parle en Ă©voquant le souvenir d’Audrey Hepburn. « Je pense qu’elle est devenue plus belle quand elle a cessĂ© d’ĂȘtre actrice et a commencĂ© Ă  travailler avec des campagnes humanitaires ». Cate Blanchett ultime, sublime et tellement humaine.

SUR LE TAPIS ROUGE DE CANNES

ComĂ©diens, rĂ©alisatrices, personnalitĂ©s
 Ces photos au Studio Harcourt rĂ©sonnent avec l’actualitĂ© cinĂ©matographique du printemps et de l’étĂ© 2023, Ă  Cannes et dans les salles obscures. Mads Mikkelsen, acteur suĂ©dois au physique magnĂ©tique, figure au gĂ©nĂ©rique du cinquiĂšme volet des « Aventures d’Indiana Jones », avec Harrison Ford, James Mangold et Antonio Banderas. La comĂ©dienne AnaĂŻs Demoustier apparaĂźt dans « Le Temps d’Aimer » de Katell QuillĂ©vĂ©rĂ©. L’AbbĂ© Pierre est le hĂ©ros du film de FrĂ©dĂ©ric Tellier. L’occasion de dĂ©couvrir les combats intimes du fondateur de la CommunautĂ© d’EmmaĂŒs. Catherine Deneuve est l’hĂ©roĂŻne de l’affiche de Cannes 2023, avec une photo datant de la fin des annĂ©es 60. Isabelle Huppert, prĂ©sidente du jury Longs mĂ©trages 2009 est une habituĂ©e des marches du Palais des festivals. Tout comme Valerie Donzelli, rĂ©alisatrice de « L’amour et les forĂȘts », son tout dernier film. Une belle occasion de voir Melvil Poupaud et Virginie Efira, les deux principaux interprĂštes. Cannes, c’est aussi un rĂŽle de choix pour Clara Mastroianni, la maĂźtresse de cĂ©rĂ©monie choisie cette annĂ©e par le dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral Thierry FrĂ©maux et son Ă©quipe.

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DU NOIR AU BLANC

FRÉDÉRIC BEIGBEDER, CONFESSION D’UN SERIAL NOCEUR

FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a longtemps cru que la vie Ă©tait une fĂȘte. Avant d’en sortir, l’écrivain, chroniqueur et cinĂ©aste s’est Ă©garĂ© dans un monde oĂč l’hĂ©donisme Ă©tait la seule utopie et la cocaĂŻne son kĂ©rosĂšne. A 57 ans, le voilĂ  rattrapĂ© par ses dĂ©mons, qu’il exorcise dans ses « Confessions d’un hĂ©tĂ©rosexuel lĂ©gĂšrement dĂ©passĂ© » (Albin Michel). Comme SaintAugustin, jouisseur repenti, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder y fait acte de contrition pour ses turpitudes passĂ©es et jette ses tripes sur la table. Courageux, parfois impudique, souvent transgressif, ce livre truffĂ© d’aphorismes rĂ©jouissants, marque une Ă©tape. Le quinqua y dĂ©nonce l’intolĂ©rance qui voudrait enfermer la crĂ©ation dans un carcan insupportable. Les tribunaux digitaux. La violence bĂȘte et mĂ©chante. Cette sĂ©rie mode, Ă©lĂ©gante et festive est un contrepied. Longtemps abonnĂ© au noir, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder s’y prĂ©sente tout de blanc vĂȘtu, en bonne compagnie. Un plaidoyer en images et en mots pour un dialogue pacifiĂ© et rĂ©enchantĂ© entre les sexes. Une façon pour ce mari comblĂ©, heureux pĂšre d’un fils et de deux filles, de clamer son amour pour l’éternel fĂ©minin.

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Texte : Olivier Bonnefon Longtemps, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder s’habillait presque exclusivement de noir. Aujourd’hui, il prĂ©fĂšre le bleu marine. Mais au Studio Harcourt, le romancier s’est muĂ© en noceur repenti, tout de blanc vĂȘtu. A moins que ça ne soit un hommage subliminal au grand sĂ©ducteur Eddie Barclay

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Styliste et directeur artistique : Farouk Chekoufi ‱ Talent : FrĂ©dĂ©ric Beigbeder ‱ Mannequins : Emilia B & Sarah Ella de Metropolitan Models, InĂšs D & JosĂ©phine de Makers by Metropolitan Models, Fanny de Visage Models Zurich ‱ Coiffeur : Omar Bouker pour GHD Hair ‱ Equipe Studio Harcourt composĂ©e de Eloi Robert (coordination), Kostia Petit (photographe), Alexis Rambosson (assistant photographe), BenoĂźt Pinchon (assistant photographe), SolĂšne Dubois (maquilleuse) ‱ Assistant styliste : Benjamin Coutant ‱ Production : Maison KETI & HARCOURT MAGAZINE. Sarah en robe UNGARO, collier et boucles d’oreilles BURMA ; JosĂ©phine en robe GIADA ; FrĂ©dĂ©ric Beigbeder en chemise et pantalon GEORGES MAKAROUN ; InĂšs en ensemble GENNY et boucles d’oreilles BURMA ; Emilia en Cape UNGARO et collier BURMA.
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FrĂ©dĂ©ric Beigbeder en costume, chemise et cravate UNGARO. Montre OMEGA et chaussures MANOLO BLAHNIK. Ines en cape, chemise et pantalon UNGARO. Collier et boucles d’oreilles BURMA. Chapeau VIRGINIE O PARIS et montre OMEGA.
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Joséphine en tailleur veste BAR, jupe et sandales DIOR. Montre OMEGA.
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Sarah en robe et sandales STEPHANE ROLLAND, Haute couture. Boucles d’oreilles BURMA.
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FrĂ©dĂ©ric Beigbeder en costume, pantalon et chemise GEORGES MAKAROUN. Chaussures MANOLO BLAHNIK. Et de gauche Ă  droite : Sarah en robe UNGARO, collier et boucles d’oreilles BURMA. Lunettes BOUCHERON et escarpins MANOLO BLAHNIK ; InĂšs en robe GENNY. Boucles d’oreilles BURMA et lunettes BOTTEGA VENETA ; Emilia en cape UNGARO. Collier BURMA et lunettes POMELLATO. Chaussures et collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA ; JosĂ©phine en robe MAGDA BUTRYM, lunettes BOUCHERON et escarpins MANOLO BLAHNIK.

Emilia en robe, chaussures et collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA. Collier et boucles d’oreilles BURMA. Montre OMEGA.

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JosĂ©phine en manteau en cuir GIADA et chaussures Ă  collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA ; InĂšs en robe BALLY, sandales MANOLO BLAHNIK et boucles d’oreilles BURMA Emilia en chemise VALENTINO, pantalon UNGARO, collier BURMA et escarpins MANOLO BLAHNIK ; Sarah en Robe LE999, montre OMEGA, boucles d'oreilles BURMA et sandales MANOLO BLAHNIK
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Fanny en trench-coat GENNY, sautoirs et sac CHANEL. Montre OMEGA et sandales MANOLO BLAHNIK.
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Emilia en robe, chaussures et collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA. Collier et boucles d’oreilles BURMA. Montre OMEGA ; JosĂ©phine en tailleur veste BAR, jupe et sandales DIOR. Montre OMEGA et lunettes BOTTEGA VENETA ; InĂšs en cape, chemise et pantalon UNGARO. Collier et boucles d’oreilles BURMA. Chapeau VIRGINIE O PARIS, montre OMEGA et lunettes POMELLATO ; Fanny en trench-coat GENNY, sautoirs et sac CHANEL. Montre OMEGA et sandales MANOLO BLAHNIK ; Sarah en robe et sandales STEPHANE ROLLAND, Haute couture. Boucles d’oreilles BURMA.

GuĂ©thary, dĂ©but avril 2023. Le petit port basque chic affiche une insolente quiĂ©tude. Les dĂ©ferlantes qui battent le rĂ©cif au large de Parlementia apportent une Ă©nergie sereine et vivifiante Ă  l’atmosphĂšre. Assis au Bar du Fronton, situĂ© un peu Ă  l’écart du centre, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder, trĂšs zen, sirote une menthe Ă  l’eau. Son livre fraĂźchement imprimĂ©, qu’il a amenĂ© avec lui, sort en librairie quatre jours plus tard. La tempĂȘte ne s’est pas encore levĂ©e. Sa lecture sera pleine de rĂ©vĂ©lations ! L’écrivain ouvre ses « Confessions » par une boucle volontairement provocatrice oĂč il se victimise, pour mieux montrer l’impasse du procĂ©dĂ©. Il y dĂ©nonce la violence dont il a Ă©tĂ© l’objet ici mĂȘme, en 2018, dans sa thĂ©baĂŻde raffinĂ©e, quand lui et sa famille ont dĂ©couvert un matin leur maison et leur voiture taggĂ©es avec ces mots terribles : « violeur », « salaud », « misogyne », « sexiste ». Ce lynchage orchestrĂ© par un noyau d’activistes anonymes, a Ă©tĂ© relancĂ© depuis cet interview. Fin avril Ă  Bordeaux, une confĂ©rence qui se tenait Ă  la librairie Mollat a Ă©tĂ© interrompue violemment. On reproche maintenant Ă  FrĂ©dĂ©ric Beigbeder ses sympathies passĂ©es. Des gestes ou remarques supposĂ©ment dĂ©placĂ©es, il y a parfois plus de 20 ans ! Ce dernier a acceptĂ© de rĂ©pondre, sur tout. Vous revenez longuement dans votre livre sur cet incident de 2018 qui semble encore une plaie ouverte. Pourquoi ?

On me reprochait Ă  l’époque d’avoir signĂ© la pĂ©tition des « 343 salauds » contre la pĂ©nalisation des clients de prostituĂ©es. Alors que cette loi a prouvĂ© depuis son inefficacitĂ© et a mĂȘme fragilisĂ© un peu plus la situation de ces femmes, comme l’a d’ailleurs soulignĂ© MĂ©decins du Monde. C’est oublier que j’ai dĂ©noncĂ©, bien avant #MeToo, les abus contre les femmes, notamment dans « Au Secours Pardon » et « L'idĂ©al ». J’essaie de comprendre pourquoi on utilise la violence et la diffamation pour tenter d’imposer un point de vue, alors que je ne suis pas spĂ©cialement anti fĂ©ministe, ni « masculiniste toxique ». Comme je dĂ©serte Instagram ou Twitter, on est donc venu m’insulter jusque dans notre maison pleine d’enfants. Je trouve ce procĂ©dĂ© lĂąche et anti dĂ©mocratique.

Quels arguments opposez-vous Ă  ces personnes ? En quoi est-ce un procĂšs injuste ?

Mis Ă  part une infime minoritĂ© de prĂ©dateurs et de violeurs patentĂ©s, tous les hommes censĂ©s condamnent les violences sexuelles faites aux femmes, moi le premier. Je suis pour l’égalitĂ© des sexes, mais pas pour la guerre des sexes. Je pense que les hommes et les femmes sont diffĂ©rents mais complĂ©mentaires, qu’ils ont besoin l’un de l’autre, qu’ils doivent se respecter et s’aimer. Je suis contre le fĂ©minisme extrĂ©miste, qui est une forme de totalitarisme, qui nie la libertĂ© d’expression, qui impose une pensĂ©e unique, qui diabolise les hommes et victimise les femmes. Je pense que le fĂ©minisme doit ĂȘtre un mouvement positif, constructif, humaniste, qui vise Ă  l’émancipation et Ă  l’harmonie des sexes.

Est-ce que la liberté de ton est devenue impossible ?

La libertĂ© d’expression et de ton est effectivement en danger, Ă  cause du politiquement correct, du terrorisme intellectuel, de la cancel culture. On ne peut plus rire de tout. On ne peut plus dire ce qu’on pense. On ne peut plus dĂ©battre sans ĂȘtre insultĂ© ou menacĂ©. On assiste Ă  une montĂ©e de l’intolĂ©rance, du sectarisme, du fanatisme. On veut faire taire les voix discordantes, les esprits libres, les humoristes subversifs. Moi, quand quelqu’un est attaquĂ© par la meute, j’ai envie de

ENTRETIEN AVEC FRÉDERIC BEIGBEDER

le dĂ©fendre. Je dĂ©teste l’injustice. Je pense que tout ça est trĂšs grave pour la culture, pour l’humanitĂ©.

Pensez-vous que la littĂ©rature elle-mĂȘme est en danger ?

Si on ne peut plus Ă©crire ce que l’on veut, alors oui, la littĂ©rature est en grand danger. On est confrontĂ© de plus en plus non seulement aux procĂšs d’intention, mais Ă©galement Ă  la moralisation de l’art. Des Ă©crivains comme CĂ©line ou Baudelaire, qui ont rĂ©volutionnĂ© la syntaxe et la poĂ©sie seraient-ils publiĂ©s aujourd’hui ?

Je m’interroge. Colette a dit, « il faut qu’il y ait du pur et de l’impur dans les livres ». Baudelaire a Ă©tĂ© encore plus loin avec son fameux « Tu m’as donnĂ© de la boue, et j’en ai fait de l’or », Ă©crit dans l’appendice des « Fleurs du mal ». Il peut arriver que l’on fasse de beaux livres avec de bons sentiments. Mais c’est tout de mĂȘme

Depuisseptans,j’aiquittĂ©Paris pour GuĂ©thary au Pays basque, avec femme et enfants. Je me sens plus serein, plus apaisĂ©, plus Ă©quilibrĂ©. Je profite des plaisirs simples de la vie. Je continue Ă  Ă©crire des livres, mais avec plus de recul, plus de profondeur. J’ai rĂ©cemment partagĂ© la vie des chanoines augustiniens, Ă  l’abbayeSainte-MariedeLagrasse.Et celle des marsouins des troupes de marine, Ă  FrĂ©jus. J’ai dĂ©couvert que jemesentaisbiendanslesstructures traditionnelles. Accompagner mes enfantsĂ l’écoleetjoueraveceuxme faitplusdebienqued’allerĂ©talermes nĂ©vroseschezunpsy.

trĂšs rare. Personnellement, cela m’ennuie de lire des romans Ă©difiants. Si au bout de 50 pages, il ne se passe pas quelque chose d’interdit ou d’un peu dramatique, alors le livre me tombe des mains. Depuis Rabelais, la littĂ©rature, ça a toujours Ă©tĂ© de montrer des choses dĂ©fendues, sulfureuses, tragiques. Sinon, quel est l’intĂ©rĂȘt ?

Vos films ont Ă©tĂ© souvent incompris. Est-ce Ă  dire que la France n’aime plus la satire ?

La satire est devenue un genre difficile Ă  apprĂ©cier en France, parce qu’on a tendance Ă  prendre les choses au premier degrĂ©. Jean Yanne ou Jean-Pierre Mocky auraient sans doute beaucoup de mal Ă  travailler aujourd’hui. On prĂ©fĂšre le politiquement correct, le rire consensuel. J’aime la satire parce que c’est une forme d’humour intelligent, subtil, corrosif. C’est une façon de dĂ©noncer les absurditĂ©s de notre sociĂ©tĂ©, de provoquer le dĂ©bat, de faire rĂ©flĂ©chir.

Vous avez rĂ©alisĂ© trois films (*). Avez-vous envie de repasser derriĂšre la camĂ©ra, pour adapter l’histoire d’un autre ou d’une autre ?

J’ai envie de continuer à faire des films, mais pas

forcĂ©ment Ă  partir de mes livres. Je dĂ©sire m’ouvrir Ă  d’autres univers, des histoires inĂ©dites. J’ai envie de me renouveler, de me surprendre, de me challenger. D’ailleurs, je travaille depuis plusieurs mois sur un scĂ©nario avec Maria Pourchet, une jeune romanciĂšre qui a Ă©crit « Feu » (Ă©ditions Fayard), un excellent roman. J’espĂšre mĂȘme donner le premier coup de manivelle en fin d’annĂ©e ! Je n’en dirai pas plus pour l’instant. Revenons aux « Confessions ». Vous y dressez le tableau sans concession d’un homme qui s’est longtemps perdu dans de vains plaisirs et des excĂšs. Est-ce faute d’avoir cru pendant longtemps au bonheur ?

J’arrive Ă  un moment de ma vie oĂč on n’échappe pas Ă  un certain bilan (sourire). Ecrit par un hĂ©tĂ©ro, catholique, bourgeois, nĂ© dans les annĂ©es 60 et qui a eu vingt ans dans les annĂ©es 80, ce livre est sans concession sur ma vie nocturne et le reste. J’y raconte mes excĂšs, mes addictions, mes rencontres, mes dĂ©ceptions. J’ai tentĂ© de faire au mieux avec les repĂšres que j’avais reçus. Ce que l’on m’a vendu dans ma jeunesse comme le modĂšle de l’homme idĂ©al est aujourd’hui perçu comme ringard, nuisible, toxique et dangereux. Je pense que je cherchais dans la nuit et la fĂȘte Ă  me perdre pour me retrouver, Ă  me dĂ©truire pour me reconstruire. Et Ă  fuir ce bonheur que j’ai fini par trouver ici, auprĂšs de ma femme Lara et de mes enfants, ChloĂ©, Oona et LĂ©onard.

Quelle a Ă©tĂ© l’influence de Vian, Sagan, Fitzgerald, Hemingway, Bukowski ou Brett Easton-Ellis, vos lectures de jeunesse ?

Cette littĂ©rature, m’a souvent servi d’alibi pour sortir. Je me disais « bon, je sors parce que je suis un futur Ă©crivain » (rire). Reste que j’en ai plus appris avec cette bande sur la littĂ©rature qu’au LycĂ©e Louis-le-Grand. Je pense que Virginie Despentes ou Michel Houellebecq ont Ă©tĂ© trĂšs marquĂ©s Ă©galement par les auteurs amĂ©ricains. « Less than zero » de Brett Easton-Ellis, raconte un quotidien et des aventures trĂšs similaires Ă  celles que nous vivions Ă  Paris au dĂ©but des annĂ©es 80. Dans « La FĂȘlure », nouvelle Ă©crite en 1934, Fitzgerald Ă©voque sa dĂ©chĂ©ance, sa dĂ©pression, son alcoolisme et ses pannes d’inspiration. Il disait : « On doit vendre son cƓur ». C’était courageux de se mettre ainsi Ă  nu, pour en quelque sorte tenter de sauver son Ăąme. J’admire tous ces Ă©crivains mais je ne me compare pas Ă  eux. On ne peut pas Ă©crire comme eux, en vivant comme eux. C’est une illusion. On ne peut pas ĂȘtre Ă  la fois un gĂ©nie et un alcoolique.

Ce livre est aussi un rĂ©quisitoire dĂ©finitif contre la cocaĂŻne. Vous dites mĂȘme que c’est has been. Est-ce votre plus grande erreur d’ĂȘtre tombĂ© dedans ? Je pensais que la cocaĂŻne me donnerait du pouvoir, de la confiance en moi, de l’énergie. Je pensais que c’était une drogue crĂ©ative, stimulante, libĂ©ratrice. Je me trompais lourdement. J’ai compris que la cocaĂŻne Ă©tait une drogue mortifĂšre, qui dĂ©truit le corps et l’esprit, qui isole et qui rend paranoĂŻaque. Elle coupe de tout dĂ©sir, de toute Ă©motion, de toute relation. Elle n’apporte que de la fausse joie, de la fausse euphorie, de la fausse intelligence. Elle est ringarde parce qu’elle est dĂ©passĂ©e. Elle appartient Ă  une Ă©poque rĂ©volue, celle des annĂ©es 80, celle du fric et du bling-bling. Elle n’a plus rien Ă  voir avec le monde d’aujourd’hui. A ce jour, je vais aux Narcotiques Anonymes. C’est un combat de tous les jours pour lequel l’aide de ma femme et de ma famille est essentiel.

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(*) « L’amour dure trois ans » (2012), « L’IdĂ©al » (2016). En 1999, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a Ă©galement consignĂ© le scĂ©nario du film « Les infortunes de la beauté » avec John Lvoff et Laure Massenet. « 99 francs » (2007), a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Jan Kounen.

PRODUCTEUR DE VODKA ORGANIQUE

« Ne serait-il pas possible de boire une vodka sans dĂ©tĂ©riorer notre planĂšte ? » lance Oscar Parango, dans 99 francs. Le personnage central de la cĂ©lĂšbre trilogie de FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a Ă©tĂ© Ă©coutĂ©. LancĂ©e sur une boutade, la vodka Le Philtre, est dĂ©sormais produite par FrĂ©dĂ©ric et Charles Beigbeder et leur ami Guillaume Rappeneau. Ces trois-lĂ  se sont connus dans les annĂ©es 80 au Caca’s (*) club, une association de fĂȘtards parisiens, organisateurs de bals costumĂ©s. « Bio, Ă©colo et française, le Philtre est une vodka qui nous ressemble, douce, pure, raffinĂ©e, sans sucre ajoutĂ©. Nous avons cherchĂ© un producteur qui partage nos valeurs et nous avons trouvĂ© Jean-SĂ©bastien Robicquet, fondateur de Maison Villevert Ă  Cognac, maĂźtre distillateur reconnu. Il a relevĂ© le dĂ©fi de nous fabriquer une vodka Ă  partir de blĂ© bio d’hiver et d’eau de source de Gensac. La vodka est distillĂ©e six fois, dont la derniĂšre en alambic charentais, ce qui lui donne un caractĂšre unique » dĂ©taille le trio. Cavistes, Ă©piceries fines, bars, restaurants, Le Philtre est dĂ©sormais disponible partout !

En savoir plus sur : www.lephiltre.com

(*) Club des analphabĂštes cons mais attachants.

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Frédéric Beigbeder en veste et chemise GEORGES MAKAROUN.
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Musicien, comĂ©dien, transformiste, figure de la night et de la hype, Nicolas Ullmann est une Maison de production Ă  lui tout seul. Du Baron au No.Pi en passant par le Bus Palladium, il est devenu le Monsieur Loyal des plus belles soirĂ©es parisiennes qu’il fait chavirer avec son « Cabarock » et ses « KararockĂ©s ».

Nicolas Ullmann c’est Nicolas Cage, Johnny Cash et Jango Edwards rĂ©unis dans un seul homme. Une belle gueule et un rebelle avec une seule cause : vous amuser. Il aurait pu enfiler la robe d’avocat, comme son pĂšre et sa mĂšre. Il a prĂ©fĂ©rĂ© se grimer en Elvis ou Marylin et devenir artiste. La fĂȘte, c’est sa spĂ©cialitĂ©. Un boulot qu’il prend trĂšs au sĂ©rieux. Il a Ă©tĂ© initiĂ© au mĂ©tier d’acteur Ă  l’école de Raymond Acquaviva, grand Monsieur de la ComĂ©die Française et aux stages de John Strasberg, fils de Lee, crĂ©ateur de la lĂ©gendaire « Actor’s studio ». Il a appris la musique avec les meilleurs. Quant au transformisme, il a commencĂ© Ă  se dĂ©guiser tout gosse avant de s’entourer d’une Ă©quipe de maquilleuses, perruquiers et costumiĂšres de classe mondiale, dont sa compagne

Lucile Leidier qu’on surnomme Lulu.

Vous ĂȘtes considĂ©rĂ© comme l’un des rois des nuits parisiennes depuis 15 ans. Comment vous dĂ©finissez-vous ? Comme un entertainer. Je trouve que ce mot anglais, aux accents rock’n roll, rĂ©sume parfaitement tout ce

que je fais : la comĂ©die, les voix, la direction artistique, l’organisation de soirĂ©es. Des activitĂ©s en rapport avec le spectacle et dont l’objectif final est de divertir les gens. Dans mon travail, il y a aussi un rĂŽle de pygmalion et de talent scout. Je suis en permanence en train de chercher des artistes Ă©mergents afin de les mettre en avant, comme au No.Pi (North Pigalle). J’y assure la direction artistique depuis octobre 2019. Ces talents auraient sans doute rĂ©ussi Ă  percer sans moi. Mais je facilite leur rencontre avec le public et la gloire (rire). Et c’estun bonheur de les voir ensuite voler de leurs propres ailes.

Quels artistes avez-vous contribué à lancer depuis que vous faites ce métier ?

J’ai dĂ©butĂ© il y a plus de 15 ans en Ă©tant guitariste et accompagnateur des comĂ©diennes et chanteuses

Rona Hartner et Adrienne Pauly. J’ai lancĂ© pas mal de groupes, via le Paris-Paris, le Bus Palladium ou le No.Pi. L’une de mes fiertĂ©s est d’avoir aidĂ© AurĂ©lie Saada, moitiĂ© du duo Brigitte, Ă  dĂ©coller en 2011,

alors qu’elle pensait tout arrĂȘter. Ce parcours dans la musique a Ă©tĂ© Ă©galement l’occasion de soutenir mon copain d’enfance Adan Jodorowsky (NDLR. fils du grand rĂ©alisateur et scĂ©nariste franco-chilien de films et de BD, Alejandro Jodorowsky, et oncle de la comĂ©dienne Alma Jodorowsky).

C’est ce mĂȘme Adan qui vous a conseillĂ© de promouvoir votre personnage « comme une marque » ?

Oui, je commençais Ă  avoir un bon rĂ©seau d’amis, de comĂ©diens et de musiciens et pas mal de notoriĂ©tĂ© dans la nuit comme organisateur de soirĂ©es, notamment au Baron ou au Paris Paris, avant de passer par le Flow, la FlĂšche d’Or, le Showcase, les Trois Baudets ou le Bus Palladium. Adan m’a dit un soir : « il faut que tu te mettes en avant comme une marque. Que les gens sachent qui fait la soirĂ©e ». J’ai imaginĂ© les concepts d’un cabaret rock et de soirĂ©es karaokĂ© que j’ai rebaptisĂ©s « Cabarock » et « KararockĂ© »,

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ENTRETIEN AVEC NICOLAS ULLMANN PERSONNAGE ROCKAMBOLESQUE
Texte : Olivier Bonnefon un karaokĂ© ou l’on chante avec un vrai groupe de rock et qui continue son RDV un samedi par mois au NO.PI.
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JosĂ©phine en robe MAGDA BUTRYM, lunettes POMELLATO. Chaussures et collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA ; Emilia en chemise VALENTINO, pantalon UNGARO, collier BURMA et escarpins MANOLO BLAHNIK ; Nicolas Ullmann en peignoir GENNY, lunettes SAINT LAURENT, chapeau VIRGINIE O PARIS et montre OMEGA ; Sarah en robe LE999, montre OMEGA, boucles d'oreilles BURMA et sandales MANOLO BLAHNIK ; InĂšs robe en cuir GIADA, boucles d’oreilles BURMA et sac CHANEL.

C’est Ă  ce moment-lĂ  que vous avez commencĂ© Ă  vous dĂ©guiser ?

Oui, j’ai endossĂ© mon rĂŽle de Monsieur Loyal. Et pour que ça soit encore plus drĂŽle, je me suis dĂ©guisĂ©. Et j’ai veillĂ© Ă  changer de costume et de personnage chaque soir. Cela me demandait un boulot Ă©norme. Je me prĂ©parais pendant des heures. J’attendais dans la loge oĂč je prenais mes repas, pour surgir sur scĂšne et crĂ©er la surprise.

C’est Ă  cette Ă©poque qu’on a commencĂ© Ă  vous surnommer, l’homme aux mille visages ?

C’était important pour moi, de faire la diffĂ©rence entre le monde du quotidien et celui de la scĂšne, pour faire honneur au public. Je suis parti d’un personnage classique de maĂźtre de piste, comme on en voit dans les cirques en y ajoutant de la dentelle, de l’extravagance. Je me suis constituĂ© une vraie galerie de personnages : musiciens, artistes, comĂ©diens, hĂ©ros de la culture pop. Une collection incroyable de costumes, de postiches, de perruques et de fausses moustaches. TrĂšs vite, ça a dĂ©rivĂ© sur des personnages plus rock : David Bowie, Alice Cooper, Les Beatles, Slash ou Axel Rose
 J’ai une team de rĂȘve autour de moi. Micki Chomicki, perruquiĂšre lĂ©gendaire qui travaillait pour Antoine De

Caunes (la perruque de didier l’Embrouille, c’est elle).

La maquilleuse Julie Poulain. Ces femmes font des miracles. Une perruque, si ce n’est pas coiffĂ©, apprĂȘtĂ©, prĂ©parĂ©, c’est juste un tas de cheveux emmĂȘlĂ©s dans un sac plastique.

OĂč en est la nuit parisienne aujourd’hui ? Est-ce qu’on s’amuse encore dans la capitale ?

Oui ! On me parle de Berlin, Barcelone, Lisbonne. Mais la nuit à Paris est plus vivante que jamais. Il y a un tas de lieux qui bougent. Tous les jours, je reçois des messages de gens qui me disent merci. « Vous avez fait du No.Pi un lieu incroyable. C'est devenu mon club préféré ». Mon

Nicolas Ullmann c’est aussi l’écriture de contes rock pour enfants (« Rockambolesques » sur toutes les meilleurs plateformes audio) Des rĂŽles dans des films. Des spectacles et fĂȘtes sur mesure avec le collectif Snobb.

mĂ©tier est de rendre la nuit magique. Il n'y a pas de club Ă  Paris oĂč tu peux avoir du live toute la nuit. Au No.Pi, si tu arrives Ă  trois heures du matin, tu as encore un groupe qui joue. Pour que la magie persiste, il faut savoir se renouveler, se remettre en question. Faire la fĂȘte est un besoin universellement partagĂ©. Partout oĂč je suis allĂ©, de la Roumanie Ă  la SlovĂ©nie, de Londres Ă  Zanzibar, j’ai vĂ©cu des expĂ©riences festives de dingue. Quels sont les ingrĂ©dients d’une fĂȘte rĂ©ussie ?

De la bonne musique, des jolies filles et des moments de folie. Il y a un temps oĂč je faisais des trucs de dingue, comme distribuer des joints au premier rang, entrer en scĂšne sur un vrai scooter, me mettre Ă  poil avec une chaussette sur le sexe. Un jour, alors qu’un groupe chantait Light my fire des Doors, j’ai vidĂ© prĂ©textant que le chanteur foutait le feu vidĂ© un extincteur sur la scĂšne et le public (rire). J’ai mĂȘme mis le feu Ă  une guitare avec de l’essence. Depuis, je me suis assagi et je suis mĂȘme devenu papa.Enfin c’est Ă  ma Loretta, que j’apprendrais toutes les meilleures bĂȘtises Ă  faire.

En savoir plus sur : www.snobbmusic.com

instagram: nicolas ullmann. Et nopi_paris

ENTRETIEN AVEC MARIE NEUILLY LA ROCKEUSE DE DIAMANT

Musicienne, DJ selector, directrice artistique, crĂ©atrice du label ©  « La Chatte de Françoise », l’ex guitariste du groupe rock Les Plastiscines est aussi une icĂŽne du style.

Texte : Olivier Bonnefon

Pure slasheuse 2.0, artiste multi facettes, qui est Marine Neuilly ? Le jour, elle collabore avec des marques de luxe et mĂšne des projets Ă©ditoriaux ou artistiques. La nuit, elle mixe dans les soirĂ©es branchĂ©es de la capitale. Avec son joli minois et son regard bleu azur, soulignĂ© d’un trait de crayon noir, elle cultive le chic, aussi Ă  l’aise dans une paire de jean et de Converse que dans une Ă©lĂ©gante tenue Dior.

Précoce

À 16 ans, fan des Strokes, des Ramones, de Blondie, Kate Bush et des Libertines, elle dĂ©cide de monter un groupe de rock avec des copines de Saint-Cyr-l’École.

L’aventure Les Plastiscines est lancĂ©e. Le groupe dont elle est guitariste et choriste, fait les premiĂšres parties d’Indochine ou d’Iggy Pop et commence Ă  tourner en France puis autour du monde.

Audacieuse

En 2011, Marine Neuilly quitte Les Plastiscines. Elle commence une carriĂšre solo de DJ Ă  l’école du Baron puis devient DJ selector, spĂ©cialitĂ© rĂ©servĂ©e aux encyclopĂ©dies musicales vivantes. Ses mix et ses boucles font merveille au ChĂąteau Voltaire, au Silencio des PrĂ©s, Ă  la terrasse du Grand CafĂ© Fauchon, Ă  la Casbah ou dans les soirĂ©es Juke Box Babe avec un mĂ©lange pop, rock, Ă©lectro.

Stylée

Son label « La Chatte de Françoise », reflĂšte son univers dĂ©calĂ© et fĂ©ministe. Elle collabore avec des marques de luxe, produit du contenu visuel autour des femmes, des fanzines ou des photos. Elle a créé sa propre marque de lingerie upcyclĂ©e et Ă©thique qui porte le mĂȘme nom.

CélÚbre

Soutenues par Philippe ManƓuvre, Les Plastiscines font les couvertures des magazines branchĂ©s comme Rock & Folk (France) ou Nylon (USA). Leur single « Loser » est repris dans la BO du film « L’Heure d’étĂ© » d’Olivier Assayas. Le groupe apparaĂźt dans la sĂ©rie « Gossip Girl », oĂč il interprĂšte sa chanson B.I.T.C.H.

Contact

Marine Neuilly travaille avec l’agence Snobb Music, rĂ©gie de talents artistiques, qui gĂšre ses prods et son booking. Elle anime le compte Instagram @marine_neuilly et le site web www.lachattedefrancoise.com.

En savoir plus sur : www.snobbmusic.com/marine-neuilly, Mail : production@snobbmusic.com

Pure slasheuse 2.0, artiste multi facettes, qui est Marine Neuilly ?

MODE
Marine Neuilly en chemise, pantalon et chaussures DIOR.
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Nicolas Ullmann, l’un des rois des nuits parisiennes, s’est prĂȘtĂ© au jeu lors de cette sĂ©ance mode organisĂ©e au Studio Harcourt.

PARFUM ET CINÉMA

SCÉNARIO PARTAGÉ

MĂȘmes codes glamour, mĂȘme goĂ»t pour la mise en scĂšne, la sĂ©duction et les happy end
 AssurĂ©ment, parfum et cinĂ©ma partagent plus que des Ă©gĂ©ries et des rĂ©alisateurs. Ils racontent ensemble un monde oĂč tout est possible.

Émotion. S’il fallait choisir un mot, un seul, pour trouver le dĂ©nominateur entre cinĂ©ma et parfum, ce serait sans doute celui-lĂ . Tous deux ne sont que rĂȘves. Quand le premier construit des mondes imaginaires, des romans d’amour et des drames, dont le sillage persiste parfois en nous plusieurs jours, le second raconte l’histoire rĂ©elle ou fantasmĂ©e d’un hĂ©ros, souvent d’une hĂ©roĂŻne, qui laisse sa trace olfactive. Tous deux parlent d’image, fabriquĂ©e ou symbolique, d’apparences et des rĂŽles que l’on joue, parfois inconsciemment. Il y a dans les parfumeries de grosses productions et des parfums d’auteurs, dans les salles obscures des blockbusters et des films indĂ©pendants. Rien d’étonnant Ă  ce que ces deux mondes se cĂŽtoient depuis toujours, s’inspirent, se cherchent et s’entremĂȘlent multipliant les mises en abĂźme. Qui est la star ? Le jus ou l’artiste qui l’incarne ? De tous temps, les actrices ont Ă©tĂ© les ambassadrices des grands noms de la parfumerie, liant parfois leur destin Ă  celui de leur fragrance fĂ©tiche. Qui ne connaĂźt pas la cĂ©lĂšbre rĂ©plique de Marilyn Monroe, laquelle rĂ©pondait aux journalistes qu’elle ne dormait avec rien d’autre la nuit que quelques gouttes de Chanel n°5
 VoilĂ  un parfum, si ce n’est le parfum, le plus cinĂ©matographique du monde. Évoquer les Ă©gĂ©ries de la maison de la rue Cambon c’est convoquer Cannes et Hollywood mais aussi rĂ©viser l’histoire du cinĂ©ma Ă  coups de films aux dĂ©cors somptuaires qui n’ont parfois de publicitaires que le nom.

Parfums d’actrices

Il y eut ainsi Vanessa Paradis en femme-oiseau sifflotant pour Coco dans un court-métrage signé Jean-

Paul Goude, Nicole Kidman et Baz Lhurmann Ă  nouveau rĂ©unis aprĂšs le flamboyant « Moulin Rouge » ou encore Audrey Tautou, filmĂ©e par Jean-Pierre Jeunet juste aprĂšs « AmĂ©lie Poulain ». Citons encore Keira Knightley, en espiĂšgle Coco Mademoiselle, Catherine Deneuve, Carole Bouquet, Kristen Stewart, Lili-Rose Depp, Marion Cotillard et mĂȘme Brad Pitt, le seul homme Ă  avoir prĂȘtĂ© ses traits et sa voix au n°5 alors que l’énigmatique Bleu restera Ă  jamais marquĂ© par le visage du regrettĂ© Gaspard Ulliel.

Dior n’est pas en reste. J’adore, le parfum iconique de la marque, parmi les plus vendus en France, reste attachĂ© Ă  l’actrice sud-africaine Charlize Theron depuis 2004. Les cinĂ©philes se souviendront d’ailleurs d’une sĂ©quence pleine d’esprit mettant en scĂšne de maniĂšre totalement anachronique l’actrice oscarisĂ©e aux cĂŽtĂ©s des iconiques Grace Kelly, Marlene Dietrich et Marilyn Monroe, cette derniĂšre prononçant distinctement, et malicieusement, le fameux « j’adore ». Également au casting des Ă©gĂ©ries chez Dior ? Natalie Portman, Miss Dior depuis 2011, Robert Pattinson, Eva Green, Monica Bellucci, Jude Law, Jennifer Lawrence et bien sĂ»r Alain Delon, pour l’Eau Sauvage, aujourd’hui portĂ©e par Johnny Depp. Il y a quelques mois, la marque au muguet est allĂ©e un peu plus loin encore laissant carte blanche Ă  l’actrice Ana Girardot pour rĂ©aliser un film autour du parfum Gris Dior. MĂȘme passage Ă  l’acte pour Emma Watson que l’on retrouve devant et derriĂšre la camĂ©ra pour Paradox de Prada.

Le parfum, accessoire singulier et pluriel YSL, qui compte d’ailleurs un parfum CinĂ©ma, Mugler, Armani
 Toutes les grandes Maisons ont associĂ©, un jour ou l’autre, leur image Ă  celle de grandes figures

du 7e art, crĂ©ant mĂȘme une filiation, un lien tĂ©nu entre ambassadrices d’un mĂȘme jus. C’est le cas du mythique parfum TrĂ©sor, incarnĂ© tour Ă  tour par Isabella Rossellini, Penelope Cruz ou Kate Winslet. Le porter Ă  son tour, c’est un peu rejoindre leur club, qui n’en rĂȘverait pas ? Un processus d’identification qui fonctionne encore Ă  plein avec Zendaya ou Julia Roberts, Ă©gĂ©rie du parfum prĂ©fĂ©rĂ© des Françaises : La Vie est Belle. Qu’on le veuille ou non, par sa puissance Ă©vocatrice, le parfum est plus qu’un accessoire. Nombre d’acteurs le glisse au dĂ©tour d’une interview : rien ne vaut un parfum pour se glisser dans la peau d’un personnage. Lui donner une odeur c’est dĂ©jĂ  lui donner corps, certaines fragrances ayant « le pouvoir de faire surgir toutes sortes de souvenirs et de sentiments », confiait Rooney Mara, Ă©gĂ©rie Givenchy comme Audrey Hepburn avant elle. Et puis, le parfum au cinĂ©ma n’est pas toujours seulement suggĂ©rĂ©. Il peut aussi faire de la figuration, posĂ© au dĂ©tour d’une scĂšne, sur un bureau, dans une salle de bains ou une table de nuit. Il lui arrive de tenir le premier rĂŽle, dĂ©voilant ses coulisses, ses maniĂšres et ses matiĂšres. C’est le cas de « PrĂȘte-moi ta main », d'Éric Lartigau ou des « Parfums » de GrĂ©gory Magne, deux longs-mĂ©trages qui mettent en scĂšne des nez, jouĂ©s respectivement par Alain Chabat et Emmanuelle Devos. Parfois enfin, le parfum crĂšve l’écran et devient la vedette, le sujet principal, comme ce fut avec l’adaptation cinĂ©matographique du « Parfum » en 2006. Il s’est mĂȘme dĂ©jĂ  invitĂ© concrĂštement dans les salles de cinĂ©ma, sous forme de pastilles Ă  gratter tout au long du film. Un procĂ©dĂ©, anecdotique et expĂ©rimental, qui n’avait d’autre but que de rajouter encore de l’émotion olfactive Ă  l’émotion cinĂ©matographique
.

FRAGRANCES
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Styliste et directeur artistique : Farouk Chekoufi ‱ Texte : Audrey Grosclaude ‱ Photographe : Equipe Studio Harcourt composĂ©e de Eloi Robert (coordination), Kostia Petit (photographe), Alexis Rambosson (assistant photographe), Benoit Pinchon (assistant photographe), Elliot Meyer (assistant photographe) et Marion Dejardins (assistant photographe).‱ Assistant styliste : Benjamin Coutant.

PACIFIC CHILL, LOUIS VUITTON

Ode Ă  la Californie, son art de vivre, ses couleurs et ses odeurs Ă  nulle autre pareille, la collection des Colognes Louis Vuitton se dote d’un nouvel opus : Pacific Chill. Un jus comme un smoothie Ă  base de cassis, menthe, orange, coriandre, cĂ©drat et citron, rose de mai, basilic, graines de carotte, abricot, musc vĂ©gĂ©tal, figue et jujube.

FRAGRANCES

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VIRGIN ISLAND WATER DE CREED Parfum de « voyage » imaginĂ© par la vĂ©nĂ©rable Maison franco-britannique Creed, Virgin Island Water, s’ouvre sur des notes de bergamote, mandarine, fleur de tiarĂ© et citron vert avant de plonger dans les eaux caribĂ©ennes sur fond de coco et musc. Entre les deux, son cƓur hibiscus, jasmin, ylangylang penche cĂŽtĂ© Tropiques.

ROSE PASSION DE JIMMY CHOO

Pop et glamour, un floral ambrĂ© aussi doux que piquant qui s’ouvre sur un bouquet de coco et de fleurs de frangipanier, avant de laisser place Ă  des notes d’orchidĂ©es et de jasmin pour finir sur un accord solaire vanille-bois de santal.

J’ADORE, PARFUM D’EAU, DIOR Toute la magie florale de J’adore, notes de jasmin sambac, nĂ©roli de Vallauris, magnolia de Chine, dans un concentrĂ© sans alcool d’eau et de fleurs dont on s’enveloppe gĂ©nĂ©reusement, en nuage, le temps d’un nouveau geste de parfum.

ENCENS LUMIÈRE DE KENZO

Retour aux sources et hommage au Japon ancestral, des Maisons de thĂ© et des jardins zen avec ce jus mixte, issu de la collection Kenzo Memori. Un floral ambrĂ©, composĂ© d’encens, de freesia et de safran, capturĂ© dans un flacon aux allures de flasque de sakĂ©. DĂ©licat et diffĂ©rent.

UN JARDIN À CYTHÈRE, HERMÈS Dernier-nĂ© des parfums-jardins de la Maison du Faubourg Saint-HonorĂ©, Un Jardin Ă  CythĂšre convoque le bois d’olivier, la pistache et les graminĂ©es pour composer un voyage hespĂ©ridĂ©-boisĂ© dans le PĂ©loponnĂšse des artistes et des paysages solaires.

FRAGRANCES

OUD KHÔL DE GUERLAIN

Dans son flacon-Ă©crin, petit bijou de sophistication inspirĂ© du flacon carrĂ© de la Maison, Oud KhĂŽl explore son animalitĂ© et toutes les facettes du bois de Oud. AldĂ©hydes, mousse ou notes pralinĂ©es caramĂ©lisĂ©es ourlent l’ensemble, livrant un parfum magnĂ©tique et envoĂ»tant.

BOIS NOMADES DE CHOPARD

Jus ambrĂ© boisĂ© mixte, Bois Nomades Ă©voque l’Orient et ses mystĂšres au cƓur d’une forĂȘt de lĂ©gende, plantĂ©e de cĂšdres de l’Atlas marocain et d’oud, utilisĂ© ici dans sa version la plus prĂ©cieuse, l’oud Assafi. Rose Damascena, encens, myrrhe, cannelle, clou de girofle ou poivre noir complĂštent la formule, magnĂ©tique et singuliĂšre.

EQUIVOQUE DE GIVENCHY

Une fragrance complexe et puissante, construite autour d’un bois de Oud Assam du Bangladesh, d’essence de cardamome, de feuilles de cĂšdre et de gaĂŻac. Un parfum intense boiséépicĂ© sans compromis.

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GUERLAIN,

HUDA

GIVENCHY,

HERMÈS,

DES ÉGÉRIES SUR PELLICULE

LA BEAUTÉ EST UN ART QUI SE RÉVÈLE AUSSI SUR GRAND ÉCRAN

Actrices et acteurs font le lien entre le monde du cinĂ©ma, celui des parfums et des cosmĂ©tiques, en devenant les ambassadeurs de grandes marques. Ce monde inspire la sĂ©rie « Emily in Paris ». Tandis que ZoĂ« Kravitz incarne l'esprit rock et glamour de SaintLaurent, et Hunter Schafer sublime son visage androgyne avec les crĂ©ations de Mugler. Quant Ă  la Maison LancĂŽme, elle a adoubĂ© Aya Nakamura en tant qu’ambassadrice mondiale.

BEAUTÉ
Styliste et directeur artistique : Farouk Chekoufi ‱ Photographe : Equipe Studio Harcourt composĂ©e de Eloi Robert (coordination), Kostia Petit (photographe), Alexis Rambosson (assistant photographe), Benoit Pinchon (assistant photographe), Elliot Meyer (assistant photographe) et Marion Dejardins (assistant photographe). ‱ Texte : Viviane Lafargue OrchidĂ©e ImpĂ©riale Black, Le SymbiosĂ©rum : Le sĂ©rum anti-Ăąge ultime. BEAUTY, Legit Lashes, mascara dans une Ă©dition limitĂ©e dorĂ©e. Le Soin Noir : CrĂ©me opulente redensifiante.
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Plein Air : poudre minérale nacrée.

DIAMANTS ÉTERNELS

LE CINÉMA EST UN ÉCRIN, UNE BOÎTE À BIJOUX

Cinq films recĂšlent presque plus de perles et de diamants, que toute la place VendĂŽme. Dans « Breakfast at Tiffany’s » (1961), Audrey Hepburn, vĂȘtue d'une robe noire et d'un collier de perles, rĂȘve devant la vitrine de la cĂ©lĂšbre joaillerie newyorkaise. ComposĂ© par Jean Schlumberger, son collier est composĂ© de cinq rangs de perles, ornĂ© d'un pendentif en diamants en forme de croissant de lune. Avec « Titanic » (1997), le CƓur de l'ocĂ©an, collier serti d'un diamant bleu de 56 carats, inspirĂ© du Hope Diamond, tient le second rĂŽle, aux cĂŽtĂ©s de Rose (Kate Winslet) et Jack (Leonardo DiCaprio). Ce dernier le lui met autour du cou lorsqu'il la dessine nue. Celui du film a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par

Swarovski. Dans « Les hommes prĂ©fĂšrent les blondes » (1953), Marilyn Monroe consacre Ă  jamais les croqueuses de diamants avec sa chanson « Diamonds Are a Girl's Best Friend », vĂȘtue d'une robe rose et de bijoux Harry Winston. Dans « Le fabuleux destin d'AmĂ©lie Poulain » (2001), Audrey Tautou (AmĂ©lie) dĂ©couvre une boĂźte Ă  souvenirs avec un pendentif en forme de cƓur et dĂ©cide de retrouver son propriĂ©taire. Et enfin dans « Mort sur le Nil » (2020), Gal Gadot, la riche hĂ©ritiĂšre porte un collier exceptionnel, le Tiffany Diamond, qui vaut plus de 30 millions de dollars. Ce diamant jaune de 128 carats a Ă©tĂ© portĂ© par Audrey Hepburn et Lady Gaga.

JOAILLERIE
Julie, boucles d’oreilles, Black Magic Supernova, LORENZ BÄUMER. Bracelets, Black Magic Aurora et Supernova, LORENZ BÄUMER. Robe, GEORGES MAKAROUN.
‱ Mannequins :
de Aon Models ;
B,
B, EM G
Metropolitan Models ;
de
Models ;
de
Agency ‱ Photographe : Equipe Studio Harcourt
de
Petit (photographe),
(assistant photographe),
(assistant photographe) et Solùne Dubois (maquilleuse) ‱ Maquillage : Marie Tritsch avec les produits Guerlain ‱ Coiffure :
et
Ceriani @N Agency Paris ‱ Manicure :
pour Dior Beauty ‱ Assistant Stylisme :
Coutant ‱ Production : Maison Keti et Harcourt Magazine ‱ Texte : Gigi Riard Olga
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Styliste et directeur artistique :
Farouk Chekoufi
Alisa
Julie, Anissa
Isis
de
Camille et Maya
Crystal
Olga
Bozena
composée
Kostia
Samantha Gravillon
Elliot Meyer
Omar Bouker pour GHD Hair
Stella
Marie Rosa
Benjamin
porte un Sautoir, Boucle d’oreille unitaire et bague double en or blanc et diamants, Pretty Woman, FRED. Robe, MAISON KETI. De gauche Ă  droite : Alisa, collier et boucles d’oreilles en or et diamants, MESSIKA Haute Joaillerie. Maillot de bain, PAIN DE SUCRE. Sandales, GIUSEPPE ZANOTTI. Collants, CALZEDONIA. Camille, boucles d’oreilles et bracelet en or blanc, diamants blancs et noirs, Ombre & LumiĂšre, LORENZ BÄUMER. Collier en or blanc et cristal de roche serti d'aigues-marines et pavĂ© de diamants blancs, LORENZ BÄUMER. Lunettes, SAINT LAURENT. Maillot de bain, PAIN DE SUCRE. Bottes, GIUSEPPE ZANOTTI. Collants CALZEDONIA.
JOAILLERIE
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Julie, collier et boucles d’oreilles en or blanc et diamants, Beyond The Light, MESSIKA Haute joaillerie. Maillot de bain PAIN DE SUCRE.

De gauche Ă  droite : Alisa, collier et boucles d’oreilles en or et diamants, MESSIKA Haute Joaillerie. Maillot de bain PAIN DE SUCRE. Anissa B, collier, bague et bracelet en or blanc et diamants, collection Ruban, CHANEL Haute Joaillerie. Robe, AZ Factory by LUTZ HUELLE. Lunettes, ALAÏA. Camille, boucles d’oreille en or blanc, diamants blancs et noirs, Ombre & LumiĂšre, LORENZ BÄUMER. Collier en or blanc et cristal de roche serti d'aigues-marines et pavĂ© de diamants blancs, LORENZ BÄUMER. Maillot de bain PAIN DE SUCRE.

EM G, collection Point d'Interrogation, collier plume de Paon, serti d'une émeraude de Zambie de 5,68 ct, pavé de diamants sur or blanc, BOUCHERON. Robe ALEXANDER McQUEEN.
JOAILLERIE
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Isis B, collier scellĂ© en or et diamants et boucles d’oreilles, Couture Dior, DIOR. Robe, GIADA. Chaussures, MANOLO BLAHNIK. Collants CALZEDONIA. Anissa B, collier, bague et bracelet en or blanc et diamants, collection Ruban de CHANEL Haute Joaillerie. Robe, AZ Factory de Lutz Huelle. Lunettes, ALAÏA. Chaussures, AQUAZZURA. Collants, CALZEDONIA.
JOAILLERIE
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Maya, collier, boucles d’oreilles et bague en or blanc et diamants, RoseDior, DIOR Haute Joaillerie. Veste, ELIE SAAB.
JOAILLERIE
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Julie, collier et boucles d’oreilles en or blanc et diamants, Beyond The Light, MESSIKA Haute joaillerie. Lunettes, SAINT LAURENT. Maillot de bain, PAIN DE SUCRE. Sandales, GIUSEPPE ZANOTTI. Collants CALZEDONIA. Camille, collier et boucles d’oreilles en or blanc et diamants, TASAKI Haute Joaillerie. Robe, GEORGES MAKAROUN. Sandales, AQUAZZURA.

L’ÉLÉGANCE DE LA PONCTUALITÉ

LE TEMPS EST UN ÉLÉMENT ESSENTIEL DU CINÉMA

Il rythme le rĂ©cit, crĂ©e du suspense, influence les choix des personnages. James Bond porte des montres de luxe, comme la Rolex Submariner ou la Omega Seamaster, sans lesquelles il ne serait pas 007. Mia Wallace (Uma Thurman), de Pulp Fiction, arbore une montre en or qui appartient Ă  son mari, le puissant gangster Marsellus Wallace. Elle symbolise son pouvoir de sĂ©duction, son goĂ»t pour le danger. Parfois, ce temps incompressible reprĂ©sente un enjeu, un dĂ©fi, une contrainte. Dans « Retour vers le futur », Marty McFly (Michael J. Fox) doit synchroniser sa montre avec celle du Doc Brown (Christopher Lloyd) pour voyager dans le temps et sauver son existence. Dans « Inception », Cobb (Leonardo Di Caprio) utilise une montre spĂ©ciale pour contrĂŽler la durĂ©e de ses rĂȘves et Ă©viter de se perdre dans le subconscient. Etc. Signe de distinction, outil de survie, la montre est un Ă©lĂ©ment indissociable du cinĂ©ma. Un signe de style, sachant que la plus belle Ă©lĂ©gance est d'arriver toujours Ă  l'heure, que ce soit pour un rendez-vous galant, une mission secrĂšte ou une aventure fantastique !

HORLOGERIE
Styliste et directeur artistique : Farouk Chekoufi ‱ Mannequins : Bianca de Metropolitan Models, Rodrigue Durard et Luca M de M Management Models ‱ Photographe : Equipe Studio Harcourt composĂ©e de Eloi Robert (coordination), Kostia Petit (photographe), Alexis Rambosson (assistant photographe), Benoit Pinchon (assistant photographe), Elliot Meyer (assistant photographe) et Marion Dejardins (assistant photographe). Coiffure : Raynald @b-agency ‱ Maquillage Lorandy pour Dior Beauty
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‱ Manicure : Marie Rosa pour Dior Beauty ‱ Assistants Stylisme : Benjamin Coutan et Cannelle Godran ‱ Texte : HervĂ© de l’Antenne et Serge Courteline.
HORLOGERIE
Montre en or jaune et diamants, quartz 26 mm, verre saphir bombĂ© rĂ©sistant aux rayures, traitĂ© antireflet Ă  l’intĂ©rieur - Collection De Ville, TrĂ©sor, Moonshine gold d’OMEGA. Veste GIADA. Montre Ă  mouvement quartz, aiguilles brillantes taillĂ©es au diamant, verre saphir bombĂ© avec traitement antireflet de TOM FORD. Veste, UNGARO.
HORLOGERIE 75
Montre Ă  mouvement mĂ©canique Ă  remontage automatique. Acier inoxydable, Fond saphir. Index et aiguilles luminescents. Sertissage 136 diamants blancs de SABOTEUR. Veste GIVENCHY. Montre icĂŽne de la Maison Dior avec lignes gĂ©omĂ©triques du Cannage, La D My Dior de DIOR. Trench GENNY. UtilisĂ© lors des six alunissages, ce chronographe lĂ©gendaire incarne Ă  la perfection l’esprit pionnier et aventurier de la Maison OmĂ©ga. Moonwatch Professionnal, Chronographe co-Axial, Master Chronometer 42 mm de OMEGA. Veste, GEORGES MAKAROUN.
HORLOGERIE 78
Bracelet en cĂ©ramique, haute rĂ©sistance noire, boucle triple dĂ©ployante en acier, mouvement mĂ©canique Ă  remontage automatique, J12 de CHANEL. Chemise, SÉBLINE

La nouvelle Classic Tourbillon Manufacture honore les plus belles traditions de l'art horloger jusque dans les moindres détails. Il est équipé du calibre manufacture FC-980 et présente des techniques horlogÚres traditionnelles telles que l'anglage, le perlage, le grenage circulaire, FREDERIQUE CONSTANT. T-shirt , SUPERROBY.

Montre joailliÚre, Serpent BohÚme, sertie de quartz rose, pavée de diamants sur or rose avec cadran entiÚrement pavé, BOUCHERON. Manteau, MAX MARA.
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Royal Oak Selfwinding de 41 mm, dotĂ©e de la derniĂšre Ă©volution ergonomique de la collection. Associe l'acier inoxydable Ă  un Ă©lĂ©gant cadran noir "Grande Tapisserie", AUDEMARS PIGUET. Chemise, SÉBLINE PHOTO LA RÉFÉRENCE DE L’IMAGE DEPUIS 1967

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