MODE FRĂDĂRIC BEIGBEDER
LE TEMPS DES AVEUX
JOAILLERIE DIAMANTS ĂTERNELS
HORLOGERIE Ă L'HEURE DES STARS BEAUTĂ DES ĂGĂRIES AU CINĂMA
RENCONTRES MARC LĂVY SOFIA ESSAĂDI
THIERRY ARDISSON
FX DEMAISON
SONIA ROLLAND
CHRISTOPHE LAMBERT
ELISA TOVATI
Cate Blanchett
Star iconique 001 ⹠Juin 2023 L 12582 - 1 H - F: 14,90 ⏠- AL
PROCHAINEMENT EN KIOSQUES le 27 juin 2023
GLAMOUR IS THE NEW SMART
NOUVEAU
KENZO SOUTIENT MASAMI CHARLOTTE LAVAULT, FLORICULTRICE ENGAGĂE.
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[ Quand la couleur cÎtoie le noir et blanc⊠]
Depuis sa crĂ©ation, Studio Harcourt, hors du temps et des modes, prĂ©serve et cultive les valeurs fondamentales qui ont forgĂ© son succĂšs et sa rĂ©putation : lâexcellence, la valorisation dâune esthĂ©tique, une Ă©lĂ©gance Ă la française et un art de recevoir trĂšs parisien.
ImaginĂ© par Cosette Harcourt, femme dâexception, moderne et Ă lâavant-gardisme audacieux, le studio Ă©ponyme naĂźt de sa collaboration avec les frĂšres Lacroix, patrons de presse Ă lâinstinct visionnaire et hommes dâaffaires aguerris. LâidĂ©e de Cosette Harcourt : faire se rencontrer deux arts, la photographie et le cinĂ©ma. Ainsi, pour tirer le portrait des grandes familles de l'Ă©poque, fait-elle appel aux Ă©clairagistes de cinĂ©ma. Une mĂ©thode bien Ă elle qui fera tout le charme de cette emblĂ©matique maison.
Studio Harcourt prend ainsi ses marques en 1934, au sein du trĂšs chic 8e arrondissement de Paris et puise son hĂ©ritage dans les racines glamour de lâĂąge dâor du cinĂ©ma français en noir et blanc. L'esprit intimiste et trĂšs Ă©lĂ©gant de la mĂ©thode Harcourt sĂ©duira le monde du 7e art. De Brigitte Bardot Ă Alain Delon, en passant par Catherine Deneuve, Carole Bouquet, Laetitia Casta, Vincent Lindon, Jean Reno ou Keanu Reeves pour ne citer quâeux, ces actrices et acteurs dĂ©fileront dans l'atmosphĂšre feutrĂ©e des studios de la Maison. Sans oublier bien-sĂ»r les personnalitĂ©s issues de la politique, de la mode, du sport ou de la cultureâŠ
Souvent imitĂ©, mais jamais Ă©galĂ©, le style Harcourt est devenu au fil du temps un gage dâĂ©ternitĂ©, une rĂ©fĂ©rence iconographique qui sâimpose comme une signature incontournable. A l'heure des "selfies" et du tout numĂ©rique, dans une pĂ©riode oĂč la presse magazine est souvent dĂ©laissĂ©e, nous avons souhaitĂ© prendre le contrepied et relever ce challenge en lançant Harcourt Magazine.
Au-delĂ du mythique portrait qui a fait sa renommĂ©e, nous allons vous faire dĂ©couvrir dans ce numĂ©ro 1, un univers artistique souvent mĂ©connu oĂč la couleur cĂŽtoie le noir et blanc en totale harmonie. Les rĂ©fĂ©rences iconographiques liĂ©es au plan amĂ©ricain, avec son halo de lumiĂšre, sont challengĂ©es, ce qui permet de crĂ©er un magazine en mouvement en pleine cohĂ©rence avec notre Ă©poque. Tout en respectant les codes du Studio Harcourt, lâesprit de cette Ă©dition est rĂ©solument contemporain et ne manquera pas de surprendreâŠ
Dans notre premier numĂ©ro semestriel avec ses deux « covers » (Black / Red), qui a pour thĂ©matique « Studio Harcourt fait son cinĂ©ma », Harcourt Magazine clame son amour pour le 7e art au travers de portraits de personnalitĂ©s qui comptent dans les milieux du cinĂ©ma. Des Ă©ditoriaux consacrĂ©s Ă la mode, Ă la joaillerie, Ă lâhorlogerie, aux fragrances, etc. - que nous retrouverons dans les prochaines Ă©ditions - viendront complĂ©ter ces rencontres. Les prochains thĂšmes traitĂ©s pourraient ĂȘtre « Black is Black », « Lâintime », « Les 7 pĂ©chĂ©s capitaux », « Voyage » âŠ
Un grand merci Ă lâĂ©quipe du Studio Harcourt et Ă la team de Harcourt Magazine qui ont collaborĂ© Ă la rĂ©alisation de ce magazine et partagĂ© cette expĂ©rience, ainsi quâĂ toutes les personnes qui se reconnaĂźtront.
COVER BLACK
Photographie, maquillage, coiffure : Equipe STUDIO HARCOURT.
COVER RED
Julie TUZET, mannequin @metropolitanmodelsgroup porte une robe
GEORGES MAKAROUN avec une montre LA D MY DIOR et des boucles
⹠Secrétaire de rédaction : Alain LABATUT
âą P.A.O : Atelier Claire CARREAU
manucures : voir dossiers intérieurs
⹠Dessinateurs : Jade, Ange, Hugo, Tom & Théo, Rose, Swana, Jeyla
⹠Régie Publicitaire : HARCOURT MAGAZINE, Thibault REICHELL, t.reichell@harcourtmagazine.com et SO EVENTS, Jean-Marc DAHAN, jmd@hdmedias.com,
EDITO
HARCOURT MAGAZINE Fondateur, Editeur & Directeur de la publication : Thibault REICHELL âą AttachĂ©e de presse : Olivia REICHELL-GONTHIER âą Conseiller communication : Jean-Michel DELAVAUD âą Coordinateur de la rĂ©daction : Olivier BONNEFON âą Styliste et Directeur artistique : Farouk CHEKOUFI âą Photographes : Equipe du STUDIO HARCOURT, Kostia PETIT, collectif de photographes et assistants (voir dossiers intĂ©rieurs) âą Coordinateur STUDIO HARCOURT : Eloi ROBERT âą Correspondants : Audrey GROSCLAUDE, Blandine DAUVILAIRE, Alicia FALL, Tom BOYLE, Viviane LAFARGUE, Gigi RIARD, Jade REICHELL, Ange REICHELL, HervĂ© de lâANTENNE, Serge COURTELINE âą Maquilleurs, coiffeurs,
tĂ©l. / 06 07 78 46 45 âą DĂ©pĂŽt lĂ©gal Ă parution, copyright N2GUP, ISSN en cours. HARCOURT MAGAZINE, www.harcourt-magazine.com, est une publication Ă©ditĂ©e par N2GUP. SiĂšge social : 25 rue de Ponthieu, 75008 Paris, France. Impression en France. Toute reproduction, mĂȘme partielle, des articles publiĂ©s dans cette Ă©dition sans accord de la sociĂ©tĂ© Ă©ditrice
la loi du 11 Mars 1957
la propriété littéraire et artistique.
la Publication de HARCOURT MAGAZINE
est interdite, conformĂ©ment Ă
sur
Olivia & Thibault* REICHELL *Fondateur, Editeur & Directeur de
d'oreilles CONSTELLATION en or blanc serties de diamants de synthĂšse et bague COURBET âą Photographe : Equipe STUDIO HARCOURT composĂ©e de Eloi ROBERT (coordination), Kostia PETIT (photographe), Alexis RAMBOSSON (assistant photographe), Benoit PINCHON (assistant photographe) et Elliot MEYER âą Stylisme et rĂ©alisation : Farouk CHEKOUFI âą Coiffure : Raynald @b-agency âą Maquillage : LORANDY pour DIOR BEAUTY âą Manicure : MARIE ROSA pour DIOR BEAUTY âą Assistant stylisme : Benjamin COUTAN et Cannelle GODRAN. EN COUVERTURES DU NUMĂRO 1 JOAILLERIE L'HEURE DES STARS RENCONTRES Cate Blanchett Star iconique GLAMOUR IS THE NEW SMART UN LUXE INTEMPOREL GLAMOUR IS THE NEW SMART Secrets de stars La mode fait son cinĂ©ma Lancement
Harcourt Magazine
du numéro
de
Rendez-vous sur harcourt-magazine.com 8
Marc Lévy
Visuel, cinĂ©matographique, son style littĂ©raire a sĂ©duit des millions de lecteurs Ă travers le monde et tapĂ© dans lâĆil dâHollywood. Sa derniĂšre saga, « 9 », aux accents prĂ©monitoires, est en cours dâadaptation en sĂ©rie et pourrait avoir une suite en librairie.
JOAILLERIE | 60
Diamants éternels
LE CINĂMA EST UN ĂCRIN, UNE BOĂTE Ă BIJOUX
Cinq films recĂšlent presque plus de perles et de diamants, que toute la place VendĂŽme. Dans « Breakfast at Tiffanyâs » (1961), Audrey Hepburn, vĂȘtue d'une robe noire et d'un collier de perles, rĂȘve devant la vitrine de la cĂ©lĂšbre joaillerie new-yorkaise. ComposĂ© par Jean Schlumberger, son collier est composĂ© de cinq rangs de perles, ornĂ© d'un pendentif en diamants en forme de croissant de lune...
MODE | 36
Frédéric Beigbeder
CONFESSION
DâUN SERIAL NOCEUR
FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a longtemps cru que la vie Ă©tait une fĂȘte. Avant dâen sortir, lâĂ©crivain, chroniqueur et cinĂ©aste sâest Ă©garĂ© dans un monde oĂč lâhĂ©donisme Ă©tait la seule utopie et la cocaĂŻne son kĂ©rosĂšne. A 57 ans, le voilĂ rattrapĂ© par ses dĂ©mons, quâil exorcise dans ses « Confessions dâun hĂ©tĂ©rosexuel lĂ©gĂšrement dĂ©passĂ© ».
Cate Blanchett
Elle possĂšde le magnĂ©tisme et lâĂ©lĂ©gance sublime des Ă©toiles de lâĂąge dâor hollywoodien. La modernitĂ© et la prĂ©cision de son jeu, sa capacitĂ© Ă entrer dans tous les rĂŽles, font de Cate Blanchett, une sorte de comĂ©dienne ultime. Actrice camĂ©lĂ©on, dont la classe nâa jamais Ă©tĂ© prise en dĂ©faut.
HORLOGERIE | 72
LâĂ©lĂ©gance de la ponctualitĂ©
LE TEMPS EST UN ĂLĂMENT ESSENTIEL DU CINĂMA
Il rythme le récit, crée du suspense, influence les choix des personnages. D'ailleurs, James Bond porte des montres de luxe, comme la Rolex Submariner ou la Omega Seamaster, sans lesquelles il ne serait pas 007...
CADRAGE | 16 Sofia EssaĂŻdi CLAIR OBSCUR | 18 Thierry Ardisson CONTRASTE | 21 India Hair ZOOM | 22 FX Demaison FOCUS | 24 Sonia Rolland ĂCRAN TOTAL | 26 Esther Rollande CHAMBRE NOIRE | 27 Elisa Tovati ARRĂT SUR IMAGE | 28 Christophe Lambert FAIR PLAY | 30 Projecteur sur Paris 2024 FRAGRANCES | 52 Parfum et cinĂ©ma BEAUTĂ | 58 Des Ă©gĂ©ries sur pellicule SOMMAIRE GRAND ĂCRAN
| 12
DE L'ĂCRIT AU GRAND ĂCRAN
PRISE DE VUE | 32
ULTIME ET SUBLIME
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DISRUPTING DIAMONDS
Photographie retouchée* Le Diamant Disruptif *
GRAND ĂCRAN 12
Si jâai attendu 38 ans pour embrasser une carriĂšre dâauteur,c'estparcequ'ilfallait que jâaie une vie avant. Toutes les expĂ©riences positives ou nĂ©gativesquejâaivĂ©cuesnourrissentaujourdâhuimeslivres, mesintriguesetlapsychologie de mes personnages ». Câest sa sĆur, scĂ©nariste et rĂ©alisatrice, qui a poussĂ© Marc Levy Ă Ă©crire. En 2000, le livre est prĂȘt et Steven Spielberg signe un chĂšque de deux millions de dollars pour en acquĂ©rir les droits. DerriĂšre ce « miracle » un pitch efficace de Susanna Lea, devenue depuis son agent littĂ©raire et co-Ă©ditrice. Le film « Just like heaven », rĂ©alisĂ© par Mark Waters, sortira en 2005 avec Reese Witherspoon et Mark Ruffalo.
MARC LĂVY
DE LâĂCRIT AU GRAND ĂCRAN
Visuel, cinĂ©matographique, son style littĂ©raire a sĂ©duit des millions de lecteurs Ă travers le monde et tapĂ© dans lâĆil dâHollywood. Sa derniĂšre saga, « 9 », aux accents prĂ©monitoires, est en cours dâadaptation en sĂ©rie et pourrait avoir une suite en librairie. Marc Levy est un conteur nĂ© et un auteur engagĂ©. De passage Ă Paris, ce passionnĂ© de cinĂ©ma a rejoint les Ă©toiles du Studio Harcourt.
Il est entrĂ© par effraction dans nos vies avec « Et si câĂ©tait vrai ». Lâhistoire dâune rencontre improbable et bouleversante entre un architecte prĂ©nommĂ©
Mark et le fantĂŽme dâune jeune femme appelĂ©e Lauren, luttant pour sa survie Ă lâautre bout de San Francisco, aprĂšs un dramatique accident de voiture. Convier Marc Levy Ă une sĂ©ance au Studio Harcourt, oĂč planent les souvenirs de centaines de stars photographiĂ©es depuis 1934, câest comme attirer un papillon de nuit dans une lanterne magique. On ne sait pas ce qui va en sortir.
Jouer avec le monde des esprits. Flirter avec le fantastique et le paranormal, pour mieux parler du monde actuel, de la spiritualitĂ©, de lâamour, du bonheur et de toute la palette des sentiments humains. Dans les livres de Marc Levy, les hĂ©ros volent les ombres, entendent les rĂȘves des autres, se battent pour la justice et des causes perdues et chuchotent des histoires teintĂ©es de magie Ă lâoreille des grands enfants que nous sommes. Des contes construits comme des rĂȘves Ă©veillĂ©s, pour mieux toucher les lecteurs du XXIe siĂšcle, comme les romans dâAlexandre Dumas emportaient ceux du XIXe siĂšcle.
« Tout sâest bien passĂ© », sâamuse lâintĂ©ressĂ©, dans le taxi qui le ramĂšne du salon du livre de Paris.
« Jâai adorĂ© lâaccueil chez Harcourt avec lâĂ©lĂ©gant portrait de Carole Bouquet que jâadmire.
Jâai saluĂ© MarlĂšne Dietrich, JeanPaul Belmondo, Jean Gabin. Moi qui ai horreur de me faire tirer le portrait, je me suis prĂȘtĂ© au jeu, sous lâĆil complice de mon ami Jean Reno que jâadmire Ă©galement, non seulement lâacteur mais lâhomme quâil est ». Quelques instants plus tard, confortablement installĂ© dans sa chambre dâhĂŽtel, loin de son domicile new-yorkais, Marc Levy se livre au jeu des questions rĂ©ponses, avec humour et sincĂ©ritĂ©.
Gregory Lemarchal. CâĂ©tait merveilleux. Tous deux avaient des voix extraordinaires et une humanitĂ© incroyable. Je me sens si honorĂ© de les avoir connus. Jâaurais aimĂ© leur Ă©crire dâautres chansonsâŠ
Si câĂ©tait possible, quel serait le casting idĂ©al dâune soirĂ©e chez vous, avec des personnalitĂ©s vivantes ou disparues ?
Dans mon enfance, jâai eu la chance, grĂące Ă mes parents, de cĂŽtoyer des personnalitĂ©s du monde du cinĂ©ma comme François Perrier, Michel Piccoli, Yves Montand, Simone Signoret. Ce serait un plaisir de les revoir. Mais sâil y a une personne disparue que jâaurais aimĂ© rencontrer par-dessus tout, câest bien Romain Gary. Jâaurais vraiment adorĂ© avoir une conversation avec lui. Passer des heures Ă refaire le monde en sa compagnie, apprendre de lui. Jâajouterais John Steinbeck ainsi que Jim Harrison, deux de mes auteurs favoris et maĂźtres Ă penser.
QuandonĂ©crit,les personnages nâont pas devisage...
Parlons 7e art, si prĂ©sent dans lâADN Harcourt et dans vos livres. Quâest-ce que votre imaginaire doit au cinĂ©ma ? Beaucoup. Le cinĂ©ma a jouĂ© un rĂŽle trĂšs important dans le dĂ©veloppement de mon imaginaire. Parce que dans mon enfance, internet nâexistait pas. Il y avait trĂšs peu de choses Ă la tĂ©lĂ©vision. Le cinĂ©ma et la tĂ©lĂ©vision nâĂ©taient pas amis, bien au contraire. Chaque mercredi, les salles obscures Ă©taient ma source de rĂȘves et dâĂ©vasion. Des films comme « Pain et Chocolat » de Franco Brusati que jâai vu Ă 16 ans, ou « La guerre de Murphy » de Peter Yates, ont profondĂ©ment marquĂ© mon enfance. Jâai adorĂ© Ă©galement « Monsieur Smith au SĂ©nat » ou « La vie est belle » avec James Stewart.
Quels sont les acteurs ou actrices contemporains qui vous inspirent ? Est-ce que vous pensez à leurs visages quand vous écrivez ?
Si dans un choc spatio temporel, dont vous avez le secret, vous croisiez lâune des Ă©toiles disparues croisĂ©e chez Harcourt, Serge Gainsbourg ou Edith Piaf par exemple, que lui diriez-vous ? Aimeriez-vous Ă©crire pour elle ? Je commencerais par les remercier pour leur talent, pour les Ă©motions quâelles nous ont procurĂ©es. Quant Ă imaginer que je puisse Ă©crire un texte pour un poĂšte et parolier aussi talentueux que Serge Gainsbourg⊠Je pense quâil nâaurait pas eu besoin de moi. En revanche, je dois dire que jâaurais follement aimĂ© ĂȘtre un parolier de Serge Reggiani qui nâĂ©crivait pas ses chansons. Jâai eu la chance de signer un titre pour Johnny Hallyday et un autre pour
Comment choisir ! Il y a tellement dâacteurs et dâactrices extraordinaires que jâadore. Je pourrais citer Jessica Chastain, Penelope Cruz ou Jennifer Lawrence, que jâai eu le plaisir de rencontrer et dâinterviewer. Et puis jâai un faible Ă©galement pour Jacqueline Bisset. Son intelligence, son humour et sa beautĂ© ! En revanche, quand jâĂ©cris, je mâinterdis de donner un visage Ă mes personnages. Le travail dâun Ă©crivain, câest justement de faire exister un personnage dans la tĂȘte du lecteur, sans lui imposer trop de dĂ©tails. LâĂ©criture est le territoire de tous les possibles, les voix, les visages, les paysages.
GRAND ĂCRAN
Texte : Olivier Bonnefon
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Au Studio Harcourt, Marc Levy a retrouvĂ© sur les murs les actrices et les acteurs qui lâont inspirĂ© depuis toujours, en particulier son ami Jean Reno. « Si je croisais en vrai ces Ă©toiles, dont beaucoup ont rejoint lâĂ©ternitĂ©, je leur dirais merci pour toutes les belles Ă©motions quâelles mâont apportĂ©es ».
UNE JOURNĂE AVEC MARC LĂVY
« Pour Ă©crire, confie Marc Levy, il faut se dĂ©connecter du monde qui vous entoure. Entrer dans une bulle. Vivre en totale intimitĂ© avec vos personnages. Ce qui demande beaucoup dâassiduitĂ©. Il y a un temps de rĂ©adaptation quotidien, pour ĂȘtre en connexion avec lâunivers du roman ».
Câest aussi beaucoup de travail. « Une journĂ©e type, demande entre 14 et 15 heures dâĂ©criture. En gĂ©nĂ©ral, je commence vers 10 heures pour finir autour de 2 ou 3 heures du matin ». Aujourdâhui, Marc Levy a vendu plus de 52 millions de ses romans Ă travers le monde. Il est lâauteur français contemporain le plus lu. « En Chine, « Le voleur dâombres » sâest dĂ©jĂ vendu Ă plus de 6 millions dâexemplaires. Personne nâavait vu venir ce succĂšs. Il faut sâen rĂ©jouir quand ça arrive ». PubliĂ© en novembre dernier, « Eteignez tout et la vie sâallume », son dernier roman, connaĂźt un succĂšs soutenu. « Quand ça dure, câest aussi que le bouche Ă oreille est bon. Câest une double rĂ©compense », assure Marc LĂ©vy.
Jâai beaucoup observĂ©, enquĂȘtĂ©, recherchĂ©. Le point de dĂ©part de cette sĂ©rie, construite comme un thriller politique, tranche avec mes livres prĂ©cĂ©dents, ce sont les questions soulevĂ©es par lâĂ©lection de Trump en 2016 quiontfaitnaĂźtrecettesĂ©rie.
Est-ce que la pandémie puis la guerre en Ukraine ont changé votre perception du monde ?
Les Ă©crivains Ă©taient sans doute les personnes les mieux prĂ©parĂ©s psychologiquement Ă vivre le confinement. La bulle quâils crĂ©ent autour dâeux, quand ils Ă©crivent, les confine. Ce qui ne mâa pas rendu Ă©tranger aux souffrances causĂ©es par cette pandĂ©mie.
La guerre en Ukraine me touche dans mon quotidien, il ne se passe pas un jour sans que jây pense. Je la voyais venir, la folie meurtriĂšre de Poutine avait dĂ©jĂ meurtri les populations civiles syriennes, je ne pouvais pas faire semblant dâignorer. Lâhistoire du XXe siĂšcle mâa appris Ă ne pas oublier. Depuis la GĂ©orgie, la Syrie, lâinvasion de la CrimĂ©e, je nâavais aucune illusion sur les intentions belliqueuses de Poutine et de son rĂ©gime. Sa dĂ©testation de lâOccident, de la libertĂ©, de toutes les valeurs que nos dĂ©mocraties reprĂ©sentent. « Les forces du mal avancent quand les forces du bien renoncent ». Cette guerre nous rappelle que la dĂ©mocratie est aussi fragile que la planĂšte. Mais nous nâavons plus le temps dâĂȘtre pessimiste. La menace est lĂ , dans la dĂ©sinformation, le populisme, la terreur, la corruption, le recul des libertĂ©s et les attaques contre les valeurs dĂ©mocratiques.
Cette situation que vous dĂ©crivez, câest le cĆur de votre sĂ©rie « 9 ». On peut dire que vous avez Ă©tĂ© visionnaire, en lâĂ©crivant. Quel a Ă©tĂ© le dĂ©clencheur ?
Jâai beaucoup observĂ©, enquĂȘtĂ©, recherchĂ©. Le point de dĂ©part de cette sĂ©rie, construite comme un thriller politique, tranche avec mes livres prĂ©cĂ©dents, ce sont les questions soulevĂ©es par lâĂ©lection de Trump en 2016 qui ont fait naĂźtre cette sĂ©rie. On dĂ©couvre que des individus et des groupes en lien avec la Russie ont menĂ© une vĂ©ritable campagne de dĂ©sinformation pour influer sur lâopinion des Ă©lecteurs amĂ©ricains. Les mĂȘmes acteurs ont usĂ© des mĂȘmes armes durant le Brexit. Et les moyens mis en Ćuvre sont vertigineux !
Jâai pu rencontrer des lanceurs dâalerte, des journalistes dâinvestigation et des hackers appelĂ©s hacktivistes, ceux qui se servent de leur savoir pour de bonnes causes. Tout cela a ouvert le cadre de mon histoire. Il suffisait de tirer le fil.
Avant mĂȘme que Vladimir Poutine ne dĂ©cide de dĂ©clencher sa guerre dâinvasion, le dĂ©cor Ă©tait plantĂ©. Le nom du dictateur de cette saga, Loutchine, est dâailleurs un mĂ©lange de Poutine et de Loukachenko.
LâactualitĂ© brĂ»lante ne vous donne-t-elle pas envie dâĂ©crire une suite, alors quâune sĂ©rie tĂ©lĂ© est en Ă©criture sur cette saga ?
Jây rĂ©flĂ©chis beaucoup effectivement. Il y a de la matiĂšre. Tout est suspendu Ă lâissue de la contre-offensive ukrainienne et de ce qui va se passer sur le terrain. Si Poutine devait sâen sortir, ce serait un coup trĂšs dur, lâentrĂ©e dans une pĂ©riode encore plus sombre. Sâil tombe, ce que je souhaite de tout mon cĆur, deux peuples seront libĂ©rĂ©s, les Ukrainiens bien sĂ»r, mais le peuple russe Ă©galement. Les dictateurs se sentiront moins forts, je ne donne pas cher de la peau de Loukachenko si Poutine perd sa guerre. LâEurope en sortira encore plus renforcĂ©e. Les rĂ©volutions sont contagieuses. Câest bien ce qui fait trembler les autocrates. Quant Ă lâadaptation en sĂ©rie tĂ©lĂ©, jâai eu le bonheur de recevoir un jour un appel de M. Costa Gavras, enthousiaste aprĂšs la lecture des 3 tomes. Il mâa dit : « jâai passĂ© les derniĂšres 48 heures avec vous » et je lui ai rĂ©pondu, que son cinĂ©ma mâavait nourri depuis 40 ans. Lâadaptation est en cours. Aucune date nâest encore fixĂ©e. Comme mâa dit Steven Spielberg, que jâai eu la chance de rencontrer, lors de lâadaptation de mon premier roman : « Le seul moment oĂč on est sĂ»r quâun film se fera, câest le jour oĂč on peut prendre un billet pour aller le voir en salle. »
GRAND ĂCRAN
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CADRAGE 16
Jâai grandi en Ă©tant nourrie au cinĂ©ma amĂ©ricain. JesuisfascinĂ©eparletravaildu rĂ©alisateur David Fincher, avec lequel je rĂȘverais de tourner. Il a une façon unique de faire monter la tension. Dans un registre totalement diffĂ©rent, John Cassavetes mâa procurĂ© de grands moments dâĂ©motion en tant quâacteur et rĂ©alisateur. En particulier avec son film « Opening Night », oĂč il met en scĂšne sa muse Gena Rowlands, qui est devenue mon modĂšle. Parmilesactricesactuelles,Kate Winslet est celle qui me fait le plusfrissonner.Achaquefoisque je la vois jouer, jâai lâimpression dâapprendrequelquechose.
SOFIA ESSAĂDI
UNE ACTRICE QUI BOUSCULE LES ĂTIQUETTES
RĂ©vĂ©lĂ©e Ă 19 ans par la Star Academy, Sofia EssaĂŻdi sâaffirme comme une artiste multi facette, Ă lâamĂ©ricaine, aussi Ă lâaise en chanteuse, musicienne, danseuse ou comĂ©dienne. Depuis 20 ans, Ă force de travail, la belle franco-marocaine sâest fait une place enviable au cinĂ©ma et Ă la tĂ©lĂ©vision.
Sofia EssaĂŻdi a la beautĂ© solaire des trentenaire Ă©panouies, qui vivent leurs passions Ă fond. TĂ©lĂ©films, sĂ©ries, cinĂ©ma, elle ne cesse dâenchaĂźner les projets et plateaux de tournage. Câest Ă peine si elle a eu le temps de faire un stop au Studio Harcourt, pour une sĂ©ance trĂšs glamour. « Jâai Ă©tĂ© impressionnĂ©e par le travail et lâĂ©nergie dĂ©ployĂ©e pour rĂ©aliser ces images. Pendant la sĂ©ance, il y avait une danse constante entre la personne qui s'occupe de la lumiĂšre et le photographe. En gĂ©nĂ©ral, c'est plutĂŽt la personne photographiĂ©e qui propose des mouvements, des poses. CâĂ©tait une expĂ©rience inĂ©dite pour moi », sâenthousiasme Sofia.
Elle est lĂ , nimbĂ©e de lumiĂšre, fragile et puissante dans le savant clair-obscur. On a peine Ă se souvenir de la jeune femme timide de 19 ans que lâon avait laissĂ©e un soir dâhiver, Ă la sortie du chĂąteau de la Star Academy. Deux dĂ©cennies ont passĂ©. La jeune fille de Casablanca qui fĂȘtera ses 40 ans lâannĂ©e prochaine, sâest mĂ©tamorphosĂ©e. Elle a gagnĂ© en assurance, sans perdre son Ă©nergie, sa fraĂźcheur, son optimisme.
« Il y a des artistes qui, Ă dix-neuf ans, se connaissent dĂ©jĂ et sont connectĂ©s Ă eux-mĂȘmes. Je pense en particulier Ă la chanteuse AdĂšle. Et puis il y en a dâautres qui nâont pas encore fini de se construire. Câest mon cas. Il mâa fallu des annĂ©es, et beaucoup de travail personnel, pour acquĂ©rir de la maturitĂ©, apprendre Ă mieux me connaĂźtre ». Et de rajouter, « Depuis mes dĂ©buts Ă la Star Academy, jâai toujours eu envie de dĂ©couvrir de nouveaux horizons artistiques. Je pense que câest important de se renouveler et de se challenger. Jâaime la musique, le théùtre, la danse, le cinĂ©ma⊠Ce sont des formes dâexpression diffĂ©rentes mais complĂ©mentaires. Je nâai pas de prĂ©fĂ©rence. Je choisis mes projets en fonction de mon envie et du message que je veux transmettre. »
« Je ne me suis jamais vraiment fixĂ© de limites. Ce sont les autres qui m'en ont mises. En France, c'est un peu compliquĂ© d'avoir plusieurs envies. En AmĂ©rique, câest beaucoup mieux acceptĂ©. Certains journalistes m'ont demandĂ© pendant longtemps si je me cherchais, si jâĂ©tais perdue. En vĂ©ritĂ©, je mâamuse, en passant d'un univers Ă
un autre. C'est ainsi que j'imagine ma carriÚre, jusqu'au bout. »
Sofia EssaĂŻdi Ă©voque ensuite quelques moments forts. Ces tournages et Ă©changes sur les plateaux qui lui donnent de lâĂ©nergie et la confortent dans la façon dont elle pilote ses rĂŽles et ses choix. « Nous venons de boucler le tournage du film « Antigang la relĂšve » de Benjamin Rocher, avec Alban Lenoir, Jean Reno et CassiopĂ©e Mayance. Une suite au film du mĂȘme Benjamin Rocher de 2015. CâĂ©tait ma premiĂšre comĂ©die et je suis trĂšs heureuse d'avoir participĂ© Ă ce film qui devrait sortir dâici la fin de lâannĂ©e sur Disney+. Cela faisait un moment que je voulais me frotter Ă ce genre dĂ©calĂ© et ça m'a donnĂ© envie d'y retourner. LĂ jâĂ©tais dans un rĂŽle de policiĂšre. Mais je nâexclus pas de jouer un jour le rĂŽle dâune mĂ©chante (rire). » Quelques jours aprĂšs cet entretien, Sofia attaquait le tournage dâune nouvelle adaptation de « La Peste », dâAlbert Camus. Une dystopie transposĂ©e en 2029, dans un monde en pleine pandĂ©mie. « Câest un projet ambitieux, pilotĂ© par Antoine Garceau pour France 2. Je joue le rĂŽle de Laurence, une journaliste dâinvestigation qui va enquĂȘter sur les origines de la maladie et sur la responsabilitĂ© des autoritĂ©s. Câest un personnage courageux, intĂšgre et dĂ©terminĂ©, qui va se retrouver au cĆur dâun complot et dâune lutte de pouvoir. Elle Ă©volue dans une sociĂ©tĂ© oĂč rĂ©sonnent les craintes et prĂ©occupations actuelles : crise sanitaire, Ă©cologique, sociale, politique⊠LâĂ©pidĂ©mie de peste dĂ©crite dans le roman initial va devenir un variant de lâĂ©pisode le plus meurtrier de lâhistoire. »
Travelling avant. Nous voilĂ il y a une annĂ©e Ă Cannes. Alors que le festival retrouve cette annĂ©e un format proche de celui dâavant Covid, Sofia EssaĂŻdi se souvient de sa montĂ©e des marches avec lâĂ©quipe du film « Nostalgia » de Mario Martone. « CâĂ©tait vraiment un moment magique, hors du temps. Quelques minutes avant, nous Ă©tions en train de danser comme deux gamins, Mario et moi, entraĂźnĂ©s par une super musique. Sans aucun complexe. Je me disais que c'Ă©tait formidable d'avoir quelqu'un qui ne se prend pas au sĂ©rieux, qui est juste dans l'instant prĂ©sent. Cela mâa rappelĂ© la fĂȘte de fin de tournage Ă Naples. »
LES RĂALISATEURS AVEC LESQUELS ELLE RĂVE DE TOURNER
« J'adorerais travailler avec Emmanuelle Bercot. J'espĂšre qu'un jour j'aurai la chance de croiser son chemin, parce que j'aime vraiment ce quâelle fait. J'aime son authenticitĂ©. J'aime la façon dont elle dĂ©ploie son humanitĂ©. Je rĂȘve Ă©galement et pour des raisons diffĂ©rentes, dâĂȘtre dirigĂ©e par Jacques Audiard, Claude Lelouch, Alice Winocour, qui met en scĂšne des femmes fortes, Ă la fois courageuses et fragiles, ou encore Albert Dupontel. A chaque fois que
ce dernier fait un film, il nous emmĂšne vraiment dans des Ă©motions et paysages intĂ©rieurs surprenants. Et puis je suis fan dâEric Toledano et Olivier Nakache. Jâai la chance de connaĂźtre leur travail depuis leur dĂ©but. Ils rĂ©alisent des films Ă la fois sensibles, authentiques et accessibles. Du cinĂ©ma qui donne du plaisir et des pĂ©pites comme « Intouchables », « Le Sens de la fĂȘte », « Hors normes ». Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans le jeu, jâaime ĂȘtre cadrĂ©e, mais j'aime aussi l'inverse. J'aime
quand tout d'un coup, il y a une totale libertĂ©. J'ai dĂ©couvert cela avec la rĂ©alisatrice israĂ©lienne, Michale Boganim, lors du tournage de « Tel Aviv, Beyrouth ». Elle vous laisse une totale libertĂ© de propositions et d'espace. Je me rappelle qu'elle me disait « Fais ce que tu veux. Je me dĂ©brouillerai, je mâadapterai. » C'Ă©tait une expĂ©rience rare, extraordinaire. »
CADRAGE
Sofia EssaĂŻdi fĂȘtera ses 40 ans lâannĂ©e prochaine. En deux dĂ©cennies, elle a rĂ©alisĂ© dĂ©jĂ beaucoup de ses rĂȘves mais nâa pas encore tout exprimĂ©.
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Texte : Olivier Bonnefon
CLAIR OBSCUR 18
On voulait changer le monde. Câest le monde qui nousachangĂ©s.Maisonsâest bien amusĂ©s. On a vĂ©cu notre vie comme un roman. On a vĂ©cu avec talent ». En 2005, Thierry Ardisson se met Ă table dans « Confession dâun Babyboomer » (Flammarion), Ă©crit avec Philippe Kieffer. LesBoomersnâontpasencore Ă©tĂ© mis Ă lâindex. Il dĂ©balle tout : ses racines italoprovençales, son enfance pleine dâennui, ses rĂȘves et dĂ©rapages dâadolescent et de jeuneadulte,lesvoyagesdans lespalaces,sapĂ©riodejunkie, la nuit, les excĂšs. Au dĂ©tour dâunepage,onyapprendĂ©galement quâen latin, Ardisson signifie « grande gueule », on sâenseraitdoutĂ©.
THIERRY ARDISSON
LE BARON NOIR DE LA TĂLĂ FAIT PARLER LES MORTS
Depuis les AnnĂ©es 80, Thierry Ardisson bouscule les codes du talk-show, mĂȘlant provocations souriantes, punchlines percutantes et concepts novateurs. Aujourdâhui, le Baron Noir du PAF redonne vie Ă Dalida, Jean Gabin ou Coluche grĂące Ă l'IA. De « Tout le monde en parle » à « HĂŽtel du Temps », Harcourt Magazine explore les audaces du MaĂźtre de lâInterview !
Texte : Olivier Bonnefon
Thierry Ardisson jongle avec les punchlines et les concepts. Sâil fallait le dĂ©finir en une phrase, on retiendrait forcĂ©ment cette maxime de Jacques Brel quâil cite en exergue de son livre « Confessions dâun Babyboomer » : « Il nous a fallu bien du talent pour ĂȘtre vieux, sans ĂȘtre adulte ».
Lui-mĂȘme a beaucoup Ă©crit : des romans, des interviews, des slogans publicitaires, des pitchs et quelques aphorismes : « Il faut vivre sa vie comme on aimerait la raconter ». Pas mal, comme programme !
Le roi de la provocâ nâen est pas moins esthĂšte et dandy, il cite Ă lâenvie, cette sentence de Maurice BarrĂšs : « Tout obtenir, pour pouvoir tout mĂ©priser ». Le luxe de ceux qui ont touchĂ© du doigt leur rĂȘveâŠ
En ce mois dâavril 2023, Thierry Ardisson est confortablement installĂ© dans le salon de maquillage du Studio Harcourt, aux lourds rideaux tendus de velours rouge. Tout de noir vĂȘtu, il sirote un Perrier tranche et consume des blondes, en regardant les photos de stars du 7e Art flotter sur les murs. Devant ses yeux mi-clos, câest un peu de son enfance et de son destin qui dĂ©filent. Comme un vieux film en Super 8. « Je suis Ă©mu dâĂȘtre lĂ . Mon pĂšre, Victor, Ă©tait fou de cinĂ©ma. CâĂ©tait sa passion, lui qui passa lâessentiel de sa vie Ă construire des ponts, des tunnels et des barrages. Il connaissait les dialogues de certains films par cĆur. Je nâoublierai jamais la fois oĂč il mâa emmenĂ© voir « Les Dix Commandements ». Quand MoĂŻse a ouvert la mer Rouge, ça mâa autant sidĂ©rĂ© que les HĂ©breux Ă lâĂ©poque (rire).
Au retour de cette sĂ©ance, il y avait du verglas sur la route de montagne oĂč lâon roulait. Soudain, la Jeep a fait une embardĂ©e et a glissĂ© Ă quelques centimĂštres dâun ravin. Je me suis mis Ă genoux et elle sâest arrĂȘtĂ©e ».
Au fil de cette enfance marquĂ©e par le spleen, lâennui, et les Ă©tudes chez les SalĂ©siens, Thierry Ardisson sâĂ©vade dans les livres et lâĂ©criture. Sur ses cahiers dâĂ©colier, il griffonne dâĂ©tranges intrigues. Il invente son propre univers.
Chez les PĂšres, il serre les dents, apprend la discipline et sâinitie Ă la foi et Ă la spiritualitĂ© catholique. Des piliers fondamentaux sur lesquels il sâappuiera toute sa vie.
« Je vis la nuit, je vis (aussi) le jour. Toute la semaine, je me couche tard, mais le dimanche matin, je me lĂšve tĂŽt : je vais Ă la messe (et jâaime ça) », dĂ©clarera t-il en 1980 dans une interview Ă Playboy.
A cette Ă©poque, le jeune Thierry dĂ©veloppe parallĂšlement certains penchants avouables, comme sa passion pour les Beatles. Dâautres un peu moins. Lors du fol Ă©tĂ© de ses 18 ans, il sâinstalle Ă Juan-les-Pins, le bac en poche, il y dĂ©couvre les plaisirs de la chair et les vertiges du monde interlope.
« Ensuite, au dĂ©but des AnnĂ©es 1970, je suis montĂ© Ă Paris, avec 50 francs en poche. Je rĂȘvais de faire fortune et conquĂ©rir la capitale. Le must pour moi, câĂ©tait dâavoir les moyens de mâoffrir des allers-retours Ă New-York en Concorde ». Thierry Ardisson Ă©crit bien. Il a du style, des idĂ©es. « Comme disait Serge Gainsbourg, jâai retournĂ© ma veste, elle Ă©tait doublĂ©e de vison. En attendant la consĂ©cration comme Ă©crivain, je suis devenu concepteur-rĂ©dacteur dans la publicitĂ©. CâĂ©tait bien payĂ©. Cela mâa beaucoup appris pour la suite ».
Chez les Mad Men de la capitale, le jeune homme pressĂ© devient un wonder boy, gagnant notamment la confiance de Bill Tragos, le T de lâagence TBWA. Il apprend Ă rentrer dans la tĂȘte des gens, avec des slogans entĂȘtants, que ne renierait pas le crĂ©ateur de Publicis, Marcel BleusteinBlanchet (« Du bon, du beau, Dubonnet ») « Vas-y Wasa », « Ovomaltine, câest de la dynamite », « Quand câest trop, câest Tropico », « Lapeyre, yâen a pas deux », sont autant de pĂ©pites signĂ©es Ardisson.
« Jâai trouvĂ© la plupart de ces concepts dans mon bain, aprĂšs avoir fumĂ© un joint. CâĂ©tait cool (rire) ! Mais au bout dâun certain temps, jâai commencĂ© Ă tourner en rond. Je mâĂ©tiolais. A force de vendre du fromage blanc, jâavais du yaourt dans la tĂȘte. Mon obsession restait lâĂ©criture. Mes maĂźtres penser : Paul Morand pour le style et Philip K. Dick pour lâimaginaire ». Un soir, Thierry Ardisson sort bouleversĂ© dâune sĂ©ance de cinĂ©ma aprĂšs avoir vu « More », le classique de Barbet Schroeder. « Le refus des valeurs conventionnelles, le rejet dâune sociĂ©tĂ© matĂ©rialiste, lâerrance, la came, lâamour, la bande originale de Pink Floyd. Jâai pris tout ça dans la gueule comme un message personnel. Il Ă©tait temps de larguer les amarres ».
MAGNĂTO SERGE âą AUTEUR-COMPOSITEUR ET COMĂDIEN
AprĂšs Ardimat, son Ă©mission la plus dingue, voici Arditube, lancĂ©e sur Youtube en coopĂ©ration avec lâINA. En accĂšs libre, elle abrite les sĂ©quences culte de lâHomme en Noir, de « Bains de Minuit » en 1987 à « Salut les Terriens » en 2019. « YouTube est devenue la meilleure chaĂźne de tĂ©lĂ©vision au monde. Arditube compte dĂ©jĂ 480 000 abonnĂ©s et a fait 91 millions de vues lâan dernier »,
se rĂ©jouit Thierry Ardisson. « On ne se contente pas de mettre des archives en ligne. Il y a un vrai travail Ă©ditorial de mise en valeur des contenus. Jâai fait de la tĂ©lĂ© comme du cinĂ©ma. Jâai passĂ© des heures Ă Ă©crire, tourner, monter, mixer des interviews. Sans cette initiative de lâINA, câest un prĂ©cieux tĂ©moignage sur une Ă©poque qui risquait de se perdre. »
De Gorbatchev ou Brad Pitt Ă une icĂŽne black transgenre, les plateaux de ces Ă©missions brillaient par leur Ă©clectisme et leur cĂŽtĂ© transgressif. « JâĂ©tais le premier Ă reprĂ©senter la rue sur le petit Ă©cran. On jouissait dâune libertĂ© totale. Maintenant, tu dis un truc de travers et tu te prends cinquante signalements Ă lâArcom ».
CLAIR OBSCUR
Au dĂ©but des AnnĂ©es 80, Ă lâĂ©poque Palace et Bains-Douches, Thierry Ardisson travaillait chez Façade, magazine chic et branchĂ© des Rich & Famous. CâĂ©tait alors trĂšs tendance de se faire tirer le portrait au Studio Harcourt. 40 ans plus tard, il s'est Ă nouveau prĂȘtĂ© au jeu.
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Il dĂ©missionne et sâexile en GrĂšce sur lâĂźle dâIos, pour y Ă©crire un premier roman personnel et baroque quâil baptise « CinĂ©moi », publiĂ© au Seuil.
« Câest lâhistoire dâun mec qui est allĂ© trop jeune au cinĂ©ma. Il ne sait plus de quel cĂŽtĂ© de lâĂ©cran il est. Woody Allen a fait mieux ensuite, avec « La Rose Pourpre du Caire ». Mais ce livre a Ă©tĂ© plutĂŽt bien reçu et a fait de moi un auteur ». Il en publiera six autres.
Thierry Ardisson tourbillonne, sâĂ©puise et touche le fond Ă plusieurs reprises. A 21 ans, il a dĂ©jĂ vĂ©cu un Ă©pisode assez rĂ©vĂ©lateur qui a failli briser cette ligne fragile, sur laquelle il avance parfois tel un funambule. Un soir, dĂ©primĂ©, il sâentaille les veines dans sa baignoire, aprĂšs une dispute avec Christiane, sa premiĂšre femme.
« Jâaurais pu y passer. CâĂ©tait un vrai suicide. Une attitude dâado tourmentĂ© qui veut vraiment en finir ». Heureusement, Christiane repasse chez lui complĂštement par hasard et le sauve. Sa bonne Ă©toile veille au grain.
« Le psychiatre que jâai consultĂ© quelques jours plus tard mâa proposĂ© dâengager une thĂ©rapie, pour « retrouver une vie normale ». Jâai rĂ©pondu : « Laissez-moi comme je suis. Je nâai aucune envie dâĂȘtre normal ». Tout est ditâŠ
« AprĂšs ça, enchaĂźne Thierry Ardisson, jâai trouvĂ© un temps, dans la drogue, une solution Ă tous mes problĂšmes dâangoisse et de spleen. Un remĂšde Ă mes failles personnelles. Quand tu prends de lâhĂ©roĂŻne, tu nâas plus envie de manger, de baiser, de sortir, de voyager, de penser. Tout se rĂ©duit Ă un petit peu de poudre blanche ». Deux ans plus tard, le retour sur terre s'avĂšre brutal. Heureusement, le pouvoir de rĂ©silience de Thierry Ardisson est phĂ©nomĂ©nal. Il passe six mois Ă se
dĂ©sintoxiquer, sans mĂ©thadone, sans traitement alternatif, en parcourant les Etats-Unis. Il revit. Mais son couple ne survivra pas Ă cette Ă©preuve. De retour Ă Paris, il redevient un publicitaire en vue et crĂ©e lâagence Business. « Comme son nom lâindique, Business ne fait pas du bĂ©nĂ©volat ». Cela reflĂšte bien lâĂ©tat dâesprit cynique et dĂ©complexĂ© des AnnĂ©es 80.
« Au lieu de me dĂ©truire jâai canalisĂ© mon Ă©nergie vers la crĂ©ativitĂ© ». Câest une pĂ©riode intense de travail, oĂč Thierry Ardisson assoit enfin sa rĂ©ussite professionnelle et personnelle.
Mais lâhomme est un Ă©ternel insatisfait. Toujours en quĂȘte dâun nouveau dĂ©fi, dâune nouvelle folie. Ă 35 ans, il se lance dans la tĂ©lĂ©vision avec « Scoop Ă la Une ». Câest la rĂ©vĂ©lation. Il enchaĂźne en crĂ©ant « Bains de Minuit », « Lunettes Noires pour Nuits Blanches ». Le dĂ©but dâune aventure, avec des Ă©missions nocturnes Ă nulle autre pareille, oĂč il se mue en baron noir du PAF. Ses talkshows sont sĂ©quencĂ©s, rythmĂ©s, branchĂ©s. Il a un ton Ă part. Il innove, ose, sâappuie sur des concepts, parfois bizarroĂŻdes, comme lâauto-interview. Il invite des DJ, Guy Cuevas, Philippe Corti. Lance Laurent Baffie, le « sniper ». Son double, aux rĂ©parties incisives.
« Jâavais un trac pas possible Ă chaque Ă©mission. Le culot a toujours Ă©tĂ© un masque, une bonne excuse. Une fois que les timides ont brisĂ© la glace, ils deviennent exubĂ©rants, provocateurs, souvent insupportables ».
Pendant trente ans, Ardisson devient lâun des rois du talk-show. « Tout le monde en parle », « Salut les Terriens » Ses Ă©missions culte abordent lâactualitĂ© façon gonzo journalisme.
« Jâai vexĂ© la terre entiĂšre. Jâavais la rĂ©putation dâĂȘtre un mĂ©chant, en fait, jâavais le trac. Aujourdâhui, je suis un homme meilleur, grĂące Ă la tĂ©lĂ© qui mâa obligĂ© de mâintĂ©resser aux autres. Je suis sorti de moi-mĂȘme », glisse-t-il, apaisĂ©.
Dans ses prĂ©cĂ©dentes Ă©missions, il avait invitĂ© Baudelaire, Victor Hugo, John Lennon sous forme de sosies grimĂ©es en personnages historiques. Mais cela ne le satisfaisait guĂšre. Avec sa toute derniĂšre Ă©mission sur France TĂ©lĂ©visions, il pousse le curseur lĂ oĂč personne nâavait encore jamais osĂ© aller. Il ressuscite les morts, grĂące Ă lâIntelligence Artificielle.
« Jâai inventĂ© ce mĂ©tavers que jâai appelĂ© « HĂŽtel du Temps ». Jây invite des stars disparues. En dĂ©couvrant le concept, oĂč je montrais Mitterrand en train de dialoguer avec Lady Di, les dĂ©cideurs ont Ă©tĂ© scotchĂ©s ! Je prĂ©cise que tout ce que les stars disparues disent ou racontent a vraiment Ă©tĂ© dit ou Ă©crit », souligne Thierry Ardisson.
MalgrĂ© le terne audimat du lancement, le concept plaĂźt artistiquement. France TĂ©lĂ©visions a signĂ© pour deux nouvelles Ă©missions. Et la Warner Bros USA vient de racheter les droits dâexploitation du concept pour le monde. « Moi qui ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans le culte dâHollywood, jâai dâabord cru que câĂ©tait un canular. Et pourtant câest vrai ! » Nul doute que ses parents Victor et RenĂ©e auraient Ă©tĂ© fiersâŠ
AprĂšs Dalida, « HĂŽtel du Temps » reviendra en juin avec Coluche, puis Jean Gabin. Tel un phĂ©nix audiovisuel, Thierry Ardisson connaĂźt Ă©galement une nouvelle jeunesse sur YouTube (lire par ailleurs). Le Baron Noir du PAF nâa aucune envie de baisser le rideau !
CLAIR OBSCUR
Devant ses yeux mi-clos, câestunpeudesonenfanceetde sondestinquidĂ©filent.Commeun vieuxfilmenSuper8.
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Jevislanuit,jevis(aussi) lejour.Toutelasemaine,jeme couchetard,maisledimanche matin,jemelĂšvetĂŽt :jevaisĂ lamesse(etjâaimeça)...
INDIA HAIR
UN FESTIVAL DE CANNES AVEC MAĂWENN ET JOHNNY DEPP
Elle nâhĂ©site pas Ă se mettre en danger et Ă sortir de sa zone de confort pour interprĂ©ter des personnages complexes et attachants. Son jeu naturel, sa voix singuliĂšre et son regard malicieux ont sĂ©duit les plus grands rĂ©alisateurs. En une dĂ©cennie, India Hair est devenue indispensable au cinĂ©ma français.
«Tout en elle est particulier et inattendu. Sa voix, sa maniĂšre de se mouvoir, son regard. Elle bouge un cil et câest passionnant. Elle ouvre la bouche et câest passionnant. Un gĂ©nie ». NoĂ©mie Lvovsky, rĂ©alisatrice de « Camille redouble » ne tarit pas dâĂ©loges sur India Hair. ClĂ©mence PoĂ©sy qui fut sa marraine lors des CĂ©sars, non plus. « Quand India joue, elle est toujours surprenante, toujours juste ». Ă peine douze ans de carriĂšre et dĂ©jĂ plus dâune trentaine de films Ă son actif. Des sĂ©ries, des projets en pagaille. Et une montĂ©e des marches en vue Ă Cannes, avec toute lâĂ©quipe de « Jeanne du Barry », le film Ă©vĂ©nement de MaĂŻwenn, hors compĂ©tition mais en ouverture, qui signe le grand retour de Johnny Depp. India Hair Ă©tonne et dĂ©tonne. Confidences⊠La jeune femme a dĂ©couvert sa passion du jeu Ă 12 ans, en classe de théùtre. « Mes grands-parents m'ont initiĂ©e au cinĂ©ma dĂšs mon plus jeune Ăąge. J'ai toujours trouvĂ© cela fascinant de pouvoir faire ressentir des Ă©motions aux autres : le rire, les larmes⊠Câest tellement important d'encourager les enfants et les adolescents Ă suivre leur passion, car cela peut les aider Ă trouver leur place dans le monde. » SĂ©ries, tĂ©lĂ©films, films⊠India Hair ne cesse de tourner. En ce dĂ©but 2023, elle est Ă lâaffiche des « Petites victoires » de MĂ©lanie Auffret, « Rien Ă perdre » de Delphine Deloget, avec Virginie Efira, et vient Ă peine dâachever le tournage de « PlanĂšte B », dâAude-LĂ©a Rapin, au cĂŽtĂ© dâAdĂšle Exarchopoulos et Souheila Yacoub. Arte diffuse actuellement « Des gens bien », de StĂ©phane Bergmans, Benjamin dâAoust et Mathieu Donck. A la rentrĂ©e, on devrait retrouver India Hair dans la sĂ©rie « Polar Park », de GĂ©rard Hustache-Mathieu, toujours sur Arte.
« Je me sens extrĂȘmement chanceuse que lâon me donne autant de travail. Pour moi, le plus grand succĂšs, c'est de pouvoir collaborer avec des crĂ©ateurs que j'admire et dont les films m'ont Ă©bloui et Ă©tonnĂ©. Faire partie de leur univers est un vĂ©ritable accomplissement ».
India Hair a pris un immense plaisir Ă jouer avec lâobjectif et les Ă©clairages des photographes du Studio Harcourt dans de sublimes tenues de la Maison Patou. Elle venait dâachever le tournage dâun film dâanticipation et se prĂ©pare Ă tourner la sĂ©rie « Les enfants sont rois », de
India Hair fait Ă©galement partie du casting prestigieux de « Jeanne du Barry », le film Ă©vĂ©nement de ce printemps 2023, qui fait beaucoup parler. « Le tournage a Ă©tĂ© une leçon de cinĂ©ma. LumiĂšre, son, dĂ©cor, maquillage, coiffure, costumes⊠Jâavais l'impression d'ĂȘtre entourĂ©e des meilleurs professionnels, des plus grands talents. Nous Ă©tions sur des sites historiques, avec beaucoup de figurants. Il faisait chaud. Il fallait ĂȘtre hyper concentrĂ©. Car on tournait avec de la vraie pellicule. Tout le monde Ă©tait Ă la tĂąche autour de MaĂŻwenn. C'Ă©tait prodigieux. Je restais souvent entre mes sĂ©quences pour observer le jeu des acteurs, notamment Johnny Depp et Pascal Greggory. ».
« C'Ă©tait un challenge dâincarner une jeune femme de lâĂ©poque de Louis XV et de jouer face Ă des acteurs de cette trempe. Tous deux ont tellement de charisme et de prĂ©sence. Johnny Depp a Ă©tĂ© vraiment adorable, super professionnel, impressionnant sans ĂȘtre intimidant. DĂšs quâil entrait sur le plateau, il se passait quelque chose. On a fait la premiĂšre scĂšne ensemble, avec les actrices qui jouaient mes sĆurs. Nous Ă©tions un peu stressĂ©es. Mais il nous a guidĂ©es. A partir de cette premiĂšre proposition, on avait l'impression d'en avoir fait beaucoup. Et il m'a rĂ©pondu avec un grand sourire : « En mĂȘme temps, c'est ça qui est excitant ! »
« Les acteurs du niveau de MaĂŻwenn, Johnny Depp, Pascal Gregory sont tellement bons, qu'il faut les Ă©couter, jouer avec eux. Et on est forcĂ©ment prĂ©sent au moment requis. GrĂące Ă la personne que lâon a en face, une grande partie du travail est fait. Quant Ă MaĂŻwenn, câest une actrice que j'admire notamment pour son jeu subtil et sa capacitĂ© Ă incarner des rĂŽles trĂšs diffĂ©rents et Ă transmettre des Ă©motions trĂšs complexes. Je lâai rencontrĂ©e dans sa direction dâacteur et jâai Ă©normĂ©ment apprĂ©ciĂ© la confiance et le cadre quâelle crĂ©e. Elle donne des indications comme des confidences. On se sent entourĂ©e et libre. HĂąte de la retrouver Ă Cannes, pour partager ce film avec le public. »
DES PARENTS ARTISTES ET UNE ENFANCE Ă LA CAMPAGNE
« Ma mĂšre est sculpteur, mon pĂšre est cĂ©ramiste. J'ai grandi en les voyant crĂ©er au quotidien. Jâai appris que je pouvais moi aussi devenir artiste. Que c'Ă©tait un mĂ©tier difficile, avec des hauts et des bas, mais quâil Ă©tait concret et rĂ©alisable. Avoir le soutien de ma famille a Ă©tĂ© un trĂ©sor inestimable lorsque j'ai voulu devenir actrice. Je n'ai pas rencontrĂ© de frein. C'Ă©tait du domaine du possible. Cela m'a donnĂ© la confiance nĂ©cessaire pour poursuivre mes rĂȘves. Et si cela
nâavait pas fonctionnĂ©, jâaurais toujours pu donner des cours de théùtre ou me lancer dans une activitĂ© artisanale, quelque chose de concret. Je pense qu'il est important de persĂ©vĂ©rer, garder la foi en soimĂȘme et en son travail. Et surtout, rester curieux, s'ouvrir Ă diffĂ©rentes formes d'art et ne jamais cesser d'apprendre.
Vivre dans un petit village en Touraine, avec une enfance trÚs libre, a été une expérience formidable.
Nous avions la libertĂ© d'explorer les marais, le lavoir, le dolmen. CâĂ©tait une expĂ©rience trĂšs forte, qui m'a donnĂ© un lien intime avec la nature. Aujourdâhui, je vis Ă la campagne dans la Sarthe, dans une maison passive, avec mon compagnon et mes enfants. LâĂ©cologie est pour moi une cause essentielle. Je n'ai pas d'engagements publics mais cela fait partie de mon quotidien ».
CONTRASTE
Texte : Olivier Bonnefon
Sébastien Marnier et Léopold Legrand.
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FRANĂOIS-XAVIER DEMAISON
DE LA FINANCE Ă LA COMĂDIE
Au Studio Harcourt, François-Xavier Demaison a posĂ© dans une mise en scĂšne toute personnelle, pour le making-off, en sous-vĂȘtements et impermĂ©able. Une improvisation pleine dâimpertinence que nous vous ferons dĂ©couvrir prochainement, entre « Stan the flasher », film de Serge Gainsbourg avec Claude Berri et « La PanthĂšre Rose », classique de Blake Edwards
Il a Ă©tĂ© avocat fiscaliste Ă New York. Il a incarnĂ© Coluche au cinĂ©ma. Il est passionnĂ© de théùtre et vigneron. Il est lâune des personnalitĂ©s du spectacle les plus apprĂ©ciĂ©es des Français. MalgrĂ© un emploi du temps de ministre, FrançoisXavier Demaison a pris le temps de se faire tirer le portrait au Studio Harcourt.
Texte : Olivier Bonnefon
Elleauntelaccentquejâaiparfoislâimpressiondecoucher avec Francis Cabrel ». François-Xavier Demaison adore taquiner sa femme AnaĂŻs, une pure Cathare. Câest elle qui lâa amenĂ© dans les PyrĂ©nĂ©es-Orientales, lui a fait dĂ©couvert le vignoble. MariĂ© en 2019, le couple a eu le bonheur dâaccueillir une petite Louise Ă lâautomne 2022.
François-Xavier Demaison est entrĂ© dans la lĂ©gende Harcourt uniquement vĂȘtu dâun caleçon et dâun impermĂ©able. Une mise en scĂšne dĂ©calĂ©e, Ă©bouriffante, Ă son image, que nous garderons prĂ©cieusement pour un making off. « Cette sĂ©ance Ă©tait une parenthĂšse enchantĂ©e. Câest impressionnant de rejoindre toutes ces Ă©toiles en noir et blanc », confie avec un petit sourire espiĂšgle lâintĂ©ressĂ©. Comme un gamin dans une confiserie, il a pu admirer les portraits des comĂ©diens accrochĂ©s aux murs. Jean Gabin, MarlĂšne Dietrich⊠Mais il nâa dâyeux que pour Jean-Paul Belmondo, son idole absolue. Bon vivant, truculent, François-Xavier Demaison sâinscrit dans la lignĂ©e des Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Yanne, Philippe Noiret ou Claude Brasseur. Des durs au cĆur tendre, amoureux des bons mots, des bons plats, et trĂšs pince-sans-rire.
« Si câĂ©tait Ă refaire, je pense que je ne changerais rien. Mon parcours fait tellement partie de moi mĂȘme dĂ©sormais. Je suis un homme heureux, parce que je fais ce que jâaime et que je nâai pas peur de me rĂ©inventer », enchaĂźne ce presque quinquagĂ©naire (il soufflera ses 50 bougies le 29 septembre prochain), qui aurait pu passer totalement Ă cĂŽtĂ© de sa vocation.
AprĂšs des dĂ©buts prometteurs dans la classe libre du Cours Florent, il se dĂ©gonfle et sâembarque dans un cursus de premier de la classe : maĂźtrise de droit, Sciences Po Paris, DESS de droit fiscal⊠A la clef, un poste Ă New-York au sein du cabinet Pricewaterhouse Coopers.
Trois ans plus tard, on est le 11 septembre 2001. En route pour son bureau de Manhattan, oĂč il jongle avec le fisc pour le compte de richissimes multinationales, tout en Ă©crivant quelques sketches Ă temps perdu, François-Xavier Demaison assiste, tĂ©tanisĂ© Ă la chute des Twin Towers du World Trade Center. « Jâai perdu des collĂšgues, des amis et mes illusions. Ce choc cathartique mâa fait prendre conscience de la fragilitĂ© de la vie. Jâai rĂ©alisĂ© aussi que jâavais endossĂ© un costume qui ne mâallait pas ». BouleversĂ©, il dĂ©cide de dĂ©missionner et rentre Ă Paris afin de rĂ©aliser son rĂȘve dâenfant : devenir
comĂ©dien pour brĂ»ler les planches. Il crĂ©e sans filet et interprĂšte son premier one-man-show le 2 dĂ©cembre 2002, dans lequel il raconte avec humour et Ă©motion son parcours atypique. PrĂ©sent dans la salle, le comĂ©dien Samuel Le Bihan est emballĂ©. Il dĂ©cide de le produire. Les spectacles sâenchaĂźnent. En 2006, FX reçoit le prix SACD Nouveau Talent Humour. Deux ans plus tard, il se fait remarquer au cinĂ©ma dans le biopic « Coluche : lâhistoire dâun mec », rĂ©alisĂ© par Antoine de Caunes. Long mĂ©trage centrĂ© sur le coup dâĂ©clat de lâhumoriste, lors de lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 1981. FX se prĂ©pare façon Actorâs Studio. Il prend 14 kilos pour le rĂŽle, travaille sa voix, peaufine son jeu avec des coachs. Il est nommĂ© aux CĂ©sars 2009 dans la catĂ©gorie « meilleur acteur ». « Jâai eu la chance dâendosser rapidement un rĂŽle magnifique, qui mâa permis dâexprimer tout ce que je pouvais faire. Les gens ont vu que câĂ©tait ma place dâĂȘtre sur scĂšne. Que jâĂ©tais un acteur qui sâĂ©tait Ă©garĂ© chez les fiscalistes et non le contraire ».
PrĂšs dâune quarantaine de films plus tard, FrançoisXavier Demaison a touchĂ© Ă tous les genres : la comĂ©die ( « Tellement proches », « LâArnacĆur » ), le drame ( « La Chance de ma vie » ). Le social ( « La syndicaliste » ). Mais câest au théùtre quâil exprime pleinement sa passion, jouant dans des piĂšces classiques ( « Le Dindon » de Feydeau) ou contemporaines ( « Par le bout du nez », de Mathieu Delaporte et Alexandre de la PatelliĂšre).
Amateur de bonnes bouteilles, il possĂšde une vigne en Languedoc oĂč il produit du vin bio sous le nom de Domaine Demaison. « Jâen suis Ă mon quatriĂšme millĂ©sime. Câest un mĂ©tier compliquĂ©, liĂ© aux alĂ©as climatiques. Pour faire du bon vin aujourdâhui, il faut beaucoup dâhumilitĂ©. Le millĂ©sime 2022 a Ă©tĂ© trĂšs bien. 2021 catastrophique. Vous vous rendez compte quâaujourdâhui, on vendange les blancs en aoĂ»t ! »
Cette aventure de vigneron lui a inspirĂ© un one-man show. « Je me raconte Ă travers dix bouteilles qui ont marquĂ© ma vie. Une machine Ă remonter le temps oĂč le vin sert de fil rouge pour Ă©voquer des tranches de vie : mon enfance chez mes grands-parents ; le repas de fĂȘte au restaurant, le jour de mon bac ; New-York⊠Câest goĂ»teux et le public en redemande. »
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EN BONNE COMPAGNIE AU THĂĂTRE DE LâĆUVRE
Depuis huit ans, François-Xavier Demaison dirige le Théùtre de LâĆuvre avec Kim Poignant et BenoĂźt Lavigne, vieille institution fondĂ©e en 1893. Il y succĂšde Ă Jean-Louis Barrault, Pierre Franck ou Georges Wilson. Drame, music-hall, comĂ©die, stand-up⊠il en a fait un « espace de crĂ©ation et de partage, exigeant et Ă©clectique ». Avec des auteurs et metteurs en scĂšne de renom, comme Florian Zeller, Yasmina Reza ou Alexis Michalik. Des jeunes talents, comme Baptiste Lecaplain. On y retrouve actuellement Sylvie Testud dans « Tout le monde le savait », MoliĂšre du seul en scĂšne, MichaĂ«l Hirsch, « Je pionce donc je suis » ainsi
que « Smile », Ă©tonnante piĂšce « en noir et blanc » sur Charlie Chaplin. Daniel Auteuil sây donnera en concert en janvier.
François Xavier Demaison y a rĂŽdĂ© son quatriĂšme spectacle, « Di (x) vin (s) », coĂ©crit avec Eric ThĂ©obald, dans lequel il mĂȘle humour et passion du vin. Une tournĂ©e est prĂ©vue avant des reprĂ©sentations Ă Paris en dĂ©cembre et janvier. « Jâaime la scĂšne. Jây retrouve mes racines » confie François-Xavier Demaison qui a suivi, dans sa prime jeunesse, la classe libre du cours Florent, oĂč il a cĂŽtoyĂ© Gad Elmaleh ou Audrey Tautou.
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Si je rencontrais JosĂ©phineBakeraujourdâhui, je lui dirais bravo pour son engagement, son courage, sa gĂ©nĂ©rositĂ©, toutes les causes quâelle a dĂ©fendues. Toutes les barriĂšres quâelle a fait tomber. Pendant la guerre, elle sâest mĂȘme engagĂ©e dans la RĂ©sistance aulieudefuirauxĂtats-Unis. Câest lâune de mes modĂšles et de mes sources dâinspiration, notamment dans la reconnaissance des artistes de couleur. Jâai eu la chance de lâincarner au cinĂ©ma dans «MidnightinParis».Untout petit rĂŽle. Mais Woody Allen y tenait. Jâai adorĂ© et jâai Ă©tĂ© fiĂšredâentrerdanslapeaude cepersonnage.
SONIA ROLLAND
SES MILLE ET UN RĂVESâŠ
NĂ©e Ă Kigali, au pays des mille collines, Sonia Rolland a dĂ©ployĂ© ses ailes aprĂšs son titre de Miss France pour rĂ©aliser ses rĂȘves les plus fous. Actrice, productrice, rĂ©alisatrice, Ă©gĂ©rie Guerlain, femme engagĂ©e, cette belle Ăąme a signĂ© « Un destin inattendu », un film envoĂ»tant, largement inspirĂ© de sa propre vie.
SSonia Rolland est entrĂ©e dans la lumiĂšre Ă 19 ans, un soir de dĂ©cembre 1999, en devenant la Miss France de lâan 2000. Cette histoire, qui a inspirĂ© son premier film, fut loin dâĂȘtre un conte de fĂ©e. Aujourdâhui, les Français craquent pour son charme insolent, sa sensibilitĂ© rare. Sa beautĂ© solaire a sĂ©duit Mixa et Guerlain, dont elle est lâune des Ă©gĂ©ries. Et elle tourne devant et derriĂšre la camĂ©ra. Elle sâest confiĂ©e depuis la Martinique, oĂč elle joue dans la cinquiĂšme saison de « Tropiques criminels », sĂ©rie Ă succĂšs de France TĂ©lĂ©vision.
France 2 avance de quatre mois la diffusion de la saison 4 de « Tropiques criminels », câest une belle reconnaissance, non ? Super nouvelle en effet. Cette sĂ©rie cartonne Ă chaque diffusion sur France 2 et marche bien Ă©galement en streaming. On en est dĂ©jĂ Ă la cinquiĂšme saison, que jâenregistre jusquâen juin. Ce succĂšs tient Ă la qualitĂ© des intrigues qui sâĂ©toffent. Les auteurs ont bien travaillĂ© (sourire). Mon personnage de Melissa et celui de GaĂ«lle, interprĂ©tĂ© par BĂ©atrice De La Boulaye, deviennent plus complexes. On dĂ©couvre petit Ă petit leurs vies sentimentales, leurs petits secrets.
Un autre ingrĂ©dient du succĂšs de « Tropiques criminels » est la complĂ©mentaritĂ© du duo que nous formons, BĂ©atrice De La Boulaye et moi-mĂȘme. Elle est un peu le poil Ă gratter de lâĂ©quipe. Et moi je suis sa supĂ©rieure hiĂ©rarchique totalement barrĂ©e (rire). On se dĂ©teste autant quâon sâadore. On forme un peu un duo façon « Amicalement vĂŽtre ».
Cela ne vous replonge t-il pas dans le souvenir de la série Léa Parker ?
LĂ©a Parker mâa accompagnĂ©e pendant 2 ans et 50 épisodes de 52 minutes. Ce nâest pas rien ! Personne ne me proposait autre chose Ă lâĂ©poque. JâĂ©tais enfermĂ©e dans mon image de reine de beautĂ©. Je rĂȘvais de films dâauteurs avec Arnaud Desplechin, Anne Fontaine, AgnĂšs Varda. Je voulais aborder des rĂŽles qui me mettent en danger et me permettent dâexplorer une palette de jeu plus large que celui dâune jeune femme sentimentale et amoureuse. Jean Marbeuf, Raoul Peck, Bertrand Tavernier, mâont donnĂ© cette chance.
Une sixiÚme saison de « Tropiques criminels » est-elle prévue ?
Objectivement, je pense que lâon a le potentiel pour tenir
LA PASSION DE LâENGAGEMENT
en haleine les gens pendant encore deux ans. AprĂšs sept saisons, on risque de sâessouffler. La sĂ©rie mĂšne Ă©galement une belle carriĂšre Ă lâĂ©tranger en Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne et mĂȘme au Japon. Au niveau tournage, les conditions sont assez strictes. Nous avons neuf Ă dix jours maximum pour boucler chaque Ă©pisode, trois prises maximum par scĂšne. Il faut ĂȘtre endurant, instinctif, rester bien concentrĂ©.
Vous venez de boucler « Un destin inattendu ». Ce projet est presque le film de votre vie ! Jâai portĂ© ce film pendant six ans. Au dĂ©part, il Ă©tait destinĂ© au cinĂ©ma. Et puis avec le confinement, tout sâest arrĂȘtĂ©. Jâai rachetĂ© et rĂ©cupĂ©rĂ© le projet avec ma maison de production. Sur les conseils de France TĂ©lĂ©vision, je me suis associĂ©e avec Harold Valentin, qui produit la sĂ©rie « Dix pour cent ». Je suis donc Ă la fois co-productrice, coscĂ©nariste et rĂ©alisatrice du projet, ce qui est assez rare Ă la tĂ©lĂ©vision.
Mes prĂ©cĂ©dents tournages mâont servi dâĂ©cole de cinĂ©ma. Je passais mes journĂ©es Ă apprendre pourquoi on mettait la camĂ©ra comme ça. Pourquoi la lumiĂšre Ă©tait là ⊠Un jour, un chef opĂ©rateur mâa dit : « tu devrais te lancer dans la rĂ©alisation, parce que tu aimes trop la technique ». Jâai co-Ă©crit le scĂ©nario avec Fadette Drouard, qui avait accompagnĂ© Grand Corps Malade dans lâĂ©criture de son film « Patients ».
Lâhistoire est inspirĂ©e de celle de la petite kamikaze franco-rwandaise fan de basket et de rap, devenue Miss France (rire) ⊠Totalement (rire), Nadia fait presque tout comme moi. Sauf quâelle habite Ă AngoulĂȘme en Poitou-Charentes et non Ă Cluny en Bourgogne.
Jâaborde, bien sĂ»r, toutes les problĂ©matiques que jâai rencontrĂ©es : le racisme, la discrimination sociale, le dĂ©passement de soi autour du destin de Nadia. Esther Rollande que jâai choisie pour le rĂŽle a Ă©tĂ© fulgurante. Elle est bien servie par Thierry Godard qui joue son papa et Mata Gabin qui joue sa maman, mais aussi ClĂ©mentine CĂ©lariĂ©, qui incarne un personnage proche de celui de GeneviĂšve de Fontenay, sans tomber dans la caricature. Il sâest vraiment passĂ© de trĂšs belles choses sur ce tournage. Et jâai hĂąte de prĂ©senter le film dans les festivals cet Ă©tĂ©, puis sur France TĂ©lĂ©visionâŠ
Sonia Rolland a ĆuvrĂ© pendant 22 ans au Rwanda, dans le cadre de lâassociation « MaĂŻsha Africa », quâelle a fondĂ©e en 2001 avec sa mĂšre. En swahili, ce nom signifie « le droit de vivre en Afrique ». « Lâassociation a Ă©tĂ© initialement créée pour venir en aide aux enfants dĂ©favorisĂ©s et aux plus de 600.000 orphelins, victimes des dramatiques Ă©vĂ©nements de 1994. « Beaucoup ont pu ainsi prendre
leur envol », souligne Sonia. GrĂące aux fonds rĂ©coltĂ©s, « MaĂŻsha Africa » a pu participer Ă la construction de centres dâaccueil, dâĂ©quipements mĂ©dicaux et dâhabitations. En 2022, lâaventure sâest achevĂ©e avec un don au service de nĂ©onatalogie de lâhĂŽpital de Kigali. Sonia Rolland sâest Ă©galement mobilisĂ©e contre le racisme, dont elle a beaucoup souffert et dont elle
tĂ©moigne dans les livres « Les gazelles nâont pas peur du noir » (Michel Lafon) ou « Noire nâest pas mon mĂ©tier », coĂ©crit avec AĂŻssa MaĂŻga (Ă©ditions du Seuil). Elle a dĂ©fendu la cause des femmes et des minoritĂ©s, rĂ©alisĂ© ou corĂ©alisĂ© plusieurs documentaires : « Rwanda, du chaos au miracle » (2014), « HomosexualitĂ©, du rejet au refuge », « Femme du Rwanda » (2018).
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Texte : Olivier Bonnefon
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Sonia Rolland est un rĂȘve pour tout photographe. Lâharmonie de son visage, lâĂ©nergie et la sĂ©rĂ©nitĂ© quâelle dĂ©gage, sâexpriment pleinement dans ce portrait qui fait Ă©cho Ă celui de JosĂ©phine Baker, ellemĂȘme immortalisĂ©e au Studio Harcourt il y a plus de 70 ans.
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Aussi Ă lâaise en baskets que pieds nus, Esther Bernet-Rollande joue avec naturel et Ă©lĂ©gance face Ă lâobjectif du Studio Harcourt, dans ses tenues prĂ©fĂ©rĂ©es. Nullement impressionnĂ©e par le cadre un peu solennel, elle Ă©clabousse de son charme cette sĂ©quence dĂ©licieusement glamour
Depuis toujours, je suis attirĂ©eparlâart.JâĂ©cris,jejoue du violon alto. Plus jeune, jâai faitdeladansecontemporaine auconservatoire.Jepenseque jetienscettefibreartistiquede mongrand-pĂšre.
ESTHER ROLLANDE
ATTENTION, TALENT BRUTâŠ
RĂ©vĂ©lĂ©e dans « Les Meilleures », de Marion DesseigneRavel - lâhistoire dâun coup de foudre entre deux filles dâune citĂ© parisienne - Esther Bernet-Rollande est nĂ©e pour flirter avec la camĂ©ra. Cette comĂ©dienne instinctive irradie de son talent le premier film de Sonia Rolland, « Un destin inattendu ».
Elle est nĂ©e Ă Rodez, dâune mĂšre Aveyronnaise et dâun pĂšre dâorigine BerbĂšre, quâelle nâa jamais connu. Un dĂ©tonnant mĂ©lange qui lui a donnĂ© un visage de madone, façon Anouk AimĂ©e. A chaque apparition, Esther BernetRollande crĂšve lâĂ©cran. Cette magnifique brune incarne la jeunesse dâaujourdâhui, rebelle, bosseuse, curieuse et dĂ©complexĂ©e. La justesse et la spontanĂ©itĂ© de son jeu Ă©patent les rĂ©alisateurs et charment les spectateurs. A peine ĂągĂ©e de 22 ans, elle est dĂ©jĂ au gĂ©nĂ©rique de trois films, plusieurs clips, ainsi que du pilote dâune sĂ©rie encore confidentielle. MoteurâŠ
Vos dĂ©buts Ă lâĂ©cran dans le film « Les Meilleures », de Marion Desseigne-Ravel, ont vraiment impressionnĂ©. Vous attendiez-vous Ă connaĂźtre un tel accueil ?
Jâai eu trĂšs tĂŽt le goĂ»t du jeu, lâenvie de me mettre dans la peau des autres. Enfant, jâaimais observer les gens, tenter de deviner leurs pensĂ©es, rentrer dans leurs tĂȘtes. CâĂ©tait mon passe-temps favori, notamment dans le mĂ©tro (rire). En 2018, aprĂšs mon Bac S, jâai Ă©tĂ© admise en cursus de théùtre Ă la Sorbonne Nouvelle. Câest la seule fac qui mâa acceptĂ©e (sourire). Jâai fait trois mois et je suis partie. CâĂ©tait trop thĂ©orique. Pourtant, câest lĂ que jâai commencĂ© Ă croire que ce mĂ©tier Ă©tait fait pour moi⊠La chance a beaucoup jouĂ© Ă©galement. RepĂ©rĂ©e sur Instagram, on
mâa engagĂ©e pour figurer dans plusieurs clips avec Fleur Copin, Calogero, Bon Entendeur. Il manquait le petit coup de pouce du destin. Sur le tournage de « Tu mâas menti » de Vegedream, dirigĂ© par Pierre Win, jâai fait la connaissance de Nadhir El Arabi, frĂšre de la comĂ©dienne Lina El Arabi⊠Câest lui qui vous a prĂ©sentĂ© Ă Marion Desseigne-Ravel ? Oui. Le casting du film « Les Meilleures » Ă©tait dĂ©jĂ quasiment bouclĂ©. Mais Marion Desseigne-Ravel peinait Ă trouver la comĂ©dienne qui donnerait la rĂ©plique Ă Lina El Arabi. Le sujet de lâhomosexualitĂ© est encore trĂšs sensible. Cela freinait les candidates. Nadhir me voyait bien dans le rĂŽle et mâa recommandĂ© auprĂšs de Marion. Nâayant jamais jouĂ©, je suis allĂ©e au rendez-vous sans grand espoir. A ma grande surprise, Marion mâa rappelĂ©e une semaine plus tard, pour refaire un bout dâessai face Ă Lina. Le jour J, jâĂ©tais super stressĂ©e. Jâen ai mĂȘme oubliĂ© mon texte (rire). Mais il y a eu une entente immĂ©diate avec Lina. Deux semaines plus tard, jâĂ©tais engagĂ©e. Le tournage a Ă©tĂ© une expĂ©rience extraordinaire. Jâobservais Lina. Jâapprenais, par mimĂ©tisme. Ce rĂŽle mâa dĂ©finitivement confortĂ© dans mon dĂ©sir de faire ce mĂ©tier.
Vous avez enchaĂźnĂ© ensuite avec une sĂ©rie et deux films dont celui de Sonia Rolland. Vous y incarnez une mĂ©tisse embarquĂ©e dans lâaventure Miss France. Sonia vous a fait une belle confiance !
Sonia est inspirante, intelligente, rayonnante, gĂ©nĂ©reuse. On sâest tout de suite bien entendues, toutes les deux. Cette histoire est fortement inspirĂ©e de sa vie. Elle raconte son parcours de premiĂšre miss France dâorigine francoafricaine.
Le scĂ©nario est porteur de trĂšs beaux messages que jâai plaisir Ă transmettre. Cela parle de mĂ©tissage, de dĂ©racinement, de tolĂ©rance, de confiance en soi, de dĂ©couverte de la fĂ©minitĂ©. Je me suis beaucoup retrouvĂ©e dans le personnage de lâhĂ©roĂŻne, qui sâappelle Nadia. Jâai essayĂ© de mettre toute mon Ă©nergie, ma jeune expĂ©rience et ma passion dans ce rĂŽle.
COMĂDIENNE, MANNEQUIN, ARTISTE, DANSEUSE
Esther Bernet-Rollande est un peu du genre hyperactif.
« Depuis toujours, je suis attirĂ©e par lâart. JâĂ©cris, je joue du violon alto. Plus jeune, jâai fait de la danse contemporaine au conservatoire. Je pense que je tiens cette fibre artistique de mon grand-pĂšre, Pierre Bernet-Rollande. Peintre et graveur, il a Ă©tĂ© second grand prix de Rome. Petite, je passais beaucoup de temps dans son atelier. Câest lui qui mâa appris Ă dessiner. »
« Il y a encore deux ans, je nâavais quasiment aucune expĂ©rience du jeu, avoue Ă©galement la jeune femme. Je travaille avec Karine Nuris, comĂ©dienne et coach. Je prends
des cours dâimprovisation. Jâessaie de regarder au moins un film par jour, afin de parfaire ma culture cinĂ©matographique. AprĂšs « Les Meilleures », tout sâest enchaĂźnĂ© trĂšs vite. Jâai pris le mĂȘme agent que Lina, Gonzalve Leclerc, chez AdĂ©quat. Et depuis, jâai eu la chance de dĂ©crocher ma premiĂšre sĂ©rie. Un sujet encore confidentiel. Le rythme Ă©tait intense. Depuis, dâailleurs, je me suis Ă©galement lancĂ©e dans le karatĂ© (rire). Et jâai tournĂ© dans le premier long de Thierry Beccaro, « AngĂšle et mes dĂ©mons ». Un film plein dâĂ©nergie et assez expĂ©rimental sur lâadolescence. »
ĂCRAN TOTAL
Texte : Olivier Bonnefon
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ELISA TOVATI
UN VOYAGE ENTRE MUSIQUE ET CINĂMA
Dans « Elisa fait son cinĂ©ma », son dernier album qui sort en Juin, Elisa Tovati concilie lâamour du cinĂ©ma et celui de la chanson. Avec des rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques comme « Diabolo menthe » dâYves Simon, son premier single, cette mĂšre et artiste accomplie vogue entre plateaux de cinĂ©ma et studios d'enregistrement.
Texte : Alicia Fall ⹠Stylisme : Farouk Chekoufi
C'est dans « La vĂ©ritĂ© si je mens ! » 2 et 3, aux cĂŽtĂ©s de Richard Anconina, JosĂ© Garcia, Bruno Solo ou encore Gad Elmaleh, que la France dĂ©couvre Ălisa Tovati, alias Chochana Boutboul. Elle reconnaĂźt quâil n'a pas Ă©tĂ© facile de se dĂ©tacher de ce personnage.
Cela dit, depuis, elle a enchaĂźnĂ© de nombreux rĂŽles au cinĂ©ma et sur les planches. CĂŽtĂ© musique, elle multiplie les concerts et les albums, avec notamment son dernier opus « Elisa fait son cinĂ©ma ». Artiste accomplie, assumĂ©e, Ălisa Tovati nous fait voyager entre la musique et le cinĂ©maâŠ
Le cinéma et la musique sont un peu comme un pÚre et une mÚre pour vous⊠Auquel de ces parents ressemblezvous le plus ?
Le cinĂ©ma et la musique sont amants depuis toujours, j'ai envie de chanter cet amour-lĂ sans en aimer lâun plus que lâautre.
Si vos fils vous disaient quâils souhaitent faire du cinĂ©ma, quel serait le conseil de la mĂšre et celui de l'actrice ?
La mĂšre leur dirait d'aller jusqu'au bout de leurs rĂȘves mais de savoir que ce n'est pas un long fleuve tranquille. Quant Ă l'actrice, elle leur dirait de foncer sâils aiment les montagnes russes et les Ă©motions fortes !
Vous avez commencĂ© votre carriĂšre trĂšs jeune et votre premier rĂŽle au cinĂ©ma vous a marquĂ©âŠ
Effectivement, jâavais 15 ans, jâinterprĂ©tais le rĂŽle dâune prostituĂ©e dans « Macho » de JosĂ© Juan Bigas Luna aux cĂŽtĂ©s de Javier Bardem le mari de Penelope Cruz. Ă cet Ăąge lĂ , on peut ĂȘtre plus facilement fragilisĂ©, cela a Ă©tĂ© une expĂ©rience forte en Ă©motions trĂšs enrichissante, mais Ă la fois jâai laissĂ© quelques plumesâŠ
Votre dernier album « Elisa fait son cinĂ©ma » parle d'amour, de l'enfance mais aussi de cinĂ©maâŠ
Câest un album qui me tient Ă cĆur avec des chansons
culte d'un cinéma qui m'a marqué de façon indélébile. Ces chansons sont comme des guides. J'avais envie de les faire revivre à ma façon. Je les chante en français, en anglais ainsi qu'en espagnol, en ayant réinventé les rythmes. J'avais envie de les faire revivre à ma façon. « La boum », « Love story » ou encore « Top Gun », ces bandes originales représentent mes madeleines de Proust, elles sont des mémoires sensorielles trÚs puissantes.
La chanson Ălisa de Serge Gainsbourg est interprĂ©tĂ©e avec tendresse et insouciance. Que dirait la femme accomplie que vous ĂȘtes aujourd'hui Ă la petite Ălisa ?
Tout dâabord, je lui dirais de suivre son intuition⊠Je lui prendrais la main, je lui ferais un gros cĂąlin, en lui transmettant toute mon Ă©nergie positive.
Sur quelle bande originale auriez-vous aimé chanter ? Ce serait pour cette série que je regarde en ce moment « Daisy Jones and the Six ». Je vous conseille d'écouter l'album « Aurora ». La musique à toujours permis de séduire, d'aimer, de se souvenir.
Artiste engagĂ©e, vous Ćuvrez pour des associations. Quel combat porteriez-vous Ă l'Ă©cran et pourquoi ?
à l'écran, je porterais le combat de GisÚle Halimi. Avocate engagée, féministe, femme de lettres et femme politique, elle est une figure emblématique. Avec ses combats et sa force de caractÚre, elle a fait bouger les lignes. Ce serait pour moi un trÚs bel hommage que de réussir à relater sa vie au cinéma.
LES DIFFĂRENTES FACETTES DâELISA TOVATI
Mais qui est rĂ©ellement Ălisa Tovati⊠On connaĂźt bien-sĂ»r sa musique, son personnage, Chochana Boutboul, dans « La vĂ©ritĂ© si je mens », qui a rĂ©uni 10 millions de tĂ©lĂ©spectateurs. Mais beaucoup moins les autres personnages quâelle a interprĂ©tĂ©s au cinĂ©ma. Notamment dans « Zone libre », un film dramatique rĂ©alisĂ© par Christophe Malavoy, oĂč elle interprĂšte le rĂŽle d'une rĂ©fugiĂ©e juive ou « 99 Francs », l'adaptation cinĂ©matographique du roman de FrĂ©dĂ©ric Beigbeder, rĂ©alisĂ© par Jan Kounen. Entre son mĂ©tissage culturel et religieux, elle a rĂ©ussi Ă trouver un Ă©quilibre. Si elle se reconnaĂźt un physique SĂ©farade avec une Ăąme AshkĂ©naze, la mĂšre de famille n'est pas pour autant
rĂ©ellement religieuse. Mais elle croit en l'importance de la transmission des traditions, qu'elle perpĂ©tue avec ses enfants au travers des fĂȘtes. Une façon de leur donner des clefs afin qu'ils fassent leur propre cheminement spirituel. Elisa Tovati est une femme bienveillante qui apprĂ©cie la tendresse de son mari, l'Ă©coute de ses amis. Elle se sait fonceuse, impatiente. Celle dont l'auteur favori est Stefan Zweig aimerait dâailleurs avoir le pouvoir de se tĂ©lĂ©porter pour voir sa sĆur plus souvent. Dans le domaine artistique, elle apprĂ©cie le peintre Paul Gauguin et les compositions de Michel Legrand ou encore celles de Francis Lai.
Tailleur pantalon de Giada - Bottines de Dolce & Gabbana - Chapeau de Virginie O Paris Pour les 20 ans de « La vérité si je mens », Elisa Tovati rend hommage à ce film culte avec son deuxiÚme single « Alabina », titre qui figure au générique du film. « Ce single représente une passerelle, un alignement⊠», commente l'artiste avec reconnaissance
Lâalbum « Elisa fait son cinĂ©ma » metientparticuliĂšrement Ă cĆur.Ilportedeschansonsculte du cinĂ©ma, qui m'ont marquĂ© de façonindĂ©lĂ©bile.Ellessontcomme desguidesâŠ
CHAMBRE NOIRE
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ARRĂT SUR IMAGE 28
CHRISTOPHE LAMBERT
COMĂDIEN Ă LA CARRIĂRE INTERNATIONALE, IL TOURNE CET ĂTĂ EN FRANCE
RĂ©vĂ©lĂ© au grand public par sa performance dans « Greystoke, la lĂ©gende de Tarzan » de Hugh Hudson (1984), Christophe Lambert partage sa vie entre lâHexagone et les Ătats-Unis. Aussi Ă lâaise dans une comĂ©die que dans un film de science-fiction, il retrouvera Claude Lelouch dĂšs juin avec un rĂŽle Ă©crit spĂ©cialement pour lui. GĂ©nĂ©reux, enthousiaste, hypersensible, Christophe Lambert dĂ©borde de projets. Rencontre avec un homme aux multiples talents.
Texte : Blandine Dauvilaire
Je partage avec Claude Lelouch lâidĂ©e que le cinĂ©ma doit ĂȘtre du divertissement, et quâil doit se faire avec une grande libertĂ©, beaucoup dâinventivitĂ© et dâimprovisation. »
Vous enchaßnez les films cette année, quels sont vos projets ?
Je viens de finir le tournage de « Zoners » Ă Los Angeles et Bangkok, un film dâaction et de science-fiction de Stephan Zlotescu, qui sortira en 2024.
Je pars sous peu tourner à Rome et Londres la suite de la comédie « Falla girare » de Giampaolo Morelli, qui a fait un carton sur Netflix. Puis je retrouverai Claude Lelouch pour la troisiÚme fois, avant de commencer en juillet le remake de « The killer », réalisé par John Woo, avec Omar Sy, Tchéky Karyo et Nathalie Emmanuel vue dans « Game of Thrones ».
Claude Lelouch, avec lequel vous avez tournĂ© « Un plus une » (2015) et « Chacun sa vie » (2017), vous offre dans son prochain film un rĂŽle de gangsterâŠ
Oui, il mâa Ă©crit le rĂŽle de gangster au grand cĆur dont je rĂȘvais. Câest gĂ©nial de tourner avec lui car il incarne lâamour du cinĂ©ma : il vit cinĂ©ma, respire cinĂ©ma, mange cinĂ©ma, dort cinĂ©ma, il ne triche pas. Son engagement est plus que total puisquâil a mis sa maison en vente pour financer ce film ! Je partage avec lui lâidĂ©e que le cinĂ©ma doit ĂȘtre du divertissement et quâil doit se faire avec une grande libertĂ©, beaucoup dâinventivitĂ© et dâimprovisation. Câest un mec extraordinaire, comme Steven Spielberg ou Clint Eastwood. Ces ĂȘtres Ă part font du cinĂ©ma pour les gens, ils crĂ©ent des films personnels Ă la portĂ©e universelle.
Ilya30 ans,jemesuis ditquâilyavaitquelquechose dâĂ©phĂ©mĂšre dans le cinĂ©ma. Onpeutfaireuncarton,puis unflop.
prison qui a Ă©tĂ© rĂ©habilitĂ©e, lâidĂ©e de rendre un patrimoine national accessible Ă tous mâamusait. A Beaune, le maire mâa proposĂ© dâouvrir un hĂŽtel dans la CitĂ© des climats et des vins de Bourgogne, câest une crĂ©ation qui ouvrira en dĂ©cembre. Et Ă Paris, le petit hĂŽtel Louvre-Richelieu de 15 chambres est dĂ©jĂ ouvert. Nous avons Ă©galement plusieurs restaurants et bars Ă la Philharmonie de Paris. Vous soutenez aussi de jeunes entreprises⊠Il y a 30 ans, je me suis dit quâil y avait quelque chose dâĂ©phĂ©mĂšre dans le cinĂ©ma. On peut faire un carton, puis un flop. Jâai dĂ©cidĂ© dâinvestir dans des start-up françaises Ă vocation internationale, notamment la plateforme Socrate, qui permet aux collaborateurs dâĂ©changer des connaissances au sein dâune entreprise pour la faire progresser. Graines de boss est aussi une idĂ©e formidable, elle permet aux jeunes crĂ©ateurs dâentreprise de rencontrer des patrons de grands groupes pour leur exposer leurs projets. Je crois quâil faut arrĂȘter de ne prendre que des jeunes qui sortent de grandes Ă©coles, il faut diversifier et sâouvrir aux jeunes qui crĂ©ent des start-up. Il y a aussi lâentreprise Tea TropĂ©zien, qui a créé un spiritueux en arrivant Ă stabiliser lâalcool dans le thĂ©, ce qui est trĂšs difficile. Ăa commence Ă ĂȘtre diffusĂ© Ă lâĂ©tranger. En les soutenant, jâai le sentiment de pouvoir inventer des choses qui potentiellement nâexistent pas et qui peuvent marcher.
Vous ĂȘtes aussi engagĂ© pour la planĂšte aux cĂŽtĂ©s de Jane GoodallâŠ
« Claude Lelouch mâa Ă©crit le rĂŽle de gangster au grand cĆur dont je rĂȘvais. Câest gĂ©nialdetourneravecluicar ilincarnelâamourducinĂ©ma : il vit cinĂ©ma, respire cinĂ©ma, mangecinĂ©ma,dortcinĂ©ma,il netrichepas.Sonengagement est plus que total puisquâil a mis sa maison en vente pour financercefilm ! »
LA BIOGRAPHIE DE CHRISTOPHE LAMBERT
En parallĂšle du cinĂ©ma, vous avez dĂ©veloppĂ© une activitĂ© importante dans lâhĂŽtellerie, pourquoi cet intĂ©rĂȘt ?
Depuis 30 ans, jâhabite Ă lâhĂŽtel parce que câest pratique. Si on veut rencontrer des gens, on descend, si on veut ĂȘtre tranquille on reste dans sa chambre. Câest une chose qui mâa toujours plu. Aux Ătats-Unis je vis dans un appartement qui est comme un hĂŽtel avec un service de conciergerie. Avec mon associĂ© Michel Halimi, sa fille et quelques personnes, nous avons formĂ© une petite Ă©quipe afin de construire un groupe dâhĂŽtellerie et de restauration. Nous avons 14 établissements, dont 3 hĂŽtels. LâhĂŽtel La Prison Ă BĂ©ziers ouvre en juin dans une
Je ne suis pas trĂšs souvent avec elle mais jâaime son engagement, la maniĂšre dont elle le fait sans agressivitĂ© et pas seulement Ă travers les singes, câest un ensemble. Elle essaie dâexpliquer calmement quâĂ un moment donnĂ© on va au massacre.
Est-ce que vous avez des rĂȘves ?
Oui, jâaimerais ĂȘtre sĂ»r que les choses auxquelles je crois existent. Que ce soit Dieu, les extraterrestres, les anges, le Petit Prince ou le PĂšre NoĂ«l. Câest tout ce que je demande. Et mĂȘme si je ne les rencontre pas, le fait dây croire me suffit.
ComĂ©dien nĂ© le 29 mars 1957 à Great Neck (Ătat de New York). Il est rĂ©vĂ©lĂ© au grand public par sa performance dans « Greystoke, la lĂ©gende de Tarzan » de Hugh Hudson (1984), qui connaĂźt un succĂšs mondial. En 1985, il reçoit le CĂ©sar du meilleur acteur pour son rĂŽle dans « Subway » de Luc Besson, puis incarne l'immortel Connor MacLeod dans « Highlander » de Russell Mulcahy (1986). DĂšs lors, il enchaĂźne les films en France et Ă lâĂ©tranger, dans des registres aussi diffĂ©rents que la comĂ©die, avec « Hercule et Sherlock » de Jeannot Szwarc (1996) ou « Arlette » de Claude Zidi (1997), le thriller avec « Face Ă face » de Carl Schenkel (1992) et « La Disparue de Deauville » de Sophie Marceau (2007). Jamais lĂ oĂč on lâattend, il marque les esprits dans « Max et JĂ©rĂ©mie » de Claire Devers (1992), campe le hĂ©ros dans « VercingĂ©torix : la lĂ©gende du druide roi » de Jacques Dorfmann (2001), ou encore un fan de rock sous acide pour Samuel Benchetrit dans « Janis et John » (2003). Il est aussi producteur ( « GĂ©nial, mes parents divorcent ! », « Neuf mois » ⊠), et auteur de deux livres ( « La fille porte-bonheur » et « Le Juge » ).
ARRĂT SUR IMAGE
Au cinĂ©ma comme dans ses projets hĂŽteliers, Christophe Lambert aime dĂ©couvrir de nouveaux terrains dâaventure qui sollicitent sa crĂ©ativitĂ©. Partager, transmettre, rĂȘver sont des moteurs forts pour le comĂ©dien.
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PROJECTEUR SUR PARIS 2024
RENCONTRE AVEC CĂCILIA BERDER ET PERLE BOUGE DE LA TEAM TOYOTA FRANCE
Ces derniĂšres dĂ©cennies, les amateurs du 7e art ont pu dĂ©couvrir « Les chariots de feu » de Hugh Hudson, « La Couleur de la victoire » de Stephen Hopkins, « Richard Jewell » de Clint Eastwood, « Munich » de Steven Spielberg⊠Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 se rapprochant Ă grands pas, nous ne pouvions ignorer les liens qui unissent le cinĂ©ma Ă cette compĂ©tition mondiale se dĂ©roulant tous les quatre ans. De ce fait, nous avons conviĂ© sous les spots du Studio Harcourt - vĂ©ritable temple du 7e art, deux athlĂštes de haut niveau - CĂ©cilia Berder et Perle Bouge, toutes deux habituĂ©es des Jeux et membres de la Team Toyota France. RencontreâŠ
Texte : Ange Reichell
Si vous deviez vous présenter en quelques mots ?
CĂ©cilia Berder : Je suis une escrimeuse française pratiquant le sabre au Cercle dâEscrime OrlĂ©anais. Vice-championne du monde en sabre et mĂ©daillĂ©e de bronze aux championnats du monde Ă Leipzig en Allemagne en 2015. Jâai obtenu la 5e place aux Jeux olympiques de Rio 2016 et jâai Ă©tĂ© numĂ©ro 2 mondiale de sabre en 2017. Championne du monde par Ă©quipe en 2018 en Chine et mĂ©daillĂ©e d'argent Ă©galement par Ă©quipe lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020. Jâanimais en parallĂšle de mon activitĂ© sportive une chronique hebdomadaire diffusĂ©e sur France Info mais je souhaite dĂ©sormais ĂȘtre pleinement focus sur les Jeux de 2024.
Perle Bouge : Je suis une rameuse de para-aviron française licenciĂ©e Ă lâAviron Bayonnais, compĂ©titrice dans lâĂąme, jâai participĂ© Ă trois paralympiades. Jâai remportĂ© deux mĂ©dailles paralympiques avec StĂ©phane Tardieu : la premiĂšre d'argent aux Jeux de Londres en 2012, la seconde de bronze aux Jeux de 2016 à Rio. A titre individuel, championne du monde en 2018 en Bulgarie, jâai terminĂ© Ă la 9e place aux Jeux paralympiques de Tokyo 2021. Je fais partie depuis 2018 de la Commission des athlĂštes de Paris 2024 : une instance de dix-huit sportifs prĂ©sidĂ©e par Martin Fourcade, qui travaille Ă la prĂ©paration des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris.
Quel est le sportif ou la sportive de haut niveau qui vous inspire le plus ?
CĂ©cilia Berder : Sans rĂ©flĂ©chir, Rafael Nadal. Il a une capacitĂ© de concentration, dâadaptation et de dĂ©termination extraordinaire. Câest pour moi un extraterrestreâŠ
Perle Bouge : Je nâai pas vraiment de modĂšle - en dehors de ma mĂšre qui sâest toujours battue dans la vie - mais plusieurs sportifs mâont marquĂ©e. Par exemple, JĂ©rĂ©mie Azou, mĂ©daillĂ© olympique et plusieurs fois mĂ©daillĂ© dâor en compĂ©titions internationales dâaviron pour
son Ă©tat dâesprit. Mohamed Ali en boxe pour son engagement au niveau de la reconnaissance de l'Ă©galitĂ© des droits des Afro-AmĂ©ricains. En tennis, AndrĂ© Agassi car il a rĂ©ussi Ă casser les codes avec ses tenues vestimentaires. Et Novak Djokovic pour son humilitĂ© et sa proximitĂ© avec les jeunes.
Quelles sont les qualités principales qui vous définissent en tant que femme et athlÚte ?
CĂ©cilia Berder : Lâoptimisme, la curiositĂ©, la tenacitĂ©. Mais jâai aussi un certain cĂŽtĂ© joueur, espiĂšgle, instinctif, voire fĂ©lin. Dâailleurs, pour mieux comprendre la discipline du sabre, on peut faire un parallĂšle avec lâathlĂ©tisme. En athlĂ©tisme, certains sportifs vont dĂ©cider de faire du marathon, dâautres vont se spĂ©cialiser dans le 800 mĂštres et dâautres dans le 100 mĂštres. En escrime, si vous voulez pratiquer lâĂ©quivalent du 100 mĂštres en athlĂ©tisme, vous faites du sabre ! Vous retrouvez cette explosivitĂ© avec un cĂŽtĂ© fĂ©lin couplĂ© Ă lâesprit dâun joueur dâĂ©checs. Je suis trĂšs attachĂ©e Ă©galement Ă la transmission et encore plus depuis que je suis maman avec la rĂ©cente naissance de ma fille.
Perle Bouge : Optimiste, perfectionniste, travailleuse. Jâaime la vie et jâessaie de la vivre Ă 100 %. Je suis un vĂ©ritable couteau suisse et je sais mâadapter Ă toutes les situations. Je cherche toujours Ă voir le positif. De par les Ă©vĂ©nements que jâai traversĂ©s dans la vie, je suis indestructible. Chaque Ă©vĂ©nement me renforceâŠ
Ătre une femme peut-il ĂȘtre un frein dans la pratique du sport de haut niveau ?
CĂ©cilia Berder : Dans lâescrime, contrairement Ă dâautres sports, les femmes et les hommes sont sur un pied dâĂ©galitĂ©.
Perle Bouge : MĂȘme si ce nâest pas encore le cas, Ă mon sens, le sport ne doit pas ĂȘtre genrĂ©. Bien-sĂ»r, la grossesse et lâĂ©ducation des enfants peuvent ĂȘtre des freins dans une carriĂšre professionnelle mais il y a des avancĂ©es. On a vu rĂ©cemment le staff de lâĂ©quipe de France fĂ©minine de football sâorganiser pour accueillir le bĂ©bĂ©
de la joueuse lyonnaise Amel Majri à Clairefontaine. Si je vous dis dépassement de soi ?
CĂ©cilia Berder : Jâai un souvenir des Jeux olympiques de Tokyo 2020 lors desquels je perds au premier tour en individuel. Cinq annĂ©es de prĂ©paration pour perdre au bout de cinq minutes. Je prends un coup de massue, je doute, mais je dois tout de suite me mobiliser pour ces mĂȘmes Jeux olympiques par Ă©quipe oĂč nous gagnons, quatre jours aprĂšs la mĂ©daille dâargent. Jâai beaucoup appris⊠Jâai dĂ» repartir tout de suite au combat autant physiquement que psychologiquement. La mĂ©ditation et la visualisation mâont beaucoup apportĂ©. Perle Bouge : Le dĂ©passement de soi permet de repousser ses limites si on reste concentrĂ© sur son objectif. Le titre mondial mâa Ă©chappĂ© par le passĂ© Ă quatre reprises avec mon Ă©quipier StĂ©phane Tardieu. En 2018, je me suis lancĂ©e toute seule en skiff aux Mondiaux et jâai rĂ©ussi Ă obtenir le titre, malgrĂ© une blessure en finale. Mon envie de gagner a Ă©tĂ© plus forte que la douleur du moment⊠Jâai aussi vĂ©cu une grosse dĂ©ception aux Jeux de Tokyo, mais jâai su rebondir pour de nouveau performer.
Comment le sport contribue-t-il à créer un monde meilleur ?
CĂ©cilia Berder : La bulle qui se crĂ©e durant les Jeux permet des avancĂ©es diplomatiques importantes. Quand on voit la CorĂ©e du Nord et la CorĂ©e du Sud dĂ©filer ensemble lors des mĂȘmes Jeux, on ne peut que sâen rĂ©jouir. Lorsque des athlĂštes sâembrassent quelles que soient leur couleur de peau et leur religion, câest une victoire. Les Jeux ont le pouvoir de mobiliser le monde et permettent des avancĂ©es extraordinaires.
Perle Bouge : Les Jeux permettent de supprimer les frontiĂšres et de rassembler les peuples. Le sport doit ĂȘtre utilisĂ© comme un outil de dialogue. La diplomatie sportive doit favoriser lâengagement du monde du sport en faveur de la paix et renforcer la solidaritĂ© des sportifs de tous les pays. Le sport permet Ă©galement de faire Ă©voluer
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notre regard sur certaines situations comme le handicap.
Câest aussi Ă travers le sport quâon apprend les rĂšgles de la vie en collectivitĂ©, le respect et le dĂ©passement de soi. Il peut assurĂ©ment crĂ©er un monde meilleurâŠ
Que représentent à vos yeux les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ?
CĂ©cilia Berder : Les Jeux olympiques sont pour un athlĂšte lâaboutissement dâune vie sportive. Ils reprĂ©sentent le Graal dâune carriĂšre⊠De la qualification Ă la participation, câest une aventure extraordinaire. Les Jeux, c'est la magie ! Les disputer Ă Paris est un rĂȘve. Et pour leur organisation en 2024, nous devons ĂȘtre Ă la hauteur dâun point de vue Ă©cologique.
Perle Bouge : Câest un Ă©vĂ©nement unique dans la vie dâun sportif de haut niveau, le Graal. On sâentraĂźne quatre ans pour essayer dâĂȘtre le meilleur le jour J. Et, lorsque lâon est Français, quelle fiertĂ© de pouvoir vivre ceux de Paris en 2024. JâespĂšre que ces Jeux seront un tremplin pour que lâon communique plus sur le Paralympisme dans les mĂ©dias, quâils contribueront Ă changer le regard sur le handicap.
Les ComitĂ©s Internationaux Olympique et Paralympique souhaitent collaborer avec des partenaires qui sâengagent Ă participer au rayonnement des valeurs de lâOlympisme et du Paralympisme. Vous faites partie de la Team Toyota France, en quoi la marque Toyota sâinscrit-elle dans cette dĂ©marche ?
CĂ©cilia Berder : Jâai des souvenirs des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020 lors desquels Toyota Ă©tait dĂ©jĂ partenaire mobilitĂ© officiel. Toyota mâavait impressionnĂ©e dans son implication en termes de mobilitĂ© douce, ces solutions pour affronter les dĂ©fis majeurs du rĂ©chauffement climatique et des nuisances sonores qui nous concernent tous. Un exemple, je me souviens de navettes autonomes « e-Palette » qui nous transportaient sans conducteur et sans aucun bruit. Cela donnait un cĂŽtĂ© trĂšs futuriste au
Page de gauche : Perle Bouge, rameuse de para-aviron française, membre de la Team Toyota France, a remportĂ© deux mĂ©dailles paralympiques par Ă©quipe en 2012 et 2016. A titre individuel, elle est mĂ©daillĂ©e dâor aux championnats du monde de 2018 en Bulgarie. Pour elle, « Le sport permet de faire Ă©voluer notre regard sur certaines situations comme le handicap. Câest aussi Ă travers le sport quâon apprend les rĂšgles de la vie en collectivitĂ©, le respect et le dĂ©passement de soi. Il peut assurĂ©ment crĂ©er un monde meilleur⊠»
Page de droite : Cécilia Berder, escrimeuse française pratiquant le sabre, membre de la Team Toyota France, couronnée de nombreuses médailles aux Jeux olympiques de Tokyo 2021 et championnats du monde. Pour elle, « De la qualification à la participation, les Jeux olympiques sont une aventure extraordinaire ».
La Charte olympique stipule que le but de l'Olympisme est de mettre le sport au service du dĂ©veloppement harmonieux de l'humanitĂ© en vue de promouvoir une sociĂ©tĂ© pacifique, soucieuse de prĂ©server la dignitĂ© humaine. AssurĂ©ment Toyota sâinscrit dans cette dĂ©marche. Sur les compĂ©titions, il est apprĂ©ciable dâavoir un bus amĂ©nagĂ© ou le Walking Area BEV, cette solution de mobilitĂ© adaptable dotĂ©e dâun radar automatique qui anticipe les freinages. Elle permet Ă©galement detracterunfauteuilroulant !Câestunesuper avancĂ©e pour les personnes en situation de handicap.SijedevaisfaireunparallĂšle,Toyota, trĂšs engagĂ©e dans la mobilitĂ© pour tous, se comportecommeunsportifdehautniveauqui repousseseslimitesetchercheĂ sâamĂ©liorer etĂ serapprocherdelâexcellence. »
Perle Bouge - Para-aviron - MĂ©daillĂ©e dâor aux championnats du monde de 2018 - Team Toyota France.
village olympique⊠En lâespace de quatre ans, si je compare les Jeux olympiques de Rio Ă ceux de Tokyo, Toyota a Ă©normĂ©ment apportĂ© Ă la mobilitĂ© des athlĂštes paralympiques au sein du village. Tout avait Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© pour eux et leur quotidien a Ă©tĂ© totalement modifiĂ©.
Perle Bouge : Au quotidien, Toyota met Ă ma disposition un vĂ©hicule adaptĂ© Ă mon handicap. Câest un vĂ©ritable luxe lorsque lâon doit sâentraĂźner tous les jours de pouvoir se dĂ©placer aisĂ©ment. Et sur les compĂ©titions, il est apprĂ©ciable dâavoir un bus amĂ©nagĂ© ou le Walking Area BEV, cette solution de mobilitĂ© adaptable dotĂ©e dâun radar automatique qui anticipe les freinages. Elle permet Ă©galement de tracter un fauteuil roulant ! Câest une super avancĂ©e pour les personnes en situation de handicap. Et ce qui est formidable, câest que cette avancĂ©e technologique pourrait servir ensuite Ă des maisons de retraite, des centres de rééducation⊠Si je devais faire un parallĂšle, Toyota, trĂšs engagĂ©e dans la mobilitĂ© pour tous, se comporte comme un sportif de haut niveau qui repousse ses limites et cherche Ă sâamĂ©liorer et Ă se rapprocher de lâexcellence.
Quelle est votre maxime dans la vie ?
Cécilia Berder : Inspire-toi des plus grands et crée ton propre talent.
Perle Bouge : Carpe Diem⊠Vis lâinstant prĂ©sent⊠Avez-vous un livre culte que vous souhaiteriez voir Ă lâĂ©cran ?
CĂ©cilia Berder : « Mille soleils splendides de Khaled Hosseini ». Sur fond de chaos et de violence dans un Afghanistan dĂ©chirĂ© par cinquante ans de conflits, câest l'histoire bouleversante de deux femmes dont les destins s'entremĂȘlent, un chant d'amour poignant Ă une terre sacrifiĂ©e.
Perle Bouge : « Ta deuxiĂšme vie commence quand tu comprends que tu nâen as quâune » de RaphaĂ«lle Giordano.
Un roman « livre de dĂ©veloppement personnel » autour de la pensĂ©e positive. A travers des expĂ©riences Ă©tonnantes, crĂ©atives et riches de sens, le personnage principal du livre va, pas Ă pas, transformer sa vie et repartir Ă la conquĂȘte de ses rĂȘvesâŠ
Toyota et les Jeux de Paris 2024
FidĂšle Ă sa stratĂ©gie « Beyond Zero », afin de limiter lâimpact environnemental des Jeux de Paris 2024, Toyota fournira des vĂ©hicules zĂ©ro Ă©mission, dont certains Ă hydrogĂšne, et des solutions de mobilitĂ© avancĂ©e, confirmant son engagement en faveur dâune sociĂ©tĂ© dĂ©carbonĂ©e et dâune mobilitĂ© pour tous. Pour
Frank Marotte, PrĂ©sident de Toyota France, « les valeurs du sport - comme le respect mutuel, la quĂȘte de lâamĂ©lioration continue, le dĂ©passement de soi - nous sont chĂšres » Et de rajouter « Cet Ă©tat dâesprit Ă©tait prĂ©sent dĂšs la crĂ©ation de lâentreprise en 1937, ce qui a poussĂ© le fondateur de lâentreprise, Kiichiro Toyoda, Ă crĂ©er un club dâathlĂ©tisme la mĂȘme annĂ©e.
Nous croyons que le sport nâest pas seulement une affaire de compĂ©tition mais avant tout un moyen de rassembler le plus grand nombre.
Nous croyons également que lorsque les femmes et les hommes sont libres dans leurs mobilités, ils peuvent aller toujours plus loin.
Câest pour cela que nous nous engageons Ă faire progresser la mobilitĂ© pour tous ».
En savoir plus sur : www.toyota.fr/decouvrez-toyota/startyour-impossible/athletes-equipe-toyotafrance
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CATE BLANCHETT
ULTIME ET SUBLIME
Elle possĂšde le magnĂ©tisme et lâĂ©lĂ©gance sublime des Ă©toiles de lâĂąge dâor hollywoodien, qualitĂ©s que lâon pensait Ă©vanouies Ă jamais depuis que Greta Garbo, Lauren Bacall ou Ava Gardner avaient tirĂ© leur rĂ©vĂ©rence. La modernitĂ© et la prĂ©cision de son jeu, sa capacitĂ© Ă entrer dans tous les rĂŽles, font de Cate Blanchett, une sorte de comĂ©dienne ultime. Actrice camĂ©lĂ©on, dont la classe nâa jamais Ă©tĂ© prise en dĂ©faut. Sa beautĂ© cinglante, son aura et sa distinction naturelle ont sĂ©duit les marques de luxe Armani, Givenchy, Louis Vuitton ou IWC, qui lâont engagĂ©e comme ambassadrice ou Ă©gĂ©rie et mĂȘme photographiĂ©e au Studio Harcourt. Mais ce qui distingue par-dessus tout Cate Blanchett, câest son courage, sa gĂ©nĂ©rositĂ© et les valeurs quâelle incarne. Aux avant postes dans la lutte pour lâĂ©galitĂ© des femmes et contre le harcĂšlement, elle dĂ©fend de nombreuses causes et sâest engagĂ©e notamment auprĂšs des plus vulnĂ©rables, pour le compte du Haut-Commissariat aux RĂ©fugiĂ©s des Nations Unies (UNHCR), marchant sur les traces dâAudrey Hepburn. Cover story de ce numĂ©ro spĂ©cial cinĂ©ma, Cate Blanchett est aussi une super star du cĆur.
PRISE DE VUE
Texte : Tom Boyle
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PRISE DE VUE 33
Le film statufie et mâĂ©voque la phase de Moussorgski sur son lit de mort : « Lâart sera un jour fait de statues qui parlent ». (âŠ) La femme est plus secrĂšte que lâhomme et le cinĂ©matographe livre ses secrets ». Cette magnifique rĂ©flexion de Jean Cocteau, dĂ©crit avec acuitĂ© la fascination suscitĂ©e par les comĂ©diennes puissantes dâHollywood et dâailleurs, « Ă mi-chemin des dieux et des mortels », selon la formule dâEdgar Morin. Qui mieux que Cate Blanchett incarne aujourdâhui cet archĂ©type ? Celle dâune femme sublime, conjuguant sensualitĂ© et noblesse dâĂąme, avec cette part de fragilitĂ© et dâhumanitĂ© assumĂ©es, marque des combattantes de notre Ă©poque. NĂ©e Ă Melbourne en 1969 dâun pĂšre Texan et dâune mĂšre Australienne, la comĂ©dienne surdouĂ©e, prĂ©sidente en 2018 du jury du festival de Cannes, reprĂ©sentĂ©e cette annĂ©e encore sur la Croisette, afin de dĂ©fendre un film dans lequel elle joue : « The New Boy » de Warwick Thornton (sĂ©lection « Un certain regard »), ne pouvait mieux incarner ce premier Harcourt magazine, spĂ©cial cinĂ©ma.
ConsidĂ©rĂ©e comme lâune des meilleures, sinon la meilleure actrice de sa gĂ©nĂ©ration, Cate Blanchett a posĂ© au Studio Harcourt Paris Ă lâoccasion dâune campagne de lâhorloger IWC. Les mots de Roland Barthes sur le mythe Harcourt, Ă©crits Ă la fin des annĂ©es 1950, rĂ©sonnent encore Ă merveille concernant ce portrait intemporel, oĂč lâon voit presque rĂ©apparaĂźtre la reine des Elfes Galabriel, du « Seigneur des anneaux ». « Le visage poncĂ© par la vertu, aĂ©rĂ© par la douce lumiĂšre du studio » et « idĂ©alement silencieux, câest Ă dire mystĂ©rieux, plein du secret profond que lâon suppose Ă toute beautĂ© qui ne se pare pas ». La lumiĂšre Harcourt, inspirĂ©e du clair-obscur de Rembrandt et du travail dâorfĂšvre du chef opĂ©rateur Henri Alekan, sublime Ă merveille Cate Blanchett.
Pourtant, cette derniĂšre sâest toujours un peu moquĂ©e de son image et du culte admiratif quâelle suscite. En 2023, plus aucune actrice nâaccepterait quâon la surnomme « le plus bel animal du monde », slogan utilisĂ© en 1954 pour vanter les charmes dâAva Gardner et qui barre en grand lâaffiche de « La Comtesse aux pieds nus » de Joseph L. Mankiewicz. Aujourdâhui, nul doute que Cate Blanchett serait lâune des rares Ă en rire au second ou au troisiĂšme degrĂ©.
« Le physique nâa jamais Ă©tĂ© ma carte de visite. Ce qui mâintĂ©resse, câest de rendre sĂ©duisant ou acceptable ce que je possĂšde en moi », dĂ©clare-t-elle au Figaro. Et dâajouter : « Il m'est assez incomprĂ©hensible que l'ĂȘtre humain cherche Ă gommer ses imperfections au lieu de les travailler ou mĂȘme de les souligner. VoilĂ ce qui rend unique, et donc beau ! » « La beautĂ© doit ĂȘtre honnĂȘte, sans complexes, et s'enraciner dans la libertĂ© d'ĂȘtre tel que l'on est. Et j'accorde plus de crĂ©dit que jamais Ă la notion de libertĂ© (âŠ). La beautĂ© conventionnelle ou uniformisĂ©e prĂ©sente peu d'attraits Ă mes yeux ».
Lâaura de Cate Blanchett nâest pas Ă proprement parler conventionnelle. Mais elle sâapproche de ce qui Ă©meut encore les fans inconditionnels de Greta Garbo, Katherine Hepburn, Bette Davis ou Lana Turner. Physique longiligne, teint dâalbĂątre, pommettes hautes, blondeur diaphane (mĂȘme si elle a plusieurs fois jouĂ© avec la couleur de ses cheveux, passant de brune Ă rousse, de chĂątain Ă cuivrĂ©e). Et surtout ses yeux, qui donnent envie de lâappeler « The look », comme Lauren Bacall.
Lors de la cĂ©rĂ©monie 2022 à lâOlympia, oĂč toute la profession du cinĂ©ma français lui a remis un CĂ©sar dâhonneur, son amie Isabelle Huppert, avec laquelle elle interprĂ©ta la piĂšce de théùtre « Les Bonnes », insista beaucoup sur ce regard bleu laser. « Tu habites la planĂšte cinĂ©ma. Ta libertĂ©, câest ce qui te raconte le mieux. Tu peux tout jouer, mĂȘme un homme, mĂȘme un serpent (âŠ) Tu nous inspires ce dĂ©sir de libertĂ©. Je vais donc parler de tes yeux, un miroir. Sauvages, terriblement humains. Tes yeux bleus, magnifiques, ton regard de cinĂ©ma », sâexclame Ia comĂ©dienne française. « Ce soir nous avons lâimmense joie de croiser ce regard et
ComĂ©diens,rĂ©alisatrices,personnalitĂ©sâŠLesphotosduStudio HarcourtrĂ©sonnentaveclâactualitĂ©cinĂ©matographiqueduprintemps etdelâĂ©tĂ©2023,Ă Cannesetdanslessallesobscures.MadsMikkelsen, acteur suĂ©dois au physique magnĂ©tique, figure au gĂ©nĂ©rique du cinquiĂšmevoletdes« AventuresdâIndianaJones »,avecHarrisonFord, JamesMangoldetAntonioBanderas.LacomĂ©dienneAnaĂŻsDemoustier apparaĂźt dans « Le Temps dâAimer » de Katell QuillĂ©vĂ©rĂ©. LâAbbĂ© PierreestlehĂ©rosdufilmdeFrĂ©dĂ©ricTellier.LâoccasiondedĂ©couvrir les combats intimes du fondateur de la CommunautĂ© dâEmmaĂŒs. CatherineDeneuveestlâhĂ©roĂŻnedelâaffichedeCannes2023,avecune photodatantdelafindesannĂ©es60.IsabelleHuppert,prĂ©sidentedu jury Longs mĂ©trages 2009 est une habituĂ©e des marches du Palais desfestivals.ToutcommeValerieDonzelli,rĂ©alisatricede« Lâamour etlesforĂȘts »,sontoutdernierfilm.UnebelleoccasiondevoirMelvil Poupaud et Virginie Efira, les deux principaux interprĂštes. Cannes, câestaussiunrĂŽledechoixpourClaraMastroianni,lamaĂźtressede cĂ©rĂ©moniechoisiecetteannĂ©eparledĂ©lĂ©guĂ©gĂ©nĂ©ralThierryFrĂ©maux etsonĂ©quipe.
moi de te dire les yeux dans les yeux, toute mon admiration », ajoute Isabelle Huppert.
« Lâavenir est imaginĂ© dans lâesprit des artistes », lui rĂ©pond quelques instants plus tard Cate Blanchett, trĂšs Ă©mue. Il y a quelques mois, lâAustralienne rĂ©vĂ©lait quâelle aurait adorĂ© jouer un nain avec une barbe, dans la saga du « Seigneur des Anneaux » et sa suite, signĂ©es Peter Jackson ! Une anecdote cocasse qui illustre parfaitement son incroyable tempĂ©rament. « Pour moi, le tournage a Ă©tĂ© trop rapide. Jâaimais tellement ça ! Jâai dit Ă Peter et Fran, qui faisaient une scĂšne de banquet avec plein de nains, que jâavais toujours voulu jouer une femme Ă barbe. Je leur ai donc demandĂ© si je pouvais ĂȘtre leur femme poilue au moment oĂč la camĂ©ra survolerait la table avec les nains. Bien entendu, ça nâa pas Ă©tĂ© possible Ă cause du timing. Je nâai jouĂ© Galadriel que pendant trois semaines ».
Cate Blanchett surprend encore en 2007, lorsquâelle interprĂšte Jude Quinn, lâune des facettes du chanteur Bob Dylan, dans le biopic « Iâm Not There » de Todd Haynes, consacrĂ© Ă lâenfance, lâascension et la carriĂšre du chanteur folk.
« Je pense quâil est toujours bon de se mesurer Ă des choses qui semblent plus grandes que vous. Ensuite, vous essayez juste de les surmonter », dĂ©clare encore Cate Blanchett.
« Je n'aime pas les opinions dominantes, les diktats, et je valorise plus volontiers la différence comme vous l'avez compris. J'évite les réseaux sociaux, je fuis la pensée unique et l'hégémonie du goût mondialisé ».
Tout en sachant se mĂ©nager des moments de pause bien Ă elle, notamment pour son couple et ses enfants, installĂ©s en Australie, loin des turpitudes dâHollywood, Cate Blanchett a signĂ© lâune des plus singuliĂšres carriĂšres depuis 30 ans, alternant les films dâauteur, les superproductions et les blockbusters. « Aviator » de Martin Scorcese et « Blue Jasmine » de Woody Allen, lui ont valu deux Oscar.
Mais son plus beau rĂŽle, selon elle, reste celui quâelle joue hors champ dans lâhumanitaire, notamment pour le Haut-Commissariat des Nations Unies. Elle en parle en Ă©voquant le souvenir dâAudrey Hepburn. « Je pense quâelle est devenue plus belle quand elle a cessĂ© dâĂȘtre actrice et a commencĂ© Ă travailler avec des campagnes humanitaires ». Cate Blanchett ultime, sublime et tellement humaine.
SUR LE TAPIS ROUGE DE CANNES
ComĂ©diens, rĂ©alisatrices, personnalitĂ©s⊠Ces photos au Studio Harcourt rĂ©sonnent avec lâactualitĂ© cinĂ©matographique du printemps et de lâĂ©tĂ© 2023, Ă Cannes et dans les salles obscures. Mads Mikkelsen, acteur suĂ©dois au physique magnĂ©tique, figure au gĂ©nĂ©rique du cinquiĂšme volet des « Aventures dâIndiana Jones », avec Harrison Ford, James Mangold et Antonio Banderas. La comĂ©dienne AnaĂŻs Demoustier apparaĂźt dans « Le Temps dâAimer » de Katell QuillĂ©vĂ©rĂ©. LâAbbĂ© Pierre est le hĂ©ros du film de FrĂ©dĂ©ric Tellier. Lâoccasion de dĂ©couvrir les combats intimes du fondateur de la CommunautĂ© dâEmmaĂŒs. Catherine Deneuve est lâhĂ©roĂŻne de lâaffiche de Cannes 2023, avec une photo datant de la fin des annĂ©es 60. Isabelle Huppert, prĂ©sidente du jury Longs mĂ©trages 2009 est une habituĂ©e des marches du Palais des festivals. Tout comme Valerie Donzelli, rĂ©alisatrice de « Lâamour et les forĂȘts », son tout dernier film. Une belle occasion de voir Melvil Poupaud et Virginie Efira, les deux principaux interprĂštes. Cannes, câest aussi un rĂŽle de choix pour Clara Mastroianni, la maĂźtresse de cĂ©rĂ©monie choisie cette annĂ©e par le dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral Thierry FrĂ©maux et son Ă©quipe.
PRISE DE VUES
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DU NOIR AU BLANC
FRĂDĂRIC BEIGBEDER, CONFESSION DâUN SERIAL NOCEUR
FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a longtemps cru que la vie Ă©tait une fĂȘte. Avant dâen sortir, lâĂ©crivain, chroniqueur et cinĂ©aste sâest Ă©garĂ© dans un monde oĂč lâhĂ©donisme Ă©tait la seule utopie et la cocaĂŻne son kĂ©rosĂšne. A 57 ans, le voilĂ rattrapĂ© par ses dĂ©mons, quâil exorcise dans ses « Confessions dâun hĂ©tĂ©rosexuel lĂ©gĂšrement dĂ©passĂ© » (Albin Michel). Comme SaintAugustin, jouisseur repenti, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder y fait acte de contrition pour ses turpitudes passĂ©es et jette ses tripes sur la table. Courageux, parfois impudique, souvent transgressif, ce livre truffĂ© dâaphorismes rĂ©jouissants, marque une Ă©tape. Le quinqua y dĂ©nonce lâintolĂ©rance qui voudrait enfermer la crĂ©ation dans un carcan insupportable. Les tribunaux digitaux. La violence bĂȘte et mĂ©chante. Cette sĂ©rie mode, Ă©lĂ©gante et festive est un contrepied. Longtemps abonnĂ© au noir, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder sây prĂ©sente tout de blanc vĂȘtu, en bonne compagnie. Un plaidoyer en images et en mots pour un dialogue pacifiĂ© et rĂ©enchantĂ© entre les sexes. Une façon pour ce mari comblĂ©, heureux pĂšre dâun fils et de deux filles, de clamer son amour pour lâĂ©ternel fĂ©minin.
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Texte : Olivier Bonnefon
Longtemps, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder sâhabillait presque exclusivement de noir. Aujourdâhui, il prĂ©fĂšre le bleu marine. Mais au Studio Harcourt, le romancier sâest muĂ© en noceur repenti, tout de blanc vĂȘtu. A moins que ça ne soit un hommage subliminal au grand sĂ©ducteur Eddie BarclayâŠ
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Styliste et directeur artistique : Farouk Chekoufi ⹠Talent : Frédéric Beigbeder ⹠Mannequins : Emilia B & Sarah Ella de Metropolitan Models, InÚs D & Joséphine de Makers by Metropolitan Models, Fanny de Visage Models Zurich ⹠Coiffeur : Omar Bouker pour GHD Hair ⹠Equipe Studio Harcourt composée de Eloi Robert (coordination), Kostia Petit (photographe), Alexis Rambosson (assistant photographe), Benoßt Pinchon (assistant photographe), SolÚne Dubois (maquilleuse) ⹠Assistant styliste : Benjamin Coutant ⹠Production : Maison KETI & HARCOURT MAGAZINE.
Sarah en robe UNGARO, collier et boucles dâoreilles BURMA ; JosĂ©phine en robe GIADA ; FrĂ©dĂ©ric Beigbeder en chemise et pantalon GEORGES MAKAROUN ; InĂšs en ensemble GENNY et boucles dâoreilles BURMA ; Emilia en Cape UNGARO et collier BURMA.
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Frédéric Beigbeder en costume, chemise et cravate UNGARO. Montre OMEGA et chaussures MANOLO BLAHNIK.
Ines en cape, chemise et pantalon UNGARO. Collier et boucles dâoreilles BURMA. Chapeau VIRGINIE O PARIS et montre OMEGA.
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Joséphine en tailleur veste BAR, jupe et sandales DIOR. Montre OMEGA.
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Sarah en robe et sandales STEPHANE ROLLAND, Haute couture. Boucles dâoreilles BURMA.
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FrĂ©dĂ©ric Beigbeder en costume, pantalon et chemise GEORGES MAKAROUN. Chaussures MANOLO BLAHNIK. Et de gauche Ă droite : Sarah en robe UNGARO, collier et boucles dâoreilles BURMA. Lunettes BOUCHERON et escarpins MANOLO BLAHNIK ; InĂšs en robe GENNY. Boucles dâoreilles BURMA et lunettes BOTTEGA VENETA ; Emilia en cape UNGARO. Collier BURMA et lunettes POMELLATO. Chaussures et collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA ; JosĂ©phine en robe MAGDA BUTRYM, lunettes BOUCHERON et escarpins MANOLO BLAHNIK.
Emilia en robe, chaussures et collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA. Collier et boucles dâoreilles BURMA. Montre OMEGA.
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JosĂ©phine en manteau en cuir GIADA et chaussures Ă collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA ; InĂšs en robe BALLY, sandales MANOLO BLAHNIK et boucles dâoreilles BURMA
Emilia en chemise VALENTINO, pantalon UNGARO, collier BURMA et escarpins MANOLO BLAHNIKÂ ; Sarah en Robe LE999, montre OMEGA, boucles d'oreilles BURMA et sandales MANOLO BLAHNIK
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Fanny en trench-coat GENNY, sautoirs et sac CHANEL. Montre OMEGA et sandales MANOLO BLAHNIK.
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Emilia en robe, chaussures et collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA. Collier et boucles dâoreilles BURMA. Montre OMEGA ; JosĂ©phine en tailleur veste BAR, jupe et sandales DIOR. Montre OMEGA et lunettes BOTTEGA VENETA ; InĂšs en cape, chemise et pantalon UNGARO. Collier et boucles dâoreilles BURMA. Chapeau VIRGINIE O PARIS, montre OMEGA et lunettes POMELLATO ; Fanny en trench-coat GENNY, sautoirs et sac CHANEL. Montre OMEGA et sandales MANOLO BLAHNIK ; Sarah en robe et sandales STEPHANE ROLLAND, Haute couture. Boucles dâoreilles BURMA.
GuĂ©thary, dĂ©but avril 2023. Le petit port basque chic affiche une insolente quiĂ©tude. Les dĂ©ferlantes qui battent le rĂ©cif au large de Parlementia apportent une Ă©nergie sereine et vivifiante Ă lâatmosphĂšre. Assis au Bar du Fronton, situĂ© un peu Ă lâĂ©cart du centre, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder, trĂšs zen, sirote une menthe Ă lâeau. Son livre fraĂźchement imprimĂ©, quâil a amenĂ© avec lui, sort en librairie quatre jours plus tard. La tempĂȘte ne sâest pas encore levĂ©e. Sa lecture sera pleine de rĂ©vĂ©lations ! LâĂ©crivain ouvre ses « Confessions » par une boucle volontairement provocatrice oĂč il se victimise, pour mieux montrer lâimpasse du procĂ©dĂ©. Il y dĂ©nonce la violence dont il a Ă©tĂ© lâobjet ici mĂȘme, en 2018, dans sa thĂ©baĂŻde raffinĂ©e, quand lui et sa famille ont dĂ©couvert un matin leur maison et leur voiture taggĂ©es avec ces mots terribles : « violeur », « salaud », « misogyne », « sexiste ». Ce lynchage orchestrĂ© par un noyau dâactivistes anonymes, a Ă©tĂ© relancĂ© depuis cet interview. Fin avril Ă Bordeaux, une confĂ©rence qui se tenait Ă la librairie Mollat a Ă©tĂ© interrompue violemment. On reproche maintenant Ă FrĂ©dĂ©ric Beigbeder ses sympathies passĂ©es. Des gestes ou remarques supposĂ©ment dĂ©placĂ©es, il y a parfois plus de 20 ans ! Ce dernier a acceptĂ© de rĂ©pondre, sur tout. Vous revenez longuement dans votre livre sur cet incident de 2018 qui semble encore une plaie ouverte. Pourquoi ?
On me reprochait Ă lâĂ©poque dâavoir signĂ© la pĂ©tition des « 343 salauds » contre la pĂ©nalisation des clients de prostituĂ©es. Alors que cette loi a prouvĂ© depuis son inefficacitĂ© et a mĂȘme fragilisĂ© un peu plus la situation de ces femmes, comme lâa dâailleurs soulignĂ© MĂ©decins du Monde. Câest oublier que jâai dĂ©noncĂ©, bien avant #MeToo, les abus contre les femmes, notamment dans « Au Secours Pardon » et « L'idĂ©al ». Jâessaie de comprendre pourquoi on utilise la violence et la diffamation pour tenter dâimposer un point de vue, alors que je ne suis pas spĂ©cialement anti fĂ©ministe, ni « masculiniste toxique ». Comme je dĂ©serte Instagram ou Twitter, on est donc venu mâinsulter jusque dans notre maison pleine dâenfants. Je trouve ce procĂ©dĂ© lĂąche et anti dĂ©mocratique.
Quels arguments opposez-vous Ă ces personnes ? En quoi est-ce un procĂšs injuste ?
Mis Ă part une infime minoritĂ© de prĂ©dateurs et de violeurs patentĂ©s, tous les hommes censĂ©s condamnent les violences sexuelles faites aux femmes, moi le premier. Je suis pour lâĂ©galitĂ© des sexes, mais pas pour la guerre des sexes. Je pense que les hommes et les femmes sont diffĂ©rents mais complĂ©mentaires, quâils ont besoin lâun de lâautre, quâils doivent se respecter et sâaimer. Je suis contre le fĂ©minisme extrĂ©miste, qui est une forme de totalitarisme, qui nie la libertĂ© dâexpression, qui impose une pensĂ©e unique, qui diabolise les hommes et victimise les femmes. Je pense que le fĂ©minisme doit ĂȘtre un mouvement positif, constructif, humaniste, qui vise Ă lâĂ©mancipation et Ă lâharmonie des sexes.
Est-ce que la liberté de ton est devenue impossible ?
La libertĂ© dâexpression et de ton est effectivement en danger, Ă cause du politiquement correct, du terrorisme intellectuel, de la cancel culture. On ne peut plus rire de tout. On ne peut plus dire ce quâon pense. On ne peut plus dĂ©battre sans ĂȘtre insultĂ© ou menacĂ©. On assiste Ă une montĂ©e de lâintolĂ©rance, du sectarisme, du fanatisme. On veut faire taire les voix discordantes, les esprits libres, les humoristes subversifs. Moi, quand quelquâun est attaquĂ© par la meute, jâai envie de
ENTRETIEN AVEC FRĂDERIC BEIGBEDER
le dĂ©fendre. Je dĂ©teste lâinjustice. Je pense que tout ça est trĂšs grave pour la culture, pour lâhumanitĂ©.
Pensez-vous que la littĂ©rature elle-mĂȘme est en danger ?
Si on ne peut plus Ă©crire ce que lâon veut, alors oui, la littĂ©rature est en grand danger. On est confrontĂ© de plus en plus non seulement aux procĂšs dâintention, mais Ă©galement Ă la moralisation de lâart. Des Ă©crivains comme CĂ©line ou Baudelaire, qui ont rĂ©volutionnĂ© la syntaxe et la poĂ©sie seraient-ils publiĂ©s aujourdâhui ?
Je mâinterroge. Colette a dit, « il faut quâil y ait du pur et de lâimpur dans les livres ». Baudelaire a Ă©tĂ© encore plus loin avec son fameux « Tu mâas donnĂ© de la boue, et jâen ai fait de lâor », Ă©crit dans lâappendice des « Fleurs du mal ». Il peut arriver que lâon fasse de beaux livres avec de bons sentiments. Mais câest tout de mĂȘme
Depuisseptans,jâaiquittĂ©Paris pour GuĂ©thary au Pays basque, avec femme et enfants. Je me sens plus serein, plus apaisĂ©, plus Ă©quilibrĂ©. Je profite des plaisirs simples de la vie. Je continue Ă Ă©crire des livres, mais avec plus de recul, plus de profondeur. Jâai rĂ©cemment partagĂ© la vie des chanoines augustiniens, Ă lâabbayeSainte-MariedeLagrasse.Et celle des marsouins des troupes de marine, Ă FrĂ©jus. Jâai dĂ©couvert que jemesentaisbiendanslesstructures traditionnelles. Accompagner mes enfantsĂ lâĂ©coleetjoueraveceuxme faitplusdebienquedâallerĂ©talermes nĂ©vroseschezunpsy.
trĂšs rare. Personnellement, cela mâennuie de lire des romans Ă©difiants. Si au bout de 50 pages, il ne se passe pas quelque chose dâinterdit ou dâun peu dramatique, alors le livre me tombe des mains. Depuis Rabelais, la littĂ©rature, ça a toujours Ă©tĂ© de montrer des choses dĂ©fendues, sulfureuses, tragiques. Sinon, quel est lâintĂ©rĂȘt ?
Vos films ont Ă©tĂ© souvent incompris. Est-ce Ă dire que la France nâaime plus la satire ?
La satire est devenue un genre difficile Ă apprĂ©cier en France, parce quâon a tendance Ă prendre les choses au premier degrĂ©. Jean Yanne ou Jean-Pierre Mocky auraient sans doute beaucoup de mal Ă travailler aujourdâhui. On prĂ©fĂšre le politiquement correct, le rire consensuel. Jâaime la satire parce que câest une forme dâhumour intelligent, subtil, corrosif. Câest une façon de dĂ©noncer les absurditĂ©s de notre sociĂ©tĂ©, de provoquer le dĂ©bat, de faire rĂ©flĂ©chir.
Vous avez rĂ©alisĂ© trois films (*). Avez-vous envie de repasser derriĂšre la camĂ©ra, pour adapter lâhistoire dâun autre ou dâune autre ?
Jâai envie de continuer Ă faire des films, mais pas
forcĂ©ment Ă partir de mes livres. Je dĂ©sire mâouvrir Ă dâautres univers, des histoires inĂ©dites. Jâai envie de me renouveler, de me surprendre, de me challenger. Dâailleurs, je travaille depuis plusieurs mois sur un scĂ©nario avec Maria Pourchet, une jeune romanciĂšre qui a Ă©crit « Feu » (Ă©ditions Fayard), un excellent roman. JâespĂšre mĂȘme donner le premier coup de manivelle en fin dâannĂ©e ! Je nâen dirai pas plus pour lâinstant. Revenons aux « Confessions ». Vous y dressez le tableau sans concession dâun homme qui sâest longtemps perdu dans de vains plaisirs et des excĂšs. Est-ce faute dâavoir cru pendant longtemps au bonheur ?
Jâarrive Ă un moment de ma vie oĂč on nâĂ©chappe pas Ă un certain bilan (sourire). Ecrit par un hĂ©tĂ©ro, catholique, bourgeois, nĂ© dans les annĂ©es 60 et qui a eu vingt ans dans les annĂ©es 80, ce livre est sans concession sur ma vie nocturne et le reste. Jây raconte mes excĂšs, mes addictions, mes rencontres, mes dĂ©ceptions. Jâai tentĂ© de faire au mieux avec les repĂšres que jâavais reçus. Ce que lâon mâa vendu dans ma jeunesse comme le modĂšle de lâhomme idĂ©al est aujourdâhui perçu comme ringard, nuisible, toxique et dangereux. Je pense que je cherchais dans la nuit et la fĂȘte Ă me perdre pour me retrouver, Ă me dĂ©truire pour me reconstruire. Et Ă fuir ce bonheur que jâai fini par trouver ici, auprĂšs de ma femme Lara et de mes enfants, ChloĂ©, Oona et LĂ©onard.
Quelle a Ă©tĂ© lâinfluence de Vian, Sagan, Fitzgerald, Hemingway, Bukowski ou Brett Easton-Ellis, vos lectures de jeunesse ?
Cette littĂ©rature, mâa souvent servi dâalibi pour sortir. Je me disais « bon, je sors parce que je suis un futur Ă©crivain » (rire). Reste que jâen ai plus appris avec cette bande sur la littĂ©rature quâau LycĂ©e Louis-le-Grand. Je pense que Virginie Despentes ou Michel Houellebecq ont Ă©tĂ© trĂšs marquĂ©s Ă©galement par les auteurs amĂ©ricains. « Less than zero » de Brett Easton-Ellis, raconte un quotidien et des aventures trĂšs similaires Ă celles que nous vivions Ă Paris au dĂ©but des annĂ©es 80. Dans « La FĂȘlure », nouvelle Ă©crite en 1934, Fitzgerald Ă©voque sa dĂ©chĂ©ance, sa dĂ©pression, son alcoolisme et ses pannes dâinspiration. Il disait : « On doit vendre son cĆur ». CâĂ©tait courageux de se mettre ainsi Ă nu, pour en quelque sorte tenter de sauver son Ăąme. Jâadmire tous ces Ă©crivains mais je ne me compare pas Ă eux. On ne peut pas Ă©crire comme eux, en vivant comme eux. Câest une illusion. On ne peut pas ĂȘtre Ă la fois un gĂ©nie et un alcoolique.
Ce livre est aussi un rĂ©quisitoire dĂ©finitif contre la cocaĂŻne. Vous dites mĂȘme que câest has been. Est-ce votre plus grande erreur dâĂȘtre tombĂ© dedans ? Je pensais que la cocaĂŻne me donnerait du pouvoir, de la confiance en moi, de lâĂ©nergie. Je pensais que câĂ©tait une drogue crĂ©ative, stimulante, libĂ©ratrice. Je me trompais lourdement. Jâai compris que la cocaĂŻne Ă©tait une drogue mortifĂšre, qui dĂ©truit le corps et lâesprit, qui isole et qui rend paranoĂŻaque. Elle coupe de tout dĂ©sir, de toute Ă©motion, de toute relation. Elle nâapporte que de la fausse joie, de la fausse euphorie, de la fausse intelligence. Elle est ringarde parce quâelle est dĂ©passĂ©e. Elle appartient Ă une Ă©poque rĂ©volue, celle des annĂ©es 80, celle du fric et du bling-bling. Elle nâa plus rien Ă voir avec le monde dâaujourdâhui. A ce jour, je vais aux Narcotiques Anonymes. Câest un combat de tous les jours pour lequel lâaide de ma femme et de ma famille est essentiel.
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(*) « Lâamour dure trois ans » (2012), « LâIdĂ©al » (2016). En 1999, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a Ă©galement consignĂ© le scĂ©nario du film « Les infortunes de la beauté » avec John Lvoff et Laure Massenet. « 99 francs » (2007), a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Jan Kounen.
PRODUCTEUR DE VODKA ORGANIQUE
« Ne serait-il pas possible de boire une vodka sans dĂ©tĂ©riorer notre planĂšte ? » lance Oscar Parango, dans 99 francs. Le personnage central de la cĂ©lĂšbre trilogie de FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a Ă©tĂ© Ă©coutĂ©. LancĂ©e sur une boutade, la vodka Le Philtre, est dĂ©sormais produite par FrĂ©dĂ©ric et Charles Beigbeder et leur ami Guillaume Rappeneau. Ces trois-lĂ se sont connus dans les annĂ©es 80 au Cacaâs (*) club, une association de fĂȘtards parisiens, organisateurs de bals costumĂ©s. « Bio, Ă©colo et française, le Philtre est une vodka qui nous ressemble, douce, pure, raffinĂ©e, sans sucre ajoutĂ©. Nous avons cherchĂ© un producteur qui partage nos valeurs et nous avons trouvĂ© Jean-SĂ©bastien Robicquet, fondateur de Maison Villevert Ă Cognac, maĂźtre distillateur reconnu. Il a relevĂ© le dĂ©fi de nous fabriquer une vodka Ă partir de blĂ© bio dâhiver et dâeau de source de Gensac. La vodka est distillĂ©e six fois, dont la derniĂšre en alambic charentais, ce qui lui donne un caractĂšre unique » dĂ©taille le trio. Cavistes, Ă©piceries fines, bars, restaurants, Le Philtre est dĂ©sormais disponible partout !
En savoir plus sur : www.lephiltre.com
(*) Club des analphabĂštes cons mais attachants.
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Frédéric Beigbeder en veste et chemise GEORGES MAKAROUN.
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Musicien, comĂ©dien, transformiste, figure de la night et de la hype, Nicolas Ullmann est une Maison de production Ă lui tout seul. Du Baron au No.Pi en passant par le Bus Palladium, il est devenu le Monsieur Loyal des plus belles soirĂ©es parisiennes quâil fait chavirer avec son « Cabarock » et ses « KararockĂ©s ».
Nicolas Ullmann câest Nicolas Cage, Johnny Cash et Jango Edwards rĂ©unis dans un seul homme. Une belle gueule et un rebelle avec une seule cause : vous amuser. Il aurait pu enfiler la robe dâavocat, comme son pĂšre et sa mĂšre. Il a prĂ©fĂ©rĂ© se grimer en Elvis ou Marylin et devenir artiste. La fĂȘte, câest sa spĂ©cialitĂ©. Un boulot quâil prend trĂšs au sĂ©rieux. Il a Ă©tĂ© initiĂ© au mĂ©tier dâacteur Ă lâĂ©cole de Raymond Acquaviva, grand Monsieur de la ComĂ©die Française et aux stages de John Strasberg, fils de Lee, crĂ©ateur de la lĂ©gendaire « Actorâs studio ». Il a appris la musique avec les meilleurs. Quant au transformisme, il a commencĂ© Ă se dĂ©guiser tout gosse avant de sâentourer dâune Ă©quipe de maquilleuses, perruquiers et costumiĂšres de classe mondiale, dont sa compagne
Lucile Leidier quâon surnomme Lulu.
Vous ĂȘtes considĂ©rĂ© comme lâun des rois des nuits parisiennes depuis 15 ans. Comment vous dĂ©finissez-vous ? Comme un entertainer. Je trouve que ce mot anglais, aux accents rockân roll, rĂ©sume parfaitement tout ce
que je fais : la comĂ©die, les voix, la direction artistique, lâorganisation de soirĂ©es. Des activitĂ©s en rapport avec le spectacle et dont lâobjectif final est de divertir les gens. Dans mon travail, il y a aussi un rĂŽle de pygmalion et de talent scout. Je suis en permanence en train de chercher des artistes Ă©mergents afin de les mettre en avant, comme au No.Pi (North Pigalle). Jây assure la direction artistique depuis octobre 2019. Ces talents auraient sans doute rĂ©ussi Ă percer sans moi. Mais je facilite leur rencontre avec le public et la gloire (rire). Et câestun bonheur de les voir ensuite voler de leurs propres ailes.
Quels artistes avez-vous contribué à lancer depuis que vous faites ce métier ?
Jâai dĂ©butĂ© il y a plus de 15 ans en Ă©tant guitariste et accompagnateur des comĂ©diennes et chanteuses
Rona Hartner et Adrienne Pauly. Jâai lancĂ© pas mal de groupes, via le Paris-Paris, le Bus Palladium ou le No.Pi. Lâune de mes fiertĂ©s est dâavoir aidĂ© AurĂ©lie Saada, moitiĂ© du duo Brigitte, Ă dĂ©coller en 2011,
alors quâelle pensait tout arrĂȘter. Ce parcours dans la musique a Ă©tĂ© Ă©galement lâoccasion de soutenir mon copain dâenfance Adan Jodorowsky (NDLR. fils du grand rĂ©alisateur et scĂ©nariste franco-chilien de films et de BD, Alejandro Jodorowsky, et oncle de la comĂ©dienne Alma Jodorowsky).
Câest ce mĂȘme Adan qui vous a conseillĂ© de promouvoir votre personnage « comme une marque » ?
Oui, je commençais Ă avoir un bon rĂ©seau dâamis, de comĂ©diens et de musiciens et pas mal de notoriĂ©tĂ© dans la nuit comme organisateur de soirĂ©es, notamment au Baron ou au Paris Paris, avant de passer par le Flow, la FlĂšche dâOr, le Showcase, les Trois Baudets ou le Bus Palladium. Adan mâa dit un soir : « il faut que tu te mettes en avant comme une marque. Que les gens sachent qui fait la soirĂ©e ». Jâai imaginĂ© les concepts dâun cabaret rock et de soirĂ©es karaokĂ© que jâai rebaptisĂ©s « Cabarock » et « KararockĂ© »,
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ENTRETIEN AVEC NICOLAS ULLMANN PERSONNAGE ROCKAMBOLESQUE
Texte : Olivier Bonnefon
un karaokĂ© ou lâon chante avec un vrai groupe de rock et qui continue son RDV un samedi par mois au NO.PI.
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JosĂ©phine en robe MAGDA BUTRYM, lunettes POMELLATO. Chaussures et collants incrustĂ©s DOLCE & GABBANA ; Emilia en chemise VALENTINO, pantalon UNGARO, collier BURMA et escarpins MANOLO BLAHNIK ; Nicolas Ullmann en peignoir GENNY, lunettes SAINT LAURENT, chapeau VIRGINIE O PARIS et montre OMEGA ; Sarah en robe LE999, montre OMEGA, boucles d'oreilles BURMA et sandales MANOLO BLAHNIK ; InĂšs robe en cuir GIADA, boucles dâoreilles BURMA et sac CHANEL.
Câest Ă ce moment-lĂ que vous avez commencĂ© Ă vous dĂ©guiser ?
Oui, jâai endossĂ© mon rĂŽle de Monsieur Loyal. Et pour que ça soit encore plus drĂŽle, je me suis dĂ©guisĂ©. Et jâai veillĂ© Ă changer de costume et de personnage chaque soir. Cela me demandait un boulot Ă©norme. Je me prĂ©parais pendant des heures. Jâattendais dans la loge oĂč je prenais mes repas, pour surgir sur scĂšne et crĂ©er la surprise.
Câest Ă cette Ă©poque quâon a commencĂ© Ă vous surnommer, lâhomme aux mille visages ?
CâĂ©tait important pour moi, de faire la diffĂ©rence entre le monde du quotidien et celui de la scĂšne, pour faire honneur au public. Je suis parti dâun personnage classique de maĂźtre de piste, comme on en voit dans les cirques en y ajoutant de la dentelle, de lâextravagance. Je me suis constituĂ© une vraie galerie de personnages : musiciens, artistes, comĂ©diens, hĂ©ros de la culture pop. Une collection incroyable de costumes, de postiches, de perruques et de fausses moustaches. TrĂšs vite, ça a dĂ©rivĂ© sur des personnages plus rock : David Bowie, Alice Cooper, Les Beatles, Slash ou Axel Rose⊠Jâai une team de rĂȘve autour de moi. Micki Chomicki, perruquiĂšre lĂ©gendaire qui travaillait pour Antoine De
Caunes (la perruque de didier lâEmbrouille, câest elle).
La maquilleuse Julie Poulain. Ces femmes font des miracles. Une perruque, si ce nâest pas coiffĂ©, apprĂȘtĂ©, prĂ©parĂ©, câest juste un tas de cheveux emmĂȘlĂ©s dans un sac plastique.
OĂč en est la nuit parisienne aujourdâhui ? Est-ce quâon sâamuse encore dans la capitale ?
Oui ! On me parle de Berlin, Barcelone, Lisbonne. Mais la nuit à Paris est plus vivante que jamais. Il y a un tas de lieux qui bougent. Tous les jours, je reçois des messages de gens qui me disent merci. « Vous avez fait du No.Pi un lieu incroyable. C'est devenu mon club préféré ». Mon
Nicolas Ullmann câest aussi lâĂ©criture de contes rock pour enfants (« Rockambolesques » sur toutes les meilleurs plateformes audio) Des rĂŽles dans des films. Des spectacles et fĂȘtes sur mesure avec le collectif Snobb.
mĂ©tier est de rendre la nuit magique. Il n'y a pas de club Ă Paris oĂč tu peux avoir du live toute la nuit. Au No.Pi, si tu arrives Ă trois heures du matin, tu as encore un groupe qui joue. Pour que la magie persiste, il faut savoir se renouveler, se remettre en question. Faire la fĂȘte est un besoin universellement partagĂ©. Partout oĂč je suis allĂ©, de la Roumanie Ă la SlovĂ©nie, de Londres Ă Zanzibar, jâai vĂ©cu des expĂ©riences festives de dingue. Quels sont les ingrĂ©dients dâune fĂȘte rĂ©ussie ?
De la bonne musique, des jolies filles et des moments de folie. Il y a un temps oĂč je faisais des trucs de dingue, comme distribuer des joints au premier rang, entrer en scĂšne sur un vrai scooter, me mettre Ă poil avec une chaussette sur le sexe. Un jour, alors quâun groupe chantait Light my fire des Doors, jâai vidĂ© prĂ©textant que le chanteur foutait le feu vidĂ© un extincteur sur la scĂšne et le public (rire). Jâai mĂȘme mis le feu Ă une guitare avec de lâessence. Depuis, je me suis assagi et je suis mĂȘme devenu papa.Enfin câest Ă ma Loretta, que jâapprendrais toutes les meilleures bĂȘtises Ă faire.
En savoir plus sur : www.snobbmusic.com
instagram: nicolas ullmann. Et nopi_paris
ENTRETIEN AVEC MARIE NEUILLY LA ROCKEUSE DE DIAMANT
Musicienne, DJ selector, directrice artistique, crĂ©atrice du label © « La Chatte de Françoise », lâex guitariste du groupe rock Les Plastiscines est aussi une icĂŽne du style.
Texte : Olivier Bonnefon
Pure slasheuse 2.0, artiste multi facettes, qui est Marine Neuilly ? Le jour, elle collabore avec des marques de luxe et mĂšne des projets Ă©ditoriaux ou artistiques. La nuit, elle mixe dans les soirĂ©es branchĂ©es de la capitale. Avec son joli minois et son regard bleu azur, soulignĂ© dâun trait de crayon noir, elle cultive le chic, aussi Ă lâaise dans une paire de jean et de Converse que dans une Ă©lĂ©gante tenue Dior.
Précoce
Ă 16 ans, fan des Strokes, des Ramones, de Blondie, Kate Bush et des Libertines, elle dĂ©cide de monter un groupe de rock avec des copines de Saint-Cyr-lâĂcole.
Lâaventure Les Plastiscines est lancĂ©e. Le groupe dont elle est guitariste et choriste, fait les premiĂšres parties dâIndochine ou dâIggy Pop et commence Ă tourner en France puis autour du monde.
Audacieuse
En 2011, Marine Neuilly quitte Les Plastiscines. Elle commence une carriĂšre solo de DJ Ă lâĂ©cole du Baron puis devient DJ selector, spĂ©cialitĂ© rĂ©servĂ©e aux encyclopĂ©dies musicales vivantes. Ses mix et ses boucles font merveille au ChĂąteau Voltaire, au Silencio des PrĂ©s, Ă la terrasse du Grand CafĂ© Fauchon, Ă la Casbah ou dans les soirĂ©es Juke Box Babe avec un mĂ©lange pop, rock, Ă©lectro.
Stylée
Son label « La Chatte de Françoise », reflĂšte son univers dĂ©calĂ© et fĂ©ministe. Elle collabore avec des marques de luxe, produit du contenu visuel autour des femmes, des fanzines ou des photos. Elle a créé sa propre marque de lingerie upcyclĂ©e et Ă©thique qui porte le mĂȘme nom.
CélÚbre
Soutenues par Philippe ManĆuvre, Les Plastiscines font les couvertures des magazines branchĂ©s comme Rock & Folk (France) ou Nylon (USA). Leur single « Loser » est repris dans la BO du film « LâHeure dâĂ©tĂ© » dâOlivier Assayas. Le groupe apparaĂźt dans la sĂ©rie « Gossip Girl », oĂč il interprĂšte sa chanson B.I.T.C.H.
Contact
Marine Neuilly travaille avec lâagence Snobb Music, rĂ©gie de talents artistiques, qui gĂšre ses prods et son booking. Elle anime le compte Instagram @marine_neuilly et le site web www.lachattedefrancoise.com.
En savoir plus sur : www.snobbmusic.com/marine-neuilly, Mail : production@snobbmusic.com
Pure slasheuse 2.0, artiste multi facettes, qui est Marine Neuilly ?
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Marine Neuilly en chemise, pantalon et chaussures DIOR.
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Nicolas Ullmann, lâun des rois des nuits parisiennes, sâest prĂȘtĂ© au jeu lors de cette sĂ©ance mode organisĂ©e au Studio Harcourt.
PARFUM ET CINĂMA
SCĂNARIO PARTAGĂ
MĂȘmes codes glamour, mĂȘme goĂ»t pour la mise en scĂšne, la sĂ©duction et les happy end⊠AssurĂ©ment, parfum et cinĂ©ma partagent plus que des Ă©gĂ©ries et des rĂ©alisateurs. Ils racontent ensemble un monde oĂč tout est possible.
Ămotion. Sâil fallait choisir un mot, un seul, pour trouver le dĂ©nominateur entre cinĂ©ma et parfum, ce serait sans doute celui-lĂ . Tous deux ne sont que rĂȘves. Quand le premier construit des mondes imaginaires, des romans dâamour et des drames, dont le sillage persiste parfois en nous plusieurs jours, le second raconte lâhistoire rĂ©elle ou fantasmĂ©e dâun hĂ©ros, souvent dâune hĂ©roĂŻne, qui laisse sa trace olfactive. Tous deux parlent dâimage, fabriquĂ©e ou symbolique, dâapparences et des rĂŽles que lâon joue, parfois inconsciemment. Il y a dans les parfumeries de grosses productions et des parfums dâauteurs, dans les salles obscures des blockbusters et des films indĂ©pendants. Rien dâĂ©tonnant Ă ce que ces deux mondes se cĂŽtoient depuis toujours, sâinspirent, se cherchent et sâentremĂȘlent multipliant les mises en abĂźme. Qui est la star ? Le jus ou lâartiste qui lâincarne ? De tous temps, les actrices ont Ă©tĂ© les ambassadrices des grands noms de la parfumerie, liant parfois leur destin Ă celui de leur fragrance fĂ©tiche. Qui ne connaĂźt pas la cĂ©lĂšbre rĂ©plique de Marilyn Monroe, laquelle rĂ©pondait aux journalistes quâelle ne dormait avec rien dâautre la nuit que quelques gouttes de Chanel n°5⊠VoilĂ un parfum, si ce nâest le parfum, le plus cinĂ©matographique du monde. Ăvoquer les Ă©gĂ©ries de la maison de la rue Cambon câest convoquer Cannes et Hollywood mais aussi rĂ©viser lâhistoire du cinĂ©ma Ă coups de films aux dĂ©cors somptuaires qui nâont parfois de publicitaires que le nom.
Parfums dâactrices
Il y eut ainsi Vanessa Paradis en femme-oiseau sifflotant pour Coco dans un court-métrage signé Jean-
Paul Goude, Nicole Kidman et Baz Lhurmann Ă nouveau rĂ©unis aprĂšs le flamboyant « Moulin Rouge » ou encore Audrey Tautou, filmĂ©e par Jean-Pierre Jeunet juste aprĂšs « AmĂ©lie Poulain ». Citons encore Keira Knightley, en espiĂšgle Coco Mademoiselle, Catherine Deneuve, Carole Bouquet, Kristen Stewart, Lili-Rose Depp, Marion Cotillard et mĂȘme Brad Pitt, le seul homme Ă avoir prĂȘtĂ© ses traits et sa voix au n°5 alors que lâĂ©nigmatique Bleu restera Ă jamais marquĂ© par le visage du regrettĂ© Gaspard Ulliel.
Dior nâest pas en reste. Jâadore, le parfum iconique de la marque, parmi les plus vendus en France, reste attachĂ© Ă lâactrice sud-africaine Charlize Theron depuis 2004. Les cinĂ©philes se souviendront dâailleurs dâune sĂ©quence pleine dâesprit mettant en scĂšne de maniĂšre totalement anachronique lâactrice oscarisĂ©e aux cĂŽtĂ©s des iconiques Grace Kelly, Marlene Dietrich et Marilyn Monroe, cette derniĂšre prononçant distinctement, et malicieusement, le fameux « jâadore ». Ăgalement au casting des Ă©gĂ©ries chez Dior ? Natalie Portman, Miss Dior depuis 2011, Robert Pattinson, Eva Green, Monica Bellucci, Jude Law, Jennifer Lawrence et bien sĂ»r Alain Delon, pour lâEau Sauvage, aujourdâhui portĂ©e par Johnny Depp. Il y a quelques mois, la marque au muguet est allĂ©e un peu plus loin encore laissant carte blanche Ă lâactrice Ana Girardot pour rĂ©aliser un film autour du parfum Gris Dior. MĂȘme passage Ă lâacte pour Emma Watson que lâon retrouve devant et derriĂšre la camĂ©ra pour Paradox de Prada.
Le parfum, accessoire singulier et pluriel YSL, qui compte dâailleurs un parfum CinĂ©ma, Mugler, Armani⊠Toutes les grandes Maisons ont associĂ©, un jour ou lâautre, leur image Ă celle de grandes figures
du 7e art, crĂ©ant mĂȘme une filiation, un lien tĂ©nu entre ambassadrices dâun mĂȘme jus. Câest le cas du mythique parfum TrĂ©sor, incarnĂ© tour Ă tour par Isabella Rossellini, Penelope Cruz ou Kate Winslet. Le porter Ă son tour, câest un peu rejoindre leur club, qui nâen rĂȘverait pas ? Un processus dâidentification qui fonctionne encore Ă plein avec Zendaya ou Julia Roberts, Ă©gĂ©rie du parfum prĂ©fĂ©rĂ© des Françaises : La Vie est Belle. Quâon le veuille ou non, par sa puissance Ă©vocatrice, le parfum est plus quâun accessoire. Nombre dâacteurs le glisse au dĂ©tour dâune interview : rien ne vaut un parfum pour se glisser dans la peau dâun personnage. Lui donner une odeur câest dĂ©jĂ lui donner corps, certaines fragrances ayant « le pouvoir de faire surgir toutes sortes de souvenirs et de sentiments », confiait Rooney Mara, Ă©gĂ©rie Givenchy comme Audrey Hepburn avant elle. Et puis, le parfum au cinĂ©ma nâest pas toujours seulement suggĂ©rĂ©. Il peut aussi faire de la figuration, posĂ© au dĂ©tour dâune scĂšne, sur un bureau, dans une salle de bains ou une table de nuit. Il lui arrive de tenir le premier rĂŽle, dĂ©voilant ses coulisses, ses maniĂšres et ses matiĂšres. Câest le cas de « PrĂȘte-moi ta main », d'Ăric Lartigau ou des « Parfums » de GrĂ©gory Magne, deux longs-mĂ©trages qui mettent en scĂšne des nez, jouĂ©s respectivement par Alain Chabat et Emmanuelle Devos. Parfois enfin, le parfum crĂšve lâĂ©cran et devient la vedette, le sujet principal, comme ce fut avec lâadaptation cinĂ©matographique du « Parfum » en 2006. Il sâest mĂȘme dĂ©jĂ invitĂ© concrĂštement dans les salles de cinĂ©ma, sous forme de pastilles Ă gratter tout au long du film. Un procĂ©dĂ©, anecdotique et expĂ©rimental, qui nâavait dâautre but que de rajouter encore de lâĂ©motion olfactive Ă lâĂ©motion cinĂ©matographiqueâŠ.
FRAGRANCES
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Styliste et directeur artistique : Farouk Chekoufi ⹠Texte : Audrey Grosclaude ⹠Photographe : Equipe Studio Harcourt composée de Eloi Robert (coordination), Kostia Petit (photographe), Alexis Rambosson (assistant photographe), Benoit Pinchon (assistant photographe), Elliot Meyer (assistant photographe) et Marion Dejardins (assistant photographe).⹠Assistant styliste : Benjamin Coutant.
PACIFIC CHILL, LOUIS VUITTON
Ode Ă la Californie, son art de vivre, ses couleurs et ses odeurs Ă nulle autre pareille, la collection des Colognes Louis Vuitton se dote dâun nouvel opus : Pacific Chill. Un jus comme un smoothie Ă base de cassis, menthe, orange, coriandre, cĂ©drat et citron, rose de mai, basilic, graines de carotte, abricot, musc vĂ©gĂ©tal, figue et jujube.
FRAGRANCES
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VIRGIN ISLAND WATER DE CREED Parfum de « voyage » imaginĂ© par la vĂ©nĂ©rable Maison franco-britannique Creed, Virgin Island Water, sâouvre sur des notes de bergamote, mandarine, fleur de tiarĂ© et citron vert avant de plonger dans les eaux caribĂ©ennes sur fond de coco et musc. Entre les deux, son cĆur hibiscus, jasmin, ylangylang penche cĂŽtĂ© Tropiques.
ROSE PASSION DE JIMMY CHOO
Pop et glamour, un floral ambrĂ© aussi doux que piquant qui sâouvre sur un bouquet de coco et de fleurs de frangipanier, avant de laisser place Ă des notes dâorchidĂ©es et de jasmin pour finir sur un accord solaire vanille-bois de santal.
JâADORE, PARFUM DâEAU, DIOR Toute la magie florale de Jâadore, notes de jasmin sambac, nĂ©roli de Vallauris, magnolia de Chine, dans un concentrĂ© sans alcool dâeau et de fleurs dont on sâenveloppe gĂ©nĂ©reusement, en nuage, le temps dâun nouveau geste de parfum.
ENCENS LUMIĂRE DE KENZO
Retour aux sources et hommage au Japon ancestral, des Maisons de thĂ© et des jardins zen avec ce jus mixte, issu de la collection Kenzo Memori. Un floral ambrĂ©, composĂ© dâencens, de freesia et de safran, capturĂ© dans un flacon aux allures de flasque de sakĂ©. DĂ©licat et diffĂ©rent.
UN JARDIN Ă CYTHĂRE, HERMĂS Dernier-nĂ© des parfums-jardins de la Maison du Faubourg Saint-HonorĂ©, Un Jardin Ă CythĂšre convoque le bois dâolivier, la pistache et les graminĂ©es pour composer un voyage hespĂ©ridĂ©-boisĂ© dans le PĂ©loponnĂšse des artistes et des paysages solaires.
FRAGRANCES
OUD KHĂL DE GUERLAIN
Dans son flacon-Ă©crin, petit bijou de sophistication inspirĂ© du flacon carrĂ© de la Maison, Oud KhĂŽl explore son animalitĂ© et toutes les facettes du bois de Oud. AldĂ©hydes, mousse ou notes pralinĂ©es caramĂ©lisĂ©es ourlent lâensemble, livrant un parfum magnĂ©tique et envoĂ»tant.
BOIS NOMADES DE CHOPARD
Jus ambrĂ© boisĂ© mixte, Bois Nomades Ă©voque lâOrient et ses mystĂšres au cĆur dâune forĂȘt de lĂ©gende, plantĂ©e de cĂšdres de lâAtlas marocain et dâoud, utilisĂ© ici dans sa version la plus prĂ©cieuse, lâoud Assafi. Rose Damascena, encens, myrrhe, cannelle, clou de girofle ou poivre noir complĂštent la formule, magnĂ©tique et singuliĂšre.
EQUIVOQUE DE GIVENCHY
Une fragrance complexe et puissante, construite autour dâun bois de Oud Assam du Bangladesh, dâessence de cardamome, de feuilles de cĂšdre et de gaĂŻac. Un parfum intense boiséépicĂ© sans compromis.
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GUERLAIN,
HUDA
GIVENCHY,
HERMĂS,
DES ĂGĂRIES SUR PELLICULE
LA BEAUTĂ EST UN ART QUI SE RĂVĂLE AUSSI SUR GRAND ĂCRAN
Actrices et acteurs font le lien entre le monde du cinĂ©ma, celui des parfums et des cosmĂ©tiques, en devenant les ambassadeurs de grandes marques. Ce monde inspire la sĂ©rie « Emily in Paris ». Tandis que ZoĂ« Kravitz incarne l'esprit rock et glamour de SaintLaurent, et Hunter Schafer sublime son visage androgyne avec les crĂ©ations de Mugler. Quant Ă la Maison LancĂŽme, elle a adoubĂ© Aya Nakamura en tant quâambassadrice mondiale.
BEAUTĂ
Styliste et directeur artistique : Farouk Chekoufi ⹠Photographe : Equipe Studio Harcourt composée de Eloi Robert (coordination), Kostia Petit (photographe), Alexis Rambosson (assistant photographe), Benoit Pinchon (assistant photographe), Elliot Meyer (assistant photographe) et Marion Dejardins (assistant photographe). ⹠Texte : Viviane Lafargue
Orchidée Impériale Black, Le Symbiosérum : Le sérum anti-ùge ultime.
BEAUTY, Legit Lashes, mascara dans une édition limitée dorée.
Le Soin Noir : Créme opulente redensifiante.
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Plein Air : poudre minérale nacrée.
DIAMANTS ĂTERNELS
LE CINĂMA EST UN ĂCRIN, UNE BOĂTE Ă BIJOUX
Cinq films recĂšlent presque plus de perles et de diamants, que toute la place VendĂŽme. Dans « Breakfast at Tiffanyâs » (1961), Audrey Hepburn, vĂȘtue d'une robe noire et d'un collier de perles, rĂȘve devant la vitrine de la cĂ©lĂšbre joaillerie newyorkaise. ComposĂ© par Jean Schlumberger, son collier est composĂ© de cinq rangs de perles, ornĂ© d'un pendentif en diamants en forme de croissant de lune. Avec « Titanic » (1997), le CĆur de l'ocĂ©an, collier serti d'un diamant bleu de 56 carats, inspirĂ© du Hope Diamond, tient le second rĂŽle, aux cĂŽtĂ©s de Rose (Kate Winslet) et Jack (Leonardo DiCaprio). Ce dernier le lui met autour du cou lorsqu'il la dessine nue. Celui du film a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par
Swarovski. Dans « Les hommes prĂ©fĂšrent les blondes » (1953), Marilyn Monroe consacre Ă jamais les croqueuses de diamants avec sa chanson « Diamonds Are a Girl's Best Friend », vĂȘtue d'une robe rose et de bijoux Harry Winston. Dans « Le fabuleux destin d'AmĂ©lie Poulain » (2001), Audrey Tautou (AmĂ©lie) dĂ©couvre une boĂźte Ă souvenirs avec un pendentif en forme de cĆur et dĂ©cide de retrouver son propriĂ©taire. Et enfin dans « Mort sur le Nil » (2020), Gal Gadot, la riche hĂ©ritiĂšre porte un collier exceptionnel, le Tiffany Diamond, qui vaut plus de 30 millions de dollars. Ce diamant jaune de 128 carats a Ă©tĂ© portĂ© par Audrey Hepburn et Lady Gaga.
JOAILLERIE
Julie, boucles dâoreilles, Black Magic Supernova, LORENZ BĂUMER. Bracelets, Black Magic Aurora et Supernova, LORENZ BĂUMER. Robe, GEORGES MAKAROUN.
⹠Mannequins :
de Aon Models ;
B,
B, EM G
Metropolitan Models ;
de
Models ;
de
Agency ⹠Photographe : Equipe Studio Harcourt
de
Petit (photographe),
(assistant photographe),
(assistant photographe) et SolÚne Dubois (maquilleuse) ⹠Maquillage : Marie Tritsch avec les produits Guerlain ⹠Coiffure :
et
Ceriani @N Agency Paris ⹠Manicure :
pour Dior Beauty âą Assistant Stylisme :
Coutant ⹠Production : Maison Keti et Harcourt Magazine ⹠Texte : Gigi Riard Olga
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Styliste et directeur artistique :
Farouk Chekoufi
Alisa
Julie, Anissa
Isis
de
Camille et Maya
Crystal
Olga
Bozena
composée
Kostia
Samantha Gravillon
Elliot Meyer
Omar Bouker pour GHD Hair
Stella
Marie Rosa
Benjamin
porte un Sautoir, Boucle dâoreille unitaire et bague double en or blanc et diamants, Pretty Woman, FRED. Robe, MAISON KETI.
De gauche Ă droite : Alisa, collier et boucles dâoreilles en or et diamants, MESSIKA Haute Joaillerie. Maillot de bain, PAIN DE SUCRE. Sandales, GIUSEPPE ZANOTTI. Collants, CALZEDONIA. Camille, boucles dâoreilles et bracelet en or blanc, diamants blancs et noirs, Ombre & LumiĂšre, LORENZ BĂUMER. Collier en or blanc et cristal de roche serti d'aigues-marines et pavĂ© de diamants blancs, LORENZ BĂUMER. Lunettes, SAINT LAURENT. Maillot de bain, PAIN DE SUCRE. Bottes, GIUSEPPE ZANOTTI. Collants CALZEDONIA.
JOAILLERIE
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Julie, collier et boucles dâoreilles en or blanc et diamants, Beyond The Light, MESSIKA Haute joaillerie. Maillot de bain PAIN DE SUCRE.
De gauche Ă droite : Alisa, collier et boucles dâoreilles en or et diamants, MESSIKA Haute Joaillerie. Maillot de bain PAIN DE SUCRE. Anissa B, collier, bague et bracelet en or blanc et diamants, collection Ruban, CHANEL Haute Joaillerie. Robe, AZ Factory by LUTZ HUELLE. Lunettes, ALAĂA. Camille, boucles dâoreille en or blanc, diamants blancs et noirs, Ombre & LumiĂšre, LORENZ BĂUMER. Collier en or blanc et cristal de roche serti d'aigues-marines et pavĂ© de diamants blancs, LORENZ BĂUMER. Maillot de bain PAIN DE SUCRE.
EM G, collection Point d'Interrogation, collier plume de Paon, serti d'une émeraude de Zambie de 5,68 ct, pavé de diamants sur or blanc, BOUCHERON. Robe ALEXANDER McQUEEN.
JOAILLERIE
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Isis B, collier scellĂ© en or et diamants et boucles dâoreilles, Couture Dior, DIOR. Robe, GIADA. Chaussures, MANOLO BLAHNIK. Collants CALZEDONIA.
Anissa B, collier, bague et bracelet en or blanc et diamants, collection Ruban de CHANEL Haute Joaillerie. Robe, AZ Factory de Lutz Huelle. Lunettes, ALAĂA. Chaussures, AQUAZZURA. Collants, CALZEDONIA.
JOAILLERIE
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Maya, collier, boucles dâoreilles et bague en or blanc et diamants, RoseDior, DIOR Haute Joaillerie. Veste, ELIE SAAB.
JOAILLERIE
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Julie, collier et boucles dâoreilles en or blanc et diamants, Beyond The Light, MESSIKA Haute joaillerie. Lunettes, SAINT LAURENT. Maillot de bain, PAIN DE SUCRE. Sandales, GIUSEPPE ZANOTTI. Collants CALZEDONIA.
Camille, collier et boucles dâoreilles en or blanc et diamants, TASAKI Haute Joaillerie. Robe, GEORGES MAKAROUN. Sandales, AQUAZZURA.
LâĂLĂGANCE DE LA PONCTUALITĂ
LE TEMPS EST UN ĂLĂMENT ESSENTIEL DU CINĂMA
Il rythme le rĂ©cit, crĂ©e du suspense, influence les choix des personnages. James Bond porte des montres de luxe, comme la Rolex Submariner ou la Omega Seamaster, sans lesquelles il ne serait pas 007. Mia Wallace (Uma Thurman), de Pulp Fiction, arbore une montre en or qui appartient Ă son mari, le puissant gangster Marsellus Wallace. Elle symbolise son pouvoir de sĂ©duction, son goĂ»t pour le danger. Parfois, ce temps incompressible reprĂ©sente un enjeu, un dĂ©fi, une contrainte. Dans « Retour vers le futur », Marty McFly (Michael J. Fox) doit synchroniser sa montre avec celle du Doc Brown (Christopher Lloyd) pour voyager dans le temps et sauver son existence. Dans « Inception », Cobb (Leonardo Di Caprio) utilise une montre spĂ©ciale pour contrĂŽler la durĂ©e de ses rĂȘves et Ă©viter de se perdre dans le subconscient. Etc. Signe de distinction, outil de survie, la montre est un Ă©lĂ©ment indissociable du cinĂ©ma. Un signe de style, sachant que la plus belle Ă©lĂ©gance est d'arriver toujours Ă l'heure, que ce soit pour un rendez-vous galant, une mission secrĂšte ou une aventure fantastique !
HORLOGERIE
Styliste et directeur artistique : Farouk Chekoufi ⹠Mannequins : Bianca de Metropolitan Models, Rodrigue Durard et Luca M de M Management Models ⹠Photographe :
Equipe Studio Harcourt composée de Eloi Robert (coordination), Kostia Petit (photographe), Alexis Rambosson (assistant photographe), Benoit Pinchon (assistant photographe), Elliot Meyer (assistant photographe) et Marion Dejardins (assistant photographe). Coiffure : Raynald @b-agency ⹠Maquillage Lorandy pour Dior Beauty
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âą Manicure : Marie Rosa pour Dior Beauty âą Assistants Stylisme : Benjamin Coutan et Cannelle Godran âą Texte : HervĂ© de lâAntenne et Serge Courteline.
HORLOGERIE
Montre en or jaune et diamants, quartz 26 mm, verre saphir bombĂ© rĂ©sistant aux rayures, traitĂ© antireflet Ă lâintĂ©rieur - Collection De Ville, TrĂ©sor, Moonshine gold dâOMEGA. Veste GIADA.
Montre à mouvement quartz, aiguilles brillantes taillées au diamant, verre saphir bombé avec traitement antireflet de TOM FORD. Veste, UNGARO.
HORLOGERIE 75
Montre à mouvement mécanique à remontage automatique. Acier inoxydable, Fond saphir. Index et aiguilles luminescents. Sertissage 136 diamants blancs de SABOTEUR. Veste GIVENCHY.
Montre icÎne de la Maison Dior avec lignes géométriques du Cannage, La D My Dior de DIOR. Trench GENNY.
UtilisĂ© lors des six alunissages, ce chronographe lĂ©gendaire incarne Ă la perfection lâesprit pionnier et aventurier de la Maison OmĂ©ga. Moonwatch Professionnal, Chronographe co-Axial, Master Chronometer 42 mm de OMEGA. Veste, GEORGES MAKAROUN.
HORLOGERIE 78
Bracelet en cĂ©ramique, haute rĂ©sistance noire, boucle triple dĂ©ployante en acier, mouvement mĂ©canique Ă remontage automatique, J12 de CHANEL. Chemise, SĂBLINE
La nouvelle Classic Tourbillon Manufacture honore les plus belles traditions de l'art horloger jusque dans les moindres détails. Il est équipé du calibre manufacture FC-980 et présente des techniques horlogÚres traditionnelles telles que l'anglage, le perlage, le grenage circulaire, FREDERIQUE CONSTANT. T-shirt , SUPERROBY.
Montre joailliÚre, Serpent BohÚme, sertie de quartz rose, pavée de diamants sur or rose avec cadran entiÚrement pavé, BOUCHERON. Manteau, MAX MARA.
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Royal Oak Selfwinding de 41 mm, dotĂ©e de la derniĂšre Ă©volution ergonomique de la collection. Associe l'acier inoxydable Ă un Ă©lĂ©gant cadran noir "Grande Tapisserie", AUDEMARS PIGUET. Chemise, SĂBLINE
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