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Hommage
Par Guitel Ben-Ishay
Ariel Sharon (1928-2014) ז''ל
Région La Côte
Comme un Lion jusqu'au bout S h a b b at Bechala'h 10 Chvat (11 janvier), Ariel Sharon s'est éteint. Il était un grand p e rs o n n a g e dont la vie s ’ i d e n ti fi e totalement à celle de notre État, et dont l'action lui était entièrement dévouée. Quelques lignes ne suffiront pas à décrire sa vie et il se sera battu à chaque étape et jusqu'à son dernier souffle comme un lion. «Arik, Mele'h Israël» Ariel Sharon est né en Palestine mandataire de parents ayant fui les pogroms d'Europe de l'Est. Déjà très jeune, il manifeste un attachement à sa terre, qui se traduit par des actions sur le terrain. Ainsi rien d’étonnant à ce qu’il se soit engagé dans la «Haganah» puis dans Tsahal pour participer aux différents combats aya n t m e n é à l ’ I n d é p e n d a n c e puis même pendant la guerre de Libération. En 1948 il frôle la mort, mais ses motivations demeureront intactes. Son action militaire se poursuit et ses capacités stratégiques hors normes se confirment lors de la campagne de Suez en 1956 et de la Guerre des Six Jours en 1967. Certes, la hiérarchie lui reproche son indiscipline, mais sur le terrain, ses succès pardonnent tout. Ce côté rebelle lui vaudra d’être sacré héros d’Israël lors de la guerre de Kippour. Par son entêtement et son analyse lucide de la situation, le général Sharon parvient à traverser le canal de Suez et à encercler les Égyptiens, assurant ainsi un retournement de la situation en faveur de l’armée israélienne. Il s'agit du tournant de la guerre pourtant mal engagée pour Israël. À l'issue du conflit, Ariel Sharon est acclamé aux cris de «Arik, Mele'h Israël». Une légende était née. De la stratégie militaire à la stratégie politique Ariel Sharon ne s'est pas contenté
du terrain militaire pour œuvrer pour le pays. Il a investi la scène politique dès 1973. Il fonde avec Menahem Begin le Likoud, parti de droite nationaliste. Il profitera de ses différentes responsabilités politiques pour promouvoir l'installation des Juifs en Judée-Samarie et à Gaza. Avec sa bénédiction, ce sont plus de 25.000 Juifs qui s'installent dans ces régions entre 1977 et 1981. Sa carrière politique est mise entre parenthèses à partir de 1982 avec la Guerre du Liban et le massacre de Sabra et Chatila pour lequel lui sera reconnue une responsabilité indirecte, le contraignant à démissionner de son poste de ministre de la Défense. Son véritable retour en politique se fera dans les années 1990 pendant lesquelles il occupera différentes responsabilités ministérielles. Durant toutes ces années, Ariel Sharon aura aussi été un grand soutien de l'alyah: il a appelé sans relâche les Juifs du monde entier et de France en particulier à venir s'installer en Israël. Il fait partie des artisans du programme MASSA qui permet chaque année à de nombreux jeunes de passer une année en Israël, et très souvent à franchir le pas de l'alyah. En septembre 2000, sa visite sur le Mont du Temple suscite d'importants remous sécuritaires, certains allant jusqu'à lui imputer le déclenchement de la seconde Intifada alors même que des documents officiels prouvent que celle-ci était préparée depuis de nombreux mois par Yasser Arafat et les mouvements palestiniens. Ariel Sharon devient Premier ministre en 2001 et le restera jusqu'en 2006. En 2005, il quitte le Likoud suite au désengagement de la Bande de Gaza pour fonder un parti de centre-droit «Kadima». «Ariel Sharon, une énigme sans réponse» Pendant son mandat de Premier ministre, le nationaliste Sharon, fervent défenseur des implantations, opère un changement de discours. Il affirme qu'il est devenu impossible de rester dans certaines implantations, et annonce sa volonté d’évacuer
les 8.000 Juifs vivant dans le Goush Katif. Ce désengagement est un véritable traumatisme pour la société israélienne qui ne s'en est toujours pas remise. Il restera comme une énigme dans la brillante carrière d'Arik, le Lion qui a toujours été au bout de ce qu'il croyait. «Se souvenir des grands moments» Ariel Sharon a mené une vie publique mouvementée. Sa vie privée n'a pas toujours été facile puisqu'il perd son premier enfant, Gour, alors âgé de 11 ans. Puis en 2000 il perd brutalement sa femme Margalit (Lily) dans un accident de voiture. En décembre 2005 puis en janvier 2006, à quelques semaines d'intervalle, Ariel Sharon est victime de deux attaques cérébrales. Il ne se relèvera jamais de la seconde. Plongé dans le coma depuis huit ans, son état général s'est dégradé ces dernières semaines. Les hommages en Israël se multiplient depuis l'annonce du décès. Shimon Peres, qui l'avait rejoint en 2005 lors de la création de Kadima, a réagi avec beaucoup d’émotion au départ de son «ami proche». «Il fait partie des grands leaders d’Israël qui ne connaissait pas la peur. Il savait décider et agir. Nous l'aimions tous. Il nous manque». Binyamin Netanyahou a salué «un des plus grands militaires de notre peuple. Il sera à jamais dans le cœur de la nation». Tous, y compris les chefs d’État étrangers comme François Hollande, B i l l C l i nto n o u B a ra c k O b a m a , reconnaissent en lui un grand leader, courageux et qui a donné sa vie pour l’État d’Israël. Rendons hommage à un homme qui a porté Israël dans son cœur, et même si comme tout homme, Arik avait des imperfections, sachons en ces moments de deuil respecter le héros qu'il a été comme l'a souligné Naftali Bennett dans son éloge: «Souvenonsnous de ses grands actes et laissons les débats et les disputes de côté. Il sera toujours temps d'en reparler plus tard».
יהיה זכרו ברוך