LeMag' 9

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ÈRE DU WEB

L’ARNAQUE AUX OPTIONS BINAIRES

YVAN ATTAL

IL BRISE LES TABOUS ET EN PAYE LE PRIX

LeMag.co.il

N°9 OCT - NOV 2016

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COMPRENDRE LES ROUAGES DE LA SOCIÉTÉ ISRAÉLIENNE

HIGH-TECH, EMPLOI, START-UP...

LE MONDE ORTHODOXE FAIT

SA RÉVOLUTION ENQUÊTE SUR UN PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ QUI NE FAIT QUE COMMENCER ...

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DIRECTEUR DE PUBLICATION Remy Allouche remy@lemag.co.il

DIRECTION ÉDITORIALE Deborah Marciano deborah@lemag.co.il DIRECTRICE ARTISTIQUE Solène Sitbon solene@lemag.co.il GRAPHISTE Ilana Cohen ilana@lemag.co.il JOURNALISTES Naomie Ariel Karine Sarfati David Jortner Tal Bauman Kathie Kriegel Joel Valensi Dahlia Perez Claire Zilberstein Ambre Bendayan Johanna Afriat Déborah Hosatte Katja Epelbaum Yaël Ancri Michaël Blum PHOTO EDITOR fotolia - http://fr.fotolia.com/ IMPRESSION Old City Print DIRECTRICE ADMINISTRATIF ET FINANCIER Deborah Marciano deborah@lemag.co.il RESPONSABLE COMPTABLE Sandrine Samama sandrine.compta@gmail.com COMPTABLE Zaira Spencer compta@lemag.co.il MANAGER DE LA PUBLICITÉ Jean Wertenschlag sales@lemag.co.il RELATION PRESSE Caroll Azoulay caroll@lemag.co.il FONDATEUR Remy Allouche Éditions GOALI PRESSE LTD 514 388 016 : ‫ח’’פ‬ ‫ ירושלים‬- 13 ‫כנפי נשרים‬ Tél. : 02 654 01 78 / Fax : 1532 654 01 78

éditorial Les bâtisseurs

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© GPO

RÉDACTRICE EN CHEF Caroll Azoulay caroll@lemag.co.il

ransmettre. La mémoire et l’espoir pour l’un, la spiritualité et l’unité pour l’autre et enfin, la capacité à construire et à réaliser pour la troisième de ces grandes figures qui nous ont quittés cette année. L’écrivain Elie Wiesel, le Grand Rabbin Joseph Haim Sitruk, le président Shimon Peres ont été chacun à leur manière des lumières dans la nuit. Ils ont accompagné l’enfantement douloureux d’un peuple exsangue. Condamné au silence, il a retrouvé avec Elie la capacité de crier sa douleur. A la recherche d’une identité, il a découvert la foi avec Joseph Haim. Apatride, il est devenu l’un des pays les plus puissants de la région avec Shimon. Ce même Shimon, dernier de la génération des grands bâtisseurs d’Israël, devant lequel se sont recueillis les nations du monde pour rendre hommage à un homme d’Etat dont la vie fut consacrée à son pays. Elie, Joseph Haim, Shimon : Trois hommes dont les cheveux blancs témoignaient d’une vie remplie, généreuse, portée par l’amour de leur peuple. Un peuple qui se questionne aujourd’hui. Qui seront les prochaines courroies de transmission ? Serons-nous en mesure de faire prospérer le précieux héritage laissés par ces hommes pour lesquels l’intérêt général passait avant tout ? Pour lesquels la possibilité d’un monde meilleur et l’espoir du bonheur ne relevaient pas de l’utopie mais de la volonté … « Faites le compte de vos réalisations dans la vie et de vos rêves dans la tête. Si vous avez plus de rêves que de souvenirs, alors cela signifie que vous êtes jeune » affirmait ainsi Shimon Peres sans cesse interrogé sur le secret de sa longévité et qui avait délibérément choisi, envers et contre tout, d’être heureux, car disait-il : « Les optimistes et les pessimistes meurent de la même façon, alors il vaut mieux être heureux ». Caroll Azoulay

Vous souhaitez nous communiquer une information non commerciale liée à la vie de votre ville, de votre association ou de votre communauté ? Un seul Email : courrier@lemag.co.il

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SOMMAIRE OCTOBRE - NOVEMBRE 2016 LeMag’ N° 9

16 Serge Azria est né à Tunis, a grandi en France et fait fortune aux USA, sans jamais oublier Israël. ITW exclusive signée leMag’.

5 ÉDITO 8

HOMMAGE… au Rav Sitruk Zal

10 ZAPPING 14

DES CHIFFRES POUR LE DIRE

16 ENTREPRENDRE

78

Le King David fait partie du paysage de Jérusalem. Mais connaissons-nous réellement son histoire ? LeMag’ vous la raconte.

LeMag’ a eu la chance de s’entretenir avec Serge Azria, un entrepreneur Franco-Américain au cœur aussi grand que sa réussite

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ERE DU WEB

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RENCONTRE AVEC

Attention aux arnaques !

Rachel Tevet-Wiesel. Elle est générale de brigade, conseille le chef d’Etat-Major sur la place faite aux femmes dans l’armée et a peu de temps pour les inter- views médias. Sauf quand c’est leMag' qui frappe à sa porte

26 IMMOBILIER Et si vous investissiez dans un terrain ?

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Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles avec les conseils avisés du Mag’ pour dormir comme un bébé.

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L'INVITÉ DU MAG' Yvan Attal se livre

36 REPORTAGE

Voyagez en ‘Tremp’ avec leMag’

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UNE ŒUVRE, UN ARTISTE

Noah par Michèle Belin- Benhamou


Retrouvez LeMag’ sur www.lemag.co.il et sur facebook/lemag.co.il

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44 DOSSIER L’arrivée des ultra-orthodoxes dans le

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monde du travail est désormais irréversible. Un phénomène gagnant pour tous. LeMag’ en apporte la preuve

L’AN PROCHAIN À JÉRUSALEM

Découvrez l’indispensable guide de l’emploi d’AMI Un centre à la mémoire d'Ilan Halimi a ouvert ses portes à Tel-Aviv

64 SANTÉ Un bon sommeil est le garant d’une vie

saine. Quelques conseils pour l’améliorer

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PORTRAIT

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CULTURE

Danny Danon, le visage d’Israël à l’ONU

Le rapport Biton met les ‘Seph’ à l’honneur

74 IDENTITÉ

Brit Mila : Non, tous les Juifs ne sont pas circoncis !

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C'EST L'HISTOIRE...

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TRIBUNE LIBRE

Du King David. L’hôtel qui est entré dans l’Histoire

Olivier Rafowitz, colonel de réserve de Tsahal : " Attention, miroir aux alouettes ! "

36 68 68 44

Levez le pouce et embarquez dans le monde du Tremp’ !

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Etudier ou Travailler ? Désormais l'un n'empêche plus l'autre. Bien au contraire. Explications dans notre dossier.

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Il aura fallu presque 70 ans pour que le patrimoine sépharade et oriental soit enfin apprécié à sa juste valeur en Israël. Le rapport Biton en atteste.

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HOMMAGE LEMAG’ Le 25 septembre, Rav Joseph Haim Sitruck, la plus grande figure moderne du judaïsme français nous a quittés. Des milliers de personnes l’ont accompagné jusqu’à sa dernière demeure au Mont des Oliviers, ou ont témoigné de leur chagrin au travers de messages envoyés au site 'Torah-Box'. L’amour d’un peuple pour l'un de ses maîtres. Voici quelques plus beaux hommages rendus à un homme, auxquels leMag’ a voulu, ici, s’associer.

Il existe des hommes qui entrent dans le coeur des gens sans avoir besoin de frapper à leur porte. Rav Yossef Haim Sitruk z"al, ancien Grand rabbin de France, s'est hissé en étoile dans le coeur de chaque membre de la communauté. Si naturellement, qu'il n'est pas nécessaire de scruter le ciel pour le trouver. Le rappel de son simple nom le fait scintiller en nous. Que la lumière qui émanait de ce grand homme puisse se décupler et continuer à nous guider. Pensées, force et courage pour sa famille. Barou'h Dayan Haemet. Yiska Rahel bat Hava (France)

Rav Sitruk a porté les centaines de milliers de Juifs de France sur ses épaules pendant plus de vingt ans, il s'est occupé de nous, s'est soucié de nous, nous a aidés, et rien de tout cela ne l'a empêché d'être le Talmid 'Hakham qu'il a été. Qu'il puisse reposer avec les plus grands Tsadikim des générations. Baroukh Dayan Haémèt. Y. Aymard (Israël)

Un grand homme, un Tsaddik nous a quittés. Il a éclairé le judaïsme français de son savoir et nous a guidés à l'instar de notre maître, Moché Rabbénou. Il va laisser un grand vide… Son humour, sa proximité, et son amour pour les Juifs nous encourageaient. Qu'il repose en paix dans le pays de nos ancêtres. Qu'Hachem envoie la consolation à ses proches et les aide à surmonter cette épreuve. James Et Joelle TIBI (France)

Rav Sitruk zatsal. Un grand merci pour votre sourire, votre humour, votre générosité, et votre capacité à toucher nos cœurs. Vous nous avez rendu la Torah accessible, et vous êtes le père spirituel de toute une génération. Que vous reposiez en paix, que vous continuiez à nous guider, et que votre souvenir soit une source de bénédictions. Mikael WAJSBROT (France)

Chère Mme Sitruk Je partage votre peine. Rav Sitruk était le papa de toute l'école. Chaque jour qui va passer, je ferai des mitsvot sans cesse, je vous le promets pour que sa nechama brille de mille feux chez Hachem et qu’Il nous protège du gan éden. Orel, 8 ans, élève de l’école Aleph (Neuilly-sur-Seine)

Bien que je n'aie que 16 ans, je sais à quel point le Rav Sitruk nous a aidés. Nombreux sommes-nous, parmi mes amis de mon âge, à s’être rapprochés de la Torah grâce à l’un des événements -qui me marquera toujours- qu’il a pu organiser ; c'était Yom HaTorah ! Yedidia Senoussi (France)

Avec l'aimable participation de 8

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Il était un guide. Il était un maître. Grâce à chacun de ses mots, il a élevé notre âme vers Hashem. D-ieu l’a rappelé vers Lui, il nous laisse un gouffre, un vide abyssale mais ses paroles resteront à jamais dans notre coeur.Désormais, il ne connaitra plus la douleur mais la pleine quiétude qu'il mérite auprès de nos Pères. Il a rejoint les Grands parmi les Grands. Qu'il nous protège de Là-Haut. Amen. Que D-ieu soutienne sa femme et ses enfants dans cette douleur et les comble de bénédictions. Marlène Simha Lumbroso


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ZAPPING LEMAG’

CHOIX… CAPITAL POUR TBEX !

Le grand rabbin séfarade de Jérusalem Shlomo Amar, ancien Roch Letsion d’Israël, a récemment été fait citoyen d’honneur par le gouvernement espagnol, avec 219 autres personnes qui ont bénéficié d’une loi permettant aux descendants des Juifs séfarades espagnols – expulsés après 1492 - de se faire naturaliser citoyens espagnols. 4300 personnes ont déjà été naturalisées dans le cadre de cette loi qui a pour but de réparer une injustice, mais surtout d’attirer touristes, investisseurs et devises étrangères dans une Espagne en crise.

UNE ICÔNE À TEL-AVIV

© Twitter

L’actrice Sophia Loren, 81 ans, montera sur les planches de l’Auditorium Bronfman à Tel-Aviv, le 25 Novembre prochain, pour un one-woman show où elle évoquera sa fabuleuse carrière.

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La conférence TBEX International est LE rendez-vous incontournable pour le secteur de l’industrie du tourisme mondial. Après l’Amérique du Nord, l’Europe ou l’Asie, voici qu’elle débarque dans la capitale. Une aubaine pour Jérusalem qui compte bien en mettre plein les yeux aux professionnels, du 20 au 22 mars 2017.

© Libre de droits

HABLA ESPAÑOL ?

NÉONAZIS VS DJIHADISTES Les apparences sont trompeuses. Sur Twitter, les extrémistes néonazis sont nettement plus actifs que les djihadistes. Davantage de tweets et d’abonnés (+ 600 % depuis 2012 et 22 fois plus que les extrémistes musulmans selon une étude de J. M. Berger, chercheur à l’université George Washington). La propagande nationaliste blanche gazouillerait donc en mode hyper actif. Les terroristes islamistes ont pour leur part beaucoup moins voix au chapitre avec 360 000 comptes désactivés depuis 2015.


© Temple Mount Sifting Project

À LA RECHERCHE DU TEMPLE PERDU

LES FEMMES GAGNENT DU TERRAIN Après la nomination, en 2015, de Aliza Bin-Noun au poste d’ambassadrice d’Israël en France, c’est au tour de la France de nommer une ambassadrice en Israël. Hélène Le Gal sera la première femme à occuper un tel poste dans l’histoire des relations franco-israéliennes. L’énarque de 46 ans aurait demandé ce poste suite à un excellent contact avec ce pays entre 1994 et 1998, où elle avait été première secrétaire de l'ambassade. Liat Yahav fait aussi partie de ce nouveau paysage de femmes qui comptent. Nommée directrice de la compagnie aérienne El-Al pour la France et l’Europe de l’Ouest, elle succède à Yoram Elgrabli.

© Libre de droits

© Elram Mandel (MFA)

Des fragments de carrelage qui auraient orné le sol du Second Temple de Jérusalem ont été mis à jour par des archéologues travaillant pour une organisation qui passe au tamis des débris issus d’anciens travaux menés par le Wakf, non loin du Kottel. « C’est la première fois que les archéologues ont pu restaurer avec succès un élément du complexe Hérodien du Second Temple », a déclaré Zachi Dvira, le co-fondateur et le directeur du ‘Temple Mount Sifting Project’ dans un communiqué.

Aliza Bin-Noun

© Crédit : Marine Crouzet / Ambassade de France à Tel-Aviv

© Libre de droits

Hélène Le Gal

LES CERVEAUX ISRAÉLIENS AU TOP 100

Le classement universitaire annuel ‘QS World’ qui recense les meilleurs établissements d'enseignement supérieur dans le domaine de la recherche a inclus l'Université hébraïque de Jérusalem, (22ème) et le Technion (76ème) dans son classement qui comprend 800 universités sur 3000 candidates dans le monde. Histoire de confirmer sa performance, l’Université hébraïque a vu deux de ses chercheurs (les Professeurs Haïm Sieder et Aharon Razin) décrocher le Prix Horowitz 2016 décerné par l’Université Columbia. Un prix considéré comme un pré-Nobel.

ZEN ATTITUDE Les plus importants leaders spirituels asiatiques ont rencontré leurs homologues israéliens lors d’une visite organisée en Israël à la mi-septembre. « La Chine comprend cinq grandes religions, soit 2 milliards de croyants qui ont la foi et qui croient en la compassion, la paix, la liberté et la coexistence. Nous pouvons devenir de véritables amis sur la base d’un respect mutuel et du dialogue, pour un monde plus harmonieux » a indiqué le président de l’Association bouddhiste chinoise, H.H. Most Ven. Xuecheng à la résidence présidentielle.

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© DR

© Kobi Gideon (GPO)

ZAPPING LEMAG’ ISRAËL MONTRE LE BON EXEMPLE

© Fzcebook DLD Tel Aviv Innovation Festival

C’est une première et non des moindres. Jérusalem a accueilli, du 25 au 27 septembre dernier, le sommet de l’OCDE des ministres de l’Education. Une conférence internationale dirigée par le ministre de l’Education Naftali Bennett à laquelle ont participé des délégations d’une trentaine de pays. L’occasion pour Israël de présenter son savoir-faire dans les domaines de l’éducation formelle et informelle, mais aussi selon N.Bennett d’inciter les participants à prendre position contre le BDS.

USA-ISRAËL : L’ACCORD DU SIÈCLE 38 milliards de dollars, c’est le montant de l’aide militaire accordée par les Etats-Unis à Israël jusqu’en 2028. Soit 8 milliards de dollars de plus que le précédent accord signé par G.W Bush. Jamais une administration américaine n'avait été aussi généreuse avec son allié historique dans la région. « Cet accord constitue le plus important engagement d'assistance militaire bilatérale dans l'histoire des Etats-Unis », a insisté le département d'Etat. Une belle victoire pour Israël alors que les relations entre B.Netanyahou et B.Obama ont été particulièrement houleuses pendant le double mandat du Président américain.

L’ONU EN PREND POUR SON GRADE

Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique et de l’Innovation en France, était en Israël pour participer à l’ouverture de la 6ème édition du festival de l’innovation DLD Conference. Dans ce cadre, A.Lemaire a rencontré plusieurs acteurs des écosystèmes d’innovation israéliens et s’est entretenue avec les animateurs du French Tech Hub Tel-Aviv, pour dresser un premier bilan, un an après la création de ce réseau d’entrepreneurs français installés en Israël. Environ 250 entreprises françaises accompagnaient Axelle Lemaire. « Je ne comprends pas vraiment ce que vous faites là, allez à la plage, découvrez notre magnifique bord de mer, et rejoignez-nous pour boire un verre sur le Bd Rothschild » a déclaré le facétieux fondateur de la DLT TelAviv, Yossi Vardi, aux visiteurs français qui ont suivi à la lettre sa recommandation ! 12

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© Kobi Gideon (GPO)

LA FRANCE À LA DLD CONFERENCE

« Année après année, je me suis tenu à cette tribune et j’ai attaqué l’ONU pour son obsession biaisée envers Israël, et l’ONU méritait chaque critique » a déclaré le Premier ministre israélien lors du discours d’ouverture de la 71e session de l’Assemblée générale des Nations-Unies à New York. Rappelant que l’Assemblée générale des Nations Unies avait passé, l’année dernière, vingt résolutions contre Israël, et seulement trois pour le reste du monde, B.Netanyahou n’a pas hésité à enfoncer le clou en se demandant : « Et que dire de cette blague appelée le Conseil des droits de l’homme ? », une instance qui adopte, chaque année, « plus de résolutions contre Israël que contre tous les pays du monde réunis ».


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DES CHIFFRES POUR LE DIRE... LEMAG’

5 KG L'AVOCAT Fruit d’un arbre originaire d’Amérique centrale, l’avocat dont le nom vient de l’espagnol « aguacate », est prisé pour sa chair tendre et savoureuse. Véritable caméléon des hors-d’œuvre et des entrées, ce fuit-légume, qui se décline sous près d’une centaine de variétés - dont les plus connues sont la Hass à la peau noire et rugueuse, la Fuerte et la Ettinger à la peau lisse, brillante et verte - a été importé en Israël au début du 20ème siècle et n’est apparu dans nos assiettes que dans les années 50. Pourtant l’avocat, qui était méconnu en Israël il y a moins d’un siècle, est devenu en quelques décennies La star du marché des exportations vers l’Europe.

TOP 3

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BON POUR LE COEUR Riche en lipides, l’avocat contient de précieux acides gras mono insaturés- et non des acides gras saturés qui font grossir !-qui sont bénéfiques pour notre santé cardiovasculaire. Il participe ainsi à la régulation du mauvais cholestérol. En effet, l’avocat parvient à réduire le taux de LDL, le mauvais cholestérol, tout en préservant le bon cholestérol. BON POUR LE SYSTÈME DIGESTIF. L’avocat est riche en fibres alimentaires. En effet, il contient près de 6,7 g de fibres pour 100 g de chair. En sachant qu’un avocat entier pèse environ 180 g, ce sont près de 10 g de fibres ingurgitées, soit 1/3 de la quantité de fibres recommandée dans une journée. FAVORISE LA VISION. L’avocat est l’un des fruits contenant la plus grande part de lutéine, substance caroténoïde qui maintient votre vue en bon état de fonctionnement et lutte contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge.

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d’avocats consommés chaque année par personne en Israël, contre 2,5kg en Australie, 800g en Europe et 670g aux USA.

100 000 tonnes d’avocats ont été, depuis janvier 2016, exportées vers l’Europe, Israël étant l’un des seuls pays à exporter vers le continent en hiver.

1,5 € pièce, prix de l’avocat Hass en Europe contre 8.5 shekels le Kg en hiver. Il peut atteindre 40 shekels le Kg sur le marché local en été.


30%

74 000 dounams* de terre sont consacrés à la culture de l’avocat.

du marché européen en hiver est dominé par l'avocat israélien Haas, dont la peau est foncée et rugueuse.

45 MILLIONS de tonnes d’avocats consommés chaque année par les Israéliens.

138 kcal valeur énergétique pour 100g.

55%

de la production est exportée vers l’Europe Occidentale (France, Allemagne, Angleterre, Scandinavie, etc…).

80% du marché israélien de l'avocat est dominé par les kibboutzim.

*1 dounam = 1000 m 2 Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 15


SERGE AZRIA L’HOMME D’AFFAIRE AU GRAND COEUR La vie est faite comme ça. Certaines personnes arrivent en Israël avec dans leur valises un paréo, un peu de crème à bronzer, un petit mot à glisser rapidement entre les pierres du Kottel, et d’autres avec plusieurs millions de dollars destinés à aider des étudiants en détresse, des soldats démunis et des institutions prestigieuses qui contribuent à la renommée mondiale d’Israël. Nous avons rencontré ces deux sortes de personnes, mais allez savoir pourquoi, nous avons été captivés par un homme appartenant à cette seconde catégorie d’êtres humains… Riche, célèbre, généreux, mais très réservé, Serge Azria nous a accordé un entretien exclusif, quelques minutes seulement après avoir inauguré une plaque réalisée à la mémoire de sa mère, Rachel Azria, au Collège Académique de Netanya. 16

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Homme d’affaire, philanthrope, vous êtes avant tout un créateur, comment avez-vous commencé ? Serge Azria : J’ai toujours aimé transformer. Depuis mes 14 ans, dès que je pose le regard sur quelque chose, je me demande comment la transformer, en y associant des matériaux, en modifiant la ligne, bref en y associant ma patte. Un bout de tissu, une coiffure, une photo, un immeuble, tout y passe… J’ai démarré à Paris à 17 ans, dans les bijoux. Et puis je me suis retrouvé à faire des collections pour les grands couturiers comme Yves St Laurent, Dior…

FAIRE DES AFFAIRES UNIQUEMENT POUR L’ARGENT N’EST PAS INTÉRESSANT S’IL N’Y A PAS LA PASSION QUI ENTRE EN LIGNE DE COMPTE " Aussi simplement que cela ? ! S.A : Un des plus grands designers de bijoux américains, Kenneth Jay Lane, voulait pénétrer le marché de la haute couture française et nous nous sommes rencontrés par l’intermédiaire d’un oncle qui habitait aux EtatsUnis. J’ai abandonné mes études de

© NAC

ENTREPRENDRE LEMAG’


C’est à cette période que les Etats-Unis vous ont appelé ? S.A : Oui, en 1983, je suis parti pour New York, d’abord parce que j’y avais quelques amis et aussi parce que j’y connaissais quelques entreprises que j’avais aidées par le passé. Et puis un jour, alors que j’étais en vacances à New-York, à 7h00 du matin, l'homme d'affaires le plus célèbre de la 7th Avenue, (la 7th Avenue ou ‘Fashion Avenue’ regroupe les boutiques qui font et défont les modes NDLR) m’invite à prendre un café avec lui. Il sort son carnet de chèque, signe un chèque, me le donne en me demandant d’y inscrire la somme de mon choix. Il voulait que je lui fasse une collection, peu importait de quoi. En fait, et je l’avais complètement oublié, j’avais rencontré l’un de ses associés à Paris à qui j’avais donné quelques idées et modèles de blouses en

soie. Idées avec lesquelles ils avaient fait fortune. J’ai accepté l’offre et conçu un sweat-shirt que j’ai coupé au ciseau… exactement celui que porte la danseuse de ‘Flash Dance’, ainsi qu’un jean que j’ai sur-teint, un truc tout bête mais avec lequel il a fait un autre ‘carton’. Il m’a ensuite supplié de venir à New-York avec ma famille, en me promettant de m’occuper de tout… Au départ, c’était pour un an et je ne suis jamais reparti. Vous avez aimé cette vie américaine ? S.A : J’ai grandi avec la culture américaine… les films, Hollywood, la musique… On vivait au rythme US quand j’avais 20 ans… Chaque année, on partait avec des amis en Californie pour y collectionner des bottes de cow-boy. J’étais vraiment imprégné de la culture américaine des années 50 ! Donc pour moi, les Etats-Unis étaient une suite logique, et je me suis tout de suite senti à mon aise là-bas.

LA FORMULE : UN PEU DE TALENT ET BEAUCOUP DE TRAVAIL " Vous avez vécu l’âge d’or où tout semblait possible. Est-ce que vous pensez que des jeunes pourraient encore percer comme cela de nos jours ? S.A : Je dirai que c’est plus possible aujourd’hui qu’auparavant. Maintenant,

vous avez Internet, Instagram. Celui qui a une petite idée peut désormais faire un énorme succès, en un temps record. Avant, tout était plus long, difficile et demandait beaucoup plus de travail. Le monde a beaucoup changé et les vecteurs de réussite sont peutêtre différents, mais la formule reste la même : Un peu de talent et beaucoup de travail. Vous travaillez encore beaucoup aujourd’hui ? S.A : (Rire) Je suis censé être à la retraite mais je travaille autant si ce n’est plus qu’avant ! Je conseille ainsi beaucoup de jeunes designers avec qui je partage mon expérience quand ils en ont besoin, ce qui me prend pas mal de temps… A part cela, je me suis lancé dans le design et l’architecture de maisons et d’immeubles. Récemment, nous avons dessiné un hôtel, dont le terrain a été vendu uniquement sur la base de mon dessin ! C’est un domaine différent mais qui rejoint toujours la même obsession de transformer. L’idée est en moi et ensuite, il faut la réaliser. Cela prend parfois beaucoup de temps pour arriver à la concrétiser… et parfois, ça ne se rejoint jamais. Récemment, j’ai fait une folie en achetant l’un des plus grands terrains face à la mer à Malibu. Cela fait 3 ans et demi que nous travaillons sur ce projet qui évolue constamment dans ma tête… L’artiste James Turell est venu visiter ce projet, et m’a dit : « Ce que tu essaies de faire, c’est de réunir le ciel et la terre ». J’ai beaucoup aimé son analyse, et depuis, nous avons un projet commun sur ce terrain de Malibu.

© Photo Libre de Droits

science-économique et j’ai suivi le conseil de mon père qui m’a toujours incité à mixer l’art ou le design avec le business. Ce n’est jamais l’un sans l’autre. Faire des affaires uniquement pour l’argent n’est pas intéressant, s’il n’y a pas la passion qui entre en ligne de compte. Et cette idée simple a été le fil conducteur dans la gestion de mes affaires. Ayant passé énormément de temps dans les coulisses des grandes maisons de couture, j’ai lancé ma propre collection de robes en France, à Paris plus précisément. Et cela a très bien fonctionné.

Oeuvre de James Turell

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ENTREPRENDRE LEMAG’ Quel est l’apport de vos parents dans votre personnalité ? S.A : Mon père était dur, à l’image du patriarche italien, presque dictatorial, mais qui arrivait à se faire adorer. S’il venait à vous punir, le lendemain, peutêtre par remord, il arrivait avec des cadeaux extraordinaires, extravagants et excentriques. Vous ne pouviez pas ne pas l’aimer. Il a beaucoup flambé, et dilapidé la fortune de son père en achetant les premières voitures, les meilleurs costumes… Déjà à l’époque, il prenait l’avion pour aller à Londres voir des spectacles, aller à l’opéra. Un jour, il m’a dit : « Dans la vie, si tu ne peux pas prendre l’avion en première et aller dans les meilleurs hôtels, alors reste chez toi ».

parer cela à un énorme diamant, très pur, qui a explosé en des milliards de morceaux sans perdre sa valeur intrinsèque. Nous avons tous la même nature, mais nous sommes tous différents. Vous savez, il y a beaucoup de pratiques qui ont perdu de leur contenu, de leur essence. Par exemple, les Tefilines sont devenus un acte un peu mécanique mais si l’on va plus loin, on comprend qu’on les porte sur le bras – qui représente l’action – avec le boîtier tourné vers le

Serge Azria s’est rendu au Collège Académique de Netanya, le 6 septembre dernier, pour rencontrer les 25 jeunes filles bénéficiaires d’une bourse substantielle dans le cadre du fond ‘Bnot Rahel’. Ce fonds, créé en mémoire de sa mère aimée, Rachel Bébé Azria, a pour objectif de soutenir et encourager des jeunes filles étudiantes du NAC à l’avenir prometteur qui n’auraient pas pu, sans cette aide, poursuivre leurs études.

C’EST DE VOS ÉCHECS QUE VIENNENT VOS PLUS GRANDS SUCCÈS »

Vous avez la foi ? La religion juive vous demande de vous occuper essentiellement du présent, ce qui implique que c’est vous qui comptez puisque vous êtes en mesure de façonner l’avenir et le passé. Nous avons tous un immense pouvoir. On pourrait com18

© NAC

Vous avez rencontré l’échec au cours de votre carrière ? S.A : Oui, bien sûr et j’adore l’échec ! C’est de vos échecs que viennent vos plus grands succès. L’année où j’ai perdu mon père, qui correspondait aussi à la période où je ne m’entendais plus du tout avec ma première femme, a représenté l’un des moments les plus durs à vivre. J’étais paralysé et je n’ai pratiquement rien créé. Mais j’en ai tiré des leçons et j’ai rebondi. Ce qu’il faut enseigner aux enfants, c’est que quel que soit le résultat, bon ou mauvais, très positif ou très négatif, il ne faut jamais perdre confiance en soi. La transformation de l’échec en succès est à mes yeux la plus belle métamorphose.

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cœur et sur le front. Ce qui veut dire que si vos actes ne sont guidés que par le cœur (les sentiments) ce n’est pas bien, pas plus que s’ils ne sont dictés que par le cerveau (la réflexion). Par contre, lorsque l’on unit les deux, à savoir les sentiments et la réflexion alors c’est là que l’on agit comme il se doit et c’est justement cela que viennent nous apprendre les Téfilines : Que nos pensées et nos actes soient en accord avec la volonté de D-ieu.


contrer et d’entendre le témoignage des jeunes filles qui ont bénéficié du Fond ‘Bnot Rahel’ au Collège Académique de Netanya m’a profondément ému et m’a provoqué une joie immense. Pour l’Université hébraïque de Jérusalem, son histoire qui a débuté en 1925 avec Einstein représente, à mes yeux, un véritable miracle et quand je vois la mixité de ses étudiants de toutes confessions, c’est l’emblème de l’avenir et un modèle qui je l’espère pourra s’appliquer partout. Concernant Tsahal, malgré tout ce que l’on entend sur les performances, les capacités et l’avancée de cette armée, les soldats vivent dans des conditions que l’on ne peut pas imaginer. J’avoue que cela m’a choqué. Le père de mon épouse a fait la guerre de 1948. Il y a une dizaine d’années, avec mon épouse, nous avons eu l’idée de récolter des fonds pour Tsahal auprès de notre cercle d’amis. Nous avons reçu des généraux à la maison… Haïm Saban, qui est un ami, a repris le fond et l’a développé de façon très importante. Lors de la dernière soirée organisée à Los Angeles, nous avons récolté 34 millions de dollars. J’ai un lien très fort avec Israël et je considère que sans Israël, la vie des Juifs de Diaspora serait bien différente et beaucoup plus compliquée. Et donc, évidemment, je me sens concerné par Israël, et si je peux à mon niveau faire quelque chose pour ce pays et sa population, je le fais du fond du cœur. Le centre culturel (bibliothèque, librairie et salles de cinéma) destiné aux soldats que je finance portera le nom de mon beau-père – Elie Dahan – qui a combattu pour l’indépendance de l’Etat d’Israël. La photo de votre mère, Rahel figure en bonne place au Collège Académique de Netanya. Qu’en aurait-elle pensé ? S.A : Ma mère ne recherchait pas la publicité, les honneurs. Elle a vécu avec un homme vraiment dur et pourtant, elle le vénérait. Elle a élevé ses six enfants à Sfax (Tunisie) sans jamais hausser le

ton, était d’un calme olympien et nous a inondés d’amour jusqu’à la fin de ses jours. Elle aurait été heureuse que son nom soit associé à un fonds destiné à aider des jeunes filles à l’avenir prometteur. Vous avez dit dans votre discours : « La vie passe très vite ». Vous avez ce sentiment aujourd’hui ? Oui. Il y a tant à faire qu’on aimerait avoir deux vies. Vous savez, on se rend compte des choses importantes très tard, trop tard parfois, et cela ne serait pas mal d’avoir une deuxième vie pour accomplir tout ce que l’on n’a pas eu le temps de faire. Dans une série dédiée aux hommes qui ont construit l’Amérique, il est souligné que ces grands hommes se sont, toute leur vie, livrés une concurrence féroce pour savoir qui était le plus riche. A la fin de leur vie, les deux derniers, dont Rockfeller, n’avaient comme unique sujet de concurrence que le fait de savoir qui donnait le plus aux organismes de charité. C’est une belle leçon, non ? Caroll Azoulay © Photo Libre de Droits

Ce voyage en Israël était motivé par des raisons importantes : des dons conséquents à l’Université hébraïque de Jérusalem, au Collège académique de Netanya et à Tsahal. Y a t-il pour vous une cohérence dans le choix de ces institutions ? S.A : J’ai des enfants et des petits-enfants, je viens d’une famille nombreuse, donc pour moi, l’éducation : c’est le fondement de l’avenir... Le fait de ren-

MAX AZRIA Serge Azria est le frère du styliste Max Azria, né le 1er janvier 1949 à Sfax (Tunisie). Il a fondé la marque de vêtements pour femme BCBG MAX AZRIA. Max Azria est également le concepteur et Président de BCBG MAX AZRIA Group, un groupe qui englobe plus de 22 marques.

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L’ÈRE DU WEB LEMAG’

L’ESCROQUERIE AUX « OPTIONS BINAIRES »

PLUS DE 4 MILLIARDS D’EUROS À la question « Quel temps fait-il sur le web? », la réponse serait qu’il vaut mieux sortir avec un parapluie. Entendez que pour l’internaute non averti, il est suicidaire de prendre pour pain béni tout ce qui circule sur le web. Démonstration. 20

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ous surfez innocemment sur le net, et voici que tout à coup s’affiche un visuel absolument irrésistible : « Exclusif : Une mère de famille de TelAviv gagne 8350 euros par mois et vous n’allez pas croire comment ! ». Presque naturellement, vous parcourez l’argumentaire qui figure sous la photo. Il commence par vous dire (écrit en gras, au cas où vous seriez myope) : « Nombreux sont ceux qui recherchent une alternative pour s’en sortir ». Suite à quoi, on vous propose (toujours en gras) « une méthode gardée sous silence pendant des années par les requins de la finance ». Et aussitôt après, on vous fait gober le témoignage d’une « Dominique Mours », une trentenaire originaire de Tel-Aviv... qui raconte comment elle gagne actuellement 100 000 euros par an en ligne. À partir de là, vous vous dîtes : « Pourquoi pas moi ? ». Faire du trading en ligne, pourquoi pas ? Jouer en Bourse, n’est-ce pas la porte de la fortune ? Tout en bas de la page, le site vous invite très chaudement à ouvrir un compte de trader (« Qu’attendez-vous ? C’est le moment de faire des profits ! »). Vous êtes seul devant votre écran. Une petite rallonge pour les vacances serait la bienvenue. L’adresse du site (http://www.la-finance-francaise.com) vous a mis en confiance : on est entre Français (le site est enregistré au Panama, et l’identité de son déposant est inaccessible, mais vous l'ignorez). Vous sortez donc votre Carte bleue. Vous rentrez vos noms, prénoms, identifiants, numéros de compte, et de téléphone. Tout. Vous ne le savez pas encore, mais vous risquez bientôt d’être l’une des centaines de milliers de victimes d’une gigantesque fraude « aux options binaires » qui a rapporté – évaluation provisoire – près de 4 milliards d’euros à ses promoteurs. Pour comprendre, revenons en arrière… Il faut savoir qu’aucune navigation sur le net n’est totalement anonyme. Tout internaute est suivi par des robots qui enregistrent les pages vues. Des liens masqués placés sur certains sites visités vous redirigent automatiquement

Exclusif : Une mère de famille de Tel Aviv gagne 8,350€ par mois et vous n'allez pas croire comment !

vers d’autres pages « susceptibles de vous intéresser ». Dans l’exemple cité plus haut ( la mère de famille de Tel-Aviv qui gagne 8350 € par mois ), si l’ordinateur avait été situé en France, c’est vers une page titrée « Une mère célibataire parisienne gagne 6850 € par mois en travaillant à domicile » que le logiciel espion vous aurait réorienté.

Attendez, ce n’est pas fini : cette même proposition circule sur le web sous toutes sortes d’adresses différentes (astuce2016.com, lejournaldescarrières.com, binairepourlesnuls. com, conseilsfinances.com, ludokado.servs1. com, etc.). Le point commun de tous ces sites – et qui a mis la puce à l’oreille des observateurs – c’est qu’ils affichent tous la même photo d’un senior souriant, à l’identité fictive (Jean-Marc Auriol) crédibilisée par le choix rassurant du nom d’un ancien Président de la IVème République… Impossible de le joindre. Enregistré au Luxembourg, le site masque jalousement l’identité du titulaire du domaine. Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 21


L’ÈRE DU WEB LEMAG’ UNE MISE EN GARDE CLAIRE Derrière tout cela, on trouve Boss Capital, une société de trading que les experts de Forexo.fr ont évaluée comme suit : « Bosscapital est un broker option binaire non régulé qui exerce son activité sur plusieurs pays, dont la France, la Suisse, la Belgique et le Canada. Tout comme les autres brokers non régulés, investir chez Boss Capital représente un risque financier car en cas de litige, ils n’auront aucun recours… Nous avons reçu un témoignage d’une personne s’étant inscrite chez Boss Capital et qui se plaint de voir l’expiration de ses positions manipulées, probablement dans le but de le faire perdre. Une fois encore, c’est un problème qui revient bien souvent avec les brokers non régulés, c’est pourquoi nous ne recommandons que des brokers qui ont obtenu leur régulation et qui sont autorisés par la Banque de France et l’A MF ». (source : http://www.forexo.fr/actualites-options-binaires/bosscapital-notre-avis-sans-concession-33392) David Jortner

UNE ENQUÊTE LONGUE ET DIFFICILE Le nombre de personnes arnaquées par des sites de trading en ligne se compte en dizaines, voire en centaines de milliers. Claire Castanet, directrice des relations avec les investisseurs à l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) évalue à 360 le nombre de sites véreux recensés depuis 2010. Et à 4,5 milliards d’euros, le montant total des escroqueries. L’avocate franco-israélienne Deborah Abitbol est en train d’instruire, depuis Jérusalem, quinze plaintes de citoyens binationaux escroqués dans ce type d’affaires. Du fait que ceux-ci ont été approchés par des francophones installés dans des call-centers, un enquêteur de l’AMF, Laurent Combourieu, est venu poursuivre ses investigations dans la région. L’enquête s’annonce difficile, car plusieurs pays (Chypre, la Grèce et la Bulgarie) hébergent ces sites et les transferts financiers transitent vers des banques anglaises, peu coopératives en matière de transparence financière. En France, la loi Sapin II prévoit d’ailleurs d’interdire toute publicité par voie électronique « envers les particuliers, portant sur des instruments financiers particulièrement difficiles à comprendre et potentiellement très risqués ». Présentée le 30 mars dernier en conseil des ministres, elle n'a toujours pas été votée à l’heure où nous écrivons. En Israël, l’Amendement 42 de la loi de 1968 sur les opérations financières, entré en vigueur le 26 mai 2015, interdit de profiter de la méconnaissance des investisseurs. Mais cette loi protège les seuls citoyens résidant dans le pays. D.J 22

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RENCONTRE AVEC... LEMAG’

LA FEMME LA PLUS HAUT GRADÉE DE TSAHAL

Le service militaire est obligatoire en Israël pour les garçons et les filles depuis la création de Tsahal en 1948, mais la place des femmes a beaucoup évolué au sein de l’armée.Pour découvrir ce qui a changé en presque 70 ans, leMag’ a rencontré en exclusivité Rachel Tevet-Wiesel, la femme la plus haut gradée de Tsahal, conseillère du chef d’Etat-Major à la parité.

LeMag’ : Quelle est la situation actuelle pour les filles dans Tsahal ? Quelles sont les différences avec les garçons ? Rachel Tevet-Wiesel : Le service militaire est obligatoire pour les filles depuis la création de Tsahal mais ne dure que deux ans au lieu de trois ans pour les hommes. Les filles religieuses peuvent obtenir une dispense, mais ces dernières années, le nombre de soldates issues du monde sioniste religieux est en augmentation. 30% des filles terminant leur scolarité dans une école sioniste s’engagent désormais dans l’armée. Je précise que 92% des postes au sein de Tsahal sont accessibles aux filles, ce qui était inimaginable il y a quelques années. Plus d’une fille sur deux fait l’armée (54%) quand 70% des garçons israéliens font leur service militaire. LeMag’ : On a vu ces dernières années des filles devenir com24

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© IDF Spokesperson European Desk

RACHEL TEVET-WIESEL

battantes et entrer dans des unités longtemps réservées aux hommes, d’où vient ce changement ? R.T.W. : Dans le temps, les soldates n’avaient pas le droit, par exemple, de franchir les frontières du pays et par ailleurs, il n’y avait pas de possibilité pour une fille de devenir combattante. En 1995, Alice Miller, qui voulait être pilote, a gagné ce droit en le réclamant à la Cour suprême, ce qui a constitué une véritable révolution au sein de Tsahal. Aujourd’hui, il y a des filles dans plusieurs unités combattantes, mais pas encore dans les unités d’élite. Pour permettre aux filles d’entrer dans ces unités, Tsahal a su s’adapter, tout comme l’armée a su s’adapter à d’autres changements au fil des années. Je n’ai pas comme objectif de multiplier le nombre de combattantes mais de permettre à chaque fille qui le désire de faire le service militaire dans les meilleures conditions possibles.

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LeMag’ : Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur les unités dans lesquelles servent les soldates ? R.T.W. : Malgré les changements des dernières années, l’immense majorité des filles effectuent leur service au sein de deux unités, le service éducatif de Tsahal et les ressources humaines. Pourtant en 2016, 40% des conscrits dans les Renseignements sont des filles, 50% dans le service médical, 20% dans les unités technologiques et 5% font partie des unités combattantes, soit deux fois plus qu’en 2015. Le nombre de filles issues du mouvement sioniste religieux a doublé en cinq ans, passant de 900 en 2010 à 2100 en 2015. LeMag’ : Quel est le rôle de la conseillère au chef d’Etat-Major ? R.T.W. : Jusqu’en 2000, le titre était « commandant de l’armée pour les filles », mais la politique a changé et il ne s’agit plus seulement de s’assurer


LeMag’ : Quels sont vos objectifs ? R.T.W. : Je me suis donnée un certain nombre d’objectifs en prenant ce poste et j’espère que dans chacun de ces domaines, les choses continueront d’évoluer dans le bon sens. Dans un premier temps, l’une de mes priorités était d’augmenter le nombre de filles dans les unités technologiques, un domaine où les filles n’ont pas besoin de qualifications particulières différentes de celles des hommes, mais ça prend du temps. Un autre sujet qui me tenait à cœur était la place des filles religieuses. J’ai beaucoup investi de mon temps pour que ces filles aient des facilités à l’armée, comme par exemple : de faire en sorte qu’une fille religieuse ne se retrouve pas seule dans une unité ou quand récemment une synagogue a été construite dans une nouvelle base, j’ai insisté pour que la séparation (me’hitsa) entre filles et garçons soit au milieu de la synagogue et non derrière comme c’était toujours le cas. Un autre des combats que j’ai menés était d’offrir les meilleures conditions possibles aux combattantes et nous avons réussi quelques changements comme l’allégement du matériel par exemple, ce dont les soldats garçons ont bénéficié également.

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que les soldates vont bien, mais aussi de veiller au respect de la parité et d’assurer un service social. Je suis chargée de trouver des solutions pour que les filles puissent avoir accès à la plupart des unités et que leur service militaire se passe le mieux possible, mais mon bureau est chargé également des droits sociaux et de la lutte contre le harcèlement sexuel. Depuis 2011, il existe au sein de Tsahal un centre de soutien (Mercaz Maout) que je dirige qui aide tout soldat (garçon ou fille) à recevoir des aides juridiques, traitements psychologiques ou autres, sans avoir besoin de passer par son officier direct. Médecins, avocats, psychologues et assistantes sociales sont à la disposition des soldats, qui dans 80% des cas, ne portent pas plainte.

En 2016, les filles ont représenté 5 % du total des soldats combattants, soit deux fois plus qu’en 2015.

Je voudrais enfin voir plus de femmes à des postes d’officiers supérieurs, il n’y a actuellement que trente femmes avec un grade supérieur à celui de ‘colonel’, dont trois générales de brigade (le grade de Rachel Tevet-Wiesel, NDLR). Une générale, Orna Barbivian, était jusqu’à peu à la tête des ressources humaines de Tsahal. Mais l’objectif principal reste la lutte contre les agressions et le harcèlement, d’où mon investissement dans le Centre Maout, un sujet qui ne concerne pas que les filles, 10% des plaintes viennent de soldats. LeMag’ : Vous définissez vous comme une féministe ? R.T.W. : Je ne suis pas féministe, je suis pour l’égalité des droits, quand les filles ont les mêmes droits que les garçons, ce n’est pas seulement important pour Tsahal mais pour la société israélienne. Je suis juriste, j’ai été avocate et juge militaire mais je voulais ce poste afin de faire évoluer les choses de l’intérieur.Par ailleurs, étant moi même proche de la religion, j’ai pu aider les filles religieuses car je comprenais leurs besoins et je pouvais trouver des solutions. Propos recueillis par Michaël Blum

BIO EXPRESS Rachel Tevet-Wiesel, 52 ans, qui a grandi dans une famille sioniste religieuse, a débuté son parcours militaire dans le département religieux du corps éducatif de Tsahal puis a reçu une formation d’officier. À la fin de son service, elle a suivi des études de droit avant de revenir à l’armée au sein du bureau du Procureur général de Tsahal où elle a gravi les échelons, devenant Présidente du tribunal militaire de l’armée de l’air. En janvier 2012, elle est nommée « conseillère auprès du chef d’Etat-Major » pour les questions liées aux femmes, un titre changé en « conseillère à la parité » en février 2016 avec le grade de Générale de brigade, et elle participe régulièrement aux réunions de l’Etat-Major. M.B

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LE NOUVEAU TERRAIN DE JEU DES INVESTISSEURS ÉCLAIRÉS

Peu de pays au monde peuvent s’enorgueillir d’un tel engouement immobilier. Minuscule, entouré de voisins pas franchement amicaux, chaque parcelle de terre en Israël représente cependant un trésor désormais fortement convoité. On est loin du temps où les terrains marécageux et arides de l’ancienne Palestine sous mandat britannique étaient bradés aux Juifs de Diaspora qui pensaient faire un bon geste en les acquérant aux émissaires du KKL… Désormais, rares sont les terrains potentiellement constructibles. D’où des plus-values, sur certains projets encore disponibles, extraordinairement rentables. Explications. 26

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IMMOBILIER LEMAG’


ENQUÊTE SUR LE TERRAIN Le sujet semble hors de portée de l’investisseur ou acquéreur lambda. Trop compliqué, trop loin de nos repères habituels, le sujet mérite pourtant un simple éclairage pour livrer d’étonnantes et précieuses informations.

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ans la région de Tel-Aviv, deux projets, validés et entrés dans la phase irréversible de dépôt des plans détaillés précédant la construction, représentent de l’or en barre. Au nord-ouest de Tel-Aviv, le long du littoral entre l’aéroport Sdé Dov et l’hôtel Mandarin, le projet « T.A 3700 », déposé à l’initiative de la municipalité de Tel-Aviv-Jaffa, prévoit la construction de 11 927 unités de logement (sur la côte nord, face à la mer). De l’autre côté du boulevard Namir, sur les zones relevant de la juridiction de Ramat Hasharon et de Tel-Aviv, a débuté le projet « Glilot Sud », également appelé « la nouvelle Tel-Aviv nord ». Celui-ci comprend la construction de 12 000 unités résidentielles. Enfin, au nord du projet T.A 3700, entre l’hôtel Mandarin et la Marina de Herzliya, le projet HR 2200 A, « ‘Hof Té’hélet » de Herzliya, a déjà été approuvé pour dépôt auprès du Comité régional. Il devrait donner naissance à près de 8700 unités d’habitation. Si dans la périphérie, un nouveau projet pose toujours deux questions : le changement de zonage (changement de statut permettant à un terrain agricole de devenir un terrain potentiellement constructible) et son emplacement exact, concernant ces trois projets, en revanche, ces questions ne se posent plus et chaque développement administratif concernant l’avancée des permis de construire fait donc monter les prix en flèche.

Yoël Elharrar et Rudy Dayan Le projet « ‘Hof Té’hélet » a ainsi enregistré une augmentation des prix de 33% en moyenne par an de 2011 à 2015. En 2011, on pouvait acquérir un terrain du projet pour 245 000 Nis  ; il y deux ans, les prix ont atteint 565 000 Nis et en 2015, certains terrains se vendaient pour un prix moyen de 750 000 Nis ; et ce, alors que le potentiel de rendement maximal n’est encore qu’à l’horizon ! L’ACHAT DE TERRAINS ‘MOU’HSHAR’ EST DEVENU PARTICULIÈREMENT LUCRATIF DEPUIS QUE LA CRISE DU LOGEMENT A COMMENCÉ À FAIRE LA UNE DES JOURNAUX, ET DONC À DEVENIR UNE ARME POLITIQUE DANS LA MAIN DES GOUVERNANTS Idem pour le projet « Glilot Sud » qui commercialisait ses terrains pour 298 000 Nis en 2011 et 780 000 Nis fin 2015, soit plus de 40% en moyenne par an. Quant au projet TA 3700, les par-

celles se vendaient à 640 000 Nis début 2014. Début 2015, avec l’approbation donnée au projet par le ministre de l’Intérieur, les prix sont passés à 785 000 Nis. Aujourd’hui, ils atteignent le pic de 1 100 000 Nis, soit, là encore, plus de 40% en un an et demi ! « Ces terrains sont spécifiques et de plus en plus rares, notamment en raison de l’exiguïté de notre pays et des projets immobiliers qui ont essaimé au cours de la dernière décennie, particulièrement en bord de mer » explique Rudy Dayan, fondateur et directeur du département français de ProperT, société spécialisée dans la commercialisation de terrains ‘mou’hshar’ (déjà entrés dans un processus de changement de zonage - donc plus agricoles mais pas encore constructibles) situés principalement dans le centre du pays. Autres raisons avancées par l’expert, ces parcelles ne font pas partie des 95 % de terres appartenant à l’Etat (‘Minhal’) ; elles confèrent donc à leur acquéreur un droit de propriété à vie et inaliénable, enfin et surtout, ces terrains sont déjà entrés dans un processus

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IMMOBILIER LEMAG’ de changement de zonage en vue de recevoir un permis de construire. Un processus global mené par la municipalité désireuse de transformer des terrains agricoles privés détenus par des petits propriétaires en nouveaux quartiers d’habitation et autres zones hôtelières touristiques, afin de percevoir taxes, impôts locaux et prix des permis de construire. « Une vraie pépite pour les acquéreurs de ce type de terrains qui peuvent compter sur l’effet bulldozer que représente une machine municipale déterminée à transformer une zone rurale en zone urbaine » précise le cofondateur du département français de ProperT, Yoel Elharrar.

Une pépite qui a le vent en poupe depuis déjà longtemps auprès des Israéliens friands de bonnes affaires, mais pas encore très connue du monde francophone. ProperT est en effet la première société de ce secteur à avoir ouvert un département d’experts francophones, il y a un an et demi de cela. « Les Français ne connaissent que très peu ce produit typiquement israélien. Mais il suffit juste d’expliquer les choses pour susciter leur engouement » explique Y. Elharrar. Alors profitons-en, car nous avons encore de nombreuses questions et notamment celle concernant le profil des acquéreurs de ce type de terrains. Investisseurs à la recherche d’une culbute financière juteuse ou propriétaires patients ? « Les deux cas de figure existent mais ces deux profils n’investissent pas au même moment dans le processus. L’investisseur classique préfère investir généralement en début de processus, quitte à revendre au bout de trois ou quatre ans tandis que le propriétaire patient va plutôt se tourner vers un investissement en fin de processus qui lui permettra d’obtenir un appartement, bien en dessous du prix du marché, à peu près 60 % généralement. Il devra patienter en moyenne trois ans de plus que s’il avait acheté sur plan, ce qui est très intéressant pour des gens qui ne

L’INVESTISSEUR CLASSIQUE PRÉFÈRE INVESTIR GÉNÉRALEMENT EN DÉBUT DE PROCESSUS, QUITTE À REVENDRE AU BOUT DE TROIS OU QUATRE ANS ET LE PROPRIÉTAIRE PATIENT VA PLUTÔT SE TOURNER VERS UN INVESTISSEMENT EN FIN DE PROCESSUS QUI LUI PERMETTRA D’OBTENIR UN APPARTEMENT, BIEN EN DESSOUS DU PRIX DU MARCHÉ, À PEU PRÈS 60 % GÉNÉRALEMENT."

UN PEU D'HISTOIRE ... Une première ferme juive est créée en Palestine par des immigrants, sur le mont Deron.

2 200 hectares de terres ont déjà été achetées par 25 000 Juifs. L’empire Ottoman impose les premières restrictions à l’immigration juive en Palestine.

1869 1810

28

Premières limitations d’acquisition de terres par les Juifs imposées par l’Empire Ottoman

1891

Accord entre l’ICA et le baron Edmond de Rothschild qui confie à l’organisation la gestion des colonies agricoles qu’il a financées en Palestine.

1897

1882

1892

L'Alliance israélite universelle, fondée par Adolphe Crémieux, ouvre une école agricole à Jaffa pour encourager l’immigration.

Le baron Maurice de Hirsch fonde la Jewish Colonization Association (JCA) qui encourage l'émigration des Juifs de Russie persécutés.

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sont pas pressés ». Une chose est sûre, l’achat d’un terrain ‘mou’hshar’ repose sur un principe de base commun : « Le processus nécessaire pour arriver à la construction est très long. Entre dix à vingt ans au total, avec de nombreuses étapes à tiroir, car il faut passer par différentes commissions et comités à l’échelon local ou national » affirme Rudy. Cependant, chaque étape franchie, aussi minime soit-elle (une simple publication au journal officiel précisant par exemple que tel pont, promenade ou route sera construit) confère de la valeur au terrain, puisque cela implique que l’on se rapproche du projet final. « Si l’on se place dans le cas d’un acquéreur de terrain qui souhaite uni-

1899 T.Herzl réunit à Bâle le 1er Congrès sioniste et crée l’Organisation Sioniste. E. de Rotschild et d’autres philanthropes, achète des terres en Palestine à Metoula, Zikhron Yaakov, et Rosh Pina.


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quement faire un bénéfice financier, ce dernier guettera le moment propice dans le processus qui fera augmenter la valeur de son terrain afin de pouvoir le vendre et réaliser ainsi une plus-value significative. Il suffira parfois de quatre ou cinq ans pour doubler sa mise ! ». Selon les deux experts, il est possible d’acheter à n’importe quelle étape du projet, étant entendu, que plus le projet est proche de la construction, plus le prix est élevé. Mais alors quels sont les risques, sachant que le facteur temps reste l’inconnue principale de l’opération ? « Nous recevons parfois des investisseurs en bourse déçus. En effet, en bourse, on peut toujours perdre le capital d’une action. Or, dans le secteur

qui nous intéresse, le terrain existe bel et bien. Il est mis au nom de l’acheteur au cadastre, donc quel que soit son objectif (le vendre pour une plus-value ou le conserver pour construire), ce dernier ne sera jamais perdant, surtout lorsque l’on sait qu’il n’existe aucun terrain en Israël dont la valeur a baissé. Stagné oui, mais baissé jamais ! ». Parmi les exemples illustrant parfaitement ce type d’opérations, on peut citer le quartier du ‘Gouch hagadol’ à Ramat Aviv (qui s’est entièrement construit de cette manière-là), dont les acheteurs de terrains ont fait des plus-values impressionnantes en moins de dix ans (et qui vivent aujourd’hui dans les appartements qu’ils avaient achetés en tant que terrains à l’époque). L’achat de terrains ‘mou’hshar’ est devenu particulièrement lucratif depuis que la crise du logement a commencé à faire la Une des journaux, et donc à devenir une arme politique dans la main des gouvernants. Dans un rapport publié en 2013 par Yossef Shapira, contrôleur d’Etat, sur la crise du logement, il est notamment expliqué qu’en 2011, il manquait déjà 115 000 logements et que depuis, chaque année, ce fossé se creuse puisqu’il y a plus de demandes que de constructions. Ce rapport incrimine le gouvernement qui est montré du doigt pour son manque d’enthousiasme à en-

Les premières acquisitions de terres du KKL interviennent en Basse Galilée, en Judée et dans la région du lac de Tibériade.

1908 1904 Création du Fonds national juif (KKL) dont l’objectif est l'acquisition de terres en Israël, notamment par le biais d’une collecte réalisée via les célèbres boites vertes.

*Terrain mou’hshar : Terrain qui est déjà entré dans un processus de changement de zonage (il n’est donc plus agricole mais pas encore constructible).

Début de la Palestine mandataire

Déclaration Balfour

1901

diguer ce problème. Dans son rapport, Yossef Shapira appelle donc le gouvernement à faciliter les procédures de changement de zonage et à accélérer l’obtention des permis de construire. Face à une pénurie immobilière endémique, la nécessité de construire est aujourd’hui urgente. D’où une certaine pression mise sur les commissions nationales d’urbanisme pour que les terrains ayant obtenu un changement de zonage donnent rapidement naissance à des milliers d’unités d’habitation. « Le gouvernement ne peut plus refuser d’accorder des permis de construire à des projets tel que ‘Hof Té’hélet ou Glilot Sud qui, à eux deux, représentent plus de 20 000 logements ! Si cela venait seulement aux oreilles de la presse, cela pourrait provoquer des manifestations géantes. Pour le gouvernement, l’accord de permis de construire représente son unique outil permettant de montrer qu’il agit pour réduire la crise de logement » explique Rudy qui tient à souligner que la commercialisation de terrains a été, au départ, prévue pour donner la possibilité aux gens qui ne l’auraient pas eue, de devenir propriétaires.. Ambre Bendayan

Suite au massacre d’Hébron, les dirigeants politiques arabes incitent leurs compatriotes à ne plus vendre de terres aux Juifs.

L'achat de terres devient une opération clandestine.

1923 1917

1920

Création de la "Palestine Land Development Company (PLDC)", chargée d’acquérir des terres pour le KKL. Plus de 70 000 ha. seront ainsi acquis sous le Mandat.

1948 1929

1936-1939

Edmond de Rothschild crée la ‘PICA’ chargée d’acheter des terres et d’industrialiser l’économie pré-israélienne.

Déclaration d'Indépendance d'Israël

Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 29


IMMOBILIER LEMAG’

TERRAINS : COTÉ PRATIQUE

TEL AVIV 3700 CHIFFRES CLÉS 6621 Prix avec permis

ACHAT (En 2011)

Superficie : 190 hectares Nombre d'unités : 11 927 Statut du projet : changement de zonage validé par le conseil national En attente : conception des plans détaillés par le comité local Notre conseil : une unité (104m2) = 120 m2 construit

Prix au m2

Augmentation En %

2 500 000

+ 255 %

(plus taxe plus-value)

1 100 000

(+ 39 %)

2015

786 000

+ 23 %

2014

638 000

+ 15 %

2013

552 000

+ 44 %

2012

382 000

+ 29 %

2011

296 000

Aujourd'hui

CINQ CONSEILS AU FUTUR ACQUÉREUR DE TERRAIN Il est nettement préférable d’acheter un terrain privé pour pouvoir le revendre beaucoup plus facilement à tout moment. Il vaut mieux investir sur des gros projets. Plus le projet est important, plus il a été médiatisé, et plus il illustre, dans la mentalité israélienne, le fait que le gouvernement s'occupe de la crise du logement. Il y a presque une « obligation » de réalisation de ce genre de projet. Ultra recommandé : Investir dans un projet ‘managé’ par la mairie afin de se reposer sur cette énorme structure pour les démarches très difficiles et qui demandent une connaissance de toutes les lois ainsi que pour la pression que saura faire peser la municipalité en cas de besoin. Pour un investissement plus sécurisé: Investir après que le premier dépôt des plans ait déjà été accepté. Il est plus malin d’investir dans des projets adossés à de grands acteurs économiques qui sauront activer et mettre la pression pour l’avancement du projet. Exemple de grands acteurs économiques ayant investi dans les projets ‘Hof Té’hélet et TA 3700 : Canada Israel, Electra, Teddy Saguy, etc…. 30

• Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9

Prix : 104 m x 2846 = 296 000Sh Taxe : 6 % = 17 760 sh Frais d'avocat : 6000 sh Prix de revient : 319 760 sh

4 ans VENTE (en 2015) Prix de v : 104m x 7558 = 786 000 sh Taxe plus-value : 25% = 116 560 sh Prix de vente nette : 669 440 sh

RÉSULTAT NET APRÈS IMPÔT Plus-values après impôts : 349 680 sh Pourcentage de plus-value après Impôts : + 109% Moyenne de plus-values par an : 27.3%

A NOTER ! Entre l’accord donné pour l’achat d’un terrain et le moment où celui-ci sera inscrit au nom du vendeur, il faut compter moins de trois mois. Un processus relativement rapide.

Bon à savoir

L’achat d’un terrain dont le processus d’obtention de permis de construire est avancé peut s’avérer une bonne aubaine immobilière. Même si le prix du terrain est plus cher qu’en tout début de processus, il n’en demeure pas moins que le prix global (terrain + construction) sera inférieur d'à peu près 60% par rapport à l'acquisition d'un bien immobilier fini.


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L'INVITÉ DU MAG' LEMAG’

© ‫באדיבות סרטי יונייטד קינג‬

YVAN ATTAL

En Israël pour la diffusion de son film polémique ‘Ils sont partout’, c’est à la cinémathèque de Jérusalem qu’Yvan Attal a donné rendez-vous au Mag’ pour un entretien. Décontracté, mais visiblement éprouvé par ce dernier film difficile à financer, promouvoir et distribuer, Yvan Attal n’a pas utilisé la langue de bois. Yvan Attal, en Israël, « ils » sont vraiment partout, n’est-ce-pas ? Yvan Attal : Ah oui, ici, « ils » sont vraiment partout ! (rires) Est-ce que ce film a vraiment son sens ici ? Y.A : Justement, je pense que oui. D’abord parce que nous sommes dans un moment où beaucoup de Juifs français partent. Je rencontre des francophones ici qui ont fait ce choix récent pour ces raisons dont je parle dans le film et d’autres qui l’ont fait, il y a très longtemps, et qui considèrent que la situation actuelle peut leur donner raison ou pas… chacun selon la manière dont il ressent les choses. Forcément, cela résonne autrement de parler de l’antisémitisme en France pour des francophones vivant en Israël et pour des Israéliens d’évoquer l’antisionisme et Israël. Car le film comporte un segment où je dis que l’un des problèmes d’Israël, et il faudrait que le monde le comprenne, c’est avant tout un problème d’antisémitisme (même s’il existe bien sûr 32

• Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9

d’autre problèmes). A partir du moment où l’on n’aime pas les Juifs, je ne vois pas pourquoi on aimerait Israël qui est le pays des Juifs.

LES GENS ME FONT RIGOLER QUAND ILS FEIGNENT DE NE PAS COMPRENDRE L’ANTISÉMITISME QUI SE CACHE DERRIÈRE L’ANTISIONISME. C’EST ABSURDE " Qu’est-ce que vous avez retenu de ce marathon de plateaux TV et de cette énorme couverture presse qui a suivi la sortie de votre film en France ? Est-ce que cela a été dur ? Y.A : Oui. Je me suis fait attaqué et cela a été très éprouvant. En fait, j’ai défendu ce film de A à Z pratiquement tout seul.


Vous avez eu du mal à financer ce film, pourquoi ? Y.A : J’ai fait un film sur un sujet difficile, cela suppose logiquement des difficultés de financement. Je ne peux pas dire qu’on a refusé de financer mon film pour des raisons antisémites. Je ne le pense pas… complètement ! Il faut bien comprendre qu’il y a antisémite et antisémite… Il y a l’antisémitisme des gens qui ont conscience de leur antisémitisme, et là il y a encore différents degrés… Certains l’assument, d’autre pas, et d’autres militent pour cela… Et il y a ceux qui ne voient pas leur antisémitisme mais au détour d’un mot, d’une phrase, on se rend compte que c’est pourtant bien là… Vous avez recruté une sacrée brochette d’acteurs dans votre film. Comment ont-ils digéré ce sujet ? Y.A : Les acteurs, pour le coup, sont des gens qui regardent leur partition mais je ne sais pas s’ils savent lire entre les notes…

J’AFFIRME QUE C’EST UN FILM SUR L’ANTISÉMITISME, SANS ESSAYER DE DIRE QUE C’EST UN FILM SUR LE RACISME " Certains d’entre eux se sont pris de sacrées attaques, comme par exemple François Damiens… Y.A : Et d’après vous pourquoi il vient faire le film ? C’est à vous de me le dire… Y.A : Ben, je ne sais pas. Je ne l’ai pas entendu parler de l’antisémitisme. Moi je ne sais pas… Mais vous ? Vous parlez quand même avec vos acteurs … N’avez-vous jamais abordé la question ? Y.A : Et bien, non ! Peut-être que je le recroiserais… Mais effectivement quand Damiens fait une émission de radio qui génère autant de messages antisémites, et qu’il n’y pas de réaction de sa part, je ne sais pas, je ne comprends pas… C’est bien la preuve que le film a une force, une vérité indéniable. En réalité, là est révélé tout ce que je dis dans le film. La réaction normale serait d’arrêter… Moi je ne me suis pas arrêté, je suis allé jusqu’au bout ! Même quand mon distributeur m’a demandé de couper une scène parce que c’était la preuve inconditionnelle de mon soutien à l’Etat d’Israël et que cela

© ‫באדיבות סרטי יונייטד קינג‬

Seul ?? Où étaient les acteurs qui ont en général un rôle à jouer dans la promo ? Y.A : Ils étaient occupés… J’étais seul, seul à défendre ce film. Je pense que c’est un film qui a été compliqué pour certains, qui n’a pas été très bien compris et qui est arrivé dans un moment particulier. Et puis aussi, ce film a explosé un peu à la figure des personnes antisémites… Ne le nions pas !

Sur le tournage avec Dany Boon

choquerait tout le monde… Vous êtes quelqu’un de très courageux qui n’avez jamais pratiqué la langue de bois. En payez-vous le prix ? Y.A : Pour l’instant, je ne m’en rends pas compte. Quelle réaction attendez-vous des gens qui auront vu votre film, qu’ils soient juifs ou pas ? Y.A : Comme tous les metteurs en scène du monde, j’ai envie que les gens aiment mon film, le comprennent… Et avec celui-là, qu’ils puissent s’interroger, réfléchir, débattre, mais aussi rire, être émus. (Silence). En fait, j’ai eu la sensation clairement d’avoir raté ce film parce qu’au début, je ne voulais pas forcément faire un film pour les Juifs. Au final, je me rends compte que ce sont les Juifs qui sont les plus réceptifs. En réalité, la déception est là… Non pas que je ne sois pas très content de faire plaisir aux Juifs, au contraire. Et qu’est-ce qui fait que l’on n’arrive pas à sortir de ce cadre ? Y.A : Les gens ne sont pas concernés, tout simplement. En fait, les gens ne nous détestent pas, ils s’en fichent complètement ! Vous avez tourné une partie du film en Israël. Comment cela s’est-il passé avec les équipes ? Y.A : Les techniciens israéliens sont absolument remarquables, à l’image du cinéma israélien, qui est un grand cinéma. Cela a été un plaisir magnifique pour moi de venir ici, et notamment de faire découvrir Israël à une équipe Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 33


L'INVITÉ DU MAG' LEMAG’

© ‫באדיבות סרטי יונייטד קינג‬

En pleine direction d’acteurs avec Benoît Poelvoorde

qui ne connaissait pas ce pays et qui l’a aimé. En ce moment, la presse française présente Israël comme un exemple en matière de lutte anti-terrorisme. Cynisme ou prise de conscience ? Y.A : Je pense au contraire qu’en France beaucoup de gens ne veulent pas le voir encore. Il serait temps qu’ils réalisent qu’Israël est précurseur dans beaucoup de domaines. Israël est un cobaye. Ce qui arrive à Israël arrive au Monde. Toutes les ‘méthodes’ terroristes – voiture bélier, attentat suicide, au couteau - utilisées dans le Monde aujourd’hui ont déjà été « testées » en Israël … Bon, après concéder quelque chose à Israël, pour la France, c’est presque vulgaire… En 2009, dans les Inrockuptibles vous disiez : « Je ne suis pas religieux, je ne mange pas casher, je ne fais pas shabbat, etc. Alors qu’est-ce qui fait que je suis juif ? Compliqué tout ça… Je pense que le jour où il n’y aura plus d’antisémitisme, alors on me laissera la possibilité d’être vraiment un citoyen comme tout le monde. Il est certain que cette question me travaille et j’aimerais faire un film autour de ça ». ‘Ils sont partout’ est une réponse à cette question ? Y.A : Probablement. J’ai ce film en tête depuis 15 ans. Quand j’ouvre mon ordinateur et que je regarde les premiers sketches que j’ai écrits, cela date d’il y a 15 ans. J’ai laissé, j’ai repris… Mais j’avais envie de faire ce film. Pourquoi ? Y.A : Parce que je constate des formes d’antisémitisme de-

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• Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9

puis longtemps, que ça me travaille et que j’ai envie d’en parler. Malheureusement, je m’y suis mis trop tard. Quand j’ai commencé à le réaliser, ce film est devenu urgent parce qu’on était arrivé à la limite de quelque chose. Je ne suis pas sûr, mais si j’avais fait ce film avant le ‘nouveau Monde’ – Charlie Hebdo, l’Hypercasher – on aurait peut-être compris mon film différemment. Aujourd’hui, tout le monde est à cran, comprend ou pas, cherche ou pas … On m’a fait des critiques incompréhensibles, j’ai reçu des menaces de mort, donc oui, ce film dérange définitivement dans le contexte actuel.

LE COMBLE, C’EST QUE JE FAISAIS UN FILM SUR L’ANTISÉMITISME MAIS JE NE ME RENDAIS PAS COMPTE À QUEL POINT J’AVAIS RAISON " Votre rapport avec l’identité juive est plus clair aujourd’hui ? Y.A : Je ne suis pas religieux, mais cela n’empêche pas que je suis juif. Mon identité est très claire ! Je donne l’impression d’être perdu par rapport à mon identité ? Vous savez, on fait parfois des interviews dont le sens n’est pas forcément abouti ni exact. On faisait probablement référence au fait que ce sont souvent les antisémites qui font de vous un Juif. Ce que je voulais dire, c’est que n’étant pas religieux, ne portant pas la kippa, ne mangeant pas cacher, qu’est ce qui fait de moi, en France, un être différent dans la vie de tous les jours, aujourd’hui ? Mon nom. Juif. Alors que je suis un metteur en scène et acteur français pendant 25 ans de ma vie, je deviens subitement un metteur en scène FRANCO-ISRAÉLIEN parce que je fais un film sur l’antisémitisme ! Voilà ce qui fait de moi un Juif. On me désigne comme Juif. Et le problème n’est pas que je sois franco-israélien, c’est que MAINTENANT je le suis. Est-ce que vous pensez que cela se serait mieux passé si c’était un non-Juif qui avait fait le film ? Y.A : Sûrement. Et j’aurais adoré qu’un non-Juif en parle ! Le film aurait été, certes, un peu différent. Je vais vous dire, j’ai fait ce film d’une manière un peu trop ‘juive’, un peu trop comme je suis, en fait. Quand on me dit que je n’ai pas d’humour juif, que les gens viennent dans les salles écouter les Juifs rire à mon film. Pour répondre enfin à votre question, c’est vrai, ce film m’a mis à cran, parce que je me suis fait attaqué et que forcément au bout d’un moment, c’est fatigant de se faire attaquer non-stop.


Vous parliez de ‘nouveau Monde’, vos enfants, Charlotte, les Etats-Unis… Vous vous projetez en France les quinze prochaines années ? Y.A : A priori, non. Mon départ, notre départ - enfin je ne considère pas que je suis parti car je vais continuer de travailler en France – est dû au hasard et aux malheurs de la vie qui font qu’il se passe des choses qui me laissent encore déboussolé. Ce film aussi est arrivé à un moment où même dans ma vie, j’étais seul, puisque mon socle n’était pas présent pendant cette aventure, donc cela a été une expérience compliquée. Quels sont vos projets ? Y.A : Un film en tant que réalisateur avec Daniel Auteuil sur une fille arabe qui arrive à la fac et qui va être préparée à son concours d’éloquence par un prof un peu réac. Chacun doit faire un chemin vers l’autre. On commence le tournage dans deux semaines.

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Quand vous venez en Israël, vous vous sentez un peu israélien quand même ? Y.A : Depuis que je suis officiellement « franco-israélien », oui. On m’a permis d’avoir une deuxième maison donc je la visite avec grand plaisir… Propos recueillis par Caroll Azoulay

Affiche du film " Ils sont partout " distribué en Israël à partir du mois d'octobre


REPORTAGE LEMAG’

VOTEZ TREMP’ ! Chaque semaine en Israël, ce sont des milliers d’individus qui se postent aux principaux carrefours routiers (tsomet) du pays, notamment aux heures de pointe, pour prendre un tremp’- littéralement faire un trajet dans la voiture d’un inconnu. Un usage bien ancré dans le mode de vie des Israéliens auquel il faut avoir goûté au moins une fois dans sa vie. Alors si vous n’avez pas encore emprunté de tremp’, leMag’ vous initie à cet art. Attachez vos ceintures et suivez le guide !

7h00

. Tsomet Morasha, en Samarie. Un doux soleil vient réchauffer l’atmosphère en cette fin d’été. Le trafic est déjà bien dense. À quelques mètres des nombreux arrêts d’autobus, une dizaine de personnes attendent patiemment. À peine un conducteur a stoppé à leur niveau, lançant à travers la vitre de droite le lieu de sa destination, que le ou les trempistes intéressés se précipitent dans l’habitacle qui redémarre illico presto. Shira, 20 ans, est là quasiment chaque jour. Son père la dépose au carrefour afin qu’elle rejoigne son travail dans le cadre de son service civil (shirout léoumi) à Guivat Shmouel. « Généralement, je ne reste pas plus d’un quart d’heure à attendre. Il y a toujours un automobiliste qui s’arrête pour m’avancer sur mon chemin et parfois même pour me déposer à quelques mètres seulement de l’établissement où je travaille », nous explique-t-elle. Yohan, 25 ans, a rendez-vous au carrefour avec un professeur de l’université de Bar Ilan où il étudie. Un rendez-vous presque quotidien qu’il a pu fixer grâce à un site spécialisé dans la mise en relation entre auto-stoppeurs et conducteurs. « Je pratique le tremp’ depuis très longtemps » affirme-t-il, en précisant qu’il habite dans un moshav du centre et que c’est « un bon moyen pour se déplacer librement ». Parce qu’il s’agit bien de cela lorsque l’on s’adonne au tremp’. Imaginez : Le simple fait de tendre la main et le « monde est à vous » !

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LE TREMP’ : UNE PRATIQUE BIEN SPÉCIFIQUE À ISRAËL, JEUNE ETAT MODERNE QUI SE FONDE SUR UNE HISTOIRE COLLECTIVE MILLÉNAIRE ET SUR DES FONDEMENTS COMMUNAUTAIRES PLUS QUE VIVACES

© Anne-Caroll Azoulay

Pour beaucoup en Israël, ce co-voiturage informel représente le premier et le meilleur mode de transport pour se déplacer puisqu’il s’agit de voyager avec l’autre dans un esprit amical. « Tu fais connaissance, tu crées une relation avec les gens avec qui tu voyages, tu découvres des styles de vie et des personnes différentes en te déplaçant du Nord au Sud. Souvent tu sais d’où tu pars, mais tu ne sais pas où tu vas arriver » confie Hillel qui vit à Jérusalem et qui étudie à la Yeshiva de Maalé Guilboa. « Un copain a même fini un vendredi soir à la table de son ‘chauffeur’ Breslev après avoir été se baigner avec lui dans une source ! ».

L’Israélien moyen possède à son compteur de nombreuses anecdotes sur ce mode de transport unique en son genre. Dans le Jerusalem Post, Dina Pinner raconte qu’elle a beaucoup appris des passagers et des usagers de la route tout au long de ses journées de tremp’, tour à tour conductrice ou passagère, « au sujet d’une déchirure dans le tissu recouvrant le plafond de ma voiture par exemple, au sujet de la compréhension d’un chapitre délicat du Traité Sanhédrin 110b, au sujet d’excellents médecins qui m’ont ainsi été recommandés ». Sans oublier le shidou’h organisé par sa nièce à la suite d’un voyage en tremp’ ! Hillel raconte également cette fois où l’automobiliste qui le prend sur sa route est étonné d’apprendre qu’il étudie à la Yeshiva afin de se préparer à intégrer les meilleures unités d’élite de l’armée. « Lui dont la fille est officier à Tsahal ne savait pas qu’il existait au sein de certaines Yeshivot des cycles de préparation (mé’hinot) au service militaire. Nous avons pu échanger longuement et son regard sur le monde de l’étude de la Torah a certainement évolué… ». Moyen de transport, ou prétexte au dialogue ? Toujours est-il que le tremp’ demeure une pratique bien spécifique à Israël, jeune Etat moderne qui se fonde sur une histoire collective millénaire et sur des fondements communautaires plus que vivaces. Règne ainsi sur le pays comme un esprit solidaire et patriotique où chacun peut se sentir évoluer au sein d’une famille extra élargie, comme l’explique le sociologue à l’Université hébraïque de Jérusalem, Gad Yaïr qui fait remonter le tremp’ aux temps où l’on pensait qu’Israël était un immense kibboutz. Dérivé de l’allemand ‘trampen’ (« faire de l’auto-stop »), le terme hébreu tremp’, qui fait son entrée dans les dictionnaires israéliens en 1954, appartient intégralement à l’histoire culturelle d’Israël au même titre que le kibboutz ou le service militaire pour les femmes.

CERTAINS SONT TREMPISTES UN JOUR, AUTOMOBILISTES LE LENDEMAIN, TOUT DÉPEND DU TRAJET, DE LA MÉTÉO OU MÊME DE LA RÉPARTITION QUOTIDIENNE DU VÉHICULE AU SEIN DU COUPLE OU DE LA FAMILLE Les trempistes se postent aux carrefours de routes très fréquentées en direction de leur destination finale. Le meilleur moyen d’être pris en tremp’ est donc de se tenir à une trempiyada ou à une station de bus, généralement Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 37


à chaque jonction, en pointant le bras vers l’extérieur, légèrement orienté vers le bas. Certains sont trempistes un jour, automobilistes le lendemain, tout dépend du trajet, de la météo ou même de la répartition quotidienne du véhicule au sein du couple ou de la famille. S’il est une région où la culture du tremp’ persiste assurément en Israël, c’est bien en Judée Samarie, où les localités (yishouvim) demeurent encore relativement isolées des grandes agglomérations, le réseau d’autobus y étant moins dense et les automobilistes plus disposés à prendre des trempistes que n’importe où ailleurs dans le pays. Largement pratiqué par les adolescents, ce mode de transport a su s’adapter et persister malgré une série de faits dramatiques. Lors de la première Intifada en 1987, le soldat Nachshon Wachsman est assassiné après avoir été enlevé par une voiture conduite par des militants du Hamas déguisés en Juifs. Tsahal interdira dès lors aux soldats de faire de l’auto-stop, via une campagne publique de longue durée. Désormais, les soldats surpris - par des unités infiltrées de policiers militaires- en flagrant délit de tremp’ seront expédiés en prison. Mais même l’enlèvement tragique des trois jeunes garçons : Eyal, Gilad et Naftali en juin 2014, qui plonge le pays dans un émoi incommensurable, ainsi que les assauts répétés de voitures béliers sur la route 60 dès l’automne 2015, n’auront raison du tremp’ qui demeure être le mode de déplacement privilégié des habitants de Judée-Samarie.

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• Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9

© Katja Epelbaum

REPORTAGE LEMAG’

C’EST AINSI QUE NOUS NOUS SENTONS LIBRES ET QUE NOUS DEVENONS ADULTES» « Le tremp’ est solidement ancré dans notre mode de vie, depuis notre plus tendre enfance » confie Avraham Barou’h, 15 ans, étudiant à la Yéshiva. « C’est ainsi que nous nous sentons libres et que nous devenons adultes ». Une pratique mal tolérée par ceux qui vivent à l’intérieur de la ligne verte et qui n’ont jamais mis les pieds en Judée-Samarie, n’ont de fait jamais emprunté de tremp’ ou pris de trempiste. En juin 2014, Anshel Pfeffer écrivait dans le journal Haaretz que dans ces « contrées », les motivations liées au tremp’ vont au-delà du simple arrangement pratique. Selon lui, « Pour ces adolescents, il existe peu d’endroits comme la route où ils peuvent se sentir libres. (…) Ils s’y sentent comme chez eux, et personne, pas même les officiers de Tsahal qui mettent régulièrement en garde les adultes contre les dangers, ne peuvent les empêcher de voyager selon leur gré sur leur terre. Le tremp’ n’est pas juste un moyen de déplacement, c’est un rite de passage, un mode de vie, une déclaration d’indépendance et de propriété sur le sol ». Katja Epelbaum


LE TOP 5

DU PARFAIT TREMPISTE Quoiqu’informel, le tremp’ ne repose pas moins sur des ‘codes’ bien précis. Alors avant de vous jeter à l’eau, leMag’ vous souffle quelques ‘tuyaux’.

1

TU SAURAS T’ORIENTER. Un parfait trempiste se doit de connaître les routes et les agglomérations où il se rend afin d’optimiser son trajet. C’est le conducteur qui lui indique sa destination finale en s’arrêtant à la trempyada ou en agitant la main quelques mètres avant pour signifier s’il va vers l’Est, l’Ouest, le Nord ou le Sud. Aux abords des localités, certains automobilistes font également signe pour informer qu’ils restent dans le coin ou qu’ils sont déjà complets. Une fois à bord, il est essentiel de demander au chauffeur où il va précisément afin de pouvoir lui indiquer où l’on souhaite être déposé.

2

TU RESTERAS COURTOIS. Parce que le trempiste est invité à partager un trajet, il se doit d’être discret. Il ne dérangera pas son hôte en cherchant à discuter avec lui sauf s’il y est invité, il ne parlera pas au téléphone, ne claquera pas la porte, ne sera pas encombrant, ne sera pas exagérément poli…

3

4 5

TU SERAS VIGILANT. À tout point de vue, un parfait trempiste doit naviguer avec prudence et pleine conscience. Aussi, il se postera à des endroits fiables et veillera à monter à bord de véhicules ‘sûrs’. Il voyagera au bon moment, sachant, par exemple que le matin de bonne heure et la fin de journée sont des moments propices pour trouver un tremp’, tout comme le vendredi, quelques heures avant le coucher du soleil, et le samedi, à la sortie des étoiles, alors que les transports publics se font rares et que les Israéliens prennent la route pour fêter shabbat en famille. TU OPTIMISERAS LE TREMP’ AU MOYEN D’UN SMARTPHONE afin de rester connecté aux groupes de co-voiturage, sur WhatsApp par exemple, aux applis relatives, aux cartes virtuelles… « LAST BUT NOT LEAST », tu cultiveras la ‘pensée positive’. Voyager en tremp’, c’est aussi réaliser à quel point les circonstances sont parfois étonnantes pour aller d’un point à un autre. « C’est grâce au tremp’ que j’ai surdéveloppé ma émouna (foi) » raconte Liora qui vit dans un Yishouv. « Quand il est 5h du mat’, que tu attends un tremp’ pour l’aéroport et que cinq minutes plus tard, tu t’embarques avec un voisin directement pour Ben Gourion. Quand tu attends à un carrefour désert avec d’autres ‘collègues’ de tremp’ qui te demandent de rejoindre une prière collective. Quand, à la sortie de Pessa’h, tu montes avec mari, bébés et bagages, à bord d’une voiture avec deux sièges enfants à l’arrière… ». K.E

L’AUTO-STOP 2.0 " MADE IN ISRAËL " C’est Waze, la filiale de Google, qui s’apprête à lancer cet automne son application de co-voiturage dans la région de San Francisco, aux États-Unis, quasiment un an après Israël, son pays d’origine où l’appli ‘Waze Rider’ est largement utilisée. L’idée est simple : permettre aux conducteurs d’indiquer leur route et de retrouver sur leur chemin des usagers qui se rendent dans la même direction. L’usager participe au prix du voyage, allégeant ainsi la note d’essence pour le conducteur. Un vrai co-voiturage planifié et complétement win-win ! Autre innovation israélienne, celle de la startup ‘Via’ créée en 2012. Une solution qui propose en temps réel des places vacantes dans les voitures. « Nous sommes partis du concept israélien de taxi collectif, une expérience de transport conviviale et abordable » explique Oren Shoval, son co-fondateur. Avec plus de 4 millions de trajets, la société, lancée en octobre 2013 à New York et bientôt sur Chicago, a également attiré près d’un millier de chauffeurs rémunérés 33 dollars de l’heure. Aux dires des experts, ‘Via’ peut s’attendre à un avenir des plus radieux, elle qui vient de lever 100 millions de dollars ! Katja Epelbaum

Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 39


UNE OEUVRE, UN ARTISTE LEMAG’

L'Arche de Noah par Michèle Belin-Benhamou

"Noah's Ark" Opened doors (Gold and Silver leaf, Engraving) 60cm x 180cm

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• Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9


Michèle Belin-Benhamou est diplômée de l'École des Arts Appliqués de Paris où elle a étudié la technique de la laque avec Paul Cressant, puis la gravure “eau forte” à l'École des Beaux-Arts de Paris avec Lucien Coutaud. Passionnée d'explorer de nouvelles techniques, elle étend sa carrière professionnelle et crée des décors et costumes pour le théâtre, l'opéra et le cinéma, ainsi que des modèles de broderies et tapisseries, des affiches de théâtre et des illustrations. En 1982, elle s'installe en Israël et revient à sa première passion : la laque. Elle collabore avec des architectes d'intérieur et introduit la laque dans le mobilier et la décoration d’appartement : têtes et tables de nuit, tables de toilette, bars, panneaux décoratifs. En 1999, elle expose au Japon, à la triennale de laque d'Ishikawa, et obtient le prix d'honneur du jury “The Kiyoshi Awazu Prize”. C’est la seule Israélienne jusqu’à ce jour à avoir remporté un tel prix. Sélectionnée consécutivement en 2002, 2005 et 2009, l’une de ses œuvres est acquise par le “Ishikawa Design Center”. Michèle Belin-Benhamou expose régulièrement en France et en Israël.

La technique de la laque est un art rare, confidentiel, qui impose une grande concentration. Cette technique asiatique millénaire exige de la patience, une certaine solitude et une grande précision. De nombreuses étapes intermédiaires sont nécessaires pour obtenir le résultat final et il faut donc être capable d’anticiper l’œuvre finale dès le départ. Dans ce tryptique intitulé ‘Noa’h’, j’ai voulu rendre hommage aux animaux pour lesquels j’ai une grande affection et beaucoup d’empathie. J’affectionne particulièrement les thèmes bibliques, et à mes yeux l’histoire de Noa’h symbolise le sauvetage de l’humanité, d’une certaine façon. La lune et le soleil représentent Israël et les Nations, et d’ailleurs, toute cette œuvre aborde le thème de l’ombre et de la lumière, le positif et le négatif, la paix et le chaos.

ˮ

Octobre Août --Septembre Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 N°8 • 41


C'EST DANS L'AIR YVAN ATTAL

KIRADU RADINSKY ÈRE WEB

SPORTS IL BRISE LES D'ÉTÉ TABOUS ET PAYE SI ONLEESSAYAIT ? ET EN PRIX

UNE PROPHÉTESSE L’ARNAQUE AUX PARMI NOUS OPTIONS BINAIRES

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LA RÉVOLUTION ORTHODOXE

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TALMUD ET CYBER, C’EST POSSIBLE !

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ET LES FEMMES DANS TOUT ÇA ?


DOSSIER

LE MONDE ORTHODOXE SE RETROUSSE LES MANCHES Depuis son apparition, (merci Adam !) le travail n’a cessé de se réinventer pour s’adapter à l’ère du temps. L’ère industrielle, les syndicats, la loi, les crises économiques, les guerres, l’urbanisation, l’informatique, le numérique, ne cessent de façonner, modifier et renouveler nos modes de travail. En réaction, l’homme s’adapte, modifie son comportement pour s’ajuster aux nouveaux codes en vigueur. En Israël, pays de mutation par excellence, l’arrivée des orthodoxes sur le marché du travail constitue l’un de ces changements inattendus. LeMag’ s’y est intéressé.

Dossier coordonné par Caroll Azoulay

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LES ORTHODOXES ARRIVENT DANS LA ‘VALLEY’

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DOSSIER

LA RÉVOLUTION ORTHODOXE Avec à peine 30 000 membres en 1948, la communauté orthodoxe du jeune Etat juif était sur la défensive, idéologiquement, socialement et politiquement. Presque soixante-dix ans plus tard, un ‘hassid est ministre du gouvernement, des milliers de jeunes ‘haredim servent dans l'armée, et une pléthore de collèges orthodoxes produisent des milliers d'étudiants qui se lancent dans l'écosystème israélien, tout en ne renonçant pas à leurs principes. Une véritable révolution des lumières à l’israélienne est en marche.

LES ‘HAREDIM AU DÉFI DE L'INTÉGRATION Les orthodoxes se montrent de plus en plus disposés à travailler pour entretenir leurs familles, sans pour autant renoncer à l'étude de la Torah et à leur mode de vie. Leur intégration sur le marché du travail progresse. Kathie Kriegel pour leMag’, a rencontré Michal Tzuk, Directrice générale adjointe du ministère de l'Economie et de l'Industrie et Directrice du secteur dédié à l'emploi, afin d’évoquer les défis à relever pour les responsables politiques, à savoir lutter contre la pauvreté et les inégalités, tout en améliorant leur taux d’activité dans des conditions de travail équitables. Il y a aujourd'hui environ 830 000 ‘haredim. Ils représentent le segment le plus dynamique de la population israélienne, avec une forte croissance, et leur nombre devrait plus que doubler au cours des vingt prochaines années, pour passer à près de deux millions, selon des études récentes. 46

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AUJOURD'HUI, 12 000 ‘HAREDIM ÉTUDIENT DANS DES COLLÈGES ACADÉMIQUES ET UNIVERSITÉS ISRAÉLIENNES, ET VU LE DÉVELOPPEMENT DÉMOGRAPHIQUE, LE POTENTIEL SEMBLE IMMENSE.

Or, 60% de la population orthodoxe vit sous le seuil de pauvreté. En cause, sa faible représentation sur le marché de l'emploi avec pour conséquence une faible contribution à l'économie générale du pays. « Les ultra-orthodoxes représentent 12% de la population, mais seulement 7% de la main-d'œuvre israélienne », explique Michal Tzur, « or, ce sont principalement des femmes qui ont une activité, puisque les hommes se consacrent principalement à l' étude des textes sacrés et il s'agit souvent d'emplois à temps partiel, non qualifiés et peu rémunérateurs ». LES ‘HAREDIM, PILIERS DE L'ÉCONOMIE ISRAÉLIENNE DE DEMAIN Sachant que dans une vingtaine d'année, les ‘haredim représenteront 18% de la population active en Israël, la question de leur emploi est une priorité absolue pour le gouvernement qui s'est fixé comme objectif d'ici 2020 de passer à 63%.


RÉVOLUTION ORTHODOXE L'intégration des orthodoxes sur le marché de l'emploi est donc vitale pour l'avenir de l'économie israélienne. Le ministère de l'Economie et de l'Industrie, en collaboration avec des partenaires communautaires et municipaux, travaille à favoriser leur emploi et à mieux les préparer pour le marché du travail. Objectif, leur offrir une formation professionnelle et une aide personnalisée. « Nous avons ouvert des 'centres d'emploi' à guichet unique, dans des zones qui comptent une forte concentration de population orthodoxe, comme Jérusalem et Bnei Brak. Nous proposons un large éventail d'outils notamment pour éliminer les obstacles qui entravent l'emploi de cette population », explique Michal Tzur. « Actuellement, dix centres d'emploi, qui leur sont dédiés exclusivement, sont en service dans le pays, principalement dans les secteurs à forte concentration orthodoxe. Ils proposent un suivi personnalisé pendant un an et demi jusqu’à deux ans ».

CEUX QUI SOUHAITENT ENTREPRENDRE DES ÉTUDES UNIVERSITAIRES SUPÉRIEURES Y SONT ENCOURAGÉS " LE PIED À L'ÉTRIER AVEC LES CENTRES POUR L'EMPLOI « Ceux qui souhaitent entreprendre des études universitaires supérieures y sont encouragés », explique David Shechter, directeur du Centre pour l'Emploi de Bnei Brak, « tandis que beaucoup d'autres sont orientés vers un apprentissage spécialisé comme l'ingénierie électrique, la mécanique, la programmation informatique, la comptabilité, la réparation mobile et d'autres professions qualifiées ». Environ 16 000 personnes ont déjà bénéficié de ces centres de placement, d'orien-

tation et de formation jusqu'à présent. Un programme de cinq ans qui ira jusqu'à 2020 a été lancé, bénéficiant d'un budget de 250 millions de shekels pour créer de nouveaux centres. « La séparation hommes/ femmes est totalement respectée et des matières profanes sont enseignées à mi-temps, comme l'anglais, les mathématiques ou l'informatique. On leur apprend à faire un CV, à se servir d'un ordinateur et on les prépare aux entretiens », nous explique David Shechter.

67% DES ENTREPRISES QUI EMPLOIENT DES ‘HAREDIM SONT DIRIGÉES PAR DES CHEFS D’ENTREPRISE LAÏCS " UNE MAIN D'ŒUVRE HAUT DE GAMME Cette population a toutes les chances de jouer un rôle majeur à l'avenir dans la santé économique du pays et tout est mis en œuvre pour en assurer le succès. « C'est pourquoi, nous voulons aussi encourager les employeurs à les recruter, en luttant contre les stéréotypes », pointe Michal Tzur. Une nouvelle étude menée par le ministère de l'Economie et de l'Industrie révèle d'ailleurs des chiffres surprenants sur l'emploi des ‘haredim en Israël. « 67% des entreprises qui emploient des ‘ haredim sont dirigées par des chefs d’entreprise laïcs », souligne Michal Tzur. « Environ un quart (24%) de ceux qui les emploient affirment les avoir engagés car ce sont des employés particulièrement compétents et dévoués. 13% ont reconnu les avoir engagés suite à une expérience précédente réussie avec des employés de ce segment de population. C'est très encourageant », se réjouit-elle, « et nous espérons que le haut niveau de satisfaction des employeurs les encouragera à les recruter davantage ».

11% Les orthodoxes représentent 11 % de la population. Selon les prédictions, basées sur les tendances démographiques actuelles, d’ici 2059, les ‘haredim représenteront entre 30 à 40 % de la population. (Source : Institut de Jérusalem d’études israéliennes)

10.000 Selon le Conseil de l’enseignement supérieur, il y a vingt ans, on comptait environ 500 ‘haredim par an inscrits dans des cursus universitaires. En 2015, ce chiffre est passé à 10 000 personnes (hommes et femmes confondus).

Kathie Kriegel

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DOSSIER

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TALMUD ET CYBER C’EST POSSIBLE !

Au cours de ces dernières années, un manque croissant d'ingénieurs s'est fait sentir dans l'industrie des hautes-technologies israéliennes. L'intégration des jeunes ‘haredim dans ce domaine qui leur convient bien, vient à point nommé pour pallier à cette pénurie. Kathie Kriegel pour leMag’, a rencontré le Rav David Leybel, le fondateur inspiré de AvraTech et RavTech, un établissement pionnier qui force l'admiration et a de quoi en inspirer plus d'un. Rav David Leybel, vous avez fondé un établissement original dédié aux ‘haredim. Qu'a-t-il de si particulier ? Rav David Leybel : L'établissement se compose d'une mi’hlala, (collège académique) 'Avratech', où nous formons environ une trentaine de programmateurs par an et d'une entreprise de développement de logiciels, ‘Ravtech’, qui compte aujourd'hui une cinquantaine d'employeurs. Tout cela est situé dans le même bâtiment. Le rez-de-chaussée est alloué 48

à l’étude de la Torah et à la Téfilah. Au premier étage, il y a les locaux d’ ‘Avratech’ et au deuxième étage, ceux de la société ‘Ravtech’. De 9h à 12h, tous étudient la Torah et de 12h30 à 19h certains sont en formation et d’autres travaillent. A qui s'adresse votre établissement ? Rav D.L : Les ‘haredim qui choisissent de faire l'armée ne sont pas ceux qui ont besoin de mon établissement, car l'armée leur propose

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aussi des formations et leur offre des perspectives d'avenir professionnel. Il existe aussi cinq ou six yeshivot orthodoxes qui proposent une formation '’hol' (études générales) en même temps que les études de kodesh (études religieuses). On peut même y passer le bac. Mais ce ne sont pas des yeshivot classiques. De plus, elles sont très onéreuses, ce n'est donc pas donné à tout le monde d'y entrer. Moi, je m'adresse à ceux qui n'ont aucun débouché, aucune autre perspective.


Quelles sont les spécificités de votre établissement ? Rav D.L : Les plus jeunes arrivent chez moi à 25/26 ans, ils sont déjà mariés et ont des enfants pour la plupart. Avant, ils étaient au Kollel à temps complet. Par conséquent, accéder rapidement à un emploi s’avère indispensable, pour des raisons économiques. Pendant leur première année d'études, ils perçoivent ce qu'ils auraient reçu au Kollel, soit 2000 shekels. Ensuite, une fois qu'ils sont employés par la société, ils perçoivent un salaire de 5000/5500 shekels pour seulement 6h30 de travail par jour, (ce qui équivaut à un salaire de 8000 shekels à temps plein). Au bout de quelques années, leurs salaires peuvent monter à 10 000, voire 15 000 shekels. Et s'ils font des heures supplémentaires, elles sont rémunérées. De plus, ce qui en fait aussi un endroit unique, c'est qu'au terme de leur année de formation, les étudiants ont la garantie d'obtenir un emploi. En principe, même ceux qui étudient quatre ans ailleurs n'ont nulle part une promesse de travail sûre à 100%. Tout étudiant qui termine son année ici, avec une certaine moyenne, se voit offrir un emploi. Mais il peut aussi choisir d'aller travailler dans une autre entreprise. Comment est-ce possible de former des développeurs en un an ? Rav D.L : Beaucoup de gens sont venus nous rendre visite, juste par curiosité, pour voir comment on arrive à ce resultat, et pour étudier nos méthodes d'enseignement. A l'université, quel que soit le cursus choisi, on va

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ACCÉDER RAPIDEMENT À UN EMPLOI S’AVÈRE INDISPENSABLE "

RÉVOLUTION ORTHODOXE

DES PERSONNES QUI NE SAVAIENT RIEN DU FONCTIONNEMENT D’UN ORDINATEUR DÉVELOPPENT AU BOUT D’UN AN DES APPLICATIONS WEB ET MOBILES "

vous enseigner des choses dont vous n'aurez pas besoin dans votre vie professionnelle. Donc nous enseignons uniquement ce qui leur sera utile en informatique et en mathématiques. On enseigne également l'anglais, indispensable dans ce domaine, afin de permettre à nos salariés de communiquer avec les clients. Et c'est possible de faire cela en un an. Un an après leur entrée chez nous, vous voyez des personnes qui ne savaient rien, ou presque, du fonctionnement d’un ordinateur, développer des applications Web et mobiles. Quels sont les critères de sélection puisque les postulants n'ont pas fait d'études générales au préalable ? Rav D.L : Après avoir envoyé un CV et passé des premiers entretiens, ils sont soumis à un examen psychométrique standard, afin d’évaluer leurs aptitudes pour l'informatique, la logique, l'imagination. Ce qui est très important, c'est leur motivation. Car ils auront de longues journées de travail qui exigeront 10 heures de concentration par jour, quasiment

non-stop, ce qui n'est pas facile. Il faut donc avoir beaucoup de volonté et de détermination. Je les rencontre aussi pour déterminer leur niveau en Torah, puisque cela fait partie intégrante de notre cursus. Est-ce que le fait d'étudier la Torah leur donne des aptitudes particulières ? Rav D.L : Dans le circuit scolaire classique, jusqu'au bac, il y a déjà 12 ans d'études communes à tous les élèves. Puis ils suivent 4 ans d'études supérieures. Tous les étudiants suivent le même cursus, étudient les mêmes matières, acquièrent plus ou moins la même façon de penser. Alors que les postulants qui nous arrivent ne sont pas 'formatés'. Et c'est un plus en informatique, car il s'agit justement de penser 'out of the box' (hors des sentiers battus) afin de trouver des solutions. Sur ce point, les ultra-orthodoxes ont un avantage certain. Le fait d'étudier la Torah les prépare bien à cela, car il s'agit aussi de trouver des solutions, aptitude particulièrement développée par l’étude de la Guemara, du Talmud et de la Hala’ha.

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DOSSIER

Quelle a été votre motivation première pour monter cet établissement ? Rav D.L : Il y a des hommes au Kollel 50

qui ont beaucoup d'enfants et ne s'en sortent plus. Or, ils n'ont aucune possibilité de travailler car ils n'ont aucune qualification. Ils ne peuvent qu'occuper des emplois subalternes. Pour aller à l'université, il faut avoir le bac, puis trois ans d’études pour obtenir une licence. Et pendant ce temps-là, ils ne gagnent rien et les études sont payantes. De plus, cela les oblige à se couper de leur milieu, ils n'ont plus le temps d'étudier la Torah. Je voulais donner à celui qui le désirait une possibilité de le faire, sans changer son mode de vie, et tout a été conçu pour eux, de telle sorte que celui qui veut travailler puisse le faire dans les meilleures conditions qui lui conviennent. Comment voyez-vous l'avenir ? Allez-vous vous agrandir ? Rav D.L : Nous avons ouvert tout récemment un deuxième établissement à Jérusalem, dans un vieux bâtiment de l'ancien hôpital Bikour ‘Holim, que nous avons rénové. ARLI, une

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Comment est financé l'établissement ? Rav D.L : Je le finance avec mes fonds propres. L'établissement perçoit une aide du ministère de l'Industrie pour la formation, mais cela couvre à peine 1/5ème du coût. Il y a aussi les gains générés par l'entreprise, bien sûr. Mais toute entreprise qui commence n'est pas tout de suite bénéficiaire, il y a des crédits à rembourser... Créée il y a trois ans, RavTech compte cependant parmi ses clients les plus grosses boîtes de High-Tech au monde, comme par exemple Citybank, Check Point, HP, car nous avons un produit compétitif et de qualité. Cette année, pour la première fois, nous devrions équilibrer les comptes. Nous ne serons pas encore bénéficiaires, mais l'établissement ne perdra pas d'argent.

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CRÉÉE IL Y A TROIS ANS, RAVTECH COMPTE CEPENDANT PARMI SES CLIENTS LES PLUS GROSSES BOITES DE HIGH-TECH AU MONDE, COMME PAR EXEMPLE CITYBANK, CHECK POINT, HP "


RÉVOLUTION ORTHODOXE fondation pour le développement de Jérusalem, s'est investie dans l'entreprise, et d'autres fondations ont exprimé le souhait de nous soutenir. J'espère que cela va donner à d'autres l'envie de faire de même, et pas seulement dans le domaine de l'informatique, car ce mode de fonctionnement peut être appliqué à la comptabilité, et former des comptables et des experts comptables par exemple, dans le droit et former des juristes et monter des cabinets d'avocats etc.... Pourquoi avoir engagé une femme laïque comme directrice de l'établissement ? On dit que lorsque vous l'avez engagée, vous lui avez dit qu'elle était « l'homme de la situation »… Rav D.L : C'est quelqu'un de grande qualité. Au début, je l'ai engagée pour

Avratech, pour qu'elle s'occupe de la formation d'un an des étudiants. Et au fil du temps, j'ai appris à la connaitre davantage et comme j'appréciais beaucoup son travail, je lui ai proposé de prendre aussi la direction de la boîte Ravtech. Est-ce que cela augure d'une ouverture d'esprit de la communauté orthodoxe pour les contacts mixtes, une souplesse possible ? Rav D.L : Je ne sais pas si l’on peut parler d'ouverture. En tout cas, je ne l'ai pas engagée pour ces raisons que vous évoquez, mais surtout pour ses compétences. Nous avons aussi une secrétaire qui est une femme, mais les professeurs sont des hommes. Je ne pense pas que l'on puisse parler d'une ouverture, mais de facto, s'ils sont amenés à travailler dans le futur, ils

seront amenés à côtoyer des femmes dans le monde du travail. L'intégration dans le milieu du travail va-t-il favoriser un rapprochement entre les Juifs israéliens pour qu'il y ait moins de clivages ? Rav D.L : C'est clair, et c'est ce qui est en train de se passer. Il y a d'ailleurs beaucoup de laïcs, plutôt de gauche d'ailleurs, qui sont venus bénévolement donner un coup de main aux élèves, pour les coacher dans les matières profanes. En fait, les animosités viennent du fait qu'ils ne se connaissent pas et quand ils se connaissent, ils comprennent enfin qu'ils peuvent très bien vivre ensemble. Les ‘hilonim découvrent que les ‘haredim ne sont pas des mangeurs d'hommes, et vice-versa. Kathie Kriegel

Discussion talmudique ou codage informatique ?

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DOSSIER

LES ‘HAREDIM ARRIVENT

LE CENTRE MAOF, UNE COUVEUSE SUR MESURE En janvier dernier, a été inauguré le Business center MAOF de Bnei Brak. En plus de la traditionnelle pose de la mézouza généralement observée à chaque évènement similaire en Israël, un Sefer Torah a ici été déroulé dans le centre pour l'occasion. Cet incubateur de start-up dédié aux ‘haredim accueille des entrepreneurs en herbe, hommes et femmes, quel que soit leur domaine de prédilection, ainsi que ceux qui souhaitent développer une entreprise déjà existante. « Moshé avait un magasin de tissus, mais souhaitait s'agrandir », confie Tomer Leshem, le dynamique directeur du Centre MAOF, au Mag’. « Il a donc été coaché par un manager maison, et un business plan a été monté. Puis le centre a fait le relais auprès des banques et nous lui avons permis d'augmenter son capital. Aujourd' hui, il a plusieurs magasins et il a créé beaucoup d'emplois », se félicite Tomer. Les femmes y ont aussi leur place, ainsi que les pratiques religieuses qui gèrent les rapports hommes/ femmes, selon la stricte application de la loi juive. « Je dispose d'un bureau avec une fenêtre et un store », explique Sarah, une jeune startupiste, qui développe une entreprise de graphologie. « Si je suis seule dans le bureau, je baisse le store, mais si un homme vient pour échanger, un mentor, un conseil52

© Ministère de l'économie

L'entreprenariat est grandement favorisé en Israël, connu pour son écosystème innovant et dynamique dans le domaine des hautes-technologies. Les projets encourageant l'emploi des ultra-orthodoxes dans la ‘Valley’ israélienne se multiplient et ils sont de plus en plus nombreux à s'insérer dans l'écosystème local. Torah et High-Tech : un couple qui marche.

ler financier ou en management par exemple, je lève le store, et laisse la porte entrouverte, de sorte que nous puissions être vus à tout moment », explique-telle. Le centre offre également les services d'un secrétariat. « Et d’un réseau internet Glatt ! » pointe Tomer Leshem pour souligner le fait que le réseau internet ne donne pas accès à des contenus non conformes aux règles de tsniout (pudeur) en vigueur selon la hala’ha. La participation aux frais de logistique dérisoire, pour l'entretien des locaux, peut même dans certains cas être prise en

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Inauguration d’un Sefer Torah au centre MAOF

charge, le temps pour le startupiste de prendre son envol. Bien entendu, le gouvernement soutient financièrement l'initiative. Il va consacrer 130 millions de shekels au développement des PME (petites et moyennes entreprises) et aux programmes de High-Tech. 100 millions de shekels supplémentaires iront soutenir individuellement les demandeurs d'emploi, avec des stages de formation adaptés et des cursus d'études d'ingénieurs. Un autre centre de ce type est sur le point d'ouvrir ses portes à Jérusalem et d'autres suivront. K.K


RÉVOLUTION ORTHODOXE

DANS LA ‘VALLEY’ APPRENDRE LE TALMUD CONSISTE À ENVELOPPER UN PROBLÈME DÉTERMINÉ AVEC NOTRE ESPRIT ET CHERCHER À TROUVER, PAR DES APPROCHES DIFFÉRENTES, DES SOLUTIONS DIFFÉRENTES. LA PROGRAMMATION FAIT APPEL AU MÊME MODE DE FONCTIONNEMENT, ET EST DONC TRÈS SIMILAIRE " Elie, 29 ans, étudiant orthodoxe en codage informatique.

© Ministère de l'économie

KIDUM PLUS, UNE ENTREPRISE MODÈLE De grandes entreprises de haute technologie (comme Intel), notamment encouragées par des avantages financiers, embauchent déjà des hommes et des femmes orthodoxes. Pour l'heure, pas de quotas. Ce que l’on sait, c’est que seulement 10% des entreprises ayant des employés ‘haredim se préoccupent de fournir des espaces de travail séparés pour les femmes et les hommes. Tandis que 18% leur accordent un temps de prière, et 13% ont aménagé un endroit prévu à cet effet. Mais chez 'Kidum Plus', un éditeur de sites web qui a le vent en poupe, ce qui frappe d'entrée, c'est l'architecture originale de ses locaux. Ici, toutes les cloisons et portes sont en verre dépoli pour séparer les espaces de travail des hommes et des femmes. « 90% de nos commerciaux, graphistes et designer, sont issus du milieu ultra-orthodoxe », reconnaît Orel Yehishalom, co-fondateur de l'entreprise avec Amihaï Uzan, tous deux issus de ce milieu. « Depuis le collège, j'avais dans l'idée de monter une structure dédiée et adaptée à ma communauté », confie-t-il au Mag’. « L'Etat prend en charge leur formation au Merkaz Herchven pour les mathématiques, l'anglais, l'informatique et le management. Puis nous prenons le relais et nous complétons nous-mêmes la formation des candidats, avant de les engager ». L'entreprise 'Kidum Plus' intègre les besoins spécifiques dans son business plan ; espaces de travail séparés, lieu et temps de prière, horaires adaptés à la vie de famille et à l'éducation des enfants pour les femmes, le tout dans le respect du shabbat et des fêtes.

Etudes en binôme

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La séparation hommes / femmes au travail : une condition essentielle pour le monde orthodoxe

l’Intégration, des Sciences et du Président de l’Agence Juive) chargée de remédier à cette pénurie en encourageant à la formation d’ingénieurs et techniciens en Israël. Cela tombe bien. De plus en plus d'audacieux entrepreneurs ‘haredim se lancent dans le High-Tech, devenu un domaine de prédilection pour les ultra-orthodoxes. Kathie Kriegel

KAMATECH

© Facebook Moshe Friedman

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Orel Yehishalom, co-fondateur de Kidum Plus

UNE RÉUSSITE REPRÉSENTATIVE DU PHÉNOMÈNE Kamatech, un accélérateur de startups pour les entrepreneurs ultra-orthodoxes, est devenu ultra populaire non seulement auprès des ‘haredim cherchant à créer leur startup, mais aussi parmi ceux qui misent sur ces startups. Au point qu’une douzaine des plus grands noms de l'investissement technologique israélien se sont unis pour créer un fonds qui investira uniquement dans des entreprises KamaTech ! Selon le désormais célèbre Président de Kamatech, Moshe Friedman, cela traduit « la volonté de l’industrie HighTech israelienne à encourager le développement de la High-Tech orthodoxe et la grande confiance qu’elle a envers les startups émergentes créées par des ‘haredim ». Parmi les soutiens de Kamatech : Cisco Systems Inc., Microsoft Corp., et Alphabet Inc., mais aussi des fonds privés et des aides gouvernementales américaines. Cinq entrepreneurs orthodoxes étaient présents à l’inauguration de Kamatech en 2013. Ils étaient 1000 (toutes tendances confondues) lors d’un évènement organisé à Tel-Aviv fin 2015…

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© Kathie Kriegel

Pour autant, sa compétitivité n'en est pas infirmée. Son mot d'ordre, c'est 'créativité' qui s'affiche en toutes lettres à l'entrée. « Bien sûr, l'Etat nous soutient financièrement et prend en charge entre 10% et 20% des salaires, ce n'est pas négligeable. Mais assez rapidement, nous sommes devenus la PME leader sur le marché dans ce secteur d'activité grâce à notre politique commerciale assez agressive. Nous offrons un très bon rapport qualité/prix et notre système de référencement ( SEO ) est optimisé, ce qui permet à nos clients d' être extrêmement bien positionnés sur Google. Nous comptons à ce jour, à peu près 1000 clients, de tous horizons ». Pour l'heure, sur 300 000 employés dans le High-Tech, 6000 seulement seraient orthodoxes. Des chiffres en augmentation constante, encouragés par l’Etat qui n’hésite pas à parler d’un manque de main d’œuvre dans le secteur. La preuve, Benyamin Netanyahou a annoncé la création, le 11 septembre dernier, d’une équipe ministérielle (notamment composée des ministres des Finances et de l’Economie, de

© Kathie Kriegel

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ET LES FEMMES Ce sont les femmes qui ont, les premières, ouvert les portes du marché de l’emploi à la communauté orthodoxe. Au sein de cette communauté, rien n’est plus prisé qu’un homme savant en Torah. Pour permettre à leurs maris d’étudier la Torah à plein temps - et donc d’arriver à des niveaux de connaissance élevés – les femmes ont peu à peu intégré le monde du travail. Comprenant qu’avec des qualifications, elles rapporteraient de meilleurs salaires dans leurs foyers, elles ont ensuite entrepris de se former professionnellement. Des figures féminines du monde orthodoxe ont osé prendre position pour améliorer un état de fait désormais établi, enracinant une révolution désormais en marche.

PORTRAITS

© IDI

Naomi Perl, directrice des Programmes Mandel pour le développement du leadership dans la Communauté orthodoxe.

LES FEMMES ORTHODOXES ONT UN FEU INTÉRIEUR, ELLES SONT LA BASE RÉELLE DE LA SOCIÉTÉ ORTHODOXE ET LE MOTEUR IDÉOLOGIQUE DE LA COMMUNAUTÉ " Cofondatrice du conservatoire de musique pour filles orthodoxes ‘Ron Shoulamit’, Naomi Perl a également créé le programme Shlu’hei Tzibur à l’université Hébraïque de Jérusalem (programme destiné à former des leaders communautaires au sein du monde universitaire). Diplômée des institutions Bet Yaacov à Jérusalem, Naomi Perl est mère de dix enfants.

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• Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9

1%

Pourcentage de femmes gagnant plus de 12 000 shekels/mois. Elles seraient 46 % à gagner moins de 3000 shekels/mois. Du côté des hommes issus du même secteur, ces chiffres sont respectivement de 9 % et 21%.

4000

C’est le nombre de femmes orthodoxes employées dans le secteur High-Tech, contre 2000 hommes. Chez Kidum Plus, c’est une femme ‘haredit qui supervise le département des hommes.

80 %

C’est le taux de femmes ultra-orthodoxes qui travaillent, contre 75 % dans la population féminine en général.


RÉVOLUTION ORTHODOXE

DANS TOUT ÇA ?

30 %

Depuis 2000, l’emploi des femmes ultra-orthodoxes a augmenté à un rythme stupéfiant de 30 %.

600

Nombre de femmes ‘haredit qui obtiennent un diplôme dans le secteur de l’ingénierie chaque année.

2003

Marque l’année où B. Netanyahou, ministre des Finances à l’époque, réduit de moitié les allocations familiales. Elles passeront d’environ 6000 shekels par mois, pour une famille de dix enfants, à environ 3000 shekels.

Il y a cinq ans, quand mon père est venu visiter le collège, il m'a demandé: «Où sont les hommes? ». Je lui ai répondu: «Papa, je n'enseigne qu’aux femmes, parce que je crains que les rabbins ashkénazes, qui ont été très opposés au collège au début, prétendent que je prends les hommes des yeshivot ». Voici sa réponse: «Tu as peur des rabbins ashkénazes et non de moi? Si je te parle des hommes, c’est que je sais que ceux qui viendront au collège le feront car ils ont besoin de soutenir leurs familles. Ce sont des gens qui ne deviendront pas rabbins ». Adina Bar Shalom est devenue une figure incontournable au sein du monde orthodoxe. On lui doit notamment la création en 2001 du Collège ‘haredi de Jérusalem qui compte aujourd’hui plus de 2000 diplômés issus des nombreux cursus qu’il propose. Initialement réservé aux femmes orthodoxes, le Collège s’est ouvert aux hommes en 2005, avec l’approbation de son pére, Rav Ovadia Yossef. Adina Bar Shalom a été honorée du prestigieux Prix d’Israël pour sa « contribution à l’amélioration de la société israélienne ». Ruth Colian, présidente et fondatrice du parti orthodoxe pour femmes, ‘Oubes’houtan’ « De très nombreux secteurs de la population sont représentés à la Knesset (Arabes, Juifs, sépharades, ashkénazes, ‘ haredim, etc). Mais les femmes orthodoxes ne sont pas représentées du tout. Et les représentants orthodoxes ne traitent jamais de leurs besoins ou sujets d’inquiétude. Par conséquent, nous avons décidé de nous attacher à cette problématique ». Mariée, mère de quatre enfants, Ruth Colian a formé un parti pour les femmes orthodoxes lors des précédentes élections, en mars 2015. Ruth Colian a fondé ce parti après avoir essuyé le refus des deux partis orthodoxes à la Knesset d’inclure des femmes sur leurs listes. Oubes’houtan a obtenu à peine plus de 1800 voix dans le pays. A Bnei Brak, le parti n’a récolté que 30 voix sur plus de 80 000 électeurs. (Le parti en faveur de la légalisation de la drogue ayant obtenu des dizaines de voix de plus…).

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Adina Bar Shalom, fille de l’ancien chef spirituel du mouvement Shass, Rav Ovadia Yossef (zal)

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L’AN PROCHAIN À JÉRUSALEM LEMAG’

AMI

SORT UN NOUVEAU GUIDE PRATIQUE SPÉCIALEMENT DÉDIÉ À L'EMPLOI DES OLIM Alors que l'alyah francophone a pris ces dernières années un essor considérable, l'association AMI va au-devant des nouveaux immigrants arrivés sur le marché du travail israélien pour les accompagner via un travail d'information et de conseil sur le terrain. Plus, l'association sort un guide spécialement dédié à l'emploi et à ses rouages en Israël. Daniel Heffès, Responsable de l'intégration professionnelle des olim, nous en dit plus. Détails. AMI sort un guide de 60 pages exclusivement dédié aux salariés en Israël. Comment est née l'idée de cet ouvrage ? Je suis responsable de la question de l'intégration professionnelle des olim depuis plus de dix ans au sein d'AMI. Pour ce guide du salarié en Israël, nous avons abordé des sujets techniques, puis nous nous sommes rendus compte que ces questions étaient récurrentes : comment se définissent la semaine de travail en Israël, les congés vacances, les congés maladie, les impôts à payer en tant que salarié, etc... L'information circule beaucoup par ouï-dire et il y a des questions qui reviennent souvent, des sujets qui nécessitaient d'être clarifiés. Nous avons souvent présenté et approfondi au cours de différents ateliers ces sujets-là. Ils nous ont permis, au fur et à mesure, de constituer un support pour les conférences. L'idée était donc de consolider ce support et de proposer un guide en français et en hébreu. Des documents administratifs y sont présentés avec leur traduction en français, comme par exemple celui abordant la question des dégrèvements d'impôts avec les points d'abattement. Ceci afin que les gens puissent lire le document en hébreu, et sa traduction. Autre exemple, le contrat de travail qui 58

s'appelle ici "Fiche d'embauche" ou ‘tofess 101’ qui est reproduit dans le guide avec sa traduction intégrale. Quels sont les différents thèmes abordés ? Vous l'avez conçu comme un guide pratique des droits du salarié mais y a-t-il aussi des conseils pour la recherche d'emploi ? Les aspects techniques ont la priorité dans ce guide. Sur notre site dédié à l’emploi, www.emploi-israel.org, se trouvent les conseils et les pistes pour la recherche d'emploi. Dans ce guide, nous avons mis l’accent sur le processus logique qui commence avec l’embauche, et abordé tous les points relatifs aux conditions salariales. Comment se définit une semaine de travail

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ici ? Comment faire valoir son expérience si on a déjà travaillé dans le domaine, avant son alyah ? Pour défendre ses droits, il faut déjà avoir les éléments en main. Le guide les présente de manière structurée : du contrat de travail à la fiche de paye, en passant par la question du licenciement, du droit au chômage, des impôts, de la retraite ou du Bitoua’h Leoumi ; toutes les questions auxquelles est confronté un travailleur salarié sont décryptées. Il s'agit de l'application du droit du travail. La population active israélienne compte trois millions et demi de salariés aujourd'hui et elle est en constante augmentation. Le guide se veut donc un véritable mode d'emploi pour comprendre comment les rouages du monde salarial fonctionnent. Mes connaissances personnelles, mon expérience professionnelle et le blog "www.droitsisraël.com" m'ont permis d'enrichir le contenu de ce guide. Y-a-t-il des thèmes qui présentent des difficultés particulières pour les francophones ? Dans le guide, les différents thèmes sont présentés avec des chiffres, comme pour les impôts par exemple où il faut se familiariser avec certaines notions d'économie. On parle des salariés mais


aussi des patrons qui ne sont pas aidés, ou alors par des gens pas toujours compétents... Là, les choses doivent être améliorées. Mais les lois du travail sont en évolution et amélioration permanentes... Qu'est-ce qui a changé selon vous au cours de ces dernières années dans le domaine de l'emploi et du droit du travail en Israël ? On est aujourd'hui dans une situation de plein emploi, avec des taux de chômage qui sont très bas. Du travail, il y en a donc pour tout le monde. Avec un taux de chômage moyen à 5%, le principal enjeu pour la population israélienne reste néanmoins l'adéquation de l'offre à la demande. Mais pour les gens qui sont relativement jeunes et diplômés, ce taux est encore plus bas. Dans la mentalité israélienne, on apprécie chez l'employé un vrai désir de montrer que l'on veut mieux faire, que l'on peut mieux faire, et que l'on peut se surpasser.

PROUVE-NOUS CE DONT TU ES CAPABLE ET ON TE DONNE TA CHANCE" Aujourd'hui il existe un marché de l'emploi francophone parallèle au marché traditionnel israélien. Quelles sont vos impressions sur le terrain ? De manière générale, il faut acquérir un niveau d'hébreu suffisant pour rentrer sur le marché du travail israélien. J'ai eu énormément de témoignages d'olim qui m'ont dit avoir eu l'opportunité de se lancer dans de nouveaux domaines en Israël, ce qu'ils n'auraient jamais eu la chance de faire en France. Il y a ici une ouverture d'esprit. « Prouve-nous ce dont tu es capable et on te donne ta chance ». Cela pourrait être l’une des phrases qui caractérisent l’esprit du

monde du travail local. Et puis aussi : « si tu ne peux pas, rien n'est grave, quelqu'un d'autre le fera, voilà tout ». Il est arrivé que certaines personnes n'aient pas vraiment une adéquation formelle avec le poste qu'elles briguaient. On leur a donné leur chance, même si leur profil ne correspondait pas à toutes les attentes de l'employeur. Si le postulant n’a parfois que la moitié des critères demandés, la société l’embauche tout de même, en tablant sur le fait que cet employé apportera des compétences nouvelles. C'est un point important à souligner. Quant au marché francophone, il a commencé à percer en 2003/2004. Sans ces emplois, des milliers de nouveaux immigrants n'auraient pas de revenus en Israël. On l'appelle "le piège sucré" en hébreu, mais je ne pense pas que cela concerne tout le monde ! Pour les jeunes, c'est dommage de se cantonner à ce marché, même si l’on a tendance à leur proposer de meilleures positions que sur le marché global de l'emploi israélien. Pour les personnes qui ont déjà un âge mûr et beaucoup

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L’AN PROCHAIN À JÉRUSALEM LEMAG’ de mal à apprendre l'hébreu -avec la nécessité de nourrir leur famillec'est encore autre chose... Il y a aussi des jeunes arrivés ici vers 23 ou 24 ans ou qui ont fait leurs études en Israël et qui choisissent, cela peut paraître aberrant, cette option-là... Ils sont attirés par ces sociétés francophones où on leur donne la possibilité de travailler dans leur langue maternelle. Ça n'est pas la meilleure des solutions pour eux. C'est mon avis personnel. Mais il faut être réaliste au niveau des salaires. Selon une étude publiée dernièrement par le Bitoua’h Leoumi, un olé ‘hadach, toutes tendances et origines confondues, a en moyenne un niveau de salaire dans un premier temps qui est de 30% en dessous du salaire moyen israélien. En cause, le handicap de la langue et une méconnaissance des habitudes du pays.

UN OLÉ ‘HADACH, TOUTES TENDANCES ET ORIGINES CONFONDUES, A EN MOYENNE UN NIVEAU DE SALAIRE DANS UN PREMIER TEMPS QUI EST DE 30% EN DESSOUS DU SALAIRE MOYEN ISRAÉLIEN "

Des olim peuvent se tourner vers les sociétés francophones sans avoir forcément d'alternative. Les sociétés israéliennes peuvent avoir des réticences à embaucher et à faire confiance à des candidats venus d'ailleurs, qui ne maîtrisent pas bien encore la langue, qui n'ont pas fait l'armée… L’État devrait-il faire plus et subventionner par exemple l'intégration de ces candidats sur le marché israélien ? Encore une fois, si l’on parle de jeunes qui parlent bien l'hébreu et qui ont la capacité d'améliorer leur niveau, la

société israélienne est ouverte. Elle compte, elle-même, beaucoup de nouveaux immigrants dans ses rangs. Les Israéliens comprennent ces difficultés. J'ai de mon côté encouragé beaucoup de gens qui n'avaient pas un hébreu parfait à commencer à travailler. En leur disant qu'ils allaient aussi améliorer leur niveau par ce biais. Et après, les ajustements se font si l’on a besoin de libérer du temps pour un oulpan. Cela sera même bien perçu par l'employeur. En Israël, les gens qui sont venus de leur propre gré et qui ont quitté en général une position plus facile sont appréciés. Et on les encourage. Propos recueillis par Dahlia Perez

Le guide est gratuit et disponible dans toutes les antennes AMI en Israël. En France, il est distribué au stand AMI dans les salons pour l'alyah (organisés par l'Agence Juive et le ministère de l'Intégration). Une version est téléchargeable en ligne : http://landing.leadlike.com/box-ami-emploi/

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Ministère de l'Alya et de l'Intégration

Venez et Réussissez ! Le ministère de l’Alya et de l’Intégration présente :

Un nouveau programme pour promouvoir l’embauche des Olim – non professionnels et aider l’employeur à financer le salaire de l’employé Vous bénéficiez de tous les avantages :

L’aide pour l’emploi des nouveaux immigrants est accordée pour les Olim répondant aux critères d’éligibilité conformément aux règlements du ministère - Nouvel immigrant non professionnel, employé par une entreprise privée ou publique (ne comprend pas les postes d’entretien et de sécurité) à un poste qui convient à ses capacités. Les nouveaux immigrants intéressés pourront également bénéficier d’une participation à une formation professionnelle pour acquérir un métier demandé sur le marché du travail, conformément aux règlements du ministère de l’Alya et de l’Intégration.

Les Olim ont droit à une aide conformément aux règlements du ministère

· Olim - 10 ans à partir de l’obtention de leur statut d’Olé ou de leur éligibilité à être Olé · Olim d’Éthiopie - 15 ans à partir de l’obtention de leur statut d’Olé ou de leur éligibilité à être Olé

Autres conditions de l’aide

· Le montant de l’aide du ministère pour l’emploi d’un nouvel immigrant non qualifié s’élève à la moitié du salaire minimum pour un emploi à temps plein. · L’employeur doit compléter l’intégralité du salaire de l’employé conformément à la loi. · L’aide du ministère porte sur une période allant jusqu’à 6 mois, l’employeur doit s’engager à employer le nouvel immigrant pour une périe parallèle à la durée de l’aide. · L’aide sera accordée uniquement pour les Olim qui ont été employés à partir du 1.09.2016.

Employeurs et Olim, vous désirez en savoir plus ?

Contactez dès aujourd’hui le ministère de l’Alya et de l’Intégration pour vérifier vos droits*

Le programme comporte des limites temporelles et budgétaires

Pour de plus amples informations, adressez-vous au District le plus proche de votre domicile ou consultez le site Internet : www.klita.gov.il Ci-dessous la liste des numéros de téléphone des différents districts et le nom des responsables pour la promotion de l’emploi auxquels peuvent s’adresser les employeurs : District Tel-Aviv et centre Anat Elkoubi 03-520 91 92 anat@moia.gov.il

District sud et Jérusalem Dalia Cohen 02-621 45 57 dalia@moia.gov.il

District Haïfa et Nord Smadar Salomon 04-863 11 35 smadars@moia.gov.il

*Le Département de l’Emploi se réserve le droit de ne pas accepter les demandes desOctobre employeurs pour la promotion de l’emploi, • leMag’ N°9 • 61 - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL lorsque celle-ci ne correspond pas aux objectifs et aux conditions de l’aide.


L’AN PROCHAIN À JÉRUSALEM LEMAG’ UN CENTRE ILAN HALIMI À TEL AVIV

Le nom d'Ilan Halimi est dans le cœur de tous les Juifs français, de l’hexagone et d’Israël. C’est au cœur de Tel-Aviv que son nom rayonne aujourd’hui, sur la porte d’un centre communautaire où tous les jeunes francophones de la ville blanche se rassemblent, partagent, échangent, et des fois même se marient… Une initiative que l’on doit à Sébastien Goeta, magicien de métier, qui a créé ce lieu de solidarité et d’amitié, il y a trois ans. Rencontre.

Pourquoi avoir ouvert un centre communautaire à Tel-Aviv au nom d’Ilan Halimi ? Ce sujet me tient beaucoup à cœur ainsi que grand nombre de Juifs français. Je pense qu’il était important qu’il y ait un lieu au nom d’Ilan en Israël pour commémorer son souvenir, pour ne jamais oublier… D’ailleurs, je suis toujours très ému lorsque je parle de lui… Il faut rappeler qu’Ilan est enterré à Guivat Shaoul, à Jérusalem… Oui et il fallait aussi honorer sa mémoire dans un lieu de vie. Le centre communautaire se trouve dans le centre même de Tel-Aviv, rehov Ben Yehouda, nous l’avons ouvert pour rassembler tous ceux qui se sentent isolés en Israël… Il faut rappeler que si nous avons perdu Ilan, c’est parce qu’il s’est retrouvé seul, isolé à un moment donné. Ici, nous voulons justement prôner le rassemblement, fuir l’isolement en organisant tous les vendredis soirs des diners de shabbat où tout le monde peut venir, tous les niveaux de religion sont présents, avec toujours à l’esprit la volonté de passer un bon moment ensemble, de créer des amitiés, voire des couples…

Avez-vous connu Ilan ou les membres de sa famille ? Je ne l’ai pas connu lui-même mais sa famille oui, sa maman et sa sœur. La première année, nous avions un tout petit lieu et maintenant nous nous sommes agrandis. Nous nous sommes rencontrés et elles sont très émues et très touchées par tout ce que nous organisons ici et qui permet au nom d’Ilan Halimi de perdurer, même ici, en Israël. Quelles sont les activités que vous organisez ? Nous organisons des repas de shabbat, des repas de fêtes, des sorties, des cours, des visites aux malades dans les hôpitaux, nous recevons des soldats sans familles…Tout ce qui peut unir les gens autour de la solidarité. Nous luttons contre l’isolement des jeunes olim de France, qui se sentent souvent un peu perdus à Tel-Aviv… Et oui, on peut se sentir seul en Israël, même au sein de cette grande famille qu’est le peuple israélien ! Il y a toujours une permanence dans le centre Ilan Halimi pour tous ceux qui veulent passer un moment, boire un café, ou se rendre utile. La page Facebook ‘le centre Ilan Halimi’ regroupe nos activités, j’invite tous ceux qui le souhaitent à la consulter !

Centre Ilan Halimi - 106 rehov Ben Yehouda - Tel Aviv 62

• Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9

Joel Valensi


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Numéro Israélien : 054.22.64.689 Numéro Français : 01.77.47.31.83

Bayit Neeman beIsraël

axellehadera@gmail.com Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 63 Hillel Yafe 11, HADERA


SANTÉ LEMAG’

ENFIN UNE NUIT AVEC MORPHÉE ! Bientôt l'heure d’hiver, et qui dit changement d'horaires, dit chamboulement de notre métabolisme. Et même si l’on gagne une heure de sommeil, puisqu’à 3 h du matin, il sera en fait …2h du mat’, avec le changement de saison et la fatigue qui l’accompagne, nos besoins de repos sont plus importants. Pour favoriser le renouvellement de nos cellules, tissus corporels et systèmes d’information et de croissance, le sommeil est un élément essentiel, au même titre que d’autres fonctions vitales telles que la respiration ou la digestion. Et pour cause, puisque qu’il représente le tiers de notre vie. Et il s’en passe des choses durant notre sommeil : notre corps se régénère, se répare et grandit. Nos apprentissages se consolident, notre cerveau traite toutes les informations emmagasinées dans la journée et un grand ménage se fait dans nos émotions. Malgré tout, nous sommes nombreux à souffrir d’insomnie, d’apnée, de narcolepsie, de fatigue chronique ou autres troubles du sommeil dont les effets sont, à long terme, dévastateurs pour notre santé. Alors comment aider notre horloge biologique à mieux fonctionner ? 64

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LES BESOINS DE SOMMEIL CHEZ L'HOMME VARIENT SELON L'AGE 10-13

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HEURES

HEURES

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LeMag’ vous rappelle quelques principes de base, dont l’efficacité a été prouvée scientifiquement, pour enfin mieux dormir. MAINTENEZ LA PLUS GRANDE RÉGULARITÉ POSSIBLE DANS VOS HEURES DE SOMMEIL. Réglez tout d’abord votre réveil et surtout couchez-vous le soir lorsque vous ressentez le besoin de dormir. Vos heures de coucher finiront par se régulariser progressivement. EVITEZ DE FAIRE LA SIESTE De manière générale, la sieste vient diminuer votre envie de dormir le soir. Ainsi, si vous ressentez une importante fatigue au cours de la journée, allongez-vous quelques instants pour vous détendre mais évitez de faire une sieste. FUYEZ L’EXPOSITION À LA LUMIÈRE. La mélatonine est L’hormone qui favorise votre sommeil. Mais cette même hormone fuit la lumière. Dormez ainsi dans le noir et si pendant la nuit vous avez besoin de vous lever, privilégiez une lumière tamisée. Attention ! Les écrans des ordinateurs, des tablettes et cellulaires envoient une très forte lumière, et des études scientifiques ont démontré que cette exposition lumineuse suffit très largement à ralentir l’arrivée de la mélatonine, notre fameuse hormone qui doit vous plonger dans les bras de Morphée. Évitez donc de regarder ces écrans juste avant de vous coucher, et surtout si vous vous réveillez en pleine nuit !

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RÉSERVEZ VOTRE CHAMBRE À COUCHER POUR LE SOMMEIL Lorsque l’on n’arrive pas à s’endormir ou à se rendormir, inutile de s’entêter ! Quittez votre chambre et détendez-vous dans une autre pièce, éclairée par une lumière tamisée, jusqu’à ce que vous ressentiez le besoin de vous rendormir. Proscrivez toute activité stimulante tel que le ménage ou le travail en pleine nuit. Bannissez de votre chambre la télévision, le i-pad et les cellulaires ! NE REGARDEZ PAS L’HEURE PENDANT LA NUIT Il est scientifiquement démontré que lorsque vous regardez l’heure en pleine nuit, votre cerveau ne peut s’empêcher de compter le nombre d’heures qu’il vous reste à dormir. Résultat : cela induit un stress, une anxiété du temps qui passe, et ce stress favorise l’insomnie. ÉVITEZ L’UTILISATION EXCESSIVE DE SUBSTANCES STIMULANTES AU COURS DE LA JOURNÉE On freine sa consommation de café, boissons énergisantes, chocolat, boissons gazeuses et autre substance stimulante, au moins 5 heures avant de se coucher. NE FAITES PAS DE SPORT LE SOIR L’activité physique donne de l’énergie, dope le cerveau de substances énergisantes et stimulantes, bref, elle ne favorise pas l’endormissement. Ainsi à l’inverse de la légende populaire, l’épuisement physique n’induit pas le sommeil. Très paradoxalement, on met plus de temps à s’endormir en étant épuisé. ADOPTEZ DE BONNES HABITUDES ALIMENTAIRES Des repas trop lourds empêchent le sommeil de venir : une fois allongé et prêt pour le sommeil, le processus digestif, commandé par l’horloge biologique, ralentit. Un système digestif au ralenti avec un ventre plein, ça fait mauvais ménage ! Résultat : ballonnements, crampes, brûlures d’estomac, etc… Bref, tout pour favoriser l’insomnie ! Naomie Ariel Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 65


PORTRAIT LEMAG’

DANNY DANON,

L’HOMME DE LA SITUATION Si la nomination de la forte tête du Likoud au poste d’ambassadeur d’Israël à l’ONU a suscité nombre de critiques, il faut admettre que depuis son arrivée, l’Etat juif a engrangé des victoires diplomatiques très importantes à New York.

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ex-ministre. « Je suis convaincu que Danny Danon se battra autant qu’il le peut pour rétablir la vérité concernant Israël à l’ONU », a déclaré le Premier ministre lors de la nomination du nouvel ambassadeur, comme pour légitimer celle-ci.

IL A POSÉ UNE KIPPA SUR SA TÊTE ET LU UN VERSET DES PSAUMES "

UN HYPER AMBASSADEUR D’entrée de jeu, Danon n’a pas déçu ses partisans. A la fin de son premier discours au Conseil de sécurité, et alors que les violences sur le mont du Temple étaient à l’ordre du jour, il a posé une kippa sur sa tête et lu un verset des Psaumes qui était tout sauf anodin : « L’Eternel donne la force à Son Peuple ; l’Eternel bénit Son Peuple et lui accorde la paix ». Justifiant cette initiative, l’ambassadeur a expliqué qu’il tenait à marquer le fait qu’il représentait l’Etat juif. Voilà qui donnait le ton de son mandat à l’ONU, à la fois décomplexé et sans compromis. Ce qui est certain, c’est que Danny

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Il est peu de dire que la nomination de Danny Danon au poste d’ambassadeur d’Israël à l’ONU, l’année dernière, a fait grincer des dents. Beaucoup dans la classe politique israélienne, à gauche mais aussi à droite, considéraient cette décision de Benyamin Netanyahou comme largement inappropriée, au vu des enjeux diplomatiques et médiatiques qui se trament dans l’immense arène internationale que sont les Nations-Unies. Les plus virulents y voyaient même un acte suicidaire, prédisant le naufrage de la diplomatie israélienne. La blague qui circulait alors dans certains milieux, était de dire que cette nomination était révélatrice de la haine de Netanyahou pour Danon, puisqu’il avait choisi de l’éloigner le plus possible du débat politique local, mais révélatrice aussi de son aversion pour l’ONU… Il faut dire que Danny Danon n’est pas connu pour faire dans la demi-mesure. Se tenant à la droite du Likoud, l’ancien député et ministre a maintes fois exprimé son opposition pour la solution à deux Etats, ainsi que son vœu de voir la Judée-Samarie annexée. Très critique envers la politique de Barack Obama, il n’est pas plus tendre envers Netanyahou : il a ainsi été limogé de son poste de vice-ministre de la Défense pour avoir fustigé certaines décisions du Chef du gouvernement lors de l’opération Bordure protectrice à Gaza, en 2014. Seulement les temps sont durs, très durs même pour Israël à l’ONU, et Netanyahou en est bien conscient. « Aux grands maux, les grands remèdes », tel semble être l’adage qui a présidé à sa décision de faire appel à son


envers Israël allant jusqu’à entonner l’hymne national (l’Hatikva) dans ce lieu même où l’Etat juif est si souvent vilipendé et condamné. Tout un symbole… La grande part du travail de Danon pour sa première année à l’ONU aura également consisté à se faire le relais de la souffrance israélienne face à la terreur dans le contexte de la dernière vague de violence. On retiendra l’émouvant discours du mari et de la fille de Dafna Méir - cette mère de famille assassinée à son domicile d’Otniel en présence de ses enfants - tous deux invités par Danny Danon. Celui-ci a par ailleurs obtenu que les dessins d’Hadar Goldin, le soldat tué à Gaza lors de l’opération Bordure protectrice, soient exposés lors de l’Assemblée générale qui s’est ouverte le 13 septembre. L’objectif étant de recueillir le soutien de la communauté internationale afin que le Hamas restitue enfin la dépouille du jeune homme.

LA REPRÉSENTATION ISRAÉLIENNE A ENREGISTRÉ DES VICTOIRES SIGNIFICATIVES AU COURS DES DERNIERS MOIS

Danon est bien décidé à tirer le maximum de profit de la tribune onusienne. Multipliant les initiatives et les grands coups médiatiques pour faire valoir la cause d’Israël, il a ainsi rapidement endossé le costume d’’hyper ambassadeur’. En décembre 2015, il organise notamment une conférence destinée à interpeller les Nations-Unies sur le sort ignoré des 850 000 Juifs expulsés des pays musulmans au cours du 20e siècle. « Lorsque la question des réfugiés palestiniens sera mise sur la table à l’ONU, nous ne manquerons pas de soulever celle des réfugiés juifs, qui ont subi une injustice historique dans l’indifférence générale », a martelé Danon, lors de l’événement. Mais c’est en mai dernier qu’il réalise un véritable tour de force, avec une manifestation anti-BDS organisée dans l’enceinte même de l’Assemblée générale. Plus de 2000 manifestants y ont exprimé leur soutien

Côté diplomatie, comme on pouvait s’y attendre, Danny Danon ne mâche pas non plus ses mots, et a notamment connu plusieurs joutes oratoires mémorables avec son homologue palestinien au Conseil de sécurité. « Honte à vous qui glorifiez le terrorisme », a-t-il lancé en avril dernier, le doigt pointé sur Riyad Mansour, alors qu’Israël était en proie à la récente vague de terreur palestinienne. Une approche que ne peut renier Netanyahou, lui qui se distingue d’année en année par ses discours musclés et particulièrement bien ficelés lors de l’Assemblée générale de l’ONU. On peut même parler d’un certain mimétisme entre les deux hommes, Danon ayant également adopté la méthode des rapports et des croquis si chers au Premier ministre, pour alerter des dangers qui pèsent sur l’Etat juif, tels le réarmement du Hezbollah ou l’incitation palestinienne au terrorisme sur les réseaux sociaux. « Nous savons qu’il est impossible d’argumenter contre des faits », assure le représentant israélien pour expliquer sa façon de procéder. Un pragmatisme qui l’a Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 67


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PORTRAIT LEMAG’

Danny Danon avec le secrétaire d’Etat John Kerry, le leader israélien de l’opposition Isaac Herzog, son frère Michael, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et la représentante permanente des USA à l’ONU Samantha Power, le 11 novembre 2015 à New-York.

d’ailleurs poussé jusqu’à inviter au mois d’août, onze ambassadeurs de l’ONU en Israël, pour un séjour qui se voulait ‘pédagogique’. Au programme, entre autres, un survol de la frontière avec le Liban et une visite dans les localités frontalières avec la bande de Gaza.

DANNY DANON A INVITÉ ONZE AMBASSADEURS DE L’ONU EN ISRAËL, POUR UN SÉJOUR "PÉDAGOGIQUE" DES RÉSULTATS SIGNIFICATIFS Qu’en est-il des résultats concrets de l’ambassadeur et de son équipe ? Comme on le sait, les votes de l’ONU ne sont jamais spontanés mais résultent toujours d’intenses tractations préalables qui se déroulent en coulisses. Et à ce jeulà, la représentation israélienne a enregistré des victoires significatives au cours des derniers mois. Au premier rang de celles-ci, la présidence par 68

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l’Etat juif de la Sixième commission de l’Assemblée générale chargée des questions juridiques, une victoire qualifiée « d’historique » par Danon. C’est en effet la première fois qu’Israël se voit confier la tête de l’une des principales commissions de l’ONU, une position qu’il doit utiliser pour renforcer les textes de l’ONU contre le terrorisme. Les avancées notoires comptent également l’adoption d’une résolution proposée par Israël sur l’accès aux technologies agricoles pour les plus pauvres, et la reconnaissance de l’ONG israélienne Zaka qui a obtenu, en janvier 2016, le statut d’observateur officiel à l’ONU. Mais qu’on ne se fasse quand même pas trop d’illusions. Tout cela n’a pas fait baisser le chiffre habituellement disproportionné de résolutions contre Israël, au nombre de vingt cette année contre trois pour l’ensemble des autres pays (et pas une seule concernant le conflit en Syrie). Non, il n’y aura jamais d’état de grâce pour l’Etat juif à l’ONU, et ce, pour de simples raisons comptables, étant donné que les 193 Etats membres incluent les 120 pays dit « non alignés », presque tous hostiles à l’Etat juif. Il n’empêche cependant que dans un contexte mondial extrêmement tourmenté, en raison de la menace terroriste, la voix d’Israël n’a jamais autant pesé à New York. Johanna Afriat

UNE ATTITUDE IDENTITAIRE DÉCOMPLEXÉE Fin septembre, Danny Danon s’est adressé au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour lui demander d’ouvrir des sections cachères dans les cafétérias de l’institution internationale qui comporte déjà des sélections halal, végétariennes et végétaliennes.


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CULTURE LEMAG’

RAPPORT BITON

RÉHABILITER LA CULTURE SÉPHARADE Faut-il rendre ses lettres de noblesse à l’enseignement du patrimoine juif sépharade et moyen-oriental ? C’est le vaste débat qui anime les hautes sphères de la société israélienne, notamment depuis la parution en juillet dernier du rapport Biton. Nous nous y sommes intéressés.

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UN JEUNE ISRAÉLIEN MOYEN EST SUSCEPTIBLE DE QUITTER LES BANCS DU SECONDAIRE SANS AVOIR MÊME CONNU UN SEUL POÈME OU UNE SEULE ŒUVRE LITTÉRAIRE ÉCRITS PAR UN JUIF SÉPHARADE " Léger florilège. Dans Haaretz par exemple, Oded Lifshitz se focalise sur l’héritage culturel des Juifs du Maghreb, et du Maroc en particulier, qu’il dit s’être délité au contact de l’impérialisme francophone du début du 20e siècle et de la création du réseau des écoles de l’Alliance universelle, omettant l’héritage des Juifs du Moyen-Orient, Yéménites, Egyptiens, Syriens, Irakiens, Iraniens pour ne citer qu’eux. Israel Hayom brandit l’argument financier, soulignant le coût élevé de la

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ne série de recommandations, 366 pages au total remises au ministre de l’Education, Naftali Bennett, par une commission créée à son initiative afin de réhabiliter et de renforcer la transmission de l’histoire et de la culture orientales et sépharades dans les programmes scolaires israéliens. Présidée par le poète Erez Biton, lauréat du Prix Israël de littérature et poésie en 2015, la commission a rendu son verdict, non sans polémiques, réveillant ainsi le vieux spectre de la prééminence ashkénaze qui plane depuis toujours au-dessus de l’État juif. Alors qu’en Israël certains bords saluent l’initiative du ministre Bennett qui selon eux vient officiellement surligner une lacune incontestable au sein des programmes éducatifs israéliens et réparer ainsi une injustice historique, d’autres se confondent en justifications et en arguments creux dont la raison d’être se limite simplement à noyer le débat.


LES PRINCIPALES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT BITON Au terme de cinq mois de travail, la commission Biton a remis sa copie au ministre privilégiant notamment, pour un budget total de plus d’1 milliard de shekels étalé sur cinq ans, les mesures suivantes :

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La mise à jour des programmes scolaires en faveur de l’histoire des Juifs sépharades et orientaux ainsi que l’instauration de cours obligatoires sur la poésie et la littérature relatives.

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La production d’une série documentaire consacrée à la contribution du judaïsme sépharade et oriental depuis l’expulsion des Juifs d’Espagne jusqu’à nos jours, incluant son influence sur le sionisme et le développement du pays.

mise en application des recommandations du rapport Biton, près de 250 millions de shekels par an. Pour Ynet, Yemini Ben-Dror y va très fort dans un « op-ed », intitulé « Au sujet des valeurs » où il affirme : « Certains principes occidentaux sont meilleurs que ceux de l’Orient traditionaliste. La libération des femmes notamment. (…) Ceci est la raison pour laquelle les ultra-orthodoxes et les arabes en Israël sont un peu responsables de leurs difficiles conditions ». Et de conclure : « La culture occidentale d’aujourd' hui, il faut le dire, est plus humaine, démocratique, libérale et éclairée ». L’initiative du ministre Bennett semble donc ranimer une nouvelle fois les braises de l’antagonisme ashkénaze-sépharade au sein de la société israélienne. Un antagonisme qui découle de la prééminence de l’establishment essentiellement laïc, socialiste et libéral qui, depuis l’arrivée massive des Juifs d’Afrique du nord et du Moyen-Orient dans les années 50, a conduit à une réelle discrimination de ces populations dans de nombreuses sphères comme l’explique l’historien Georges Bensoussan: « En premier lieu, la grande majorité des Juifs sépharades et orientaux qui ont émigré en Israël appartenaient aux couches sociales les plus défavorisées. (…) Vulnérables et peu instruites, (elles) disposaient de peu d’intellectuels et d’historiens capables d’écrire leur histoire. Il fallut attendre deux générations pour (qu’ils) commencent à écrire l’histoire de leurs parents et grands-parents ». Un fait constaté sur le terrain par la commission Biton qui rapporte que « jusqu’à ce jour, un jeune Israélien moyen est susceptible de quitter les bancs du secondaire sans avoir même connu un seul poème ou une seule œuvre littéraire écrits par un Juif sépharade ». Partant du principe qu’une « nation est construite à partir de la somme de ses parties », le rapport Biton a pour objectif principal d’offrir l’accès à la connaissance du monde sépharade afin notamment de « diminuer l’antagonisme social, la violence verbale et les

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Une représentation équilibrée de la société israélienne au sein du Conseil national de l’enseignement supérieur.

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La création d’un centre de recherche académique sur les études orientales.

La création d’un organisme de surveillance de l’enseignement des contenus liés au monde sépharade dans les universités et instituts d’études supérieures.

La tenue des voyages scolaires dans les Balkans, en Espagne et au Maroc. K.E

préjugés qui menacent l’intégrité de la nation et son avenir ». Si le rapport Biton n’aspire pas à révolutionner un état de fait, il participe néanmoins à un mouvement qui vise inexorablement à faire sauter les frontières imposées par une certaine culture dominante. Ainsi, même s’il surfe sur le ‘ politiquement correct ‘, le discours officiel adopte désormais une terminologie alternative pour définir les franges de la société israélienne, abandonnant les qualificatifs d’ ‘ashkénaze’ au profit du ‘centre’ et de ‘sépharade’ au profit de ‘périphérie’, terme intimement lié au monde sépharade et oriental qui peuple en majorité les zones éloignées du cœur névralgique du pays. Des phénomènes conjoncturels et sociaux viennent également bouger ces frontières éphémères, telles l’arrivée massive des russes dans les années 1990 ou encore l’alyah récente des francophones, qui mènent à une nouvelle répartition des groupes - entre Israël et la Diaspora, entre Juifs pratiquants, traditionnels et non pratiquants, entre Juifs et Arabes… - et qui font apparaître de nouveaux modèles et aspirations sociétales au-delà de la simple et unique référence à la démocratie occidentale, aux sens politique, économique et culturel. Longtemps qualifié de « pleurnicheur », par le monde ashkénaze en général, le monde sépharade et oriental tend lui-même au changement, laissant de côté le traditionnel et contre-productif narratif de la plainte qui avait pour seul leitmotiv d’accuser les ashkénazes d’être responsables de sa condition. Dernière variation et non des moindres, les mariages ‘interethniques’ qui noient lentement mais surement les lignes de séparation… De quoi poser un regard optimiste quant à l’avenir de cette nation véritablement imprégnée des valeurs de solidarité et d’altérité… et espérons-le pour bientôt, d’unité ! Katja Epelbaum Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 71


L’HÉRITAGE DES JUIFS D’AFRIQUE DU NORD ET DU MOYEN-ORIENT NE TROUVE PAS SON EXPRESSION PLEINE ET ENTIÈRE AU SEIN DU PATRIMOINE CULTUREL ISRAÉLIEN "

Premier poète d’origine sépharade à s’être vu décerner en 2015 le prix Israël de poésie et littérature, Erez Biton a été nommé par le ministre de l’Education Naftali Bennett, afin de présider la commission en charge de plancher sur la réhabilitation de l’enseignement en Israël de la culture et de l’histoire des Juifs sépharades et moyen-orientaux. Pour leMag’, il explique les enjeux d’une telle démarche.

Pourquoi est-il si important de réhabiliter l’enseignement de la culture sépharade et moyen-orientale en Israël ? Avant tout, le narratif collectif israélien, sur le plan de l’identité juive, se doit d’englober toutes les communautés qui la composent. Jusqu’à ce jour, l’héritage des Juifs d’Afrique du nord et du MoyenOrient ne trouve pas son expression pleine et entière au sein du patrimoine culturel israélien. Il n’existe pas d’études historiques sur les communautés du Maroc ou du Yémen, par exemple, contrairement à celles de Pologne ou d’Allemagne. Le narratif collectif s’est largement intéressé aux pionniers de la première alyah, tel que 72

Theodore, ignorant la contribution au sionisme des grands Sages orientaux, comme en témoigne la série documentaire « Amoud Aesh » créée il a près de trente-cinq ans (produits par la télévision d’État en 1981 et diffusés en prime time, ces 19 épisodes passent sous silence le rôle des orientaux dans l’aventure sioniste NDLR). En publiant ce rapport, nous ne souhaitons pas imposer un narratif alternatif dans la mesure où nous sommes en phase avec cette part existante de notre histoire collective. Nous aspirons simplement à redonner sa juste place à l’héritage des Juifs sépharades parce qu’il est nécessaire que la culture israélienne soit exhaustive.

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EREZ BITON BIO

EXPRESS

CULTURE LEMAG’

DE YAISH À EREZ

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é à Oran en 1942, de parents originaires du Maroc, Erez Biton monte en Israël à l’âge de 6 ans et s’installe en famille à Lod. Il est encore le petit Yaish, ainsi nommé à sa naissance, lorsque pendant les vacances de Souccot, un après-midi de 1953, il trouve une grenade qui lui explose en plein visage. Il perd son bras gauche ainsi que la vue. Erez Biton raconte être sorti gagnant de cette redoutable épreuve, quittant ainsi la rudesse des rues de Lod pour l’Institut juif pour aveugles à Jérusalem où ses professeurs le renomment Erez et lui font découvrir une autre réalité d’Israël, bien loin des rites de son enfance emprunts des parfums de son Afrique du Nord natale. Il est désormais promis à un destin autre que celui de chargeur de bagages à l’aéroport international de Ben Gourion. Les poèmes qu’il commence à écrire dès l’âge de 13 ans sont un « modèle de lutte exemplaire, courageuse, sensible et profonde avec un large éventail d’expériences personnelles et collectives, tournant autour des douleurs de l’immigration, des difficultés à s’enraciner en Israël, et de l’établissement de l’identité mizra’hi comme un élément inséparable du visage d’Israël » souligne le jury qui lui décerne le prix Israël en 2015. K.E


Pourquoi aura-t-il fallu autant de temps ? Depuis quelques décennies, nous observons une certaine reconnaissance vis-à-vis de la culture sépharade, notamment sur le plan des traditions culinaires ou encore à travers l’émergence stupéfiante de la musique orientale dans la sphère musicale israélienne. Mais ce phénomène n’a pas encore touché les programmes scolaires israéliens. De façon systématique, les fonctionnaires de l’État en charge des manuels de littérature ou d’histoire, par exemple, omettent d’insérer des chapitres entiers dédiés aux poètes ou aux communautés du Moyen-Orient et d’Afrique du nord.

professeurs, docteurs, législateurs, qui nous ont en majorité décrit une image affligeante de l’enseignement de l’héritage des Juifs sépharades en Israël. Le professeur Moshé Amar, qui a présidé le comité « Recherche académique » au sein de la commission, a déploré l’arrêt il y a dix ans du financement du département universitaire « Études sur l’Orient ». À la tête de notre comité « Littérature », le docteur Oushra Elfassi a constaté que depuis cinq ans, l’enseignement des auteurs orientaux n’est plus obligatoire, idem sur le terrain de l’histoire. Après le bac, un élève peut ne pas connaître un seul poète oriental et ni même ne rien savoir sur le judaïsme sépharade.

Par quels moyens la commission a-t-elle constaté le déficit d’enseignement de l’héritage des Juifs sépharades en Israël? Durant près de cinq mois, chacun des dix comités formant la commission s’est chargé de sonder un champs précis, littérature, histoire, pensée, recherche académique, poésie… Nous avons rencontré près de 17 communautés qui revendiquent chacune une expression identitaire spécifique : des Géorgiens, des Bou’harim, des Marocains, des Afghans, des Iraniens, des Tunisiens, des Algériens, des Ethiopiens, des Egyptiens, des Libyens, des Irakiens… Nous avons auditionné plus de 150 personnes,

Que répondez-vous à ceux qui dénigrent la création même de la commission ? La majorité n’a pas lu le rapport se limitant à l’effervescence suscitée par les médias qui attisent l’opposition entre sépharades et ashkénazes. Certains journaux rapportent même des propos mensongers affirmant que le rapport se penche uniquement sur les écrits de nos Sages. Notre ambition consiste purement et simplement à ajouter de nouveaux ingrédients à l’héritage culturel de notre pays. Ces détracteurs ont peut-être peur suite aux propos de Miri Regev qui dénonce une hégémonie culturelle et qui entend y remédier par le biais de la réduction budgétaire,

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DE FAÇON SYSTÉMATIQUE, LES FONCTIONNAIRES DE L’ÉTAT EN CHARGE DES MANUELS DE LITTÉRATURE OU D’HISTOIRE, PAR EXEMPLE, OMETTENT D’INSÉRER DES CHAPITRES ENTIERS DÉDIÉS AUX POÈTES OU AUX COMMUNAUTÉS DU MOYEN-ORIENT ET D’AFRIQUE DU NORD "

Après 68 ans, nous corrigeons une injustice historique. Les élèves israéliens vont apprendre toute l’histoire juive, qui comprend également la riche tradition sépharade et orientale. J’ai moi-même grandi dans une maison ashkénaze et je n’ai pas été mis en contact avec cette extraordinaire culture ni à la contribution énorme du judaïsme sépharade à notre pays, notre État. Un judaïsme où l’amour du prochain est une mitsva dont l’importance est supérieure à beaucoup d’autres. Je veux réparer, changer. Pas seulement pour les Juifs orientaux, mais aussi pour mes enfants" Naftali Bennett

comme à l’encontre de l’orchestre philharmonique au bénéficie de l’ensemble musical andalou par exemple. Notre approche consiste à ajouter des budgets plutôt qu’à en diminuer certains, de la même façon qu’elle aspire à insuffler de la culture sépharade. Je souhaite que cesse cette opposition qui cherche à savoir quelle culture a le plus de sens, qu’est-ce qui est le plus important ou le plus utile… Nous souhaitons que les mesures proposées par ce rapport mettent fin aux stéréotypes en vigueur au sein des deux communautés. Nous aspirons dans les 20-30 prochaines années à l’unité, à l’amour et à l’amitié. Propos recueillis par Katja Epelbaum

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IDENTITÉ LEMAG’

BRIT MILA ET SI CE N’ÉTAIT PAS AUSSI SIMPLE ?

Aujourd'hui, tous les Juifs sont circoncis Chaque pays a ses raisons particulières, mais en règle générale en Europe, et en France notamment, il existe un gros pourcentage de Juifs qui n’ont pas été circoncis. Et ce, pour la simple et bonne raison que les mariages mixtes ont pris une proportion hallucinante au cours des soixante dernières années. Selon nos estimations, au moins une Juive sur deux se marie aujourd’hui avec un non-juif. Nous sommes donc confrontés jusqu’à quatre générations d’enfants issus de mariages mixtes et ces derniers sont, bien évidemment, complètement sortis des registres consistoriaux. Il est donc difficile de les atteindre, pourtant ils existent bel et bien. Autre point, lorsqu’une femme juive a un enfant avec un non juif, il arrive très souvent que l’homme qui n’était pas opposé dans le principe à ce que l’enfant soit circoncis pendant la grossesse, refuse de procéder à la Brit Mila, après la naissance de l’enfant. Et la femme ne peut rien y faire. On se retrouve ainsi aujourd’hui devant des milliers de jeunes et moins jeunes Juifs qui n’ont pas été circoncis. Il faut donc arrêter de vivre avec des œillères en pensant que chaque bébé juif qui nait dans le monde est automatiquement circoncis ! La vie d'un adulte juif non-circoncis ne changera pas parce qu’il a été circoncis C’est statistiquement totalement illogique et pourtant 100 % des demandes de Brit Mila proviennent d’hommes dont la mère est juive. Je ne vous parle ici que de per74

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De jeunes Juifs récemment circoncis grâce à l’organisation World Brit

sonnes ultra éloignées de leur identité juive. Ce n’est pas anecdotique. Cela prouve en effet, qu’un homme, juif selon la ‘Halakha’, ne peut se sentir complet que s’il a été circoncis. Peu importe son degré d’assimilation, son âme juive exige cela, car sans cet acte, son potentiel ne peut se réaliser. Sans cet acte, il ne peut pas devenir ce réceptacle susceptible de recevoir la lumière qui a été prévue pour lui à sa naissance. La vie d’un adulte juif non-circoncis change donc subitement quand il fait la Brit Mila car sa qualité identitaire intrinsèque est révélée. Extérieurement, cela ne se verra peut-être pas immédiatement, mais sur 90 % des cas, un rapprochement, parfois très important, est constaté. Et cela entraine aussi la mère, les frères, etc…

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Dans le monde juif traditionnaliste et orthodoxe, la Brit Mila est une évidence, un axiome identitaire. Mais il est parfois bon de sortir de sa zone de confort pour réaliser qu’une autre réalité existe. C’est à cela que l’association WorldBrit travaille. Pour leMag’, son directeur, Rav Avraham Kadoch, a accepté de répondre à trois idées reçues bien ancrées au fond de chacun de nous…


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IDENTITÉ LEMAG’ Ce problème ne me concerne pas ! Ce raisonnement est typiquement français ! La Torah est claire concernant ce sujet. Elle considère comme une véritable obligation le fait de devoir tout mettre en œuvre pour circoncire tout homme juif dont j’ai ouï-dire qu’il ne le serait pas. Je répète, il s’agit d’une obligation. Ramenée à notre époque cela implique de s’investir financièrement ou humainement en faveur de ce précepte. Les médias, les responsables communautaires et chacun d’entre nous se doivent de prendre une part active dans ce magnifique projet qui a pour objectif de réintégrer au sein du Peuple juif des hommes qui y ont leur place et qui souvent s’en sentent injustement exclus. Leur donner à eux aussi, la chance de pouvoir fonder un foyer juif, chose qu’ils n’oseront jamais envisager tant qu’ils seront non-circoncis… N’hésitez plus à nous contacter. Ambre Bendayan

Il est très gênant de parler de ça en public et impossible de convaincre un adulte éloigné du judaïsme de se faire circoncire ! Il est surtout gênant de fermer les yeux sur un problème qui nous concerne au premier chef. Car malheureusement combien de familles peuvent prétendre de ne pas être touchées, au 1er ou 2nd degré, par l’assimilation… Nous connaissons tous autour de nous au moins un cas. S’il est trop difficile d’aborder le sujet, les spécialistes de notre association sont en mesure de le faire avec tact et diplomatie. Une mise en contact est juste suffisante parfois pour changer la vie d’une personne. Notre travail, qui nécessite une mise en contexte et un vrai processus, consiste juste à faire naître une réflexion chez l’homme concerné par ce problème. Certains nous avouent avoir eu trop honte d’envisager un mariage avec une jeune fille juive alors qu’ils n’étaient pas circoncis. Un autre m’a dit : « cela fait 23 ans que je me fais traiter de sale Juif, et 23 ans pourtant que je n’ose franchir la porte d’une synagogue… ».

Association WorldBrit Tel.: France : 01 77 38 00 72 Tel.: Israël : 054 700 61 22 www.worldbrit.com

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LA CIRCONCISION : QUINTESSENCE DE L’ALLIANCE

Patrick, 40 ans passés, s'adresse à l'association World Brit pour effectuer sa Brit Mila. En plein milieu de l'opération en milieu hospitalier, il somme l'équipe médicale d'arrêter. Inquiet, le Rav Kadoch, présent, lui demande ce qui ne va pas... Peut-être l'anesthésie ne fait-elle plus suffisamment effet ? "Non, pas du tout !", répond-il. " Je n'ai aucune douleur, mais je sens... un fluide qui rentre à l'intérieur de moi ! Quelque chose de spécial que je n'ai jamais ressenti ! Je le sens qui entre dans ma tête, et non dans le reste du corps...!". Patrick a eu le mérite de ressentir physiquement sa néchama, sa part d'âme juive, intégrer son corps pendant la Brit Mila. Extrait du livre " La Brit Mila Quintessence de l'Alliance "

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Une Mitsva que nous côtoyons régulièrement grâce à laquelle le bébé, mais aussi parfois l’adulte, entre dans cette alliance éternelle du Peuple juif. Une Mitsva riche en us et coutumes dont nous ne saisissons pas toujours l’importance et le sens. Pourquoi D-ieu a-t-il choisi ce membre pour une telle alliance ? Mes parents m’ont fait la Brit Mila à l’hôpital est-ce valable ? Pourquoi y a-t-il aujourd’hui autant de Juifs non circoncis et comment les aider ? La Brit Mila influe sur le comportement de la personne, pourquoi ? Au travers des nombreux sujets abordés, cet ouvrage apporte des réponses originales à toutes les questions que l’on se pose. Mais c’est surtout au travers des récits vécus, fort émouvants que le lecteur, pourra suivre et comprendre l’importance de l’action menée par l’association WorldBrit qui s’est donnée pour mission de permettre à tout Juif, quels que soient son âge et son lieu, d’accomplir cette merveilleuse Mitsva qu’est la Brit Mila ! Livre disponible dans toutes les librairies françaises en Israël et en France. Contact : contact@worldbrit.com Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 77


C'EST L'HISTOIRE DU ... LEMAG’

KING DAVID

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n palace pas comme les autres, niché au cœur de l'un des quartiers les plus cossus de Jérusalem… Bâtisse imposante à l'architecture harmonieuse, l'hôtel se repère de loin et dégage une aura particulière. Est-ce dû à son histoire mouvementée ? Pénétrer dans le hall feutré et luxueux du King David, c'est comme entrer dans un musée qui vous intimiderait un peu. N'oublions pas que c'est ici, dans ces salons fastueux, aux ornements délicats, que s'est joué, en son temps, un chapitre-clé de l'histoire d'Israël... En 1946, une attaque à la bombe de l'Irgoun dévasta l'hôtel mais accéléra aussi la fin du Mandat Britannique. Témoin et acteur de l'Histoire, l'établissement octogénaire aura vu passer bien des personnalités historiques et célébrités, au cours des décennies. Remontons dans le temps pour redécouvrir les secrets d'un lieu qui nous fait toujours rêver et qui a su garder son authenticité.

POUR LE BÂTIMENT, ON EXTRAIT DES CARRIÈRES DE HÉBRON DES TONNES DE GRÈS ROSE, PIERRE NOBLE QUI SERA LE « MANTEAU DU ROI » 78

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PALACE ET LIEU HISTORIQUE À LA FOIS

Proche-Orient, fin des années trente. Une famille de Juifs égyptiens, les Mosseri, projette d'édifier un vaste hôtel de luxe à Jérusalem. Ezra Mosseri, banquier de son état, pressent qu'un établissement conçu selon les standards occidentaux, assorti d'un indéfinissable charme oriental pourrait bénéficier de l'engouement des voyageurs fortunés, mais aussi des diplomates et autres expatriés aisés. Un terrain est acheté, en 1929, par la Palestine Hotels Ltd. 4,5 acres exactement (18 000 m2) sur un chemin situé à proximité de la Vieille Ville. Il deviendra plus tard la rue du ‘Roi David’, mais pour l'heure, l'endroit reste à défricher et les ouvriers s'attellent à une tâche titanesque. La moitié des coûts de construction sont payés par Ezra Mosseri, complétés à hauteur de 46% par d'autres Juifs aisés du Caire. Pour le bâtiment, on extrait des carrières de Hébron des tonnes de grès rose, pierre noble qui sera le « manteau du roi ». Les meilleurs architectes européens sont mobilisés. Deux Suisses, Emil Vogt pour le bâtiment, et J.P Hoffschmidt, pour l'aménagement intérieur, sont chargés de donner au futur hôtel sa stature et son ambiance unique. Quatre étages de chambres seront donc construits au-dessus de la réception, et deux étages en sous-sol. L'hôtel, de forme rectangulaire, est pourvu d'une balustrade qui encercle le toit plat, un rappel discret des murs de la Vieille Ville qui sont visibles des chambres. Pour l'intérieur, on s'inspire de la glorieuse période du Roi David avec, au rez-de-chaussée, un pla-


en siège administratif et militaire des Anglais. Si, pour l'heure, l’établissement y trouve son compte, l'hébergement du secrétariat du gouvernement britannique de Palestine, du commandement militaire et d'une branche de la division d'investigation criminelle va vite se révéler complexe à gérer. En premier lieu, il faut assurer la sécurité des gens qui y travaillent. Et, à la division d'investigation criminelle, on détient des documents importants sur les groupes armés sionistes... L'Irgoun, qui est l’une de ces organisations ayant pour objectif la construction d’un État juif, ne reste pas inactive. Elle sait qu'elle a tout intérêt à faire disparaître ces documents avant leur utilisation par le gouvernement britannique. Malgré les barbelés, les points de contrôle et la mitrailleuse avec un puissant projecteur installée pour éclairer la zone la nuit, les hommes de l'Irgoun vont trouver la faille, et tenter l'impossible. Le sous-sol n'est pas sécurisé...

fond très haut décoré de couleurs et de motifs inspirés des fouilles des palais de Ninive et de Babylone. Le sol en marbre, bicolore, rappelle les palais anciens. Et la réception en impose, avec ses colonnes de styles assyrien, hittite et phénicien. Les chambres du premier étage sont particulièrement soignées et décorées de motifs de grenades, de feuilles de vigne et d'étoiles de David. Dès son ouverture, en 1931, l'hôtel King David bénéficie d'un véritable engouement de la part du gratin international : l'impératrice douairière de Perse, la reine-mère Nazli d’Égypte et le roi Abdallah Ier de Jordanie deviennent vite des habitués. Trois chefs d’État, contraints de fuir leur pays, élisent également résidence dans ce palace où défilent les têtes couronnées : Alfonso XIII d'Espagne, contraint d'abdiquer en 1931, l'empereur Hailé Sélassié d’Éthiopie, et le roi George II de Grèce qui installera son gouvernement en exil à l'hôtel après l'occupation nazie de son pays en 1942. L'ATTAQUE DE L'IRGOUN EN 1946 : L'HÔTEL DEVIENT TÉMOIN ET ACTEUR DE L'HISTOIRE Le King David connaîtra durant la période de la Seconde Guerre Mondiale son premier revers. En raison du conflit, l'hôtel accuse une baisse très importante de son activité. Le Moyen-Orient est aussi une zone de guerre et le palace en fait les frais. Nous sommes en plein Mandat Britannique et l'aile sud de l'hôtel s'est transformée

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LES REPRÉSENTANTS DE L'IRGOUN ONT TOUJOURS SOUTENU QUE L'AVERTISSEMENT TÉLÉPHONIQUE AVAIT ÉTÉ DONNÉ UNE VINGTAINE DE MINUTES AVANT L'EXPLOSION

Le King David en 1946 Le 22 juillet 1946, des membres de l'organisation sioniste, déguisés en Arabes, pénètrent dans le palace. A 12h37, une explosion dévaste la partie de l'hôtel où se trouvent tous les bureaux britanniques, causant d'immenses dégâts dans l'aile sud. Le bilan est très lourd. Il crée un fort émoi dans l'opinion internationale : 91 personnes sont tuées. Des Anglais, des Arabes et des Juifs sont sur la liste des victimes, sans compter les 46 personnes plus ou moins grièvement blessées par l'explosion de la bombe. L'attaque, coordonnée par Menahem Begin, le chef de l'Irgoun, (qui deviendra plus tard Premier ministre d'Israël) et dirigée par Yossef Avni et Israël Levi, va alimenter pendant de nombreuses années la controverse. Les représentants de l'Irgoun ont toujours Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 79


Nombre d'employés : Environ 400 CA: Non communiqué.... Nombre de chambres : 233, dont 27 suites Le top du luxe : La Suite Royale et La Suite Jérusalem Les Prix : À partir de 1500 nis en occupation double en basse saison pour une chambre et la suite Jérusalem, à 22 600 nis en haute saison pour les suites Royales ou Jérusalem L'anecdote : Lorsque le Président Obama a séjourné au King David, l'hôtel a été entièrement consacré à sa délégation...

Vue sur piscine © Kubg David

Salon royal…

© Kubg David

soutenu que l'avertissement téléphonique avait été donné une vingtaine de minutes avant l'explosion, de façon à laisser suffisamment de temps pour évacuer l'hôtel. Les autorités britanniques, quant à elles, nieront pendant de nombreuses années avoir été prévenues… Gravement endommagé, l'hôtel va pourtant renaître de ses cendres. Estampillé lieu historique, le palace a déjà écrit, en seulement quinze ans d'existence, l'une des pages les plus tourmentées de l'histoire d'Israël.

KING DAVID

C'EST L'HISTOIRE DU ... LEMAG’

DANS LES ANNÉES 60, LE KING DAVID RETROUVE SON LUSTRE. ET UN SUPPLÉMENT D'ÂME... Le 4 mai 1948, le drapeau britannique est abaissé. C'est fini. Le King David est devenu un bastion juif, et, à la fin de la première guerre israélo-arabe, l'hôtel se situe au beau milieu d'un "no man's land". Très exactement sur la ligne d'armistice qui divise Jérusalem en territoires israélien et jordanien ! C'est en 1957 que l'hôtel va réellement prospérer et connaître le deuxième volet de son histoire, grâce au rachat du palace par le groupe Dan. La chaîne d’hôtels de luxe, dirigée par la famille Federman, s'attache à redonner tout son lustre au bâtiment qui a beaucoup souffert des différents conflits. Les nouveaux propriétaires reconstruisent l'aile détruite, rajoutent deux étages supplémentaires et rénovent complètement le bâtiment à l'intérieur. Le King David se redresse, et conforme aux nouvelles normes de standing internationales, rien de moins. L'hôtel possède alors 200 chambres et devient membre de l'association des hôtels de luxe : « The Leading Hotels 80

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of the World ». Reconstruit et rénové, il fait aujourd'hui partie des plus grands hôtels de luxe d'Israël. De très nombreuses personnalités étrangères, stars ou dirigeants politiques y séjournent régulièrement. Toujours acteur de l'Histoire, le King David accueillera ainsi en 1977 le Président égyptien Anouar el-Sadate, à l'occasion de sa célèbre visite en Israël. De nombreuses réunions se tiendront dans les différents salons entre diplomates égyptiens et israéliens, qui conduiront au processus de paix entre l'Égypte et Israël...


L'HÔTEL KING DAVID DE NOS JOURS Aujourd'hui, l'hôtel King David, toujours membre de la chaîne Dan Hôtel, continue d'accueillir dans ses salons feutrés les Chefs d’état étrangers et les diplomates en visite en Israël. Parmi ses invités les plus célèbres, citons le roi Hussein de Jordanie, mais aussi les Présidents américains Richard Nixon, Gerald Ford, Jimmy Carter, Bill Clinton, George W. Bush ou Barack Obama. Ajoutons à cette liste déjà prestigieuse les Premiers ministres britanniques Winston Churchill, Margaret Thatcher, John Major et Tony Blair, ainsi que le prince de Galles. Les stars ont aussi occupé les plus belles suites du palace : parmi les plus célèbres, citons Elizabeth Taylor, Richard Gere ou Nathalie Portman... Eytan Atias gère les relations publiques du King David. Il nous confie qu'aujourd'hui l'hôtel doit faire face, en dépit de son prestige, à la concurrence de tous les autres palaces de luxe de Jérusalem. Les exemples incluent le Waldorf Astoria, le David Citadel, l’hôtel Mamilla, l'hôtel Inbal et d'autres encore. Une compétition qui profite à la clientèle et qui oblige le King David à se surpasser. Ce qui distingue le King David des autres hôtels ? Eytan évoque « une longue et fière histoire qui remonte à son ouverture, en 1931. L' hôtel conserve son style original et un niveau de service qui le distingue des autres. Une grande partie de nos clients sont des clients réguliers permettant à notre personnel de créer des relations avec eux et d' établir des liens qui durent de nombreuses années. Ce qui donne à nos clients un sentiment de ‘rentrer à la maison’ à chaque visite ».

© Kubg David

… Et suites feutrées

LE RAFFINEMENT, C'EST AUSSI LE SILENCE… Les hôtes du King David viennent de partout dans le monde, dont beaucoup d'Amérique du Nord. Eytan précise : « Des vacanciers qui viendront une fois dans leur vie visiter la Terre Sainte, assister aux célébrations de Bar Mitzvot, ou passer des vacances en famille, la liste est sans fin. En outre, le King David est fier d'accueillir un grand nombre de délégations officielles en Israël : Présidents, Premiers ministres, ministres des Affaires étrangères ont tous été nos invités dans le passé ». Un accueil exceptionnel qui semble satisfaire les clients aussi parce qu'au King David, rien ne filtre. Ainsi, les questions sur les notes des séjours les plus coûteux ou sur les demandes particulières des clients les plus célèbres resteront sans réponse. Le raffinement, c'est aussi le silence. Ce que confirme Eytan : « L'une des principales raisons pour lesquelles des personnalités choisissent de rester au King David est la discrétion et l'intimité offerte par notre personnel. Malheureusement, je ne peux pas vous fournir des détails sur leurs séjours ou leurs demandes ». Fin de chapitre. Mais qu'importe... L'histoire continue, et le palace à l'atmosphère surannée, s'il sait garder ses secrets, a encore de beaux jours devant lui… Dahlia Perez Octobre - Novembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°9 • 81


© KKL - Avec l'aimable autorisation d'Olivier Rafowitz

TRIBUNE LIBRE DE ... LEMAG’

ISRAËL / EUROPE : CHANGEMENT DE FOND OU DE FORME ?

Par Olivier Rafowicz Colonel de réserve et Consultant

Depuis la vague d’attentats dramatiques qui touche l’Europe, et la France en particulier, les regards sont de nouveau portés vers l’Etat d’Israël. Tout à coup, les journalistes, les politiques, les citoyens veulent savoir comment fait-on en Israël pour combattre le terrorisme islamiste. Tout à coup, des reportages, des émissions de télévision, des articles de presse traitent de la manière avec laquelle, les forces de sécurité et le gouvernement israéliens font face, réussissant là où l’Europe a failli. Car il s’agit bien ici d’une faille, d’une gigantesque faille dans les systèmes de sécurité, de renseignement et militaires qui ne sont pas capables - même si désormais ils mesurent l’ampleur de la menace - de donner des réponses adéquates pour assurer la sécurité, prévenir les prochaines attaques et rassurer leur population. Alors pour boucher la faille, il faut du "know how" israélien. Des systèmes cyber, de l’intelligence, des hommes expérimentés - ceux-là même qui pendant des années ont été montrés du doigt et portés à la vindicte populaire par la presse européenne - deviennent la réponse à leurs problèmes. Ces militaires israéliens, policiers, hommes de l’ombre sont maintenant des « spécialistes », presque des héros ! Formidable !

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Israël revient enfin dans la grande famille des nations européennes, jouant cette fois le rôle de modèle, servant d’inspiration afin d’aider d’autres pays, d’autres peuples à faire face à cette terrible menace islamiste globale... Mais - parce qu’il y a un mais - la communauté internationale a oublié qu’Israël est spécialiste et expert en la matière parce que nous avons payé de notre sang, du sang de nos pères, fils, filles et mères, le fait d’être aujourd’hui une nation forte, sécurisée et en avance sur le monde entier dans ce domaine, et de nombreux autres… Nous sommes fiers et heureux de pouvoir aider le monde libre face au terrorisme, mais gardons la tête froide. Ils ont besoin de nous et nous sommes là pour eux. Mais nous aiment-ils davantage ? Ont-ils compris notre situation, notre combat ? Ont-ils de la compassion pour le prix humain que nous avons payé ? 1000 morts durant la seconde Intifada, c’est en comparaison 12 000 morts à l’échelle française... Seront-ils là pour prendre position en faveur d’Israël lors des grands rendez-vous du monde ? Les résolutions anti-israéliennes à l’ONU pleuvront-elles moins drues ? Tout reste à prouver et à espérer. En ce qui me concerne, je pense que l’Europe apprendra certes de nous, mais qu’elle ne changera pas sur le fond. olivierrafowicz@gmail.com


LAURENCE ZEMOUR

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Août - Septembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°8 • 83 Email: laurencezemour25@gmail.com Site web: www.zemour-israel.com

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