Comprendre les maths - Tome 2

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TRAITEMENT DE DONNÉES ARITHMÉTIQUE - ALGÈBRE

Comprendre les maths

pour bien les enseigner

2,5/14 ans

F. Baret C. Géron F. Lucas M. Nolmans C. Van Pachterbeke
TOME 2
P. Wantiez

TOME 2

TRAITEMENT DE DONNÉES ARITHMÉTIQUE - ALGÈBRE

Comprendre les

maths pour bien les enseigner

2,5/14 ans

F.Baret

C.Géron

F.Lucas

M.Nolmans

C.Van Pachterbeke

P.Wantiez

Couverture et maquette : Polaire Mise en page : Softwin

L’orthographe telle que rectifiĂ©e le 6 dĂ©cembre 1990 par le Conseil SupĂ©rieur de la langue française est d’application dans la collection.

Les photocopieuses sont d’un usage trĂšs rĂ©pandu et beaucoup y recourent de façon constante et machinale. Mais la production de livres ne se rĂ©alise pas aussi facilement qu’une simple photocopie. Elle demande bien plus d’énergie, de temps et d’argent. La rĂ©munĂ©ration des auteurs, et de toutes les personnes impliquĂ©es dans le processus de crĂ©ation et de distribution des livres, provient exclusivement de la vente de ces ouvrages. En Belgique, la loi sur le droit d’auteur protĂšge l’activitĂ© de ces diffĂ©rentes personnes. Lorsqu’il copie des livres, en entier ou en partie, en dehors des exceptions dĂ©finies par la loi, l’usager prive ces diffĂ©rentes personnes d’une part de la rĂ©munĂ©ration qui leur est due. C’est pourquoi les auteurs et les Ă©diteurs demandent qu’aucun texte protĂ©gĂ© ne soit copiĂ© sans une autorisation Ă©crite prĂ©alable, en dehors des exceptions dĂ©finies par la loi.

L’éditeur s’est efforcĂ© d’identifier tous les dĂ©tenteurs de droits. Si, malgrĂ© cela, quelqu’un estime entrer en ligne de compte en tant qu’ayant droit, il est invitĂ© Ă  s’adresser Ă  l’éditeur.

© Éditions VAN IN, Mont-Saint-Guibert – Wommelgem, 2023, De Boeck publiĂ© par VAN IN

Tous droits rĂ©servĂ©s. En dehors des exceptions dĂ©finies par la loi, cet ouvrage ne peut ĂȘtre reproduit, enregistrĂ© dans un fichier informatisĂ© ou rendu public, mĂȘme partiellement, par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation Ă©crite de l’éditeur.

1re édition 2023

ISBN 978-2-8041-9776-6

D/2023/0078/146

Art. 590316/01

Auteurs : Françoise Baret, Christine Géron, Françoise Lucas, Maud Nolmans, Chantal Van Pachterbeke, Patricia Wantiez
3 Sommaire INTRODUCTION 5 RÉSOLUTION DE PROBLÈMES Introduction 10 1. ProblĂšmes ou situations problĂšmes ? 11 2. Qu’est-ce qu’une situation problĂšme ? 12 3. Trois fonctions possibles des situations problĂšmes 13 4. CompĂ©tences de « rĂ©solveur » de situations problĂšmes 15 5. ParamĂštres et grille d’analyse des situations problĂšmes 18 6. Situations Ă  modĂ©lisation spĂ©cifique 22 TRAITEMENT DE DONNÉES NUMÉRIQUES Introduction 30 1. ÉlĂ©ments de combinatoire 31 2. ÉlĂ©ments de probabilitĂ©s 42 3. ÉlĂ©ments de statistique 58 NOMBRES Introduction 88 1. Les nombres naturels 89 2. Les supports structurants 111 3. Les diffĂ©rents types de nombres 124 4. La numĂ©ration 129 OPÉRATIONS ET CALCUL Introduction 148 1. OpĂ©rations, un monde vaste et complexe 149 2. DĂ©finitions mathĂ©matiques des opĂ©rations 150 3. Sens des opĂ©rations 166 4. PropriĂ©tĂ©s des opĂ©rations 192 5. Extension des opĂ©rations aux autres nombres 206 6. Puissances et racines 220 7. Calcul 225 8. Familles de nombres 281 ALGÈBRE Introduction 310 1. Objets fondamentaux 311 2. Calcul algĂ©brique 317 3. Transformations d’égalitĂ©s 322
COMPRENDRE LES MATHS POUR BIEN LES ENSEIGNER 4 LES POURQUOI 329 BIBLIOGRAPHIE 331 INDEX 337 Index TOME 1 337 Index TOME 2 341 TABLE DES MATIÈRES 343

Comprendre les mathématiques pour bien les enseigner

Cet ouvrage est un rĂ©fĂ©rentiel de matiĂšre Ă  destination des enseignants de maternelle, du primaire et du dĂ©but du secondaire. Une des conditions incontournables pour un enseignement qui conduise l’élĂšve Ă  la comprĂ©hension de ce qu’il dĂ©couvre et apprend est que l’enseignant lui-mĂȘme ait la maitrise de la matiĂšre qu’il fait travailler. Il s’agit pour lui de comprendre la signification, la complexitĂ© des notions et, notamment, la nĂ©cessaire progressivitĂ© Ă  envisager selon les obstacles Ă  faire dĂ©passer par les Ă©lĂšves. Il s’agit aussi de cerner les liens entre elles, la terminologie et la symbolisation spĂ©cifiques qui leur sont adjointes. C’est fort de cela que l’enseignant pourra gĂ©rer les propositions des Ă©lĂšves, leurs dĂ©bats, leurs multiples essais et ajustements. C’est fort de cela aussi qu’il pourra faire des choix mĂ©thodologiques efficaces.

Cet ouvrage veut expliciter et articuler les contenus mathématiques de façon rigoureuse mais néanmoins accessible. Il se veut une ressource utile et efficace pour :

– l’enseignant qui souhaite se rĂ©approprier une matiĂšre, un concept, ĂȘtre au clair avec les termes et symboles adĂ©quats ;

– des enseignants en concertation (intra et inter cycles) qui souhaitent dĂ©battre, se mettre d’accord sur un contenu spĂ©cifique.

Il convient néanmoins de prendre quelques précautions.

– L’ensemble des dĂ©finitions prĂ©sentĂ©es dans ce rĂ©fĂ©rentiel est une ressource Ă  consulter par l’enseignant, elles ne sont pas lĂ  pour devenir des objets Ă  faire Ă©tudier par les Ă©lĂšves.

Faire produire par ceux-ci un texte du type « dĂ©finition » peut ĂȘtre intĂ©ressant aprĂšs un long temps d’exploration et d’analyse mais, parfois, produire ce type de texte, mĂȘme de façon moins formelle, n’est tout simplement pas nĂ©cessaire.

Pour les auteurs de cet ouvrage, « faire des mathĂ©matiques », c’est les construire lentement mais sĂ»rement, dans une logique de rĂ©solution de problĂšmes ; c’est en permettre une appropriation par chacun, basĂ©e sur la mise en liens et le sens ; ce n’est certainement pas collectionner des concepts plus ou moins bien dĂ©finis, comme une galerie de chasse, une collection d’animaux empaillĂ©s et donc sans vie une fois que le chasseur en a fini avec eux.

– Certains contenus ne sont pas au programme de l’annĂ©e ou du niveau oĂč l’enseignant travaille. Il est nĂ©anmoins utile d’en savoir plus que le contenu strictement rĂ©servĂ© aux Ă©lĂšves. L’enseignant trouvera intĂ©ressant d’approfondir le chapitre qu’il consulte.

Les auteurs ont parfois fait des choix de dĂ©finitions, de formulations, de symbolisations ; ils se sont volontairement arrĂȘtĂ©s dans certains dĂ©veloppements. Ils s’en expliquent par divers biais : introduction, note de bas de page, point d’attention


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Introduction

Un ouvrage structuré

Ce référentiel de matiÚre est structuré selon plusieurs principes.

La succession des chapitres : pas de hasard

– La rĂ©solution de problĂšmes arrive en premier pour valoriser l’idĂ©e que les mathĂ©matiques ne sont pas vides de sens et que l’appropriation par les Ă©lĂšves de concepts et de procĂ©dures mathĂ©matiques sert Ă  rĂ©soudre des situations problĂšmes qu’on peut rencontrer de façon concrĂšte dans la vie de tous les jours.

– Le traitement de donnĂ©es numĂ©riques prolonge la partie 1 du tome 1 : le traitement de donnĂ©es au sens large. Ici, les donnĂ©es sont numĂ©riques et le traitement regroupe des Ă©lĂ©ments de base de combinatoire, de probabilitĂ©s et de statistique.

– La partie sur les nombres prĂ©cise les caractĂ©ristiques et les spĂ©cificitĂ©s des diffĂ©rents types de nombres sur lesquels pourront agir des opĂ©rations. Elle prĂ©sente aussi les supports structurants permettant d’en avoir de solides images mentales, notamment pour calculer. Cette partie retrace aussi les principes de la numĂ©ration de position dĂ©cimale dont la maitrise est Ă©galement indispensable pour opĂ©rer et calculer.

– La partie sur les opĂ©rations et calculs dĂ©veloppe longuement toutes les spĂ©cificitĂ©s des opĂ©rations de base de l’arithmĂ©tique (addition, soustraction, multiplication, division) : dĂ©finitions, sens divers et propriĂ©tĂ©s qui sont prioritairement Ă  mobiliser face Ă  un calcul Ă  rĂ©soudre. Cette partie explicite aussi leur extension aux diffĂ©rentes sortes de nombres, les notions de racines et puissances ainsi que les notions liĂ©es aux familles de nombres, Ă  la divisibilitĂ©. Le dĂ©veloppement du calcul se dĂ©cline autour du calcul automatisĂ©, du calcul rĂ©flĂ©chi et du calcul Ă©crit en rassemblant les dĂ©marches essentielles.

La partie algĂšbre clarifie ce qu’est la pensĂ©e algĂ©brique, prolongeant les dĂ©marches arithmĂ©tiques abordĂ©es en primaire. Elle prĂ©cise la nature des objets fondamentaux de cette discipline, les bases du calcul algĂ©brique et les transformations d’égalitĂ©s en lien avec la rĂ©solution d’équations.

Dans chaque chapitre, une logique de présentation

Au dĂ©part, une brĂšve introduction gĂ©nĂ©rale aide le lecteur Ă  se faire une idĂ©e des contenus qui suivent et Ă  s’orienter pour rĂ©pondre aux questions qu’il se pose.

– Il s’agit de clarifier le QUOI enseigner. Le rĂ©fĂ©rentiel propose donc des dĂ©finitions en gras avec le ou les termes dĂ©finis en surbrillance grise. Ces termes sont repris en index.

Ces définitions prennent sens dans plusieurs exemples notés en fins caractÚres noirs. Parfois les exemples précÚdent les définitions.

– Certaines notions prĂ©sentent une complexitĂ©, une particularitĂ© ou une difficultĂ© qui mĂ©ritent un dĂ©veloppement, un point d’attention, prĂ©sentĂ© dans un cadre bleu et texte bleu

– Des POURQUOI Ă©maillent rĂ©guliĂšrement l’explicitation et les illustrations de notions dans des pavĂ©s  orange. Ils posent des questions de SENS .

– Des renvois Ă  des COMMENT possibles font rĂ©fĂ©rence Ă  diverses sources, dont des ouvrages de la collection « Math & Sens » (disponibles chez le mĂȘme Ă©diteur). Parfois le renvoi dirige le lecteur vers des complĂ©ments d’explication de la matiĂšre.

COMPRENDRE LES MATHS POUR BIEN LES ENSEIGNER 6
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Au terme de l’ouvrage, encore des portes d’entrĂ©e

La table des POURQUOI permet au lecteur de retrouver toutes les questions de sens traitĂ©es dans l’ouvrage et de s’orienter dans ses recherches, aussi Ă  partir de ce point de vue.

La BIBLIOGRAPHIE donne aux lecteurs un rĂ©pertoire d’ouvrages de rĂ©fĂ©rence qui ont nourri la rĂ©flexion des auteurs et qu’ils peuvent bien sĂ»r consulter.

L’INDEX reprend tous les concepts abordĂ©s dans ce rĂ©fĂ©rentiel avec des renvois aux pages principales en Ă©lucidant la signification et l’usage. Cet outil s’avĂšre efficace pour retrouver rapidement les endroits du rĂ©fĂ©rentiel utiles pour la recherche engagĂ©e.

Le projet

Naissance du projet

Ce projet a Ă©tĂ© initiĂ© fin 2016 par le groupe des Mathophiles, constituĂ© de professeurs de mathĂ©matiques et de didactique des mathĂ©matiques dans les Hautes Écoles des trois rĂ©seaux d’enseignement en CommunautĂ©s française et germanophone de Belgique. Les Mathophiles se rĂ©unissent depuis 2001, cinq fois par an, et le dĂ©bat est souvent intense autour du partage d’outils et de pratiques professionnelles concernant la formation des enseignants de maternelle, du primaire et du dĂ©but du secondaire.

Le constat d’une difficultĂ© Ă  maitriser les contenus d’enseignement en mathĂ©matiques, chez les Ă©tudiants mais aussi chez les enseignants de terrain, a motivĂ© le groupe Ă  chercher Ă  les outiller de façon rigoureuse mais accessible sur la matiĂšre Ă  enseigner, d’autant plus que les rĂ©fĂ©rents adaptĂ©s en ce domaine ne sont pas lĂ©gion. Par ailleurs, le recours Ă  Internet permet de trouver rapidement beaucoup d’informations, mais celles-ci sont souvent divergentes, parfois contradictoires ou approximatives.

Huit membres du groupe, qui en compte une petite trentaine, se sont proposĂ©s pour Ă©crire le QUOI et le POURQUOI dans les domaines du traitement de donnĂ©es, de la gĂ©omĂ©trie et des grandeurs. Six des huit auteures du tome 1 ont poursuivi l’écriture du tome 2 portant sur la rĂ©solution de problĂšmes, le traitement de donnĂ©es numĂ©riques, l’arithmĂ©tique et l’algĂšbre.

Auteures du projet

Le travail d’écriture de ce deuxiĂšme tome rĂ©fĂ©rentiel n’a pu s’enrichir et s’amĂ©liorer en lisibilitĂ© qu’à travers les nombreuses et intenses discussions entre les auteures et Ă  travers leurs relectures Ă  la fois bienveillantes et exigeantes.

Françoise BARET  : licenciĂ©e en mathĂ©matiques, professeure de mathĂ©matiques et de didactique des mathĂ©matiques dans la section primaire, depuis 1986, Ă  la Haute École Libre Mosane (HELMo).

Christine GERON : docteure en sciences, professeure de mathĂ©matiques et de didactique des mathĂ©matiques dans les sections primaire et secondaire, depuis 2004, Ă  la Haute École de la ville de LiĂšge (HEL), collaboratrice pendant 3 ans dans les recherches sur la liaison primaire-secondaire en mathĂ©matiques menĂ©es par l’a.s.b.l. HypothĂšse, formatrice dans le cadre de la formation continuĂ©e, membre du comitĂ© de la section belge francophone du Rallye MathĂ©matique Transalpin, coauteure de l’ouvrage Apprivoiser l’espace et le monde des formes de la collection « Math & Sens », chercheuse dans le cadre de l’expĂ©rience pilote relative Ă  l’implĂ©mentation de dispositifs de diffĂ©renciation et d’accompagnement personnalisĂ© en mathĂ©matiques au 1er degrĂ© de l’enseignement secondaire (dans le cadre de la mise en place du Pacte pour un enseignement d’excellence), en collaboration avec l’ULiĂšge (2019-2021).

7 L E PRO j ET

Françoise LUCAS  : licenciĂ©e en mathĂ©matiques, professeure de mathĂ©matiques et de didactique des mathĂ©matiques dans les Hautes Écoles pendant 31 ans, principalement dans les sections primaire et prĂ©scolaire, dĂ©tachĂ©e au service pĂ©dagogique de la fĂ©dĂ©ration de l’enseignement fondamental dans le rĂ©seau libre durant 9 ans, formatrice dans le cadre de la formation continuĂ©e et de la formation complĂ©mentaire des enseignants du fondamental et du dĂ©but du secondaire, coauteure et directrice de la collection « Math & Sens » aux Ă©ditions De Boeck-Van In.

Maud NOLMANS  : ingĂ©nieure civil et institutrice primaire, professeure de mathĂ©matiques et de didactique des mathĂ©matiques dans la section primaire, depuis 2013, de la Haute École Libre Mosane (HELMo).

Chantal VAN PACHTERBEKE : licenciĂ©e en mathĂ©matiques, professeure de mathĂ©matiques et de didactique des mathĂ©matiques dans la section primaire, depuis 1988, de la Haute École NamurLiĂšge-Luxembourg (Henallux), formatrice dans le cadre de la formation continuĂ©e et de la formation complĂ©mentaire, participation occasionnelle Ă  des projets de formation d’instituteurs primaires au Maroc, coauteure de l’ouvrage Élucider la numĂ©ration pour mieux calculer ! de la collection « Math & Sens ».

Patricia WANTIEZ : docteure en sciences, chercheuse au Centre de Recherches sur l’Enseignement des MathĂ©matiques (CREM) Ă  Nivelles pendant 2 ans, professeure de mathĂ©matiques et de didactique des mathĂ©matiques dans la Haute École Bruxelles-Brabant, catĂ©gorie pĂ©dagogique DefrĂ© (HE2B), depuis 2002, actuellement dans les sections primaire et prĂ©scolaire, coauteure de l’ouvrage Apprivoiser l’espace et le monde des formes de la collection « Math & Sens ».

COMPRENDRE LES MATHS POUR BIEN LES ENSEIGNER 8

Résolution de problÚmes

Introduction

Une des visĂ©es essentielles de la formation mathĂ©matique Ă  l’école est d’amener les Ă©lĂšves Ă  s’approprier les outils – concepts et procĂ©dures – pour rĂ©soudre des problĂšmes. « Il s’agit d’éviter que les mathĂ©matiques ne tournent Ă  vide, mais de veiller Ă  en renforcer le sens en lien notamment avec le quotidien et le vĂ©cu des Ă©lĂšves1 ».

Les diffĂ©rents aspects de la rĂ©solution de problĂšmes explicitĂ©s dans cette partie ne doivent pas ĂȘtre « enseignĂ©s », mais doivent ĂȘtre vĂ©cus Ă  travers la diversitĂ© des situations proposĂ©es aux Ă©lĂšves avec une attention focalisĂ©e sur les dĂ©marches mises en Ɠuvre.

Dans cette partie, nous clarifions d’emblĂ©e la notion de situation problĂšme afin d’ouvrir Ă  quantitĂ© de situations possibles ne se limitant pas aux seuls Ă©noncĂ©s numĂ©riques. Nous en donnons les caractĂ©ristiques principales valorisant l’aspect crĂ©atif de cette activitĂ©.

Nous dĂ©veloppons ensuite les trois fonctions possibles des situations problĂšmes : construire du nouveau savoir, apprendre Ă  chercher, intĂ©grer et consolider des acquis. Des exemples de situations trĂšs diffĂ©rentes sont analysĂ©s en profondeur. Il est important de rencontrer ces trois fonctions Ă  l’école. Nous rĂ©pertorions et dĂ©plions les compĂ©tences de rĂ©solveur de problĂšmes. Nous insistons sur ces apprentissages transversaux et nous les justifions par une sĂ©rie d’arguments solides.

Dans la suite, nous dĂ©taillons les paramĂštres permettant de distinguer les diffĂ©rentes sortes de situations problĂšmes Ă  soumettre aux Ă©lĂšves : problĂšmes ouverts, fermĂ©s, ou semi-ouverts ; problĂšmes Ă  une ou plusieurs solutions. Nous proposons Ă  l’enseignant une grille d’analyse des situations proposĂ©es aux Ă©lĂšves afin d’en assurer largement la diversitĂ©.

Cette partie se termine avec les situations Ă  modĂ©lisation spĂ©cifique. Nous renvoyons au tome 1 pour les situations de proportionnalitĂ© qui y sont largement dĂ©veloppĂ©es. Dans ce tome 2, nous explicitons les problĂšmes de partages inĂ©gaux, les problĂšmes d’intervalles et les problĂšmes liant des donnĂ©es commerciales ou autres. Ces situations appellent Ă  des schĂ©matisations particuliĂšres aidant Ă  progresser vers l’abstraction et Ă  passer progressivement d’une rĂ©solution arithmĂ©tique Ă  une rĂ©solution algĂ©brique.

PARTIE 1 : RÉSOLUTION DE PROBLÈMES 10
1 Enjeux et objectifs gĂ©nĂ©raux du RĂ©fĂ©rentiel de MathĂ©matiques pour le tronc commun. FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles, Pacte pour un enseignement d’excellence, 2021.

1. ProblÚmes ou situations problÚmes ?

Le mot « problĂšme » est un mot familier utilisĂ© dans la vie courante. Il dĂ©signe souvent une difficultĂ© majeure, une situation dĂ©sagrĂ©able, parfois douloureuse, qui met dans l’embarras et n’est pas Ă©vidente Ă  faire Ă©voluer. Il est utilisĂ© Ă  l’école depuis trĂšs longtemps.

ProblÚmes sur les fractions, problÚmes de proportionnalité, problÚmes arithmétiques


Il dĂ©signe le plus souvent un Ă©noncĂ©, un type de texte trĂšs spĂ©cifique avec des phrases donnant une sĂ©rie d’informations et une phrase interrogative, invitant le lecteur Ă  trouver la solution. beaucoup d’énoncĂ©s sont d’ordre numĂ©rique. Il faut trĂšs souvent enchainer des opĂ©rations pour les rĂ©soudre. L’école a longtemps restreint ce que peut ĂȘtre un problĂšme.

Donner aux Ă©lĂšves exclusivement des problĂšmes de ce type risque de les enfermer dans une vision des problĂšmes et dans des habitudes de rĂ©solution stĂ©rĂ©otypĂ©es. odette bassis relate l’énoncĂ© suivant, proposĂ© Ă  bon nombre d’élĂšves, ainsi que leurs rĂ©solutions :

« Sur un bateau, il y a 26 moutons et 10 chĂšvres. Quel est l’ñge du capitaine ? ».

De 70 % Ă  80 % des Ă©lĂšves trouvent une solution en opĂ©rant sur les donnĂ©es numĂ©riques de l’énoncĂ© (notamment 36 ans en additionnant, 16 ans en soustrayant
).

Ces Ă©lĂšves ne remettent pas en cause l’absence de lien entre la question et le contexte. Ils ne recherchent pas le sens, mais ils tentent de rencontrer l’attente sous-jacente Ă  ce type d’énoncé : il faut effectuer un calcul avec les nombres donnĂ©s pour rĂ©pondre Ă  la question posĂ©e !

Ceci interpelle les pratiques en matiÚre de résolution de problÚmes et appelle à ouvrir largement la maniÚre de les présenter et de les travailler.

Bassis o., MathĂ©matique : les enfants prennent le pouvoir, Paris, Fernand Nathan Éducation, 1984. en guise d’avant-propos : le problĂšme sans questions
 ou comment enlever les questions pour commencer Ă  s’en poser, p. 3-13.

L’expression « situation problĂšme » est aussi une expression familiĂšre, aujourd’hui adoptĂ©e dans le monde scolaire. elle ouvre Ă  diverses formes de prĂ©sentation : vĂ©cue, dessinĂ©e, verbale, matĂ©rielle
 La situation n’est pas forcĂ©ment numĂ©rique et sa rĂ©solution engage davantage une rĂ©elle diversitĂ© de ressources pour aboutir Ă  une ou des solutions.

Ces derniĂšres annĂ©es, plusieurs publications sur la rĂ©solution de problĂšmes rĂ©habilitent le mot « problĂšme » pour lui rendre l’ouverture qu’on trouve dans l’expression « situation problĂšme ».

11 Prob L Úmes o U s I t U at I o N s P rob L Úmes ?

2. Qu’est-ce qu’une situation problùme ?

Une situation problĂšme est une situation qui

est dĂ©stabilisante, est nouvelle ou non, mais dont les modalitĂ©s et les moyens de « s’en sortir » n’apparaissent pas d’emblĂ©e ;

– est complexe, appelle de multiples mises en relation et un but à atteindre ;

– demande une recherche, de l’invention, de la crĂ©ativitĂ©, pas nĂ©cessairement dans les opĂ©rations2 utiles pour rĂ©soudre, mais en tout cas dans leur enchainement. rĂ©soudre des situations problĂšmes est une des visĂ©es de formation en mathĂ©matique3. Une situation problĂšme peut apparaitre dans la vie courante, dans toutes les disciplines.

– RĂ©aliser un plan de tables pour une fĂȘte de famille rĂ©unissant une cinquantaine de personnes.

RĂ©aliser le montage d’un meuble dont on a perdu le plan de montage.

– PrĂ©senter tous les scores des Ă©lĂšves Ă  la journĂ©e sportive qui vient de se dĂ©rouler.

– RĂ©diger les consignes de traçage d’une figure donnĂ©e pour le voisin ne la voyant pas.

Calculer l’aire d’une figure complexe.

– Trouver un nombre produit d’une table à partir d’un autre nombre produit d’une autre table.

À l’école, il est important de sortir du formalisme souvent trop prĂ©coce des Ă©noncĂ©s de type verbal Ă©crit et numĂ©rique. en saisissant des situations qui se prĂ©sentent sous d’autres modes (action pratique, question orale, dessin ou schĂ©ma interpelant
), il est possible d’éveiller la curiositĂ©, l’envie de chercher, de faire rĂ©flĂ©chir et de relever des dĂ©fis.

Par ailleurs, les situations proposées ne doivent pas se cantonner au seul registre arithmétique. Certains exemples ci-dessus posent des questions de traitement de données, de géométrie ou de grandeurs.

aux caractĂ©ristiques Ă©noncĂ©es ci-avant, on peut en ajouter d’autres qui en dĂ©coulent.

– Une situation problĂšme est personnelle : ce qui pose question Ă  une personne n’interpelle pas nĂ©cessairement une autre, ne constitue pas une difficultĂ© ou un obstacle pour cette derniĂšre.

– Une situation problĂšme l’est Ă  un moment donné : en effet, si elle a Ă©tĂ© rĂ©solue et qu’elle se reprĂ©sente, elle devrait moins poser question.

Une situation problĂšme, pour ĂȘtre rĂ©solue par l’élĂšve, doit ĂȘtre adaptĂ©e Ă  son bagage cognitif : si la situation est trop complexe, le dĂ©passe complĂštement, il ne va pas pouvoir s’y investir ; si elle est trop simple, sans obstacle pour lui, il ne la considĂšrera plus vĂ©ritablement comme problĂšme.

La perception et la rĂ©solution d’une situation problĂšme sont enrichies par les interactions sociales : aprĂšs avoir explorĂ© seul une situation, la confrontation avec les autres peut aider Ă  y voir plus clair, Ă  rebondir sur des pistes prometteuses.

2 Le mot opération est pris au sens large, il ne se réduit pas aux opérations arithmétiques (voir Opérations et calcul § 1.).

3 La dĂ©finition de situation problĂšme, ici donnĂ©e, s’inspire de plusieurs documents et auteurs. Du premier projet de Socles de CompĂ©tences, 1994, au RĂ©fĂ©rentiel des MathĂ©matiques, 2021, Ă©ditĂ©s par la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles, la rĂ©solution de problĂšmes est une des visĂ©es des mathĂ©matiques Ă  l’école. de Vecchi G., carmona-maGnaldi N., 2002, p. 47, FaGnant A. et al., 2013, Cycle 8/10, p. 10, et Le Rallye MathĂ©matique Transalpin (RMT), dossier d’octobre 2013, p. 9, donnent des critĂšres de dĂ©finition et des pistes d’activitĂ©s.

PARTIE 1 : RÉSOLUTION DE PROBLÈMES 12
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3. Trois fonctions possibles des situations problĂšmes

on peut déterminer trois fonctions de la résolution de situations problÚmes4

Les situations sont porteuses d’un obstacle matiĂšre Ă  dĂ©passer. Pour rĂ©soudre la situation, les Ă©lĂšves vont devoir construire un nouveau savoir, disqualifier d’autres savoirs non pertinents.

Les situations sont complexes, mais ne mobilisent pas des savoirs mathĂ©matiques de haut niveau. C’est plutĂŽt l’enchainement des opĂ©rations, l’organisation d’un cheminement qui est Ă  trouver.

Le savoir construit ne sert gĂ©nĂ©ralement qu’à cette situation. La dĂ©marche organisationnelle par contre est souvent transfĂ©rable.

Les situations sont complexes et intÚgrent (mettent en relation) plusieurs savoirs préalablement travaillés par les élÚves. Ici, ils sont à mobiliser de façon originale et articulée pour résoudre la situation, ils deviennent opérationnels, fonctionnels.

Ce type de situation peut ĂȘtre un outil d’évaluation de haut niveau5

La rĂ©solution de situations problĂšmes est alors une MÉTHODOLOGIE D’APPRENTISSAGE un OBJECTIF D’APPRENTISSAGE un OUTIL D’INTÉGRATION et un OUTIL D’ÉVALUATION

On vise l’apprentissage par la rĂ©solution de problĂšmes.

On vise le développement de compétences spécifiques mathématiques et autres.

On sollicite les compétences de résolveur de problÚmes.

On vise l’apprentissage de la rĂ©solution de problĂšmes

On vise le développement des compétences de résolveur de problÚmes.

On sollicite d’autres compĂ©tences.

analysons trois situations en lien avec ces trois fonctions.

■ situation de l’aquarium6 et son analyse

On vérifie la mobilisation intégrée des acquis.

Un aquariophile aimerait amĂ©nager l’aquarium dans lequel ses pensionnaires pourront trouver les conditions idĂ©ales : « plus c’est grand, mieux c’est ! »  sauf pour le portefeuille !

Il prévoit un aquarium de 60 cm de haut avec une toise de renfort en verre.

Le prix des vitres est de 45 € le mÂČ.

L’épaisseur du verre est de 1 cm.

La masse volumique du verre est de 3 kg/dm³. Aidez cet amateur à calculer le cout de sa réalisation ainsi que la masse (poids) de la cuve vide et de la cuve pleine.

Voici une vue du dessus de la cuve.

4 Voir les auteurs suivants : charnay r., 1996 ; descaVes a., 1992 ; rouche n., 2004 ; GilBert th., ninoVe l et le Gem, 2017 ; demonty i., FaGnant a., 2012.

5 Utiliser la rĂ©solution de problĂšmes pour vĂ©rifier des acquis chez les Ă©lĂšves, c’est recourir au plus haut niveau des outils d’évaluation.

Il s’agit donc d’en user avec prĂ©caution quand les Ă©lĂšves sont dĂ©jĂ  aguerris Ă  rĂ©soudre des problĂšmes. Évaluer des acquis doit se rĂ©aliser avec une variĂ©tĂ© d’outils et de niveaux taxonomiques.

6 Situation proposée par Vanmuysen A., Cours de mathématique en formation des instituteurs/trices primaires, HELMo LiÚge, 2000.

13 t ro I s F o NC t I o N s P oss I b L es D es s I t U at I o N s P rob L Ăšmes
APPRENDRE À CHERCHER INTÉGRER, CONSOLIDER
ÉVALUER
CONSTRUIRE DU NOUVEAU SAVOIR
DES ACQUIS, LES
Toise de renfort 60 cm 20 cm 1 m
90 cm

L’énoncĂ© de cette situation donne plusieurs informations numĂ©riques trĂšs diffĂ©rentes et un plan qui, ensemble, ne laissent pas entrevoir d’emblĂ©e un cheminement pour trouver le cout et la masse (poids) de la cuve (Ă  vide et remplie). Cette situation est de toute Ă©vidence complexe7 elle mobilise et demande de mettre en relation, d’articuler des connaissances construites au prĂ©alable : le thĂ©orĂšme de Pythagore, des formules de calcul d’aires de polygones, des formules de calcul de volumes de prismes droits, la relation de proportionnalitĂ© entre des aires et des prix, la relation de proportionnalitĂ© entre des volumes et des masses (poids). Il s’agit ici de construire un enchainement pertinent et rigoureux d’opĂ©rations permettant de calculer les Ă©lĂ©ments demandĂ©s.

avec ce type de situation, on est davantage dans la fonction d’INtÉGratIoN, de CoNsoLIDatIoN, voire d’ÉVaLUatIoN des acquis. en effet, on peut apprĂ©cier la capacitĂ© des Ă©lĂšves Ă  les mobiliser, Ă  les articuler, Ă  leur donner du sens, Ă  comprendre leur utilitĂ©.

■ situation des carrĂ©s8 et son analyse

Dans ce carré, on peut trouver 14 carrés.

Combien de carrés peut-on trouver dans un carré de 5 sur 5, de 8 sur 8 et dans un carré de n sur n ?

Cette situation ne fait appel Ă  aucun savoir complexe. elle demande par contre d’aller au-delĂ  du tĂątonnement, des essais-erreurs au profit d’une observation minutieuse du glissement des plus petits carrĂ©s dans les grands carrĂ©s donnĂ©s selon la direction de leur base et de leur hauteur, de traduire ce phĂ©nomĂšne par des calculs. La demande de gĂ©nĂ©ralisation oblige Ă  comparer les cas particuliers Ă©tudiĂ©s, Ă  y repĂ©rer des rĂ©gularitĂ©s, des similitudes et Ă  les exprimer alors de maniĂšre algĂ©brique. avec ce type de situation, on est davantage dans la fonction aPPreNDre À CHerCHer en effet, ce type de situation amĂšne Ă  chercher un peu Ă  l’aveugle au dĂ©part puis de maniĂšre de plus en plus structurĂ©e9 pour aboutir Ă  la construction d’une formule gĂ©nĂ©rale peu transfĂ©rable Ă  d’autres situations. tout ce processus et son aboutissement donnent souvent un fort sentiment de satisfaction, la fiertĂ© d’y ĂȘtre arrivĂ©, d’avoir relevĂ© le dĂ©fi.

■ situation du pavage10 et son analyse

Cet ensemble de polygones réguliers constitue-t-il un vrai* pavage du plan ?

Pourquoi ?

Reconstruis les preuves mathématiques nécessaires.

*Les pavĂ©s doivent ĂȘtre parfaitement jointifs.

Il ne faut ni trou ni chevauchement.

Le recouvrement doit pouvoir se poursuivre à l’infini.

Le dessin du pavage demande de vĂ©rifier mathĂ©matiquement qu’il est possible et oblige Ă  s’interroger sur les amplitudes des angles des polygones rĂ©guliers.

Cette situation amĂšne Ă  CoNstrUIre UN NoUVeaU saVoIr : la formule permettant de calculer rapidement la valeur de l’amplitude d’un angle de n’importe quel polygone rĂ©gulier11

7 Elle l’est davantage si on envisage de prendre en compte le mode de raccord entre les faces latĂ©rales de la cuve (biseautage, ou non, du verre) (la situation s’adressera alors Ă  des techniciens de la construction).

8 Situation de dĂ©nombrement classique reprise dans des rĂ©pertoires d’énigmes, de type dĂ©nombrement. Voir sa rĂ©solution gĂ©omĂ©trique sur https://www.enigme-facile.fr/enigme-combien-de-carres-5818 (consultĂ© en mars 2022).

9 Voir tome 1, Traitement de données § 3. Pourquoi travailler ces organisations : ranger, trier, classer, hiérarchiser, croiser ?

10 Situation proposée par annoye M., Des polygones pour construire la géométrie, Louvain-La-Neuve, GEM, 1990, p. 19.

11 Cf. lucas F. et al., Explorer les grandeurs, se donner des repÚres, Mont-Saint-Guibert, De Boeck Van In, coll. Math & Sens, 2018. LA MATIÈRE § 4.7.6. Les angles des polygones réguliers.

PARTIE 1 : RÉSOLUTION DE PROBLÈMES 14

Lorsque les amplitudes des angles des polygones rĂ©guliers sont calculĂ©es puis connues, il suffit de vĂ©rifier que la somme des amplitudes des angles des polygones juxtaposĂ©s autour d’un sommet vaut 360 degrĂ©s, propriĂ©tĂ© d’un vrai pavage du plan.

Une situation ne correspond pas par nature Ă  l’une de ces trois fonctions. C’est l’enseignant qui, en tenant compte de son public, des apprentissages vĂ©cus et d’un objectif qu’il se donne avec ce public, dĂ©cide de faire jouer telle ou telle fonction Ă  la situation. Par exemple, la situation du pavage peut ĂȘtre une situation pour :

– construire le mode de calcul des amplitudes des angles des polygones rĂ©guliers si ce n’est pas connu ;

– chercher les diverses sortes de pavages possibles avec une sorte puis plusieurs sortes de polygones rĂ©guliers ;

consolider et intégrer des connaissances sur les polygones réguliers et faire éliminer ou non, en justifiant, le pavage proposé.

À travers ces trois grandes fonctions et au-delĂ , la rĂ©solution de problĂšmes peut viser d’autres objectifs plus spĂ©cifiques comme apprendre Ă  se poser des questions, changer de point de vue, faire des hypothĂšses et les tester, chercher plusieurs dĂ©marches, oser une dĂ©marche originale, modĂ©liser


4. Compétences de « résolveur » de situations problÚmes

La rĂ©solution d’une situation problĂšme est un cheminement complexe qui passe par plusieurs phases et mobilise des compĂ©tences de haut niveau. Ce cheminement n’est pas linĂ©aire, il procĂšde de va-et-vient entre la situation, la rĂ©solution, les pistes de solutions et il nĂ©cessite souvent des retours en arriĂšre et de nombreuses vĂ©rifications.

on peut retenir quatre compétences incontournables12 de « résolveur de problÚmes » et schématiser leurs liens ainsi :

La situation problĂšme

Représenter Résoudre Communiquer

Véri er

Voyons ce que peut recouvrir chacune de ces compĂ©tences, sans chercher Ă  ĂȘtre exhaustif.

Se représenter la situation

C’est en percevoir toutes les composantes et leurs liens : les Ă©lĂ©ments du contexte, les donnĂ©es de divers ordres, les relations entre elles, les opĂ©rations en jeu


C’est cerner la ou les questions qui se posent, celles qui sont Ă  rĂ©soudre, le but Ă  atteindre.

– C’est entrevoir les Ă©lĂ©ments utiles, intĂ©ressants, pertinents ou non pour engager un cheminement.

– C’est la mimer, la reformuler, la dessiner, la schĂ©matiser


Résoudre la situation

– C’est parfois rechercher des donnĂ©es manquantes nĂ©cessaires pour commencer un traitement des donnĂ©es et avancer vers le but recherchĂ©.

15 Com PÉ te NC es D e « r É so LV e U r » D e s I t U at I o N s P rob L Ăšmes
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12 Cf. Introductions demonty i.,
A. et al.
FaGnant

– C’est parfois dĂ©composer le problĂšme en plusieurs « sous-problĂšmes » Ă  rĂ©soudre.

– C’est choisir une dĂ©marche parmi plusieurs envisagĂ©es.

– C’est apprĂ©cier rĂ©guliĂšrement l’écart entre les avancĂ©es rĂ©alisĂ©es dans le traitement et le but recherchĂ©.

– C’est parfois abandonner une dĂ©marche qui mĂšne Ă  une impasse au profit d’une autre.

C’est parfois prendre en compte certaines contraintes imposĂ©es par la situation.

– C’est mobiliser divers acquis utiles et les articuler.

– C’est parfois rĂ©aliser un organigramme de l’enchainement opĂ©ratoire des donnĂ©es utiles vers la solution ou au contraire de la solution vers les donnĂ©es (voir tome 1, traitement de donnĂ©es § 4.3.4.).

– C’est parfois construire ou mettre en Ɠuvre une modĂ©lisation spĂ©cifique (voir rĂ©solution de problĂšmes § 6.) ou, au contraire, c’est oser une stratĂ©gie personnelle, originale.

– C’est apprĂ©cier, interprĂ©ter la ou les solutions obtenues en cohĂ©rence avec la situation et le but recherchĂ©. –


Communiquer

C’est un acte complexe qui peut prendre diverses formes : orale, Ă©crite, dessinĂ©e, schĂ©matique
 C’est donc parfois respecter une forme imposĂ©e, attendue.

– C’est un acte qui engage un Ă©metteur et un rĂ©cepteur. À l’école, communiquer est Ă  envisager de façon adaptĂ©e Ă  l’ñge de l’émetteur et Ă  l’interlocuteur auquel on s’adresse.

– C’est expliciter la situation, sa reprĂ©sentation, sa rĂ©solution, la ou les solutions.

– Ce n’est pas juste proposer des calculs et une solution numĂ©rique. C’est plus largement avoir le souci de rendre comprĂ©hensible Ă  l’interlocuteur sa dĂ©marche, son cheminement liant l’analyse de la situation Ă  l’obtention d’un ou de plusieurs rĂ©sultats.

C’est confronter un ou des rĂ©sultats obtenus au contexte de la situation et aux questions posĂ©es.

C’est parfois expliciter les choix rĂ©alisĂ©s dans la rĂ©solution en fonction du caractĂšre ouvert de la situation ou au contraire en fonction des contraintes imposĂ©es.

Vérifier

tout au long du processus, que ce soit dans la représentation, la résolution ou la communication, des oublis, des erreurs peuvent surgir. DÚs lors, vérifier est une compétence transversale à mobiliser réguliÚrement.

– C’est revenir sur le travail de reprĂ©sentation de la situation, sur la dĂ©marche de rĂ©solution, sur la ou les solutions et les articuler pour s’assurer

‱ de l’exactitude des donnĂ©es utilisĂ©es ;

‱ du non-oubli de l’une d’elles ;

‱ de la correction des opĂ©rations appliquĂ©es et des calculs rĂ©alisĂ©s ;

‱ de la rigueur des Ă©critures (notamment des Ă©critures mathĂ©matiques) utilisĂ©es ;

‱ de la plausibilitĂ©, de la cohĂ©rence de la ou des solution(s) trouvĂ©e(s) par rapport aux questions posĂ©es ou par rapport aux contraintes de la situation.

– C’est aussi confronter son cheminement avec d’autres et s’interroger sur les diffĂ©rences pour Ă©ventuellement le revoir et l’ajuster.

Fagnant a et al., Résoudre des problÚmes : pas de problÚmes !, bruxelles, De boeck, coll. math & sens. Cycle 5/8 ans, 2018 ; cycle 8/10 ans, 2013 ; cycle 10/12 ans, 2016. activités pour développer des compétences de résolveur de problÚmes.

PARTIE 1 : RÉSOLUTION DE PROBLÈMES 16
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d’apprentissage ?

> Les compĂ©tences de rĂ©solveur de problĂšmes sont transversales elles sont utiles pour toutes les disciplines Ă  l’école et dans la vie : la vie quotidienne et la vie professionnelle. Il est donc intĂ©ressant de les travailler de maniĂšre explicite et consciente Ă  l’école.

> Les compĂ©tences de rĂ©solveur de problĂšmes ne se dĂ©veloppent pas suffisamment lorsqu’on les sollicite dans des situations pour construire du nouveau savoir ou dans des situations d’intĂ©gration des acquis. en effet, dans ces deux cas, l’essentiel n’est pas lĂ . La prise de conscience par l’élĂšve de ce que sont ces compĂ©tences et de la maniĂšre d’amplifier leur dĂ©veloppement risque de ne pas se rĂ©aliser.

> en travaillant chacune de ces compĂ©tences pour elle-mĂȘme, avec des moyens adaptĂ©s et explicitĂ©s, l’élĂšve se responsabilise davantage sur cet objectif et apprĂ©cie ses progrĂšs

> Les compĂ©tences de rĂ©solveur de problĂšmes sont des compĂ©tences de haut niveau dont l’élĂšve ne dispose pas naturellement et d’emblĂ©e. Il est donc important de les travailler chacune Ă  chaque cycle de l’école.

> Le travail sur chacune des compétences de résolveur de problÚmes participe au développement des autres compétences.

– Prendre le temps de se reprĂ©senter la situation, de se l’approprier est une attitude spĂ©cifique au rĂ©solveur expert et permet de rĂ©soudre plus efficacement ensuite.

– Éprouver des difficultĂ©s dans la rĂ©solution conduit Ă  revoir la situation, Ă  amĂ©liorer sa reprĂ©sentation.

– Communiquer de façon comprĂ©hensible son cheminement oblige souvent Ă  rendre plus explicites des Ă©lĂ©ments de rĂ©solution.

– VĂ©rifier chaque phase du cheminement amĂšne Ă  mieux prendre conscience de ce qu’implique chacune de ces compĂ©tences : reprĂ©senter, rĂ©soudre, communiquer.

> Les compĂ©tences de rĂ©solveur de problĂšmes relĂšvent d’une haute expertise proche de celle du mathĂ©maticien chercheur. Il est important, par des situations variĂ©es de vraie recherche, de faire sentir aux Ă©lĂšves qu’il n’est pas judicieux de se prĂ©cipiter dans une rĂ©solution. au contraire, ces expĂ©riences doivent leur faire dĂ©couvrir qu’ils peuvent prendre leur temps, rĂ©flĂ©chir en profondeur, faire preuve de patience et de persĂ©vĂ©rance. au terme de plusieurs dĂ©marches rĂ©flexives de ce type, ils pourront rĂ©pertorier des attitudes et des stratĂ©gies prometteuses.

17
Pourquoi travailler les compĂ©tences de rĂ©solveur de situations problĂšmes pour elles-mĂȘmes, les choisir comme objectif

Traitement de données numériques

Introduction

Cette partie prolonge le traitement de données du tome 1 en développant plus spécifiquement le traitement de données numériques. Nous proposons trois domaines mathématiques relatifs à ce type de traitement.

Dans le chapitre « élĂ©ments de combinatoire », nous explicitons la recherche de toutes les possibilitĂ©s d’associations d’élĂ©ments en nombre fini. Nous nous limitons aux situations les plus courantes, accessibles dĂšs le primaire : les situations « produits », les permutations, les arrangements et les combinaisons. Nous dĂ©veloppons divers outils d’organisation des possibilitĂ©s afin de pouvoir les dĂ©nombrer, voire les calculer aisĂ©ment : arbres, tableaux, diagrammes. Dans ce chapitre, c’est davantage les dĂ©marches et leurs reprĂ©sentations graphiques pour dĂ©terminer les solutions qui sont importantes que les formules pour les calculer.

Dans le chapitre «  Ă©lĂ©ments de probabilitĂ©s », nous clarifions d’abord la spĂ©cificitĂ© de la pensĂ©e probabiliste (pensĂ©e non dĂ©terministe) en rĂ©fĂ©rence aux notions d’expĂ©rience alĂ©atoire, de hasard et d’évĂšnement. Une premiĂšre Ă©vocation intuitive de probabilitĂ© est alors possible. Nous nous limitons aux notions Ă©lĂ©mentaires de probabilitĂ© dans une double approche :

l’approche expĂ©rimentale qui s’appuie sur de trĂšs nombreuses rĂ©pĂ©titions (loi des grands nombres) d’une expĂ©rience alĂ©atoire et l’observation de la frĂ©quence d’apparition d’un Ă©vĂšnement ;

l’approche thĂ©orique qui s’appuie sur la notion d’équiprobabilitĂ© des Ă©vĂšnements Ă©lĂ©mentaires d’une situation alĂ©atoire.

Nous illustrons ces notions par des situations accessibles, comme le lancement d’objets, pour montrer qu’une initiation Ă  ces notions est possible avec de jeunes Ă©lĂšves.

Dans le chapitre «  éléments de statistiques », nous caractérisons le questionnement statistique de phénomÚnes, le prélÚvement et le traitement de trÚs nombreuses données. Nous développons les outils propres à ce domaine en suivant la démarche statistique.

Il s’agit d’abord de cerner la situation et de collecter des donnĂ©es. Nous dĂ©veloppons plus particuliĂšrement ce qu’est un sondage sur un Ă©chantillon de la population concernĂ©e par le phĂ©nomĂšne Ă©tudiĂ©. Les Ă©lĂ©ments de ce processus sont clarifiĂ©s, comme les questions de sondage pertinentes, le type de donnĂ©es recherchĂ©es, les facteurs influençant les rĂ©sultats d’un sondage et les caractĂ©ristiques d’un Ă©chantillon reprĂ©sentatif.

Il faut ensuite organiser, prĂ©senter et analyser les donnĂ©es. Les notions de sĂ©rie statistique, de tableau des effectifs et de frĂ©quence statistique sont les premiers concepts indispensables Ă  une organisation des donnĂ©es rĂ©coltĂ©es. L’analyse des donnĂ©es est facilitĂ©e par diverses reprĂ©sentations graphiques des sĂ©ries statistiques : le diagramme Ă  tige et Ă  feuille, le diagramme circulaire, le diagramme en bĂątonnets et l’histogramme.

Enfin, il est possible d’interprĂ©ter des donnĂ©es par des indicateurs statistiques : un indicateur de dispersion des donnĂ©es, l’étendue ; des indicateurs de position, la moyenne arithmĂ©tique, le mode et la mĂ©diane. Ce sont moins des formules que le sens Ă  donner Ă  ces notions que nous dĂ©veloppons afin d’arriver Ă  des interprĂ©tations utiles, des conclusions pratiques, des prises de dĂ©cisions pertinentes.

PARTIE 2 : TRAITEMENT DE DONNÉES NUMÉRIQUES 30
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1. ÉlĂ©ments de combinatoire

La combinatoire1 est une partie des mathĂ©matiques qui s’intĂ©resse Ă  diffĂ©rentes sortes d’associations qu’on peut rĂ©aliser Ă  partir d’un ensemble fini d’objets. Il s’agit d’énumĂ©rer ces associations de maniĂšre exhaustive et/ou de les dĂ©nombrer.

– Quels sont tous les habillages diffĂ©rents possibles avec 2 blouses, 3 pantalons ?

– Quels autres drapeaux que le drapeau belge peut-on faire en utilisant les 3 couleurs (noir, jaune, rouge) placĂ©es l’une Ă  cĂŽtĂ© de l’autre ?

– Combien de codes de 2 lettres distinctes peut-on faire avec les 4 lettres de LOIC ?

– Quelles paires d’enfants parmi 4 peut-on faire pour une danse à 2 ?

dans certaines situations, produire l’inventaire de toutes les possibilitĂ©s nĂ©cessite l’utilisation d’outils ou de stratĂ©gies efficaces, qui sont dĂ©crits plus loin dans ce texte. de plus, lorsque le nombre de possibilitĂ©s est grand, le dĂ©nombrement gagne Ă  ĂȘtre rĂ©alisĂ© par calcul. la recherche et l’application de formules adĂ©quates sont un sujet abordĂ© dans l’enseignement secondaire ; les problĂšmes envisagĂ©s en primaire en constituent toutefois les prĂ©mices.

les associations possibles sont nombreuses et variées. nous nous limitons ici aux plus courantes et aux plus accessibles.

Une approche trop abstraite et formelle de ces notions est Ă  Ă©viter avec les Ă©lĂšves. matĂ©rialiser les diffĂ©rents objets Ă  associer (« vrais » objets ou Ă©tiquettes, images les reprĂ©sentant) permet une mobilitĂ© de ceux-ci et la rĂ©alisation, en tout ou en partie, des associations demandĂ©es. cela permet de rĂ©flĂ©chir Ă  la logique des associations, d’élaborer des organisations qui en tĂ©moignent et de comprendre le dĂ©nombrement qui s’en dĂ©gage.

les diffĂ©rentes associations d’objets sont prĂ©sentĂ©es et dĂ©finies ci-aprĂšs. nĂ©anmoins, leurs dĂ©finitions strictes isolĂ©es sont peu parlantes et n’ont pas grand intĂ©rĂȘt. elles ne sont pas Ă  retenir et Ă  faire Ă©tudier. c ’est bien leur ancrage dans des situations visualisables qui leur donne sens.

1.1. Les situations « produits »

Le produit cartĂ©sien de deux ensembles2 A et B est l’ensemble de tous les couples qu’il est possible de rĂ©aliser en prenant, comme premier Ă©lĂ©ment du couple, un Ă©lĂ©ment du premier ensemble et, comme deuxiĂšme Ă©lĂ©ment du couple, un Ă©lĂ©ment du deuxiĂšme ensemble.

Cet ensemble se note A × B et se dit « A croix B ». On le nomme produit cartĂ©sien.

Un couple, élément de cet ensemble, se note (a, b), a appartenant à A et b appartenant à B.

Le couple (a, b) est diffĂ©rent3 du couple (b, a) qui, lui, appartient Ă  l’ensemble produit B × A.

Voici des situations appelant à réaliser le produit cartésien de deux ensembles (ou plus).

– Quels sont tous les habillages diffĂ©rents possibles avec 2 blouses, 3 pantalons ? (1)

– Combien de codes diffĂ©rents possibles peut-on envisager pour un cadenas Ă  4 chiffres ? (2)

1 La combinatoire est aussi appelĂ©e l’analyse combinatoire.

2 Il est possible d’envisager le produit cartĂ©sien de 3 ensembles A × B × C comprenant des triplets (a, b, c) ; a appartenant Ă  A, b Ă  B et c Ă  C (et le produit cartĂ©sien de n ensembles comprenant des n-uplets). On a A × B × C = (A × B) × C = A × (B × C).

3 (a, b) ≠ (b, a) contrairement Ă  la notion de paire d’élĂ©ments (voir tome 1, Traitement de donnĂ©es, § 4.1.1.1.) : {a, b} = {b, a}.

31 Él É ments de combinatoire

en effet, elles mettent en jeu deux ensembles d’objets (ou plus) : – ensemble de blouses, ensemble de pantalons ;

ensemble des dix chiffres de 0 Ă  9 Ă  considĂ©rer 4 fois pour rĂ©aliser un code de 4 chiffres. il s’agit alors de prendre un Ă©lĂ©ment par ensemble de toutes les façons possibles. on rĂ©alise ainsi un produit cartĂ©sien d’ensembles.

■ reprenons la situation des habillages possibles en couplant des blouses et des pantalons (1).

soit un ensemble constitué de 2 blouses : { , } ou {b1, b2}.

soit un autre ensemble constitué de 3 pantalons : { , , } ou {p1, p2, p3}.

cherchons tous les couples (blouse, pantalon) possibles. recourons Ă  trois supports qui permettent l’énumĂ©ration de ces couples : un graphe sagittal, un tableau, un arbre.

ce type de recherche commence de maniĂšre brouillonne, par essais-erreurs, ajustements. le besoin d’organiser la recherche s’impose pour ĂȘtre sĂ»r de trouver toutes les possibilitĂ©s sans en oublier et sans rĂ©pĂ©ter deux fois la mĂȘme. les supports comme ceux qui suivent sont utiles.

‱ Un graphe sagittal :

on obtient 6 possibilités.

Graphiquement, 6 correspond au nombre de flĂšches entre les deux ensembles.

‱ Un tableau Ă  double entrĂ©e :

on obtient 6 possibilités.

Graphiquement, 6 correspond au nombre de cases dans le tableau Ă  deux entrĂ©es : 2 rangĂ©es de 3 ou 3 colonnes de 2 donc 23 32×× ou

Partie 2 : TRAITEMENT DE DONNÉES NUMÉRIQUES 32
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2 × 3 2 b1 (b1, p1) ; (b2, p1) (b1, p2) ; (b2, p2) (b1, p3) ; (b2, p3) p1 p2 p3 b2 × 3
3 2 3 2 (b1, p1) (b1, p2) (b1, p3) (b2, p1) (b2, p2) (b2, p3) b2 b1 p1 p2 p3

‱ Un arbre de dĂ©nombrement :

on obtient 6 possibilités.

Graphiquement, 6 correspond au nombre de branches terminales de l’arbre.

Par ces supports (graphe sagittal, tableau, arbre) (voir tome 1, Grandeurs § 6.1.1. et traitement de donnĂ©es § 4.2. et § 4.3.), on voit que le nombre de possibilitĂ©s correspond au produit du nombre d’élĂ©ments du premier ensemble par le nombre d’élĂ©ments du second ensemble (voir opĂ©rations et calcul § 2.1.5.).

Le cardinal d’un ensemble est son nombre d’élĂ©ments. Le cardinal de l’ensemble A se note #A.

Le cardinal du produit cartĂ©sien de deux ensembles est le produit des cardinaux de ces deux ensembles. On note #(A × B) = #A × #B.

■ reprenons la situation du code de 4 chiffres (2).

le support qui, ici, permet un dĂ©pliage complet et clair des diffĂ©rentes possibilitĂ©s est l’arbre de dĂ©nombrement. il n’est mĂȘme pas nĂ©cessaire d’y notifier toutes ses composantes.

33 ÉlÉments de combinatoire
2 × 3 2 (b1, p1) (b1, p2) (b1, p3) (b2, p1) (b2, p2) (b2, p3) × 3 b2 b1 p1 p2 p3 p1 p2 p3
0 0 0 0 1er chiïŹ€re 2e chiïŹ€re 3e chiïŹ€re 4e chiïŹ€re 0000 0001 0002 Etc. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 × × × 10 10 10 on obtient 10 000 possibilitĂ©s

la structure en arbre montre bien l’obtention du nombre final de possibilitĂ©s par la multiplication des nombres (toujours 10) de chiffres possibles en 1re, 2e, 3e et 4e position.

1.2. Les permutations

Une permutation d’une suite ordonnĂ©e de n Ă©lĂ©ments diffĂ©rents est une rĂ©organisation de cette suite de n Ă©lĂ©ments dans un ordre diffĂ©rent, sans qu’aucun d’eux ne soit rĂ©pĂ©tĂ©.

On note le nombre de permutations de n éléments distincts Pn.

Une permutation de la suite a, b, c est, par exemple, la suite b, a, c ; une autre est b, c, a.

Quels autres drapeaux que le drapeau belge peut-on rĂ©aliser en utilisant les 3 couleurs (noir, jaune, rouge) placĂ©es l’une Ă  cĂŽtĂ© de l’autre ? (1)

De combien de façons possibles 6 enfants peuvent-ils ĂȘtre alignĂ©s pour une photo ? (2)

■ reprenons la situation des couleurs du drapeau belge pouvant donner lieu Ă  d’autres drapeaux recourant aux 3 couleurs juxtaposĂ©es (1).

Pour ce drapeau, 3 couleurs sont à permuter.

Pour la 1re place, les 3 couleurs sont possibles.

Pour la 2e place, la couleur de la 1re place étant choisie, il reste 2 couleurs possibles.

Pour la 3e place, les couleurs de la 1re place et de la 2e place étant choisies, il reste une couleur possible.

ceci peut se déplier en arbre.

on obtient 6 possibilités.

en passant d’une place Ă  la suivante, il y a un Ă©lĂ©ment de moins possible. on a donc un produit de facteurs « dĂ©gressifs » d’une unitĂ© chaque fois : 33 13 23 21 6

PARTIE 2 : TRAITEMENT DE DONNÉES NUMÉRIQUES 34
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–
–
3 × 2 × 1
1re place 2e place 3e place
1re pl. 2e pl. 3e pl.

■ considĂ©rons la photo de 6 enfants alignĂ©s pouvant donner lieu Ă  d’autres alignements. Voici les dessins des 6 enfants.

Pour la 1re place, les 6 enfants sont possibles. Pour la 2e place, 5 enfants restent possibles. Pour la 3e place, 4, et ainsi de suite.

cela peut ĂȘtre montrĂ© avec un arbre.

× 4 × 3 × 2 × 1

on obtient 720 possibilités.

le nombre total de possibilitĂ©s peut vite devenir grand ! si, dans le cas des couleurs du drapeau belge, il est possible de trouver par tĂątonnement toutes les possibilitĂ©s (6), c’est fastidieux, voire impossible, dans le cas des six enfants Ă  permuter (720). c’est lĂ  qu’on mesure la puissance des outils organisateurs tels que les arbres. la construction et l’utilisation de ces supports sont bien plus importantes que l’application de formules. ces derniĂšres prennent sens Ă  travers ces supports.

on retrouve dans ces deux exemples un produit de facteurs « dĂ©gressifs » d’une unitĂ© Ă  chaque fois. On appelle factorielle n, notĂ©e n!, le produit de n facteurs dĂ©gressifs d’une unitĂ©, depuis le premier facteur n jusqu’au dernier facteur 1. On a n! = n × (n – 1) × (n – 2) × 
 × 1.

Dans la situation des drapeaux, on avait factorielle 3, notée 33 21 !

Dans la situation des enfants, on a factorielle 6, notée 66 54 32 1 !

Pour n éléments distincts, on a donc n! permutations possibles.

35 ÉlÉments de combinatoire
1re
2e
3e
4e
6 × 5
place
place
place
place 5e place 6e place
–
–

Le nombre de permutations de n Ă©lĂ©ments distincts, Pn , vaut n! = n × (n – 1) × (n – 2) × 
 × 1. cette dĂ©finition est valable Ă  partir de n = 2. on pose par convention que 1! = 1 et que 0! = 1. cette convention est nĂ©anmoins comprĂ©hensible en partant d’autres factorielles.

Par exemple : 3! = 4 4 !  et 2! = 3 3 !  ; donc 1! = 2 2 !  = 1 et 0! = 1 1 !  = 1.

1.3. Les arrangements

Un arrangement de k éléments différents4 pris dans un ensemble de n éléments est une suite ordonnée de ces k éléments. On note le nombre de tels arrangements Ak, n.

Combien de codes de 2 lettres distinctes peut-on faire avec les 4 lettres de LOIC ? (1)

Combien de podiums 1 2 3 différents peut-on avoir pour une course de 5 enfants ? (2)

ces situations demandent de rĂ©aliser des tirages successifs d’élĂ©ments dans un ensemble fini donné :

– premier tirage pour une premiùre lettre, pour la place 1 du podium ;

– puis deuxiùme tirage pour une deuxiùme lettre, pour la place 2 du podium ;

– enfin troisiùme tirage pour la place 3 du podium.

l’ordre des Ă©lĂ©ments a de l’importance. en effet,

– le code lo est diffĂ©rent du code ol ;

– le podium « sarah en 1, Hugo en 2, chedid en 3 » diffĂšre du podium « Hugo en 1, chedid en 2, sarah en 3 ».

■ Voyons la situation du code de 2 lettres parmi les 4 lettres loic (1).

ici, vu le peu d’élĂ©ments Ă  arranger, il est possible de trouver ces codes en visualisant les associations de deux lettres Ă  partir des 4 donnĂ©es :

LO LI LC et donc aussi OL IL CL

OI OC et donc aussi IO CO

IC et donc aussi CI

ce qui donne 12 possibilités.

on peut aussi envisager la situation en deux tirages successifs d’une lettre :

– si je tire l comme premiùre lettre, il me reste pour le second tirage 3 lettres possibles : o, i, c ;

– si je tire o comme premiùre lettre, il me reste pour le second tirage 3 lettres possibles : l, i, c ;

– si je tire i
 ; si je tire c

Quelle que soit la premiÚre lettre tirée parmi les 4 disponibles, il y a ensuite 3 lettres possibles pour le second tirage.

4 On pourrait envisager le prĂ©lĂšvement des k Ă©lĂ©ments avec remise, on pourrait alors avoir des rĂ©pĂ©titions d’un mĂȘme Ă©lĂ©ment. Nous ne dĂ©veloppons pas ce cas dans cet ouvrage.

PARTIE 2 : TRAITEMENT DE DONNÉES NUMÉRIQUES 36
–
–
L O I C

on peut alors envisager un arbre de dénombrement lié à ces deux tirages successifs.

on retrouve les 12 possibilités.

on voit clairement ce 12 comme produit du nombre de possibilités pour la 1re lettre par le nombre de possibilités pour la 2e lettre.

les 2 facteurs du produit correspondent aux 2 niveaux de l’arbre, c’est-à-dire aux 2 places à prendre dans chaque code.

l’arbre montre ici, de façon plus Ă©vidente, l’obtention du produit dont le 1er facteur est 4 et le 2e facteur est 3. il montre aussi qu’on s’arrĂȘte Ă  ce deuxiĂšme éventail de 3 branches pour obtenir les codes de 2 lettres. cet arbre est une partie d’un arbre de permutation, une permutation Ă©tant un arrangement particulier de n Ă©lĂ©ments pris parmi n.

■ Voyons la situation du podium 1 2 3 avec 5 enfants : sarah, Hugo, chedid, emma, ali (2).

la place 1 peut ĂȘtre obtenue par 5 enfants diffĂ©rents.

la 1re place Ă©tant prise par un enfant, la place 2 peut encore ĂȘtre obtenue par 4 enfants diffĂ©rents.

la 2e place Ă©tant prise par un enfant, la place 3 peut encore ĂȘtre obtenue par 3 enfants diffĂ©rents.

Sarah, Hugo, Chedid

Sarah, Hugo, Emma

Sarah, Hugo, Ali Ali

37 Él É ments de combinatoire
5 × 4 × 3
Chedid
Emma
Hugo Sarah Chedid Emma Ali Hugo Chedid Emma Ali Place 3 Place 2 Place 1 on obtient 60 possibilitĂ©s. 4 × 3 L LO LI LC OL OI OC IL IO IC CL CO CI O C O I C L O I L I C I L O C 1re place 2e place

le nombre total d’arrangements correspond au produit du nombre de possibilitĂ©s pour la place 1 par le nombre de possibilitĂ©s restantes pour la place 2, par le nombre de possibilitĂ©s restantes pour la place 3. les 3 facteurs du produit correspondent aux 3 niveaux de l’arbre, c’est-Ă -dire aux 3 places Ă  prendre dans chaque arrangement (3 places sur le podium).

dans ces deux situations, on trouve un produit de facteurs dĂ©gressifs d’une unitĂ© comme dans les permutations, mais la dĂ©gression ne va pas jusqu’au facteur 1. on peut gĂ©nĂ©raliser.

dans la situation du code de 2 lettres parmi 4, on a 43 ×  possibilitĂ©s. dans la situation du podium de 3 places pour 5 enfants, on a 54 3 ××  possibilitĂ©s. ces produits commencent comme les factorielles, mais s’arrĂȘtent. les arbres montrent bien comment, en fonction de la situation donnĂ©e et de ses contraintes, occuper les places successives et s’arrĂȘter. le nombre de facteurs est le nombre de « places » Ă  occuper.

2 places

4! = 4 × 3 × 2 × 1

3 places

5! = 5 × 4 × 3 × 2 × 1

cela donne 12 possibilités. cela donne 60 possibilités.

on peut retrouver nos résultats à partir des factorielles.

12 = 43 × = 43 21 21 ×× × × = 4 2 ! !

60 = 54 3 ×× = 54 32 1 21 ×× ×× × = 5 2 ! !

On peut exprimer de maniĂšre gĂ©nĂ©rale le nombre d’arrangements de k Ă©lĂ©ments distincts pris dans un ensemble de n Ă©lĂ©ments diffĂ©rents, notĂ© Ak, n. Ainsi : Ak, n = n! nk ! .

Plus simplement, ceci correspond Ă  k facteurs dĂ©gressifs d’une unitĂ© Ă  partir de n, comme le montrent les exemples : Ak, n = n × (n – 1) × (n – 2) × 
 (n – k + 1)

k facteurs, k places

l’écriture d’une formule comme celle-ci, sous forme littĂ©rale, est le rĂ©sultat d’une gĂ©nĂ©ralisation thĂ©orique. le dĂ©nombrement des cas possibles d’arrangements de k Ă©lĂ©ments distincts parmi n se calcule en s’inspirant des permutations. Pour arriver Ă  cette formule, on s’éloigne de ce qui se fait concrĂštement. il est plus important de comprendre ce qui se passe dans ce genre de situation que de restituer une formule et de l’appliquer. d’autres formules complĂštent celle-ci en analyse combinatoire. les accumuler et vouloir les retenir risque souvent de provoquer un encombrement mental et un dĂ©gout.

on peut remarquer qu’une permutation est un arrangement de n Ă©lĂ©ments pris parmi n. en appliquant le mode de calcul des arrangements possibles, on trouve Pn = An, n =

PARTIE 2 : TRAITEMENT DE DONNÉES NUMÉRIQUES 38
n! nn ! n! 0! n! 1 = n! nn ! n! 0! n! 1 = n! nn ! n! 0! n! 1 = n!
2! qui est aussi (4 – 2) ! 2! qui est aussi (5 – 3) !

1.4. Les combinaisons

Une combinaison de k éléments pris dans un ensemble de n éléments différents5 est un sousensemble de k éléments de cet ensemble. On note le nombre de telles combinaisons Ck, n.

Quelles paires d’enfants parmi 4 peut-on former pour une danse à 2 ? (1)

– Cherchez toutes les collations diffĂ©rentes qu’on peut obtenir en sĂ©lectionnant 3 friandises distinctes parmi 5 proposĂ©es. (2)

ces situations demandent de rĂ©aliser et de dĂ©nombrer des sous-ensembles d’un ensemble d’élĂ©ments donnĂ©s. les Ă©lĂ©ments pris sont diffĂ©rents et l’ordre n’a pas d’importance.

■ Prenons la situation des paires d’enfants pour une danse, pris parmi 4 (1). soit un ensemble de 4 enfants, notĂ© {alice, liam, bob, elio}.

on peut déterminer les sous-ensembles de 2 enfants comme ceci :

{Alice, Liam}, {Alice, Bob}, {Alice, Elio}

{Liam, Bob}, {Liam, Elio}

{Bob, Elio}

ceci donne 6 possibilités.

dans le tableau ci-joint, on élimine

les situations du genre « alice danse avec alice » ;

les doublons du genre : « liam danse avec alice » puisqu’on a dĂ©jĂ  « alice danse avec liam ».

dans la situation oĂč il fallait faire des codes de 2 lettres en les prenant parmi les 4 lettres de loic (voir § 1.3.), il y avait 12 possibilitĂ©s, car l’ordre avait de l’importance. ici, l’ordre est indiffĂ©rent. le duo {alice, liam} est Ă©gal au duo {liam, alice}. il est inutile de considĂ©rer les permutations de ces Ă©lĂ©ments, on garde un duo sur deux par rapport Ă  une situation d’arrangements. il y a donc ici deux fois moins de possibilitĂ©s : 6 au lieu de 12.

le tableau Ă  deux entrĂ©es, qui s’applique ici Ă  la situation particuliĂšre de composition de paires, montre bien cette rĂ©duction de moitiĂ©.

■ Prenons la situation des collations de 3 friandises parmi 5 proposĂ©es (2).

soit les collations différentes suivantes : une pomme, un jus, un biscuit, un caramel, une tartine. le tableau suivant permet de repérer et de noter les trios possibles. ce tableau permet de répertorier de façon structurée les 10 trios de friandises différents possibles.

si on compare Ă  la situation des podiums possibles ( 1 2 3 ) pour 5 coureurs, on avait 60 possibilitĂ©s. c’est beaucoup plus, puisque, dans ce cas, l’ordre importait.

ici, pour un trio tel que {pomme, jus, biscuit}, on n’a pas besoin de considĂ©rer toutes les permutations de ces trois Ă©lĂ©ments.

39 ÉlÉments de combinatoire
–
–
–
6 X X X X X X X X X X X X X X X X X X 3 X X X X X X X X X 1 X X X
5 On pourrait envisager le prĂ©lĂšvement des k Ă©lĂ©ments avec remise, on pourrait alors avoir des rĂ©pĂ©titions d’un mĂȘme Ă©lĂ©ment. Nous ne dĂ©veloppons pas ce cas dans cet ouvrage. Alice Liam Bob Elio
Elio
Alice Liam Bob Elio Alice Alice, Liam Alice, Bob Alice, Elio Liam Liam, Bob Liam, Elio Bob Bob, Elio

on a 6 permutations possibles : {pomme, jus, biscuit}, {pomme, biscuit, jus}, {jus, biscuit, pomme}, {jus, pomme, biscuit}, {biscuit, pomme, jus}, {biscuit, jus, pomme}. on en garde une sur six.

le nombre de permutations se trouve en calculant 3! = 3 × 2 × 1.

donc dans une situation de combinaisons de 3 élĂ©ments parmi 5, on a 6 fois moins de possibilitĂ©s que pour une situation d’arrangements de 3 élĂ©ments parmi 5.

3 × 2 ×

on peut donc relier les combinaisons aux arrangements et généraliser.

nombre d’arrangements de 2 élĂ©ments parmi 4

nombre d’arrangements de 3 élĂ©ments parmi 5

6 = 12 2 = 43 21 × × 10 = 60 6 = 54 3 32 1 ×× ××

nombre de permutations de 2 éléments :

2! = 2 × 1 = 2

nombre de permutations de 3 éléments :

3! = 3 × 2 × 1 = 6

On peut exprimer de maniÚre générale le nombre de combinaisons de k éléments pris dans un ensemble de n éléments différents : Ckn kn A k! n! nk !k! , ,

rappelons que le travail de gĂ©nĂ©ralisation de la recherche, ici en tableau, est intĂ©ressant et que la gĂ©nĂ©ralisation en une formule de calcul pour elle-mĂȘme n’a pas grand intĂ©rĂȘt. il est plus important de comprendre ce qui se passe dans une situation que de tenter de restituer une formule et de l’appliquer.

PARTIE 2 : TRAITEMENT DE DONNÉES NUMÉRIQUES 40
P J J B B B J PBJ PJB B P JPB JBP L J BJP BPJ B P P J
1

> en primaire, il s’agit d’aborder ce type de situation comme des situations pour apprendre Ă  chercher. en effet, rĂ©soudre ces situations ne requiert pas au prĂ©alable de connaissances trĂšs Ă©laborĂ©es. il s’agit ici de dĂ©velopper des compĂ©tences de rĂ©solveur de problĂšmes (voir rĂ©solution de problĂšmes § 4.) comme

– reprĂ©senter la situation de dĂ©part : en l’analysant, en cherchant Ă  comprendre


– rĂ©soudre, raisonner, argumenter : en agissant sur du matĂ©riel, en dessinant, en recourant Ă  diverses schĂ©matisations, en cherchant des liens logiques


– communiquer sa dĂ©marche et ses rĂ©sultats : en organisant sa recherche, en identifiant des Ă©tapes, des moyens utilisĂ©s


vĂ©rifier les diffĂ©rentes Ă©tapes de la rĂ©solution : en se relisant, en confrontant avec les autres


> en primaire, il n’est pas utile de nommer et d’amener Ă  discriminer les situations produits, des permutations, arrangements ou combinaisons. Par contre, il est important d’amener les Ă©lĂšves Ă  rĂ©aliser qu’on passe, avec ce type de situations, Ă  un dĂ©nombrement calculatoire et que cette dimension opĂ©ratoire du dĂ©nombrement rĂ©sulte d’organisations de la recherche et de rĂ©gularitĂ©s Ă  dĂ©gager.

> en secondaire, la distinction entre les divers regroupements d’élĂ©ments peut ĂȘtre observĂ©e, mais ce n’est nĂ©anmoins pas un but en soi, il est intĂ©ressant de percevoir que le dĂ©nombrement calculatoire peut se gĂ©nĂ©raliser et s’écrire sous forme littĂ©rale. La gĂ©nĂ©ralisation de telles situations aide Ă  passer de la pensĂ©e arithmĂ©tique Ă  la pensĂ©e algĂ©brique. il est important dĂšs lors de confronter les Ă©lĂšves Ă  des situations du mĂȘme type, d’ordonner des suites d’opĂ©rations, de chercher les schĂ©mas et les rĂšgles qui peuvent en dĂ©couler.

> en secondaire, ces situations dans lesquelles on recherche les cas possibles préparent le travail sur les probabilités et le traitement statistique (voir traitement de données numériques § 2. et § 3.).

association rallye mathématique transalpin (nombreux problÚmes de combinatoire dÚs la 3e primaire). https:// rmt-belgique.be/problemotheque et http://www.armtint.eu/fr.

lyons m., lyons R., DĂ©fi mathĂ©matique, manuels de l’élĂšve pour les cycles 1, 2 et 3, montrĂ©al, cheneliĂšre Éducation, 2000.

Demonty i., Vlassis J., DĂ©velopper l’articulation arithmĂ©tique-algĂšbre entre le primaire et le secondaire, 10/14 ans, mont-saint-Guibert, de boeck Van in, coll. math & sens, 2018.

41
Pourquoi est-il intĂ©ressant d’aborder des situations de combinatoire en primaire et en secondaire ?
–

Nombres

Introduction

Le tome 1 de ce rĂ©fĂ©rentiel de mathĂ©matiques prĂ©sentait la gĂ©omĂ©trie et les grandeurs. Il nous semblait important que les nombres soient prĂ©sentĂ©s Ă  la suite de ces deux premiers domaines. En effet, l’enfant commence par apprĂ©hender son environnement. Ensuite, il est amenĂ© Ă  concevoir – d’abord qualitativement puis de maniĂšre quantitative – les grandeurs des objets qu’il y rencontre. Quantifier une grandeur s’effectue par dĂ©nombrement ou par mesurage. Ainsi, les grandeurs sont une porte d’entrĂ©e intĂ©ressante pour les apprentissages liĂ©s aux nombres et aux opĂ©rations.

Cette partie s’articule autour de quatre chapitres. Les nombres sont traitĂ©s dans les trois premiers et la numĂ©ration dans le dernier.

Les contenus de cette partie sont proches de ceux enseignĂ©s Ă  l’école fondamentale. Surtout, ils permettent de mieux les comprendre, les articuler et ainsi ĂȘtre plus Ă  l’aise pour les enseigner. Ces contenus ne sont donc en aucun cas Ă  enseigner tels quels

Dans le premier chapitre, nous Ă©tudions d’abord les nombres les plus utilisĂ©s : les nombres naturels

Leur utilisation quotidienne n’en garantit pas la bonne comprĂ©hension et n’assure pas que les bases nĂ©cessaires au calcul soient maitrisĂ©es. Nous en reprenons quelques-unes pour les apprĂ©hender dans toute leur richesse : leur double aspect (cardinal et ordinal), leurs fonctions et leurs dĂ©signations (dont la diffĂ©rence entre chiffre et nombre) ainsi que les principes liĂ©s au dĂ©nombrement. Nous insistons ensuite sur la mise en relation des nombres entre eux en prĂ©sentant les dĂ©compositions – additives et multiplicatives – qui mĂšneront progressivement aux calculs.

Dans le deuxiÚme chapitre, nous étudions les supports qui permettent de structurer les nombres et leurs relations. Plus particuliÚrement, nous présentons des familles de schÚmes, la bande numérique, la droite des nombres ainsi que le tableau de 100.

Dans le troisiĂšme chapitre, nous Ă©largissons le champ numĂ©rique en abordant les diffĂ©rents types de nombres : entiers relatifs, rationnels et rĂ©els. Dans ce chapitre, plus que de chercher Ă  dĂ©finir rigoureusement les nombres de maniĂšre ensembliste, il nous a semblĂ© important d’étudier les types de nombres selon des situations concrĂštes Ă©quivalentes du point de vue du nombre.

Nous clĂŽturons cette partie par un chapitre sur la numĂ©ration pour dĂ©couvrir comment le systĂšme dĂ©cimal a fini par s’imposer de maniĂšre quasi universelle. Pour le comprendre, il est important de maitriser les notions d’échanges et de groupements (par 10 dans notre systĂšme). Ces derniers pourront ĂȘtre matĂ©rialisĂ©s Ă  l’école fondamentale pour en maitriser le fonctionnement. Nous terminons ainsi ce chapitre par des Ă©lĂ©ments d’analyse du matĂ©riel de numĂ©ration.

PARTIE 3 : NOMBRES 88

1. Les nombres naturels

Le nombre est un objet mathĂ©matique frĂ©quemment rencontrĂ© et pourtant extrĂȘmement abstrait. on le trouve dans une multitude de contextes et sous des formes (types ou Ă©critures) trĂšs variĂ©es. DerriĂšre chaque nombre (naturel, entier relatif, rationnel
), il existe de nombreuses situations concrĂštes diffĂ©rentes mais Ă©quivalentes du point de vue du nombre (voir § 3.).

Un nombre est une notion abstraite qui rend compte du rĂ©sultat d’un dĂ©nombrement (d’une grandeur discontinue), d’un mesurage (d’une grandeur continue) ou d’un repĂ©rage (d’une position) (voir tome 1, Grandeurs § 1.2. et GĂ©omĂ©trie § 1.2.3.).

Dans les deux premiers cas, le nombre tĂ©moigne d’une quantitĂ© en rĂ©pondant Ă  la question « combien ? » et, dans le dernier, d’une position en rĂ©pondant Ă  la question « oĂč ? » ou « le/la quantiĂšme ? ».

Nous nous centrons d’abord sur les nombres naturels1, qui sont les premiers nombres rencontrĂ©s, ceux Ă  partir desquels les notions d’aspects cardinal et ordinal ou de dĂ©nombrement prennent leur sens.

Pour crĂ©er la notion de nombre, il est capital de considĂ©rer comme indissociables ses aspects cardinal et ordinal. En effet, associer exclusivement le nombre Ă  une quantitĂ©, c’est occulter une partie de sa complexitĂ©. Ainsi, pour exprimer explicitement une quantitĂ© d’objets sans prendre en compte une quelconque position, au lieu de parler uniquement de « nombre », on prĂ©fĂšrera la formule « nombre de », qui rĂ©pond plus prĂ©cisĂ©ment Ă  la question « combien de ? »

89 L ES N ombr ES NA tur ELS
1 Sans pour autant s’y limiter exclusivement, car plusieurs notions relatives aux nombres naturels peuvent s’étendre aux autres nombres.

Pourquoi privilégier la formule « nombre de » jusque dans les exercices sur feuille ?

> Construire progressivement le passage de situations concrĂštes Ă  l’abstraction du nombre est incontournable. mieux vaut installer des bases solides que vouloir enseigner les nombres, les opĂ©rations et le langage mathĂ©matique abstrait trop rapidement.

> Varier les mots utilisĂ©s enrichit le rĂ©pertoire lexical des enfants et leur permet de comprendre qu’on peut employer les nombres dans de nombreuses situations, qu’elles soient de la vie courante (lorsqu’on utilise des « nombres de degrĂ©s Celsius », des « nombres de centilitres » ; quand on utilise des nombres de pommes, de cartes
) ou plus scolaires (quand on travaille sur des nombres de cases, de jetons, de points
).

> Associer aussi longtemps que possible les objets (Ă©ventuellement mathĂ©matiques) aux nombres auxquels ils se rapportent permet un meilleur accĂšs aux calculs. L’évocation des nombres commence par une approche orale, oĂč il est naturel de prĂ©ciser les objets auxquels se rapportent ces nombres. une fois Ă©crits sur feuille, ces mĂȘmes nombres se trouvent privĂ©s de leurs objets, laissant les enfants seuls face Ă  une Ă©criture symbolique oĂč la rĂ©fĂ©rence Ă  des situations concrĂštes n’est plus du tout perceptible.

Oralement, on dira qu’il y a 2 Ă©lĂšves absents sur une classe de 21 Ă©lĂšves. Il y a donc 19 Ă©lĂšves prĂ©sents. Sur feuille, on Ă©crit « 21 – 2 = 19 ».

> Penser « nombre de » augmente l’efficacitĂ© face aux calculs, surtout pour des calculs qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme difficiles (la difficultĂ© variant selon le moment de l’apprentissage).

L’opĂ©ration elle-mĂȘme peut parfois ĂȘtre reformulĂ©e pour donner plus de sens.

– Le calcul « 6 x 3 » peut poser problĂšme : pense-t-on « paquets de » ou « multipliĂ© par » ? Est-ce le 6 qui agit sur le 3 ou l’inverse ? Exprimer ce calcul « 6 pochettes de 3 crayons » est plus Ă©clairant : cela fait 18 crayons.

– Le rĂ©sultat du calcul « 7 : 21 » n’est pas forcĂ©ment Ă©vident Ă  trouver. Par contre, se demander ce que valent 7 euros par rapport Ă  21 euros permet de rĂ©aliser qu’ils en valent 1 3

> Exprimer les nombres particuliers, comme les nombres à virgule ou les fractions, sous une forme de « nombre de », les rend plus accessibles. En outre, cela facilite les calculs les concernant

– Si l’écriture 0,002 ne permet pas toujours de percevoir ce nombre peu rencontrĂ© dans la vie courante, parler de 2 milliĂšmes, 2 millimĂštres ou 2 millilitres est plus Ă©vocateur.

– Lorsque le calcul « 0,2 + 0,13 » est exprimĂ© sous la forme « 2 dixiĂšmes + 13 centiĂšmes », le besoin d’exprimer les deux nombres dans la mĂȘme unitĂ© se fait directement sentir et une fois cela fait, additionner 20 centiĂšmes et 13 centiĂšmes ne pose pas davantage de problĂšmes que l’addition de 20 billes et de 13 billes.

– Exprimer le calcul « 4 5 –1 5 », « 4 cinquiĂšmes – 1 cinquiĂšme », en considĂ©rant que les « cinquiĂšmes » sont les noms des morceaux, permet de prendre conscience que son rĂ©sultat est aussi Ă©vident que celui de « 4 pommes – 1 pomme ».

DeriDDer M.-P., Hoeben S., Voyage en Calculie, Sambreville, Atzéo, 2018, p. 15. Clé n° 1 « toujours avec mon dénominateur ».

Van Den borre A., La Mathématique en français, bruxelles, Labor, 2000.

90

1.1. Les aspects du nombre

La notion de nombre naturel et ses deux aspects – cardinal et ordinal – se dĂ©gagent de la comparaison de collections d’objets. Cette comparaison ne porte pas sur la nature des objets ou sur leurs caractĂ©ristiques (couleur, taille, allure
), mais sur la possibilitĂ© de mettre (ou non) ces collections en correspondance terme Ă  terme.

La correspondance terme Ă  terme est l’association des Ă©lĂ©ments de deux collections de maniĂšre Ă  faire correspondre Ă  un Ă©lĂ©ment de la premiĂšre un et un seul Ă©lĂ©ment de la seconde et rĂ©ciproquement.

Chaque souris est associĂ©e Ă  un et un seul fromage. Il n’y a pas de souris sans fromage ni de fromage sans souris. On dit qu’il y a correspondance terme Ă  terme entre la collection des souris et celle des fromages.

Deux collections Ă©quipotentes sont deux collections qui peuvent ĂȘtre mises en correspondance terme Ă  terme.

S F S F

La collection S des souris et la collection F des fromages sont équipotentes. Il y a autant de fromages que de souris.

La collection S des souris et la collection F des fromages ne sont pas équipotentes. Il y a plus de souris que de fromages. Il y a moins de fromages que de souris.

C’est Ă  partir de cette notion de correspondance terme Ă  terme et de collections Ă©quipotentes qu’une dĂ©finition du nombre naturel est Ă©tablie.

Un nombre naturel est une propriĂ©tĂ© commune de collections pouvant ĂȘtre mises en correspondance terme Ă  terme ou, autrement dit, une propriĂ©tĂ© commune Ă  toutes les collections Ă©quipotentes.

Le nombre naturel trois est une propriété commune des collections A, B, C et D.

A B C D

91 LES NombrES NAturELS
3

Cette propriĂ©tĂ© numĂ©rique des collections est appelĂ©e cardinal des collections. C’est leur nombre d’élĂ©ments.

Le cardinal des quatre collections, A, B, C et D vaut 3. Ces collections ont le mĂȘme nombre d’élĂ©ments : 3.

1.1.1. Aspect cardinal du nombre naturel

Des collections peuvent ĂȘtre comparĂ©es selon leur nombre d’élĂ©ments. on peut les classer en prenant comme critĂšre « avoir le mĂȘme nombre d’élĂ©ments ».

Soit, en vrac, des images de collections de fruits.

On classe ces images de collections de fruits en colonnes, selon le mĂȘme nombre de fruits.

DĂ©gager les nombres naturels de cette activitĂ© de classement, c’est mettre en Ă©vidence leur aspect cardinal.

L’aspect cardinal des nombres naturels correspond Ă  une quantitĂ© Ă©gale d’élĂ©ments pour des collections diffĂ©rentes.

Chaque classe de collections Ă©quipotentes donne l’idĂ©e du nombre dans sa cardinalitĂ©. Ce nombre qui permet de dire la quantitĂ© associĂ©e Ă  chaque collection est appelĂ© nombre cardinal.

Les collections de 4 Ă©lĂ©ments donnent l’idĂ©e du nombre 4, indĂ©pendamment de leur nature et de leurs caractĂ©ristiques : 4 est le cardinal de ces collections, c’est un nombre cardinal.

Arriver Ă  cette gĂ©nĂ©ralisation de l’aspect cardinal du nombre naturel est essentiel pour parler plus globalement de maitrise du nombre nĂ©cessaire au calcul. En effet, pour arriver Ă  comprendre qu’un calcul comme 2 + 3 donne 5, il faut Ă  la fois pouvoir se rĂ©fĂ©rer Ă  des collections et en mĂȘme temps s’en distancier. DerriĂšre chaque nombre 2, 3 et 5, il y a une multitude d’objets qui peuvent ĂȘtre mis ensemble, ĂȘtre collectĂ©s. Par exemple, 2 crayons gris et 3 autres crayons dans mon plumier, 2 biscuits et 3 bonbons pour ma collation, 2 « bidules » et 3 autres « bidules »  Sans cet accĂšs Ă  l’aspect cardinal du nombre, l’abstraction du calcul est impossible.

PArtIE 3 : NOMBRES 92
Coll. de 4 4 Coll. de 2 2 Coll. de 3 3 Coll. de 1 1 Coll. de 5 5

1.1.2. Aspect ordinal du nombre naturel

Des collections peuvent ĂȘtre comparĂ©es selon leur nombre d’élĂ©ments. on peut les ranger, les ordonner en prenant comme critĂšre « nombre croissant2 d’élĂ©ments ».

On range les images de collections de fruits en ligne, selon le nombre croissant de fruits.

Il suffit de remettre dans l’ordre croissant les colonnes obtenues lors du classement prĂ©cĂ©dent.

DĂ©gager les nombres naturels de cette activitĂ© de rangement, c’est mettre en Ă©vidence l’aspect ordinal des nombres naturels.

L’aspect ordinal des nombres naturels correspond Ă  des quantitĂ©s d’élĂ©ments plus petites ou plus grandes (et donc inĂ©gales) pour des collections diffĂ©rentes.

De la colonne de gauche à la colonne de droite, on voit dans chaque ligne qu’il y a de plus en plus de fruits dans les collections. on voit 1 banane puis 2 cerises puis 3 mandarines, puis 4 bananes et enfin 5 mandarines. Chaque ligne montre des nombres croissants de fruits.

Ici, tant dans le classement que dans le rangement, les collections sont traitĂ©es exclusivement du point de vue du nombre de leurs Ă©lĂ©ments : Ă©gal ou diffĂ©rent et croissant. Les diverses sortes de fruits dans les images ne sont pas prises en compte. NĂ©anmoins, pour les jeunes Ă©lĂšves, ceci peut ĂȘtre perturbant. Les diverses tailles des fruits peuvent influencer leur perception et leur faire dire que 1 banane, c’est plus que 2 cerises, que 4 pommes c’est plus que 5 prunes. SpontanĂ©ment, ils vont accorder de l’importance Ă  ces diverses sortes de fruits et ne comparer que ce qui, pour eux, est comparable : les bananes entre elles, les cerises entre elles
 Se dĂ©tacher de cela est un pas supplĂ©mentaire dans l’abstraction qu’ils feront plus tard.

Chaque ligne de collections ordonnĂ©es donne ainsi l’idĂ©e d’ordre entre les nombres : 2 (fruits), c’est plus que 1 (fruit), le nombre 2 est plus grand que le nombre 1 ; 3 (fruits), c’est plus que 2 (fruits), le nombre 3 est plus grand que le nombre 2


2 On pourrait aussi considĂ©rer le nombre dĂ©croissant d’élĂ©ments.

93 LES NombrES NAturELS
Coll. de 1 Coll. de 2 Coll. de 3 Coll. de 4 Coll. de 5
1 < 2 < 3 < 4 < 5

Arriver Ă  cette gĂ©nĂ©ralisation de l’aspect ordinal du nombre naturel est tout aussi essentiel pour parler plus globalement de maitrise du nombre nĂ©cessaire au calcul.

Dans un calcul retrait comme 15 – 8 qui donne 7, pour enlever les 8 unitĂ©s, il faut rĂ©aliser qu’il faut aussi en prendre dans la dizaine formant 15, puisque 5 unitĂ©s, c’est moins que 8 unitĂ©s, puisque 5 est plus petit que 8.

En se rĂ©fĂ©rant par ailleurs Ă  des collections d’objets, quels que soient les objets, les enfants perçoivent bien qu’on ne peut pas retirer 8 objets hors de 5 objets, 8 objets Ă©tant plus que 5 objets.

1.1.3. Articulation entre aspect cardinal et aspect ordinal

Le nombre ne peut se concevoir que comme une idĂ©e abstraite qui lie de maniĂšre indissociable l’aspect cardinal et l’aspect ordinal.

L’articulation entre ces deux aspects peut se voir au travers de diverses manipulations de collections.

■ Classer et ranger des collections

Ces deux aspects se dĂ©gagent d’une double activitĂ© de classement et de rangement de collections, avec comme critĂšre

– de classement : avoir le mĂȘme nombre d’élĂ©ments ;

de rangement : avoir un nombre croissant (dĂ©croissant) d’élĂ©ments.

reprenons les images de collections de fruits et réalisons le classement et le rangement sous forme de tableau à double entrée, en suivant cette fois les différentes sortes de fruits (voir tome 1, traitement de données § 3.2.2. et § 3.1.).

PArtIE 3 : NOMBRES 94
–
Coll. de 1 1 Coll. de 2 2 Coll. de 3 3 Coll. de 4 4 Coll. de 5 5

Ce tableau montre les deux aspects des nombres.

– Chaque ligne met en Ă©vidence l’accroissement des quantitĂ©s des collections diffĂ©rentes, donc la succession ordonnĂ©e des nombres, leur position relative. C’est l’aspect ordinal.

4, c’est plus que 3 et moins que 5, le nombre 4 se situe entre 3 et 5 ;

– Chaque colonne met en Ă©vidence la permanence d’une mĂȘme quantitĂ© pour des collections diffĂ©rentes. C’est l’aspect cardinal

1 est le cardinal des collections :

lucaS F. et al., Élucider la numĂ©ration pour mieux calculer, Louvain-la-Neuve, De boeck, coll. math & Sens, 2015.

LA mAtIÈrE 2.1. Les aspects du nombre naturel.

■ Emboiter des collections

Lorsque les collections comparĂ©es sont constituĂ©es des mĂȘmes objets qui s’accumulent, des mĂȘmes objets en nombre croissant, on peut les emboiter3

On recommande de manger 5 fruits et légumes par jour. Au fil de la journée, je consomme un fruit ou un légume de plus.

Dans une collection de 5 bananes, on voit celles de 4, de 3, de 2, de 1 banane.

Dans une collection de points également.

L’aspect cardinal correspond aux collections de mĂȘme nombre d’objets : 3 fruits et lĂ©gumes, 3 bananes, 3 points. Vu l’emboitement, l’inclusion des collections, on voit de maniĂšre plus explicite que tout nombre contient les prĂ©cĂ©dents : dans 5, il y a 4, il y a 3, il y a 2, il y a 1.

L’aspect ordinal correspond aux collections de nombre croissant d’objets avec le mĂȘme ordre 1, 2, 3, 4, 5 qui se dĂ©gage de chaque sĂ©rie emboitĂ©e.

Arriver Ă  cette gĂ©nĂ©ralisation du lien entre les aspects cardinal et ordinal par l’emboitement de collections est aussi essentiel pour accĂ©der Ă  la maitrise du nombre nĂ©cessaire au calcul. En effet, pour comprendre un calcul retrait comme 5 – 3 qui donne 2, il faut voir derriĂšre ces nombres 5, 3 et 2 une multitude de collections possibles, mais surtout il est important de comprendre que la collection de 3 fait partie de la collection de 5 et celle de 2 Ă©galement.

Il y a 5 crayons dans mon plumier, je retire les 3 crayons de couleur, il reste les 2 crayons gris.

Plus gĂ©nĂ©ralement, il faut comprendre que « du 5 contient du 3 et du 2 ». Sans cet accĂšs au lien entre aspect cardinal et aspect ordinal du nombre, l’abstraction de ce calcul est impossible.

95 LES NombrES NAturELS
3 On retrouve cet emboitement dans certains livres pour enfants comme La chenille qui fait des trous de Carle E., réédité par Mijade en 1995.

■ utiliser des collections de doigts levĂ©s

Les doigts de la main sont un outil intĂ©ressant pour l’articulation entre le cardinal et l’ordinal. D’une part, ils montrent chaque aspect, selon que les doigts sont levĂ©s successivement ou simultanĂ©ment. Pour indiquer la quantitĂ© d’élĂ©ments d’une collection, son cardinal, on lĂšve simultanĂ©ment le bon nombre de doigts. Pour indiquer la succession des nombres, pour marquer l’ordinalitĂ©, on lĂšve les doigts un par un, successivement.

Le premier doigt levĂ© constitue le 1er Ă©lĂ©ment d’une collection de 1 objet.

Le deuxiĂšme doigt levĂ© constitue le 2e Ă©lĂ©ment d’une collection de 2 objets.

Le troisiĂšme doigt levĂ© constitue le 3e Ă©lĂ©ment d’une collection de 3 objets.

Le quatriĂšme doigt levĂ© constitue le 4e Ă©lĂ©ment d’une collection de 4 objets.

Lorsqu’on lĂšve les doigts un Ă  un, on obtient une collection de doigts, qui se complĂšte. Le cardinal est la vue globale de ce qui a Ă©tĂ© comptĂ© successivement. ordinalitĂ©

Velz E., Initiation aux mathématiques par le bon usage des doigts, Louvain-La-Neuve, Academia, 2020.

1.1.4. Notions liées à ces deux aspects du nombre

■ La notion de quantitĂ© est une propriĂ©tĂ© de collection et non une propriĂ©tĂ© d’objet.

Il est important de comprendre que la quantitĂ© n’est pas une caractĂ©ristique d’un seul objet, comme le serait une de ses grandeurs, mais bien une caractĂ©ristique d’une collection (Ă©ventuellement de 1 objet) indĂ©pendamment de la nature des objets qui s’y trouvent.

Les mots-nombres ou les Ă©critures chiffrĂ©es, lorsqu’ils rĂ©fĂšrent au cardinal de collections et rĂ©pondent Ă  la question « combien de », expriment une quantitĂ©.

Pour cette recette, j’ai besoin de six pommes et de 125 grammes de sucre.

Le « six » nous dit combien de pommes il faut prendre et le « 125 » nous dit combien de grammes de sucre prĂ©voir. « Six » et « 125 » nous disent des quantitĂ©s d’ingrĂ©dients.

■ La notion de position peut ĂȘtre reliĂ©e Ă  l’aspect ordinal des nombres naturels.

Des collections rangĂ©es selon leur nombre croissant d’élĂ©ments font apparaitre un ordre entre les nombres, des nombres plus petits, plus grands, des nombres qui viennent avant, aprĂšs
 un nombre vient juste aprĂšs (avant) un autre quand il vaut un de plus (un de moins) que l’autre.

cinq quatre trois deux

un

deux

trois

quatre

cinq

Quatre vient aprùs trois, car quatre, c’est un de plus que trois ; quatre vient avant cinq, car c’est un de moins que cinq.

PARTIE 3 : NOMBRES 96
cardinalité
un 1 2 3 4 5
1
3
4
5
2

Les nombres naturels Ă©voquent donc aussi leur position les uns par rapport aux autres. Par extension, ils peuvent servir Ă  dĂ©signer des positions d’élĂ©ments qu’on parcourt successivement. Le nombre, dans ce cas, n’est pas la propriĂ©tĂ© d’une collection, mais celle d’un Ă©lĂ©ment.

cinq six sept huit quatre trois deux un Cinq dĂ©signe ici la position de l’élĂ©ment de la sĂ©rie, parcourue dans le sens de la lecture Ă  partir du premier Ă©lĂ©ment. Cinq signifie ici cinquiĂšme.

Ce nombre qui dit une position est appelé nombre ordinal.

« Cinq » qui dĂ©signe une position d’élĂ©ment est synonyme de « cinquiĂšme » et est un nombre ordinal. Les mots-nombres ou les Ă©critures chiffrĂ©es, lorsqu’ils rĂ©fĂšrent Ă  de l’ordinal et rĂ©pondent Ă  la question « oĂč ? », « le quantiĂšme ? », expriment une position (dans une suite ordonnĂ©e).

– Hier, nous avons rĂ©alisĂ© les exercices 1 et 2 de la feuille. Aujourd’hui, nous recommençons Ă  l’exercice 3 et nous poursuivons. Le « 3 » indique que l’exercice Ă  rĂ©aliser est situĂ© entre le deuxiĂšme et le quatriĂšme. Il nous dit oĂč se situe l’exercice sur la page.

– Au touchĂ©-coulĂ©, je propose la case A7. Le 7 dĂ©signe la septiĂšme colonne.

– Je crois que je vais attendre encore un moment à la boucherie. J’ai le ticket 37 et c’est le 32 qui est servi pour le moment. Il reste plusieurs clients avant moi.

Nous avons rendez-vous le 13 mars Ă  10 h. Ce rendez-vous peut ĂȘtre positionnĂ© prĂ©cisĂ©ment dans l’agenda.

■ Dans la litanie, les mots-nombres peuvent Ă©voquer « du cardinal » ou « de l’ordinal ». Imaginons les fromages d’une collection passĂ©s en revue, en associant Ă  chacun un mot-nombre de la litanie (voir § 1.3.1.), rĂ©citĂ©e dans l’ordre.

Que signifient ces mots-nombres ? tout dépend de la façon dont on les relie physiquement ou mentalement aux éléments de cette collection.

Chaque mot-nombre reliĂ© Ă  un Ă©lĂ©ment peut Ă©voquer la position de l’élĂ©ment dans l’énumĂ©ration des fromages : un, le premier Ă©lĂ©ment passĂ© en revue puis deux, le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment passĂ© en revue puis trois, le troisiĂšme


Les mots-nombres Ă©voquent « de l’ordinal ».

Chaque mot-nombre reliĂ© plutĂŽt Ă  une collection d’élĂ©ments Ă©voque la quantitĂ© dâ€˜Ă©lĂ©ments Ă©numĂ©rĂ©s : un, dĂ©jĂ  un fromage passĂ© en revue puis deux (un et encore un), dĂ©jĂ  deux fromages passĂ©s en revue, trois (deux et un de plus), on arrive Ă  trois fromages passĂ©s en revue
 Les mots-nombres Ă©voquent « du cardinal ».

97 LES NombrES NAturELS
–
cinq quatre trois deux un cinq quatre trois deux un

Souvent, le dernier mot rĂ©citĂ© est utilisĂ© pour dĂ©signer la quantitĂ© de toute la collection. Ainsi, c’est important de s’assurer que ce dernier mot est bien compris comme reprĂ©sentant de la quantitĂ© et pas seulement comme le nom, le numĂ©ro, du dernier objet dĂ©signĂ© (voir § 1.4.).

Pour que le dernier mot prononcĂ© corresponde au cardinal de la collection, il faut que les mots soient prononcĂ©s dans l’ordre, celui de la litanie (voir § 1.3.1.).

■ La distinction entre nombre cardinal et nombre ordinal est synthĂ©tisĂ©e dans ce tableau.

Nombre cardinal Nombre ordinal

Le nombre est vu comme la propriĂ©tĂ© d’une/d’un collection Ă©lĂ©ment

Le nombre est considĂ©rĂ© comme mĂ©moire d’une

La correspondance terme à terme (ou le comptage) s’effectue

Deux collections sont considĂ©rĂ©es comme Ă©quivalentes si leur composition est la mĂȘme

Lors de la récitation de la litanie face à une collection, le dernier mot-nombre prononcé

quantité position

sans ordre défini avec ordre donné

du point de vue quantité du point de vue ordre, position

évoque la quantité, le cardinal de la collection (idée de totalisation)

quatre

un

Ă©voque la position de l’élĂ©ment pointĂ© quatre

un

Au début de la scolarité, trois fonctions du nombre sont à retenir : comparer, mémoriser et anticiper.

1.2.1. Les nombres pour comparer

Les nombres permettent de comparer des collections d’objets dans le cas oĂč la diffĂ©rence n’est pas suffisante pour dĂ©terminer sans Ă©quivoque celle qui contient le plus d’élĂ©ments ou lorsque les collections sont Ă©loignĂ©es ou encore si on veut une comparaison prĂ©cise.

■ Pour des collections d’objets peu nombreux on peut comparer les collections en s’appuyant sur la perception. C’est possible grñce au subitizing (voir § 2.).

D’un seul coup d’Ɠil, Flora rĂ©alise qu’il lui reste autant de perles bleues que de perles vertes et qu’il lui reste moins de perles jaunes. Elle identifie directement qu’il reste trois perles bleues, trois vertes et deux jaunes.

PARTIE 3 : NOMBRES 98
intervalle 0 1 2 3 4 5
Le nombre est représenté sur la droite des nombres (voir § 2.2.) par point 0 1 2 3 4 5
1.2. Les fonctions des nombres

■ Pour des collections plus importantes on peut recourir Ă  la correspondance terme Ă  terme (voir § 1.1.) ou au comptage4 puis Ă  la comparaison des rĂ©sultats de ces comptages.

La comparaison entre deux collections peut s’effectuer selon l’aspect cardinal. Si on rĂ©alise une correspondance terme Ă  terme entre deux collections A et b et que le rĂ©sultat montre des Ă©lĂ©ments isolĂ©s dans A, on dira que le cardinal de A est plus grand que celui de b et que celui de b est plus petit que celui de A.

Flora place ses perles vertes et ses perles bleues, alignĂ©es, les unes en dessous des autres. Elle peut ainsi comparer les quantitĂ©s qu’il lui reste : en effectuant mentalement une correspondance terme Ă  terme, elle s’aperçoit qu’il lui reste plus de perles vertes.

Sur le plan cardinal, un nombre x est plus grand qu’un nombre y si x correspond au cardinal d’une collection contenant plus d’élĂ©ments qu’une autre de cardinal y. Il est plus petit dans le cas contraire.

Le nombre 6 est plus petit que le nombre 8, car il correspond au cardinal des collections comportant deux éléments de moins que celles dont le cardinal est 8.

Les comparaisons portant sur les nombres peuvent Ă©galement ĂȘtre effectuĂ©es selon l’aspect ordinal : un nombre x est plus grand qu’un nombre y s’il se trouve plus loin dans la liste ordonnĂ©e des motsnombres.

un deux trois quatre cinq six sept huit neuf

Le nombre huit est plus grand que le nombre six (8 > 6), car il est situé plus loin dans la litanie des mots-nombres. Il est plus petit que le nombre neuf (8 < 9), car il est situé avant.

■ Pour les collections d’un trop grand nombre d’objets on peut les regrouper et ce sont les nombres de groupements qui sont comparĂ©s. Cet accĂšs au comptage de groupements est la base de tous les systĂšmes de numĂ©ration (voir § 4.). Il demande une certaine abstraction, les groupements devenant la nouvelle unitĂ© de comptage.

Il reste trop de perles Ă  Flora pour les compter une Ă  une. Cette fois, elle rĂ©alise un maximum de paquets de dix perles. Dix paquets de dix perles forment un « gros paquet ». Elle a deux « gros paquets » de perles vertes et autant de perles bleues, mais quatre paquets de vertes contre deux paquets de bleues. Quel que soit le nombre de perles restantes, elle sait qu’il lui reste plus de perles vertes que de perles bleues.

99 L ES N ombr ES NA tur ELS
4 Pris ici au sens familier pour signifier ce qu’on appellera plus rigoureusement dĂ©nombrement (voir § 1.4.).

1.2.2. Les nombres pour mémoriser

Le nombre, dans son aspect cardinal, sert de mĂ©moire d’une quantitĂ©. Il permet ainsi d’évoquer cette quantitĂ© et Ă©ventuellement de la communiquer, sans qu’elle soit prĂ©sente.

Madame Micheline doit faire des photocopies pour sa classe. Elle sait que sa classe compte 23 Ă©lĂšves, elle devra donc effectuer 23 copies pour qu’il y en ait une pour chacun.

Dans son aspect ordinal, le nombre sert de mĂ©moire d’une position, d’un ordre. Il permet ainsi d’évoquer la place dans une liste rangĂ©e.

Aujourd’hui, nous reprenons notre feuille d’exercices. Hier, nous avions terminĂ© le troisiĂšme, aujourd’hui, nous devons commencer le quatriĂšme.

1.2.3. Les nombres pour anticiper

Les nombres, utilisĂ©s dans les calculs, permettent Ă©galement d’anticiper des rĂ©sultats. GrĂące Ă  eux, le rĂ©sultat d’une action, d’une opĂ©ration, peut ĂȘtre connu avant mĂȘme de la rĂ©aliser. Il est Ă©galement possible d’anticiper le rĂ©sultat d’une action dans le cas oĂč les quantitĂ©s ne sont pas visibles.

– Malo et Line dĂ©placent des chaises dans un local. Il en faut 80 en tout. Malo en a dĂ©jĂ  apportĂ© 24 tandis que Line en a dĂ©jĂ  dĂ©placĂ© 30. Il n’est pas nĂ©cessaire de retourner dans le local et de compter les chaises pour savoir qu’il y en a dĂ©jĂ  54 et qu’il en manque 26.

– L’institutrice montre une boite noire (opaque) aux Ă©lĂšves et annonce : « la boite contient 8 jetons ». Elle en ajoute 5. Les Ă©lĂšves sont invitĂ©s Ă  chercher, sans les voir, le nombre de jetons que contient la boite. La manipulation pourra confirmer le rĂ©sultat qui aura Ă©tĂ© anticipĂ© par les Ă©lĂšves et non constatĂ© par un Ă©ventuel dĂ©nombrement.

1.3. Les désignations des nombres

Le nombre est un objet mathĂ©matique abstrait qui nĂ©cessite de passer par une dĂ©signation si on souhaite en garder une trace ou le communiquer. Il faut, pour se le rappeler ou l’utiliser, lui donner un nom et le symboliser.

Ainsi, on utilise

– des dĂ©signations verbales (mots-nombres) pour dire les nombres : quatre pommes ;

des désignations schématiques5 pour les voir :  | | | | pommes ou pommes ;

– des dĂ©signations symboliques pour les Ă©crire : 4 pommes.

PARTIE 3 : NOMBRES 100
–
5 Communément appelées représentations analogiques.

Chacune de ces dĂ©signations renvoie au nombre, mais aucune n’est le nombre. Verbaliser quatïżœe

Schématiser

1.3.1. Désignations verbales des nombres

on peut dĂ©signer les nombres au moyen de mots : on les verbalise. Les mots-nombres, utilisĂ©s oralement pour dire les nombres, peuvent ĂȘtre Ă©crits en lettres, on parle de l’écriture numĂ©rale des nombres (un, deux, trois
).

La litanie, parfois appelĂ©e chaine numĂ©rique, est la suite orale ordonnĂ©e des mots-nombres dĂ©signant les nombres naturels à partir de un : un, deux, trois


Chaque mot de la litanie est une dĂ©signation verbale d’un nombre. Elle commence Ă  un et non Ă  zĂ©ro, car elle est utilisĂ©e pour dĂ©nombrer et on ne dĂ©nombre pas Ă  partir de zĂ©ro. Il existe diffĂ©rents stades de comprĂ©hension de la suite des mots-nombres, que nous ne dĂ©veloppons pas ici.

cHeValier a., RĂ©ussir l’entrĂ©e en mathĂ©matiques, mons, Couleur Livres, 2020, p. 58. Paragraphe sur la litanie des mots-nombres.

PiaGet J., SzeMinSKa a., La genĂšse du nombre chez l’enfant, Paris, Delachaux et NiestlĂ©, 1991.

L’enfant qui dispose de la litanie comme d’une collection de mots distincts, mĂ©morisĂ©s dans l’ordre, peut l’utiliser comme une collection intermĂ©diaire. Lors du dĂ©nombrement, le dernier mot prononcĂ© de la litanie correspond au nombre d’objets recensĂ©s dans la collection.

Tim met la table pour son anniversaire. Il compte le nombre d’invitĂ©s et dĂ©clare « nous serons sept ». Face Ă  la pile d’assiettes, il les compte une Ă  une. ArrivĂ© Ă  sept, il sait qu’il peut prendre cette quantitĂ© d’assiettes pour assurer Ă  chaque invitĂ© de recevoir sa part de gĂąteau.

1.3.2. Désignations schématiques des nombres

on peut dĂ©signer les nombres Ă  l’aide de dessins, de schĂ©mas : on les schĂ©matise.

Les schémas utilisés pour évoquer les nombres sont souvent construits avec des points ou des barres, on parle de représentations analogiques des nombres.

Les représentations analogiques sont des collections indépendantes du langage, qui permettent de voir le nombre, de le représenter, de le désigner de maniÚre décontextualisée tout en gardant sa dimension quantitative

Voici un groupe d’amies :

Pour garder trace du nombre d’amies dans ce groupe (ici six), il n’est pas nĂ©cessaire de les dessiner chacune, on peut se contenter de dessiner un point ou de tracer un trait par amie.

101 LES NombrES NAturELS
Symboliser 4 Objet nombre

Ce nombre d’amies est reprĂ©sentĂ© sous forme analogique par ou

Ces collections de points, de traits, sont des reprĂ©sentations analogiques du nombre six. une collection d’objets semi-abstraits6 (traits, points
) qui sert Ă  dĂ©signer un nombre, Ă  en tĂ©moigner, est Ă©galement appelĂ©e collection-tĂ©moin. Il s’agit d’une collection intermĂ©diaire dont le cardinal correspond au nombre qu’on souhaite dĂ©signer.

Les traits gravĂ©s par le prisonnier sur les murs de sa cellule tĂ©moignent du nombre de jours passĂ©s en prison. L’ensemble de ces traits constitue une collection-tĂ©moin.

Les collections-tĂ©moins sont particuliĂšrement utiles pour le jeune enfant qui n’a pas encore accĂšs aux mots-nombres ou aux chiffres. Il peut ainsi exprimer des nombres en utilisant des collections-tĂ©moins, de doigts par exemple. Ces collections-tĂ©moins permettent Ă©galement d’estimer, de comparer, voire de calculer sans devoir recourir Ă  des Ă©critures chiffrĂ©es.

– Lorenzo voudrait trois biscuits. Pour montrer qu’il en veut trois, il lùve trois doigts.

– Tim aide Ă  mettre la table pour le gouter. Il dĂ©termine le nombre d’invitĂ©s en les Ă©nonçant sur ses doigts. À chaque prĂ©nom, il lĂšve un doigt. À la fin, il a sept doigts levĂ©s. Cette collection de doigts tĂ©moigne du nombre de personnes qui auront besoin d’une assiette.

– Lorsqu’on compte les points des diffĂ©rents joueurs, plutĂŽt que d’écrire 1 puis de barrer le chiffre pour Ă©crire 2 et ainsi de suite, on prĂ©fĂšrera tracer un trait par point. En ayant pris soin de rĂ©aliser des groupements de 5 traits, on peut facilement dĂ©terminer le gagnant.

Les schÚmes (voir § 2.1.) peuvent servir de représentations analogiques pour les petits nombres, jusque 10, voire jusque 20.

Les schÚmes des doigts, aussi appelés configurations de doigts, permettent de représenter les nombres.

Ici, sept est montrĂ© par les cinq doigts d’une main (la main entiĂšre) et deux doigts de l’autre main.

Ainsi représenté, sept se distingue aisément de six ou de huit.

Au-delà de 20 et plus particuliÚrement au-delà de 100, le matériel de numération devient un outil intéressant pour représenter les nombres sans les nommer ou les écrire (voir § 4.4.).

1.3.3. Désignations symboliques des nombres

on peut dĂ©signer les nombres Ă  l’aide de symboles : on les symbolise.

Les symboles utilisĂ©s pour Ă©crire les nombres sont des chiffres, on parle de l’écriture numĂ©rique des nombres (1, 2, 3
).

Un chiffre est un symbole utilisé pour écrire un nombre.

Contrairement aux reprĂ©sentations analogiques, ces Ă©critures ne permettent pas un accĂšs direct et intuitif au nombre reprĂ©sentĂ©. Il faut avoir appris Ă  dĂ©coder ces Ă©critures et s’ĂȘtre créé des images mentales solides pour « voir » le nombre derriĂšre ces Ă©critures.

PArtIE 3 : NOMBRES 102
| | | | | |
6
Voir tome 1, Traitement de données § 2.

1.3.3.1. Distinction entre chiffre et nombre

Si le nombre est universel, son Ă©criture est culturelle. Ainsi, on retrouve diffĂ©rents chiffres pour dĂ©signer un mĂȘme nombre selon les cultures ou selon les Ă©poques, par exemple des chiffres romains ou des chiffres indo-arabes (voir § 4.2.).

Le nombre Le chiffre

Réalité représentée symboliquement : le signifié

Le concept numérique universel

Le nombre naturel « sept », comme

– les 7 jours de la semaine, les 7 couleurs de l’arc-en-ciel


– les 7 nains, leurs 7 chapeaux, leurs 7 pioches


Un ou des symboles représentant la réalité : le signifiant

Un symbole, une reprĂ©sentation Ă©crite, culturelle qui dĂ©pend du lieu, de l’époque

Quelques Ă©critures de ce nombre, Ă  l’aide de

– un seul chiffre indo-arabe : 7

– un seul chiffre arabe : –

trois chiffres romains : VII (une fois le V et le chiffre I répété deux fois)

– sept chiffres babyloniens : (le chiffre rĂ©pĂ©tĂ© sept fois)

Dans notre culture, l’écriture chiffrĂ©e est marquĂ©e par un systĂšme de codage trĂšs Ă©laborĂ©, positionnel et en base dix (voir § 4.3.1.). Ce systĂšme est d’une telle efficacitĂ© qu’il est aujourd’hui utilisĂ© de façon universelle. Dans ce systĂšme de numĂ©ration dĂ©cimale, les nombres entiers de zĂ©ro Ă  neuf s’écrivent Ă  l’aide d’un seul chiffre tandis que les nombres Ă  partir de dix s’écrivent Ă  l’aide de minimum deux symboles, deux chiffres.

une croyance populaire veut qu’on parle de chiffres pour dĂ©signer les quantitĂ©s de 0 Ă  9 et de nombres Ă  partir de 10. Il n’en est rien.

Dire que «  les chiffres, c’est de 1 Ă  9 et les nombres, c’est Ă  partir de 10 », c’est ne pas comprendre que s’il existe dans notre systĂšme de numĂ©ration des chiffres de 1 Ă  9, ils dĂ©signent Ă©galement neuf nombres (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9). De plus, c’est oublier de tenir compte du chiffre 0.

Cette croyance erronĂ©e entretient la confusion entre le concept mathĂ©matique (le nombre, le signifiĂ©) et sa reprĂ©sentation (l’écriture chiffrĂ©e, le signifiant), qui dĂ©pend de conventions et peut varier selon les cultures. Cette confusion est renforcĂ©e par l’emploi, dans le langage courant, de formules telles que « chiffre d’affaires », « chiffre rond », « chiffre des dĂ©penses ». Dans ces contextes de la vie courante, le terme chiffre dĂ©signe en rĂ©alitĂ© un nombre (reprĂ©sentĂ© par des chiffres) et cela ne pose aucun problĂšme de comprĂ©hension.

Dans un contexte scolaire, oĂč l’implicite peut ĂȘtre cause d’incomprĂ©hensions et de malentendus cognitifs pour certains Ă©lĂšves, il est prĂ©fĂ©rable d’employer les termes mathĂ©matiquement corrects. on Ă©vitera ainsi de dire qu’on Ă©tudie le chiffre 6 si l’étude porte sur le nombre dans ses diffĂ©rents aspects. L’étude du chiffre 6, c’est l’étude graphique du symbole.

Pour comprendre la diffĂ©rence, on peut comparer les Ă©critures  et 9 : le chiffre 1 est plus grand que le chiffre 9, mais 9 est un nombre plus grand que 1. on peut Ă©galement rĂ©aliser un parallĂšle avec la langue française : la majoritĂ© des mots s’écrivent Ă  l’aide de plusieurs lettres, comme la majoritĂ© des nombres s’écrivent Ă  l’aide de plusieurs chiffres. Pourtant, certains mots s’écrivent parfois Ă  l’aide d’une seule lettre (« à », « y » par exemple), comme certains nombres s’écrivent Ă  l’aide d’un seul chiffre (1 ou 9 par exemple).

103 L ES N ombr ES NA tur ELS

1.3.3.2. Significations des écritures chiffrées

Les Ă©crits chiffrĂ©s peuvent prendre des significations diffĂ©rentes : il peut s’agir d’un nombre (cardinal ou ordinal) ou encore d’un numĂ©ro.

Le tableau suivant montre les différences entre ces écritures chiffrées.

Lorsque les écritures chiffrées expriment une quantité une position un nom, une désignation

ils répondent à la question « combien ? » (« combien de ? »)

« le quantiĂšme ? » (« oĂč ? »)

« lequel, laquelle ? » (« qui ? »)

ils désignent alors un nombre cardinal nombre ordinal numéro

et dans ce cas

on peut utiliser ces Ă©critures chiffrĂ©es pour calculer, car il est possible d’opĂ©rer Ă  partir de leur valeur.

on n’utilise jamais ces Ă©critures chiffrĂ©es pour compter ou calculer. Ces numĂ©ros ne sont jamais Ă©crits en lettres.

Les catĂ©gories d’écritures chiffrĂ©es permettent de s’y retrouver dans un univers complexe. Les chiffres peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s de diffĂ©rentes maniĂšres selon le contexte.

Je dévore mon nouveau roman : je suis déjà à la page 246.

Dans ce cas, 246 renvoie à l’aspect ordinal : je lis les pages dans l’ordre, aprùs la 245 vient la 246.

Toutefois, 246 renvoie aussi au nombre de pages dĂ©jĂ  lues, ce qui correspond alors Ă  l’aspect cardinal.

Le langage courant prĂȘte parfois Ă  confusion. Le mot numĂ©ro peut dĂ©signer des numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone, de bus, de loterie
 Dans ce cas, il est question de numĂ©ro au sens « dĂ©signation d’un objet pour le distinguer d’un autre ».

Les numéros du loto sont sortis : il fallait jouer les numéros 11, 4, 6, 28, 5 et 42 pour gagner le gros lot.

PARTIE 3 : NOMBRES 104

Les chiffres peuvent dĂ©signer des numĂ©ros de maisons, de quai de gare
 Dans ce cas, ces numĂ©ros dĂ©signent aussi un nombre ordinal, les Ă©lĂ©ments Ă©tant « numĂ©rotĂ©s » dans un ordre bien prĂ©cis, pour indiquer leur position.

C’est au tour du n° 378 de passer au guichet. – MathĂ©o doit se rendre au numĂ©ro 56 de la rue Bonchemin. S’il est au numĂ©ro 12 de cette mĂȘme rue, il sait dans quel sens se diriger et il peut estimer s’il est bientĂŽt arrivĂ©.

Parfois, il est difficile de trancher avec certitude et de trouver le mot exact pour exprimer un nombre, un chiffre ou un numĂ©ro. C’est le cas des chiffres de l’horloge. on peut dire que la petite aiguille pointe le chiffre 7 lorsqu’il est 7 h. on ne pourra pas en dire autant s’il est 10, 11 ou 12 h puisqu’il y a alors deux chiffres pointĂ©s. Dans le langage courant, heureusement, on peut se contenter de dire « la petite aiguille est sur le 10 ».

lucaS F. et al., Élucider la numĂ©ration pour mieux calculer, Louvain-La-Neuve, De boeck, coll. math & Sens, 2015.

Activités

1.12. Cherchons des chiffres autour de nous. Cycle 2,5-5 ans.

1.14. baignons dans les chiffres, lisons-les en lien avec les nombres. Cycle 2,5-5 ans. sur le site myvanin.be

1.4. Le dénombrement

PrĂ©cĂ©demment, on a utilisĂ© le terme « compter » qui correspond souvent, dans le langage courant, Ă  une action rĂ©alisĂ©e lorsqu’on souhaite trouver le cardinal d’une collection. En mathĂ©matique, cette notion est plus complexe qu’il n’y parait.

Compter, c’est associer, dans l’ordre et à partir de un, un mot-nombre à chaque objet d’une collection.

Le plus souvent, on compte pour dĂ©terminer une quantitĂ© d’objets d’une collection. Parfois, le comptage ne permet pas de dĂ©terminer le cardinal d’une collection. C’est le cas lorsque le dernier mot-nombre prononcĂ© n’est pas reconnu comme dĂ©signant la quantitĂ© d’objets de la collection, mais plutĂŽt comme le nom du dernier objet pointĂ©. on parle de comptage-numĂ©rotage.

Pour passer du comptage-numérotage au dénombrement, il faut totaliser les unités comptées.

Totaliser, c’est exprimer combien il y en a en tout.

Cette idée de totalisation, de cardinalisation, permet de distinguer le comptage du dénombrement.

DĂ©nombrer, c’est compter-numĂ©roter ET totaliser. C’est dĂ©terminer la quantitĂ© d’objets prĂ©sents dans une collection, c’est rĂ©pondre Ă  la question « combien ? ».

on peut parler de comptage-dĂ©nombrement pour dĂ©signer explicitement le comptage qui permet de dĂ©terminer le nombre d’objets d’une collection, c’est-Ă -dire de dĂ©nombrer.

Le dĂ©nombrement demande la mise en Ɠuvre de quelques principes7

Principe 1 : création mentale des unités

Principe 2 : adéquation unique

Principe 3 : cardinalité

Principe 4 : invariance du cardinal et non-pertinence de l’ordre

Identifier les « uns »

Compter (-numéroter)

Totaliser (cardinaliser)

Dénombrer

7 Ces principes sont inspirés de ceux de Gelman et Gallistel et des étapes de Brissiaud. Les numéros de ces principes sont bien ici des désignations, pas nécessairement ordonnées.

105 L ES N ombr ES NA tur ELS
–

Le premier principe est un prĂ©alable aux suivants. Le deuxiĂšme correspond au comptage-numĂ©rotage, insuffisant pour accĂ©der au dĂ©nombrement s’il n’est pas associĂ© Ă  une totalisation, qui dĂ©coule quant Ă  elle des deux derniers principes. Chaque principe est dĂ©veloppĂ© ci-dessous.

1.4.1. Le principe de création mentale des unités

Créer mentalement les unités est une étape indispensable au dénombrement un par un.

Identifier les unitĂ©s demande de reconnaitre chaque objet d’une collection comme Ă©tant une composante Ă©lĂ©mentaire d’une totalitĂ©. Cela demande de concevoir qu’il est possible de rassembler et de compter ensemble toutes sortes d’élĂ©ments, qu’ils soient de mĂȘme nature ou non8. Les Ă©lĂ©ments de la collection peuvent, en effet, ĂȘtre les mĂȘmes, semblables ou complĂštement diffĂ©rents.

Il faudra faire preuve d’abstraction pour reconnaitre comme « un » chaque Ă©lĂ©ment, quelles que soient sa taille, sa position ou sa nature.

Une collection de jetons : les jetons sont tous les mĂȘmes et sont souvent utilisĂ©s comme collection-tĂ©moin.

– Une collection de pommes : Ă  quelques diffĂ©rences prĂšs, chaque pomme ressemble aux autres, il est facile de les considĂ©rer comme faisant partie d’une mĂȘme collection.

– Une collection d’animaux : chaque individu de la collection est reconnu pour sa qualitĂ© d’animal, mĂȘme s’il ne ressemble pas aux autres. Une sauterelle vaut « un » au mĂȘme titre que l’élĂ©phant.

1.4.2. Le principe d’adĂ©quation unique

Pratiquer l’adĂ©quation unique, c’est associer Ă  chaque objet d’une collection Ă  dĂ©nombrer un mot, le plus souvent un mot-nombre. on parle Ă©galement d’énumĂ©ration.

ÉnumĂ©rer, c’est prendre en compte, sans rĂ©pĂ©tition ni oubli, chaque objet d’une collection.

Pour rĂ©ussir l’adĂ©quation unique, il s’agit de distinguer les objets dĂ©jĂ  comptĂ©s de ceux qu’il reste Ă  pointer.

Si la verbalisation qui accompagne l’énumĂ©ration est la rĂ©citation des mots-nombres successifs, il faut que ces derniers soient toujours rĂ©citĂ©s dans le mĂȘme ordre stable : celui de la litanie. Il n’est toutefois pas nĂ©cessaire que l’action associĂ©e Ă  la prise en compte des unitĂ©s soit la rĂ©citation de la litanie. un seul mot peut ĂȘtre prononcĂ© (« hop, hop, hop  » ou « et de un, encore un, encore un  ») ou un geste effectuĂ© (pointer du doigt ou dĂ©placer lĂ©gĂšrement l’objet pris en compte). DĂ©signer les objets par leur nom, un par un, est dĂ©jĂ  une premiĂšre forme d’énumĂ©ration.

Lucas, 2 ans et passionnĂ© de voitures, observe trois bolides flamboyants. Son papa les dĂ©signe : « il y a une voiture rouge, une voiture noire et une voiture jaune ». Pour les dĂ©signer indĂ©pendamment de leur couleur, il pourrait lui dire « une voiture, une autre voiture et encore une autre » ou mĂȘme « une, encore une et encore une ». Lorsque le mot prononcĂ© lors du pointage est un mot-nombre, il y a une correspondance terme Ă  terme entre les Ă©lĂ©ments de la chaine numĂ©rique (la litanie) et ceux de la collection. C’est en gĂ©nĂ©ral ce qu’on veut dire lorsqu’on emploie le verbe « compter ».

Lucas observe les voitures et demande combien il y en a. Son papa lui répond en les pointant chacune : « une, deux, trois ».

8 En général, on constitue une collection parce que les éléments présentent au moins un caractÚre commun.

PARTIE 3 : NOMBRES 106
–

une fois le principe d’ordre stable Ă©tabli, on peut gagner du temps en pratiquant le comptage par deux, par trois


Au lieu de pointer les objets un Ă  un, on peut, par un geste ou un mot, dĂ©signer des duos d’élĂ©ments. Les mots prononcĂ©s seront ceux de la suite des nombres pairs. C’est le comptage par deux.

L’énumĂ©ration ne garantit pas la totalisation, pourtant indispensable Ă  la conception du nombre. on peut Ă©numĂ©rer sans totaliser. C’est le cas lors du comptage-numĂ©rotage, oĂč le dernier mot prononcĂ© est compris comme Ă©tant le nom du dernier objet pointĂ©. La totalisation dĂ©coule des deux principes suivants.

1.4.3. Le principe de cardinalité

Le mot-nombre utilisĂ© pour dĂ©signer le dernier Ă©lĂ©ment de l’énumĂ©ration doit ĂȘtre identifiĂ© comme le nombre d’élĂ©ments de la collection, Ă  savoir son cardinal. Sans cela, le comptage est vide de sens. C’est ce qu’on observe lorsqu’on demande Ă  un jeune enfant « combien y a-t-il de  » et qu’il rĂ©pond par un nouveau comptage, sans parvenir Ă  donner le dernier mot prononcĂ© lorsqu’on lui demande « et donc, il y en a combien ? ».

1.4.4. Les principes d’invariance du cardinal et de non-pertinence de l’ordre

Pour reconnaitre le dernier mot-nombre prononcĂ© comme Ă©tant la quantitĂ© d’objets dĂ©nombrĂ©s, il faut percevoir l’invariance du nombre cardinal d’une collection et la non-pertinence de l’ordre.

■ Percevoir l’invariance du nombre cardinal d’une collection, c’est parvenir Ă  isoler le nombre d’élĂ©ments et rĂ©aliser qu’il est permanent malgrĂ© les modifications apportĂ©es Ă  la forme, Ă  la couleur, Ă  la grandeur ou encore Ă  la disposition des Ă©lĂ©ments qui composent la collection.

ModiïŹcation de forme

ModiïŹcation de couleur ModiïŹcation de grandeur ModiïŹcation de disposition

cinq cinq cinq cinq cinq

■ Percevoir la non-pertinence de l’ordre, c’est observer que l’ordre dans lequel les Ă©lĂ©ments sont dĂ©nombrĂ©s et l’origine du dĂ©nombrement n’affectent pas le rĂ©sultat (pourvu que le principe d’adĂ©quation unique soit respectĂ©). on parle aussi d’indĂ©pendance du cardinal.

On dénombre en commençant par la droite. cinq cinq

On dénombre en commençant par la gauche.

107 L ES N ombr ES NA tur ELS
cinq

Pourquoi enseigner le

comptage-dénombrement ?

> Le comptage peut permettre le dĂ©nombrement, mais ce n’est pas une Ă©vidence. Pour que le comptage fournisse une rĂ©ponse Ă  la question « combien ? », il faut dĂ©passer le comptagenumĂ©rotage

> Le comptage-numĂ©rotage n’assure pas la totalisation. or, terminer par exprimer combien il y a en tout, en s’assurant que le mot-nombre est bien compris comme reprĂ©sentant de plusieurs Ă©lĂ©ments, est primordial.

Cette totalisation pourra ĂȘtre montrĂ©e de diffĂ©rentes maniĂšres et grĂące Ă  diffĂ©rents supports.

Face Ă  une collection Ă  dĂ©nombrer, au lieu de pointer les objets un Ă  un avec un doigt, je lĂšve chaque fois un doigt supplĂ©mentaire pour montrer la collection qui s’agrandit.

« un deux trois quatre, il y a quatre balles »

« un et encore un, ça fait deux et encore un, ça fait trois et encore un, ça fait quatre »

comptage-numérotage comptage-dénombrement

– Face Ă  la droite des nombres, au lieu de pointer chaque graduation, on peut insister sur la longueur du segment qui augmente. Cela peut se faire en partant de zĂ©ro jusqu’au nombre citĂ© avec un mouvement qui devient de plus en plus ample.

« un deux trois quatre »

« un deux etc. »

mise en Ă©vidence de l’ordinalitĂ© mise en Ă©vidence du cardinal qui s’agrandit

baruK S., Comptes pour petits et grands, pour un apprentissage du nombre et de la numération fondé sur le langage et le sens, Paris, magnard, 1997, chapitre 2 (petits).

briSSiauD r., Premier pas vers les maths, Paris, retz, 2007, p. 21 et suite.

§ Dénombrer en construisant une collection-témoin : pourquoi, comment ?

cHarnaY r., Comment enseigner les nombres entiers et la numération décimale ?, Paris, Hatier, 2013, p. 30-33.

cHeValier A., RĂ©ussir l’entrĂ©e en mathĂ©matiques, mons, Couleur Livres, 2020, p. 52.

§ Les nombres pour dire des quantités.

108
–
0 1 2 3 4 5
0 1 2
3 4 5 0 1 2 3 4 5

Opérations et calcul

Introduction

AprĂšs l’étude des nombres viennent les opĂ©rations sur ceux-ci. Dans cette partie, nous clarifions tout d’abord ce qu’on entend par « opĂ©ration » en mathĂ©matique. Nous dĂ©finissons ce qu’on appelle « les quatre opĂ©rations fondamentales » – addition, soustraction, multiplication, division – Ă  partir des notions de somme, diffĂ©rence, produit et quotient de nombres naturels. Les dĂ©finitions sont centrĂ©es sur l’aspect cardinal des nombres. Elles ne doivent Ă©videmment pas ĂȘtre enseignĂ©es telles quelles aux Ă©lĂšves.

L’addition et la multiplication sont associĂ©es, chacune, Ă  deux dĂ©finitions diffĂ©rentes qui permettent de dĂ©gager des dynamiques opĂ©ratoires distinctes. La soustraction et la division peuvent ĂȘtre vues comme opĂ©rations rĂ©ciproques respectivement de l’addition et de la multiplication. LĂ  aussi, plusieurs dynamiques opĂ©ratoires apparaissent.

Le chapitre sur les sens des opĂ©rations dĂ©veloppe ces dynamiques opĂ©ratoires et les sens au quotidien, dans le champ additif d’une part, dans le champ multiplicatif d’autre part. Ils sont illustrĂ©s par des exemples, des reprĂ©sentations graphiques et enfin des schĂ©matisations plus abstraites. De nouveau, les dĂ©nominations et dĂ©finitions de ces sens ne doivent pas ĂȘtre enseignĂ©es telles quelles, mais doivent ĂȘtre explorĂ©es Ă  travers de nombreux exemples.

C’est en s’appuyant sur ces diffĂ©rents sens qu’on peut comprendre, par la suite, les propriĂ©tĂ©s des opĂ©rations qu’il est possible d’étendre aux ensembles des nombres dĂ©cimaux Ă  virgule, rationnels et rĂ©els.

Les notions de puissances et racines, s’appuyant sur les propriĂ©tĂ©s, peuvent alors ĂȘtre abordĂ©es.

Tous ces contenus trouvent leur utilitĂ© dans le chapitre consacrĂ© au calcul. Nous y prĂ©sentons trois clĂ©s pour calculer (mobiliser des images mentales, les sens et les propriĂ©tĂ©s des opĂ©rations, le sens de l’égalitĂ©) et quatre grandes stratĂ©gies de calcul, dont l’utilisation de la calculatrice. Nous dĂ©veloppons la construction des rĂ©pertoires de calculs automatisĂ©s, les procĂ©dĂ©s essentiels de calcul rĂ©flĂ©chi (dĂ©compositions, compensation) et les algorithmes de calcul Ă©crit

Dans le dernier chapitre, nous nous appuyons sur les images mentales que sont les reprĂ©sentations figurĂ©es pour dĂ©gager diffĂ©rentes familles de nombres. Nous nous arrĂȘtons ensuite sur le concept de divisibilitĂ© en dĂ©finissant et en explicitant les notions de «  diviseur » et de «  multiple », de nombres premiers, de PGCD, de PPCM ainsi que les caractĂšres de divisibilité  tout cela en passant par la construction, les reprĂ©sentations et la mĂ©morisation des tables de multiplication

PARTIE 4 : OPÉRATIONS ET CALCUL 148

1. Opérations, un monde vaste et complexe

1.1. Qu’entend-on par « opĂ©ration » ?

au sens gĂ©nĂ©ral, une opĂ©ration dĂ©signe le plus souvent une action concrĂšte, mĂ©thodique, sur un objet ou un ensemble d’objets, qui vise Ă  un rĂ©sultat. le mot « objet » est ici pris au sens large. au sens quotidien, les opĂ©rations peuvent ĂȘtre des actions concrĂštes.

Une opĂ©ration chirurgicale, une opĂ©ration de sauvetage, l’opĂ©ration CAP48


– Transformer la maison en agrandissant certaines piĂšces, en repeignant les murs, en mĂ©langeant des couleurs.

On peut effectuer des opérations dans divers domaines mathématiques.

– Transformer des figures planes par des symĂ©tries, des rotations, des agrandissements


Combiner des triangles en les juxtaposant pour obtenir certains quadrilatĂšres. dans le domaine des nombres, les Ă©lĂ©ments sur lesquels on opĂšre appartiennent souvent Ă  diffĂ©rentes catĂ©gories. On peut opĂ©rer sur des grandeurs continues ou discontinues (voir tome 1, Grandeurs § 1.1. et § 1.2.), pouvant ĂȘtre prises dans leur aspect cardinal ou ordinal.

– 6 chats + 2 chats = 8 chats : grandeur discontinue (nombre de chats), prise dans son aspect cardinal.

– 6 × 1,5 kg = 9 kg : grandeur continue (masse), prise dans son aspect cardinal.

– 2e Ă©tage + 3 Ă©tages = 5e Ă©tage1 : grandeur discontinue (nombre d’étages), prise dans ses aspects cardinal (3) et ordinal (2e, 5e).

– Je pars Ă  7 heures, je roule pendant 2 heures et j’arrive Ă  7 h + 2 h = 9 h : grandeur continue (durĂ©e), prise dans ses aspects cardinal (2 h) et ordinal (7 h, 9 h).

On peut aussi opĂ©rer sur des nombres sans contexte, souvent pour exercer divers procĂ©dĂ©s de calcul rĂ©flĂ©chi2 et divers algorithmes de calcul Ă©crit (voir OpĂ©rations et calcul § 7.5. et § 7.7.). d Ăšs l’école secondaire, on se dirige vers de nouvelles abstractions en opĂ©rant sur des variables (x, y
) (voir partie algĂšbre).

1.2. Opérer a-t-il toujours du sens ?

Quels que soient les « objets » sur lesquels on opÚre, certaines contraintes de sens sont à respecter.

■ dans le champ additif

si l’on veut additionner ou soustraire des grandeurs, elles doivent ĂȘtre de mĂȘme nature.

Pour le gouter, j’ai 3 pommes et 4 poires, cela me fait 7 fruits3

– Pour rĂ©aliser 30 cl de ce dĂ©licieux cocktail, Tim a versĂ© dans un verre 10 cl de porto et 20 cl de tonic.

– Je pesais 50 kg et j’ai perdu 2 kg, je pùse maintenant 48 kg.

il faut Ă©galement que l’opĂ©ration posĂ©e ait du sens par rapport au contexte.

La longueur de mon auto est de 5 m et la hauteur de ma maison est de 11 m. Il s’agit bien de grandeurs de mĂȘme nature, mais additionner ou soustraire ces deux longueurs n’aurait aucun sens par rapport Ă  la situation dĂ©crite.

1 Nous nous autorisons ici une écriture mélangeant aspects cardinal et ordinal, qui peut sembler abusive ou peu rigoureuse, mais qui correspond bien à la réalité de la situation.

2 On parle aussi de calcul mental.

3 Il est bien entendu qu’on ne peut pas « additionner des pommes et des poires », mais il est possible d’additionner des nombres de fruits. En effet, « ĂȘtre un fruit » est une caractĂ©ristique commune Ă  l’ensemble des pommes et Ă  l’ensemble des poires, on peut donc les rĂ©unir en un ensemble de fruits.

149 Opérati O ns, un m O nde vaste et c O mplexe
–
–
–

■ dans le champ multiplicatif il est possible de multiplier ou diviser entre elles des mesures de grandeurs de mĂȘme nature, mais aussi des mesures de grandeurs de natures diffĂ©rentes, continues ou discontinues.

– La longueur de mon jardin est de 28 m et la largeur est de 11 m ; sa superficie est donc de 28 × 11 × 1 mÂČ = 308 mÂČ.

– Cette bouteille de 75 cl peut contenir la mĂȘme quantitĂ© de liquide que 6 flacons de 125 ml, car 750 ml : 125 ml = 6.

– J’achùte 2 kg de pommes à 3,2 € le kilo, cela coutera

2 kg × 3,2 €/kg = 6,4 €.

– J’ai effectuĂ© 20 km Ă  vĂ©lo en 75 min (1 heure quart), ma vitesse moyenne Ă©tait donc de 20 km : 1,25 h = 16 km/h.

– Le camion-benne a dĂ©jĂ  amenĂ© 3 cargaisons de 6 mÂł de sable, cela fait en tout 3 × 6 mÂł = 18 mÂł.

ici aussi, l’opĂ©ration posĂ©e doit avoir du sens par rapport au contexte.

La longueur de mon auto est de 5 m et la hauteur de ma maison est de 11 m. Multiplier ou diviser ces deux longueurs n’aurait Ă  nouveau pas de sens par rapport Ă  la situation dĂ©crite.

dans ce qui précÚde, nous avons volontairement écrit les unités dans tous les calculs, ce qui rend compte plus explicitement de certaines situations. écrire les unités est utile notamment dans la résolution de problÚmes en lien avec des grandeurs proportionnelles ou encore en physique.

Dans la division « 20 km : 1,25 h = 16 km/h », l’écriture des unitĂ©s traduit bien la rĂ©alitĂ© d’une distance comparĂ©e Ă  une durĂ©e et elle justifie l’unitĂ© de mesure de vitesse.

par contre, dans d’autres situations, les unitĂ©s, bien qu’elles reflĂštent la rĂ©alitĂ© de la situation, alourdissent l’écriture. Pour la multiplication « 2 kg × 3,2 €/kg = 6,4 € », on Ă©crira plutĂŽt « 2 × 3,2 € = 6,4 € ».

BerGer c et al., Construire la multiplication et les tables, mont-saint-Guibert, de Boeck van in, coll. math & sens, 2017.

la matiÈre, 2.3.3.

BaLLeux l et al., Mobiliser les opérations avec bon sens !, Bruxelles, de Boeck, coll. math & sens, 2013. 1.1. sur quels objets opÚre-t-on ?

2. Définitions mathématiques des opérations

les quatre opĂ©rations fondamentales sont ici dĂ©finies dans l’ensemble ℕ des nombres naturels, puis seront Ă©tendues Ă  d’autres ensembles de nombres (voir OpĂ©rations et calcul § 5.).

dans un souci de rigueur thĂ©orique, les concepts de somme, produit, diffĂ©rence et quotient seront prĂ©alablement dĂ©finis Ă  partir de la thĂ©orie des ensembles. il en ira de mĂȘme pour les dĂ©finitions des diffĂ©rentes opĂ©rations. les dĂ©finitions seront donc centrĂ©es sur l’aspect cardinal des grandeurs (discontinues) sur lesquelles on opĂšre.

PARTIE 4 : OPÉRATIONS ET CALCUL 150

> ces définitions ont une forme abstraite et peu ou pas accessible aux élÚves du primaire.

> Plus que connaitre la dĂ©finition de chacune de ces opĂ©rations, c’est mobiliser leurs divers sens possibles qui est essentiel et utile en calcul (voir OpĂ©rations et calcul § 3. et § 7.2.2.).

> Les mathĂ©matiques sont plutĂŽt un ensemble d’expĂ©riences permettant de donner du sens aux concepts et non un ensemble de dĂ©finitions juxtaposĂ©es ; il convient donc de varier les situations et les approches des opĂ©rations.

> en lien avec les définitions mathématiques, les situations, les approches variées et les illustrations concrÚtes permettent aux enfants de verbaliser ces derniÚres avec des mots de leur quotidien.

2.1. Les opĂ©rations « directes » : addition – multiplication

2.1.1. La somme de deux nombres naturels

la somme de deux nombres naturels peut se dĂ©finir Ă  partir de la thĂ©orie des ensembles. Soit deux ensembles disjoints A et B dont les nombres d’élĂ©ments respectifs sont a et b.

La somme des nombres a et b est le nombre d’élĂ©ments de la rĂ©union4 de ces deux ensembles : A U B. Elle se note a + b. a

A U B

B = ? 3 + 2 = 5

+ b

Si on rĂ©unit deux collections, l’une de 3 objets et l’autre de 2, on obtient une collection de 5 objets. dans cette dĂ©finition, les rĂŽles de a et de b sont interchangeables, ils reprĂ©sentent chacun le nombre d’élĂ©ments d’un ensemble. ceci entraine de maniĂšre Ă©vidente que a + b est Ă©gal Ă  b + a.

2.1.2. L’addition vue comme une opĂ©ration qui combine

L’addition de nombres naturels est une relation qui, à tout couple de nombres naturels (a, b), associe le nombre naturel a + b qui est leur somme.

cette relation se représente schématiquement par : (a, b) a + b

la somme des éléments de chaque couple de naturels est un nombre naturel.

151 d éfiniti O ns mathémati Q ues des O pérati O ns
pourquoi ne pas fournir de définitions théoriques des opérations aux élÚves ?
A
(0, 0)‱ ‱ 0 (0, 1)‱ ‱1 (4, 3)‱ ‱7 (5, 2)‱ (6, 3)‱ ‱9 4 Voir tome 1, Traitement de donnĂ©es § 4.1.2.3.

l’ensemble de tous les couples obtenus en associant chaque nombre naturel Ă  un autre nombre naturel est appelĂ© produit cartĂ©sien de ℕ avec lui-mĂȘme et est notĂ©5 ℕ x ℕ

pour chaque Ă©lĂ©ment de ℕ x ℕ, on peut trouver une somme dans ℕ rĂ©aliser la table d’addition permet de voir que l’opĂ©ration est toujours possible : la premiĂšre colonne donne le premier Ă©lĂ©ment des couples de ℕ x ℕ et la premiĂšre ligne donne le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment de ces couples. À l’intĂ©rieur du tableau apparait, dans chaque case, la somme associĂ©e Ă  chaque couple.

11 8

9

9 10 11 9 9 10 11 10 10 11 11 11 


un mĂȘme nombre naturel peut ĂȘtre la somme liĂ©e Ă  plusieurs couples de naturels.

7 est la somme liée à (4, 3) ; (5, 2) et aussi à (0, 7) ; (1,

; (3,

; (6, 1) et (7, 0).

Les nombres a et b intervenant dans l’addition sont appelĂ©s termes.

Dans l’égalitĂ© 3 + 2 = 5, les nombres 3 et 2 sont les termes de l’addition.

2.1.3. L’addition vue comme une opĂ©ration qui transforme

la notion d’opĂ©ration est souvent associĂ©e Ă  celle de fonction. pour les nombres, la fonction numĂ©rique associĂ©e Ă  une opĂ©ration transforme chaque nombre en un autre.

f(x) : x y = x + 3

l’addition dans ℕ est alors une fonction numĂ©rique « qui ajoute ». elle transforme chaque nombre naturel en un autre nombre naturel.

la fonction numĂ©rique de l’exemple peut se reprĂ©senter de maniĂšre gĂ©nĂ©rale :

+ 3 x y

l’expression « + 3 » porte ici le nom d’opĂ©rateur l’opĂ©rateur se compose du signe d’opĂ©ration et d’un nombre.

+ 3 + 3 + 3 2 5 1 4 0 3

5 Le signe « X » utilisĂ© ici, qui se lit « croix », associĂ© au produit cartĂ©sien (voir Traitement de donnĂ©es § 1.1.) de l’ensemble ℕ avec lui-mĂȘme, ne doit pas ĂȘtre confondu avec le signe « × » associĂ© au produit de deux nombres.

PARTIE 4 : OPÉRATIONS ET CALCUL 152
+ 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 
 
 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 2 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 3 3 4 5 6 7 8 9 10 11 4 4 5 6 7 8 9 10 11 5 5 6 7 8 9 10 11 6 6 7 8
10
7 8
9
11 7
10
8
6)
5)
; (2,
4)

dans cette reprĂ©sentation, les rĂŽles des deux termes se distinguent. le premier terme est le nombre x de dĂ©part sur lequel on agit, le deuxiĂšme terme correspond au nombre de l’opĂ©rateur, c’est celui qui agit sur le premier. le nombre y est le nombre transformĂ©, il correspond Ă  la somme des deux termes.

2.1.4. Les interprĂ©tations de l’addition

les mots du quotidien qui traduisent l’opĂ©ration d’addition sont, selon les situations, « rĂ©unir », « avec », « ensemble », « et » 

Dans le panier de fruits, il y a 3 pommes et 4 bananes ; en tout, il y a 7 fruits. ou « ajouter », « mettre en plus » 

J’avais 6 € dans ma tirelire, mon parrain me donne 5 €, j’ai maintenant 11 €. il s’agit lĂ  de deux sens complĂ©mentaires ou possibles de l’addition, le premier faisant plutĂŽt rĂ©fĂ©rence Ă  l’opĂ©ration qui combine et le second Ă  l’opĂ©ration qui transforme (voir OpĂ©rations et calcul § 3.3.).

2.1.5. Le produit de deux nombres naturels

le produit de deux nombres naturels peut se définir à partir de la théorie des ensembles. Soit A et B deux ensembles disjoints contenant respectivement a et b éléments.

Le produit des nombres a et b est le nombre de couples obtenus6 en associant chacun des Ă©lĂ©ments de A avec chacun des Ă©lĂ©ments de B. Il se note a × b. B

A × b = ?

a

3 × 2 = 6

A X B

Si on forme tous les couples possibles en associant chacun des 3 Ă©lĂ©ments d’une collection avec chacun des 2 Ă©lĂ©ments d’une autre collection, on obtient 6 couples.

une autre façon de prĂ©senter le produit cartĂ©sien a x B (ou B x a) est le tableau Ă  double entrĂ©e (voir tome 1, traitement de donnĂ©es § 4.2.). les Ă©lĂ©ments de a x B et de B x a sont diffĂ©rents, mais leur nombre est le mĂȘme.

A X B B X A

cet outil, plus visuel, amĂšne une image mentale forte et efficace du produit de deux nombres sous forme de rectangle.

6 Pour rappel, cet ensemble de couples obtenus en associant chacun des Ă©lĂ©ments du premier ensemble avec chacun des Ă©lĂ©ments du second ensemble s’appelle le produit cartĂ©sien des deux ensembles (voir Traitement de donnĂ©es § 1.1.).

153 d éfiniti O ns mathémati Q ues des O pérati O ns

dans cette dĂ©finition, les nombres a et b ont le mĂȘme statut et sont interchangeables. ceci entraine de maniĂšre Ă©vidente que a × b est Ă©gal Ă  b × a.

a × b est Ă©gal Ă  b × a a b b a

dans cet ouvrage, nous notons « × » le signe de multiplication, ainsi qu’il est coutume de le faire Ă  l’école primaire. dans l’enseignement secondaire, ce signe sera remplacĂ© par un point, afin de ne pas confondre avec le « x » utilisĂ© comme lettre en algĂšbre. plus tard, il disparaitra. l’expression « a × b » deviendra « a . b » puis enfin « ab ». du point de vue de la lecture orale, en Belgique francophone, le symbole « × » se dit gĂ©nĂ©ralement « fois », dans le sens « paquets de ». en france, ce mĂȘme symbole se lit « multipliĂ© par » (voir OpĂ©rations et calcul § 2.1.7.).

2.1.6. La multiplication vue comme opération qui combine

La multiplication de nombres naturels est une relation qui, à tout couple de nombres naturels (a, b), associe le nombre naturel a × b qui est leur produit.

cette relation se reprĂ©sente schĂ©matiquement par : (a, b) a × b le produit des Ă©lĂ©ments de chaque couple de naturels est un nombre naturel.

(0, 0)‱ ‱ 0 (0, 1)‱ (1, 3)‱ ‱3

(2, 6)‱ ‱12

(3, 4)‱

(4, 3)‱

pour chaque Ă©lĂ©ment de l’ensemble notĂ©7 ℕ x ℕ, on peut trouver un produit dans ℕ rĂ©aliser la table de multiplication permet de voir que l’opĂ©ration est toujours possible : la premiĂšre colonne donne le premier Ă©lĂ©ment des couples de ℕ x ℕ et la premiĂšre ligne donne le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment de ces couples. À l’intĂ©rieur du tableau apparait, dans chaque case, le produit associĂ© Ă  chaque couple.

7 Le signe « X » utilisĂ© ici, qui se lit « croix », associĂ© au produit cartĂ©sien (voir Traitement de donnĂ©es § 1.1.) de l’ensemble ℕ avec lui-mĂȘme, ne doit pas ĂȘtre confondu avec le signe « × » associĂ© au produit de deux nombres.

PARTIE 4 : OPÉRATIONS ET CALCUL 154

un mĂȘme nombre naturel peut ĂȘtre le produit liĂ© Ă  plusieurs couples de naturels :

18 est le produit lié à (2, 9) ; (3, 6) ; (1, 18) ; (6, 3) ; (9, 2) et (18, 1).

Les nombres a et b intervenant dans la multiplication sont appelĂ©s facteurs. Dans l’égalitĂ© 3 × 5 = 15, les nombres 3 et 5 sont les facteurs de la multiplication.

2.1.7. Une autre définition du produit de deux nombres naturels

Soit a ensembles disjoints contenant chacun b Ă©lĂ©ments. Le produit des nombres a et b est le nombre d’élĂ©ments de la rĂ©union8 de ces a ensembles de b Ă©lĂ©ments. Il se note a × b ou b × a. le choix de l’écriture du produit dĂ©pend de la lecture qu’on en fait.

a × b = ? ou b × a = ?

3 × 2 = 6 ou 2 × 3 = 6 3 paquets de 2 = 6 ou 2 multipliĂ© par 3 = 6

Si on rĂ©unit 3 collections de 2 objets chacune, on obtient une nouvelle collection de 6 objets. dans cette dĂ©finition, les nombres a et b n’ont pas le mĂȘme rĂŽle. le nombre a reprĂ©sente le nombre d’ensembles, de « paquets », tandis que b reprĂ©sente le nombre d’élĂ©ments de chaque ensemble, de chaque paquet. le nombre a « qui agit » s’appelle le multiplicateur et le nombre b « qui subit » s’appelle le multiplicande9

8 Voir tome 1, Traitement de données § 4.1.2.3.

9 On dit parfois aussi le « multipliĂ© ». Les Ă©lĂšves ne doivent pas d’emblĂ©e retenir ces mots.

155 d Ă©finiti O ns mathĂ©mati Q ues des O pĂ©rati O ns × 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 2 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 3 0 3 6 9 12 15 18 21 24 27 30 33 36 39 4 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 6 0 6 12 18 24 30 36 42 48 54 60 7 0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 8 0 8 16 24 32 40 48 56 64 9 0 9 18 27 36 45 54 63 10 0 10 20 30 40 50 60 
 11 0 11 22 33 44 55

le produit dont le multiplicateur est a = 3 et le multiplicande b = 2 peut se représenter

il s’écrit

3 × 2 en « vision active » (usitĂ©e en Belgique par exemple, le multiplicateur est « devant »).

il se dit

3 paquets10 de 2

3 fois (silence) 2

3 tas de 2

2 × 3 en « vision passive » (usitĂ©e en France par exemple, le multiplicateur est « derriĂšre »).

2 multiplié par 3

2 (silence) fois 3

2 pris 3 fois

en se rĂ©fĂ©rant Ă  ce qui prĂ©cĂšde et Ă  la dĂ©finition d’une somme (voir OpĂ©rations et calcul § 2.1.1.), cette approche prĂ©sente le produit comme une somme (rĂ©pĂ©tĂ©e) :

3 × 2 (« 3 paquets de 2 ») = 2 + 2 + 2

2 × 3 (« 2 multipliĂ© par 3 ») = 2 + 2 + 2

cette façon d’envisager le produit de deux nombres naturels en lien avec la rĂ©union d’ensembles correspond Ă  un autre « sens » de la multiplication (voir OpĂ©rations et calcul § 3.4.). c ’est pour cette raison que nous la prĂ©sentons Ă©galement ici. les deux dĂ©finitions du produit (voir OpĂ©rations et calcul § 2.1.5 et § 2.1.7.) ne sont pas contradictoires ; au contraire, on peut passer de l’une Ă  l’autre.

reprĂ©sentons par exemple le produit 3 × 2 (« 3 paquets de 2 ») par un nombre de carrĂ©s, on a donc, selon la deuxiĂšme dĂ©finition du produit : 2 carrĂ©s + 2 carrĂ©s + 2 carrĂ©s

On peut les rassembler en un rectangle qui compte 3 lignes (« paquets horizontaux ») de 2 carrés ou encore 2 colonnes (« paquets verticaux ») de 3 carrés.

de la mĂȘme maniĂšre, le produit 2 × 3 (« 2 paquets de 3 ») peut se reprĂ©senter, selon la deuxiĂšme dĂ©finition : 3 carrĂ©s + 3 carrĂ©s

On peut les rassembler en un rectangle, qui compte 2 lignes (« paquets horizontaux ») de 3 carrés, ou encore 3 colonnes (« paquets verticaux ») de 2 carrés.

On retrouve dans les deux cas les rectangles de la premiĂšre approche. Outre la commutativitĂ© de la multiplication (voir OpĂ©rations et calcul § 4.1.), ceci montre que le nombre de carrĂ©s, ici 6, dĂ©pend uniquement des nombres 2 et 3, ou 3 et 2, qui jouent le mĂȘme rĂŽle dans le calcul.

Deruaz M., cLivaz s , Des mathĂ©matiques pour enseigner Ă  l’école primaire, lausanne, presses polytechniques et universitaires romandes, 2018.

10 Quand il s’agira de grandeurs continues, par exemple des longueurs, des capacitĂ©s, des volumes
, le mot « paquets » ou « tas » ne sera pas trĂšs heureux. On pourra le remplacer par « morceaux », « entitĂ©s », « parts », « regroupements » 

PARTIE 4 : OPÉRATIONS ET CALCUL 156

2.1.8. La multiplication vue comme une opération qui transforme

À l’instar de l’addition, la multiplication peut ĂȘtre associĂ©e Ă  une fonction numĂ©rique.

f(x) : x y = x × 3 ou f(x) : x y = 3 × x qui devient f(x) : x y = 3 x la multiplication dans ℕ est une fonction numĂ©rique « qui multiplie ». elle transforme chaque nombre naturel en un autre nombre naturel.

la fonction numĂ©rique de l’exemple peut se reprĂ©senter de façon gĂ©nĂ©rale :

× 3 x y

l’opĂ©rateur est « x 3 ».

× 3 × 3 × 3

2 6 0 0 4 12

dans cette reprĂ©sentation en diagramme flĂ©chĂ©, si on lit de gauche Ă  droite, il faut s’exprimer selon la « vision passive » donc dire (par exemple, pour le dernier graphe flĂ©chĂ©) « 4 multipliĂ© par 3 » ou « 4 (silence) fois 3 » ou encore « 4 pris 3 fois » (voir OpĂ©rations et calcul § 2.1.7.).

> La verbalisation du signe « × », uniquement par le mot « fois », peut prĂȘter Ă  confusion, car elle peut s’interprĂ©ter de deux façons. selon la maniĂšre de dire oralement « 2 fois 3 », on peut comprendre :

2 fois (silence) 3, (2 fois 3 boules ou 2 paquets de 3 boules)

2 (silence) fois 3, (2 boules, fois 3 ou 2 boules prises 3 fois)

La verbalisation qui privilĂ©gie la « vision active » (adoptĂ©e en Belgique francophone) suit la logique du langage courant, mais amĂšne une incohĂ©rence dans l’écriture des opĂ©rateurs (voir OpĂ©rations et calcul § 2.1.7.). ici, le « fois » signifie « paquet(s) de », donc le multiplicateur est le premier facteur de la multiplication. dans « 2 × 4 », c’est le 2 qui agit sur le 4. dans cette expression, l’opĂ©rateur, le nombre qui agit, est placĂ© « devant », Ă  gauche.

Ceci est en dĂ©saccord avec les autres opĂ©rations pour lesquelles l’opĂ©rateur est placĂ© « derriĂšre », Ă  droite :

4 + 2

4 : 2 mais 2 × 4 4

d éfiniti O ns mathémati Q ues des O pérati O ns
pourquoi distinguer les deux interprétations de « fois » : « paquet(s) de » et « multiplié par » ?
157
– 2

> Une mauvaise interprĂ©tation risque d’amener les Ă©lĂšves Ă  proposer des reprĂ©sentations erronĂ©es. par exemple, pour reprĂ©senter « 2 × 3 = 6 » par un diagramme flĂ©chĂ©, les Ă©lĂšves pourraient Ă©crire les nombres dans l’ordre oĂč ils les disent et les entendent, comme pour les autres opĂ©rations.

*la vision active de 2 × 3 = 6 (2 paquets de 3) est reprĂ©sentĂ©e erronĂ©ment par

× 3 2 6

ceci n’est pas correct, puisque l’opĂ©rateur est bien « 2 × » (2 paquets de) ; il convient donc de reprĂ©senter

2 × 3 6

*par contre, la vision passive pour 2 × 3 = 6 (2 multipliĂ© par 3 est Ă©gal Ă  6) ne pose pas cette difficultĂ© et reste cohĂ©rente avec le graphe flĂ©chĂ©.

× 3

2 6

ceci est important, car les diagrammes fléchés sont trÚs utiles dans la résolution de problÚmes mettant en jeu des grandeurs proportionnelles, par exemple. il convient donc de les dessiner et de les lire correctement (voir tome 1, Grandeurs § 6.2.).

> Dans l’énoncĂ© d’une multiplication Ă©crite, la vision passive est prĂ©fĂ©rable, le multiplicateur Ă©tant gĂ©nĂ©ralement le second facteur qu’on Ă©crit en posant le calcul.

par exemple, 4 7 5 × 3 se lit : « 475 multipliĂ© par 3 » ou « 475 (silence) fois 3 ».

cependant, lorsque le fonctionnement de l’algorithme est maitrisĂ©, le rĂŽle des deux facteurs est indiffĂ©rent, le calcul Ă©crit n’étant qu’un moyen d’obtenir la valeur du produit. Que l’on cherche le prix total pour 3 objets Ă  475 €, le nombre total de marqueurs dans un lot de 475 pochettes de 3 marqueurs ou l’aire d’un chemin de 3 m de large sur 475 m de long, le calcul Ă©crit sera posĂ© de la mĂȘme maniĂšre : placer en dessous comme multiplicateur le nombre « qui a le moins de chiffres », car c’est sous cette forme que son fonctionnement est efficace.

2.1.9. Les interprétations de la multiplication

les mots du quotidien qui traduisent l’opĂ©ration de multiplication sont, selon les situations, « prendre plusieurs fois », « faire des paquets de, des tas de » 

J’achùte 3 marqueurs à 2 €, cela me coute 6 €.

ou « combiner », « coupler », « croiser » 

Avec 3 jupes et 2 blouses, on peut obtenir 6 tenues diffĂ©rentes pour une poupĂ©e. il s’agit lĂ  de deux sens complĂ©mentaires de la multiplication, le premier faisant rĂ©fĂ©rence Ă  l’opĂ©ration qui transforme, le deuxiĂšme Ă  l’opĂ©ration qui combine (voir OpĂ©rations et calcul § 3.4.).

158

AlgĂšbre

Introduction

La partie sur l’algĂšbre vient clore cet ouvrage en mettant l’accent sur l’indispensable transition entre l’arithmĂ©tique et l’algĂšbre.

Les contenus de cette partie sont globalement ceux rencontrĂ©s au dĂ©but de l’enseignement secondaire. Nous insistons sur le fait que tous ces concepts ne prennent sens que par leur ancrage dans le terreau de l’arithmĂ©tique et seulement si une attention particuliĂšre est portĂ©e au dĂ©veloppement de la pensĂ©e algĂ©brique. Amener ces concepts au dĂ©part d’activitĂ©s porteuses de sens ne peut que renforcer la comprĂ©hension en profondeur de ces notions.

Cette partie s’articule autour de trois chapitres.

Dans le premier, nous dĂ©finissons les objets fondamentaux de l’algĂšbre. Des points d’attention aident Ă  comprendre les subtilitĂ©s du vocabulaire choisi et leurs implications dans l’appropriation par les Ă©lĂšves des concepts en jeu.

Le deuxiĂšme chapitre explore le calcul algĂ©brique et ses propriĂ©tĂ©s en veillant Ă  leur donner du sens. Il s’agit d’éviter d’appliquer une succession de rĂšgles Ă  retenir par cƓur et d’utiliser quelques propriĂ©tĂ©s Ă  bon escient en justifiant ses choix

Enfin, les transformations d’égalitĂ©s en gĂ©nĂ©ral et les Ă©quations en particulier constituent le troisiĂšme et dernier chapitre. Ici encore, l’accent est davantage mis sur le choix, la comprĂ©hension et la justification des propriĂ©tĂ©s utilisĂ©es pour transformer les Ă©galitĂ©s plutĂŽt que sur l’utilisation de « trucs » ou raccourcis de langage, parfois vides de sens.

PARTIE 5 : ALGÈBRE 310

1. Objets fondamentaux

L’algĂšbre est une partie des mathĂ©matiques qui met en relation des quantitĂ©s connues ou inconnues Ă  l’aide de lettres et de symboles opĂ©ratoires. elle est nĂ©e d’un besoin de gĂ©nĂ©raliser les connaissances sur les nombres pour envisager la rĂ©solution d’un ensemble de problĂšmes du mĂȘme type et non plus des problĂšmes isolĂ©s.

Le terme « algĂšbre » apparait pour la premiĂšre fois dans le titre du livre d’al Khwarizmi, Kitāb al-mukhtasar fÄ« hisāb al-jabr wa-l-muqābala, paru en arabe au dĂ©but du Ixe siĂšcle et traduit en latin au xIIe siĂšcle. Il met Ă  jour de nouvelles façons de rĂ©soudre des problĂšmes en utilisant des Ă©quations.

On trouve aussi des traces de raisonnement algĂ©brique moins formel, notamment dans les travaux d’euclide (IIIe siĂšcle av. j.-C.) et de diophante (IIe ou IIIe siĂšcle). C’est au xVIe siĂšcle que françois ViĂšte introduit tout le symbolisme du calcul algĂ©brique actuel.

Prendre appui sur l’algĂšbre pour rĂ©soudre des problĂšmes s’avĂšre souvent trĂšs efficace. L’algĂšbre constitue aussi le point d’ancrage de bon nombre de domaines scientifiques tels que les relations entre grandeurs, les fonctions, la chimie, la physique, la programmation
 si son utilitĂ© est indĂ©niable, son apprentissage au dĂ©but de l’enseignement secondaire n’est pas toujours aisĂ©. Ce passage Ă  l’abstraction nĂ©cessite de donner du sens aux procĂ©dures algĂ©briques sans se limiter Ă  leur utilisation technique et mĂ©canique, afin d’installer une comprĂ©hension plus fine des concepts en jeu et, notamment, de la lettre, des opĂ©rations et de leurs propriĂ©tĂ©s. au-delĂ  de l’aspect technique, c’est le dĂ©veloppement de la pensĂ©e algĂ©brique qui est visĂ©.

La pensĂ©e algĂ©brique est une maniĂšre de penser qu’on peut mobiliser tant dans des activitĂ©s algĂ©briques qu’arithmĂ©tiques. Ses deux composantes principales sont la gĂ©nĂ©ralisation de rĂ©gularitĂ©s et le raisonnement analytique qui s’appuient sur des quantitĂ©s indĂ©terminĂ©es, reprĂ©sentĂ©es par des symboles formels ou non, et sur lesquelles on peut opĂ©rer.

Pour résoudre un problÚme de partages inégaux1, plusieurs raisonnements sont possibles.

« Guillaume a 12 ans de plus que Luka. Ensemble, ils ont 20 ans. Quel ùge ont-ils chacun ? »

Un Ă©lĂšve qui rĂ©soudrait ce problĂšme par essai-erreur, de maniĂšre systĂ©matique et rĂ©flĂ©chie, dĂ©velopperait un raisonnement qui ne s’appuie pas sur des quantitĂ©s indĂ©terminĂ©es, mais bien sur des nombres.

Si Luka a 6 ans, Guillaume doit en avoir 18, mais ensemble, ils ont 24 ans ; c’est trop.

Si Luka a 5 ans, Guillaume doit en avoir 17, mais ensemble, ils ont 22 ans ; c’est trop.

Si Luka a 4 ans, Guillaume doit en avoir 16 et ensemble, ils ont 20 ans ; c’est la solution.

Ici, la pensĂ©e algĂ©brique n’a pas encore Ă©mergĂ©.

En revanche, un Ă©lĂšve qui attribuerait Ă  Luka une « part dessinĂ©e » et, Ă  Guillaume, cette mĂȘme « part dessinĂ©e » + 12 rĂ©soudrait ce problĂšme grĂące Ă  un calcul schĂ©matisĂ© du type

+ + 12 = 20.

Il aurait dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© une pensĂ©e algĂ©brique, puisqu’il raisonne sur des quantitĂ©s indĂ©terminĂ©es, symbolisĂ©es ici par des rectangles, et opĂšre sur celles-ci.

311 Objets f O ndamentaux
1 Ces partages sont aussi appelés partages inéquitables (voir Résolution de problÚmes § 6.1.).

1.1. La lettre

La lettre est un symbole utilisé en algÚbre pour représenter des quantités indéterminées sur lesquelles on peut réaliser des opérations.

elle peut ĂȘtre envisagĂ©e comme

– une inconnue, un nombre particulier qu’il faut dĂ©terminer (dans les Ă©quations2) ;

Si 2a + 4 = 3a + 6, que vaut a ?

– un nombre gĂ©nĂ©ralisĂ©, reprĂ©sentant n’importe quel nombre (dans les calculs algĂ©briques ou l’expression de propriĂ©tĂ©s) ;

L’égalitĂ© 3a + 4b + a – 2b = 4a + 2b est valable pour tous les nombres a, b et c.

L’égalitĂ© (a + b) + c = a + (b + c) est valable pour tous nombres a, b et c.

– une variable, reprĂ©sentant un ensemble de nombres qui entretient une relation de dĂ©pendance avec un autre ensemble de nombres (dans les formules ou les fonctions par exemple).

L’aire (y) et la longueur du cĂŽtĂ© (x) d’un carrĂ© sont des variables dont les valeurs dĂ©pendent les unes des autres et dont la relation peut ĂȘtre exprimĂ©e par la formule y = xÂČ.

À l’école primaire, les Ă©lĂšves ont dĂ©jĂ  rencontrĂ© des lettres dans l’expression d’unitĂ©s de mesure ou dans les formules de pĂ©rimĂštre, d’aire ou de volume notamment. Penser que cette entrĂ©e en matiĂšre suffit pour acquĂ©rir une conception algĂ©brique de la lettre est un leurre. en effet, Ă  ce stade, les unitĂ©s de mesure ne sont, pour la plupart des Ă©lĂšves, que des abrĂ©viations de mots, de mĂȘme que les lettres utilisĂ©es dans les formules de pĂ©rimĂštre, d’aire ou de volume.

P = (L + l) × 2 est verbalisĂ© par le pĂ©rimĂštre (d’un rectangle) est Ă©gal Ă  « longueur plus largeur, multipliĂ© par deux ».

Peu d’élĂšves perçoivent le concept de variable derriĂšre ces symboles.

Cette conception de la lettre comme associĂ©e Ă  un « objet » peut par ailleurs constituer un obstacle Ă  l’apprentissage de l’algĂšbre. si cette conception entrave peu la rĂ©flexion dans le champ additif, elle ne peut soutenir le raisonnement dans le champ multiplicatif. en effet, si on peut encore concevoir que

3a + 2a = 5a

3 ananas + 2 ananas donnent 5 ananas, on ne peut imaginer ce que donne

3a ∙ 2a = 6aÂČ

3 ananas « multipliĂ©s par » 2 ananas et encore moins ce que reprĂ©senteraient des ananas au carrĂ©. dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, cette conception risque aussi d’entrainer des difficultĂ©s lors de la mise en Ă©quation de problĂšmes.

Nathan a trois ans de plus que Marouane. Ensemble, ils ont 47 ans. Quel Ăąge ont-ils chacun ? si la lettre est associĂ©e Ă  un « objet », comment accepter que ces Ăąges diffĂ©rents soient reprĂ©sentĂ©s par des expressions utilisant la mĂȘme lettre (par exemple x et x – 3) ?

2 Dans le cas particulier des équations indéterminées (qui se ramÚnent à 0 x = 0), la lettre prend le statut de nombre généralisé.

PARTIE 5 : ALGÈBRE 312

Il est donc nĂ©cessaire de travailler les conceptions algĂ©briques de la lettre avec les Ă©lĂšves au travers d’activitĂ©s mettant en jeu des quantitĂ©s indĂ©terminĂ©es (partages inĂ©gaux ou activitĂ©s de gĂ©nĂ©ralisation par exemple) et Ă  l’aide de matĂ©riel du type « tuiles algĂ©briques » pour amener les Ă©lĂšves Ă  se construire des images mentales.

deMonty I., VLassis j., DĂ©velopper l’articulation arithmĂ©tique-algĂšbre entre le primaire et le secondaire, mont-saint-Guibert, de boeck Van In, coll. math & sens, 2018. https://support.mathies.ca/fr/mainspace/tuilesalgebriques.php

en dĂ©but de secondaire, le symbole de multiplication « × » est progressivement remplacĂ© par le symbole « ∙ » afin de ne pas crĂ©er de confusion avec la lettre x. dans certains cas, le symbole « ∙ » peut mĂȘme disparaitre. Conventionnellement, il peut ĂȘtre omis dans tous les cas oĂč l’écriture ne prĂȘte pas Ă  confusion :

– entre un nombre et une lettre, comme dans 2a ;

– entre deux lettres, comme dans ab ;

– entre une lettre (ou un nombre) et une parenthùse, comme dans a (b + 2) ; – entre deux parenthùses, comme dans (a + b) (a – b).

Il convient toutefois de laisser le temps aux Ă©lĂšves de s’approprier ce changement.

1.2. Les expressions algébriques

Une expression algĂ©brique est une suite de lettres et de chiffres, reprĂ©sentant des nombres, reliĂ©s entre eux par des symboles opĂ©ratoires. Les lettres sont des nombres gĂ©nĂ©ralisĂ©s3. Les nombres Ă©crits en chiffres sont appelĂ©s coefficients lorsqu’ils multiplient des lettres. Ils sont appelĂ©s constantes si ce n’est pas le cas.

Dans l’expression « 2a », 2 est un coefficient et a est un nombre gĂ©nĂ©ralisĂ©.

Dans l’expression « 4x + 6 », 4 est Ă©galement un coefficient tandis que 6, non accompagnĂ© d’une lettre, est une constante ; x est un nombre gĂ©nĂ©ralisĂ©.

Dans l’expression « 8abc – 5xÂČ Â», les coefficients sont conventionnellement 8 et -5 (voir deuxiĂšme point d’attention ci-dessous) ; a, b, c et x sont des nombres gĂ©nĂ©ralisĂ©s. en gĂ©nĂ©ral, quand le coefficient vaut 1, il n’est pas Ă©crit.

Dans l’expression « xy + 3 », le coefficient de xy est 1 et 3 est une constante ; x et y sont des nombres gĂ©nĂ©ralisĂ©s.

Les lettres apparaissant dans les expressions algĂ©briques reprĂ©sentent des nombres qui n’entretiennent pas nĂ©cessairement de relation de dĂ©pendance les uns envers les autres. dans 2a + 3b, a et b ne sont pas liĂ©s.

Pourtant, dans certains ouvrages de rĂ©fĂ©rence sur l’algĂšbre, les lettres des expressions algĂ©briques sont conventionnellement appelĂ©es variables. Cela peut entretenir une certaine confusion chez les Ă©lĂšves.

Les recherches plus rĂ©centes en didactique de l’algĂšbre parlent plutĂŽt de lettres comme nombres gĂ©nĂ©ralisĂ©s dans les expressions algĂ©briques et encouragent l’explicitation des diffĂ©rents statuts de la lettre pour les Ă©lĂšves, indĂ©pendamment du nom qu’on leur donne.

3 Certains auteurs appellent ces lettres « variables » mĂȘme s’il n’y a pas de relation de dĂ©pendance entre elles. Nous privilĂ©gions ici le vocabulaire adoptĂ© par les recherches plus rĂ©centes en didactique de l’algĂšbre.

313 Objets f O ndamentaux
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L’interprĂ©tation du signe « moins » dans les expressions algĂ©briques peut parfois prĂȘter Ă  confusion.

– dans l’expression 2x – 5, le signe « moins » pourrait ĂȘtre vu comme le symbole opĂ©ratoire reprĂ©sentant la soustraction, auquel cas les deux termes de la soustraction seraient 2x d’une part et 5 d’autre part.

– dans la mĂȘme expression 2x – 5, le signe « moins » pourrait aussi ĂȘtre vu comme le symbole indiquant que -5 est nĂ©gatif. dans ce cas, l’expression algĂ©brique 2x – 5 serait vue comme une addition de deux termes 2x + (-5).

de prime abord, on a tendance Ă  prĂ©fĂ©rer la premiĂšre interprĂ©tation, puisqu’on a l’habitude d’associer a – b Ă  la diffĂ©rence entre a et b. toutefois, cette interprĂ©tation a ses limites et peut poser problĂšme aux Ă©lĂšves. Par exemple, certains pourraient ne pas comprendre pourquoi 2x – 5 = -5 + 2x, puisque « la soustraction n’est pas commutative ».

ainsi, c’est plutĂŽt la deuxiĂšme interprĂ©tation qui guide implicitement le calcul algĂ©brique, mĂȘme si elle est moins intuitive.

si l’expression 2x – 5 est vue comme 2x + (-5), alors les Ă©galitĂ©s

2x – 5 = 2x + (-5) = -5 + 2x prennent tout leur sens grĂące Ă  la commutativitĂ© de l’addition. de plus, comme indiquĂ© prĂ©cĂ©demment, les coefficients de l’expression algĂ©brique 3x – 2y + 9 sont 3 et -2.

Il semblerait donc que cette expression soit un raccourci de l’expression

3x + (-2y) + 9.

Cette écriture peut sembler plus « compliquée », mais elle permet de comprendre pourquoi le coefficient de y est -2 et pourquoi on peut aussi écrire cette expression sous la forme

3x + 9 + (-2y)

ou 3x + 9 – 2y

ou -2y + 3x + 9, grĂące Ă  la propriĂ©tĂ© de commutativitĂ© de l’addition.

Cette façon de jongler avec le signe « moins », dans les nombres et dans les expressions algĂ©briques, n’est pas simple. elle s’appuie notamment sur la propriĂ©tĂ© « soustraire un nombre, c’est additionner son opposé » (voir OpĂ©rations et calcul § 4.7. et § 5.1.2.). Il est nĂ©cessaire de laisser aux Ă©lĂšves le temps de percevoir le sens de toutes ces Ă©critures. Par ailleurs, le signe « moins » devant un nombre gĂ©nĂ©ralisĂ© pose un autre type de problĂšme. souvent, les Ă©lĂšves envisagent l’expression -a comme un nombre nĂ©gatif. Or, ce n’est pas toujours le cas, puisque sa valeur numĂ©rique dĂ©pend de la valeur de a.

si a est positif, -a est négatif.

si a est négatif, -a est positif.

Le signe « moins » prend ici le sens d’opposĂ© et non le sens du signe d’un nombre nĂ©gatif, comme c’est le cas dans l’ensemble des nombres entiers.

Ce saut conceptuel nécessite de prendre le temps pour donner du sens à ces écritures.

VLassis j., Sens et symboles en mathĂ©matiques : Étude de l’utilisation du signe « moins » dans les rĂ©ductions polynomiales et la rĂ©solution d’équations du premier degrĂ© Ă  une inconnue, berne, thĂšse, Peter Lang, 2010.

deMonty I. et al., DiffĂ©rencier en mathĂ©matiques au dĂ©but de l’enseignement secondaire, activitĂ©s d’enseignement et fiches conceptuelles, aout 2021.

https://www.hel.be/wp-content/uploads/2022/10/H e L- d oc-enseignant- a nn%C3% a 9e-2Vf-2022.pdf

PARTIE 5 : ALGÈBRE 314

Quand une expression algébrique intervient dans une relation particuliÚre entre des grandeurs, on parle de formule.

– La formule pour exprimer le pĂ©rimĂštre (P) d’un carrĂ© en fonction de la longueur de son cĂŽtĂ© (c) est P = 4c.

– La formule liant le nombre de faces (F), d’arĂȘtes (A) et de sommets (S) d’un polyĂšdre convexe est S + F = A + 2.

Une valeur numĂ©rique d’une expression algĂ©brique est obtenue en remplaçant les lettres par des nombres dans l’expression algĂ©brique et en effectuant les opĂ©rations. une expression algĂ©brique peut prendre plusieurs valeurs en fonction des valeurs donnĂ©es aux nombres gĂ©nĂ©ralisĂ©s.

– Si a = -3 et b = 1 2 , la valeur numĂ©rique de 5aÂČb est 22,5.

– Si a = 2,5 et b = 4, la valeur numĂ©rique de 5aÂČb est 125.

Les conditions d’existence d’une expression algĂ©brique sont les conditions que doivent remplir les nombres gĂ©nĂ©ralisĂ©s de l’expression algĂ©brique pour que les opĂ©rations puissent ĂȘtre effectuĂ©es.

– La condition d’existence de l’expression a b est « b est un rĂ©el non nul (b ∈ ℝ0) ».

– La condition d’existence de l’expression y est « y est un rĂ©el positif (y ∈ ℝ+) ».

1.3. Les monĂŽmes et polynĂŽmes

■ Les monîmes

Un monÎme est une expression algébrique dans laquelle la seule opération utilisée est la multiplication4 .

85axÂČ

abc

2bd

La partie littĂ©rale d’un monĂŽme est la partie du monĂŽme constituĂ©e par la (ou les) variable(s)5 ; l’autre partie est le coefficient du monĂŽme.

Dans 85axÂČ, 85 est le coefficient du monĂŽme et axÂČ est la partie littĂ©rale du monĂŽme. Deux monĂŽmes semblables sont des monĂŽmes qui possĂšdent la mĂȘme partie littĂ©rale.

2a et 4355a sont des monĂŽmes semblables parce qu’ils ont la mĂȘme partie littĂ©rale qui est a.

2a et 2aÂČ ne sont pas des monĂŽmes semblables parce que la partie littĂ©rale de 2a est a tandis que celle de 2aÂČ est aÂČ.

Les lettres dans les monĂŽmes sont conventionnellement Ă©crites dans l’ordre alphabĂ©tique pour repĂ©rer plus facilement les monĂŽmes semblables.

■ Les polynîmes

Un polynĂŽme est une somme de monĂŽmes.

– Le polynĂŽme 3xÂČ + 4y est une somme de deux monĂŽmes. Il est Ă  deux variables (x et y).

Le polynĂŽme 2a + 3 est une somme de deux monĂŽmes (dont un est une constante). Il est Ă  une variable (a).

Le polynîme 2a + 3b – 4a est une somme de trois monîmes. Il est à deux variables (a et b).

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Le polynĂŽme 8xy + 4 – 5xÂČ â€“ 11xy – 2 + 7y est une somme de 6 monĂŽmes. Il est Ă  deux variables (x et y).

4 La constante 5 peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un monĂŽme si elle est vue comme 5 1.

5 On accepte ici l’emploi du mot « variable » au lieu de « nombre gĂ©nĂ©ralisĂ© », car les monĂŽmes et les polynĂŽmes sont principalement utilisĂ©s dans le cadre des Ă©tudes de fonction.

315 Objets f O ndamentaux
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Les polynĂŽmes des deux premiers exemples sont rĂ©duits. Les deux autres ne le sont pas. RĂ©duire un polynĂŽme ou une expression algĂ©brique revient Ă  additionner ou Ă  soustraire les monĂŽmes semblables (de mĂȘme partie littĂ©rale). Un polynĂŽme rĂ©duit est un polynĂŽme qui ne contient plus de monĂŽmes semblables.

– Le polynĂŽme 2a + 3b – 4a se rĂ©duit en 3b – 2a.

– Le polynĂŽme 8xy + 4 – 5xÂČ â€“ 11xy – 2 + 7y se rĂ©duit en -5xÂČ â€“ 3xy + 7y + 2. un polynĂŽme (Ă  une variable) est dit ordonnĂ© lorsque les monĂŽmes qui le composent sont Ă©crits par ordre croissant ou dĂ©croissant de degrĂ©6

– Le polynĂŽme 13aÂČ â€“ 6a est ordonnĂ©.

– Le polynĂŽme 8x – xÂČ + 2 n’est pas ordonnĂ©, mais il est Ă©quivalent aux polynĂŽmes -xÂČ + 8x + 2 et 2 + 8x – xÂČ qui, eux, sont ordonnĂ©s.

Un binĂŽme est un polynĂŽme rĂ©duit constituĂ© de deux monĂŽmes. deux binĂŽmes conjuguĂ©s sont des binĂŽmes dont un terme est commun et dont l’autre terme diffĂšre uniquement par son signe.

a + b et a – b

2xy – x et -2xy – x

x – 1 et x + 1

Un trinÎme est un polynÎme réduit constitué de trois monÎmes.

1.4. L’égalitĂ©

Deux expressions algĂ©briques Ă©quivalentes sont des expressions algĂ©briques qui ont la mĂȘme valeur numĂ©rique, quel que soit le nombre par lequel on remplace chaque lettre (en remplaçant chaque fois la mĂȘme lettre par le mĂȘme nombre).

(n – 1) + n + (n + 1) et 3n sont Ă©quivalentes vu les propriĂ©tĂ©s d’associativitĂ© et de commutativitĂ© de l’addition, car, quel que soit le nombre par lequel on remplace n dans les deux expressions, on obtient toujours la mĂȘme valeur numĂ©rique.

On exprime cette Ă©quivalence en Ă©crivant le signe « = » entre les deux expressions. Ce signe d’égalitĂ© reprĂ©sente une Ă©quivalence algĂ©brique et de nombreuses Ă©galitĂ©s numĂ©riques.

(n – 1) + n + (n + 1) = 3n

Si on remplace n par 1, on obtient 0 + 1 + 2 = 3 ∙ 1 ; si on remplace n par 23, on obtient 22 + 23 + 24 = 3 ∙ 23 ; si on remplace n par 117, on obtient 116 + 117 + 118 = 3 ∙ 117 ; 


Les expressions situĂ©es de part et d’autre du symbole « = » sont les membres de l’égalitĂ©. À gauche du symbole se trouve le premier membre, Ă  droite du symbole se trouve le deuxiĂšme membre.

Pour vĂ©rifier que deux expressions algĂ©briques sont Ă©quivalentes en mettant l’accent sur la vision algĂ©brique de l’égalitĂ©, il faut s’appuyer sur les propriĂ©tĂ©s des opĂ©rations (comme dans le premier exemple) plutĂŽt que sur les valeurs numĂ©riques de chacun des membres (comme dans le deuxiĂšme exemple).

6 Le degrĂ© d’un monĂŽme est la puissance Ă  laquelle la variable est Ă©levĂ©e.

PARTIE 5 : ALGÈBRE 316

Pourquoi dĂ©velopper la pensĂ©e algĂ©brique dĂšs l’école primaire ?

> L’arithmĂ©tique constitue un terreau fertile pour la pensĂ©e algĂ©brique, il serait regrettable de ne pas saisir cette opportunitĂ©. Les occasions sont nombreuses de mettre en place un raisonnement proche d’un raisonnement algĂ©brique, habituant de ce fait les Ă©lĂšves Ă  penser autrement et ainsi faciliter la transition vers l’apprentissage de l’algĂšbre formelle. Il ne s’agit pas d’ajouter des contenus ni d’aborder l’algĂšbre dĂšs le primaire, mais bien d’enrichir les activitĂ©s dĂ©jĂ  proposĂ©es aux Ă©lĂšves pour envisager les choses sous un autre angle. Par exemple, les activitĂ©s de partages inĂ©quitables (ou inĂ©gaux) ou celles de gĂ©nĂ©ralisation sont particuliĂšrement pertinentes pour mettre en avant les quantitĂ©s indĂ©terminĂ©es et les relations entre elles.

> multiplier les expĂ©riences amĂšne les Ă©lĂšves Ă  crĂ©er des liens, Ă  repĂ©rer des diffĂ©rences et Ă  gĂ©nĂ©raliser, ce qui constitue un pas vers le dĂ©veloppement de l’abstraction. Prendre le temps d’analyser diffĂ©rentes situations ou diffĂ©rents problĂšmes pour rĂ©flĂ©chir Ă  la maniĂšre de reprĂ©senter des quantitĂ©s indĂ©terminĂ©es et les relations entre elles, de comparer les façons de symboliser ces Ă©lĂ©ments, de donner du sens aux opĂ©rations est possible au primaire. Passer trop rapidement Ă  un formalisme mathĂ©matique, parfois obscur, empĂȘche les Ă©lĂšves d’accĂ©der Ă  la richesse de ces concepts. Promouvoir la comprĂ©hension des Ă©tapes du raisonnement plutĂŽt que le mĂ©canisme de calcul, mĂȘme sur des nombres, met les Ă©lĂšves sur la voie de cette abstraction. IntĂ©grer la multiplication par 9, 99, 11 ou 101 dans un contexte plus large de dĂ©composition de nombres et de distributivitĂ© plutĂŽt que faire retenir mĂ©caniquement quatre rĂšgles particuliĂšres telles que « multiplier par 9, c’est multiplier par 10 puis enlever une fois le nombre » concourt Ă  cette mise en lien.

> Le sens « équivalence » du signe d’égalitĂ© mĂ©rite d’ĂȘtre travaillĂ© de maniĂšre consciente et explicite avec les Ă©lĂšves. en effet, quand on rĂ©sout des Ă©quations ou qu’on simplifie des expressions algĂ©briques, le signe d’égalitĂ© ne signifie pas « donne comme rĂ©sultat », mais bien « est Ă©quivalent à ». Ce sens peut Ă©galement ĂȘtre travaillĂ© dans le domaine des nombres, par exemple, quand on met un signe d’égalitĂ© entre deux expressions numĂ©riques qui donnent le mĂȘme rĂ©sultat, notamment lors du travail sur la dĂ©composition ou la compensation (voir OpĂ©rations et calcul § 7.5.).

17 + 26 = 20 + 23

42 + 33 = 40 + 30 + 2 + 3

9 × 58 = (10 – 1) × 58 = 10 × 58 – 1 × 58

Ce travail sur l’égalitĂ© permet aussi d’habituer les Ă©lĂšves Ă  repĂ©rer les relations entre les nombres et expressions numĂ©riques, Ă  analyser les opĂ©rations, pour ainsi dĂ©passer la dĂ©marche calculatoire et pour entrainer la dĂ©marche algĂ©brique, relationnelle.

Multiplier par 10 puis diviser par 2 revient Ă  multiplier par 5.

Multiplier par 2 puis par 3 et ensuite diviser par 6 revient Ă  multiplier par 1.

Ajouter 6 puis multiplier par 2 ne donne pas le mĂȘme rĂ©sultat que multiplier par 2 puis ajouter 6.

Le sens « équivalence » de l’égalitĂ© doit Ă©galement ĂȘtre convoquĂ© dans la dĂ©construction de fausses Ă©galitĂ©s telles que 23 + 64 = 23 + 60 = 83 + 4 = 87 dans cette suite d’égalitĂ©s, le symbole tend plutĂŽt Ă  signifier « donne comme rĂ©sultat » et suit le fil des calculs, mais cette Ă©criture engendre de fausses Ă©galitĂ©s intermĂ©diaires. Le recours Ă  l’image de balances ou de bandelettes, pour reprĂ©senter l’équivalence, peut aider.

> Le travail sur des quantitĂ©s indĂ©terminĂ©es, tant dans des activitĂ©s de gĂ©nĂ©ralisation qu’en rĂ©solution de problĂšme, est un bon tremplin vers l’algĂšbre. Il permet de susciter un questionnement sur la maniĂšre de les reprĂ©senter : peut-on utiliser n’importe quel symbole (comme □ , Ëœ , * ou 
) ? si deux quantitĂ©s sont indĂ©terminĂ©es, peut-on utiliser le mĂȘme symbole pour les deux ? Y a-t-il un lien entre elles ?

327

en rĂ©solution de problĂšme, c’est plus la quantitĂ© indĂ©terminĂ©e en tant qu’inconnue qui est abordĂ©e.

Lucile a 10 cartes de plus que Marion.

Ensemble, elles en ont 80. Combien de cartes ont-elles chacune ? dans ce type de problĂšme, au-delĂ  de la rĂ©solution numĂ©rique et technique du problĂšme, c’est bien la reprĂ©sentation du problĂšme, des donnĂ©es et des liens entre elles qui est intĂ©ressante. avant de passer au calcul, comprendre qu’il y a deux quantitĂ©s indĂ©terminĂ©es, mais qu’elles sont liĂ©es par l’expression « 10 de plus » est tout l’enjeu du problĂšme. RĂ©aliser un schĂ©ma peut ĂȘtre utile Ă  ce stade. Par exemple :

Marion Lucile

80 +10

Pour trouver le nombre de cartes de marion, les élÚves réalisent souvent deux calculs.

80 – 10 = 70

70 : 2 = 35

Le raisonnement est bien celui de la rĂ©solution d’une Ă©quation mĂȘme si celle-ci n’apparait pas formellement.

Le passage au langage symbolique (mĂȘme non formel) est aussi un Ă©lĂ©ment sur lequel on peut s’arrĂȘter si on veut que la rĂ©solution de ce problĂšme travaille la pensĂ©e algĂ©brique des Ă©lĂšves.

Nombre de cartes de Marion □

Nombre de cartes de Lucile □ + 10

□ + 10 + □ = 80

□ = 35

dans ce type de raisonnement, l’équation apparait davantage sous forme de « calcul Ă  trous ». dans les activitĂ©s de gĂ©nĂ©ralisation, c’est davantage la quantitĂ© indĂ©terminĂ©e en tant que nombre gĂ©nĂ©ralisĂ© qui est abordĂ©e.

4 carrés 7 carrés 10 carrés 13 carrés ? carrés ?

On cherche Ă  dĂ©terminer le nombre de carrĂ©s d’un dessin en fonction de son « numĂ©ro » (ou inversement), et ce, quel que soit ce numĂ©ro. L’intĂ©rĂȘt de ce type d’activitĂ© rĂ©side surtout dans la maniĂšre adoptĂ©e par les Ă©lĂšves pour exprimer la rĂ©gularitĂ© qu’ils repĂšrent et pour expliquer comment on peut trouver le nombre de carrĂ©s nĂ©cessaires pour rĂ©aliser n’importe quel dessin de la suite. L’idĂ©al serait de faire Ă©voluer un raisonnement arithmĂ©tique (ajouter 3 carrĂ©s d’un dessin Ă  l’autre) vers un raisonnement algĂ©brique (multiplier le numĂ©ro du dessin par 3 et ajouter 1), sans pour autant nĂ©cessairement le formaliser en 3 n + 1.

deMonty I., VLassis j., DĂ©velopper l’articulation arithmĂ©tique-algĂšbre entre le primaire et le secondaire, mont-saint-Guibert, de boeck Van In, coll. math & sens, 2018.

Chapitre 1, calcul sur les nombres, égalité et sens des opérations.

Chapitre 2, les activités de généralisation basées sur des suites numériques.

Chapitre 3, résolution de problÚmes et équations.

RaDForD L, deMers s., miranDa I., Processus d’abstraction en mathĂ©matiques, RepĂšres pratiques et conceptuels, Imprimeur de la Reine pour l’Ontario et universitĂ© Laurentienne, 2009. disponible sur https://www.researchgate.net/publication/319089767_Processus_d’abstraction_en_mathematiques. VeLz e.,  Initiation aux mathĂ©matiques par le bon usage des doigts, Louvain-La-neuve, academia, 2020.

Chapitre 7, le sens du signe « = ». Chapitre 8, les opérations à trous.

328
Dessin n° 1 Dessin n° 2 Dessin n° 3 Dessin n° 4 Dessin n° 17

Partie 2 : Traitement de données numériques

343 Table des matiÚres Sommaire 3 Introduction 5 Comprendre les mathématiques pour bien les enseigner 5 Un ouvrage structuré 6 Le projet 7
Résolution
Introduction 10 1. ProblĂšmes ou situations problĂšmes ? 11 2. Qu’est-ce qu’une situation problĂšme ? 12 3. Trois fonctions possibles des situations problĂšmes 13 4. CompĂ©tences de « rĂ©solveur » de situations problĂšmes 15 5. ParamĂštres et grille d’analyse des situations problĂšmes 18 5.1. Une variĂ©tĂ© de paramĂštres 18 5.2. ProblĂšmes ouverts, fermĂ©s, semi-ouverts 18 5.3. ProblĂšmes Ă  une ou plusieurs solutions 19 5.4. Grille d’analyse des situations problĂšmes 20 6. Situations Ă  modĂ©lisation spĂ©cifique 22 6.1. Les problĂšmes de partages inĂ©gaux 22 6.2. Les problĂšmes d’intervalles 24 6.3. Les problĂšmes liant des donnĂ©es commerciales ou autres 26
Partie 1 :
de problÚmes
Introduction 30 1. ÉlĂ©ments de combinatoire 31 1.1. Les situations « produits » 31 1.2. Les permutations 34 1.3. Les arrangements 36 1.4. Les combinaisons 39
COMPRENDRE LES MATHS POUR BIEN LES ENSEIGNER 344 2. ÉlĂ©ments de probabilitĂ©s 42 2.1. ProbabilitĂ©s et pensĂ©e probabiliste 42 2.1.1. ExpĂ©rience alĂ©atoire, hasard et probabilitĂ© 42 2.1.2. ExpĂ©rience alĂ©atoire et Ă©vĂšnement 44 2.1.3. Notion de probabilitĂ© 45 2.1.4. PensĂ©e probabiliste 47 2.2. ProbabilitĂ© expĂ©rimentale 49 2.2.1. Approche qualitative de la notion de frĂ©quence d’un Ă©vĂšnement 49 2.2.2. SpĂ©cificitĂ©s de l’approche expĂ©rimentale de la probabilitĂ© 50 2.2.3. Pertinence de l’approche expĂ©rimentale de la probabilitĂ© 52 2.2.4. Recours aux simulations et aux outils numĂ©riques 53 2.3. ProbabilitĂ© thĂ©orique 54 2.3.1. SpĂ©cificitĂ©s de l’approche thĂ©orique de la probabilitĂ© 54 2.3.2. Notions Ă©lĂ©mentaires de probabilitĂ©s thĂ©oriques 54 3. ÉlĂ©ments de statistique 58 3.1. Cerner la situation et collecter des donnĂ©es 59 3.1.1. Poser une question statistique et enquĂȘter 59 3.1.2. EnquĂȘter au moyen d’un sondage 60 3.1.2.1. Des questions de sondage pertinentes 60 3.1.2.2. Les types de donnĂ©es recherchĂ©es 61 3.1.2.3. Les facteurs influençant les rĂ©sultats d’un sondage 61 3.1.2.4. Les caractĂ©ristiques d’un Ă©chantillon reprĂ©sentatif 62 3.1.2.5. L’enregistrement des donnĂ©es rĂ©coltĂ©es 63 3.2. Organiser, prĂ©senter, analyser les donnĂ©es 65 3.2.1. Une organisation de base : le tableau des effectifs 65 3.2.2. La notion de frĂ©quence en statistique 66 3.2.3. Diverses reprĂ©sentations graphiques des sĂ©ries statistiques  68 3.2.3.1. Le diagramme Ă  tiges et Ă  feuilles 69 3.2.3.2. Le diagramme circulaire 70 3.2.3.3. Le diagramme en bĂątonnets 72 3.2.3.4. L’histogramme 75 3.3. InterprĂ©ter des donnĂ©es par des indicateurs statistiques 79 3.3.1. Un indicateur de dispersion : l’étendue 79 3.3.2. Des indicateurs de position : les valeurs centrales 79 3.3.2.1. La moyenne 79 3.3.2.1.1. Moyenne et partage Ă©quitable 80 3.3.2.1.2. Moyenne arithmĂ©tique d’une sĂ©rie statistique 82 3.3.2.2. Le mode 83 3.3.2.3. La mĂ©diane 83 3.3.3. InterprĂ©ter au moyen des valeurs centrales 84
345 T A b LE DES m ATI Ăš RES
Nombres Introduction 88 1. Les nombres naturels 89 1.1. Les aspects du nombre 91 1.1.1. Aspect cardinal du nombre naturel 92 1.1.2. Aspect ordinal du nombre naturel 93 1.1.3. Articulation entre aspect cardinal et aspect ordinal 94 1.1.4. Notions liĂ©es Ă  ces deux aspects du nombre 96 1.2. Les fonctions des nombres 98 1.2.1. Les nombres pour comparer 98 1.2.2. Les nombres pour mĂ©moriser 100 1.2.3. Les nombres pour anticiper 100 1.3. Les dĂ©signations des nombres 100 1.3.1. DĂ©signations verbales des nombres 101 1.3.2. DĂ©signations schĂ©matiques des nombres 101 1.3.3. DĂ©signations symboliques des nombres 102 1.3.3.1. Distinction entre chiffre et nombre 103 1.3.3.2. Significations des Ă©critures chiffrĂ©es 104 1.4. Le dĂ©nombrement 105 1.4.1. Le principe de crĂ©ation mentale des unitĂ©s 106 1.4.2. Le principe d’adĂ©quation unique 106 1.4.3. Le principe de cardinalitĂ© 107 1.4.4. Les principes d’invariance du cardinal et de non-pertinence de l’ordre 107 1.5. Les dĂ©compositions 109 2. Les supports structurants 111 2.1. Les schĂšmes 111 2.1.1. Types de schĂšmes 112 2.1.2. CritĂšres d’analyse des schĂšmes 115 2.2. De la bande numĂ©rique Ă  la droite des nombres 118 2.3. Le tableau des cent premiers nombres 123 3. Les diffĂ©rents types de nombres 124 3.1. Les nombres entiers relatifs 125 3.2. Les nombres rationnels 126 3.3. Les nombres rĂ©els 128 3.4. Les ensembles de nombres 128 4. La numĂ©ration 129 4.1. Deux types de systĂšmes de numĂ©ration Ă©crite 129 4.1.1. Les numĂ©rations additives 130 4.1.2. Les numĂ©rations de position 130
Partie 3 :
COMPRENDRE LES MATHS POUR BIEN LES ENSEIGNER 346 4.2. Des numĂ©rations en Ă©volution 132 4.2.1. L’évolution vers notre numĂ©ration dĂ©cimale de position 132 4.2.2. L’évolution du systĂšme romain 133 4.3. La numĂ©ration dĂ©cimale positionnelle Ă  la loupe 135 4.3.1. La numĂ©ration dĂ©cimale positionnelle Ă©crite : les grands principes 135 4.3.2. Les nombres Ă  virgule 137 4.3.3. L’écriture des grands nombres 138 4.3.4. Notre numĂ©ration dĂ©cimale orale 141 4.4. matĂ©riel de numĂ©ration 143 Partie 4 : OpĂ©rations et calcul Introduction 148 1. OpĂ©rations, un monde vaste et complexe 149 1.1. Qu’entend-on par « opĂ©ration » ? 149 1.2. OpĂ©rer a-t-il toujours du sens ? 149 2. DĂ©finitions mathĂ©matiques des opĂ©rations 150 2.1. Les opĂ©rations « directes » : addition – multiplication 151 2.1.1. La somme de deux nombres naturels 151 2.1.2. L’addition vue comme une opĂ©ration qui combine 151 2.1.3. L’addition vue comme une opĂ©ration qui transforme 152 2.1.4. Les interprĂ©tations de l’addition 153 2.1.5. Le produit de deux nombres naturels 153 2.1.6. La multiplication vue comme opĂ©ration qui combine 154 2.1.7. Une autre dĂ©finition du produit de deux nombres naturels 155 2.1.8. La multiplication vue comme une opĂ©ration qui transforme 157 2.1.9. Les interprĂ©tations de la multiplication 158 2.2. Les opĂ©rations rĂ©ciproques : soustraction – division 159 2.2.1. DiffĂ©rence de deux nombres naturels 159 2.2.2. Soustraction 160 2.2.3. Soustraction comme opĂ©ration rĂ©ciproque de l’addition 161 2.2.4. InterprĂ©tations de la soustraction 161 2.2.5. Quotient de deux nombres naturels 162 2.2.6. Pourquoi ne peut-on pas diviser par zĂ©ro ? 163 2.2.7. Division euclidienne 163 2.2.8. Division exacte 164 2.2.9. Division exacte comme opĂ©ration rĂ©ciproque de la multiplication 164 2.2.10. InterprĂ©tations de la division 165
Sens des opĂ©rations 166 3.1. Quelques prĂ©alables pour organiser les sens des opĂ©rations 166 3.1.1. L’importance de lier les opĂ©rations Ă  des situations 166 3.1.2. La variĂ©tĂ© des situations liĂ©es Ă  la variĂ©tĂ© des contextes numĂ©riques 166
3.
347 T A b LE DES m ATI Ăš RES 3.1.3. De la situation vers l’opĂ©ration : plusieurs Ă©tapes utiles 166 3.1.4. Poser un calcul et chercher le rĂ©sultat 169 3.2. Les dynamiques opĂ©ratoires essentielles et les sens au quotidien 171 3.2.1. Combiner 171 3.2.2. Transformer 171 3.2.3. Comparer 173 3.2.4. Tableau de synthĂšse 174 3.3. Les diffĂ©rents sens des opĂ©rations dans le champ additif 175 3.3.1. Combiner dans le champ additif 175 3.3.2. Transformer dans le champ additif 176 3.3.3. Comparer dans le champ additif 178 3.3.4. DiffĂ©rentes façons de penser une soustraction : retrait - Ă©cart 179 3.4. Les diffĂ©rents sens des opĂ©rations dans le champ multiplicatif 180 3.4.1. Combiner dans le champ multiplicatif 180 3.4.2. Transformer dans le champ multiplicatif 182 3.4.3. Comparer dans le champ multiplicatif 185 3.4.4. DiffĂ©rentes façons de penser une division : partage - contenance - rapport 187 4. PropriĂ©tĂ©s des opĂ©rations 192 4.1. CommutativitĂ© 192 4.1.1. Cas de l’addition et de la multiplication 193 4.1.2. Cas de la soustraction et de la division 193 4.2. AssociativitĂ© 194 4.2.1. Cas de l’addition et de la multiplication 195 4.2.2. Cas de la soustraction et de la division 195 4.3. Compensation 196 4.3.1. Cas de l’addition et de la multiplication 196 4.3.2. Cas de la soustraction et de la division 198 4.4. DistributivitĂ© 201 4.4.1. DistributivitĂ© de la multiplication sur l’addition 201 4.4.2. DistributivitĂ© de la multiplication sur la soustraction 201 4.4.3. Double distributivitĂ© 202 4.4.4. Cas de la division 203 4.5. ÉlĂ©ment neutre 203 4.5.1. Cas de l’addition et de la multiplication 203 4.5.2. Cas de la soustraction et de la division 204 4.6. ÉlĂ©ment absorbant 204 4.7. ÉlĂ©ment symĂ©trique 204 5. Extension des opĂ©rations aux autres nombres 206 5.1. Extension des quatre opĂ©rations aux nombres entiers relatifs 207 5.1.1. Addition dans â„€ 207 5.1.2. Soustraction dans â„€ 210 5.1.3. multiplication dans â„€ 212 5.1.4. Division dans â„€ 213
COMPRENDRE LES MATHS POUR BIEN LES ENSEIGNER 348 5.2. Extension des quatre opĂ©rations aux nombres dĂ©cimaux Ă  virgule 214 5.2.1. Addition et soustraction de nombres dĂ©cimaux Ă  virgule positifs 215 5.2.2. multiplication de nombres dĂ©cimaux Ă  virgule positifs 215 5.2.3. Division de deux nombres dĂ©cimaux Ă  virgule positifs 216 5.3. Extension des quatre opĂ©rations aux nombres rationnels 218 5.4. Extension des quatre opĂ©rations aux nombres rĂ©els 218 6. Puissances et racines 220 6.1. Notion de puissance 220 6.2. Notion de racine 222 7. Calcul 225 7.1. DĂ©passer le comptage pour vraiment calculer 225 7.2. Trois clĂ©s pour pouvoir calculer 226 7.2.1. mobiliser des images mentales des nombres 227 7.2.2. mobiliser les sens et les propriĂ©tĂ©s des opĂ©rations 228 7.2.3. mobiliser le sens de l’égalitĂ© 229 7.3. Quatre grandes stratĂ©gies de calcul 230 7.4. Construction du calcul automatisĂ© 233 7.4.1. RĂ©pertoire de calculs automatisĂ©s dans le champ additif 234 7.4.2. RĂ©pertoire de calculs automatisĂ©s dans le champ multiplicatif 236 7.4.3. Calcul automatisĂ© au service des estimations 239 7.5. ProcĂ©dĂ©s de calcul rĂ©flĂ©chi 242 7.5.1. Commuter les termes ou les facteurs 242 7.5.2. DĂ©composer puis rĂ©associer ou distribuer 243 7.5.2.1. ProcĂ©dĂ©s de dĂ©composition dans le champ additif 243 7.5.2.2. ProcĂ©dĂ©s de dĂ©composition dans le champ multiplicatif 245 7.5.3. Agir sur un nombre et compenser sur l’autre 249 7.5.3.1. ProcĂ©dĂ©s de compensation dans le champ additif 249 7.5.3.2. ProcĂ©dĂ©s de compensation dans le champ multiplicatif 250 7.5.4. Étendre des procĂ©dĂ©s de calcul rĂ©flĂ©chi aux nombres dĂ©cimaux Ă  virgule 253 7.5.4.1. Calcul rĂ©flĂ©chi avec les nombres dĂ©cimaux Ă  virgule dans le champ additif 253 7.5.4.2. Calcul rĂ©flĂ©chi avec les nombres dĂ©cimaux Ă  virgule dans le champ multiplicatif 253 7.5.5. Tableau de synthĂšse des outils en calcul rĂ©flĂ©chi 256 7.6. Usage des parenthĂšses dans les calculs et prioritĂ© des opĂ©rations 258 7.7. Algorithmes de calcul Ă©crit avec les nombres naturels 260 7.7.1. Algorithme d’addition Ă©crite 261 7.7.2. Algorithme de soustraction Ă©crite 262 7.7.3. Algorithme de multiplication Ă©crite 265 7.7.4. Algorithme de division Ă©crite 270 7.8. Calcul Ă©crit avec des nombres dĂ©cimaux Ă  virgule 275 7.8.1. Addition et soustraction Ă©crites avec des nombres dĂ©cimaux Ă  virgule 275 7.8.2. multiplication Ă©crite avec des nombres dĂ©cimaux Ă  virgule 276 7.8.3. Division Ă©crite avec des nombres dĂ©cimaux Ă  virgule 278
349 T A b LE DES m ATI Ăš RES 8. Familles de nombres 281 8.1. Familles de nombres en lien avec des configurations de points 281 8.1.1. Nombres pairs et impairs 281 8.1.2. Nombres rectangulaires et carrĂ©s 282 8.1.3. Nombres triangulaires 284 8.2. DivisibilitĂ© 286 8.2.1. Diviseurs et multiples d’un nombre 286 8.2.2. Tables de multiplication 290 8.2.2.1. Table des multiples et table de multiplication 290 8.2.2.2. ReprĂ©sentations des tables 292 8.2.2.3. Tableaux organisateurs des tables 293 8.2.2.4. Outils de mĂ©morisation des tables 296 8.2.3. PGCD et PPCm 300 8.2.4. Nombres premiers 301 8.2.4.1. Ensemble infini des nombres premiers 301 8.2.4.2. DĂ©composition en facteurs premiers 303 8.2.4.3. IntĂ©rĂȘts des dĂ©compositions en facteurs premiers 303 8.2.5. CaractĂšres de divisibilitĂ© 305 8.2.5.1. CaractĂšres de divisibilitĂ© utilisant le(s) dernier(s) chiffre(s) du nombre 305 8.2.5.2. CaractĂšres de divisibilitĂ© utilisant tous les chiffres du nombre 307
AlgĂšbre Introduction 310 1. Objets fondamentaux 311 1.1. La lettre 312 1.2. Les expressions algĂ©briques 313 1.3. Les monĂŽmes et polynĂŽmes 315 1.4. L’égalitĂ© 316 2. Calcul algĂ©brique 317 2.1. Somme et produit algĂ©briques 317 2.2. PropriĂ©tĂ© de distributivitĂ© 318 2.3. IdentitĂ©s remarquables 319 2.4. mĂ©thodes de factorisation 320 3. Transformations d’égalitĂ©s 322 3.1. Principes d’équivalence 322 3.2. Équations 323
Partie 5 :
COMPRENDRE LES MATHS POUR BIEN LES ENSEIGNER 350 Les POURQUOI 329 Bibliographie 331 Index 337 Index TOME 1 337 Index TOME 2 341 Table des matiĂšres 343

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Comprendre les maths - Tome 2 by Van In Fondamental - Issuu