En quête d'Histoire - 2éme année - Chapitre 3

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En quête d’Histoire

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En quête d’Histoire 2e année

Ce manuel de référence offre à l’élève de 2e année les ressources nécessaires pour acquérir des savoir-faire et des compétences et lui permettre de construire son savoir. Classées dans l’ordre chronologique, des enquêtes lui proposent des questions de recherche, des documents variés, des lignes du temps et des textes informatifs pour situer les traces du passé dans leur contexte.

Nicole DARON, Françoise DELANTE, Danielle LECLERCQ, Dominique TOUBEAU

Ces traces, choisies dans le patrimoine culturel de l’humanité, doivent l’inciter à s’interroger, émettre des hypothèses, apprendre à les analyser de manière méthodique, exercer son esprit critique, les comparer, les confronter avec ses représentations, et sur cette base, s’efforcer de réaliser une synthèse provisoire. Un lexique de mots spécifiques aidera l’élève à travailler en toute autonomie. Des pages de discussion lui permettront de mener sa propre enquête, de mettre en lumière des aspects inattendus ou étonnants de l’histoire, de réfléchir à l’influence ou même à la survivance du passé dans le monde d’aujourd’hui.

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ISBN 978-2-8041-5002-0 www.deboeck.com

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En quête d'Histoire 2 e année Nicole DARON , Françoise D ELANTE , Danielle L ECLERCQ , Dominique TOUBEAU



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ENQUÊTE 3 L’Islam, une religion ou un mode de vie ?

Pèlerinage à La Mecque en Arabie Saoudite.

Qui sont les pèlerins ?

Pourquoi ces gens tournent-ils ?

Est-ce une arène ? un amphithéâtre ?

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À quoi servent les tours ?

Que représente la boîte noire au milieu ?

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1. Dans quel cadre géographique et humain va naître l’Islam ?

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622 Hégire 632 Mort de Mahomet 476

980-1037 Avicenne

1095-1099 Première Croisade


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ENQUÊTE 3 L’Arabie au VIIe siècle C’est en Arabie, au VIIe siècle, qu’est né l’Islam. Cette religion, fondée par Mahomet, va unir les tribus d‘Arabie en une seule communauté. L’arabe, la langue écrite du Coran*, devient la langue commune de tous les musulmans*.

1. L’Arabie au VIIe siècle. 2. Un paysage d’Arabie : le désert, la montagne et une oasis.

L’Arabie est une vaste péninsule, comprenant à la fois une grande partie désertique dans le nord et des régions fertiles dans le sud, l’actuel Yémen. Des vestiges mis au jour dans cette région remontent au IIe millénaire avant J.-C. et révèlent l’existence de civilisations maîtrisant les techniques de la construction, de l’agriculture, du travail du bronze et de l’écriture. Le royaume de Saba, par exemple, tirait sa fortune de ses parfums, de l’encens et de la myrrhe.

3. Une caravane. Miniature arabe du XIIIe siècle, BNF. 4. Inscription gravée sur pierre, trouvée dans le royaume de Saba (au Yémen). Cette écriture est antérieure à celle utilisée pour transcrire le Coran. Date ? 5. Photo de 1925 : les « Princes du désert ».

Un peuple de Bédouins Depuis l’introduction du dromadaire, l’Arabie désertique vivait de commerce caravanier lié au maritime. Avant cela, les tribus bédouines dominantes réunissaient à la fois une population sédentaire dans les oasis et des éleveurs nomades : les activités des uns et des autres étaient complémentaires. Mais les sédentaires exerçaient le pouvoir grâce à leur richesse et leur savoir-faire, notamment dans le domaine de la métallurgie des armes et de la construction des fortifications. Ce n’est qu’au XXe siècle que l’exploitation du pétrole allait apporter la prospérité à cette région. La péninsule arabique est l’héritière des civilisations du ProcheOrient ; le mot « arabe » est cité dans les annales mésopotamiennes et dans la Bible. Avant l’ère chrétienne, chaque région possédait sa propre écriture, sa langue, ses dieux et ses institutions. Ce n’est que peu à peu que les langues vont s’homogénéiser, sans doute à la suite de l’intensification des échanges. Au VIe siècle après J.- C émerge une écriture qui donnera naissance à l’alphabet arabe, celui que Mahomet utilisera. Les tribus arabes étaient polythéistes, mais peu à peu le monothéisme s’est installé : le judaïsme* dans les oasis du nord et dans les royaumes du sud, le christianisme sur les rives du golfe Arabo-persique.

Une nouvelle religion monothéiste : l’Islam Dès le VIe siècle, à La Mecque, centre religieux des Bédouins, un dieu va peu à peu remplacer les autres : Allah, le dieu en arabe. C’est également là que Mahomet aurait reçu une révélation – transcrite dans le Coran – et fondé une nouvelle religion : l’Islam.

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2. L’Islam, la religion des Arabes ?

La mission de Mahomet Au moment où le Prophète commença sa mission divine, l’empire des Arabes était divisé et la puissance du peuple brisée. Allah réunit les morceaux, calma les esprits et groupa autour de lui un grand nombre de tribus [...] habitant la péninsule arabique. Elles crurent en lui, se soumirent à son autorité, et rejetèrent leur adoration pour les idoles et le culte des étoiles. Alors elles proclamèrent la grandeur, la louange, la divinité et l’unité d‘Allah. Elles suivirent la loi musulmane qui impose de croire à la création du monde, à sa destruction, à la résurrection, au jugement dernier et à la récompense. De plus, la loi impose le jeûne, la prière, l’aumône (un dixième du revenu), le pèlerinage à La Mecque et d‘obéir à tous les commandements... Le Prophète ne vécut que peu d’années. À sa mort, ses successeurs et disciples étendirent les conquêtes islamiques dans le monde.

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Said d’Andalousie, Le livre des catégories des nations

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ENQUÊTE 3 Mahomet, un nouveau prophète

1. Mahomet devant la Kaaba. Miniature turque du XVIIIe siècle. 2. D’origine arabe, Abu l-Kâsim Sa’id ibn Ahmad est né en 1029 à Alméria en Andalousie (Espagne). Juge et savant célèbre, il a vécu à Tolède et y est mort en 1070. 3. La mosquée d’Ispahan (Iran). XVIe-XVIIIe siècles. 4. Le minaret de la mosquée de Samara (Irak) rappelle les ziggourats de la Mésopotamie ancienne. IXe siècle. 5. L’Alhambra de Grenade en Espagne. XIIIe-XIVe siècles. 6. La grande mosquée d’Al Ahzar au Caire (Égypte) a été bâtie au Xe siècle.

La Kaaba, centre de pèlerinage Selon la tradition, la Kaaba est un sanctuaire bâti par Abraham. C’est un édifice cubique, d’environ 12 mètres de côté, recouvert d’un voile de soie noire. Il est situé dans la cour de la grande mosquée* de La Mecque. Revenu de Médine, en 630, le Prophète y a placé une pierre noire (noircie par les péchés) envoyée du ciel. Le pèlerinage à La Mecque, au moins une fois dans la vie de chaque croyant, fait partie des obligations des musulmans. Les pèlerins déambulent dans la cour, en tournant autour de la Kaaba, jusqu’à ce qu’ils arrivent à hauteur de la pierre. Seuls les musulmans peuvent participer à ce pèlerinage.

Né vers 570 à La Mecque, la plus grosse ville de la péninsule arabique, Mahomet appartenait à une famille peu fortunée, mais à une tribu puissante. Pour gagner sa vie, il conduisait des caravanes*. Préoccupé par les questions religieuses, Mahomet méditait, s’informait sur le judaïsme et le christianisme. Selon la tradition musulmane, l’ange Gabriel lui aurait révélé la parole divine et lui aurait enjoint de la prêcher. Mahomet prêche un monothéisme strict : un Dieu tout-puissant, unique, créateur de l’univers, juge de tous les hommes. Il promet le salut à ceux qui adorent Dieu, font la prière et distribuent des aumônes. Par contre, ceux qui ne s’occupent que de biens terrestres seront punis. Il se présente comme le continuateur de la lignée des prophètes, à la suite d’Abraham, de Moïse et de Jésus. Cette prédication suscite une réaction hostile chez les riches marchands de La Mecque qui retirent des profits des pèlerinages païens et des transactions commerciales. Menacés, Mahomet et ses partisans se réfugient à Yatrib (Médine) en 622. Cet événement, l ‘Hégire, marque le début de l’ère musulmane : l’an 1 de leur calendrier. À Yatrib, Mahomet réussit à répandre sa nouvelle religion et est reconnu comme le chef de la communauté des croyants, le calife*. Il devient aussi chef de guerre lorsque le conflit éclate avec les Mecquois. Ce n’est qu’en 630 que La Mecque est conquise. Mahomet détruit les idoles* païennes et fait de la Kaaba un sanctuaire musulman. Il montre une grande modération à l’égard de ses anciens adversaires et la population se rallie rapidement à l’Islam. Lorsque le prophète meurt en 632, presque toute l’Arabie est devenue islamique. Les prescriptions du Coran, prières et rites religieux comme les règles de la vie sociale s’imposent à tous les croyants. Les juifs et les chrétiens, qui vivent sur le territoire arabe, parce qu’ils ont en commun avec les musulmans le Livre de la Bible, peuvent continuer à pratiquer leur propre religion, mais doivent payer un tribut. Un immense empire Les successeurs de Mahomet, les califes, entreprennent la conquête des régions voisines. En un siècle, ils étendent leur pouvoir de l’Espagne à l’Inde, soumettant à l’Islam des peuples variés, tout en tolérant encore la présence de chrétiens et de juifs. La langue arabe s’impose progressivement de l’Afrique du Nord à la Mésopotamie. Au VIIIe siècle, cet immense empire compte de 30 à 35 millions d’habitants, soit un sixième de la population mondiale de l’époque.

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3. Des nomades bâtisseurs de villes ?

Vers Mossoul

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Mosquée d'al Mansour

Palais d'al-Mahdî

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Grande Mosquée des Califes TIG RE

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Vers l'Inde et la Chine

Palais du Kuld

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Grande Mosquée de Rusâfa

Bagdad, la ville ronde

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Vers Basra

[le calife] Al Mansur en fit une ville ronde, la seule ville ronde connue dans le monde entier. La ville fut pourvue de quatre portes […] Chacune des portes était munie d’une porte de fer à deux battants, haute et épaisse, d’un poids tel que pour l’ouvrir ou la fermer plusieurs hommes étaient nécessaires. Le mur d’enceinte était entouré d’un avantmur protégé à l’extérieur par une digue. Cette digue faisait tout le tour et était bordée d’un fossé, dans lequel l’eau était amenée par un canal. Au centre de la grande place s’élevait le palais, à côté duquel se trouvait la grande mosquée. Le palais n’était entouré d’aucune construction, hôtel particulier ou maison d’habitation. […] D’un passage voûté à l’autre, il y avait des ruelles et des rues, en deçà du mur d’enceinte. Dans chacune de ces rues, habitaient les officiers supérieurs, ceux qui inspiraient assez de confiance pour être logés à proximité du calife. Aucune voie ne rejoignait le mur qui entoure la grande place, au milieu de laquelle s’élevait le palais du calife. En effet, toutes les rues et le mur de la place étaient concentriques.

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Yakubi, Les pays, 891 (Traduction)


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ENQUÊTE 3 La ville dans le monde islamique

1. Dessin de la ville de Bagdad au VIIIe siècle. 2. Yakoubi était un géographe arabe qui vivait au IXe siècle. 3. La ville de Damas (Syrie) au XVIIe siècle. 4. La citadelle d’Alep en Syrie reconstruite au XIIIe siècle. 5. La ville de Grenade, en Andalousie, présente aujourd’hui un aspect semblable aux villes islamiques anciennes. 6. Un souk est le mot arabe qui désigne le marché. Chaque rue est spécialisée dans un type de produits.

À la suite de ces conquêtes, les Arabes vont fonder et bâtir des villes un peu partout dans les territoires qu’ils contrôlent. La plupart de ces cités existent encore aujourd’hui. Des gens de toutes origines et de toutes religions s’y côtoient et, dans l’ensemble, ces communautés coexistent pacifiquement. Dès le VIIIe siècle, ces villes sont très peuplées : Le Caire et Cordoue dépassent les 200 000 habitants, ce qui est énorme pour l’époque ! Il faut attendre la fin du XIIIe siècle pour que Paris et Venise atteignent des chiffres comparables. Bagdad, ville palais Carrefour des routes commerciales, la plus grande cité du monde islamique est Bagdad : elle a probablement compté plus de 500 000 habitants ! Elle occupe un site de choix sur le Tigre, un des deux grands fleuves de Mésopotamie, et un canal la relie à l’Euphrate. En 762, près de 100 000 architectes et ouvriers y affluent pour en faire un joyau : une ville circulaire, aux remparts percés de quatre portes, et bâtie autour du palais et d’une grande mosquée. Bagdad est protégée par un triple rempart doublé de douves et ponctué de 360 tours. À l’extérieur, habitations, activités artisanales et marchés sont répartis en quatre quartiers, correspondant aux quatre portes. La ville attire marchands, savants et artistes. Aux siècles suivants, des bâtiments sont détruits pour récupérer les matériaux et élever de nouvelles constructions : des jardins luxuriants et des palais se mêlent à des ruines. La belle ordonnance du VIIIe siècle a disparu… D’autres grandes villes Fonder et bâtir sont des actes décidés par les souverains. Toute ville comprend un palais, une ou plusieurs mosquées, des souks* et des hammams*. Elle possède aussi un hôpital public, des dispensaires et des bibliothèques. Le Caire en Égypte, Fès au Maroc, Kairouan en Tunisie, Cordoue en Espagne, Damas en Syrie… et bien d’autres villes encore conservent toujours les traces de ce passé brillant. Des villes forteresses À partir du XIe siècle, des sultans* turcs supplantent les califes arabes et des chefs berbères reprennent le pouvoir au Maroc. À la place des villes-palais, ils font construire des citadelles, défendues par de puissants remparts. Ces forteresses surveillent et défendent tout à la fois les villes environnantes, les routes commerciales et les caravansérails*.

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4. Un monde ouvert ?

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Les Contes des mille et une nuits 1

Le marchand Ali Cogia “Il y avait à Bagdad un marchand appelé Ali Cogia qui se préparait à faire le pèlerinage à La Mecque. Il se joignit à la caravane de Bagdad avec un chameau chargé de marchandises. Quand il eut achevé les devoirs du pèlerinage, il exposa ses marchandises pour les vendre. Deux marchands les trouvèrent si belles qu’ils se dirent l’un à l’autre : «Si ce marchand connaissait les bénéfices qu’il ferait au Caire avec ses marchandises, il les y porterait». Ali Cogia prit alors le chemin de l’Égypte. Il y vendit toutes ses marchandises en faisant un grand profit et en acheta d’autres pour les vendre à Damas. Après un long séjour à Damas, il reprit le chemin de Bagdad. Il arriva à Alep puis à Mossoul. Mais là, des marchands perses le menèrent à Ispahan. Puis, il les accompagna en Inde et revint avec eux. Quand il retrouva Bagdad, il en était parti depuis sept ans.”

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Extrait des Contes des mille et une nuits

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Qui n’a jamais entendu l’histoire de Sindbad le marin, d’Aladin et la lampe merveilleuse ou d’Ali Baba et les 40 voleurs ? Ces récits sont extraits de contes persans traduits en arabe aux IXe et Xe siècles. Ils racontent l’histoire du sultan Shâriyâr qui, déçu par l’infidélité de son épouse, la fait mettre à mort. Afin d’éviter d’être à nouveau bafoué, il décide d’assassiner chaque matin la femme qu’il aura épousée la veille. Shéhérazade, la fille du grand vizir, se porte alors volontaire pour faire cesser le massacre. Habile conteuse, chaque nuit, elle raconte au sultan un fragment d’histoire dont la suite est reportée au lendemain. Le sultan, dont la curiosité est excitée, ne peut se résoudre à tuer la jeune femme ; il reporte l’exécution de jour en jour afin de connaître la suite du récit commencé la veille. Peu à peu, Shéhérazade gagne la confiance de son mari... Le succès de ces contes fut immense, non seulement dans le monde islamique, mais aussi en Europe.


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ENQUÊTE 3 Des échanges de toutes natures

1. Des Vénitiens sont reçus dans une ville orientale. Peinture anonyme, 1511. Musée du Louvre (Paris). 2. Les pièces de monnaie arabes sont reconnaissables au fait qu’elles ne portent pas de dessin figuratif, mais seulement le nom du souverain et de l’endroit où elles ont été frappées. 3. Extrait des Contes des mille et une nuits. Un conte est-il le reflet de la réalité ? 4. Coffret en ivoire du XIe siècle. Musée du Bargello à Florence (Italie). 5. Miniature arabe de 1287 : un scribe au travail dans la Maison de la Sagesse à Bagdad. 6. Manuscrit enluminé composé en Espagne ou au Maroc au début du XIIIe siècle.

Depuis le VIIIe siècle, le monde islamique est un monde ouvert. Des échanges commerciaux D’importantes caravanes traversent toute l’Asie centrale et s’arrêtent à Bagdad avant de faire route vers l’Afrique du nord et les ports de la Méditerranée. Des bateaux relient les lointains territoires de la Chine, de l’Inde et de l’Indonésie au golfe Persique et aux ports de la mer Rouge. Des richesses de tous les coins du monde sont déversées sur les quais de Bagdad : soie, encre, papier, porcelaine et épices de Chine ; pierres précieuses, teintures, épices d’Inde. À cela, il faut ajouter le coton et les céréales d’Égypte, les verreries et les fruits de Syrie, les textiles de Perse, les parfums d’Arabie, les perles du golfe Persique. Les esclaves, l’ivoire et l’or arrivent d’Afrique, le cuir d’Espagne ; les fourrures, l’ambre, les cuirasses et les sabres, de Russie et de Scandinavie. Toutes les villes du monde islamique prospèrent grâce à ces échanges. Cette activité économique est à l’origine d’une nouvelle profession : celle de banquier. Non seulement, ils changent des monnaies, mais ils pratiquent des techniques bancaires encore inconnues en Occident à cette époque : un chèque émis dans une ville islamique peut être encaissé dans une autre ville à des milliers de kilomètres de là. Des échanges d’idées Dans les villes islamiques, se rencontrent des philosophes, des juristes, des scientifiques… mais aussi des poètes et des artistes. Ils apprécient les débats d’idées, les spectacles où musique et poésie s’épanouissent. La littérature, comme les Contes des mille et une nuits, s’est fait l’écho de ces divertissements. C’est alors que les savants prennent connaissance des manuscrits des auteurs grecs, qu’ils traduisent en arabe. Au IXe siècle, le calife fonde à Bagdad, La Maison de la Sagesse : il fait acheter de nombreux livres, les fait entreposer dans la bibliothèque et recopier en plusieurs exemplaires.

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Circulant san servi de relais s cesse, les Arabes ont l’Occident et entre l’Orient et sciences et de contribué à développer de s techniques. s 55


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5. Une civilisation seulement héritière de l’Antiquité ?

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ENQUÊTE 3 Une civilisation brillante

1. Des astronomes. Miniature turque du XVIIe siècle. 2. Une bibliothèque, miniature de 1287 provenant d’Irak, BNF. 3. Cet astrolabe, fabriqué à Tolède, est un instrument de navigation servant à observer la position des étoiles et à mesurer leur distance par rapport à l’horizon. 4. Un des arcs de la salle du palais de Saragosse, en Espagne, XIe siècle. 5. Page d’un Coran du IXe siècle.

Dans toutes les grandes villes, les autorités font construire des bibliothèques. Elles y rassemblent des manuscrits d’auteurs anciens, grecs, persans ou indiens qu’elles font traduire en arabe et étudier dans les écoles. Il existe encore plus de 4 millions de manuscrits arabes, admirablement calligraphiés alors qu’il n’en reste plus que 60 000 en grec et 400 000 en latin. C’est grâce à cela que le savoir antique a été conservé, puis transmis en Europe. C’est aux Arabes que nous devons la traduction des livres de philosophie d‘Aristote, des théorèmes de Pythagore ou des traités de géométrie d’Euclide, des résultats des expériences d’Archimède… que nous étudions encore aujourd’hui. Grâce à tous ces livres, les savants ont encore fait progresser les sciences. Ils expliquent la numération décimale des Indiens (les chiffres qui vont de 1 à 10 et qui utilisent le zéro), les opérations comme les additions, les soustractions, les multiplications, ainsi que les racines carrées et les fractions. Ils mettent au point l’algèbre. Les médecins sont des précurseurs : ils savent réduire des fractures, anesthésier des malades, pratiquer des opérations et ligaturer les artères.

Avicenne, un génie universel Ibn Sina, connu en Europe sous le nom d’Avicenne, est un des plus grands savants du monde islamique du XIe siècle. À 18 ans, il avait déjà assimilé tout le savoir encyclopédique de son temps en mathématiques, en sciences et en littérature. Grand voyageur, il a circulé de Boukhara, en Asie centrale, jusqu’en Perse. Il aurait rédigé 456 ouvrages en arabe et 63 en persan. Mais il est surtout connu comme un très grand médecin, dont les connaissances ont profondément influencé les Européens. Son œuvre était à la base de l’enseignement de la médecine dans les universités depuis le Moyen Âge, et était même encore enseignée en 1909 à l’Université de Bruxelles.

Les marins utilisent des instruments de bord leur permettant de s’orienter grâce à la position des astres. Ils importent la boussole de Chine. Des géographes décrivent villes et régions (bien sûr celles connues à cette époque !) et les situent sur des cartes. Liés à l’architecture, les arts décoratifs témoignent d’un goût passionné pour l’ornementation : carrelages, verres, briques émaillées, fresques, panneaux lambrissés décorent les murs, les sols... Les artistes laissent leur imagination se déployer dans des motifs abstraits, influencés par leur passion pour les mathématiques et l’astronomie. Le motif le plus connu est certainement celui de l’arabesque*. Un des arts les plus appréciés et les plus remarquables est la calligraphie, c’est-à-dire l’art de tracer les lettres avec élégance. L’artiste qui s’y adonne est particulièrement honoré. Pendant des siècles, le monde islamique a fait preuve de dynamisme, d’ouverture et de tolérance. Grâce à ces qualités, il a créé une civilisation originale qui a influencé et fait évoluer le monde occidental.

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6. Al Andalus, un âge d’or ?

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ENQUÊTE 3 Al Andalus, une cohabitation harmonieuse

1. La Grande Mosquée de Cordoue en Andalousie. Photo actuelle. 2. L’Alcazar (ou palais) de Séville construit au XIVe siècle par un roi d’Espagne. 3. Une noria près de Cordoue. 4. Consultation médicale. Manuscrit du XIVe siècle. Bibliothèque nationale du Caire (Égypte). 5. Un musulman et un chrétien s’accompagnent d’un luth. Miniature du XIIIe siècle. 6. Le jeu d’échecs originaire des Indes a été introduit en Europe par les Arabes. Cette miniature réalisée en Andalousie au XIIIe siècle témoigne d’une coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans.

Depuis le VIIIe siècle, l’Espagne était occupée par les Arabes. Progressivement, les chrétiens ont reconquis des territoires : le Léon, la Castille, la Catalogne. En 1492, le dernier territoire, l’Andalousie, est repris par les rois chrétiens. Mais, jusqu’au XVe siècle, les Arabes y avaient établi une des plus brillantes civilisations de cette époque. La capitale est Cordoue : superbe ville, la première en Europe après Constantinople, elle égale Bagdad, Damas et Boukhara. Aux alentours de l’an mil, elle compte 100 000 habitants, 700 mosquées, 300 hammams et 700 bibliothèques. Le soir, les habitants peuvent flâner tranquillement dans les rues : Cordoue dispose du premier éclairage public en Europe ! Séville, Grenade, Tolède… toutes ces villes ont conservé des vestiges : superbes palais, belles maisons à étages autour d’un patio entouré de galeries ouvertes, bains maures, murailles, jardins, mosquées. L’époque islamique a permis aussi le développement d’une culture et d’un art de vivre uniques. Les Cordouans étaient déjà célèbres pour le travail du cuir (on dit aujourd’hui encore cordonniers !). Ils se distinguaient aussi dans les sciences. Des agronomes et des ingénieurs ont importé d’Orient des techniques de culture et d’hydraulique qui ont rendu fertile une terre aride brûlée de soleil. Ils ont aussi amené l’eau courante dans toutes les maisons de la ville. Objets en bronze, en ivoire, en céramique, tapis, tissus et autres produits raffinés sortaient des ateliers des artisans andalous. Des savants reconnus

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Ils sont nés ou ont vécu en Andalousie et suscité l’admiration à leur époque Averroès (1126-1198), a été à la fois médecin, juriste, astronome, grammairien. Ibn Khaldûn, le plus célèbre des historiens arabes, a fixé les règles de la démarche historienne : être impartial, ne pas vouloir plaire, multiplier ses sources, les vérifier, s’en tenir aux faits… Al Idrîsî (1100-1165) géographe et grand voyageur, a laissé 70 cartes planes et des descriptions de villes connues de son temps, avec leurs coordonnées, latitude et longitude. Il a décrit des itinéraires, des richesses naturelles, ainsi que des productions agricoles et minières en se fondant sur une observation directe ou sur des témoignages recueillis auprès de marchands ou de voyageurs. C’est surtout dans le domaine de la médecine, de l’astronomie et de la philosophie que les Andalous étaient très avancés et qu’ils ont influencé les autres savants européens.

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7. Des guerres… destructrices ou enrichissantes ?

Le point de vue d’un auteur libanais “En médecine, en astronomie, en géographie, en chimie, en mathématiques, en architecture, les Franj [les chrétiens d’Europe] ont tiré leurs connaissances des livres arabes qu’ils ont assimilés, imités, puis dépassés. […] S’agissant de l’industrie, les Européens ont repris, avant de les améliorer, les procédés utilisés par les arabes pour la fabrication du papier, le travail du cuir, le textile, la distillation de l’alcool et du sucre. On ne peut oublier à quel point l’agriculture européenne s’est elle aussi enrichie au contact de l’Orient : abricots, aubergines, échalotes, oranges, pastèques… [Aujourd’hui] Assailli de toutes parts, le monde musulman se recroqueville sur lui-même. Il est devenu frileux, défensif, intolérant… À la fois fasciné et terrifié par ces Franj qu’il a connus barbares, qu’il a vaincus, mais qui depuis ont réussi à dominer la Terre, le monde arabe ne peut se résoudre à considérer les Croisades comme un simple épisode d’un passé révolu.”

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Amin MAALOUF, Les Croisades vues par les Arabes, 1983


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ENQUÊTE 3 Les Croisades, un contact brutal…

1. L’assaut de Jérusalem par les Croisés en 1099. Miniature française du XIVe siècle, BNF. 2. Amin Maalouf journaliste et écrivain libanais est spécialiste du monde arabe. 3. Vue en plan de Jérusalem au XIIe siècle. 4. Vue actuelle de la vieille ville de Jérusalem avec, au centre, l’esplanade du Temple et le Dôme du Rocher ; à l’avant-plan, le Mur des Lamentations. 5. La cité de Venise a été une des principales bénéficiaires des Croisades. Ce tableau anonyme montre les superbes monuments témoins de son riche passé. 6. Le krak des chevaliers, un château fort transformé par les Croisés en Palestine est encore visible aujourd’hui.

Jérusalem, la ville sainte des trois religions monothéistes Pour les juifs, Jérusalem abrite les vestiges du Temple bâti par le roi Salomon au Xe siècle avant J.-C. Depuis leur révolte contre les Romains en 70 après J.-C., il ne reste que les pierres du Mur des Lamentations. Pour les chrétiens, la ville est le berceau du christianisme, l’endroit où Jésus a prêché et est mort. Pour les musulmans, Jérusalem est la troisième ville sainte, derrière La Mecque et Médine, d’où, selon leur tradition, Mahomet aurait été emmené au ciel.

Entre le XIe et le XIIIe siècle, les chrétiens d’Occident mènent au Proche-Orient des expéditions militaires pour tenter de reprendre Jérusalem aux musulmans. Ils croient expier leurs péchés dans ce pèlerinage armé vers les Lieux Saints, c’est-à-dire les lieux où a vécu le Christ. Sur les huit Croisades, seule la première atteindra Jérusalem. Un bilan contrasté Sur le chemin de la Palestine, les Croisés massacrent les communautés juives des villes qu’ils traversent. La prise de Jérusalem en 1099 se fait dans un bain de sang. Les populations juives et musulmanes qui, ensemble, ont défendu la ville ont été anéanties dans leur quasi totalité. Un grand nombre de chevaliers chrétiens s’installent en Palestine. Ils y créent des États qui ne survivront que deux siècles. Ils s’y mêlent aux populations locales et y construisent des châteaux forts. Aux yeux des musulmans, les Croisés apparaissent comme des guerriers sauvages contre lesquels il faut sans cesse défendre l’Islam : c’est le djihad*, la guerre sainte. Pour partir en croisade, ils ont dû vendre leurs biens en Europe et souvent libérer leurs serfs. Le transport des troupes et des vivres a fait la prospérité des ports italiens comme Venise, Pise et Gênes. Par la suite, les pèlerins qui continuent à se rendre en Terre Sainte contribuent à maintenir l’activité commerciale et bancaire de l’Europe occidentale. De nouveaux échanges transforment le mode de vie. Des techniques sont introduites en Europe : nouveaux bateaux de transport, boussole, carte marine, moulins à vent… et les chiffres dits arabes inconnus jusque là dans nos régions. La canne à sucre, le coton, des fruits comme l’abricot, mais aussi des tissus, comme les soieries, le brocart… Ces produits de luxe sont très appréciés dans les châteaux. De même, des produits occidentaux pénètrent sur les marchés du Proche-Orient, ainsi que des types de construction et l’art de l’enluminure. Au XIIIe siècle, des missionnaires chrétiens font progresser la connaissance de l’Islam. Malgré la brutalité des contacts, les Croisades ont eu aussi des résultats positifs.

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8. Des traditions immuables ?

Les femmes dans le Coran O vous qui croyez ! Il n’est pas licite pour vous de vous déclarer héritiers des femmes contre leur gré, ni de les empêcher de se marier, dans le but de reprendre une portion de ce que vous leur avez donné, sauf en cas de déshonneur prouvé. Dans votre vie commune, comportezvous avec elles d’une manière honnête. Si vous éprouvez de l’antipathie pour elles, c’est comme si vous aviez de l’antipathie pour une source de grand bien créée par Dieu. Si vous désirez substituer une épouse à une autre épouse et si vous avez doté l’une d’elles d’un quintal d’or, n’en reprenez rien. Ce serait un scandale et un crime flagrant !

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La famille Tous les textes médiévaux qui évoquent les rapports entre un homme adulte et sa mère font ressortir la puissance affective des liens qu’ils entretenaient […] Contrairement à ce qui se passait sous d’autres cieux, l’attachement d’un fils pour sa mère ne faiblissait pas avec l’accès de celui-ci à la vie active… À l’inverse, la jeune femme, dès qu’elle avait donné naissance à un fils, s’identifiait à lui et préparait son avenir. Elle vivait dans l’espoir et le rêve, alors que son époux se complaisait à évoquer son passé. À l’égard du père, souvent absent de la maison, âgé, lointain, le respect et la crainte dominaient chez le petit enfant.

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Th. BIANQUIS, La famille arabe médiévale, 1986

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Le Coran, Sourate IV, versets 19-22


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ENQUÊTE 3 Un mode de vie entre traditions et nouveautés

1. Un conseil de notables, peinture du XIXe siècle. Detail. 2. Extrait du Coran. 3. Ce sociologue contemporain étudie l’évolution de la famille islamique au cours du temps. 4. À l’école coranique, les élèves apprennent à lire dans le Coran. Un élève agite l’éventail pour rafraîchir la pièce. Manuscrit de 1237, BNF. 5. Un cadi (juge) écoute les plaintes d’un mari et de sa femme. Miniature du XIIIe siècle, BNF.

Au moment où Mahomet va commencer à prêcher, les tribus arabes qui étaient encore nomades, vivaient dans le désert et dominaient les paysans qui travaillaient pour elles dans les oasis. Elles contrôlaient aussi les routes caravanières, le centre de foire et de commerce (La Mecque), et le centre de pèlerinage (la Kaaba). Les Bédouins nomades ou semi-nomades, vivant dans un milieu naturel difficile, survivaient grâce à leur force et leur résistance physique, leur connaissance des ressources, leur expérience des armes. La solidarité familiale était vitale et l’organisation de la famille en dépendait. Les femmes étaient protégées par leur père ou leurs frères. La naissance d’un garçon, un futur guerrier, était attendue avec joie. L’homme était désigné, dans son nom, comme fils d’un tel, puis lorsqu’il devenait père, comme père d’un tel. Lorsque le père de famille mourait, ses biens étaient partagés entre ses enfants à raison d’une part pour chaque garçon et d’une demi-part pour chaque fille. Les mariages étaient décidés par les hommes de la tribu* – père ou oncle paternel- en fonction des intérêts du clan*. C’est pour cette même raison, que, la plupart du temps, comme chez les chrétiens et les juifs de la région, les conjoints étaient choisis au sein de la même tribu. Ces coutumes bédouines ont influencé le droit islamique. Mahomet s’est inscrit dans la tradition, tout en s’efforçant de la faire évoluer . Par exemple, il a limité la polygamie à quatre épouses et demandé qu’elles expriment leur consentement au mariage. Mais, à une époque où la force physique primait, les femmes ont continué à être enfermées dans un espace privé de l’habitation. Le voile, porté à l’extérieur de la maison par toutes les femmes de cette époque, symbolisait la séparation entre les femmes et les hommes étrangers à leur famille. Lorsque les Arabes se sont sédentarisés et notamment pour ceux, marchands et artisans qui s’installent dans les villes, la situation de la famille a évolué. Par exemple, les femmes vont pouvoir disposer de leurs biens. Les enfants craignaient leur père, souvent éloigné, mais entretenaient des rapports très affectueux avec leur mère, l’âme du foyer. Les changements dans la société et dans l’économie ont entraîné une modification de la famille et du rôle de chacun de ses membres.

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Discussion

L’Islam aujourd’hui : entre traditions… Depuis l’époque de Mahomet, le monde islamique a évolué. Originaire d’Arabie, l’Islam y est toujours présent et majoritaire actuellement, comme dans les pays du Proche-Orient et du Maghreb (Afrique du Nord). Mais au fil des siècles, il s’est répandu en Afrique, en Europe, et même en Amérique. Aujourd’hui, cependant, ce sont des pays d‘Asie qui comptent le plus grand nombre de musulmans : Indonésie, Pakistan, Inde et Bangladesh. Partout où ils se sont installés, les musulmans continuent à apprendre leur religion dans le Coran et ce dernier est écrit en arabe : l’arabe est donc resté la langue commune de tous ceux qui pratiquent l’Islam (comme le latin l’a été pour les chrétiens).

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Lorsque les Arabes nomades sont devenus sédentaires, leur mode de vie, nous l’avons vu, a évolué. De même, tout en restant fidèles à leur religion, les musulmans aujourd’hui sont influencés par la culture des autres peuples avec lesquels ils cohabitent. Des représentants des musulmans de toute l’Europe se sont réunis à Bruxelles les 12 et 13 mai 2007 pour réfléchir à cette évolution et examiner comment ils pouvaient concilier la spiritualité de l’Islam et les valeurs universelles.

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1. Miniature représentant des voyageurs à l’entrée d’une bourgade, BNF. 2. Des manifestants turcs veulent que leur pays reste laïc, comme l’avait organisé le président Atatürq (visible à droite, sur le drapeau), Istanbul, mai 2007. 3. Dans une école religieuse de Karachi, au Pakistan, des élèves lisent le Coran en arabe.

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ENQUÊTE 3

… et ouverture sur le monde ? En Belgique, il y aurait aujourd’hui, près de 400.000 musulmans. Entre tradition et modernité, ils occupent une place dans notre société laïque, tout en s’efforçant de maintenir leur culture et leur identité propres. Comme beaucoup d’autres États, la Belgique est une société multiculturelle, dans laquelle les particularités des différentes cultures s’interpénètrent de plus en plus, que ce soit sur le plan alimentaire, vestimentaire ou artistique. Un chanteur, comme Mousta Largo, crée des spectacles dans lesquels interviennent des chants traditionnels de chez nous, de la musique arabe et des contes : allez voir Ali baba et les 40 conteurs ou encore Ali au pays des Merveilles ! 5 Des Belges de toutes origines ont appris à connaître cette culture, par des voyages, des spectacles, des lectures, des émissions, des concerts…

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Regardez autour de vous, écoutez, observez et cherchez vousmême des exemples de cette influence réciproque de différentes cultures.

4. Le chanteur Mousta Largo. 5. Un restaurant à Liège aujourd’hui.

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