L' Éduc'Mag n° 175

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175 4,60 € Juin 2023 CPPAP N° 0716 S 06569 l’Enseignement Public La fédération UNSA des métiers de l’ É ducation, de la Recherche et de la Culture

à partir du

23 juin 2023

Journée internationale de la Fonction publique

DES PAS DÉFI LE

Agents de la Fonction publique, du 23 juin au 6 juillet 2023, participez à un défi collectif : Vous marchez, vous cumulez des pas pour récolter des fonds en faveur de la Fondation des Hôpitaux.

Scannez le code pour télécharger l’appli puis renseignez CASDENBP23 dans l’onglet jeux

Un dé昀 proposé par CASDEN, la banque coopérative de la Fonction publique et Banque Populaire.

Concours « Le dé昀 des pas» gratuit organisé du 23 juin 2023 au 6 juillet 2023 par CASDEN Banque Populaire et BPCE, réservé à toute personne physique capable majeure, cliente ou non des Sociétés organisatrices, résidant en France métropolitaine (Corse comprise) disposant d’un téléphone mobile compatible, d’une adresse e-mail personnelle valide et d’une application « compteur de pas » sur son téléphone portable. Pour participer au Concours, il convient de se connecter à l’application Kiplin après l’avoir téléchargée, et de s’inscrire avec le code fourni dans les communications de la CASDEN Banque Populaire ou des Banques Populaires régionales. Ce Concours est à vocation caritative. Aucun lot ne sera remis aux participants. À la 昀n du Dé昀, seront comptabilisés tous les pas réalisés par les participants. Pour 1 500 pas, 0,10 € seront versés à la Fondation des Hôpitaux sous forme de dons, à hauteur maximum de 30 000 €. Voir détails des conditions et modalités de participation dans le règlement complet qui peut être adressé, à titre gratuit, à toute personne qui en fait la demande à l’adresse suivante, jusqu’à un mois après la date de clôture du concours : CASDEN Banque Populaire – Service communication - 1 bis rue Jean Wiener 77420 Champs- sur-Marne.

Les
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Directeur de la rédaction

Frédéric Marchand

Directeur de la publication

Pierre Chateau

Rédactrice en Chef Aline Boussaroque

Ont participé à ce numéro : Denis Adam, Nicolas Anoto, Karine Autissier, Steve Blanchard, Aline Boussaroque Christian Champendal, Willie Charbonnier, Pierre Chateau, Olivia Corbel, Julien Danglard, Véronique De Aguiar, David Durand, Rémi Ferrières, Jérôme Giordano, Benoît Kermoal, Béatrice Laurent, Gilles Leluc, Frédéric Marchand, Christophe Marsollier, Tony Martin, Yves Paploray, Jean-François Rolland, Marc Rosmini, Hawa Sall, Stéphane Soreau, Gilles Tena, Solenn Texier.

Illustration couverture

Aline Boussaroque

Photo: © François Resnais

Réalisation

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Pour les personnes souhaitant s’abonner, le prix du numéro est de 4,60 €, l’abonnement annuel de 18,40 €.

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0716 S 06569

Dépôt légal : Juin 2023

UNSA Éducation

87 bis, Avenue Georges Gosnat 94853 IVRY-SUR-SEINE CÉDEX

Tél. : 01 56 20 29 50

national@unsa-education.org

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Réformistes face à Macron

LUNSA Éducation dénonce la responsabilité du président de la République qui, avec la réforme des retraites, a amplifié la triple crise sociale, politique et démocratique. Le dire haut et fort, c’est affirmer notre syndicalisme réformiste. Notre syndicalisme dénonce la situation de blocage qui permet à l’État employeur de se dédouaner de la recherche d’un vrai dialogue social débouchant sur des accords. Notre syndicalisme dénonce la posture et la communication défiantes et provocatrices du président de la République et souvent des ministres qui viennent le plus souvent affaiblir ou décrédibiliser leurs décisions, y compris celles qui pourraient avoir des effets positifs.

En procédant ainsi, le président de la République fragilise le réformisme et c’est dangereux.

Le manque de respect des organisations syndicales et de leur rôle essentiel dans la démocratie ne fait que renforcer la défiance de la population envers le monde politique.

La conséquence de cette absence de recherche de compromis, c’est une croissance des rancœurs et donc de la colère, de la violence, une croissance de l’abstention et une extrême-droite qui prospère en attendant son heure.

Notre syndicalisme est offensif et il parle vrai. Notre syndicalisme est offensif parce qu’il parle vrai.

C’est pourquoi, même, et surtout, face à Emmanuel Macron, il continuera à valoriser son action et à faire des propositions.

Quand nous obtenons le doublement de l’ISAE et de l’ISOE et des perspectives de déroulement de carrière plus rapide pour les professeurs, CPE, PsyEN, nous le disons tout en soulignant l’insuffisance de la revalorisation.

Quand nous faisons reculer le président sur son projet d’augmenter de 50 % les périodes de formation en milieu professionnel en Bac Pro, au détriment de l’enseignement général et de la formation scolaire, nous le disons aussi en rappelant aussi toutes les incertitudes restantes.

Quand nous obtenons des avancées pour certains personnels de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, avec la signature d’un accord en 2021 qui engage le ministère, nous le disons encore et continuons à nous battre pour l’élargir à tous les personnels.

C’est bien parce que notre syndicalisme reconnait des avancées et qu’il a le courage de la nuance que ses oppositions ont la force, non pas de l’habitude, mais de la sincérité.

Alors nous le redisons avec force, l’UNSA Éducation ne veut pas de cette réforme des retraites.

L’UNSA Éducation demande davantage de mixité sociale à l’École. C’est une priorité pour améliorer notre système éducatif et la société en donnant

toute la priorité nécessaire à l’École publique et laïque. L’UNSA Éducation est attachée à la réussite de chaque jeune.

L’UNSA Éducation ne veut pas de la généralisation du SNU et ne veut pas qu’il se fasse sur le temps scolaire.

L’UNSA Éducation s’oppose à la logique du « pacte » et veut une revalorisation des tâches actuelles, pour TOUS les personnels de l’Éducation, de la Recherche, de la Culture.

L’UNSA Éducation revendique une loi pour l’Enseignement supérieur pour répondre aux exigences d’une nécessaire ambition pour sa démocratisation.

L’UNSA Éducation exige la déprécarisation statutaire et économique des AESH et une politique globale qui se donne les moyens de réussir l’inclusion scolaire.

L’UNSA Éducation exige que la voie professionnelle scolaire soit renforcée avec un meilleur accompagnement des élèves, sans augmentation des PFMP au détriment du temps scolaire, avec un respect de tous les personnels engagés dans leur professionnalité et pour la réussite de élèves.

L’UNSA Éducation se mobilise au quotidien pour l’amélioration de la qualité de vie au travail et pour que cesse la mise en tension permanente de tous les niveaux du système.

Plus que jamais nous avons besoin du syndicalisme combatif de l’UNSA. Combatif car réformiste. Utile car réformiste. Le réformisme, c’est l’action. Le réformisme, c’est la recherche du compromis. Le réformisme, c’est, concrètement, faire reculer le gouvernement lorsqu’il porte des mesures qui n'améliorent pas la situation. C'est planter des jalons pour plus tard et obtenir in fine des avancées pour bâtir une École émancipatrice et une société plus égalitaire.

Nous ne laisserons pas le président de la République affaiblir le réformisme. Nous faisons face au quotidien et nous le ferons encore à l’avenir. Réformistes face à Emmanuel Macron, c’est la voie de l’UNSA Éducation.

Vis-à-vis des collègues qui pourraient voir le réformisme comme souple face au gouvernement, on pourrait peut-être ajouter une phrase qui explique que le réformiste c’est aus si ref user de laisser croire aux collègues que s’opposer à tout en bloc aurait permis de ne pas voir s’installer des réformes qu’on ne voulait pas, mais qu’au contraire, au lieu d’être améliorée par nos contre-propositions et amendements, ces réformes seraient passées telles quelles.

Frédéric Marchand

Secrétaire général de l’UNSA Éducation

@FMarchandfred

3 Internationale de l’Éducation - n° 175 - Juin 2023

6-7 • Les b rèves d’ a ctu

12-13 • Le Baromètre UNSA É ducation 2023

14 • L’UNSA saisit le Conseil d’État pour défendre vos conditions de travail

14

19

• Revalorisation indemnitaire conséquente pour les PTP

• Une réforme de plus pour la voie professionnelle sans l’adhésion des personnels

20-21 • Focus sur la CPES du lycée Thiers de Marseille : l’enquête en EMC

24 • Urgence climatique : agir vite et ensemble

25 • Changement climatique : que peut l’École ?

Un blog à [ r e ] découvrir

Pour découvrir une diversité d’articles sur des sujets variés ,connectez-vous sur le blog « Questions d’Éduc »

Le mercredi, vous pourrez découvrir un billet sur l’actualité éducative et le vendredi un billet culture.

N’hésitez pas, vous pourrez aussi écouter un podcast.

4 - n° 175 - Juin 2023
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« Voyage en utopies »

L’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et la Ville de Marseille annoncent la quatrième édition du festival des sciences sociales

« Allez Savoir », sur le thème des utopies et dystopies, intitulée « Voyage en utopies », du 20 au 24 septembre 2023.

Près de 160 intervenants seront présents dans une riche programmation mêlant tables rondes, projections-débats, expositions, balades, rencontres aux musées, spectacles, ateliers, propositions en famille ou encore ateliers pédagogiques.

Sport et UNESCO

L’éducation aux valeurs par le sport, une campagne pour développer l’objectif de développement durable 4 de l’ONU - Pour une Éducation de qualité - équité, travail d’équipe, égalité, discipline, inclusion, persévérance et respect : à partager par la pratique de l’activité physique et sportive.

> https://fr.unesco.org/themes/ sport-antidopage/education-aux-valeurs

ZEP

La ZEP, Zone d’Expression Prioritaire, rend concrète la liberté d’expression pour les jeunesses. Portée par des journalistes et des jeunes en service civique, l’association anime des ateliers d’écriture, de production de podcast et vidéos. Indispensable, à écouter ici :

> https://zep.media/sons/comment-jai-grandi/

La chaîne pédagogique LUMNI propose une nouvelle série pour ados, qui passe en revue les usages d’internet et des réseaux sociaux : fake news, cyber-harcèlement, temps passé, estime de soi, pièges et dangers, argent, …20 épisodes sont prévus pour une éducation aux usages responsables des réseaux.

6 - n° 175 - Juin 2023
LUMNI

Mobilités ERASMUS +

+ 139 % du nombre de mobilités Erasmus + en 2022

136 135 mobilités ont été financées, soit trois quarts des demandes, dont :

71 527 dans l’enseignement supérieur (52 % du total des mobilités),

35 358 dans l’enseignement scolaire (25 %),

27 230 dans l’enseignement et la formation professionnels (21 %), et 2 020 pour l’éducation des adultes (2 %).

Le tout pour un budget de 288 millions d’euros.

Penser l’Éducation à l’époque de l’anthropocène

Quelle est la finalité de l’éducation : est-ce d’adapter les jeunes au monde tel qu’il va ou de travailler à la transformation radicale de nos sociétés ?

Les auteurs poursuivent leur travail d’analyse biogéophysique et sociopolitique de l’Anthropocène pour tracer le chemin de la refondation d’une éducation politique confrontée au plus grand défi du temps présent, la disparition progressive de nos conditions bioclimatiques d’existence.

7 - n° 175 - Juin 2023

SNIA-IPR Le Syndicat national des inspecteurs d’académie et des inspecteurs pédagogiques régionaux

Avec 50% des actifs syndiqués, le SNIA-IPR demeure la seule organisation représentative des IA-IPR. Grâce à 70,56 % des voix aux élections professionnelles de décembre 2022, notre liste d’union, SEJS-SI.EN-SNIA-IPR, a gagné 5 des 6 sièges de la CAPN des corps d’inspection et le SNIA-IPR compte 2 titulaires.

Un bureau national de 9 IA-IPR, d'un.e représentant.e des stagiaires et d'un·e représentant·e des retraités, élit le/la secrétaire général·e et répartit les autres fonctions parmi ses membres.

Dans chaque académie, un délégué fait le lien entre ses collègues et le bureau, animant la vie syndicale académique.

La diversité d’expertise et de champs disciplinaires des IAIPR est représentée au national comme dans les académies.

La parité femme-homme est une priorité.

Adhérant à l'UNSA Éducation en 2011, nos revendications

s'inscrivent dans celles de la fédération, notre syndicat en partage les valeurs.

Nous contribuons à l’œuvre collective sur de nombreux

dossiers avec les organisations sœurs : RDVC (Rendezvous de carrière), évaluations des établissements, collège, lycée, et sur des questions larges dont se saisit la fédération : inclusion, mixité sociale, Violences Sexuelles et Sexistes, Qualité de vie et conditions au travail. La prospérité est mutuelle.

Nos mandats affirment le positionnement des IA-IPR, pilotes pédagogiques et acteurs des ressources humaines, pour conforter ces dimensions académiques et nationales de nos missions.

Les créations de postes rencontrent un manque d’attractivité chronique lié à des conditions d’exercice du métier dégradées. La qualité de vie et des conditions de travail doit d’urgence se concrétiser.

Nous portons ce syndicalisme de progrès social et de respect de nos valeurs.

8 - n° 175 - Juin 2023
@SNIA_IPR

L’U NSA É ducation en Nouvelle-Aquitaine

Profondément attachée au dialogue social, l’U NSA É ducation Nouvelle-Aquitaine représente tous les personnels de l’ É ducation nationale, l’Enseignement supérieur, la Jeunesse et Sport et l’Enseignement agricole dans toutes les instances de concertation. Elle est force de proposition auprès de tous ses interlocuteurs institutionnels, (Administration, Régions, Départements …).

Nous sommes une fédération ancrée sur des territoires variés avec des dynamiques diverses (Ruralité importante, métropole, attractivité littorale …)

Les actions de l’UNSA Éducation

Nouvelle-Aquitaine

Une stratégie de communication renouvelée, plus accessible, plus directe, plus lisible avec une présence accrue et des nouveaux supports de communication (capsules vidéo et audio, présence sur les réseaux sociaux …).

Un accompagnement accru des personnels non titulaires (Contractuels, AESH…).

La lutte contre les inégalités sociales et scolaires. L’école inclusive.

Nous développons un syndicalisme de proximité, utile, engagé et offensif pour les personnels.

La nouvelle Aquitaine s’engage auprès des AESH

La section régionale Nouvelle Aquitaine développe sa présence auprès des AESH en missionnant un militant pour coordonner tout particulièrement les actions envers ces personnels.

Pages UNSA Éducation coordonnées par :

La fédération met à disposition des 12 départements de la région une communication adaptée, des stages et des formations pour les AESH mais également des outils et fiches pratiques. Nous invitons d’ailleurs ces personnels à nous contacter pour bénéficier des outils disponibles.

La section régionale s’engage à poursuivre ce plan sur les quatre prochaines années. Il s’agit pour la fédération d’apporter son soutien au SE-U NSA pour qu’il développe son audience auprès des AESH.

C’est la concrétisation des objectifs en Nouvelle Aquitaine que le SE-UNSA et la Fédération se sont fixés.

Poitiers siège des opérateurs CNED et Réseau Canopé

L’UNSA Éducation est le premier syndicat pour ses deux opérateurs et la section régionale est l’interlocuteur de proximité des personnels. Elle est en soutien et participe activement à l’animation du réseau des élus de notre fédération et à l’organisation de réunions.

La fédération met en place des stages spécifiques à destination de nos représentants (stage communication, stage spécifique des élus en CSA …). La section régionale participe aux actions de notoriété des syndicats auprès des enseignants, des administratifs et des personnels techniques, de recherche de formation. C’est également un véritable apport de technicité de compétence et de connaissance pour l’académie de Poitiers et ses personnels.

9 - n° 175 - Juin 2023

Contrer les déserts médicaux : les propositions de l’UNSA

Un an après avoir fait de l’accès aux soins une promesse de campagne, le président de la République peut difficilement, aujourd’hui, se prévaloir d’avancées concrètes. En effet, la désertification médicale ne cesse de s’accroitre, et dans sa feuille de route présentée le 26 avril dernier, la première ministre ne fait que reprendre la liste des différentes mesures avancées depuis 2018.

Le gouvernement continue de s’appuyer sur les médecins, et eux seuls, pour trouver des solutions. Or, la grande majorité des syndicats de médecins libéraux refuse la moindre contrainte.

Dans plusieurs régions, la population peine à se faire soigner dans des délais et des conditions géographiques raisonnables. Car au-delà du refus des médecins des restrictions sur la liberté d’installation, ils s’opposent parallèlement à ce que des actes puissent être confiés à d’autres professionnels de santé (infirmier.ière, kiné, etc.), pourtant en mesure d’améliorer l’accès aux soins de certains patients. Pour l’UNSA, la feuille de route santé de la Première ministre n’est ni plus ni moins qu’une liste d’incantations réchauffées depuis 2018 dont on peine à voir les effets positifs pour les assurés sociaux. La seule nouveauté est une proposition de loi relative à la santé et aux territoires visant à améliorer l’accès aux soins qui sera examinée en juin.

Ce manque de courage (que l’exécutif a pourtant su trouver pour imposer sa réforme des retraites contre l’avis des travailleurs) nuit gravement à la santé de la population.

C’est pourquoi l’UNSA revendique toujours :

l’accélération de la mise en place des SAS (services d’accès pour les soins non-urgents) dans tous les départements - y compris outre-mer - avant la fin 2024 ;

la fin de la liberté d’installation dans les zones surdotées en médecins ;

le retour des gardes obligatoires quelle que soit la spécialité médicale pratiquée (radiologie, dentaire, gynécologie, etc.) afin de désengorger les services d’urgences des hôpitaux.

Autissier
11 - n° 175 - Juin 2023
Karine
karine.autissier@unsa.org

Crise de confiance et crise après 6 ans de

Malgré le contexte social tendu, pas moins de 3 4 585 collègues se sont exprimés via ce Baromètre , mené du 5 mars au 5 avril 2023. Cette enquête annuelle devenue référence interroge les personnels de l’ É ducation, de la Jeunesse et des Sports, de l’Enseignement agricole, de l’Enseignement supérieur de la Recherche, et de la Culture sur leurs conditions de travail, leur ressenti dans leur métier ainsi que sur des questions d'actualité orientées pour cette 11è édition sur : la transition écologique, la crise démocratique et la transformation numérique.

Les résultats 2023 sont plus que jamais inquiétants pour notre société les personnels qui portent les politiques de jeunesse et d’avenir dans notre pays expriment un découragement alarmant .

Dévalorisation et défiance s’amplifient, là où des actions se font attendre en fonction des enjeux de certains grands défis sociaux.

12 - n° 175 - Juin 2023 Q 15 Q 3 Q 4 Q 2 Q 10 a/b Q 1 Q 14

démocratique renforcées présidence Macron

Notre fédération, et les 23 syndicats qui la composent, continuera d’agir auprès des parlementaires et des partis politiques, et s'appuiera sur ces données pour obtenir des avancées concrètes pour les personnels, dans les instances, sur le terrain et dans la mobilisation, pour être enfin reconnu·es et respecté·es.

Mission Gillet : l’occasion de redonner du sens à la structuration de la Recherche en France ?

À souligner également : l’amour du métier continue à faire battre le cœur des collègues, mais cet enthousiasme s’effrite dans le détail, d’autant plus que les conditions de travail continuent de se dégrader. Surcharge de travail, pouvoir d’achat en berne et perspectives de carrière sont jugées particulièrement insatisfaisantes.

Q 9

D’années en années, d’une réforme à une autre, l’écosystème de la Recherche française a constamment évolué et s’est complexifié au point de devenir très peu lisible et efficace Ces changements permanents contribuent à l'accroissement de la perte de sens des personnels de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et à la détérioration de leurs conditions de travail comme nous l’observons dans notre Baromètre des métiers.

Q 7

L’UNSA Éducation attend donc beaucoup de la mission confiée à Philippe Gillet et souhaite qu’elle soit l’occasion d’une remise à plat et rationalisation de notre système de R&D.

Retrouvez nos propositions en ce sens https://nuage.unsa.org/index.php/ s/JcczRtTjdJ4E4TY

Stéphane Soreau

stephane.soreau @unsa-education.org

13 - n° 175 - Juin 2023

L’UNSA saisit le Conseil d’État pour défendre vos conditions de travail

Saviez-vous que des textes réglementaires régissent vos espaces de travail

Lancien mode de calcul

Depuis 2009, des ratios étaient définis par une circulaire pour les bâtiments des services de l’État, en prenant en compte deux notions :

Le poste de travail : lieu qui regroupe les moyens mis à votre disposition pour travailler (bureau + classement + mobilier + connexion)

La surface utile nette (SUN) qui regroupe les surfaces de bureau, de salles de réunion et d’annexes de travail.

La préconisation de l’État pour qu’un agent·e travaille dans des conditions correctes était alors de 12 m2 de SUN par personne.

Un changement en catimini

En février 2023, la Première ministre change les règles de travail en catimini, par une circulaire non publiée suivie d’un arrêté.

Exit « poste de travail » et le « SUN » : place à la « position de travail » et au « SUB » (Surface utile brute).

Ces changements d’unités de mesure ne sont pas anodins. En effet, la SUB englobe dans les surfaces de travail les espaces d’accueil du public, les couloirs… et même le réfectoire ! Quant à la position de travail, elle se réduit à un emplacement où vous disposez d’un éclairage, d’une connectivité, d’une assise et d’un confort suffisant pour une demi-journée…

Le recours de l’UNSA

L’UNSA a déposé le 7 avril 2023 deux requêtes devant le Conseil d’État.

L’UNSA dénonce la volonté gouvernementale de densification des espaces de travail qui va à l’enco ntre du Plan santé au travail dans la fonction publique.

L’UNSA dénonce également l’instauration d’une nouvelle norme de travail sans concertatio n- pourtant obligatoir eavec les représentants du personnel et sans diagnostic préalable.

L’UNSA défend vos droits et vos conditions de travail y compris par recours juridique lorsque cela s’avère nécessaire.

Véronique De Aguiar @v_de_aguiar veronique.deaguiar @unsa-education.org

14 - n° 175 - Juin 2023
?

La Cour des comptes confirme la pertinence des mandats de l’UNSA Éducation

Besoin de recrutements, crise d’attractivité, gestion RH déficiente, formation insuffisante, manque de moyens : tout y est. Vous pensez qu’il s’agit là d’un extrait des mandats de l’UNSA Éducation ?

Oui, mais ce sont les conclusions de la Cour des comptes sur l’exécution du budget 2022. En analysant les dépenses publiques réelles de 2022, elle s’est aperçue d’écarts significatifs entre les prévisions et la réalité des dépenses engagées.

Une crise d’attractivité et une gestion RH déficiente

La Cour des comptes a noté l’incapacité grandissante du ministère ENJ à pourvoir l’ensemble des postes.

Non seulement il manque des candidat·es - titulaires et contractuel·les - mais un phénomène nouveau vient aggraver la situation, avec un nombre de démissions supérieur aux prévisions. Se rajoutent à cela davantage de mobilités et d’exercices à temps partiel.

La cour conclut à une crise d’attractivité des métiers de l’Éducation et à une incapacité du ministère à gérer de manière fiable son schéma d’emploi, l’invitant à inscrire sa gestion des ressources humaines de manière pluriannuelle.

Des crédits destinés à la formation sous-consommés

La Cour des comptes relève une non-consommation récurrente et croissante des crédits destinés à la formation des personnels.

Elle note également une opacité de ces crédits, dont la présentation ne permet pas de distinguer la formation initiale de la formation continue.

Un accompagnement du handicap insuffisant

Alors que la demande ne cesse de croître, le ministère est dans l’incapacité de recruter un nombre suffisant d’AESH pour mettre en œuvre pleinement l’accompagnement à la scolarité des élèves en situation de handicap. Ainsi la Cour des comptes conseille de renforcer la professionnalisation de ce métier.

Ces constats de la Cour des comptes, dont on ne peut pas dire qu’elle soit particulièrement portée sur la défense des personnels, ne font qu’appuyer ceux du Baromètre de l’UNSA Éducation ainsi que nos revendications.

L’UNSA

Éducation

dénonce la logique du « Pacte »

Les réponses au baromètre UNSA des métiers sont incontestables : 65% des collègues voudraient voir leur pouvoir d’achat amélioré.

Réponse du gouvernement : une revalorisation pour une partie des personnels conditionnée à l’acceptation de nouvelles missions, alors même que la profession porte déjà une charge de travail écrasante. C’est inacceptable. Le cynisme de ce pacte est honteux : l’employeur compte sur les besoins économiques des personnels pour faire accepter de nouvelles missions.

L’UNSA Éducation revendique une revalorisation pour TOUS LES PERSONNELS sans contrepartie.

15 - n° 175 - Juin 2023 Véronique De Aguiar @v_de_aguiar veronique.deaguiar @unsa-education.org

Revalorisation indemnitaire conséquente pour les PTP

L’UNSA Éducation, première organisation syndicale dans le champ Jeunesse et sport, vient d’obtenir une revalorisation indemni taire conséquente pour l’ensemble des personnels techniques et pédagogiques (PTP). L’UNSA a obtenu que le passage au RIFSEEP se déroule avec une incidence amoindrie dans son application, afin de permettre une revalorisation importante pour toutes et tous.

DOUBLE ENTRETIEN

Tony Martin : Secrétaire général du SNAPS UNSA (Syndicat national des activités physiques et sportives)

David Durand : Co-secrétaire général du SEP UNSA (Syndicat de l’ É ducation populaire)

Les indemnités des PTP (personnels techniques et pédagogiques) JS sont gelées depuis 2015.

Cela pourrait-il changer ?

Tony Martin : Oui en effet, le Grenelle de l’Éducation a permis de dégager du budget, ce qui a créé une opportunité.

C’est inédit pour nous car lorsqu’on était dans les ministères sociaux il n’était pas question de revalorisation même en cas de passage au RIFSEEP. À l’inverse, nos ministres ont proposé d'aligner nos indemnités sur celles des attachés et plus généralement des agents de catégories A.

David Durand : Cela constitue une opportunité historique car nos indemnités ont toujours été très en dessous des moyennes interministérielles des catégorie A.

Pourtant, l’UNSA Éducation et nos syndicats

s’étaient opposés- avec succès- au passage au RIFSEEP en 2015. Votre mandat a donc évolué ?

David Durand : Nous n’y sommes toujours pas favorables ! Car ce régime n'est pas adapté à nos métiers. Il comporte des effets négatifs, notamment celui de mettre les collègues en concurrence et d’amplifier la part d’arbitraire dans la rémunération. Cependant, l'ampleur de la revalorisation proposée interdisait de rejeter d'emblée cette proposition

Le SNAPS et le SEP ont donc mené des échanges avec le ministère pour évaluer les possibilités d'atténuer les effets négatifs

Tony Martin : Cela nous a permis de mesurer ce qui était faisable et acceptable, et ce qui ne l'était pas. Nous avons alors pu consulter nos adhérents en toute connaissance de cause. Toute revalorisation indemnitaire impliquait l’adhésion au RIFSEEP, condition imposée par la DGAFP depuis plusieurs années. Globalement le dilemme posé à nos collègues fut le suivant : est-ce qu'on accepte un régime qui ne nous convient pas mais qui s'accompagne d’environ 3 000€ d’augmentation à terme pour tous, ou est-ce qu'on se prive de cette augmentation au motif que certains toucheraient plus selon des critères et modalités d'attribution qui ne nous conviennent pas ?

16 - n° 175 - Juin 2023
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RIFSEEP : Régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel.

Quels ont été les résultats de la consultation interne que vous avez menée ?

Tony Martin : Sans surprise, la consultation de nos adhérents a confirmé l’attente forte des PTP de voir leur régime indemnitaire fortement revalorisé. 88 % de nos adhérents ne sont pas opposés au RIFSEEP. Mais ils nous ont clairement demandé d’atténuer les effets négatifs de ce dispositif par la négociation et d’obtenir la meilleure revalorisation possible. Par conséquent nous ne nous sommes pas opposés à l’adhésion au RIFSEEP car les résultats des négociations sont significatifs et nos demandes d’améliorations ont suffisamment été prises en compte.

Quelles avancées a obtenu l’UNSA au cours des négociations ?

David Durand : Concrètement l'avancée immédiate est une revalorisation significative. Aujourd'hui un professeur de sport perçoit en moyenne 6400 € d'indemnités par an. Dès 2023, aucun ne gagnera moins de 760 0 €. A partir de 2025, le minimum sera porté à 9000 € et la moyenne attribuée devrait se situer autour de 1 0 00 0 € brut par an. Nous sommes parvenus à limiter à 2 le nombre de groupes de fonctions pour l'IFSE, à éviter une hiérarchisation géographique, à rapprocher les montants entre les deux groupes, à diminuer la marge de manœuvre financière locale. Cela restreint l’éventail des différences de traitement possibles entre les collègues.

Tony Martin : L’alignement indemnitaire sur le corps des attachés est une autre avancée significative car elle nous garantit des montants nettement supérieurs à ceux d’aujourd’hui, y compris pour des revalorisations ultérieures .

Nous avons également obtenu que les PTP détachés sur contrats et les agents contractuels sur postes de PTP bénéficient eux-aussi des revalorisations ; l’administration est d’accord sur le principe mais leur situation reste en cours d’analyse.

Le SNAPS, le SEP et la fédération restent vigilants. Nous avons également rappelé notre attachement au parallélisme avec les corps enseignants dont nous sommes historiquement issus. Le ministère y est favorable. Il y a donc maintien des similitudes sur les grilles indiciaires, sur les modalités d'évaluation, sur les promotions, etc.

17 - n° 175 - Juin 2023

Troubles de la voix : un·e enseignant·e sur deux est concerné·e

La population enseignante est concernée par une prévalence très élevée des troubles de la voix. De la simple gêne à de plus graves lésions, en passant par une difficulté à moduler sa voix, à des épisodes d’aphonie récurrents, ces troubles peuvent avoir un impact négatif majeur sur l’individu, la société et l’enseignement.

Qui sont les personnels les plus touchés ?

La moitié des enseignant·es seront concerné·es, à terme, par un trouble de la voix.

Certains contextes d’exercice accentuent les charges vocales : situation de pollution acoustique, poussière, solvants des feutres, ozone dégagée par les photocopieuses sont autant de composants d’aggravation des troubles vocaux.

Enfin, la susceptibilité génétique et le stress peuvent en exacerber la symptomatologie.

L’été arrive, avez-vous pensé aux chèques-vacances ?

Vous épargnez, l’ É tat participe. Cette part (en %) est déterminée par votre revenu fiscal de référence et les parts fiscales de votre foyer. Les chèques-vacances sont valables en France et en Europe pour vos voyages, loisirs et activités culturelles.

Plus d’infos sur : www.fonctionpublique-chequesvacances.fr

L’UNSA Éducation regrette la baisse constante du nombre d’épargnes chèques-vacances. Elle continue à revendiquer des mesures pour mieux les faire connaître, les rendre plus attractifs et en améliorer l’accès.

Quels impacts sur la société ?

Les dysphonies entravent les interactions entre enseignant·es et élèves. Elles peuvent amener à des arrêts de travail, donc des remplacements et des soins d’où des coûts sociaux et économiques importants. Les retards de prise en charge augmentent les durées d’absence et donc les impacts.

Quelles conséquences sur l’individu et sur l’enseignement ?

Véritable outil de travail, la voix, lorsqu’elle est altérée, a des impacts sur les échanges, la qualité de l’enseignement et peut induire des retards dans les apprentissages chez les élèves.

Dans un contexte d’une sous-dotation de la médecine de prévention- alors même que son rôle est prépondérant- les académies demeurent incapables de respecter leurs obligations.

La lutte co ntre les tr oubles de la voix doit se concevoir selon une approche collective, en agissant sur les différentes variables de risque et sur l’augmentation des moyens nécessaires. Des actions sur le bâti scolaire, sur les postures et sur le renforcement de la médecine du travail et de prévention sont autant de revendications portées par l’UNSA Éducation.

@stev_blanchard steve.blanchard @unsa-education.org

18 - n° 175 - Juin 2023

Une réforme de plus pour la voie professionnelle sans l’adhésion des personnels

L’UNSA Éducation s’oppose depuis des années à tout démantèlement du lycée professionnel. Elle milite pour faire du lycée professionnel une voie choisie et de réussite. Or les jeunes lycéens et lycéennes professionnel·les sont toujours celles et ceux qui décrochent le plus (33 %) peinent à poursuivre leurs études (28 %) ou à s’insérer dans l’emploi (39 % ).

De l'orientation subie qui entraîne de la démotivation aux voies d'excellence très demandées, les situations scolaires y sont multiples. Réformés en 2019, ils sont déjà la cible de nouveaux changements portés par le candidat Macron l’an passé, sans même évaluer les effets de la précédente transformation engagée.

Le président a fixé le cap en mai 2023, mais les modalités de mise en œuvre sont encore très nébuleuses.

La tension, les craintes et même le rejet sont très forts chez les personnels.

Les acteurs engagés savent bien qu’on ne crée pas une carte des formations en un claquement de doigts, qu’on ne met pas en œuvre des changements importants sans moyens dédiés dans un délai restreint. Quand un ministre tient des propos méprisants, les inquiétudes et la colère sont renforcées sur l’accompagnement des collègues qui vont voir leur filière supprimée. Encore une fois, communiquer n’est pas réformer ! Laisser les professionnels dans les hypothèses et les suppositions contribue au climat délétère que le Baromètre UNSA Éducation mesure chaque année.

Si 94 % des personnels répondants sont en désaccord avec les choix politiques, c’est assurément tant sur la forme que sur le fond.

L’action syndicale a permis de faire reculer le président de la République sur l’axe énoncé dans son programme. Il n’y aura pas 50 % de PFMP en plus (Périodes de Formation en Milieu Professionnel) sur les 3 années de bac professionnel et les lycées professionnels sont préservés. C’est une victoire importante car ce temps prévu en plus l’était au détriment des enseignements généraux, le lycée éduque des citoyens, et non seulement de futurs jeunes insérables dans l’emploi. Renforcer les relations avec les entreprises et la qualité des PFMP est incontournable pour les lycées professionnels. Si le bureau des entreprises annoncé en assurera le pilotage, il ne saura exister sans un positionnement clair des DDFPT-Directeurs Délégués aux Formations Professionnelles et Technologiques.

Les annonces présidentielles dotent la voie professionnelle de moyens financiers conséquents, qui sont plombées par la vision dogmatique du Pacte enseignant. Les missions d’accompagnement des élèves- ,et particulièrement celles et ceux qui en ont le plus besoin -, la création de petits groupes conditionnés au Pacte ne garantit pas qu’elles puissent être assurées partout.

L’action syndicale n’est pas terminée, cette réforme est encore à l’état d’annonces. Il nous faut des éléments concrets et un calendrier progressif pour pouvoir continuer à faire bouger les lignes.

19 - n° 175 - Juin 2023
(1) Enquête Génération 2020 du CÉREQ auprès d’un échantillon représentatif des 746 000 jeunes sortis de formation initiale à l’issue de l’année scolaire 2016-2017, parmi lesquels 189 000 ont déclaré avoir entamé un cursus de baccalauréat professionnel en lycée professionnel. (1) Diriez-vous que vous êtes en accord avec les choix politiques faits dans votre secteur d’activité ? Q 14

Focus sur la CPES du lycée Thiers de Marseille : l’enquête en EMC

Extraits de l'entretien avec Marc Rosmini , agrégé de philosophie

La participation de nos concitoyens à la vie démocratique est en berne. Pourtant l’aspiration de la société et de la jeunesse en particulier à être davantage associées aux décisions politiques est grande. Dans un contexte d’une progression ininterrompue de l’extrême droite, il est essentiel de susciter l’engagement grâce à des modes de participation au débat public renouvelés.

Telle que vous la faites vivre, l’enquête en EMC a-t-elle des points communs avec le modèle des conventions citoyennes ?

Marc Rosmini : Il y a des points communs. Certes mes élèves ne sont pas tirés au sort, mais ils se retrouvent dans ma classe par hasard. D'autre part, la classe de CPES de Thiers (de même que mes classes de Terminale à Artaud) est très diverse d'un point de vue sociologique ; or, on sait que cette hétérogénéité est essentielle en ce qui concerne les conventions citoyennes (alors que les assemblées élues, elles, sont très homogènes). Autre point commun : les échanges avec des experts, en ayant à cœur, là aussi, de veiller à la pluralité des disciplines, des perspectives et des arguments. Enfin, dans les deux cas, il y a l'importance de l'adresse. Ce que l'on a découvert et compris ne prend sa vraie valeur qu'au moment où il devient public et où il est mis en débat. Il s'agit alors de s'exercer à l'art, essentiel en démocratie, de la controverse et de la délibération informée.

Individuellement, quels sont, selon vous, les principaux apports de cette démarche pour vos élèves ?

Marc Rosmini : Le plus important me semble-t-il, pour chaque sujet traité, c'est la prise de conscience de l'entrecroisement des enjeux (politiques, éthiques, mais aussi épistémologiques, métaphysiques, etc.), et donc de la complexité. Le fait de traiter d'un thème sur toute l'année permet d'entrer dans la nuance et les multiples implications. C'est essentiel, surtout à une époque où l'on demande sans cesse aux gens, sans leur donner le temps ni les moyens d'enquêter, d'être « pour ou contre » ceci ou cela. Je peux citer deux exemples. Il y a six ans, nous avons travaillé sur la Gestation Pour Autrui. En septembre, tous les élèves étaient contre. A la fin de l'année, un quart était contre, un quart était pour, et la moitié hésitaient. Second exemple : l'an dernier, le thème était « Faut-il changer la loi sur la fin de vie en France ? ». J'ai organisé un débat contradictoire en classe entre deux spécialistes de cette question, l'une militant pour un changement de la loi, l'autre y étant opposé. Le débat a été vif, mais très respectueux. Les élèves ont été impressionnés par ces échanges, car ils ont une image très agonistique et violente des débats, qui leur vient des émissions télévisées du type TPMP.

20 - n° 175 - Juin 2023
(1) Classes préparatoires à l’Enseignement supérieur (CPES) (2) Enseignement moral et civique (EMC)
(1) (2)
Lycée Thiers de Marseille

Entre le début de l’année et la restitution des travaux, voyez-vous une évolution notable au sein de la classe ?

Qu’apporte cette démarche collectivement ?

Marc Rosmini : Comme je l'ai dit, tout d'abord, tout le monde gagne en nuance, en sens de la complexité. Les élèves sont amenés à réexaminer régulièrement leurs représentations initiales, que je recueille en début d'année. Ils sont parfois eux-mêmes surpris par leur capacité à évoluer, à modifier leur point de vue. L'enquête modifie aussi les relations entre eux, puisque je leur demande souvent de s'organiser, de prendre des initiatives, de travailler en groupe en dehors des heures de cours. Ce type de travail crée une égalité entre eux, mais aussi entre eux et moi, puisque je suis comme eux un membre de la communauté de chercheur s- même si, bien sûr, ma position est singulière. Je le ressens particulièrement lorsque nous travaillons sur des thèmes sur lesquels je n'ai pas, moimême, un avis arrêt é- c'était le cas, notamment, de la Gestation Pour Autrui.

Retrouvez l'intégralité de l'entretien, les liens vers le podcast et l'article cité sur le site de l’UNSA Éducation : https://bit.ly/CPES-EMC

Vous enseignez également au sein de la CPES du lycée Artaud de Marseille qui est réservée à des bacheliers professionnels. Avez-vous la même démarche avec eux concernant l’EMC ?

Marc Rosmini : Oui, tout à fait. En CPES à Artaud, nous travaillons exactement de la même manière. On peut par exemple écouter un podcast que nous avons réalisé l'an dernier sur le thème du « communautarisme » , ou encore lire un article sur une sortie que nous avons réalisée cette année à la prison des Baumettes. C'est exactement la même démarche.

L’UNSA Éducation milite pour inclure davantage les enjeux démocratiques contemporains, en faveur de l’émancipation et de l’indépendance de chaque jeune avec tous les acteurs de l’Éducation à la citoyenneté. Il faut faire vivre les principes démocratiques dès le plus jeune âge et les lieux d’éducation doivent mettre en œuvre ce qu’ils transmettent.

21 - n° 175 - Juin 2023

Les colos, vecteur ludique du « vivre ensemble »

Les colos de vacances sur écran géant dans les halls de gare ou en jingle sur les stations FM, ce n’est pas une fiction mais la réalité d’un coup de projecteur donné par Jeunesse en Plein Air pour vanter les qualités collectives de ces séjours qui s’adressent aux familles à faibles revenus qui ne prennent pas ou peu de vacances, mais aussi à de nombreuses autres qui gagneraient à connaître cette manière ludique de partager le vivre ensemble.

Par l’entremise de leur confédération « Jeunesse au plein air » (JPA), les associations engagées dans le développement des loisirs collectifs et des vacances pour tous déploient une grande campagne de communication visant à redonner goût aux séjours collectifs pour les jeunes et les scolaires. Car le Covid est passé par là, ajouté au fait qu’il y a un essor de nouvelles exigences chez les jeunes et les parents en matière de loisirs et sport en plein air.

Autre phénomène actuel, qui n’est pas le moins important : beaucoup de jeunes restent dans leur quartier ou à la maison en période de vacances, et les séjours collectifs s’adressent à une large étendue d’ayants droits, bien plus large qu’on ne le croit. « Le non-départ en vacances, on ne

le voit pas, ça n’apparaît pas comme prioritaire et pourtant c’est essentiel » , rappelle Anne Carayon, directrice générale de JPA. Et de faire valoir que le seuil minimal de ressources pris en compte par JPA se situe au-delà du quotient familial de la CAF et que ces séjours financièrement aidés pourraient intéresser un couple avec deux S MIC et deux enfants à charge « qui n’entre pas dans les aides CAF »

Parce que le goût du public pour les pratiques récréatives et sportives au grand air ont évolué, les associations qui proposent des séjours collectifs ont suivi la tendance : planche à voile, surf, accrobranche, kayak et autres sorties culturo-sportives en France comme à l’étranger, rien ne manque au catalogue proposé par les membres de JPA. Sans renier, au contraire, les valeurs fondatrices des colos : la richesse de moments intenses vécus et partagés avec d’autres, inconnus devenus copains, amis, des expériences grandeur nature que les jeunes ne sont pas prêts d’oublier. « Ce sont des souvenirs à la pelle si fondateurs pour la construction de soi », assure encore Anne Carayon.

Pour l’UNSA Éducation, membre de la confédération JPA, il s’agit là, non seulement de répondre à une situation d’injustice sociale, mais aussi d’aider tous les jeunes quelque soit leur milieu social à grandir dans une dimension qui prend en compte la personne, les valeurs de cohésion et d’ouverture aux autres et au monde.

22 - n° 175 - Juin 2023

Urgence climatique : agir vite et ensemble

Le GIEC a publié en mars la synthèse des connaissances acquises sur le changement climatique depuis 8 ans. Il sonne à nouveau l’alarme : un sursaut international est néce ssaire si on veut limiter le réchauffement à 1,5°C et faire face aux enjeux écologiques.

Un diagnostic alarmant

Depuis 2015, le changement climatique s’accélère et s’intensifie plus que prévu. La température a augmenté de 1,1°C depuis 1850.

Ce qui s’explique, sans équivoque, par les activités humaines, en particulier la combustion d’énergies fossiles et la déforestation qui émettent des gaz à effet de serre. Or, l’augmentation inextinguible de ces derniers, entraînera un réchauffement climatique à 1,5°C dès 2030 prévient le GIEC.

Le risque c’est, pour reprendre une expression du rapport, « l’escalade rapide de dangers » : des phénomènes météorologiques extrêmes vont toucher en priorité les zones les plus vulnérables qui n’auront pas les moyens financiers et technologiques d’y faire face.

Des actions largement insuffisantes

Les politiques prises pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre ne sont toujours pas à la hauteur de l’enjeu. Or, le GIEC l’assure: nos actions actuelles jouent un rôle crucial pour notre avenir et celui des générations futures. Le réchauffement est inéluctable à court terme (2021-2040) mais les scénarii passeraient de +1,4°C à + 4,4°C en 2100 en fonction des choix faits aujourd’hui. « Chaque fraction de degré compte » martèlent les experts. En effet, plus la température augmente, plus les inondations, canicules, etc. seront intenses et leurs conséquences dramatiques et irréversibles : pénurie d’eau, acidification des océans, baisse des productions agricoles etc. avec des risques accrus de famines, pandémies, surmortalité et conflits.

Les États doivent être volontaristes

Limiter le réchauffement climatique à 1,5°C implique de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030. Cela veut dire réduire drastiquement l’utilisation des énergies fossiles et déployer les énergies bas carbone comme le solaire et l’éolien. Le GIEC propose de nombreuses pistes pour atteindre ce but : repenser les villes, modifier les régimes alimentaires, etc. C’est ce « développement résilient au changement climatique » qui doit permettre de nombreux bénéfices, notamment pour la santé et l’économie. Il insiste enfin sur l’importance des financements qui devront être nettement plus élevés pour permettre un véritable changement.

L’UNSA Éducation affirme sa volonté d’agir pour une transformation écologique juste, équitable et rapide. L’heure n’est plus à l’attente, mais à l’action

24 - n° 175 - Juin 2023

Changement climatique : que peut l’École ?

Les chiffres de la dernière édition du Baromètre des métiers de l’UNSA Éducation sont révélateurs : 71 % des personnels pensent que les formations dispensées ne sont pas adaptées aux enjeux de la transition écologique, et 64 % sont d’avis que ce sujet n’est pas traité de façon satisfaisante dans les programmes scolaires.

Pourtant, une partie importante d’e ntre eux agissent au quotidien pour préserver notre planète, y compris dans leur action professionnelle, ce qui est positif ! Cela nous oblige à poser une question simple : que peut l’École à propos du changement climatique et du réchauffement planétaire ? Mais parallèlement à cette interrogation, il faut également se demander quelle doit être l’action de l’UNSA Éducation.

Comment agir ?

Les chiffres du baromètre confirment une évolution globale de la société : l’avenir climatique est une question de plus en plus préoccupante. Cette prise de conscience entraîne des changements de comportement, mais permet aussi d’agir collectivement. Formant la société de l’avenir, le monde éducatif a obligatoirement un rôle à jouer essentiel. Cela passe par des formations et des programmes adaptés, mais aussi par des projets locaux réunissant les personnels et les jeunes. Et pour faire face aux enjeux actuels, il faut aller de la connaissance à l’action. Mieux connaître les effets des activités humaines sur notre planète permet de mieux savoir comment on doit agir. Il faut dépasser l’éco-anxiété qui peut parfois paradoxalement entraîner l’inaction, il faut aussi convaincre les plus récalcitrants ou celles et ceux qui jugent que c’est avant tout un problème des États ou des grandes entreprises. Mais comment aller plus loin ?

Éduquer pour l’avenir climatique, militer pour l’avenir de toutes et tous

Les chiffres cités plus haut révèlent avant tout une méconnaissance des initiatives qui existent : car dans ce domaine, les actions éducatives menées sont très nombreuses et à chaque nouveau plan gouvernemental, on ajoute bien souvent une nouvelle mission de l’École. Force est donc de constater qu’entre les volontés des pouvoirs publics et les acteurs et actrices de terrain, la chaîne d’informations et de prescriptions est mal conduite. On dispose en effet de beaucoup d’outils pour traiter en classe ou entre collègues des sujets en lien avec la transition écologique, mais peu le savent. C’est pour cette raison que notre fédération a d’ailleurs choisi de proposer un stage « écologie en actes » aux adhérent·es et à tous les personnels. Elle agit également au quotidien pour devenir une organisation syndicale écoresponsable.

Passer des constats et des informations à disposition à l’action, ce n’est pas toujours chose facile. C’est pourquoi une organisation comme la nôtre doit pouvoir mettre à disposition des outils facilitant l’appropriation collective. Notre fédération doit aussi mieux comprendre le présent pour envisager l’avenir. Pour répondre à la question posée plus haut, l’École peut beaucoup pour la transition écologique. Cela passe par une volonté unanime des personnels et des plus jeunes, un soutien des pouvoirs publics, une force de conviction et un optimisme inébranlable. C’est à ce prix que nous pourrons construire ensemble le monde de demain.

25 - n° 175 - Juin 2023

Penser l’avenir climatique avec quelles idées ?

Depuis quelques années, le vocabulaire autour de la transition climatique ne cesse de se développer. Les phénomènes s’amplifient et la pensée change, ce qui nous oblige à faire évoluer les termes, à mieux définir les concepts mais aussi à en poser de nouveaux pour essayer d’explorer d’autres horizons et de trouver des solutions. Voici cinq concepts d’hier et de demain, en lien avec le changement climatique, expliqués.

Alliance

Ce concept vient de l’enseignant-chercheur en philosophie française, Baptiste Morizot.

Dans l’idée d’alliance, il s’agit de ne pas simplement bénéficier de l’action d’un vivant mais de transformer nos usages, notre approche de la Terre pour que cela soit compatible avec les exigences et les dynamiques du vivant.

L’alliance oblige à sortir de certains raisonnements : il faut imaginer une autre relation avec le vivant et le revaloriser, lui redonner de l’importance. (Pour en savoir plus, lire L’inexploré de Baptiste morisot aux Éditions Wildproject).

Écologie

Ce terme est apparu pour la 1ère fois en 1866, par un biologiste allemand, Ernst Haeckel, qui voulait remplacer le terme « biologie », considéré comme trop restrictif. Il se consolide au XIXè siècle en définissant la science des êtres vivants en rapport avec leur environnement.

Au XXè siècle, avec les grandes catastrophes industrielles, l’humain prend conscience de son impact sur la planète : l’écologie devient plus politique. Elle désigne de plus en plus cette nouvelle préoccupation pour l’environnement, qui se nourrit aussi de travaux scientifiques. C’est à cette époque que nous voyons apparaître les premiers partis de l'écologie politique pour devenir petit à petit le terme tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Écosophie

Le concept d’écosophie arrive en 1960 via le philosophe Arne Naess, professeur à l’Université d’Oslo. Il s’agit d’une recherche de la sagesse en ce qui concerne les attitudes humaines à mettre en œuvre pour protéger l’environnement, la nature, la santé et la vie. Il remet en cause l’idée de la personne humaine comme sommet absolu de l’évolution, et par conséquent autorisé à puiser sans limite dans les ressources naturelles. Il est souvent associé au mouvement de l’écologie dite « écologie profonde », fondée elle aussi par Arne Naess, qui invite à un

renversement de la perspective anthropocentrée : l’homme ne se situe pas au sommet de la hiérarchie du vivant, mais s’inscrit au contraire dans un ensemble plus large. Pour en savoir plus, lire Vers l’écologie profonde de Arne Naess aux Éditions Wildproject)

Éthique environnementale

À partir des années 1960, des philosophes américains ont commencé à théoriser ce concept. L’éthique environnementale traite des rapports entre les hommes et leur environnement ainsi qu’avec les êtres naturels. Ceux-ci sont pris en compte individuellement mais aussi collectivement. Cette éthique considère les besoins propres de la nature et pose la question des droits et devoirs de la personne humaine vis-à-vis des espèces et de la vie naturelle, mais aussi ce qu’il perçoit comme étant l’environnement. II s’agit de réfléchir en tenant compte de la perception globale de l’ensemble des activités locales et de leur interdépendance.

Réensauvagement

La sixième extinction massive d’espèces est aujourd’hui. De nouvelles idées voient le jour comme consacrer la moitié de la surface terrestre à la préservation de la biodiversité. Elles répondent au réensauvagement.

Celui-ci ne se limite pas à l’idéal du « sauvage » visant à isoler une part du vivant mais il tente de trouver de nouvelles stratégies de gestion et de planification afin de mieux appréhender les enjeux de la cohabitation entre humains et non-humains dans des espaces partagés. Pour la France, on citera par exemple le cas du loup. Le réensauvagement, subi ou choisi, est aujourd’hui une tendance de fond. Face à cette dynamique, la puissance publique tente de maintenir des équilibres territoriaux parfois précaires. (Pour en savoir plus, voir L’économie face à la nature, de la prédation à la coévolution , par Harold Levrel et Antoine Missemer aux éditions Les Petits matins)

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Aline Boussaroque aline.boussaroque @unsa-education.org

Une France à + 4°C en 2 100, un scénario envisageable ?

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a appelé à se préparer à un scénario dit « modéré » dans lequel la France se réchaufferait de 4°C en métropole par rapport à l’ère préindustrielle d’ici 2100, contre 1,8°C aujourd’hui.

Une consultation publique vient d’être lancée à ce sujet. Une manière de mettre dans le débat public le dossier de la nécessaire adaptation alors que la France peine sur ce sujet. Un scénario appuyé sur les rapports du GIEC qui doit nous alerter sur notre trajectoire actuelle éloignée de nos ambitions climatiques. L’UNSA Éducation revient dans les grandes lignes sur cette France dont le visage serait radicalement différent d’aujourd’hui.

Comment agir ?

L'accord de Paris de 2015 prévoyait une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de contenir le réchauffement climatique à 1,5°C.

Mais les actes ne suivent pas les ambitions. Ainsi, le scénario adopté à l’unanimité par le Conseil national de la transition écologique (CNTE), une instance de dialogue en matière de transition écologique et de développement durable, se situe au-delà de la moyenne mondiale de 3°C prévue par le GIEC. En réponse, la France prépare pour 2024 un Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), le 3è depuis 2011. Ce plan aura des volets concernant la santé, l’économie et l’agriculture, la continuité des infrastructures et des services essentiels, ou encore la restauration des écosystèmes. En parallèle, un « plan national de gestion des vagues de chaleur » doit être lancé fin mai, avec des mesures pour mieux encadrer par exemple les conditions de travail en extérieur ou les examens scolaires en cas de canicule.

Le scénario du pire ?

Face au dérèglement climatique, la France va devoir s’adapter. Constructions, agriculture, ressources en eau, îlots de chaleur urbains, hausse du niveau de la mer, centrales nucléaires, etc. Les conséquences d’un niveau de réchauffement aussi élevé seront très importantes. Les sécheresses pourraient durer 10 mois par an près de la Méditerranée, ce qui aurait des conséquences dramatiques sur les secteurs agricoles, industriels et domestiques. Les étés semblables à celui de la canicule de 2003 seront

la norme. Les canicules seront plus intenses, longues et fréquentes. Tempêtes, orages, précipitations violentes, inondations, ces événements climatiques extrêmes seront également plus nombreux et intenses.

En raison de l’augmentation des températures, l’air sera plus humide, ce qui posera des problèmes graves sur la santé, comme l’hyperthermie où le corps entre en surchauffe. Les virus et bactéries peu répandus en France aujourd’hui augmenteront avec un terrain favorable pour la propagation de maladies comme la dengue, le paludisme ou le chikungunya.

Les impacts seront multiples avec des coûts humains et de santé importants avec un risque de saturation de nos hôpitaux. Les maladies respiratoires ou celles liées à l’eau seront intensifiées par les pollutions de l'air, de l’eau et les températures élevées. Le monde agricole devra faire face à ces perturbations qui pourraient réduire les rendements et la qualité des productions. Enfin, l’élévation des eaux mettra de nombreuses régions côtières en grande difficulté, ainsi que des villes comme Calais ou Dunkerque. En effet, les littoraux sont très peuplés et sont à une altitude souvent proche du niveau de la mer, les rendant particulièrement vulnérables, comme l'érosion, la submersion marine et la perte d'habitats naturels.

Sommes-nous prêts à envisager cet avenir ? Rien n'est moins sûr. Le plus délicat est de cerner dès à présent les répercussions sociales du changement climatique.

À l'UNSA Éducation nous ne souhaitons pas renoncer aux ambitions climatiques, notamment de la COP 21 de Paris. Sortons de la résignation, agissons pour réduire les émissions de GES, tout en préparant la France à sa trajectoire actuelle… celle des + 4 ° C faute de tenir nos engagements climatiques.

27 - n° 175 - Juin 2023

De l’éthique dans les métiers de l’éducation

Tous les enfants et adolescents sont vulnérables. Nombre d’entre eux vivent des expériences familiales, amicales, scolaires qui les fragilisent beaucoup émotionnellement, au point d’orienter r adicalement leurs parcours, et leur rapport au savoir, à l’éducation, à la formation.

Christophe Marsollier, docteur en science s de l’éducation, nous invite à mieux comprendre l’étendue et le poids des risques auxquels chaque enfant, chaque jeune se trouve plus ou moins exposé dans sa vie personnelle et scolaire. Il oriente notre réflexion sur nos identités professionnelles et l’éthique éducative qui en découle. Entretien.

Àquels enfants et jeunes vous intéressez-vous dans ce livre ?

J’ai souhaité à travers cet ouvrage mettre en lumière la nécessité de développer l’attention aux élèves à besoins éducatifs particuliers qui ne sont pas en situation de handicap, ni à haut potentiel ni allophones, mais dont les familles subissent, temporairement ou durablement, des contextes avec des difficultés socio-économiques, culturelles, professionnelles ou familiales qui limitent significativement le suivi bienveillant des apprentissages de leur enfant. Ces jeunes sont bien plus nombreux que ceux en situation de handicap (43 0 000), puisqu’ils représentent 20 à 100 % des élèves selon les quartiers où le type d’établissement. Dans les classes des écoles et collèges situés en REP+ et des lycées professionnels, les élèves traversant des situations de grande vulnérabilité représentent la majorité, soit 70 à 100 % selon les classes.

Dans le champ large de l’ É ducation, les politiques publiques prennent-elles en compte les vulnérabilités ?

En cherchant à lutter contre le décrochage scolaire, l’échec scolaire, le harcèlement, les discriminations et la radicalisation, et en développant l’inclusion scolaire, on peut dire que l’éducation nationale cherche depuis une trentaine d’années, sans utiliser explicitement le prisme des vulnérabilités, hormis pour le handicap, à être plus attentive à ces élèves et à les accompagner. Mais l’explicitation du sens précis de ce concept, des

différents types de vulnérabilités (physique, sexuelle, psycho-affective, cognitive, socio-linguistique, économique, climatique, numérique, etc.), de leurs facteurs, de leurs signes, souvent peu visibles, et de leurs enjeux, permet de sensibiliser les personnels sur l’intérêt de développer cette attention pour rendre l’école plus qualitative et plus performante.

Comment repérer et prendre en charge ces vulnérabilités ?

L’attention à l’égard de ces situations de vulnérabilité, passagères ou durables que vivent de nombreux élèves et leur accompagnement constituent les deux piliers qu’il conviendrait explicitement de développer au sein des équipes pour rendre l’école plus égalitaire et favoriser le bien-être des élèves.

De nombreux personnels savent très bien repérer les signes de vulnérabilité : découragement, refus de noter les devoirs, oubli récurrent du matériel scolaire, retard fréquent, discours négatif sur l’école, décrochage scolaire, représentation négative de l’école, sentiment d’inutilité, de perte de temps ; passages fréquents par l’infirmerie, asthénie, angoisses, phobie scolaire, repli sur soi, mutisme, etc.. Réunir régulièrement des cellules de veille avec la participation de professeurs principaux est une nécessité qu’un nombre croissant d’équipes ont bien comprise. La prise en charge de ces élèves est efficace lorsqu’elle s’appuie sur l’écoute active, l’accueil de leurs émotions, l’expression de leurs besoins fondamentaux insatisfaits, l’intérêt porté à l’égard de ce qu’ils vivent personnellement, au sein d’espaces de parole sécurisants et contenants.

28 - n° 175 - Juin 2023

Christophe Marsollier est docteur en sciences de l’ É ducation , membre du laboratoire BONHEURS à l’Université de Cergy-Pontoise, inspecteur général de l’ Éducation, du sport et de la recherche.

Auteur de plusieurs ouvrages sur la relation pédagogique, l’éthique professionnelle et les espaces de parole à l’École.

Alerte sur la VEO

« Parmi les multiples facteurs de vulnérabilités psychologiques, l’un d’eux toucherait 85 % des enfants et adolescents, il s’agit de la Violence Éducative Ordinaire (VEO).

Elle constitue une violence systémique portée par une logique de domination et de contrôle des adultes vis-à-vis des enfants, même sous couvert de bonnes intentions.

Encore extrêmement répandue dans le monde, même en France, la VEO reste peu visible et culturellement banalisée. Très ancrées, dans les habitudes familiales, elle est inscrite depuis des millénaires dans les pratiques éducatives.

La VEO regroupe les violences physiques, les contraintes corporelles et violences sexuelles, les violences psychologiques (cri, insulte, intimidation, chantage, humiliation verbale, menace, dévalorisation, exigence excessive, consigne et injonction contradictoire, …) »

Extrait de la page 82 de l’ouvrage

« L’attention aux vulnérabilités des élèves » (éditions Berger Levrault).

29 - n° 175 - Juin 2023
Béatrice Laurent @Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org

Les syndicats, pas si inutiles

Les syndicats- que l’on dit souvent moribonds en France- ont occupé le devant de la scène et le haut du pavé durant ses derniers mois, réussissant à demeurer unis dans leur opposition à la réforme des retraites. Une unité qui semble améliorer leur image et faire revenir vers eux quelques milliers de travailleuses et travailleurs, même si le taux de syndicalisation reste faible en France. Bien qu’ayant baissé de deux points entre janvier 2022 et février 2023 dans le baromètre de la confiance politique du CEVIPOF, la confiance dans les syndicats se situe à 36 % soit son score de 2009 alors qu’elle a stagné entre 27 et 30 % durant 8 années de 2013 à 2020.

Certes cette même enquête montre que seulement 7 % des répondant.es pensent que militer dans un syndicat vient en tête des manières, pour les citoyens, d’exercer le plus d’influence sur les décisions prises en France, mais 30 % placent en tête la grève et 28 % la manifestation dans la rue.

Pour enrayer la crise démocratique, 79 % des répondant·es du baromètre UNSA des métiers de l’Éducation (livraison 2023) disent qu’il faudrait « renforcer le rôle des organisations syndicales (moyens, pouvoir sur les décisions, etc.) »

Si elles et ils sont 83 % à le penser chez nos syndiqué·es, elles et ils sont également 6 8 % à le dire chez les non syndiqué·es.

Des militant·es qui perçoivent leur organisation comme autonome, différente et originale, avec des pratiques et des valeurs qui touchent davantage les jeunes et les femmes et les font se sentir bien dans leur engagement à l’UNSA. Il y a eu les critiques, parfois acerbes du président de la République envers des syndicats soit disant incapables de faire des propositions. Celles aussi de certains ministres peu enclins au dialogue. Et les attaques grossières de la Cour des Comptes (hélas relayées sans filtre par certains médias) sur le financement des syndicats avec les quelques milliers d’euros de l’IRES (qui ont tout de même permis la réalisation et la diffusion de plus de 180 travaux d’études et de recherches forts utiles en 10 ans) sont aussi une manière de décrédibiliser les syndicats. Pour autant, les Français·es et encore plus les éducatrices et éducateurs demeurent conscient·es de l’intérêt de corps intermédiaires permettant les échanges, les propositions et les avancées, plutôt que la violence instrumentalisée de groupuscules manipulés. Une sagesse qui devrait inspirer bien des responsables politiques.

Des chiffres importants qui tendent à montrer que dans les métiers de l’éducation, la conviction dans une démocratie sociale est encore très forte.

C’est également cette conviction du « plus forts ensemble » qui animent les militant·es syndicaux et particulièrement celles et ceux de l’UNSA, comme le montre l’étude réalisée par le Centre Henri Aigueperse dans le cadre de l’agence d’objectifs IRES de l’UNSA Éducation.

30 - n° 175 - Juin 2023
Q
Dans notre vie démocratique, pour enrayer ce phénomène, il faudrait : Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF : Baromètre UNSA 2023 des métiers de l’ É ducation

AGRÉÉE PAR LE MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS

Notre accompagnement

La MAE peut intervenir au sein de votre établissement pour mener des actions de prévention : auprès des élèves de la maternelle au lycée, des parents, avec des rencontres-débats, et de vos équipes pédagogiques à l’aide de formations et d’outils réalisés par la MAE.

THÉMATIQUES

ACCIDENTS DE LA VIE COURANTE ET GESTES DE PREMIERS SECOURS

Le club des enquêteurs

3-11 ans • Support interactif en téléchargement

• Jeu pédagogique en ligne

VIOLENCES ENTRE PAIRS

Jeux de l’Oie ‘’Non au harcèlement’’

9-11 ans et 12-15 ans • Mallettes de jeux

Nouveau • • Version dématérialisée interactive

Maël le roi des bêtises

Dès 3 ans • Album

SÉCURITÉ SUR LE CHEMIN DE L’ÉCOLE

Maëva sur le chemin de l’école

Dès 3 ans • Album

SENSIBILISATION AUX ÉCRANS

Maël et Maëva, les écrans en toute tranquillité

Dès 3 ans • Album

ÉDUCATION À LA SANTÉ

Maël et Maëva, bien dormir pour bien grandir

Nouveau Dès 3 ans • Album

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