RAPPORT ANNUEL 2022
RÉSEAU INTERNATIONAL CONTRE LA TRAITE DES PERSONNES
Prendre soin des personnes blessées par l’exploitation et agir contre les inégalités causées par les systèmes économiques et culturels
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Prendre soin des personnes blessées par l’exploitation et agir contre les inégalités causées par les systèmes économiques et culturels
• Sr. Nadia Coppa, a.s.c.
• Sr. Abby Avelino, m.m
02. Qu’est-ce que la traite des personnes ?
03. Qu’est-ce que Talitha Kum ?
• À propos de nous
• L’équipe de coordination internationale
• Notre vision et approche
04. Nos réseaux et domaines d’action
• Domaines d’action de Talitha Kum International
• Mise en réseau
• Formation
• Communication
• Plaidoyer
• Participation active des survivants
05. Données mondiales
• 2022 en chiffres
• Note méthodologique
• Talitha Kum : le travail en réseau contre la traite
• Activités des réseaux de Talitha Kum
• Prévention
• Soin des victimes
• Accès à la justice
• Mise en réseau
• Activités par région
- Afrique
- Amérique
- Asie
- Europe
- Océanie
06. Zoom sur
• La Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes
• Exposition en ligne Nuns Healing Hearts
• Conférences régionales
07.
Avec gratitude, revenons sur l’année 2022 et les activités qui ont marqué l’engagement de Talitha Kum dans une période inédite de notre histoire.
Nous leur sommes reconnaissants pour la disponibilité qu’elles ont manifestée, pour leur ouverture de cœur à l’appel à assumer cette responsabilité, et pour leur créativité à initier des processus synodaux en continuité avec le chemin qu’elles ont pris.
Tout d’abord, je tiens à remercier les membres de la Coordination, nommés au début du mois de septembre dernier, qui accompagneront le travail du réseau de coopération internationale pour les trois prochaines années (2023-2026).
L’engagement infatigable et prophétique de Talitha Kum dans la sensibilisation et la lutte contre la traite des personnes, en synergie et collaboration avec des milliers de personnes dans le monde, rend sa mission significative et adaptée aux défis de chaque époque et de chaque réalité. La lutte contre l’exploitation humaine et l’éradication de toutes les formes d’esclavage est un appel qui devient de plus en plus nécessaire. L’Appel à l’Action de Talitha Kum, rédigé et lancé l’année dernière, est vivant, inspirant, et continue de guider les choix en faisant éclore des propositions en vue de promouvoir un monde plus juste et plus solidaire, dans lequel chaque personne peut vivre avec dignité et plénitude.
Mettre la personne au centre et l’importance de la communauté sont les valeurs fondamentales qui animent le réseau Talitha Kum et garantissent la proximité avec les victimes et leurs familles ainsi que l’accompagnement des personnes à risque. La sensibilisation et la prise en charge des différentes situations illustrent le pouvoir transformateur de l’espoir et de la compassion, qui doivent être diffusés avec conviction et courage.
Dans son discours au Parlement européen en novembre 2014, le Pape François a souligné que « promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques »1. Ces mots résonnent très fort et sont d’actualité, surtout en ces temps où l’omniprésence de la guerre rend de plus en plus visible le drame des personnes vulnérables qui deviennent facilement des victimes de la traite.
L’impact des conflits armés sur les droits de l’homme, la nécessité d’une plus grande coopération entre les organisations humanitaires et la société civile, afin de soutenir au mieux les victimes de la traite, sont autant de défis que Talitha Kum relève pour aider tous les acteurs du réseau de solidarité à agir collectivement.
Les personnes mineures et les femmes sont les plus exposées et les plus impliquées dans cette situation dramatique par la conscription forcée, l’esclavage sexuel, le travail forcé pour des formations armées, le recrutement comme enfants soldats. Mais les victimes de la traite sont aussi des personnes qui fuient les guerres et qui sont souvent victimes de chantage, de détention illégale ou d’épuisement, et dont la fragilité de leur condition est exploitée. Les nouvelles formes d’esclavage sont étroitement liées à la discrimination fondée sur le sexe et à la prolifération de la pauvreté, qui créent les conditions dans lesquelles les activités criminelles se développent.
Nous sommes tous mis au défi de nourrir une dynamique générative capable de conduire l’humanité vers des modes de vie renouvelés par l’Évangile, et Talitha Kum, avec son engagement croissant, atteint chaque année des objectifs qui ouvrent des horizons d’espérance. Son invitation prophétique à ne pas détourner le regard de la souffrance de tous ceux qui sont privés de leur liberté et de leur dignité est un appel constant au changement. « La traite des êtres humains défigure la dignité », a déclaré le Pape François dans son message pour la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes. « L’exploitation et l’assujettissement limitent la liberté et font des personnes des objets à utiliser et à jeter. Et le système de la traite profite d’injustices et d’iniquités qui obligent des millions de personnes à vivre dans des conditions de vulnérabilité. » 2
Cela doit nous pousser à unir nos forces pour tisser des réseaux du côté du Bien, pour répandre la lumière qui vient du Christ et de son Évangile en nous adressant à ceux qui jouent un rôle décisif dans l’effort d’éradication de l’exploitation des êtres humains. Ce n’est que par des actions conjointes et systématiques, ainsi que par un engagement à plusieurs niveaux, qu’il sera possible de contribuer au changement que nous espérons.
Nous sommes appelés à marcher ensemble avec un cœur attentif pour découvrir et soutenir les chemins quotidiens vers la liberté et la dignité, avec l’espoir de promouvoir des actions de lutte contre la traite pour se soutenir mutuellement et construire une culture de la rencontre, conduisant à des sociétés inclusives, capables de protéger les droits et la dignité de tous et toutes.
1 https://www.vatican.va/content/francesco/en/speeches/2014/november/ documents/papa-francesco_20141125_strasburgo-parlamento-europeo.html
2 https://www.vatican.va/content/francesco/en/messages/pont-messages/2023/ documents/20230208-videomessaggio-tratta-persone.html
Sr. Abby Avelino, m.m.
Coordinatrice internationale - Talitha Kum
Tout d’abord, au nom de nos sœurs et frères des réseaux
Talitha Kum du monde entier, je tiens à remercier Sr. Gabriella Bottani, s.m.c., ancienne coordinatrice internationale de Talitha Kum, pour les services titanesques qu’elle a rendus au réseau Talitha Kum, faisant de celui-ci ce qu’il est aujourd’hui.
Talitha Kum, un réseau international développé par des sœurs contre la traite des êtres humains, s’est considérablement élargi et poursuit ses efforts pour apporter des changements en vue d’un monde meilleur. Avec une sincère gratitude, je remercie également tous les réseaux Talitha Kum qui apportent ces changements dans le monde entier, afin de promouvoir un monde juste dans lequel chaque être humain peut vivre dans la dignité et la plénitude.
J’ai le plaisir de vous présenter le rapport annuel 2022 de Talitha Kum. C’est la deuxième fois qu’il est disponible sur une plateforme numérique.
L’année 2022 témoigne d’une croissance quantitative et qualitative significative. Talitha Kum est devenu un réseau de réseaux qui rejoint 560 606 personnes dans le monde, ce qui représente une augmentation de 40 % par rapport à 2021. Cela est dû à nos sœurs et frères sur le terrain qui travaillent sans relâche pour mener à bien les principaux domaines d’action de Talitha Kum : la prévention, le soin des victimes, le plaidoyer et le travail en réseau.
Les pages suivantes racontent quelques histoires, des récits de libération, pour soigner, guérir, autonomiser et restaurer les femmes, les jeunes, les enfants et les groupes à risque. Ce sont des récits d’espoir et de gratitude pour le travail de nos sœurs, prêtres, frères et partenaires laïcs présents sur les 5 continents au sein de 58 réseaux intercongrégationnels dans 97 pays.
Trois nouveaux réseaux Talitha Kum ont été créés en 2022, au Mali, en Côte d’Ivoire et en Bolivie. De plus, Talitha Kum est en contact avec plusieurs autres pays qui développent des réseaux potentiels, principalement en Mauritanie, en Tunisie, en Angola, au Malawi, au Togo, en République démocratique du Congo, en Malaisie, à Hong Kong, au Népal, à Porto Rico et au Nicaragua.
L’année écoulée a été l’une des plus difficiles en raison de nombreuses crises interreliées telles que l’impact de la pandémie de Covid-19, les conflits dans de nombreux pays (Myanmar, Sri Lanka, Syrie, Burkina Faso, Venezuela, etc.), la guerre en Ukraine qui a plongé des millions de personnes dans la détresse et les catastrophes naturelles dévastatrices dues au changement climatique. Toutes ces crises ont un impact direct sur la traite des personnes dans le monde.
En 2022, le nombre de membres de Talitha Kum dans le monde a diminué de 9 % par rapport à l’année précédente, car de nombreuses congrégations religieuses féminines ont continué à voir leur nombre de membres diminuer, ce qui a mis à mal leur participation active et leur engagement au sein des réseaux de Talitha Kum. En revanche, la participation des congrégations religieuses masculines a augmenté de 13 %.
En outre, alors que nous méditons sur les défis posés par la transition de leadership et à la complexité de l’époque dans laquelle nous vivons, nous constatons que le réseau Talitha Kum reste engagé dans sa mission, cheminant les uns avec les autres pour le soin des personnes blessées par l’exploitation et agissant contre la traite des personnes.
Malgré les défis auxquels nous avons assisté, les membres continuent de répondre à l’Appel à l’Action de Talitha Kum en soignant, en guérissant, en autonomisant et en s’impliquant dans la vie des victimes et des survivants, ainsi que dans celle des populations exposées au risque de traite et d’exploitation.
Je me souviens du message du Pape François : « Il ne s’agit pas de statistiques, il s’agit de personnes réelles ! Si nous les rencontrons, nous apprendrons à mieux les connaître. Et en connaissant leur histoire, nous serons en mesure de les comprendre. »1
La traite des personnes a évolué et s’est développée. Nous vivons dans un monde où les relations humaines sont évaluées en fonction de ce que les gens « ont » plutôt que de ce qu’ils « sont ». Cette dernière dimension est souvent écartée et oubliée, laissant le champ libre à la première : pour être, je dois avoir, à n’importe quel prix. Le travail inlassable du terrain devrait être utilisé comme un outil de plaidoyer pour exiger des détenteurs du pouvoir à faire face à la situation actuelle et à la changer. La véritable TRANSFORMATION implique un changement de paradigme dans la société et dans l’état d’esprit de chacun et chacune.
Nous appelons l’Église, en tant que communauté, à embrasser l’œuvre de transformation que Dieu accomplit dans le monde. Le changement naît souvent de la conscience des individus. Nous avons besoin d’un point de départ pour prendre des mesures concrètes afin d’avancer dans la bonne direction. Dans cette optique, l’Appel à l’Action de Talitha Kum est devenu un outil et un guide qui nous permet de progresser vers des actions concrètes. Nous continuons à appeler tous les acteurs et parties prenantes concernés à se joindre à notre cheminement pour réaliser le pouvoir du changement. Il s’agit d’un APPEL À L’ACTION pour nous, en tant qu’Église, avec la société civile, les ONG partageant les mêmes valeurs et d’autres organisations, afin de travailler aux côtés des gouvernements, des organisations internationales et d’autres agences. Cela est exigé précisément de chacun, individuellement, dans les familles et dans les communautés, encore plus que des décideurs politiques, des responsables de l’application de la loi, etc. Ensemble, nous entreprenons un cheminement synodal pour ouvrir nos yeux et nos oreilles à ce qui se passe dans les communautés qui nous entourent.
Depuis les débuts de Talitha Kum, le renforcement de la mise en réseau avec différentes organisations partenaires et religions au sein des réseaux Talitha Kum a été crucial. Le fait d’être un réseau de réseaux nous donne une plus grande force. Le cheminement et le travail en commun, la coordination et la coopération sont des outils essentiels pour lutter contre la traite des personnes.
L’engagement des jeunes, avec notamment le programme des Jeunes ambassadeurs de Talitha Kum de la lutte contre la traite, s’est développé et étendu dans le monde entier. Nous avons commencé en Asie, puis en Océanie, en Afrique et en Amérique latine. Les jeunes ambassadeurs ont pris l’engagement d’être des protagonistes parmi leurs pairs en faisant entendre la voix des jeunes avec courage et espoir. Ils joueront un rôle important dans le cadre du 10e anniversaire de la Journée internationale de prière et de réflexion contre la traite des personnes, qui est célébrée chaque année le 8 février. Pour aller de l’avant pour la transformation, nous pouvons nous inspirer du message du Pape François aux jeunes du monde entier le 8 février 2023 :
1 MESSAGE DU SAINT-PÈRE pour la 106ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 27 septembre 2020 https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/ pubblico/2020/05/15/0282/00625.html#fr
Un autre fait marquant est la forte collaboration de Talitha Kum avec d’autres religions ou groupes interconfessionnels, qui a crû de 31 % en 2022, aux niveaux local, régional et international, en particulier en Asie, en Afrique et en Océanie. L’implication de Talitha Kum dans la sensibilisation et l’autonomisation des survivants est très visible sur les continents américain et africain. En outre, nous ne pouvons pas sousestimer le travail de plaidoyer au niveau national. Le travail accompli par les réseaux européens, américains et océaniens, en particulier, est remarquable. Au niveau international, nous avons continué à collaborer avec des organisations internationales et des agences internationales, en particulier avec l’OIM, le HCR, l’OSCE, le Forum interreligieux du G20, la Section multilatérale de la Secrétairerie d’État, les Ambassadeurs auprès du Saint-Siège et de nombreuses autres organisations partenaires pour un soutien mutuel et une coordination dans la lutte contre ce problème, en faisant en sorte que la société évolue dans le sens non seulement d’une condamnation de la traite des personnes, mais aussi d’une dénonciation de ses causes.
Nous continuons à cheminer ensemble vers la dignité, alors que nous nous dirigeons vers le 15e anniversaire de Talitha Kum en 2024 ; l’amour se manifeste dans l’action et la véritable transformation. Une invitation à témoigner de la main guérisseuse de Jésus qui a permis à la petite fille de se lever toute seule et de marcher : Talitha Kum !
« J’espère que nombreux seront ceux qui accueilleront votre invitation à marcher ensemble contre la traite: marcher avec ceux qui sont détruits par la violence de l’exploitation sexuelle et professionnelle; marcher avec les migrants, les personnes déplacées, ceux qui sont à la recherche d’un lieu où vivre en paix et en famille. Avec vous, jeunes, pour réaffirmer avec courage la valeur de la dignité humaine. »
Enfin, je remercie le Conseil exécutif de l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG) de nous avoir confié cette mission prophétique, les Supérieures Générales du monde entier pour leur soutien continu aux sœurs engagées dans ce ministère, le Comité international de coordination Talitha Kum (TKICC) et toutes les personnes avec lesquelles nous cheminons ensemble, en particulier les victimes et les survivants de la traite et de l’exploitation.
Je termine par une citation d’une survivante qui s’est levée avec courage et espoir !
mon travail dans un petit kiosque à moi, comme je l’avais fait quelques années auparavant. Les sœurs de Talitha Kum ont rendu ce rêve possible. Deux ans ont passé, je vis maintenant en Ouganda, j’ai mon propre kiosque et je continue de recevoir un accompagnement spirituel et d’être soutenue pour poursuivre mon chemin de guérison et reconstruire ma vie dans la dignité. »
Dans la gratitude envers Dieu pour le pouvoir transformateur de l’Espérance et du Courage !
Sr. Abby Avelino, m.m.
Coordinatrice internationale - Talitha Kum
« Le jour est venu où j’étais prête à rentrer chez moi. J’avais la force de recommencer, je désirais ardemment reprendre
@Lisa Kristine
Les trafiquants opèrent dans des situations de vulnérabilité : ils ciblent des personnes qui aspirent à une vie meilleure et qui rêvent d’améliorer leur situation financière, de développer leurs aptitudes et leurs compétences ou simplement de trouver un cadre de vie sûr. Nombre de ces personnes sont contraintes de fuir leur pays d’origine en quête de sécurité ou de travail.
La traite des personnes est le processus par lequel des personnes sont contraintes ou attirées par de fausses perspectives, recrutées, transférées et forcées à travailler et à vivre dans des conditions d’exploitation ou d’abus.
Les victimes de la traite peuvent être prises dans des phénomènes tels que l’exploitation sexuelle, les mariages d’enfants, les mariages précoces et les mariages forcés, ou l’exploitation du travail, par exemple dans les secteurs domestique, agricole, hôtelier, minier et manufacturier.
L’exploitation est définie comme la restriction de la liberté personnelle et l’exercice d’un pouvoir sur la victime par le biais de la violence ou d’une punition réelle ou d’une menace de punition. La traite des personnes prive les victimes de leur dignité, de leur capacité à prendre des décisions concernant leur propre vie et de leur droit à vivre en sécurité et en liberté.
La traite des personnes touche des millions de personnes dans le monde. Les victimes de la traite n’ont pas toutes le même profil ; cependant, ce sont les femmes et les filles qui sont particulièrement vulnérables à la traite en raison des inégalités économiques, sociales, familiales, culturelles et religieuses.
La traite des personnes est un phénomène en constante évolution qui s’adapte aux réalités sociales, économiques et politiques. Il s’agit d’une activité illégale très rentable. Selon les statistiques des Nations unies sur la traite (Rapport mondial sur la traite des êtres humains 2022 de l’ONUDC), les procédures judiciaires actuelles montrent que les victimes de la traite sont exploitées pendant des périodes plus longues et caractérisées par une extrême violence, en particulier dans le cas des femmes et des jeunes filles. Un pourcentage élevé (69 %) de ces affaires concerne des trafiquants qui font partie de réseaux de criminalité organisée.1 En outre, le rapport indique clairement que les changements climatiques et les conflits augmentent le degré de vulnérabilité à la traite.
Les conflits et la traite des personnes sont intrinsèquement liés. Les zones de conflit sont des lieux idéaux pour les trafiquants, qui peuvent plus facilement y localiser et y piéger leurs victimes. En 2016, le nombre officiel de victimes ukrainiennes de la traite en Europe occidentale a quadruplé, conséquence directe du conflit de 2014 en Ukraine. La situation actuelle, avec le conflit en cours, est malheureusement la même. L’année dernière, quelques jours seulement après le début de la guerre, les réseaux Talitha Kum en Europe ont signalé la grande vulnérabilité des réfugiés ukrainiens, en particulier des femmes, face à la traite.
Une prolifération alarmante de trafiquants a également été signalée aux frontières de l’Ukraine, ainsi que dans les gares ferroviaires et routières des pays voisins. Depuis le mois de mars 2022, des religieuses de Bakhita Pologne, le réseau Talitha Kum polonais de lutte contre la traite, se sont activement engagées dans des activités de surveillance et de collecte d’informations sur des cas potentiels de traite à la frontière ukraino-polonaise : des personnes se faufilant discrètement parmi diverses organisations humanitaires, offrant de la nourriture et un hébergement gratuits et invitant ensuite des personnes vulnérables à les suivre. Les sœurs ont également recueilli des informations sur les disparitions de femmes et d’enfants, en particulier dans les régions frontalières.
www.siecbakhita.com
www.facebook.com/siecbakhita/
1 https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/glotip/2022GLOTiP_2022_web.pdf
Ces mots, Jésus les a adressés à la fille de Jaïre, fillette de douze ans qui était apparemment sans vie. Quand Jésus l’a prise par la main, elle s’est levée immédiatement et s’est mise à marcher.
Ces deux mots envoient un message puissant et ont été choisis comme nom pour Talitha Kum, le réseau international contre la traite des êtres humains.
Ces mots invitent tous les réseaux Talitha Kum à se lever avec courage et espoir, et à se tenir aux côtés des victimes et des survivants de la traite des personnes, dont les mains se tendent vers nous, afin de promouvoir un monde juste dans lequel chaque être humain peut vivre dans la dignité et la plénitude, réalisant ainsi le message du Christ :
La foi et la spiritualité rendent tangible la présence de Dieu pour transformer les situations les plus désespérées et ramener à la vie ce qui semble mort.
L’expression « Talitha Kum » définit l’identité et la mission de notre réseau mondial qui rassemble plus de 6 000 sœurs, alliés et amis catholiques, en faisant référence au pouvoir transformateur de l’espoir, de la compassion et de la miséricorde, qui génère un engagement actif pour la restauration de la dignité des exploités et des opprimés en tant que membres précieux de la famille humaine.
« Talitha Kum. Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! »
« Je suis venu pour qu[‘ils] aient la vie, la vie en abondance »
(Jean 10, 10)
Créé officiellement en 2009 par l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG) en tant qu’initiative mondiale contre la traite et l’exploitation des êtres humains, Talitha Kum encourage la collaboration entre les réseaux organisés au niveau national, régional et continental, en soutenant activement les victimes, les survivants et les personnes à risque. Bien que chaque réseau Talitha Kum conserve son identité propre et opère dans son pays ou sa région, le Comité de coordination internationale de l’UISG soutient le développement des capacités et la formation des réseaux et des membres, et facilite le partage d’informations, de ressources et d’expériences.
En tant que réseau parapluie des réseaux dirigés par des sœurs, Talitha Kum est ancré dans la longue et riche tradition des femmes catholiques inspirées par le ministère vivifiant du Christ, qui s’engagent dans le travail communautaire et la collaboration, à l’exemple du Dieu trinitaire.
La force du réseau Talitha Kum réside dans son engagement à la périphérie et dans son approche centrée sur la personne et la communauté, qui garantit la proximité de Talitha Kum avec les victimes et les survivants de la traite, ainsi qu’avec leurs familles et les personnes exposées au risque d’exploitation. En outre, le leadership de Talitha Kum est exercé à tour de rôle par des congrégations et des sœurs de différents horizons. Après avoir été la coordinatrice internationale de Talitha Kum pendant huit ans et avoir favorisé sa croissance, Sœur Gabriella Bottani, SMC, a passé le relais à Sœur Abby Avelino, MM. Talitha Kum est reconnaissant à Sœur Gabriella pour son dévouement total à son travail et son engagement infatigable dans la lutte contre la traite des personnes.
Les réseaux de Talitha Kum sont :
• Intercongrégationnels et dirigés par des sœurs, organisés principalement au niveau national ;
• Orientés vers le terrain ;
• Liés à la Conférence/Association nationale des Supérieures majeures.
SR. ABBY AVELINO, m.m. Coordinatrice internationale
MM - Sœurs de Maryknoll
SR. YVONNE CLEMENCE BAMBARA, r.g.s. Représentante régionale de l’Afrique
RGS - Congrégation de Notre-Dame de la Charité du Bon Pasteur
SR. CARMEN GARCIA UGARTE, o.s.r. Représentant régional de l’Amérique Latine
OSR - Sœurs Oblates du Très Saint Rédempteur
SR. ISABELLE COUILLARD, s.g.m. Représentante régionale de l’Amérique du Nord
SGM - Sœurs de la Charité de Montréal
SR. ADINA BALAN, c.j
Représentante régionale de l’Europe
CJ - Congregatio Jesu
SR. COLLEEN JACKSON, r.s.c.
Représentante régionale de l’Océanie RSC - Religieuses de la Charité
SR. PAULA KWANDAO
PHONPRASERTRUKSA, s.p.c.
Représentante régionale de l’Asie
SPC - Sœurs de Saint Paul de Chartres
La traite des personnes est un phénomène complexe et multidimensionnel, qui affecte des dizaines de millions d’individus et l’ensemble de la société humaine. L’expression « Talitha Kum » est une invitation à tous à se lever pour contrer, par notre voix, par nos actions, par nos choix quotidiens et par nos vies tout ce qui permet la traite des personnes. Nous dénonçons l’arrogance et la violence du pouvoir économique et financier lorsqu’il agit contre la dignité de la personne.
Le travail de Talitha Kum avec les victimes et les survivants de la traite est fondé sur la conviction que la dignité des opprimés et des exploités peut être restaurée par des relations sororales et fraternelles, marquées par la présence de l’Esprit Saint et la rencontre mystérieuse avec Dieu. Dans une relation d’égal à égal, les sœurs accompagnent les victimes sur le chemin de la guérison, à mesure que celles-ci reprennent conscience de leur valeur intérieure en tant qu’individus et membres de leur famille et de leur communauté. Talitha Kum s’attaque ainsi aux causes systémiques qui font que les personnes risquent de tomber entre les mains des réseaux de trafiquants, en engageant les familles et les communautés locales ainsi que les principales parties prenantes aux niveaux national et international.
Conformément à cette approche, ceux qui adhèrent aux valeurs de Talitha Kum s’engagent à se faire le prochain des femmes, hommes, enfants et familles qui souffrent des graves conséquences de la traite
Les actions de Talitha Kum s’adressent à tous ceux qui sont dépouillés de leur dignité et privés de liberté, indépendamment de leur mode de vie, race, religion, conditions économiques ou orientation sexuelle. Les membres de Talitha Kum vivent et témoignent des valeurs chrétiennes, en dialogue et dans le respect des différentes traditions religieuses et des non-croyants.
La mission de Talitha Kum est de mettre fin à la traite et à l’exploitation des êtres humains grâce à des initiatives de collaboration axées sur la prévention, la protection, la réinsertion sociale et la réhabilitation des survivants, le partenariat et le plaidoyer, et en promouvant les actions qui répondent aux causes systémiques.
Dans le but de renforcer les actions de lutte contre la traite des personnes des réseaux locaux dans le monde entier, Talitha Kum International a promu, depuis sa création, les principes suivants :
1. Le travail en réseau comme élément fondamental de son identité ;
2. La formation et la communication entre sœurs, partenaires et amis engagés dans la lutte contre la traite. Les priorités internes de Talitha Kum, établies en septembre 2019 lors de l’Assemblée générale de Talitha Kum, resteront en vigueur jusqu’en 2025, à savoir l’éducation et la prévention, l’implication active des survivants dans les activités des réseaux et le plaidoyer, avec une priorité sur les continents africain et asiatique. Il s’agit de domaines d’action et de réseautage dans des zones géographiques qui ont été renforcés et développés au cours de l’année 2022, permettant de répondre aux défis de la prévention et de la prise en charge des victimes et des survivants de la traite, tels que l’impact de la pandémie de COVID-19 et les conflits dans différentes parties du monde.
En 2022, les conflits se sont aggravés dans de nombreux pays. Par exemple, les conflits au Myanmar et au Sri Lanka en Asie, au Burkina Faso, au Mali, en RDC et dans d’autres pays d’Afrique, en Syrie au Moyen-Orient, au Venezuela en Amérique et, plus récemment, l’invasion de l’Ukraine par la Russie en Europe, se sont aggravés. Les réalités des conflits exacerbent la vulnérabilité des personnes face à la traite des personnes, car elles créent des conditions et des situations fragiles qui font des personnes des groupes à risque d’exploitation humaine.
Les réseaux Talitha Kum, témoins de l’impact de ces conflits, ont réagi en menant des actions de prévention à différents niveaux afin de prendre en charge les victimes et les personnes déplacées touchées par la guerre et les conflits. Le processus de récupération post-COVID, d’une part, et les conflits politico-sociaux, d’autre part, ont mis à l’épreuve les réseaux qui ont continué à mettre en œuvre différentes méthodes d’organisation et de travail en réseau. Ceux-ci ont utilisé des méthodes créatives de prévention et de soin des victimes, des survivants et des groupes exposés au risque de traite.
Domaines d’action de Talitha Kum International
La mise en réseau est essentielle afin de renforcer la prévention de la traite des personnes et la protection des victimes et des survivants et de pour soutenir les groupes considérés comme exposés au risque de traite. Elle a également facilité la mise en place de parcours de sensibilisation.
Partagé par le Père Nicolas Dyemo, mf, et Sœur Marie Chantal, sjd de Talitha Kum Mali - TAKUMA (réseau Talitha Kum nouvellement établi en 2022).
La collaboration et les efforts de lutte contre la traite entre les différentes congrégations religieuses est sont une des caractéristiques clés des réseaux de Talitha Kum. Cette collaboration est en lien direct avec les conférences nationales des supérieures générales et les diverses organisations catholiques, ONG et organisations gouvernementales engagées dans la lutte contre la traite qui opèrent au niveau local. L’année 2022 a été marquée par le renforcement de la collaboration interconfessionnelle et l’intégration de laïcs (y compris des jeunes) dans les réseaux de Talitha Kum. Le travail en réseau a facilité la création des nouveaux réseaux Talitha Kum en 2022, ainsi que la croissance et le renforcement des pôles de coordination en Afrique et en Asie, qui mènent des actions plus rigoureuses dans les différents domaines d’action de Talitha Kum.
« L’engagement et la responsabilité de ce travail sont énormes et exigent des membres et des collaborateurs qu’ils travaillent ensemble contre la traite. Comme nous n’en sommes qu’au début, les membres et les collaborateurs ont besoin d’une formation continue pour renforcer leurs compétences. Il y a toujours un besoin de ressources nécessaires à la mise en œuvre du plan d’action. »
Domaines d’action de Talitha Kum International
En 2022, Talitha Kum International a proposé des cours, des ateliers et des séminaires à des fins de renforcement des capacités, de sensibilisation et de consolidation de l’engagement de Talitha Kum dans la lutte contre la traite des personnes.
• 32 membres de Talitha Kum de 22 nationalités différentes ont reçu une qualification en leadership lors de la troisième édition de la formation en leadership, coordonnée par Talitha Kum en collaboration avec l’Université Pontificale Antonianum et le Tangaza University College.
Les cours de Talitha Kum sont consacrés à la formation continue de ceux qui veulent s’engager dans le travail contre la traite et accompagner les survivants de la traite dans leur réintégration sociale. Par exemple :
• En Asie, facilitation de la formation au niveau local, en particulier au Myanmar, en Indonésie, au Bangladesh, au Pakistan, au Sri Lanka et en Corée du Sud.
• En Amérique latine, formation sur l’Appel à l’Action de Talitha Kum pour 67 membres et collaborateurs de Talitha Kum.
• Formation sur Talitha Kum et la traite des êtres humains avec les jeunes communicateurs sélectionnés par le Dicastère pour la communication du Saint-Siège : La communication de la foi dans le monde numérique.
La communication joue un rôle fondamental dans les réseaux
Talitha Kum : elle renforce la vie et l’identité du réseau, constitue un outil stratégique de sensibilisation et de mobilisation contre la traite des personnes et donne de la visibilité à l’engagement des sœurs, des collaborateurs et des amis qui travaillent contre la traite sur le terrain.
L’un des outils clés de Talitha Kum est la collecte de données, qui rend visibles les efforts du réseau et l’échange d’information, de connaissances et de bonnes pratiques. En 2022, les réseaux membres qui ont mis à jour leurs données représentaient un total de 93,1%.
Talitha Kum facilite la communication entre les réseaux grâce à l’échange cohérent d’information en termes de bonnes pratiques et d’actions de lutte contre la traite dans les différents contextes dans lesquels ses réseaux opèrent. Afin de maintenir la communication avec les sœurs au niveau local, il est essentiel de maintenir une communication constante avec les coordinateurs régionaux qui, non seulement servent de pont avec Talitha Kum International, mais portent également la voix des sœurs sur le terrain.
Partager les histoires, à travers des activités de prévention et de protection, pour/avec les victimes et les survivants de la traite donne de la visibilité aux sœurs engagées localement dans la lutte contre la traite et dans le soin aux victimes.
À cette fin, Talitha Kum communique des histoires sur son site web et sur les plateformes de réseaux sociaux telles que Facebook, Instagram, YouTube et Twitter.
En outre, Talitha Kum coordonne et soutient les réseaux dans des campagnes particulièrement importantes en les appelant à l’action.
• Par exemple, Talitha Kum coordonne la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes, qui est célébrée le 8 février et qui, en 2022, avait pour thème « La force du soin : femmes, économie, traite des personnes ».
• Le 30 juillet, Journée internationale contre la traite des personnes des Nations Unies, Talitha Kum a invité le réseau international à participer, en utilisant le hashtag officiel #CareAgainstTrafficking.
Les efforts de plaidoyer de Talitha Kum sont ancrés dans son expérience de terrain et visent à renforcer et à amplifier les voix des victimes et des survivants de la traite des personnes, ainsi qu’à accroître la protection et l’accès à la justice, au soin, à la guérison, à l’autonomisation et à la restauration. Talitha Kum appelle les acteurs et les dirigeants à tous les niveaux à s’unir pour éradiquer la traite des personnes. Ce plaidoyer a pris de nombreuses formes, allant de la sensibilisation aux formes les plus répandues de la traite et de l’exploitation des êtres humains, à l’impact sur les victimes, au plaidoyer coordonné avec les gouvernements nationaux pour changer ou créer des lois et des politiques de prévention, de protection, de guérison et de soutien.
Le plaidoyer de Talitha Kum s’inspire de l’Appel à l’action de Talitha Kum, le premier document de plaidoyer ratifié et approuvé par le conseil exécutif de l’Union internationale des supérieures générales. Différents réseaux ont traduit l’Appel à l’action dans leurs langues locales et l’utilisent comme outil de plaidoyer au sein de leurs réalités locales.
En Asie, chaque mois, un groupe d’étude se réunit en ligne pour discuter de l’Appel à l’action et des moyens pour l’utiliser et le mettre en œuvre. En Amérique latine, l’Appel à l’action a été présenté par deux membres de Talitha Kum à l’occasion du VIIe Congrès latino-américain et caribéen sur la traite des personnes et le trafic de migrants, qui s’est tenu à Mexico (Mexique) en juillet. En Océanie, en 2022, les groupes régionaux ont intégré la réflexion et la discussion sur l’Appel à l’action à chaque réunion pendant plusieurs mois. D’autres régions ont consacré une partie de leur formation à l’Appel à l’action. En Afrique, par exemple, les membres de Talitha Kum ont été formés à son contenu en novembre. De plus, Talitha Kum International l’a présenté lors du Forum interreligieux du G20, qui s’est tenu à Abu Dhabi en décembre. Enfin, en partenariat avec le Dicastère pour la promotion du développement humain intégral, Talitha Kum International a coordonné quatre ateliers en ligne tout au long de l’année 2022 afin d’approfondir l’Appel à l’action et de partager les réactions entre les membres de Talitha Kum et les employés du Dicastère. Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux exemples de la manière dont l’Appel à l’action de Talitha Kum a été activement utilisé.
L’Étude Talitha Kum, un paquet pour la prière et l’action : La migration et la traite des personnes, qui met en lumière la troisième priorité identifiée lors de l’Assemblée générale de Talitha Kum en 2019, a été publiée en octobre 2022. Grâce à des données et des recherches étayées, ainsi qu’à une réflexion sur les Écritures et la Doctrine sociale de l’Église présentée dans ce dossier, Talitha Kum invite à réfléchir sur le lien entre la migration et la traite, et nous invite à utiliser notre voix collective pour promouvoir un changement au niveau structurel.
Domaines d’action de Talitha Kum
En 2022, la participation des survivants aux activités des réseaux Talitha Kum a augmenté :
• 38 réseaux Talitha Kum (66%) ont fait état d’une collaboration avec des survivants ;
• 14 réseaux se sont concentrés sur ce domaine.
Certains survivants ont participé à diverses activités de prévention et de sensibilisation contre la traite et l’exploitation. Certains réseaux ont fait état de la participation active des survivants aux activités de prise de décision et de gestion de projets afin de partager les responsabilités.
Les jeunes ont le potentiel d’apporter de grands changements dans le monde. La passion, la force et l’énergie qu’ils détiennent peuvent être canalisées pour combattre l’un des fléaux insidieux et silencieux de la société : la traite des personnes. Les réseaux de Talitha Kum s’efforcent d’informer, d’éduquer, de responsabiliser et de former les jeunes pour qu’ils comprennent, identifient et reconnaissent les signes avantcoureurs de la traite, dans l’espoir de les doter des outils nécessaires pour prévenir et combattre le troisième crime multidimensionnel le plus important au monde.
Les jeunes, grâce à leur incroyable capacité à travailler en réseau et à communiquer, ont la possibilité d’atteindre des personnes du monde entier. Le réseau Talitha Kum travaille sans relâche pour motiver et permettre aux jeunes d’être des protagonistes parmi leurs pairs et de tendre la main pour que les personnes en danger reprennent le contrôle de leur vie. La lutte contre la traite exige que nous nous rassemblions tous en tant que communauté. Notre espoir est que ces voix fortes de la jeunesse puissent progressivement atténuer cette forme de criminalité organisée mondiale.
En 2022, Talitha Kum a organisé le deuxième cours de formation (en ligne) pour permettre à 35 jeunes ambassadeurs dévoués de 13 pays d’Asie et de 2 pays d’Afrique de se former. Tous les participants ont travaillé activement à la réalisation des objectifs suivants :
• Comprendre le phénomène de la traite des personnes.
• Analyser la situation de la traite dans différents pays d’Asie et d’Afrique.
• Partager les perspectives et les points de vue sur le phénomène de la traite des personnes.
• Reconnaître l’importance du rôle des jeunes ambassadeurs dans la lutte contre la traite.
Le cours s’est achevé avec succès sur des recommandations clés relatives à la lutte contre la traite. Sœur Abby Avelino, m.m., coordinatrice internationale de Talitha Kum, a souligné que « les jeunes veulent contribuer à la lutte contre la traite par des actions concrètes et mener des campagnes de sensibilisation sur ce fléau ».
Talitha Kum, en plus de lutter contre la traite, se concentre également sur l’intégration sociale et la réhabilitation des survivants. Une lettre ouverte rédigée par les Jeunes ambassadeurs de Talitha Kum contre la traite a été publiée en 2022. Cette lettre souligne que l’on ne doit pas se définir par son passé négatif. Elle montre également comment un survivant peut devenir un jeune ambassadeur dynamique de la lutte contre la traite. Avec le réseau de jeunes Talitha Kum, les jeunes ambassadeurs ont travaillé sans relâche pour cette cause. L’un d’entre eux a déclaré : « Jusqu’à présent, nous, les jeunes, avons trouvé de nombreuses idées pour mieux sensibiliser les personnes non informées et à risque à la question de la traite en utilisant diverses formes de communication, tant en personne qu’en ligne... »
L’un des moments les plus marquants de la reconnaissance de la lutte des jeunes contre la traite a été le 6 juin 2022, quand Areeya Pongpit, l’une des jeunes ambassadrices de Talitha Kum Thaïlande, a reçu le prix « Outstanding Youth Award in the Prevention and Fight Against Human Trafficking » (Prix de la jeunesse exceptionnelle pour la prévention et la lutte contre la traite des personnes) décerné par le gouvernement thaïlandais. Se référant aux efforts de lutte contre la traite, Areeya a souligné l’importance de l’implication des jeunes en citant leur pouvoir « de faire avancer notre monde ». Elle a ajouté : « Aidons les gens autour de nous à être plus prudents grâce à l’amour, à la gentillesse et à la compréhension des autres. » Voici l’invitation qu’elle lance aux jeunes.
En outre, une entrevue avec des jeunes du réseau Talitha Kum a été publiée par le Dicastère de la Section des migrants et des réfugiés le 25 septembre 2022, à l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié. Les jeunes ont déployé des efforts considérables pour lutter chaque jour contre la traite. Leurs efforts nous rappellent pourquoi les jeunes sont appelés les « leaders du changement de demain ».
Les données de 2022 démontrent la capacité impressionnante des réseaux de Talitha Kum à tous les différents niveaux. De nouveaux réseaux nationaux ont été créés en 2022 et les diverses actions de lutte contre la traite ont touché 40 % de personnes bénéficiaires de plus que l’année dernière. Cela illustre le renforcement des domaines d’action de Talitha Kum, tels que l’accès à la justice ou la mise en réseau.
En 2022, Talitha Kum était présent dans 97 pays, organisé en 58 réseaux nationaux et 13 comités de coordination régionaux, y compris des pôles sur les continents africain et asiatique, et deux coordinations continentales. Ces coordinations facilitent la communication et la mise en réseau à différents niveaux, en soutenant activement les victimes, les survivants et les personnes exposées au risque de traite.
Trois nouveaux réseaux ont été créés en 2022 : en Afrique (Talitha Kum Côte d’Ivoire et TAKUMA - Mali) et en Amérique latine (Red Kawsay Bolivie). Le nombre de pays où Talitha Kum a une présence a augmenté de cinq par rapport à 2021.
Le nombre total de subdivisions1 des réseaux nationaux signalées en 2022 a également augmenté de 13 % par rapport à l’année précédente, avec un total de 224 subdivisions. Les continents ayant connu la plus forte croissance de subdivisions par rapport à l’année dernière sont l’Afrique (41%) et l’Asie (14%), ce qui démontre la capacité des réseaux Talitha Kum à créer des subdivisions et des groupes de travail décentralisés.
L’année 2022 présente un nombre total de membres et de collaborateurs inférieur à celui de l’année dernière, avec 10% de moins qu’en 2021. Sur le plan régional, le continent américain a enregistré une croissance de 18 % du personnel bénévole et des collaborateurs laïcs, tandis qu’une diminution est observée sur les continents asiatique (23 %) et européen (5 %). La diminution du nombre total de membres en 2022 peut être due à différents facteurs, tels que des situations liées à la réalité sociopolitique de chacun. Dans certains cas, la diminution des bénévoles et l’augmentation du personnel peuvent être comprises comme une réponse au besoin des réseaux en personnel professionnalisé dans certains domaines d’action comme l’accès à la justice.
1 Certains réseaux peuvent avoir des subdivisions. Une subdivision est généralement définie comme une unité dépendant du réseau central (national) et opérant dans une certaine région du pays. Elles ont un caractère inter-congrégationnel et, dans la plupart des cas, conservent l’identité première du réseau national. Si la subdivision se trouve dans un pays différent de celui du réseau central, elle peut devenir un réseau national. En général, le nombre le plus élevé de subdivisions correspond aux réseaux nationaux qui ont une zone territoriale plus étendue nécessitant une organisation plus articulée.
L’implication des sœurs, des prêtres et des partenaires laïcs est une caractéristique clé des réseaux Talitha Kum. Comme le montrent les données de 2022, cette participation représente 91% du nombre total de membres.
La participation des survivants et de leurs familles dans les actions de Talitha Kum est un facteur de croissance important. En 2022, 38 réseaux (66% du total) ont fait état de la collaboration active de survivants à diverses activités de lutte contre la traite, ce qui représente une croissance de 37% par rapport aux chiffres de 2021. Les survivants sont
La participation et l’engagement des congrégations religieuses au sein des réseaux Talitha Kum en 2022 ont diminué de 4 %. Ce processus s’est produit dès 2020, conséquence possible de l’impact de la pandémie de COVID-19. En 2022, d’autres facteurs possibles sont importants à considérer, car ils ont également eu un impact sur la réorganisation des réseaux après la COVID, tels que la perte de membres au sein des congrégations et/ou le changement de leadership dû à des modifications au sein des réseaux locaux. Toutefois, le nombre de congrégations religieuses masculines actives dans Talitha Kum a augmenté par rapport au chiffre de 2021 (13 % du nombre total de congrégations religieuses). Ce chiffre a particulièrement augmenté sur le continent africain.
En ce qui concerne la collaboration interreligieuse, en 2022, 18 réseaux Talitha Kum, soit 31% du total, ont déclaré avoir une collaboration interconfessionnelle, en particulier en Asie, en Afrique et en Océanie.
@Lisa Kristine
La collecte et l’analyse des données des réseaux Talitha Kum ont été soutenues depuis le début par des universitaires. Depuis 2018, la collecte des données a été rendue possible grâce à la collaboration de la Faculté des sciences sociales de l’Université pontificale grégorienne de Rome. Cette année, le suivi de l’analyse a été soutenu par le professeur Giulio Guarini, professeur associé en économie, Université de Tuscia (Viterbo, Italie) ; le professeur Ilaria De Benedetti, titulaire en statistiques économiques, Université de Tuscia (Viterbo, Italie) ; Silvia Di Risio, étudiante en master « Économie et communication pour la gestion et l’innovation » - Université Sapienza de Rome & Université de Tuscia (Viterbo, Italie).
Les données sont collectées à l’aide de deux questionnaires semistructurés créés par les réseaux nationaux. Le questionnaire « Recensement » recueille des données sur leur structure interne, telles que le nombre de membres, les congrégations religieuses, la participation active des victimes de la traite à la vie des réseaux, les subdivisions des réseaux nationaux et la collaboration avec différentes organisations aux niveaux local et international.
Le deuxième questionnaire, « Information sur les activités », couvre les activités des réseaux dans les principaux domaines d’action de Talitha Kum contre la traite des personnes : la prévention, le soin des victimes, des survivants et des groupes exposés à la traite, l’accès à la justice et le travail en réseau. L’objectif de la collecte et de l’analyse des données est de cartographier la structure et les initiatives des réseaux dans la lutte contre la traite aux niveaux mondial et régional, en tenant compte de chaque réalité dans son propre contexte.
La collecte de données de Talitha Kum est orientée vers la pastorale. Chaque année, les questionnaires de la base de données sont mis à jour et améliorés, en tenant compte des nouveaux besoins des réseaux qui ont émergé. Une question concernant la collaboration interconfessionnelle a été ajoutée au questionnaire « Recensement » pour 2022. En outre, les différentes rubriques des domaines d’action dans le questionnaire « Information sur les activités » ont été mises à jour pour correspondre à la langue de l’Appel à l’Action de Talitha Kum.
Ce rapport est le résultat de l’analyse des données collectées par la base de données Talitha Kum-UISG et est basé sur les données fournies par les réseaux nationaux qui constituent l’unité de base de Talitha Kum. Les questionnaires ont été remplis par les personnes de référence de la base de données pour chaque réseau local au cours de la période allant de janvier à mars 2023 (pour la collecte des données de l’année 2022). Parmi ceux qui ont reçu les questionnaires, 93,1% ont répondu, ce qui équivaut à un total de 54 réseaux locaux.
Les deux questionnaires, en particulier celui concernant les activités des réseaux, ont permis une recherche descriptive selon une approche mixte, combinant des données quantitatives et qualitatives. La technique du codage thématique a été utilisée pour analyser et interpréter les données, ce qui permet d’organiser les données en fonction de leurs caractéristiques thématiques afin de les catégoriser et de les décrire par la suite. Le logiciel Microsoft Excel a été utilisé pour structurer et analyser statistiquement les données.
Mayra Cuellar - m.d.b.
Talitha Kum International
Silvia Di Risio
Étudiante en Maîtrise « Économie et communication pour la gestion et l’innovation » - Université Sapienza de Rome & Université de Tuscia (Viterbo, Italie)
Talitha Kum est un excellent exemple de réseau international en expansion ; en 2022, TK a fortement augmenté le nombre de victimes contactées (40 % de plus) et les activités de mise en réseau (30 % de plus).
Le réseau TK a une nature polyédrique : tous les continents sont représentés ; les réseaux sont composés de membres religieux et laïcs qui peuvent être des bénévoles et des collaborateurs ; la majorité, mais pas la totalité, des membres et des ordres religieux sont des femmes.
Le réseau TK a une structure à plusieurs niveaux ; il s’agit d’un réseau de réseaux nationaux et régionaux. Le réseau TK entretient des collaborations multiformes avec différents types d’acteurs du changement, tels que des associations gouvernementales et non gouvernementales, des associations catholiques et non catholiques. Le réseau TK adopte une approche globale pour lutter contre la traite des personnes, à savoir la prévention, le partenariat, la poursuite en justice et la protection.
Les données sont précieuses pour le suivi et l’évaluation des activités de Talitha Kum (TK).
Sans connaissance des scénarios et des tendances, il est difficile d’imaginer l’avenir et de planifier de nouvelles actions.
Toutes ces caractéristiques font du réseau TK un moteur potentiel d’innovation sociale ; en effet, ses membres peuvent créer de la nouveauté dans l’organisation et les activités en partageant des connaissances, des compétences, des capacités et des expériences différentes. Cependant, cette richesse implique également une complexité due au nombre et à la variété des personnes et des facteurs impliqués, ainsi qu’une instabilité due aux changements potentiels en fonction des différentes dynamiques nationales et régionales.
Pour les projections à long terme, elle pourrait permettre de distinguer les dynamiques structurelles des dynamiques cycliques, ce qui est impossible à faire en quelques années.
Enfin, de nouveaux types de données pourraient soutenir la gouvernance et le développement de Talitha Kum : en particulier la durabilité des ressources pour mettre en évidence les limites et le potentiel du travail en réseau de TK ; des données sur les relations avec les institutions publiques pour surveiller l’ancrage de TK dans les contextes locaux ; des données sur les jeunes impliqués dans TK pour surveiller l’effet de la participation active d’un groupe international de jeunes représentant des organisations partenaires à la dernière Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes 2023 ; davantage de données sur les survivants de la traite en ce qui concerne leur inclusion sociale et leur collaboration avec TK pour mieux évaluer l’impact social final de TK.
Giulio Guarini
Professeur associé en économie - Université de Tuscia (Viterbo, Italie)
Le rapport 2022 démontre une croissance phénoménale, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, dans les domaines d’action de la prévention, du soin des victimes, de l’accès à la justice et de la mise en réseau. Les données indiquent une augmentation globale de 40% du nombre de personnes touchées par le réseau Talitha Kum. Le domaine de l’accès à la justice, qui a généralement été moins mis en œuvre par les réseaux au cours des dernières années, a pris un nouvel élan. Cette réalisation significative en 2022 démontre que Talitha Kum rejoint davantage de personnes dans tous les domaines d’intervention.
Le premier des quatre domaines d’action des réseaux Talitha Kum, la Prévention, s’est concentré sur les points suivants :
La sensibilisation à la traite des personnes et aux problèmes qui y sont liés : ces activités comprennent la formation des agents pastoraux, des ateliers dans les paroisses pour les parents et les éducateurs d’enfants et le développement de matériel numérique de lutte contre la traite et d’émissions de radio.
Par exemple, en Albanie (Europe), des jeunes ont orchestré des flash mobs. En Zambie (Afrique), des brochures/ dépliants sur la traite ont été publiés. Des programmes de formation à court et à long terme ont été organisés dans les écoles, les paroisses et les communautés. Ces programmes visent à doter les jeunes, les éducateurs, les décideurs communautaires et les agents pastoraux des compétences nécessaires pour identifier les cas de traite dans leurs communautés et devenir des ambassadeurs de la prévention
Des campagnes d’information expliquant la traite, ses causes et ses conséquences dans différents contextes socioculturels, ont été diffusées sur des plateformes de réseaux sociaux et des campagnes de radio, en particulier en Afrique.
En outre, des activités de soutien et de prévention ont été organisées pour les populations vulnérables et à risque, en mettant l’accent sur les enfants et les jeunes femmes sans ressources économiques, les élèves des écoles situées dans des zones à haut risque, les migrants et les réfugiés, les personnes souffrant de stress/troubles psychosociaux et de crises familiales, ainsi que les personnes déplacées en raison de la guerre en Europe accueillies par le réseau en Pologne et en Allemagne, en particulier les femmes et les enfants.
En 2022, les activités du réseau Talitha Kum ont bénéficié à un total de 442 276 personnes dans le domaine de la prévention, reflétant une augmentation significative de 41% par rapport à 2021. Les principaux bénéficiaires étaient des étudiants, des jeunes, des éducateurs, des religieux, des décideurs communautaires, des employés du gouvernement et d’autres acteurs clés.
Talitha Kum Thaïlande : Inspirées par le message du Pape François : « Une économie sans traite des personnes est une économie de soin », les sœurs de Thaïlande promeuvent de bonnes pratiques en matière de prévention de la traite et d’autonomisation des femmes et des jeunes en proposant des formations à l’autosuffisance économique durable pour aider à améliorer intentionnellement les modèles économiques, en mettant fortement l’accent sur les ressources naturelles. Elles proposent des programmes de renforcement des capacités économiques durables par le biais de projets générateurs de revenus, tels que la vente de produits artisanaux, créés par les femmes et les communautés locales dans les villages et les zones montagneuses, afin de réduire le risque qu’elles deviennent victimes de la traite. Une autre approche pour renforcer la capacité économique consiste à viser le « zéro déchet » et le « zéro traite des personnes » en générant des revenus à partir de la vente de déchets et de produits recyclés en utilisant les mêmes déchets pour créer des articles qui peuvent être vendus. Une autre bonne pratique en Thaïlande est l’utilisation de la technologie. Le réseau a organisé une série d’activités d’éducation aux médias qui aideront les gens à comprendre les différentes façons dont les trafiquants utilisent les réseaux sociaux pour exploiter leurs victimes. Ces activités d’éducation leur fourniront les connaissances et les compétences nécessaires pour assurer la sécurité des élèves de la 6e à la 12e année. Les principaux objectifs de ces activités sont de promouvoir la reconnaissance de la dignité humaine, de sensibiliser à la menace de la traite et d’aider les élèves et les jeunes à apprendre à utiliser les réseaux de manière sûre et efficace. Leur but est de donner aux jeunes les connaissances et les compétences nécessaires pour prévenir la traite et utiliser les médias d’une manière qui respecte la dignité de tous les individus.
Wells of Hope au Liban : Wells of Hope Lebanon est le réseau
Talitha Kum basé au Moyen-Orient. Il s’agit du premier réseau
Talitha Kum interreligieux avec des femmes musulmanes et chrétiennes travaillant ensemble. Il a organisé des séances de sensibilisation dans les écoles et les établissements d’enseignement technique de différentes régions, en particulier dans les zones pauvres où le taux d’abandon scolaire est élevé et où les populations à risque sont nombreuses. En outre, ces sessions ont été proposées aux femmes des zones vulnérables, telles que les camps palestiniens et les banlieues de Beyrouth, qui sont soit victimes, soit très exposées à la traite. Les activités comprennent un programme spécial pour différents groupes
d’âge :
Enfants de 6 à 11 ans : comment se protéger ; les bonnes et les mauvaises pratiques en utilisant des techniques de coloriage, de narration et d’effets visuels.
Adolescents âgés de 12 à 17 ans : comment se protéger de l’exploitation, en particulier sur les réseaux sociaux ; l’importance de l’éducation et les difficultés du mariage précoce.
Adultes âgés de 18 ans et plus : les types de traite ; les personnes fragiles face à la traite ; comment se protéger grâce aux lois en vigueur dans les pays.
En outre, des références de contact ont été distribuées pour toute assistance, ainsi que des dépliants pour toute information complémentaire.
L’Appel à l’Action de Talitha Kum stipule que « les victimes sont les premières à avoir besoin de réhabilitation et de réinsertion dans la société ». Le réseau Talitha Kum s’engage à fournir un accompagnement dynamique aux victimes. Ce soutien s’articule autour des principes d’accueil, de soin, de guérison et d’autonomisation des personnes qui ont été victimes de la traite.
Le réseau offre un environnement de soutien, de sécurité et d’attention aux survivants et aux victimes pour leur permettre de guérir et de se rétablir. Il offre également des ressources matérielles et économiques ainsi qu’un accompagnement spirituel et psychosocial. De nombreux cas montrent que des besoins spécifiques, tels que les soins médicaux, l’assistance psychologique et l’aide au rapatriement en toute sécurité dans leur pays d’origine, ont été satisfaits. Une assistance juridique a également été fournie pour faciliter les procédures légales bureaucratiques. En outre, de nombreux programmes de formation ont été organisés, permettant aux survivants de se réintégrer et de reconstruire leur vie de manière autonome. Le réseau Sisters in Kenya, en particulier, a indiqué que l’accompagnement des victimes et des survivants auprès de leurs familles était un élément essentiel de la réintégration dans la société.
Les initiatives de plaidoyer, par un engagement constant auprès des institutions locales et intergouvernementales, sont cruciales pour protéger les droits des travailleurs migrants, des femmes et des filles vulnérables aux mariages forcés, comme cela a été le cas récemment en Australie.
En 2022, les réseaux Talitha Kum ont rejoint un total de 27 334 victimes, survivants, et leurs familles, y compris des groupes considérés comme vulnérables au risque de traite. Cela représente une augmentation significative de 56 % par rapport à 2021.
Talitha Kum Nigeria : Certaines victimes de la traite des personnes éprouvent un sentiment de honte et, pour cette raison, ne veulent pas rentrer chez elles au moment du rapatriement. Elles se sentent humiliées de rentrer chez elles les mains vides ou sont en colère contre leur famille, qui a contribué à leur malheur en les soumettant à la traite. Pour cette raison, la réconciliation devient nécessaire ; en effet, des efforts sont faits pour les réconcilier et les aider à se réintégrer dans la société. Connaître la famille permet de comprendre sa situation et ses antécédents, ainsi que les circonstances qui ont conduit la victime à être victime de la traite.
Red Kawsay Perú : à Puno-Peru, deux congrégations religieuses (femmes et hommes) qui font partie de Red Kawsay se sont associées pour ouvrir un refuge pour les femmes qui ont été victimes de la traite et qui ont atteint l’âge de la majorité (18+). Il s’agit de personnes qui ont été acceptées dans des refuges publics, mais qui doivent les quitter parce qu’elles sont majeures. Le refuge de Puno accueille ces femmes et continue à les accompagner dans leur processus d’inclusion sociale et ainsi éviter une nouvelle victimisation.
Talitha Kum, en partenariat avec les gouvernements locaux, les États et d’autres organisations, a déployé des efforts impressionnants pour garantir la justice aux victimes et aux survivants de la traite en signalant les cas d’exploitation et de traite, par exemple, comme on peut le constater au Brésil.
Le soutien et l’assistance aux victimes tout au long de la procédure juridique et judiciaire pour réclamer une indemnisation pour les dommages subis et les problèmes financiers ont été essentiels dans la promotion de l’accès à la justice. Les initiatives du réseau en matière d’accès à la justice entraînent également ceci : former les parties prenantes à combler les lacunes de la législation dans leur propre contexte.
En 2022, l’action de Talitha Kum en faveur de l’accès à la justice a bénéficié à 7129 personnes, soit une augmentation de 28% par rapport à 2021.
ACRATH Réseau en Australie : Le réseau en Australie vise à mettre en place des mécanismes structurés, au sein du gouvernement, pour garantir la justice aux travailleurs migrants. Pour cela, il cherche à :
• Rencontrer les travailleurs migrants exploités et faire entendre leur voix au sein des groupes de travail nationaux ;
• Persévérer dans la présentation de ces cas au gouvernement pour qu’il prenne des mesures ;
• Identifier les échecs et les faiblesses des programmes actuels en faveur des travailleurs migrants et les présenter ;
• Restructurer les réglementations/directives nationales et étatiques en matière d’emploi pour les travailleurs saisonniers migrants.
Bakhita Pologne : Dans un mouvement migratoire aussi important dû à l’invasion russe de l’Ukraine, la vigilance et le contact avec les personnes travaillant à la frontière, qui ont été les premières à observer des phénomènes inquiétants, se sont avérés très importants. Les sœurs ont fait preuve de courage et, avec l’aide d’avocats, ont rédigé une lettre d’intervention auprès des autorités polonaises. Au début de la guerre, des sœurs de différentes congrégations ont ouvert leurs maisons pour accueillir des femmes et des familles en fonction de leurs capacités. Les femmes ukrainiennes qui ont franchi la frontière ont raconté que de nombreux individus les ont poussées à se rendre dans des lieux non précisés. Elles ont également reçu des offres pour quitter la Pologne, par exemple, un bus spécialement conçu pour les femmes enceintes, mais un groupe d’hommes a insisté pour les prendre, même avec des enfants. Ces histoires reviennent fréquemment et sont corroborées par une sœur polonaise revenue d’Ukraine. En réponse, une équipe d’avocats résidant à Lublin a préparé un document qui a été envoyé au ministère de la Justice, qui aide les réfugiés d’Ukraine. Lors d’une conversation avec Gabriella Bottani, qui travaillait à l’époque avec Talitha Kum, la situation urgente a été discutée, ce qui a conduit Talitha Kum à exprimer son inquiétude et à s’associer aux efforts déployés pour résoudre le problème. Le ministère a répondu à notre message et a renforcé le soutien et les contrôles aux frontières. En outre, chaque fois que cela était possible, les membres de Bakhita Poland ont diffusé des dépliants préparés par le ministère de l’Intérieur afin de sensibiliser la population.
La mise en réseau est essentielle pour renforcer les actions de lutte contre la traite des personnes, notamment en matière de prévention, de soin des victimes et d’accompagnement aux groupes vulnérables. La formation et la collaboration sont des domaines cruciaux pour toute mise en réseau efficace.
Les principales activités dans ce domaine visent à renforcer la collaboration et la coopération entre les membres du réseau aux niveaux local et régional avec différentes institutions locales (catholiques, ONG, organisations gouvernementales et intergouvernementales) qui soutiennent les victimes et les survivants. Des projets communs ont été mis en place pour la prévention et la construction de voies de plaidoyer en vue d’un changement systémique. En outre, la collaboration interconfessionnelle a été encouragée pour améliorer les réponses aux défis de la traite dans divers contextes.
En 2022, les réseaux Talitha Kum ont collaboré avec 248 organisations catholiques, 216 ONG et 164 organisations gouvernementales et intergouvernementales. Ils ont rejoint un total de 83867 personnes, soit une augmentation de 30% par rapport à 2021.
Talitha Kum Indonésie : L’organisation d’une discussion interconfessionnelle est considérée comme ayant un impact important sur le réseau parce qu’elle offre une perspective plus large pour commencer à travailler en collaboration entre différentes religions pour lutter contre la traite des personnes.
Talitha Kum Côte d’Ivoire : La session internationale avec les réseaux d’Afrique de l’Ouest a été une occasion importante de partager des contacts, d’approfondir les connaissances et les méthodes d’aide aux victimes et de mieux comprendre le phénomène de la traite des personnes. Cette rencontre a permis de renforcer le travail commun des réseaux dans la zone francophone de l’Afrique de l’Ouest.
Malgré les nombreux défis auxquels le continent africain est confronté, l’engagement des membres de Talitha Kum Afrique est demeuré fort et solide à travers des actions concrètes en matière de sensibilisation, d’accompagnement des victimes et de plaidoyer.
Cette année a été marquée par la première rencontre des responsables de l’Afrique venant de 15 pays.
Nous avons réfléchi sur l’identité de Talitha Kum Afrique et constitué les pays en régions pour plus d’interaction avec une responsable au niveau de chaque région :
• Région Afrique De L’est : Kenya, Tanzanie, Ouganda Et Ethiopie.
• Région Afrique Du Nord : Maroc, Tunisie, Algérie Et Mauritanie.
• Région Afrique De L’ouest (Anglophone) : Nigeria, Cameroun Et Ghana.
• Région Afrique De L’ouest (Francophone) : Côte D’ivoire, Burkina Faso Et Mali.
• Région Afrique Australe : Afrique Du Sud, Zambie, Mozambique, Malawi, Zimbabwe, Angola, Botswana Et Eswatini.
Nous avons étoffé l’équipe de coordination de Talitha Kum Afrique avec six nouvelles personnes soutenant la coordinatrice dans les pôles suivants :
• La prévention ;
• La formation ;
• Les jeunes ambassadeurs de Talitha Kum ;
• Le plaidoyer ;
• La communication.
C’est aussi pour nous un moyen de préparer et de former à la prise des responsabilités au niveau de Talitha Kum Afrique.
Chaque responsable de pôle a constitué une équipe qui l’accompagne dans la réflexion, l’élaboration d’un plan d’action, l’animation et le suivi de ce pôle au niveau de l’Afrique.
Le nombre de pays a augmenté avec l’adhésion du Malawi, de la Zambie et du Mali. Le Mali composé de 95% de musulmans connaît aussi une implication de jeunes d’origine musulmane dans le combat contre la traite des personnes au Mali.
Plusieurs réseaux travaillent en collaboration avec d’autres organismes. Au niveau du partenariat avec d’autres organisation, une rencontre pour le suivi de projet Bakhita mis en place par Talitha Kum, l’Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC), et Caritas internationale en Afrique australe (Eswatini, Malawi et Afrique du Sud) initialement prévue en Eswatini s’est finalement tenue en Afrique du Sud.
Les réseaux ont continué d’organiser des zooms et des webinars sur différents thèmes en lien avec la traite impliquant les personnes de leur pays et les réseaux du continent africain.
C’est pour nous l’occasion de féliciter l’engagement de toutes les personnes qui se sont dévouées avec nous dans la lutte contre la traite sur le continent. Merci à tous nos partenaires sans lesquels notre bonne volonté n’aurait pas engendré des actions concrètes sur le terrain. Que le Seigneur bénisse nos efforts et nous soutienne tous dans cette mission prophétique.
Je m’appelle Jessie et voici mon histoire : Après avoir terminé l’école, j’ai commencé à travailler dans une usine chimique en Ouganda. Malheureusement, j’ai été victime d’une allergie aux matériaux utilisés dans l’usine et j’ai dû quitter mon emploi. Je ne me suis pas découragée pour autant et j’ai acheté un petit kiosque pour vendre de la nourriture aux passants de mon quartier. Tout allait bien, jusqu’au jour où, alors que je cherchais d’autres possibilités de nouveaux revenus, je me suis fait piéger par une agence qui me proposait un emploi au Moyen-Orient. Je pensais avoir trouvé une opportunité unique, mais je suis devenue une victime de l’esclavage domestique.
Je travaillais sans repos et ne recevais ni nourriture ni compensation. Je ne pensais qu’à m’échapper de cette terrible situation. Lors d’une première tentative d’évasion, j’ai été violée par un chauffeur de taxi à qui j’avais demandé de l’aide. Mais le désespoir m’a poussée à fuir à nouveau et, heureusement, une personne a décidé de m’aider et m’a accompagnée à l’ambassade d’Ouganda dans le pays où je me trouvais. C’était le début d’une nouvelle vie : je suis arrivée dans une maison de religieuses qui m’ont accueillie et pris soin de moi ; elles m’ont donné de la nourriture, des vêtements, de la dignité... Un jour, j’ai demandé aux sœurs s’il était possible de rentrer chez moi ; je pensais souvent au bonheur que j’avais connu en tant que propriétaire de ce petit kiosque il y a quelques années. Les sœurs m’ont aidée à obtenir des documents et à entrer en contact avec mon pays d’origine. Aujourd’hui, je vis en Ouganda et les sœurs de Talitha Kum en Ouganda continuent de m’aider dans ma réinsertion sociale et professionnelle.
Selon les informations d’Amnesty International 2019, une grande partie des travailleurs domestiques migrants au Moyen-Orient proviennent de pays africains et asiatiques. La grande majorité de ces travailleurs sont des femmes. Les travailleurs domestiques migrants sont victimes du système kafala, un système qui accroît leur risque d’être soumis à l’exploitation du travail, au travail forcé et à la traite des êtres humains, et qui leur laisse peu de perspectives de compensation. 1
1 https://www.amnesty.org/en/documents/mde18/0022/2019/en/
Permettez-moi, en ouverture, d’exprimer toute notre gratitude à Sœur Ann Oestreich, i.h.m., représentante régionale de Talitha Kum pour l’Amérique du Nord de 2017 à 2022. C’est elle qui a assuré un leadership formidable et réalisé tout le travail pour 2022. Le comité a bénéficié de sa présence joyeuse, sa créativité, sa sagesse, sa capacité à résoudre les problèmes et sa voix enracinée dans sa foi pour les victimes de la traite des personnes.
Plusieurs actions et plaidoyers ont été réalisés par les réseaux des religieuses et leurs alliés contre la traite humaine au Canada et aux ÉtatsUnis. Nous demandons à nos gouvernements d’octroyer un permis ouvert pour les travailleurs migrants temporaires, particulièrement dans le milieu agricole. Nous observons une plus grande circulation de personnes venant de pays pauvres et répressifs. Devant la difficulté d’obtention d’un statut légal d’immigrant, certains vont passer dans la clandestinité. Pour survivre, ils occuperont souvent des emplois au noir où ils se trouvent plus vulnérables aux trafiquants.
Nous avons aussi mené une campagne de sensibilisation pour l’irradiation du travail des enfants dans les usines à l’étranger dont les produits inondent nos grandes chaînes d’approvisionnement.
Beaucoup d’efforts, dont une recherche, sont mis de l’avant pour mettre en valeur les bonnes pratiques vécues dans les différents milieux communautaires en regard de l’autonomisation. Nous reconnaissons que les survivantes et les survivants doivent choisir eux-mêmes leur chemin de guérison et de reprise de contrôle de leur vie.
Nous revendiquons aussi pour que le système de justice reconnaisse les circonstances des personnes victimes de la traite quand ces dernières sont accusées de crimes commis sous la contrainte de leur exploiteur.
Nos actions et nos plaidoyers contribuent à une meilleure conscientisation publique et poussent les autorités gouvernementales vers des actions concrètes. Avec détermination, nous poursuivons nos actions afin de vivre du jeûne qui a la faveur de Dieu en faisant tomber les chaînes injustes et en rendant la liberté aux opprimés. En espérant que la lumière de Dieu s’élèvera dans les ténèbres pour les victimes et les survivantes de la traite (Is 58).
« Il ne peut y avoir de société sûre et sécurisée tant que les causes profondes de la traite des êtres humains ne sont pas traitées efficacement, que les auteurs ne sont pas poursuivis en justice et que les survivants ne sont pas soutenus. »1 Ces mots ont été prononcés lors du lancement du rapport annuel mondial 2022 de l’ONUDC sur la traite des personnes. Tout en limitant la capacité des autorités chargées de l’application de la loi à lutter contre la traite, les impacts de la COVID et de ses restrictions ont influencé l’évolution du crime, rendant la traite plus clandestine, avec de nouvelles modalités d’exploitation aux mains d’organisations coercitives et la traite à des fins d’activités criminelles forcées.
Concernant le contexte latino-américain, en février 2023, dans son livre El tren de Aragua, l’auteur décrit l’organisation qui a révolutionné le crime organisé dans toute l’Amérique latine, aux dépens des crimes les plus odieux : de la drogue à la traite des personnes, en particulier l’exploitation sexuelle des femmes et des filles vénézuéliennes, qui ont dû émigrer en raison des conditions sociales et politiques de leur pays.
En juillet 2022, CIMAC News a publié que ceux qui émigrent aux ÉtatsUnis et dans d’autres parties du monde sont soumis au travail forcé et que, pour ceux qui n’ont pas de papiers, l’exploitation du travail semble être leur seule alternative par rapport à la dénonciation de l’exploitation ou au retour forcé dans leur pays d’origine. En outre, en Amérique centrale et dans les Caraïbes, 50 % des victimes de la traite à des fins de travail domestique sont des filles qui sont menacées de travailler à la maison sans jours de congé, sans avantages sociaux et, dans la plupart des cas, loin de leur famille.
En outre, la Banque interaméricaine de développement (BID), lors du cinquième dialogue sur la traite des personnes, en octobre 2022, a souligné qu’en Amérique latine, les femmes et les filles continuent d’être les plus touchées, car elles sont de plus en plus capturées par des canaux digitaux, en plus d’être soumises à la violence aux mains des trafiquants. Le secteur hôtelier est également considéré comme l’une des institutions les plus courantes où l’exploitation sexuelle des femmes, des enfants et des adolescents a lieu.
Le réseau latino-américain et caribéen pour la démocratie a déclaré que l’Amérique latine était en état d’alerte en raison de l’augmentation du nombre de féminicides. Une étude publiée en novembre 2022 par l’Observatoire de l’égalité entre les hommes et les femmes de la CEPALC indique qu’en 2021, plus de 4 473 féminicides ont été enregistrés dans toute la région, et que le crime n’a pas diminué en 2022.
Le panorama est décourageant, le défi est grand. Entre ombres et lumières, mais mus par l’amour, les réseaux Talitha Kum, également intégrés dans la Commission CLAR (Confédération latino-américaine des religieux), ont tissé de manière créative notre temps, nos dons et nos connaissances sur un chemin de communion et de participation synodale à la lutte contre la traite des personnes. Nous avons une mission privilégiée et difficile : « reconstruire l’espoir détruit par l’exploitation, en transformant la peur en confiance. »
Pour éradiquer la traite, il est nécessaire et urgent de connaître le schéma sous-jacent de tous les processus d’exploitation, la dynamique de manipulation et de tromperie des trafiquants pour obtenir le « consentement » des victimes. Étant donné qu’avec la mise en œuvre de l’Appel à l’Action de Talitha Kum, les principales activités se concentrent sur la prévention et la visibilité du crime, nous élevons notre voix contre la marchandisation de la vie et toutes les formes d’exploitation et nous marchons avec la population migrante. Nous prenons des mesures pour soigner et accompagner les victimes et les survivants. Nous promouvons des projets productifs visant à renforcer l’autonomie des femmes et à mettre en place une nouvelle économie. Nous commençons également à former les jeunes ambassadeurs de Talitha Kum - qui mieux qu’eux peut s’assurer que leurs pairs en reconnaissent les caractéristiques et ne tombent pas dans la dynamique trompeuse des trafiquants ?
Et parce que nous sommes émus par la douleur de nos frères et sœurs, nous promouvons la mystique des soins afin de les guérir, de leur donner les moyens d’agir et de restaurer leur dignité. Et parce que nous voulons continuer à raconter des histoires de rédemption, nous marchons avec tendresse et courage pour réveiller le monde. Nous osons marcher avec confiance dans la nuit grâce à la main de notre Dieu.
Homme membre du réseau Kawsay Argentine. En Argentine, la traite des personnes s’est aggravée pendant la pandémie, car de nombreuses femmes sont retournées dans la rue parce qu’elles n’avaient pas d’autre source de revenus. Beaucoup d’autres ont aussi été exploitées en ligne. Comme dans le reste du monde, les hommes sont les principaux exploiteurs des femmes et des jeunes filles. Bien qu’il existe des lois qui punissent ces crimes en Argentine, les peines sont dérisoires ou le système judiciaire est complice.
Le plus grand défi pour moi est d’aider les personnes en situation de vulnérabilité à ne pas tomber dans le piège des trafiquants illégaux. C’est pourquoi il est essentiel de sensibiliser chacun à la prévention, à l’identification et à la sensibilisation à la traite des personnes. Un autre défi consiste à éduquer l’Église et les différentes communautés religieuses sur cette question, en créant un dialogue dans lequel toutes nos pratiques sont réexaminées, en particulier dans la pastorale des vocations, la formation et les séminaires.
Depuis la mi-2020, je collabore avec les sœurs de Montevideo et de CasAbierta, en aidant les femmes à obtenir leur certificat d’études primaires. Le fait de me sentir partie prenante d’un processus où les femmes sont aidées à construire leur projet de vie est très réconfortant pour moi. Je sais que même si je fais partie de leur vie, je leur suis également étranger. Voir qu’elles font de petits progrès vers une vie plus saine et plus indépendante est extrêmement gratifiant.
Je crois que la plus grande douleur est le sentiment de frustration que l’on ressent lorsqu’on ne voit pas les progrès que l’on attend des survivants. Une sœur m’a dit un jour : « Nous avons tous ce complexe du super-héros... qui croit que nous allons sauver toutes les victimes et qu’elles construiront un plan de vie où elles nous seront toujours reconnaissantes. » En tant qu’homme, ce complexe est encore plus accentué. Mon travail m’a aidé à comprendre que je ne suis ni meilleur ni pire qu’elles ; qu’elles et moi apprenons simplement ensemble à surmonter les difficultés. Je dois continuer à apprendre comment accompagner sans envahir, en aidant les autres à obtenir ce qu’ils veulent de leur vie. Par-dessus tout, j’ai appris à être reconnaissant envers les sœurs de mon réseau qui m’acceptent tel que je suis et m’enseignent l’importance d’impliquer tout le monde dans la lutte contre la traite des personnes.
J’ai participé à la troisième édition du cours de leadership de Talitha Kum, ce qui m’a permis de me sentir part d’une communauté mondiale luttant contre la traite.
Au niveau personnel, c’est un grand défi. Cependant, nous devons poursuivre l’Appel à l’Action de Talitha Kum pour créer un monde sans traite des êtres humains.
« ...comme il était au commencement, maintenant et toujours...»
C’est une expression que tous les combattants et défenseurs de la lutte contre la traite des personnes sous toutes ses formes s’efforcent d’éliminer concernant la traite. Bien que la tâche semble impossible, en particulier face aux troubles politiques qui se produisent encore dans différentes parties de l’Asie, nous persévérons et croyons fermement que notre détermination ne sera pas vaine.
Le réseau Talitha Kum Asie poursuit ses efforts pour éduquer les personnes, en particulier les jeunes, par le biais de campagnes de sensibilisation et de prévention. L’intégration du sujet dans le programme scolaire est l’un des meilleurs moyens d’atteindre et de toucher l’esprit des jeunes. Répondre à la traite en se concentrant sur les racines, sensibiliser les jeunes dès le début de leur vie. Les activités d’éducation et de formation de renforcement des capacités dans différentes communautés, que ce soit dans les montagnes ou sur les îles, dans les églises, les écoles, les agences et autres, ont été cruciales.
La nature impérative de la mise en réseau et de la collaboration avec les agences gouvernementales et privées, ainsi qu’avec d’autres religions, a également guidé notre travail. De plus en plus de jeunes, sous le nom de « Talitha Kum Youth », s’impliquent et souhaitent contribuer à cette cause. C’est le fruit du lancement du programme des jeunes ambassadeurs. Notre participation à la Conférence de la Fédération des évêques asiatiques (FABC), qui s’est tenue au Centre de formation pastorale de l’archidiocèse de Bangkok, en Thaïlande, en octobre 2022, a été bénéfique pour la reconnaissance de la présence et des efforts déployés par Talitha Kum Asie. Actuellement, les sœurs sont en contact avec leurs évêques respectifs pour collaborer à la mise en place de programmes de lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains. Ces programmes visent notamment à renforcer le processus de sauvetage et à aider les victimes/survivants à se réinsérer socialement et à se réadapter.
Talitha Kum Asie a continué à organiser et à contribuer à l’événement spécial du 8 février, la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes, ainsi qu’à la Journée mondiale de la lutte contre la traite des personnes, le 30 juillet. Actuellement, le développement du « Manuel de formation, Manuel d’appel à l’action et Lignes directrices pour les jeunes ambassadeurs de Talitha Kum », grâce aux efforts de son équipe de formation, est en place pour la formation sur le renforcement des capacités des nouveaux membres.
Dans son discours aux jeunes lors de la 9e Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes (8 février 2023), le Pape François les a invités à être « une bénédiction pour d’autres jeunes ». Il a ajouté : « Ne vous lassez pas de chercher des voies pour transformer nos sociétés et prévenir ce fléau honteux qu’est la traite des êtres humains. ».1
1 https://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/pont-messages/2023/ documents/20230208-videomessaggio-tratta-persone.html
Soeur Paula Kwandao Phonprasertruksa, s.p.c.
Membre du réseau intercongrégationnel de Talitha Kum Thaïlande, qui travaille dans les camps de réfugiés et dans les montagnes.
La lutte contre la traite des personnes en Thaïlande est un défi majeur en raison de notre frontière avec le Myanmar et du flux constant de personnes fuyant la violence et la guerre, qui sont vulnérables à la traite. Sans parler du fait que notre précédent gouvernement a encouragé la prostitution. En tant que travailleurs sociaux, nous ne pouvons pas rester passifs face à cette réalité. Nous devons faire de notre mieux pour aider chaque personne qui en a besoin à améliorer sa qualité de vie.
Le plus grand défi de ce travail est de sensibiliser les jeunes. Je suis très inquiète de les voir dans les camps de réfugiés, vivant dans la pauvreté. Ils ont tendance à suivre tout ce qu’ils voient en ligne, ce qui peut être très violent, et risquent de se laisser entraîner dans le trafic et la consommation de drogue. Nous nous efforçons de les inspirer et de les sortir de ces cycles néfastes.
Cependant, la plus belle expérience de mon travail est lorsque j’aide des femmes, des hommes, des adolescents et des enfants qui ont survécu à la traite. Je me sens bénie de pouvoir les aider et les accompagner dans leur réintégration dans la société. Cela m’apporte beaucoup de bonheur ; c’est vraiment magnifique de voir quelqu’un surmonter de telles épreuves.
Mon cœur se serre lorsque je découvre de nouveaux cas et des situations compliquées de personnes victimes de la traite des personnes. Je me sens comme une mère dont l’enfant souffre. En tant que mère, je ferais tout ce que je peux pour aider mon enfant. Je les garde dans mon cœur et dans mes prières et, bien qu’il soit difficile de surmonter cette lutte, j’ai confiance en Dieu et j’essaie de guérir et d’aider là où c’est nécessaire.
Je suis convaincue que faire partie de Talitha Kum nous aide à mieux vaincre la traite. J’espère et je prie pour que les jeunes ambassadeurs de nombreux pays se joignent à nos efforts - ceux-ci me donnent de l’espoir. Grâce à la collaboration interconfessionnelle, nous pouvons impliquer davantage de jeunes et mettre en pratique l’Appel à l’Action de Talitha Kum, afin de renforcer l’information, la communication, la prévention, la mise en réseau et le plaidoyer.
Talitha Kum Thaïlande collabore avec le gouvernement pour mettre en œuvre la loi thaïlandaise contre la traite des êtres humains. Néanmoins, nous ne nous arrêtons pas là. En tant qu’épouses du Christ, nous faisons partie de congrégations religieuses qui apportent soin et espoir pour restaurer la dignité humaine. Nous visons à atteindre cet objectif en favorisant l’accès à la justice et en aidant les gens dans leur parcours. Je me sens plus forte lorsque je travaille aux côtés de nombreuses congrégations religieuses différentes et que je les rencontre. Je crois que les mains de Jésus-Christ guident tout. Jésus nous aide à porter l’amour de Dieu, à aider les victimes de la traite à s’élever dans la plénitude de la vie et de la dignité.
L’année 2022 a été marquée par la guerre en Ukraine et ses conséquences à court et à long termes, qui affectent non seulement l’Europe, mais aussi le monde entier.
La mise en réseau était le mot clé de 2022. La diversité des organisations et des institutions ecclésiastiques en Europe engagées dans la lutte contre la traite des personnes était visible dans la diversité des actions entreprises pour identifier et arrêter la traite avant qu’elle ne se produise. Cela se traduit par des campagnes de sensibilisation locales, nationales et transnationales, des recherches, des actions de plaidoyer et de mise en réseau, ainsi que par un travail de proximité visant à protéger les victimes et à les aider à reconstruire et restaurer leur vie.
Nous regardons en arrière et nous voyons comment les organisations qui luttent contre la traite des personnes ont apporté une réponse rapide et appropriée à l’éclatement du conflit armé en Ukraine, qui a soulevé de graves préoccupations concernant la traite à l’intérieur du pays, ainsi que la traite et le trafic de migrants à ses frontières.
Les congrégations religieuses internationales et locales ont joué un rôle majeur dans l’acheminement de l’aide humanitaire vitale à travers l’Ukraine, en maintenant l’espoir tout en continuant à servir les communautés, les villages et les villes gravement déshérités. Sans parler des nombreuses organisations européennes qui sont restées aux frontières dans différents pays pour informer sur les dangers de l’exploitation et accompagner les personnes vulnérables vers des lieux sûrs.
L’éducation et la sensibilisation, la mise en réseau, le soutien aux services d’aide aux survivants, le plaidoyer, la prière et la communication ont été les principaux domaines d’intervention en Europe en 2022 - une Europe où des femmes, des enfants et des hommes sont encore achetés et vendus, humiliés, maltraités et parfois tués dans le cadre de la traite des personnes.
L’idéal serait-il de créer une Europe où chaque survivant serait entouré de professionnels qualifiés, d’une communauté vigilante et accueillante, d’une législation et de politiques efficaces, de prestataires de services compétents et d’options d’hébergement appropriées ainsi que des programmes de sortie ? Ou est-ce une nécessité ?
Je m’appelle Mariana et voici mon histoire. Je suis née en Roumanie dans une famille aisée et j’étais l’aînée de deux sœurs. Ma vie a basculé quand j’avais 13 ans. Un jour, après avoir été prise par un gang et violée, je me suis sentie exclue de tout le monde, de l’école, de mes amis, et j’ai acquis la conviction que la seule possibilité pour ma vie était la prostitution.
On m’a invitée à aller en Espagne, où on m’a promis une pension après quelques années. J’ai donc décidé de partir.
J’ai été vendue pour 300 euros par des trafiquants de mon pays aux propriétaires d’une maison close. Là, les nuits étaient très longues, elles ne semblaient jamais finir. J’ai dû rester avec des hommes de tout âge et de toute apparence, pour qui nous n’étions que des morceaux de viande à consommer et à utiliser. Pendant cinq ans, j’ai été piégée dans la prostitution, passant par plus de quarante maisons closes, des lieux visibles de toute la société. Ils n’étaient pour moi qu’un camp de concentration, une prison, où j’étais forcée de satisfaire les désirs des hommes 24 heures sur 24.
J’étais fatiguée des abus et de la violence, et grâce à une rencontre et à l’accompagnement de sœurs religieuses, j’ai pu dire « ça suffit ! » et prendre ma vie en main. Les religieuses m’ont encouragée à reprendre mes études et à retrouver ma confiance en moi. Aujourd’hui, je comprends que la prostitution n’est pas la seule voie possible pour les femmes comme moi. Nous méritons toutes de vivre à l’abri de la violence et de la traite.
Comme Mariana, de nombreuses jeunes filles subissent quotidiennement la violence de la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle, contraintes de se prostituer contre leur gré, rendues vulnérables par les discriminations dont sont victimes les femmes dans différents contextes culturels. « Talitha Kum est résolue à lutter contre l’inégalité de pouvoir entre les hommes et les femmes dans tous les domaines: économique, social, familial, politique, culturel et religieux. Il s’agit d’un facteur clé qui contribue à la marchandisation et au dénigrement des femmes et à la culture de la violence qui en découle, dont une expression odieuse est la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, d’exploitation du travail et d’autres formes d’exploitation. »1
Selon le rapport mondial de l’ONUDC sur la traite des personnes en 2020 (Global Report on Trafficking in Person), la traite à des fins d’exploitation sexuelle est la forme la plus courante de traite détectée en Europe (tant dans la région occidentale et méridionale que dans la région centrale et du sud-est). La plupart des victimes restent des femmes. « La plupart des flux de traite transfrontaliers dans le monde sont limités à une même sous-région ou région. [...] La plupart des victimes détectées en Europe sont des Européens, mais avec des flux importants provenant d’autres régions. » 2
1 https://www.talithakum.info/en/call-to-action/
2 https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/tip/2021/ GLOTiP_2020_15jan_web.pdf
Nous avons actuellement deux réseaux nationaux en Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande) et huit groupes régionaux qui veillent à ce que nous restions profondément engagés dans l’éradication de la traite des personnes et le soutien aux personnes victimes de la traite et de l’exploitation dans toute notre région. Nos réseaux sont profondément engagés dans les multiples facettes de la mission de Talitha Kum, qui consiste à mettre fin au fléau de la traite, grâce à des partenariats de collaboration axés sur la prévention, la protection, le plaidoyer et, surtout, le soutien aux survivants.
ACRATH (Australian Catholic Religious Against Trafficking in Humans) et TKANZ (Talitha Kum Aotearoa New Zealand) ont vigoureusement plaidé en faveur d’une législation solide sur l’esclavage moderne. En Australie, à la faveur d’un programme national d’embauche de maind’œuvre, le plaidoyer s’est notamment concentré sur deux mesures qui favoriseront les pratiques commerciales éthiques et la responsabilité, et garantiront que, dans le cadre du développement d’économies fortes, les travailleurs ne sont pas seulement respectés et protégés, mais aussi nourris et épanouis. Au niveau local, nous avons organisé des dizaines de présentations de sensibilisation dans des cadres très divers, notamment des écoles, des hôpitaux, des paroisses, des groupes de services communautaires, des bureaux gouvernementaux et bien d’autres encore. Nous avons plaidé pour que les écoles, les bureaux et les lieux de travail se libèrent de l’esclavage, par exemple en n’utilisant que du chocolat et du café issus du commerce équitable, en veillant à ce que les uniformes ou les équipements sportifs soient fabriqués et achetés de manière éthique, ou en s’assurant que les millions de gants en caoutchouc utilisés dans les hôpitaux ne sont pas fabriqués dans des usines ayant des conditions d’esclavage.
L’Appel à l’Action de Talitha Kum appelle à l’intégration socioéconomique et à l’inclusion des survivants. En Australie, ACRATH a plaidé pour la mise en place d’un groupe de travail multipartite de haut niveau chargé de superviser le rapatriement des victimes de mariages forcés. ACRATH a plaidé vigoureusement en faveur de l’amélioration des voies d’accès aux programmes gouvernementaux de soutien aux victimes de la traite. Au niveau des besoins individuels, nous avons plaidé en faveur d’opportunités de travail pour les survivants et avons réussi à obtenir une réparation financière pour les salaires volés à un groupe de travailleurs migrants. Le programme unique de compagnonnage d’ACRATH continue d’apporter un soutien individuel précieux aux survivants dans leur quête de guérison et d’intégration tout au long de leur vie.
Dans toute l’Océanie, nous avons plaidé pour que les lois et les systèmes changent. Nos législateurs sont prêts à nous entendre parce qu’ils savent que nous maintenons nos liens et nos motivations à la base et que nous avons, au cœur même de notre plaidoyer, la justice et l’attention portée aux personnes.
En 2022, nous avons collaboré avec nos sœurs et nos frères des îles du Pacifique et nous nous réjouissons à l’idée d’un engagement et d’une collaboration plus grands en 2023.
Nous avons œuvré en faveur des changements culturels et systémiques qui permettront d’éliminer la traite et l’exploitation des êtres humains. Nous comprenons que l’éradication de la traite est une quête complexe de justice économique, sociale et environnementale, et d’une économie de soin. Notre travail est toujours collaboratif, car nous nous associons à d’autres acteurs internationaux, nationaux et locaux, afin de faire entendre la voix des victimes et des survivants dans la quête de la bonté et de la justice.
ACRATH signifie Australian Catholic Religious Against Trafficking in Humans (Religieux catholiques australiens contre la traite des êtres humains).
Judy Lamb est bénévole au sein du programme de compagnonnage ACRATH dans l’État de Victoria (Australie). Elle a passé près de dix ans à accompagner bénévolement une famille soutenue par le projet Brigidine Asylum Seeker Project.
« J’ai adoré ce travail et je me sens privilégiée de pouvoir le faire. Je pense que mes années en tant que compagnon et amie de la famille de demandeurs d’asile m’ont donné un aperçu des expériences des bénévoles du programme de compagnonnage ACRATH et de la manière dont elles influencent le travail de plaidoyer de l’organisation », a déclaré Judy.
Judy a commencé, par le biais d’entretiens avec des compagnons, à documenter ce que beaucoup devinent depuis des années, à savoir que les bénévoles du programme de compagnonnage sont un lien important entre les victimes de la traite et l’élaboration des politiques qui découle du travail de plaidoyer des ONG, y compris ACRATH. Les recherches de Judy porteront sur différents domaines, notamment 1) l’implication et l’expérience de chaque bénévole compagnon dans le programme et les défis auxquels ils sont confrontés, et 2) la façon dont chaque compagnon considère que son travail a un impact sur le plaidoyer, le lobbying et la sensibilisation d’ACRATH.
Judy a déjà eu des entretiens avec plusieurs compagnons et interviewera également les personnes qui les soutiennent, ainsi que les membres d’ACRATH impliqués dans le travail de plaidoyer, afin d’explorer les liens entre compagnonnage et plaidoyer.
« Il est important de documenter les expériences afin que l’information soit facilement disponible pour la défense des droits, la collecte de fonds et la narration d’histoires », a déclaré Judy. « C’est un processus organique qui peut offrir de nouvelles perspectives... Certains compagnons peuvent partager des idées sur la façon dont les choses pourraient être faites différemment et je suis prête à les entendre. »
« C’est un tel privilège d’être le compagnon d’une personne, de l’accompagner dans ses hauts et ses bas et de pouvoir l’aider d’une manière ou d’une autre », a déclaré Judy.
« Sainte Bakhita nous montre le chemin de la transformation. Sa vie nous dit que le changement est possible lorsque nous nous laissons transformer par l’attention que Dieu porte à chacun de nous. C’est le soin de la miséricorde, c’est le soin de l’amour qui nous change profondément et nous rend capables d’accueillir les autres comme des frères et des sœurs. Reconnaître la dignité de chaque personne est le premier acte de soin. C’est le premier acte de soin : reconnaître la dignité.
[...] Merci à tous et allez de l’avant, ne vous découragez pas ! »
Pape François
MESSAGE À L’OCCASION DE LA 8e JOURNÉE MONDIALE DE PRIÈRE ET DE RÉFLEXION
Le 8 février 2022, le monde s’est uni dans la prière pour la 8e édition de la Journée mondiale de prière et de sensibilisation contre la traite des personnes et la fête de Sainte Joséphine Bakhita. Sous l’égide du Pape François, cette Journée propose de réfléchir et de prier ensemble sur le thème : « La force du soin : femmes, économie, traite des personnes. » La force du soin est le seul moyen de lutter contre la traite des personnes et toutes les formes d’exploitation.
La traite est l’une des blessures les plus profondes infligées par le système économique actuel. Des blessures qui affectent toutes les dimensions de la vie, personnelle et communautaire. La pandémie a accru le « business » de la traite et a exacerbé la douleur : elle a favorisé les opportunités et les mécanismes socio-économiques qui sous-tendent ce fléau, aggravant les situations de vulnérabilité des personnes les plus exposées, surtout les femmes et les jeunes filles, de manière disproportionnée. Ces dernières sont particulièrement pénalisées par le modèle économique dominant. Le fossé entre les hommes et les femmes s’est creusé. Cependant, les femmes ne doivent pas être considérées comme des victimes, mais comme des actrices du changement. Il est donc nécessaire de transformer le modèle socioéconomique actuel, qui est au fondement de l’existence du phénomène de la traite, en créant de toute urgence une économie du SOIN fondée sur les personnes et la maison « commune ».
Ce thème a également été illustré par la sculpture de Sainte Bakhita « Let the oppressed go free » (Libérez les opprimés), réalisée par l’artiste Timothy Schmaltz. Cette œuvre est dédiée aux victimes de la traite et à toutes les femmes, en particulier aux sœurs engagées dans leur libération.
La réflexion sur la Journée a commencé le 6 février sur la place Saint-Pierre, où Talitha Kum et ses partenaires ont été accueillis par le Pape François, après la prière de l’Angélus. Plusieurs paroisses, communautés locales et réseaux ont organisé des veillées de prière au cours de la semaine du 8 février. Enfin, le 8, le deuxième Marathon en ligne de prière et de réflexion contre la traite des personnes a été organisé. Cette deuxième édition a touché encore plus de personnes que la première : 51 pays ont contribué directement par le biais de 100 contributions, dont 30 émanant de jeunes. Des partenaires œcuméniques et interreligieux ont également participé, par exemple des Églises d’autres confessions chrétiennes, des représentants des traditions bouddhiste et shintoïste au Japon, ainsi que des représentants de l’islam et de la communauté druze. Le marathon a été une occasion exceptionnelle de se rassembler dans la prière et de sensibiliser le public à la traite des personnes dans le monde.
Talitha Kum International tient à remercier chaleureusement ses partenaires engagés dans l’organisation du 8 février 2022, pour la réussite de la célébration de cette journée.
Le 30 juillet 2022, à l’occasion de la Journée mondiale contre la traite des êtres humains des Nations Unies, Talitha Kum s’est joint à la campagne de sensibilisation mondiale aux côtés de nombreuses autres organisations locales, internationales et de la société civile, en se faisant la voix des sœurs et des collaborateurs des réseaux Talitha Kum qui promeuvent « The Power of Care » (La force du soin).
Ce jour-là, l’exposition de photos de Lisa Kristine, « Nuns Healing Hearts », a été lancée virtuellement pour la première fois. L’exposition de photos offre aux spectateurs un splendide voyage virtuel au Guatemala, au Mexique, aux Philippines, en Thaïlande, en Italie et aux États-Unis.
Les photos de Lisa Kristine sont le fruit d’un dialogue profond entre l’artiste, les sœurs et les victimes de la traite. Les images permettent d’observer de plus près la réalité de la traite et des réseaux Talitha Kum. Dans ses clichés, Lisa Kristine met en lumière la relation qui s’établit entre les victimes et les membres de Talitha Kum sur les chemins de l’accueil, du soin et de la réinsertion sociale.
« Nuns Healing Hearts » a été initialement lancée par le Pape François, au Vatican, le 10 mai 2019, pour célébrer le 10e anniversaire de Talitha Kum. Depuis lors, l’exposition a voyagé dans le monde entier et a été présentée au Palais de verre des Nations Unies (New York) le 29 juillet 2019, à la Gyoko Underground Gallery dans la gare de Tokyo et au Mitsubishi Museum en décembre 2019 (Japon), au Musée national d’art du 21e siècle - MAXXI en mars 2022 à Rome, et au Festivale della Missione en septembre 2022 à Milan.
Cette exposition est l’un des moyens créatifs de sensibilisation et d’intensification des efforts de prévention du phénomène de la traite. Elle met en évidence les actions possibles contre la traite qui se manifestent dans le respect de la dignité de chaque personne et l’importance de l’engagement à prendre soin de toutes les victimes et de tous les survivants. Grâce à sa présence en ligne, elle vise à atteindre encore plus de personnes. Un mois après son lancement, l’exposition virtuelle avait déjà été consultée par 1 600 personnes dans le monde entier.
Talitha Kum, à travers cette exposition, lance un appel à tous pour mettre fin à la violence de la traite par des actes de soin, de guérison, d’autonomisation et de restauration.
« Je documente depuis plus de 30 ans dans plus de 150 pays, et j’ai commencé à documenter l’esclavage il y a une dizaine d’années, lorsque j’ai pris conscience de la gravité du problème. [...] Je me suis rendue dans plusieurs pays où les religieuses travaillaient et [...] j’ai été touchée par leur humilité et par leur dévouement inlassable à se lever chaque jour avec très peu de ressources et à travailler pour le plus grand bien de l’humanité, en se mettant réellement en danger et en aidant les personnes qui sont piégées dans l’esclavage ou qui pourraient être invitées par un trafiquant rusé à s’asservir elles-mêmes. »
Message vidéo de Lisa Kristine pour le lancement de l’exposition du MAXXI à Rome le 1er mars 2022.
« La réunion régionale de Talitha Kum Afrique a été l’occasion de s’enrichir mutuellement grâce à une écoute attentive et au partage d’expériences dans le cadre de notre mission visant à mettre fin à la traite des personnes. L’un des objectifs de la conférence était
»
Sœur Abby Avelino, MM, Coordinatrice internationale de Talitha Kum
Pour Talitha Kum, la mise en réseau est la clé de la construction d’un monde sans traite. En effet, la collaboration, le partenariat et le dialogue sont les meilleurs moyens de lutter contre la traite et l’exploitation. Au sein de Talitha Kum, le travail en réseau peut prendre différentes formes, avec pour objectif commun le partage d’informations et de bonnes pratiques pour lutter contre la traite aux niveaux local, régional et international. Cela commence par la construction d’une coalition de relations basées sur la confiance mutuelle.
Après les restrictions mondiales imposées par la COVID-19, de nombreux rassemblements régionaux et internationaux au sein des réseaux
Talitha Kum ont repris les réunions en présentiel afin de renforcer le travail en réseau et la collaboration. Cela a commencé en mai 2022 avec les membres du Comité international de coordination du Talitha Kum (TKICC) qui se sont réunis à Rome pour la première fois après trois ans de travail en réseau en ligne. Le thème de cette rencontre était « Demeurez dans mon amour » (Jean 15, 9).
Inspirée et accompagnée par ce texte d’Évangile, la semaine a consisté en des réunions d’écoute profonde et de partage d’expériences et de défis rencontrés dans différentes parties du monde. Cette semaine a également été mise à profit pour réfléchir au parcours de Talitha Kum et préparer son avenir ensemble.
d’approfondir l’identité de Talitha Kum Afrique, ce qui a été facilité avec succès par la formation des membres sur la vision, la mission et la spiritualité du réseau Talitha Kum.
Ensuite, la quatrième conférence régionale de Talitha Kum Asie, qui avait pour thème « Casting the Nets as Network in Asia to End Trafficking in Persons » (Jeter les filets en tant que réseau en Asie pour mettre fin à la traite des personnes), s’est déroulée du 22 au 26 août 2022 en Thaïlande. Cette conférence a rassemblé 63 participants de 13 pays d’Asie. Plusieurs groupes interconfessionnels et d’autres organisations régionales et internationales de lutte contre la traite ont également participé à la conférence. En outre, la présence des jeunes ambassadeurs de Talitha Kum a été très enrichissante. Comme l’a déclaré Talitha Kum Bangladesh, « cette plateforme de la conférence Talitha Kum Asie nous a permis de collaborer avec un plus grand nombre de personnes religieuses et laïques partageant les mêmes idées, et grâce à ce réseau, nous faisons passer le message dans le monde entier [pour mettre fin à la traite des personnes] ».
Traversons l’océan Pacifique pour atteindre Cochabamba, en Bolivi : Du 16 au 18 septembre 2022, les réseaux Talitha Kum, par le biais de la Commission contre la traite des personnes en Amérique latine, se sont réunis à l’occasion de la réunion de la CLAR (Confédération latinoaméricaine des religieux). Un mois plus tard, du 26 au 28 octobre 2022, le réseau U.S. Catholic Sisters Against Human Trafficking s’est réuni pour sa conférence annuelle sur le thème « Weaving Community, Building Capacity, Affecting Change » (Tisser la communauté, renforcer les capacités, susciter le changement).
En Europe, la 3e assemblée RENATE s’est tenue à Fatima, au Portugal, du 13 au 19 novembre 2022. Le thème de la réunion était « Realizing the Dream: A World Free of Slavery » (Réaliser le rêve : Un monde sans esclavage):
Enfin, la toute première conférence régionale en présentiel de Talitha Kum Afrique s’est tenue à Nairobi, au Kenya, du 20 au 26 novembre 2022, sur le thème « Réseau africain sans esclavage ». Trente-cinq participants (religieux et religieuses) représentant 15 pays des régions anglophones et francophones étaient présents à la conférence. Le rassemblement a été une occasion enrichissante d’une écoute profonde et du partage d’expériences tout en informant et en faisant avancer la mission de Talitha Kum de mettre fin à la traite. Le forum a institutionnalisé la création de pôles géographiques et thématiques.
Inspirés par ces thèmes : Jeter les filets, Tisser la communauté et Un monde sans esclavage, le réseau de réseaux de Talitha Kum continue d’utiliser ses ressources, tant physiques que spirituelles, dans le cadre de sa mission visant à mettre fin à la traite des personnes.
@Christian Van Lohiuzen
Talitha Kum continue de s’engager à défendre la dignité et les droits de chaque personne. Le réseau fait face à la fois à des défis nouveaux et anciens tout en ayant des actions et un engagement innovants. Voici un résumé du plan d’action concret de Talitha Kum pour 2023 :
• Renforcer la mise en réseau à tous les niveaux dans les domaines de la formation, du plaidoyer, de la prévention, de la communication et du soin des survivants.
• Renforcer les « pôles de coordination » en Afrique et en Asie.
• Consolider et multiplier les initiatives de sensibilisation en collaboration avec les principales parties prenantes à tous les niveaux, telles que la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes, le 8 février (année 2023-2024 consacrée aux jeunes).
• Mettre en œuvre l’Appel à l’Action de Talitha Kum au niveau local en soutenant des réseaux pilotes dans chaque continent afin qu’ils se concentrent sur des projets de sensibilisation.
• Développer une application innovante afin d’engager davantage de personnes dans la sensibilisation, appelée Walking in Dignity (Cheminer en dignité).
• Prendre part à des événements mondiaux avec la participation des jeunes, en particulier à la Journée mondiale de la jeunesse (JMJ) au Portugal (2023).
• Renforcer la collaboration et le travail en réseau au niveau international avec les organisations et agences internationales (ONUDC, HCR, OIM, OIT, Forum interreligieux du G20, Caritas Internationalis, etc.)
• Promouvoir les Jeunes ambassadeurs anti-traite de Talitha Kum à l’échelle mondiale, en adaptant l’expérience réussie du continent asiatique et en faisant des jeunes des protagonistes de la lutte contre la traite.
• Formation en Amérique latine (14 pays)
• Formation sur le continent africain (15 pays)
• Ouvrir la voie à la deuxième Assemblée générale de Talitha Kum en 2024, un rassemblement de membres des réseaux Talitha Kum à l’occasion du 15e anniversaire de Talitha Kum.
Ce rapport complet pour 2022 vous offre, en tant que lecteurs, l’occasion d’apprécier le dévouement et la créativité extraordinaires de milliers de sœurs et de leurs collaborateurs, qui travaillent avec beaucoup d’autres pour combattre le fléau de la traite des personnes. Derrière toutes les activités et les statistiques se cachent les visages et les vies de millions de femmes, d’hommes et d’enfants dont l’existence vulnérable en fait des cibles pour les trafiquants. Chaque fois qu’une seule personne est exploitée et déshumanisée, c’est la dignité de chacun d’entre nous qui est menacée. Nous savons que nous vivons une époque exigeante, mais le Pape François nous appelle à dire NON à la culture de l’indifférence. L’amour, dit-il, « est inquiet, l’amour ne tolère pas l’indifférence, l’amour a de la compassion » 1
Qu’est-ce que dire « non à l’indifférence » nous demande alors que nous lisons et réfléchissons au contenu de ce rapport ? Peut-être pouvez-vous reprendre le rapport et le lire une deuxième, voire une troisième fois. Ce n’est pas une lecture facile ; il faut s’attarder sur le contenu. Cette fois-ci, lisez-le avec un cœur compatissant, en cherchant à découvrir ce que vous êtes appelés à faire et qui vous êtes appelés à être. Peut-être l’histoire d’une personne ou une intervention particulière restera-t-elle gravée dans votre mémoire ? Pouvez-vous lui permettre de vous parler et de rester en vous ? C’est ainsi que nous pourrons déterminer quelle devrait être notre réponse particulière afin d’approfondir notre engagement à chercher des moyens de transformer nos sociétés.
1 https://www.vatican.va/content/francesco/en/cotidie/2019/documents/papafrancesco-cotidie_20190108_notothe-culture-ofindifference.html
Il nous est certainement demandé d’être des promoteurs de la dignité humaine et de tisser des réseaux pour le bien, aux niveaux local, national et international, afin qu’ensemble nous puissions faire face à ce mal épouvantable. Nous sommes appelés à être plus attentifs aux lieux où vivent et travaillent les victimes de la traite des personnes dans nos quartiers. Souvent, elles sont cachées à la vue de tous, mais nous ne les voyons pas et ne reconnaissons pas leur situation critique. Sommes-nous suffisamment attentifs ? Sommes-nous assez fébriles pour intervenir et faire preuve de compassion ? Sommes-nous assez courageux pour poser des questions ? Sommes-nous déterminés à mettre en lumière le fléau de la traite des personnes auprès des responsables politiques et des décideurs, en leur demandant de prendre des mesures plus radicales pour appréhender et poursuivre les auteurs de ces crimes ?
Nous devons également nous souvenir et remercier les nombreuses personnes qui sont intervenues et ont sauvé d’autres personnes ou celles qui, grâce à leur travail de sensibilisation, ont protégé d’autres personnes et leur ont évité de devenir des victimes de la traite. Je me souviens avoir entendu parler d’une très jeune fille qui avait été secourue par une sœur catholique et que son père avait vendue pour pouvoir acheter une télévision. Or le seul regret du père, lorsqu’il a été poursuivi, a été de ne pas avoir demandé plus d’argent. Il y a donc encore beaucoup à faire pour que la dignité de chaque personne soit protégée.
Le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme a été adoptée et proclamée par l’Assemblée générale à Paris : « Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. »2 La Déclaration universelle des droits de l’homme a établi une norme commune de réussite pour tous les peuples et toutes les nations. Pourtant, force est de constater que nous sommes loin de cette noble vision. Les guerres et les conflits, la pauvreté et le sous-développement, la dégradation de l’environnement et le changement climatique sont autant de facteurs qui créent une vulnérabilité à tous les niveaux d’une société. C’est dans ce contexte que des personnes sans scrupules peuvent exploiter les vulnérabilités des gens et leurs rêves d’une vie meilleure. C’est dans ce contexte que le monde souterrain de la traite des personnes peut prospérer.
Récemment, dans le port de Lampedusa, j’ai vu les nombreux petits bateaux fragiles dans lesquels les migrants arrivent, à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Ils représentent pour moi les millions de personnes qui se déplacent dans le monde entier et qui sont exploitées alors qu’elles cherchent des endroits sûrs, plus sains et plus sécurisés pour vivre. Chacun d’entre nous peut-il trouver un moyen de s’exprimer et de prendre la parole dans ses différents contextes pour les protéger ? Pouvons-nous méditer les paroles du Pape François dans son message à l’occasion de la fête de sainte Bakhita, le 8 février 2023 ?
Pouvons-nous proclamer ensemble un NON ferme à l’indifférence qui défigure la dignité et un OUI à la compassion et à l’amour sans repos qui restaurent la vie et l’espoir ?
« La traite des êtres humains défigure la dignité. L’exploitation et l’assujettissement limitent la liberté et font des personnes des objets à utiliser et à jeter. Et le système de la traite profite d’injustices et d’iniquités qui obligent des millions de personnes à vivre dans des conditions de vulnérabilité. »3
Sr. Patricia Murray, i.b.v.m. Secrétaire exécutive de l’UISG
Partenaires
Section Migrants et Réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral
Dicastère pour la communication du Saint-Siège
Caritas Internationalis
Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques
Anti-Trafficking Working Group de la Commission Justice et Paix
UISG - USG
Université pontificale grégorienne - Département des sciences
sociales
Université pontificale Antonianum
Tangaza University College
Collaborateurs
Section des relations multilatérales de la Secrétairerie d’État
Ambassadeurs auprès du Saint-Siège
Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)
Rapporteur spécial des Nations unies sur la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants (2014-2020)
The Regional Implementation Initiative of Preventing and Combating Human Trafficking
The Santa Marta Group
Religions for Peace
Consultants sur la formation et la mise en réseau pour la lutte contre la traite des personnes
Financeurs
Conrad N. Hilton Foundation
Conrad N. Hilton Fund for Sisters
Edelman NY
Galileo Foundation
Lady of Bethany Sisters
Global Solidarity Fund
Porticus
Irish Embassy to the Holy See
UK Embassy to the Holy See
US Embassy to the Holy See
Word on Fire
Congrégations de religieuses
Donateurs en ligne
L’Union Internationale des Supérieures Générales remercie tous les partenaires, collaborateurs et soutiens de Talitha Kum International au cours de l’année 2022.
© 2023 Talitha Kum - UISG. Tous droits réservés.
Consultez le rapport en ligne à l’adresse suivante: www.talithakum.info
Produit par Talitha Kum, en partenariat avec Global Solidarity Fund
Rédacteurs : Sr. Abby Avelino, m.m., Sr. Yvonne Clemence Bambara, r.g.s., Sr. Carmen Ugarte Garcia, o.s.r., Sr. Isabelle Couillard, s.g.m., Sr. Adina Balan, c.j., Sr. Colleen Jackson, r.s.c., Sr. Paula Kwandao Phonprasertruksa, s.p.c., Sr. Mayra Cuellar, m.d.b., Marion Paparella, Miriam Di Bartolo.
Remerciements particuliers à : Giulio Guarini, professeur associé d’économie - Université de Tuscia (Viterbo), docteur en économie de l’Université Sapienza de Rome ; professeur Ilaria De Benedetti, titulaire d’une chaire de statistique économique - Université de Tuscia ; Silvia Di Risio, en Master de Economie et communication pour la gestion et l’innovation - Université La Sapienza - Rome.
Traduction : Marion Paparella
Révision : IsaBelle Couillard, s.g.m., Nicole Fournier, s.g.m., Renaude Grégoire
Coordination : Alessandra Tarquini/GSF
Conception graphique : Marco Soma @4Sigma
Conception du site web : Domenico Cosentino @4Sigma
Photo de couverture par Lisa Kristine
Photos : Talitha Kum/UISG
Lisa Kristine
Mayra Cuellar
Marion Paparella
Stefano del Pozzolo
Asaf Ud Daula
Christian Van Lohiuzen
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