TRUCK & BUSINESS 278 FR

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CARTE BLANCHE

L’exploitation des coursiers conïŹne Ă  l’esclavage moderne

Le 17 septembre, le tribunal correctionnel de Malines a lancĂ© une action en justice contre PostNL et GLS, mais aussi contre toute une sĂ©rie de sous-traitants qui travaillent pour ces deux groupes. L’État belge poursuit ces entreprises et certains de leurs dirigeants pour incitation Ă  la fraude sociale organisĂ©e, travail non dĂ©clarĂ© et faux indĂ©pendants. Au total, il y a 52 dossiers sur la table. ACV s’est constituĂ© partie civile dans cette affaire pour lutter contre le systĂšme des faux indĂ©pendants dans le secteur. Nous ne visons donc pas spĂ©cifiquement les deux entreprises qui sont Nous ne ciblons actuellement ciblĂ©es. Les livreurs ‘indĂ©pendants’ (qui sont souvent pas GLS ou PostNL, issus de l’immigration et occupent une position plus faible sur le marchĂ© du travail) sont totalement soumis Ă  PostNL et GLS. En fait, nous dĂ©nonçons des ils ne peuvent pas opĂ©rer en tant qu’entrepreneurs indĂ©pendants. pratiques vĂ©reuses. Ils doivent rouler aux couleurs des deux sociĂ©tĂ©s, porter leurs uniformes, ramasser les colis et les livrer Ă  l’heure choisie par PostNL ou GLS sur un itinĂ©raire prĂ©dĂ©terminĂ© pour eux. La façon dont ils sont payĂ©s, avec des tarifs parfois infĂ©rieurs Ă  un euro par livraison (et qui doit couvrir les salaires, le leasing et le carburant de la camionnette), oblige ces coursiers Ă  travailler beaucoup trop d’heures. Outre l’impact nĂ©gatif sur leur santĂ©, il faut Ă©galement pointer les risques en matiĂšre de sĂ©curitĂ© routiĂšre. Pour les livreurs qui sont dĂ©jĂ  sous contrat salariĂ© avec un soustraitant, nous constatons aussi rĂ©guliĂšrement l’absence totale de contrat de travail, une rĂ©munĂ©ration insuffisante et, souvent, une absence partielle voire totale de dĂ©claration. Ces 52 dossiers et les multiples constats faits par l’inspection sociale rĂ©vĂšlent les mĂȘmes problĂšmes. Et, dans le secteur, ce n’est que la partie Ă©mergĂ©e de l’iceberg 
 Le procĂšs prendra probablement des mois, voire des annĂ©es. Nous espĂ©rons qu’entre temps, les entreprises rĂ©flĂ©chiront Ă  la maniĂšre dont elles externalisent ou non leurs activitĂ©s. Selon nous, l’externalisation n’est souhaitable (par analogie avec le travail intĂ©rimaire) que pour absorber les pics d’activitĂ© avant le ‘Black Friday’ ou les fĂȘtes de fin d’annĂ©e. Pas pour gĂ©rer des flux quotidiens. D’aprĂšs nous, un contrat d’employĂ© conclu directement avec le donneur d’ordres constitue le meilleur moyen de garantir une protection sociale et une sĂ©curitĂ© adĂ©quates Ă  ces livreurs. Le faux travail indĂ©pendant est par ailleurs un problĂšme qui va bien au-delĂ  du secteur des transports.

Christof Valcke secrétaire ACV Transcom.

RÉAGISSEZ ! claude.yvens@transportmedia.be


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