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CARTE BLANCHE
Lâexploitation des coursiers conïŹne Ă lâesclavage moderne
Le 17 septembre, le tribunal correctionnel de Malines a lancĂ© une action en justice contre PostNL et GLS, mais aussi contre toute une sĂ©rie de sous-traitants qui travaillent pour ces deux groupes. LâĂtat belge poursuit ces entreprises et certains de leurs dirigeants pour incitation Ă la fraude sociale organisĂ©e, travail non dĂ©clarĂ© et faux indĂ©pendants. Au total, il y a 52 dossiers sur la table. ACV sâest constituĂ© partie civile dans cette affaire pour lutter contre le systĂšme des faux indĂ©pendants dans le secteur. Nous ne visons donc pas spĂ©cifiquement les deux entreprises qui sont Nous ne ciblons actuellement ciblĂ©es. Les livreurs âindĂ©pendantsâ (qui sont souvent pas GLS ou PostNL, issus de lâimmigration et occupent une position plus faible sur le marchĂ© du travail) sont totalement soumis Ă PostNL et GLS. En fait, nous dĂ©nonçons des ils ne peuvent pas opĂ©rer en tant quâentrepreneurs indĂ©pendants. pratiques vĂ©reuses. Ils doivent rouler aux couleurs des deux sociĂ©tĂ©s, porter leurs uniformes, ramasser les colis et les livrer Ă lâheure choisie par PostNL ou GLS sur un itinĂ©raire prĂ©dĂ©terminĂ© pour eux. La façon dont ils sont payĂ©s, avec des tarifs parfois infĂ©rieurs Ă un euro par livraison (et qui doit couvrir les salaires, le leasing et le carburant de la camionnette), oblige ces coursiers Ă travailler beaucoup trop dâheures. Outre lâimpact nĂ©gatif sur leur santĂ©, il faut Ă©galement pointer les risques en matiĂšre de sĂ©curitĂ© routiĂšre. Pour les livreurs qui sont dĂ©jĂ sous contrat salariĂ© avec un soustraitant, nous constatons aussi rĂ©guliĂšrement lâabsence totale de contrat de travail, une rĂ©munĂ©ration insuffisante et, souvent, une absence partielle voire totale de dĂ©claration. Ces 52 dossiers et les multiples constats faits par lâinspection sociale rĂ©vĂšlent les mĂȘmes problĂšmes. Et, dans le secteur, ce nâest que la partie Ă©mergĂ©e de lâiceberg ⊠Le procĂšs prendra probablement des mois, voire des annĂ©es. Nous espĂ©rons quâentre temps, les entreprises rĂ©flĂ©chiront Ă la maniĂšre dont elles externalisent ou non leurs activitĂ©s. Selon nous, lâexternalisation nâest souhaitable (par analogie avec le travail intĂ©rimaire) que pour absorber les pics dâactivitĂ© avant le âBlack Fridayâ ou les fĂȘtes de fin dâannĂ©e. Pas pour gĂ©rer des flux quotidiens. DâaprĂšs nous, un contrat dâemployĂ© conclu directement avec le donneur dâordres constitue le meilleur moyen de garantir une protection sociale et une sĂ©curitĂ© adĂ©quates Ă ces livreurs. Le faux travail indĂ©pendant est par ailleurs un problĂšme qui va bien au-delĂ du secteur des transports.
Christof Valcke secrétaire ACV Transcom.
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