Hors-série TVB 19 - Femmes & migrations

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Histoire

S

L’Éthiopie au fil des femmes

i l’Histoire nous est souvent contée par le prisme des hommes, TVB est allé en Éthiopie pour découvrir puis transmettre son histoire à travers les femmes qui l’ont faite. De Lucy, notre ancêtre australopithèque à la présidente actuelle de l’Éthiopie, en passant par la mythique reine de Saba, nous vous raconterons succinctement l’histoire du berceau de l’humanité, au fil des femmes. Puis, des témoignages de contemporains illustreront les efforts faits et restant à faire pour une meilleure égalité femmes-hommes dans un pays en plein développement. L’Éthiopie se trouve à l’est du continent africain dans ce que l’on appelle la Corne de l’Afrique. Ses frontières côtoient à l’est Djibouti et son accès à la mer Rouge, au sud la Somalie et le Kenya, à l’ouest le Sud-Soudan, au nord-ouest le Soudan et au nord-est l’Érythrée. Elle est reliée à la Méditerranée par la vallée du Nil et la vallée du Rift : le grand fossé du Rift est une faille à la surface de la Terre, qui s’étend de la Syrie au Mozambique, englobant la mer Rouge. Des traces écrites et artistiques révèlent la présence d’une civilisation dans ce pays il y aurait au moins 5 000 ans.

Lucy, notre ancêtre de 3,2 millions d’années En 1974, le squelette d’un hominidé de sexe féminin est découvert dans le fond d’un lac asséché à Hadar, au nord-est de l’Éthiopie. Les archéologues qui la découvrent écoutaient Lucy in the sky with diamonds des Beatles au cours de leurs recherches et décident de nommer ce nouvel Australopithecus afarensis Lucy. Les Éthiopiens l’appellent eux Dinqnesh, qui signifie « la merveilleuse » en amharique. Dans le musée national d’Addis-Abeba, nous pouvons voir une reconstitution du squelette de la jeune fille de 3,2 millions d’années (âge déterminé par les techniques de radiochronologie).

Les 3 grandes étapes de l'évolution morphologique humaine

Apparition des outils et du langage

Australopithèques

- 1,9 millions d'années

La fabrication d'outils

- 2,2 MA

Primates & hominidés bipèdes

- 2,5 millions d'années

La bipédie Apparition de la marche

- 4,2 MA

- 7 millions d'années

Selon le professeur Henri de Lumley

Allongée dans son coffre de verre, la jeune fille de 1 m 05 se devine à travers ses nombreux fragments osseux. Des dents à la ressemblance terriblement humaine, ancrées dans la mâchoire, des côtes disposées en arc de cercle et son bassin dessinent un squelette familier. Son port de tête, la courbure de sa colonne vertébrale, son bassin et son fémur permirent aux scientifiques de définir qu’elle était apte à la bipédie (le fait de marcher debout sur 2 pieds, l’une des caractéristiques de l’être humain). Ses longs bras et ses phalanges courbées portent à croire qu’elle était également arboricole (se déplaçant dans les arbres), les chercheurs parlent alors de structure corporelle « bilocomotrice » car capable de se déplacer de deux façons. Sa découverte rendit caduques les anciennes théories qui pensaient que la bipédie était liée à l’évolution de la taille de notre crâne, qui apparut finalement bien plus tard. Aux côtés de Lucy, dans le musée national d’Éthiopie, on retrouve un autre squelette, celui de Selam (« paix » en amharique), une autre petite fille de 3 ans qui aurait, elle, 3,3 millions d’années. L’ensemble des recherches réalisées dans la région ont permis aux scientifiques de créer des reconstitutions supposées de nos ancêtres (voir photo). On suppose donc que Lucy, Selam et leurs contemporains représentent le chaînon manquant entre les genres australopithèque et homo dans la probable lignée de l’être humain.

La reine de Saba et le royaume d’Aksoum Les premières civilisations humaines auraient vécu en Éthiopie à partir d’environ 3 500 ans avant Jésus-Christ et formeraient le pays de Pount dans lequel l’Égypte toute puissante des pharaons venait chercher or, ivoire, myrrhe et esclaves en bateau. Le guèze, langue à l’origine des langues arabe et amharique, se développe dans le nord du pays entre -2 000 et -1 500 avant Jésus-Christ. Une civilisation arabe aurait pu investir le territoire. Le royaume d’Aksoum voit le jour aux alentours de -400 avant Jésus-Christ, d’après les dernières recherches archéologiques et la première trace écrite de ce Royaume (Périple de la mer Érythrée qui date du Ier siècle et rédigé par un marin égyptien parlant grec). Situé au carrefour des routes maritimes entre la Méditerranée et l’Inde, il aurait été l’un des plus puissants du monde antique.

La production de nourriture Apparition de la chasse Changement de morphologie Domestication du feu (-400 000).

Homo (Habilis, Erectus, Sapiens...)

Carte réalisée sans respect des proportions pour plus de lisibilité © L.Ploix

HORS-SÉRIE FEMMES & É MIGRATIONS

Les historiens ne savent pas vraiment expliquer l’apparition d’une civilisation aussi puissante que celle du royaume d’Aksoum, qui à son apogée s’étendait des bords du Nil à l’Arabie recouvrant les territoires actuels du nord de l’Éthiopie, l’Érythrée, Djibouti, une partie de l’Égypte, du Yémen et de l’Arabie saoudite. La légende éthiopienne a, elle, une explication. Aksoum aurait été fondé par Askoumawi qui ne serait autre que l’arrière-petit-fils de Noé. Son royaume aurait prospéré jusqu’à ce qu’un serpent géant, Wainaba, ne


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