Magazine Humanité 3/2014: Un bien précieux pour les plus démunis

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Humanité 3 | 2014

Santé au Bangladesh

Un bien précieux pour les plus démunis

Ateliers chili de sensibilisation aux nouveaux médias

Rendre la toile plus sûre 1re Convention de Genève

Un triomphe pour l’humanité Intempéries dans les Balkans

Redonner foi en l’avenir


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Impressum Humanité, 3e édition 2014 Août 2014 ISSN 1664-2015

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RétRoSpective – 1re Convention de Genève Un triomphe pour l’humanité

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aRRièRe-plan – Ateliers chili de sensibilisation aux nouveaux médias Rendre la toile plus sûre

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téMoignage – Section Lugano de la CRS tessinoise vivre en colocation avec sa grand-mère d’adoption

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tÊte-À-tÊte – Vladimir Cmiljanovic, CEO de Piqur «Privilégier la stratégie la plus efficace»

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coUp De pRoJecteUR – Intempéries dans les Balkans Redonner foi en l’avenir

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SUR le teRRain – Vietnam Urgence dans le delta du Mékong

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pÊle-MÊle Un curry à midi Jeux, dessin humoristique

Photo de couverture et verso: Remo Nägeli Editeur: Croix-Rouge suisse, Rainmattstrasse 10, Case postale, 3001 Berne Téléphone 031 387 71 11, info@redcross.ch, www.redcross.ch Dons: CP 30-9700-0 Conseil sur les legs: téléphone 031 387 72 83 Notification de changement d’adresse: par courriel à pf.service@redcross.ch ou par téléphone au 031 387 74 64 Adresse de la rédaction: Croix-Rouge suisse, Rédaction Humanité, Case postale, 3001 Berne humanite@redcross.ch, www.magazine-humanite.ch Rédaction: Tanja Reusser (rédactrice en chef), Urs Frieden (Santé et intégration), Annette Frommer (Santé et intégration), Andreas Häner (Levée de fonds), Daniela Mathis (Coopération internationale), Isabelle Roos (Partenariats avec le secteur privé), Isabel Rutschmann (Communication), Katharina Schindler (Coopération internationale) Contributions à la présente édition: Myriam Fojtu, Markus Mader, Marco Ratschiller, Alja Sieber Abonnement: l’abonnement coûte 6 CHF par an et est offert aux donateurs de la CRS. Parution: trimestrielle Langues: français, allemand et italien Tirage: 126 900 exemplaires Copyright sur toutes les photos sans indication: Croix-Rouge suisse Traduction: Service de traduction CRS Graphisme et impression: Vogt-Schild Druck SA, Derendingen Prochaine édition: décembre 2014

PERFORM ANCE

neutral Imprimé No. 01-14-249088 – www.myclimate.org

© myclimate – The Climate Protection Partnership

Humanité est imprimé sur du papier recyclé à 100%. Parce que économiser les ressources, c’est préserver l’environnement.

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RepoRtage – Santé au Bangladesh Un bien précieux pour les plus démunis terre de contrastes


© Remo Nägeli

Éd I tO R I A l

Ouvrons à tous les portes de la santé Chère lectrice, cher lecteur, Il n’est pas nécessaire qu’une douleur persiste bien longtemps pour que nous commencions à nous inquiéter. Heureusement, il ne s’agit souvent que d’un mal connu et guérissable: nous sortons alors du cabinet avec un diagnostic, un bon conseil, une ordonnance... et cette certitude: la santé est notre bien le plus précieux! Il y a toujours eu, chez tous les peuples du monde, des spécialistes de la santé. On pense même que le premier métier jamais exercé a été celui de guérisseur. Mais aujourd’hui, l’OMS estime qu’au moins 1,3 milliard de personnes n’ont pas accès à une prise en charge médicale de base. Le respect de leur droit à la santé est tout sauf garanti. En ce XXIe siècle où la médecine est capable de miracles, des millions d’êtres humains vivent sous la menace d’affections faciles à prévenir et à soigner. Shilpi Rani (reportage en page 4) a longtemps souffert de dysenterie. Très répandue dans les pays pauvres, cette maladie diarrhéique peut rapidement entraîner la mort chez les patients qui n’ont pas de dispensaire ni de clinique à proximité de chez eux. Ou chez ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un traitement. L’un des axes majeurs du travail de la CRS dans la coopération internationale consiste donc à garantir le respect du droit à la santé en assurant aux plus démunis la possibilité de recourir à une prise en charge de base. Car le fait d’être seul face à la maladie est déjà en soi une torture. Chaque être humain doit pouvoir bénéficier de soins de base à des prix abordables. Chacun doit savoir où il peut obtenir une aide médicale d’urgence. Nous vous montrons dans ce numéro comment la CRS se bat pour favoriser l’accès aux soins des plus déshérités. Vous aussi, faites un geste pour aider celles et ceux qui, comme Shilpi Rani, aimeraient qu’on leur ouvre les portes des dispensaires. Merci! Avec mes salutations les meilleures,

Markus Mader Directeur de la Croix-Rouge suisse Humanité 3/2014

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Santé au Bangladesh

Un bien précieux pour les plus démunis la santé est le bien le plus précieux qui soit et l’accès aux soins, un droit fondamental. Des préceptes qui sont pourtant très éloignés de la réalité des villages reculés du Bangladesh, où la cRS s’attache par conséquent à sensibiliser les familles défavorisées à leur droit à la santé et à renforcer les compétences du personnel soignant. ainsi, après avoir trop longtemps souffert parce qu’elle ne savait pas à qui s’adresser et pensait qu’une prise en charge médicale serait trop coûteuse, Shilpi Rani (à gauche sur la photo) a aujourd’hui retrouvé la santé et peut à nouveau s’occuper de sa famille. TEXTE: KaTharina SchindlEr

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’est déjà la troisième fois ce matin que Shilpi Rani traverse avec sa carafe la grande cour de récréation, désormais écrasée sous un soleil de plomb. Si certaines familles un peu moins pauvres possèdent leur propre pompe, elle n’a pour sa part d’autre choix que d’aller s’alimenter à la fontaine de l’école. Au moins peut-elle avoir confiance en ce qu’elle boit: alors que tant de puits bangladais sont contaminés à l’arsenic, présent à l’état naturel dans les sols, des tests menés par la Croix-Rouge ont montré que cette eau est tout à fait salubre. Nous sommes à la mi-mai, période la plus chaude de l’année. Dans deux semaines, il sera temps de cueillir les mangues, puis viendra l’heure de la mousson. Shilpi Rani

Les gestes du quotidien: Shilpi Rani fait la vaisselle, sa fille Shuki passe le balai devant la maison familiale.

habite avec son mari et leurs trois enfants dans une simple maison de paille, à la périphérie du village de Yusufpur. Malgré les revenus tirés par le père de son activité accessoire de conducteur de rickshaw, cette famille de pêcheurs parvient tout juste à s’en sortir: ne possédant pas de terre, elle compte parmi les plus pauvres du village. Heureusement, une digue construite il y a deux ans la protège maintenant du Gange, qui marque la frontière avec l’Inde. «Avant, quand la mousson faisait déborder le fleuve, notre maison était la première à être emportée, explique Shilpi Rani. Aujourd’hui, il n’y a plus de danger. Les choses se sont améliorées, comme dans beaucoup de domaines.»

Un tournant Il y a encore un an, la jeune maman (30 ans) était très malade. Elle souffrait depuis des mois de dysenterie, une inflammation extrêmement douloureuse 6

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et potentiellement mortelle des intestins, accompagnée de fièvre et de diarrhées sanglantes. Son petit dernier, âgé d’à peine quelques mois, était lui aussi affaibli, sa mère produisant trop peu de

elle se sentait désemparée. lait. Or, n’ayant de toute sa vie jamais bénéficié d’une quelconque aide médicale, hormis quelques campagnes de vaccination dans sa jeunesse, Shilpi Rani se sentait désemparée. Même pour la naissance de sa fille Shuki (11 ans) et de ses deux fils Subroto (7 ans) et Surja (1 an), seule une vieille tante était là pour l’assister. Dans ce contexte, la visite de Jahangier Alam est venue à point nommé. Chargé de se rendre auprès des familles les plus pauvres du village pour les sensibiliser aux risques sanitaires et à leur droit à une assistance médicale, ce collaborateur bénévole de Dascoh, une organisation parte-

naire de la CRS, a encouragé Shilpi Rani à aller à la clinique du village. D’abord intimidée, se croyant trop pauvre pour pouvoir prétendre à un traitement, elle y a finalement reçu gratuitement des médicaments qui l’ont rapidement remise sur pied:«Cela a été un tournant dans ma vie. J’ai retrouvé la santé et je peux m’occuper de ma famille. J’insiste auprès des autres femmes du village pour qu’elles aillent aussi au dispensaire si leurs enfants ou elles-mêmes sont malades.» Dans les campagnes du district de Rajshahi, dans le nord du pays, la CRS et Dascoh s’attachent à améliorer l’accès aux soins. Si l’on trouve de petites cliniques publiques dans presque tous les villages, elles sont en effet souvent mal gérées et parfois en très mauvais état. A Yusufpur, l’établissement pouvait rester des semaines fermé. Rarement fournie en médicaments, la clinique n’avait ni tensiomètre, ni thermomètre, ni balance. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que les villageois aient préféré faire appel à des guérisseurs traditionnels, voire compter sur un miracle.

des progrès remarquables Depuis, bien des choses ont changé. Des groupes de villageois ont été mobilisés pour rénover le bâtiment et en repeindre les murs. Dans la salle d’attente, des affiches sensibilisent désormais les patients de façon imagée aux risques de la grossesse et aux règles d’hygiène. Surtout, le personnel soignant, qui sinon


R e p O R tAGe A la campagne, les gains d’un conducteur de rickshaw permettent seulement d’améliorer un peu le quotidien: la famille Rani vit avant tout de la pêche.

Shilpi Rani et ses trois enfants ont réussi à s’asseoir au fond de la salle d’attente du dispensaire, généralement pleine à craquer.

n’a suivi qu’un cursus de base de trois mois, bénéficie d’une formation. Dans le cadre d’un programme mis en place par la CRS, les employés de la clinique assistent à des cours sur des thèmes importants comme la santé mère-enfant, l’alimentation, l’hygiène ou encore le planning familial. Ils apprennent également à mieux décrypter les différents symptômes et à déterminer la médication la plus appropriée, contrairement à un passé récent où ils prescrivaient des antibiotiques pour la moindre douleur – avec les conséquences que l’on imagine sur le développement des résistances bactériennes. «La plupart des jeunes sont très motivés. Ils ont envie de faire du bon travail et nous sont reconnaissants de les y aider, indique le médecin Shaila Habib, qui a participé à la mise en place des modules et dirige certains d’entre eux. En quelques mois, nous avons fait des progrès remarquables.»

prévenir plutôt que guérir Dans le village voisin de Mongli, Shima Khatun, 20 ans, prend le chemin de la clinique: son fils Tonmoy, qui a récemment fait une bronchite, doit passer une visite de contrôle, et elle souhaite en profiter pour assister à une séance de sensibilisation. Car ici aussi, la CRS a amélioré la qualité du service médical. Dans la salle d’attente, déjà bien remplie de femmes et d’enfants, une collaboratrice de la clinique est en train d’expliquer, à l’aide de tableaux, comment prévenir les diarrhées et que faire si quelqu’un tombe malgré tout malade. Avant d’être traitée dans la clinique rénovée, Shima Khatun a elle-même longtemps souffert de diarrhée chronique. Elle apprend aujourd’hui que femmes et enfants doivent prendre plus de précautions lorsqu’ils ramassent dans les champs, généralement sans aucune protection, les bouses de vache qui seront ensuite mises à sécher avant de servir d’isolant ou de

Shima Khatun avec son mari et leur fils Tonmoy devant la maison familiale. Le personnel du dispensaire lui a expliqué comment se protéger des maladies infectieuses.

combustible. «Je sais maintenant qu’il est très important de se laver les mains avant de faire la cuisine ou de manger. J’avais toujours considéré le savon comme un objet de luxe pour les riches. Mais je me rends compte aujourd’hui à quel point il est précieux pour la santé de ma famille.»

Un avenir prometteur La CRS reprend dans 232 cliniques de Rajshahi le modèle d’amélioration des prestations médicales mis en œuvre à Yusufpur et Mongli et soutient les villages dans leurs politiques en faveur de la santé. Près de 1,5 million de personnes bénéficient ainsi d’un meilleur accès aux soins médicaux de base, une attention toute particulière étant accordée aux

près de 1,5 million de personnes bénéficient d’un meilleur accès aux soins médicaux de base. familles défavorisées, afin qu’elles aussi profitent des avancées réalisées. A travers cet engagement, la CRS contribue à un ambitieux projet du gouvernement, dont l’objectif est de lutter contre des problèmes sanitaires majeurs tels que la forte mortalité infantile et maternelle en dotant le Bangladesh d’une clinique villageoise pour 6000 habitants. Plusieurs milliers d’établissements ont déjà vu le jour dans le pays. Toutefois, le soutien d’œuvres d’entraide est indispensable à leur bon fonctionnement et à la qualité des soins.

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R e p O R tAG t e

Dacca: attirés par l’espoir d’un travail, les Bangladais occupent le moindre mètre carré de libre.

Bangladesh

terre de contrastes Des terres fertiles, mais une population parmi les plus pauvres du monde: le Bangladesh est un pays de contrastes, qui s’efforce, avec le soutien d’organisations humanitaires, d’améliorer durablement les conditions de vie de ses habitants. TEXTE: KaTharina SchindlEr

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e Bangladesh n’est pas seulement l’un des pays les plus pauvres de la planète, c’est aussi, avec 1000 habitants au kilomètre carré, le plus densément peuplé (exception faite d’une poignée d’Etats insulaires et de cités-Etats). Si la nature lui a fait don de plaines alluviales extrêmement fertiles, l’eau, omniprésente, y est aussi une malédiction. Car chaque année à l’époque de la mousson, les grands fleuves himalayens sortent de leur lit, inondant des régions entières, emportant les habitations, ruinant les récoltes. Les villageois vivent 8

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dans l’incertitude du lendemain, qui les pousse à partir tenter leur chance dans les villes. Année après année, l’insatiable Dacca engloutit ainsi des dizaines de milliers de nouveaux arrivants; alors qu’elle

1000 habitants au km2: aucun etat ou presque n’est aussi densément peuplé que le Bangladesh. ne comptait que 6,5 millions d’habitants en 1990, la capitale en est aujourd’hui à 15 millions, dont la moitié vivent dans le chaos des bidonvilles.

Un quotidien fait de précarité Nous avons profité de notre séjour pour visiter l’un de ces territoires de précarité, où la Croix-Rouge suisse (CRS) entend s’engager en faveur des enfants en détresse. Coincés près des rails d’une ligne très fréquentée, des abris de plastique, de bois et de paille accueillent une centaine de familles devant se contenter d’un seul point d’eau et d’une unique latrine aux relents pestilentiels. Pourtant, à mon grand étonnement, les habitants nous reçoivent avec le sourire, et malgré les conditions,


R e p O R tAGe leurs vêtements sont propres. Ils ont su préserver leur dignité. «Je suis arrivée il y a un an, parce que le fleuve a emporté ma maison et parce que je n’avais plus de famille au village pour s’occuper de moi», raconte Saba, 60 ans. Une jeune maman, Liza, nous explique, elle, que son bébé est né ici, au bord de la voie ferrée. Des nuées d’enfants jouent où ils le peuvent, c’est-à-dire sur les rails. Ils savent que tous les quarts d’heure, il faut vite dégager la voie, passage d’un nouveau train oblige. Mais cela n’empêche pas les accidents d’être monnaie courante. Pendant la journée, les parents sont rarement là. Les pères louent leurs services comme conducteurs de rickshaws, les mères partent, pour des salaires de misère, faire des ménages ou travailler comme ouvrières dans l’une des innombrables usines textiles du pays – dans les conditions dégradantes dont le consommateur occidental commence tout juste à prendre conscience.

Le long de la voie ferrée, l’alignement des abris de fortune ne laisse pratiquement pas de place aux enfants pour jouer.

Une idylle en trompe-l’œil

Trompeuse impression: la vie dans les campagnes n’est pas idyllique, la pauvreté y est aussi très grande.

Le tableau offert par les campagnes évoque un nouveau contraste: à perte de vue, les dégradés de vert des champs, des manguiers dont les branches ploient sous leurs fruits, et ici et là, un petit village aux maisons de paille et de torchis, où les hommes, aidés par des bœufs attelés à d’antiques charrettes, sont en train de rentrer la récolte. Mais à l’image des saris chamarrés dont se drapent les femmes, élégants cache-misère, l’impression est trompeuse. Car ici aussi, le quotidien est pour plus de la moitié des habitants une lutte pour la survie. Les hommes travaillent pour 1 CHF par jour sur les champs de grands propriétaires terriens. L’accès aux soins est très limité, et les malades ne peuvent souvent compter que sur eux-mêmes. Les trois quarts des accouchements se font à la maison, un enfant sur vingt meurt dans sa première année. Dans ce pays essentiellement musulman, le poids de la tradition est un lourd fardeau pour les femmes. Un tiers d’entre elles se marie avant d’avoir quinze ans, et les nombreuses grossesses d’adolescentes

compliquent la situation sanitaire dans les villages.

Une forte baisse de la natalité Cependant, le Bangladesh, qui n’a conquis son indépendance qu’en 1971, affiche aussi des évolutions positives. Ainsi les femmes n’ont-elles plus en moyenne que 2,5 enfants, contre 6 en 1980. L’espérance de vie est de 69 ans, et la mortalité infantile a nettement reculé. De plus, même si 50% seulement des Bangladais savent lire et écrire, le taux de scolarisation est à la hausse. Il faut également saluer les efforts du gouvernement pour améliorer la desserte en soins de base (reportage page 6), ce en quoi il bénéficie du soutien d’un vaste programme de santé de la CRS. Mais celle-ci s’engage aussi dans d’autres domaines importants, comme la prévention des catastrophes dans les régions à risque, l’amélioration de l’hygiène dans les campagnes et la gestion des ressources hydriques.

redcross.ch/bangladesh

coMMentaiRe

SARAH MeieR Depuis qu’elle a mis un terme à sa carrière, la championne d’Europe 2011 de patinage artistique, 30 ans, travaille comme journaliste. Sarah Meier est ambassadrice de la CRS.

Lorsque la CRS m’a proposé de me rendre au Bangladesh, je n’ai pas dû réfléchir longtemps. J’avais confiance dans l’organisation, dans sa réputation. Cela a été un choc pour moi, car je n’avais jamais rencontré des gens vivant dans une telle précarité. Sur place, j’ai découvert comment se déroule la collaboration avec le gouvernement et avec l’organisation locale

Dascoh. J’ai pu également constater de mes propres yeux que l’argent des donateurs est bel et bien investi en faveur de ceux qui en ont besoin. J’ai été particulièrement impressionnée par la gentillesse de la population. Les gens se satisfont de ce qu’ils ont. Malgré leur immense pauvreté, ils sont bien organisés. C’est incroyable qu’ils arrivent à si bien s’habiller et à prendre soin d’eux quand on voit le peu d’infrastructures sanitaires et la quasi-absence de produits d’hygiène. Les Bangladais sont fiers de leur pays, ils voulaient savoir s’il me plaisait et tout me montrer. J’ai été particulièrement touchée par le destin de Shilpi, sans doute parce que nous avons le même âge. Elle vit avec sa famille dans un abri terriblement exigu. J’en ai été choquée. Grâce à la clinique villageoise, elle peut au moins veiller à sa santé et à celle de ses enfants. A l’avenir, si je sais pouvoir contribuer ne serait-ce qu’un tout petit peu à aider d’autres défavorisés, je n’hésiterai pas une seconde à me lancer dans d’autres projets de ce type.

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Directives anticipées CRS Pour que votre volonté soit respectée.

Les directives anticipées CRS vous permettent de définir à l’avance les traitements médicaux que vous acceptez ou refusez dans la perspective d’une éventuelle incapacité de discernement. Retrouvez toutes les informations sur notre offre sur www.directives-anticipees.ch Si vous souhaitez des renseignements en vue d’un conseil personnalisé, composez du lundi au jeudi (de 8h à 12h) le numéro gratuit 0800 99 88 44


Donner de son sang dans le train

© Pixelfarm

en BRef

■ Recruter 5000 nouveaux donneurs de sang: tel est l’objectif de la campagne estivale lancée par les Services régionaux de transfusion sanguine. La conversion de la voiture-salon «Le Salon de Luxe» en centre de don du sang a été le fait marquant de l’opération «Montez dans le train», mise en œuvre conjointement par Transfusion Suisse CRS et CFF Charter. Du 10 au 14 juin, dans cinq gares de Suisse, une voiture spécialement aménagée a accueilli des visiteurs venus se renseigner ou donner de leur sang. Véritable attraction au même titre que la locomotive CRS «Humanité», ce train visait à mobiliser la population en faveur d’un geste vital. Pour savoir si l’objectif a été atteint et en apprendre davantage:

Découvrez le héros qui se cache en vous

wir-spenden-blut.ch/fr/

■ En répondant à huit questions, vous découvrirez quel type de héros vous êtes, tout en vous faisant une idée des possibilités d’engagement proposées par la Croix-Rouge suisse (CRS). Tout ce qui compte pour être un héros du quotidien, c’est d’aider les autres. Complétez le test pour savoir

quelle héroïne ou quel héros sommeille en vous:

redcrossheroes.ch

redcross.ch/fr/publications

Freiwilligkeit und Vielfalt im Zeichen der Menschlichkeit: l’ouvrage de la CRS sur les aspects pratiques et scientifiques du bénévolat

Fin de 26 ans d’engagement au tibet ■ La CRS était la seule œuvre d’entraide étrangère présente de manière ininterrompue depuis 26 ans au Tibet. Aujourd’hui, cet engagement touche à sa fin. Au cours des dernières années, deux délégués ont dirigé le bureau de Shigatse; avec le concours de douze employés tibétains, ils ont mis en place et développé un programme sanitaire qui visait en priorité à sensibiliser la population et à former des bénévoles Croix-Rouge ainsi que du personnel médical. Aussi, malgré le départ de la CRS de la région, le savoir n’est pas perdu. Pour la seule année 2013, la desserte en eau a été étendue à 5000 personnes

supplémentaires. L’accès à l’eau potable 365 jours par an constitue un véritable défi dans cette région aride où plusieurs sommets culminent à 5500 mètres d’altitude. Chaque année, des centaines de malades atteints de cécité ont recouvré la vue après avoir été opérés de la cataracte. Des ophtalmologues ont été formés et se sont rendus avec leurs équipes dans des régions parfois très reculées. La CRS se retire du Tibet de manière prématurée. Elle prévoyait en effet de poursuivre son engagement dans la région, mais la Chine n’a pas prolongé les contrats.

Des tunnels enjolivés ■ La CRS assiste des requérants d’asile et des réfugiés reconnus sur mandat du canton d’Uri. Au début de l’été, huit résidents tibétains, érythréens et syriens du centre de transit de la CRS à Altdorf ont participé bénévolement à l’entretien de la ligne historique du train à vapeur de la Furka. Sous la supervision de spécialistes, ils ont revêtu de pierres de taille les entrées en béton des tunnels. Leur engagement durable en faveur de la protection du paysage est salué par l’entreprise ferroviaire, qui est tributaire du bénévolat pour assurer son bon fonctionnement. Humanité 3/2014

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R Ét R O s p e C t I v e

Conférence des délégués de 1864, présidée par le général Dufour (au centre): non autorisé à participer du fait de son statut, Dunant s’est immiscé sur le cliché via un habile photomontage.

À pRopoS DateS cléS 1863–1866 17 février 1863: fondation du CICR à Genève par le Comité des cinq: Henry Dunant, le général Dufour, Gustave Moynier, Louis Appia et Théodore Maunoir 26–29 octobre 1863: conférence internationale à Genève (quatorze Etats présents). Le document final, appelant à la création de sociétés nationales de secours, pose les fondements des dispositions de droit international adoptées en 1864. 17 mars 1864: création de la section genevoise de la Croix-Rouge par le Comité des cinq (1er président: le général Dufour) 8–22 août 1864: conférence diplomatique à Genève, convoquée par le Conseil fédéral. Douze Etats signent la 1re Convention de Genève, destinée à protéger les soldats blessés sur le champ de bataille. 17 juillet 1866: fondation de la Croix-Rouge suisse à l’instigation du conseiller fédéral Jakob Dubs et de MM. Moynier et Dufour

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1re convention de genève

Un triomphe pour l’humanité A force de détermination, Henry Dunant finit par convaincre quatre collègues genevois de se joindre à lui pour fonder le cicR et élaborer une «convention pour l’amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne». Ce document – la 1re convention de genève – marque un changement de cap radical dans une période déchirée par la guerre. TEXTE: myriam FojTu

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enry Dunant était un idéaliste. En 1863, la neutralité du personnel sanitaire et des soldats blessés ou malades de part et d’autre de la ligne de front est loin d’aller de soi pour ses contemporains genevois. Le moment ne semble pas encore propice à pareille perspective. Mais Henry Dunant met un tel enthousiasme à défendre son idée qu’il finit par

réaliser ce que d’aucuns tenaient pour impossible. En février 1864, les premiers délégués de la Croix-Rouge – le médecin suisse Louis Appia et le capitaine néerlandais van de Velde – interviennent au cours de la guerre des Duchés, contribuant à consolider le principe de neutralité des soignants. Pour la première fois sur un champ de bataille, ces derniers


R Ét R O s p e C t I v e portent un brassard blanc à croix rouge, signe de protection et d’identification.

coMMentaiRe DiDieR BuRKHALTeR Président de la Confédération

C’est dans la salle de l’Alabama de l’hôtel de ville de Genève que les délégués de douze Etats signent la 1re Convention de Genève, concrétisant la conviction profonde d’Henry Dunant et ouvrant la voie à un véritable triomphe pour l’humanité. L’idée de soigner les soldats blessés et malades sans distinction – tutti fratelli – connaît un vaste retentissement. L’esprit visionnaire d’Henry Dunant, qui transparaît dans les documents officiels de l’époque, inspire aussi de nombreux écrivains et poètes, à l’instar de la Suissesse Eveline Hasler. Dans son ouvrage Der Zeitreisende. Visionen des Henry Dunant (non traduit en français), la romancière dépeint l’opiniâtreté du Genevois, dont elle reprend cette citation:

«le chemin se déblaiera en marchant: mais il faut marcher!»

© MICR, Alain Germond

La 1re Convention de Genève (1864) est signée par les Etats suivants: Bade, Belgique, Danemark, Espagne, France, Hesse, Italie, Pays-Bas, Portugal, Prusse, Suisse et Wurtemberg. D’autres Etats présents à la conférence (Royaume-Uni, Saxe, Suède-Norvège et USA) décident de parapher le texte ultérieurement. Le Brésil, la Grèce, le Mexique et la Turquie s’excusent quant à eux de ne pouvoir participer.

Manuscrit original de la 1re Convention de Genève de 1864 (Musée de la Croix-Rouge, Genève)

© DFAE

Une nouvelle page de l’Histoire est écrite à Genève

FaiRe avanceR la caUSe hUManitaiRe Renforcer le respect du droit international humanitaire passe par la création de mécanismes plus efficaces. 150 ans après l’adoption de la première Convention de Genève, la Suisse et le CICR s’engagent ensemble pour relever ce défi pressant. «C’est un des triomphes de l’humanité, une belle idée jetée au milieu du champ de la guerre.» Ainsi s’exprimait le Conseil fédéral en septembre 1864 à propos de la Convention pour l’amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne. Dans son message à l’intention de l’Assemblée fédérale, il écrivait encore que la Suisse, pays neutre épargné par les guerres, «ne saurait mieux accomplir ses obligations de droit international de concourir au bien des autres Etats qu’en prenant la cause des blessés». C’est dans cet état d’esprit que le Conseil fédéral convoqua il y a 150 ans, à l’initiative du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la conférence diplomatique qui jeta les bases du droit international humanitaire. Cet événement fut également l’acte fondateur de ce qui deviendra, au fil du temps, une constante et une composante essentielle de la politique étrangère de la Suisse, à savoir sa tradition humanitaire, un élément, aujourd’hui encore, indissociable de notre identité nationale. Depuis, la Suisse a contribué en première ligne au renforcement du droit interna-

Quinze ans plus tard, on dénombre près de trente Etats signataires, parmi lesquels de nombreux pays européens ainsi que l’Argentine, le Chili, l’Iran et la Turquie. L’idée d’humaniser la guerre acquiert progressivement une portée universelle. Le principe fondateur défendu par Henry Dunant – celui d’une aide volontaire en faveur des victimes de conflits armés – s’appuie sur la création de sociétés de secours permanentes, la neutralité des soignants sur le champ de

tional humanitaire. Elle a accueilli sur son territoire les conférences diplomatiques consacrées à l’adoption des Conventions de Genève de 1949 et de leurs protocoles additionnels de 1977 et 2005, dont elle est l’Etat dépositaire. Ces textes visent à protéger toutes les personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités. Or chaque prisonnier de guerre maltraité, chaque ambulance attaquée, chaque civil tué en temps de guerre nous rappelle que ces textes sont trop souvent violés. C’est pourquoi les efforts de la Suisse portent aujourd’hui sur un meilleur respect du droit, car la cause principale de la souffrance des victimes de guerre n’est pas l’absence de règles appropriées, mais bien leur violation généralisée. De concert avec le CICR, la Suisse mène depuis 2012 des consultations avec tous les Etats sur la création de mécanismes efficaces pour renforcer le respect du droit international humanitaire. Elle propose la création d’un forum qui permettra aux Etats de décider de mesures communes pour améliorer le sort des victimes de la guerre. Ils seront également encouragés à dresser régulièrement des rapports sur la façon dont ils s’acquittent de leurs obligations. Cela permettra d’identifier et d’appréhender les enjeux globaux, et ainsi d’amorcer un changement de tendance favorable au respect du droit international humanitaire. La mise en œuvre du droit international humanitaire s’avère souvent difficile au vu des situations extrêmes – celles propres aux guerres – dans lesquelles il s’applique. Les terribles souffrances causées par les conflits armés dans le monde entier nous le rappellent chaque jour. Aujourd’hui, comme il y a 150 ans, la Suisse estime qu’il est de son devoir de défendre la cause des victimes de guerre.

bataille, la fourniture d’une aide sans distinction aux soldats blessés ou malades, la restriction des moyens et méthodes de guerre, ainsi que le maintien de la dignité humaine au cours des hostilités. C’est sur ces conceptions humanitaires fondamentales que reposent aujourd’hui encore nombre de traités internationaux relatifs notamment aux génocides, aux armes biologiques et chimiques, aux mines antipersonnel ou aux armes à sous-munitions.

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ARRIèRe-plAn

La tour de Fröbel, un jeu d’équipe pour comprendre le fonctionnement d’un réseau

ateliers chili de sensibilisation aux nouveaux médias

Rendre la toile plus sûre en complément de ses ateliers chili de gestion des conflits, la Croix-Rouge suisse (CRS) propose dans le canton de Schwyz des modules ludiques et accessibles relatifs aux nouveaux médias. Les spécialistes s’accordent en effet sur la nécessité de sensibiliser sans tarder la jeunesse à cette thématique. TEXTE: Tanja rEuSSEr

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PhoToS: roland BlaTTnEr

ls ont tous un smartphone, sauf moi!» « L’argument favori des adolescents du XXIe siècle prend tout son sens dans la bouche de Jan*, 13 ans: parmi ses camarades, il est effectivement le seul à posséder un«vieux»natel. En pleins pourparlers avec ses parents, il se montre confiant. Certes, la classe de 7e de l’école secondaire du Stumpenmatt à Muotathal n’est pas représentative de la réalité à l’échelle suisse. En milieu urbain, par exemple, la plupart des enfants se familiarisent avant *Prénom d’emprunt

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13 ans avec l’utilisation des smartphones et savent souvent mieux s’en servir que leurs parents. Il s’agit davantage d’un signe d’appartenance que d’un phé-

les ados sans smartphone sont involontairement mis à l’écart. nomène de «coolitude». Car si les ados sans smartphone font rarement l’objet de railleries, ils n’en sont pas moins involontairement mis à l’écart. En effet, les élèves communiquent entre

eux sur des chats de groupe tels que WhatsApp, sur des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, ou par photos interposées.

Diffusion aux quatre vents L’âge parfait pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la communication à l’ère numérique se situe aux alentours de 13–14 ans. De la police à la direction de l’école en passant par les enseignants et les élèves eux-mêmes, tous conviennent de l’utilité de l’atelier chili proposé par la


ARRIèRe-plAn A l’aide de couleurs, irena Zweifel montre la vitesse à laquelle un malentendu peut se propager.

irena Zweifel explique les principales règles à respecter sur les réseaux sociaux: tout texte, photo ou vidéo mettant en scène d’autres personnes ne doit être publié qu’avec l’accord de celles-ci.

CRS. Et la CRS Canton de Schwyz figure aux avant-postes. Sa directrice Vreni Kamber est pleinement convaincue de la pertinence de cette nouvelle prestation: «La CRS se met au service des personnes de tout âge. Or les nouveaux médias constituent un domaine où nous pouvons nous investir efficacement dans la protection de la jeunesse.» Bernhard Reichmuth, chef de la prévention de la criminalité en lien avec les médias numériques à la police cantonale schwyzoise, est du même avis. Il salue d’ailleurs la collaboration

avec la Croix-Rouge locale. Au primaire déjà, son équipe sensibilise les parents aux dangers qui guettent leurs enfants sur Internet: «Sur les nouveaux médias, il est vite arrivé de commettre une infraction sans s’en rendre compte. Ni les parents ni leurs enfants ne sont suffisamment conscients des limites à observer.» Selon lui, la CRS est un partenaire fiable qui complète de façon optimale le travail de prévention de la police. Celui-ci s’adresse aussi aux victimes potentielles de cyberharcèlement ou de chan-

tage, qui doivent savoir que les forces de l’ordre sont à leurs côtés. Or elles ont souvent honte de porter plainte, ce qui renforce leur souffrance psychique. C’est précisément ce que Bernhard Reichmuth cherche à éviter: «La question me tient à cœur. Pour le prouver, je donne mon numéro aux élèves, qui peuvent m’appeler à tout moment, à condition de ne pas le faire anonymement», explique-t-il en effleurant son smartphone à travers la

les ateliers chili de la cRS complètent le travail de prévention de la police. poche de son uniforme. Stefan Probst, directeur de l’école, entend proposer chaque année l’atelier chili de sensibilisation aux élèves de 7e. D’autant plus que son établissement a vécu par le passé un incident qui a essaimé jusqu’à Winterthour. «Les réseaux sociaux restent une énigme pour de nombreux parents», constate-t-il.

demi-tour impossible Irena Zweifel, animatrice chili, le sait bien. Ou du moins c’est ce qu’elle croit, Humanité 3/2014

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ARRIèRe-plAn Tous unis pour protéger la jeunesse: Vreni Kamber et Daniela Forni (CRS Canton de Schwyz), Stefan Probst (directeur de l’école) et Bernhard Reichmuth (policier)

tRoiS qUeStionS iRenA ZweiFeL Irena Zweifel, 47 ans, a suivi des formations en gestion des conflits CRS, en coaching systémique constructif et en organisation ASO.

coMMent eSt né l’atelieR chili conSacRé aUx noUveaUx MéDiaS? Le besoin a été soulevé par une école dans laquelle nous organisons chaque année un atelier chili de gestion des conflits. J’ai joué un rôle clé dans la conception du volet «prévention de la violence» de ce programme. Les deux cours sont complémentaires, même s’il est tout à fait envisageable de n’en suivre qu’un seul. leS atelieRS chili Sont-ilS aDaptéS À toUteS leS tRancheS D’âge? Oui, la gestion des conflits peut même être abordée au jardin d’enfants. Pour ce qui est de la sensibilisation aux nouveaux médias, nous recommandons d’attendre l’école secondaire afin de pouvoir évoquer tous les thèmes. Les deux cours sont pertinents même dans les établissements ne rencontrant pas de problèmes: mieux vaut prévenir que guérir. Mon enFant eSt accRo À Son téléphone MoBile: qUe FaiRe? Tout d’abord, parlez-en avec lui. Faiteslui part de vos impressions et écoutez ce qu’il a à dire à ce sujet. Evaluez les solutions envisageables ou explorez vos propres pistes. Une fois un accord trouvé, il faut veiller au respect des nouvelles règles et fixer à l’avance les sanctions en cas de désobéissance.

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confie-t-elle en souriant. Comme ses ados, elle utilise presque toutes les fonctionnalités de son smartphone, notamment Facebook. Elle est consciente de l’évolution fulgurante de la technologie; il n’est pas un jour sans qu’une nouvelle application ne se répande comme une traînée de poudre:«Il faut donc fixer des règles de base valables quel que soit l’outil utilisé. De toute manière, l’instauration d’un contrôle parental total est irréaliste à l’adolescence.» C’est dans cet esprit qu’elle a œuvré à la conception de l’atelier de sensibilisation aux nouveaux médias qu’elle anime aujourd’hui à Muotathal. Insistant sur les stratégies d’évitement, elle laisse les élèves se rendre compte d’eux-mêmes par le jeu de ce qui peut arriver s’ils ne les appliquent pas. En dehors d’un petit volet théorique, le cours fait la part belle à l’humour, à la complicité, au jeu et à l’interaction. Irena Zweifel a tôt fait de mettre les élèves à l’aise grâce à son enthousiasme communicatif et à un programme attrayant.

tester et découvrir Les participants s’initient au fonctionnement d’un réseau à travers des activités de groupe telles que la tour de Fröbel (cf. photo). A l’aide de couleurs, ils se rendent compte de la vitesse à laquelle une rumeur se propage, de l’absurdité d’une communication à sens unique et de l’impact que peut avoir une fausse information transmise de façon irrévocable. Malgré l’ambiance bon enfant, la leçon est retenue, comme le prouve d’ailleurs une évaluation menée par la Haute école spécialisée de la

Suisse du Nord-Ouest. «L’efficacité de ces ateliers a été démontrée», confirme Daniela Forni, cheffe du projet chili dans le canton de Schwyz. La non-assistance à personne en danger: voilà qui fait particulièrement réfléchir les élèves de 7e. Irena Zweifel leur explique qu’en n’intervenant pas, ils se rendent eux-mêmes coupables. Ce principe s’applique aussi à la participation passive à un groupe sur un réseau social, par exemple en cas de harcèlement ou de diffamation. Même sans tenir de

tous les membres d’un groupe sont complices. propos offensants, tout membre peut être considéré comme complice, ce qui vaut également pour les groupes privés WhatsApp. Un élève mentionne alors l’application Snapchat. L’occasion pour Irena Zweifel d’élargir ses horizons. «Ça sert à envoyer des photos qui s’affichent une poignée de secondes et qui ne peuvent pas être enregistrées», lui explique un participant sous le regard avisé de ses camarades. L’application semble très populaire depuis quelque temps. Elle permet une communication muette et instantanée sous le couvert illusoire de l’éphémère. Les nouvelles technologies évoluent à la vitesse de l’éclair; pour cette jeunesse avide de nouvelles expériences, elles représentent des dangers inédits. Et sans doute est-il possible depuis longtemps déjà de stocker à jamais ces images supposées fugaces.

redcross.ch/ateliers-chili


t ÉMOIGnAGe

Section lugano de la cRS tessinoise

vivre en colocation avec sa grand-mère d’adoption la croix-Rouge suisse de lugano joue les agences immobilières entre de jeunes étudiants et des personnes âgées. en plus de créer du lien entre les générations dans la bonne humeur, ces colocations sont bien souvent à l’origine d’amitiés durables. Sans compter que ce mode de cohabitation rassure les proches des seniors. TEXTE: annETTE FrommEr

PhoToS: TrES camEnzind

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tÉMOIGnAGe

D

ans la cuisine, c’est la franche rigolade. Pendant que les pâtes cuisent sur le feu, deux femmes pleines de tempérament rient aux larmes. A en croire Meriam Benhamza, âgée de 28 ans et de loin la benjamine, quand elles sont ensemble, qu’elles soient en train de cuisiner, de se promener ou d’apprécier la vue

«quand Meriam est là, je suis bien plus heureuse.» sur le lac de Lugano depuis la terrasse du sixième étage, elles sont toujours à rire. «C’est notre côté méditerranéen, nous aimons rire, parlons beaucoup, de tout et de rien, et nous nous disons tout», poursuit-elle. Deux ans et demi durant,

Quand elles sont ensemble, elles ne ratent jamais une occasion de rire, même si chacune a ses idées bien à elle en matière de cuisine.

Meriam Benhamza et Maria Migliarese gardent toutes deux d’excellents souvenirs de ces 30 derniers mois.

elle a habité chez Maria Migliarese, âgée de 77 ans. C’est la Croix-Rouge de Lugano qui les a réunies: SolidariETÀ – pour solidarité entre les générations – est un projet qui met en relation des personnes âgées seules cherchant de la compagnie et des jeunes étudiants en quête d’un logement bon marché. Cette solution, à première vue strictement pragmatique, fait en réalité la joie des participants tout en répondant à leurs besoins. Quand on demande à Maria Migliarese quelle est, à ses yeux, la meilleure expérience qu’elle a faite avec SolidariETÀ, son visage s’illumine: «Tout, dit-elle en riant. Quand Meriam est là, je suis bien plus heureuse. Je me sens en sécurité et mes quatre enfants se font moins de soucis pour moi. Meriam me demande 18

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comment je me porte, si bien que je ne me sens plus seule.» Originaire d’Italie, Maria est venue en Suisse alémanique il y a 50 ans. Quand son mari a pris sa retraite, ils se sont installés à Lugano où ils ont acheté un appartement au bord du lac. Lui a eu recours à l’offre d’ergothérapie de la CRS. Après sa disparition, Maria a fait appel au service de visite. C’est là qu’elle a entendu parler de SolidariETÀ.

vivre avec une colocataire qui lui rappellerait peut-être sa grand-mère. Trois cents francs, c’est le prix que les étudiants paient pour une chambre. «C’est évidemment l’une des raisons, mais pas la plus importante, pour laquelle j’ai déposé mon dossier.» Pour Meriam, Maria a été comme une seconde famille:«Nous sommes parties ensemble en vacances, je me suis rendue dans sa famille en Calabre et j’ai appris la cuisine italienne», raconte-t-elle. Et d’ajouter à propos de sa grand-mère d’adoption, non sans un clin d’œil au passage: «Par contre, Maria n’aime pas trop la cuisine marocaine, qui est trop épicée à son goût. Elle n’est pas adepte de nouvelles expériences gustatives. Après tout, elle est italienne, je peux comprendre.» Fin mai, après six mois à chercher un emploi en Suisse sans succès, Meriam est repartie vivre dans sa famille à Casablanca car son permis de séjour arrivait à échéance. Maria a du mal à se faire au départ de Meriam, surtout que les prochains étudiants n’arriveront qu’à l’automne. En attendant, elle passera l’été seule dans son appartement confortable et ira dans sa famille en Calabre. «Je vais bientôt rendre visite à Meriam au Maroc», assure-t-elle.

Une seconde famille En octobre dernier, Meriam Benhamza a terminé ses études de communication financière à l’université de Lugano. Quand la jeune Marocaine est arrivée en Suisse, elle ne voulait pas habiter seule et dès le départ, elle était partante pour

Une adepte de la première heure SolidariETÀ a été créée il y a quatre ans. S’inspirant de colocations intergénérationnelles telles qu’il en existe à Paris, Barcelone ou dans d’autres grandes villes, l’initiative est fondée sur le modèle


t ÉMOIGnAGe dissements: elle s’est mariée à Londres à un Néerlandais originaire d’Amsterdam, comme elle. «Nous sommes partis directement en Indonésie. La famille de mon époux vivait dans les colonies.»Le couple a eu sept enfants. Au début des années 50, lorsque l’Indonésie s’affranchit pour de bon des Pays-Bas, la famille quitte le pays pour s’installer en Suisse.

Une question de sécurité

de Milan. A Lugano toutefois, la CRS a du mal à mobiliser des personnes âgées. Leurs familles craignent des difficultés avec les jeunes. Mais une fois que les aînés ont décidé de tenter l’expérience, ils sont enchantés. C’est le cas de Caterina Wennubst. Depuis le lancement de SolidariETÀ, cette octogénaire loue plusieurs chambres à des étudiants à Lugaggia, sur les hauteurs de Lugano. C’est sa fille aînée, bénévole à la CRS, qui lui a parlé de ce pro-

«J’aime être entourée de jeunes.» jet. Actuellement, deux étudiants, Darya Basova et Salvatore Buttitta, vivent chez Caterina, qui apprécie la compagnie des jeunes. «Mais je suis très contente qu’ils aient leur vie à eux et qu’ils ne soient pas toute la journée à la maison. D’ailleurs, Darya vient de prendre le bus pour Lugano pour donner des cours de piano», dit-elle pour expliquer l’absence de la jeune Moscovite de 23 ans, qui étudie au conservatoire. Darya joue tous les jours sur le piano qui trône dans le salon de la grande villa. Des photos de contrées lointaines ornent les murs et des statues asiatiques sont disposées sur les commodes. Caterina Wennubst est originaire des Pays-Bas. Elle parle hollandais, italien, mais aussi allemand, anglais et français, et a des notions de malais. Ses yeux s’animent dès qu’elle se met à parler de son passé riche en rebon-

La passion de Caterina, c’est son grand jardin. «Le soir, on aperçoit parfois des chevreuils et des lièvres.» Mais cette villa située à l’écart n’est pas visitée uniquement par des animaux. Des voleurs sont déjà venus. «Heureusement, mon petit-fils les a fait déguerpir.» Malgré son grand âge, Caterina est souvent par monts et par vaux. Aussi, c’est une sécurité d’avoir des étudiants sous son toit. «A mon avis, Darya n’est pas mécontente que je m’absente de temps à autre. Dans ces moments-là, elle peut jouer tranquillement au piano», confie-t-elle avec le sourire. Elle s’est vite liée d’amitié avec la jeune étudiante. Elles papotent dans la cuisine, se promènent dans le jardin, et Caterina n’est pas insensible aux accords qui s’échappent du salon. D’ailleurs, si la jeune étudiante compte habiter encore un ou deux ans chez Caterina, ce n’est certainement pas pour son piano.

crocerossaticino.ch/sezione-delluganese

tRoiS qUeStionS SiMonA SALZBoRn C’est elle qui est à l’origine et à la tête de SolidariETÀ à la section Lugano de la CroixRouge. Cette Tessinoise de 55 ans s’occupe aussi gracieusement de l’encadrement de tous les bénévoles de la Croix-Rouge de Lugano.

À qUi S’aDReSSe SoliDaRietÀ? Cette initiative est destinée aux personnes âgées vivant seules, disposant au minimum d’une chambre libre et cherchant de la compagnie. Il faut par ailleurs qu’elles soient en bonne santé car les étudiants n’ont pas à dispenser de soins. Les candidats doivent avoir plus de 20 ans et être originaires d’un autre canton ou d’un autre pays. Le loyer mensuel est de 300 francs. qUelleS expéRienceS avez-voUS FaiteS? Quand la cohabitation se passe bien, tout le monde y trouve son compte, y compris les proches. Pour que cela fonctionne, nous sélectionnons soigneusement les colocataires: nous demandons par exemple aux étudiants s’ils fument, sortent le soir ou aiment bien les animaux de compagnie. La demande est forte du côté de la jeune génération. En revanche, il est plus difficile de motiver les personnes âgées, car elles sont moins ouvertes à la nouveauté et souvent se sont habituées à la solitude. L’exemple de Maria et Meriam prouve cependant à quel point l’expérience est enrichissante pour les deux parties. Pour ma part, j’ai plaisir à voir de telles amitiés se nouer. l’initiative a-t-elle eSSaiMé? La Croix-Rouge fribourgeoise a lancé le projet habiter/aider, qui s’inspire de SolidariETÀ. Mais là, les étudiants paient des frais uniques. En échange, ils fournissent des services. Il est tout à fait envisageable de mettre sur pied des colocations intergénérationnelles dans d’autres grandes villes de Suisse. Nous partageons volontiers notre expérience.

Caterina wennubst a ouvert les portes de sa maison à une étudiante et un étudiant. Humanité 3/2014

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American Red Cross /Talia Frenkel

Un geste pour les générations futures.

En rédigeant un testament, vous avez l’assurance que votre patrimoine sera réparti selon vos dernières volontés et que vos valeurs vous survivront. La brochure sur les testaments éditée par la Croix-Rouge suisse vous aidera dans cette démarche.

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NPA/Localité Téléphone Date de naissance ❏ Merci de prendre contact avec moi Croix-Rouge suisse Rainmattstrasse 10 Case postale CH-3001 Berne Téléphone 031 387 74 64


t Ête-À-t Ête vladimir cmiljanovic, ceo de piqur

«privilégier la stratégie la plus efficace» vladimir cmiljanovic, d’origine serbe, est arrivé en Suisse il y a quinze ans en tant que handballeur professionnel. après avoir mené de front carrière sportive et études de chimie, il est aujourd’hui, à 35 ans, le ceo de piqur, jeune société ayant développé une thérapie anticancéreuse novatrice pour laquelle des études cliniques sont déjà en cours. il nous explique pourquoi il a fait à la cRS un don en faveur des victimes des inondations dans les Balkans.

Quels échos avez-vous de la région, six semaines après la catastrophe? C’est comme s’il y avait eu un tsunami. Personne n’a jamais vu une catastrophe d’une telle ampleur, et personne ne l’avait anticipée. Récemment, mon père est allé en Serbie à un mariage auquel étaient également invités des Américains et des Suisses. Lorsque le car a traversé la région sinistrée, même les plus endurcis n’ont pu retenir leurs larmes. Le désespoir des gens est terriblement palpable. Beaucoup sont dévastés psychologiquement, car ils ont perdu ce qu’ils avaient mis 20 construire, à force de privations.

© Université de Bâle

inTErviEw: Tanja rEuSSEr

légier la stratégie la plus efficace pour soutenir un maximum de personnes durement touchées. Peu importe le pays. Les dégâts sont immenses, ce n’est pas en millions que se chiffreront les réparations... Or les dons sont quasiment la seule possibilité de faire face à ces coûts. Personne ou presque n’est assuré.

Vous voulez mettre au point une thérapie contre le cancer et vous encouragez votre Marié à une Bâloise et père de deux enfants, Vladimir Cmilentourage professionnel à janovic puise notamment dans sa famille une énergie qui lui donner comme vous à la cRS. permet de rallier les autres à ses idées. Qu’est-ce qui vous motive? ans à Oui, et sans que je le sache ni lui demande J’ai été éduqué comme ça, c’est quelque quoi que ce soit, ma femme aussi (rires). chose qui fait partie de moi. Je rêve dePour moi, il est important que l’affectation puis longtemps de trouver un remède au cancer, notamment pour les jeunes. Il y a Avez-vous été en contact avec des des dons soit contrôlée. Je fais confiance à la CRS, en sa qualité d’œuvre d’entraide en partie des raisons personnelles à cela. proches sur place pendant les jours où neutre, pour assumer cette mission. Je Mais pour ce qui est des Balkans, je ne se sont abattues ces pluies diluviennes? suis persuadé que la Croix-Rouge a une Mon père a appris ce qui se passait par m’engage pas seulement parce que je suis la famille et m’a tenu au courant. La plubonne vision d’ensemble de la situation Serbe. Bien sûr, il y a le lien émotionnel, part de mes proches habitent à Belgrade, et sait où son aide est la plus urgente. mais je donnerais aussi pour un autre pays la capitale. La ville a pu être sauvée grâce si ses habitants se retrouvaient dans une siaux digues construites par des milliers de cela ne vous dérange-t-il pas que tuation aussi désespérée. Pour moi en tout bénévoles. J’ai d’ailleurs été touché d’apcas, dans la mesure où l’on en a la possila cRS ne puisse vous promettre prendre que les gens s’étaient montrés bilité, aider est un devoir. Je pense ausd’investir votre don dans votre pays extrêmement solidaires. Mais j’ai aussi si que les pays concernés se souviennent d’origine? été choqué par les images des inondaJ’imagine qu’en Suisse, la plupart des qu’on leur a un jour tendu la main. Il faut gens originaires du sud-est de l’Europe se soutenir les uns les autres, ne serait-ce tions que j’ai pu voir dans les médias. ont envie que leurs dons profitent à la que parce qu’aucun pays ne sera jamais à l’abri d’une catastrophe naturelle. Vous avez fait un don à la cRS en région de leur famille. Mais pour moi, ce n’est pas la bonne attitude. Il faut agir faveur des victimes dans le sud-est de ➔ Lisez les pages suivantes pour en savoir plus sur l’engagement de la CRS. avec pragmatisme et intelligence, privil’Europe. Humanité 3/2014

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CO U p d e p R Oj e C t e U R

Regina wenk et son interprète emina Babovic Gojacic en pleine évaluation: la marque sur le mur de droite témoigne du niveau des eaux.

intempéries dans les Balkans

Redonner foi en l’avenir après les violentes crues de la mi-mai, les opérations de déblaiement ont débuté en Bosnie et en Serbie. les habitants, nombreux à avoir tout perdu dans la catastrophe, sont tributaires d’une aide. La Croix-Rouge suisse (CRS) a dépêché sur place l’ingénieure Regina Wenk afin de contribuer à l’aide d’urgence et de planifier la reconstruction. TEXTE: KaTharina SchindlEr

R

egina Wenk est bouleversée. Tant par l’ampleur des dégâts que par le désespoir de la population. Aux côtés de l’équipe locale de la CRS, elle s’est rendue dans de nombreux villages du nord de la Bosnie. «Tout en recueillant les données nécessaires auprès de communes, d’institutions sociales et de la Croix-Rouge bosnienne, nous nous sommes entretenus avec les si22

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nistrés. Nous disposons désormais d’une bonne vue d’ensemble des destructions et des besoins. Ces informations nous aident à mieux planifier nos opérations», explique l’ingénieure de 48 ans. Spécialiste de la statique des constructions et membre de la Chaîne suisse de sauvetage, elle a suivi des cours de la CRS pour se préparer à son intervention.

Repartir à nouveau de zéro C’est dans le village de Kopanice qu’elle rencontre par hasard Ane Zuparic. Jusqu’à la catastrophe, cette septuagénaire et son mari occupaient une petite ferme désormais réduite à un champ de ruines: «Tout ce qui leur restait, c’était une poule caquetant dans la bassecour recouverte de boue, raconte Regina Wenk. Lors de la guerre, ils avaient déjà


CO Up de pROjeCteUR dû abandonner leur ferme. Quand ils ont pu revenir il y a plus de 20 ans, ils ont dû repartir de zéro. Et maintenant, rebelote», constate la collaboratrice CroixRouge. Et Ane Zuparic est loin d’être la seule à avoir connu pareil destin. De visite en visite, Regina Wenk rencontre des gens qui, après s’être progressivement reconstruit une existence au sortir de la guerre, ont à nouveau tout perdu: maison, avenir et espoir. Face à une telle détresse, l’aide apportée par la Croix-Rouge est extrêmement précieuse: «Ces personnes ont besoin de preuves de solidarité, sans quoi elles perdent foi en l’avenir», souligne-t-elle.

personne ou presque n’est assuré Certains bâtiments ont été complètement détruits par les glissements de terrain. D’autres ont subi des dégâts considérables, mais peuvent être asséchés et rénovés à force d’efforts et de patience. L’un des problèmes majeurs, c’est qu’en Bosnie – contrairement à chez nous –, personne ou presque ne dispose d’une assurance couvrant une part des dommages matériels. L’incertitude domine donc:«Les personnes seules et démunies, qui figuraient avant même la catastrophe parmi les populations défavorisées, ont particulièrement besoin d’aide. Elles sont tributaires de notre soutien pour réhabiliter leur maison avant la rude saison hivernale», souligne Regina Wenk.

Remettre en état maisons et jardins

© Amer Kapetanović

D’ici le début de l’hiver, la CRS entend contribuer à la rénovation d’un maximum de bâtiments rendus inhabitables

Ce tapis souillé de boue est le seul signe rappelant qu’il s’agissait bien d’une pièce de vie.

Ane Zuparic est désespérée: l’agricultrice a tout perdu dans l’inondation.

par les dégâts d’eau. Elle se concentre sur le nord du pays, où elle mène depuis plusieurs années un programme en faveur des familles et des personnes âgées défavorisées. Pour les travaux de déblayage, elle a déjà mis à disposition déshumidificateurs, nettoyeurs à haute pression, pelles, pioches, balais et vêtements de protection. La boue a également envahi champs et jardins, annihilant les récoltes. De nombreux animaux sont morts dans les crues. L’autosuffisance étant ici monnaie courante, la nourriture viendra à manquer pour de nombreuses familles dans les prochains mois. Jusqu’au printemps, la CRS leur fournira donc des vivres et les aidera à remettre leur jardin en état.

Aide d’urgence Dès les premières heures après la catastrophe en Bosnie, les six membres de l’équipe de la CRS se sont attelés aux opérations d’aide d’urgence. Avec le concours de bénévoles de la Croix-Rouge locale, ils ont distribué 17 000 conserves, 250 kg de comprimés de purification d’eau ainsi que de grandes quantités de produits désinfectants, de matériel de nettoyage, de pelles, de couvertures, de matelas et de bottes en caoutchouc. La CRS a en outre fourni 400 déshumidificateurs destinés au séchage des bâtiments. Présente depuis des années dans cette région où elle a noué de nombreux contacts, elle a pu faire preuve d’une grande réactivité.

Intervention de la Croix-Rouge en serbie En Serbie aussi, la CRS participe aux travaux de réfection et de reconstruction en étroite collaboration avec la CroixRouge autrichienne, qui dispose d’un solide réseau dans le pays. Début juillet, elle a dépêché une déléguée sur place afin de planifier les opérations de reconstruction. Comme de coutume en cas d’événement majeur, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a coordonné l’aide apportée par ces dernières. Dans une optique de répartition des rôles au sein du Mouvement CroixRouge, la CRS a décidé d’attendre le début de la phase de reconstruction pour intervenir en Serbie. En effet, huit autres Sociétés nationales assurent déjà l’aide d’urgence sur place depuis le lendemain de la catastrophe.

redcross.ch/inondations-balkans

À pRopoS La CRS remercie l’ensemble de ses donatrices et donateurs pour leur solidarité. Elle salue particulièrement le soutien financier apporté par Coop, Migros et par d’autres entreprises, autorités et fondations. Pour venir rapidement en aide aux populations sinistrées en Bosnie-Herzégovine et en Serbie, elle recourt en outre à des fonds de la Chaîne du Bonheur et de la Croix-Rouge autrichienne.

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sUR le teRRAIn

en cas d’urgence, une évacuation par des équipes de sauvetage de la Croix-Rouge peut sauver des vies.

vietnam

Urgence dans le delta du Mékong Selon des estimations, le delta du Mékong pourrait se retrouver sous 70 cm d’eau dans une cinquantaine d’années. aujourd’hui déjà, de nombreux villages doivent lutter contre les inondations. la croix-Rouge les soutient en construisant des maisons résistantes et encourage la prévention des catastrophes. TEXTE: PETEr jaEggi

C

PhoToS: roland Schmid

e n’est pas une bonne nouvelle que le directeur de l’école primaire de Dat Mui, à l’extrême sud du Vietnam, apprend ce matin-là par téléphone: «Une digue a cédé et les flots menacent le bâtiment!» L’appel du comité populaire local déclenche la plus grande agitation chez 600 élèves et le personnel enseignant. Il en va de leur survie. Le proviseur, 24

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armé d’un mégaphone et de sa sirène, mène les opérations, avec pour objectif

au vietnam, la cRS encourage la préparation aux catastrophes. que tous se mettent rapidement à l’abri au dernier étage. Les enfants montent les escaliers à toute vitesse, leurs professeurs

emportent des manuels scolaires et de l’eau potable. L’un d’entre eux s’empare de «papa Hô», un buste en plâtre du père de la nation, Hô Chí Minh. Si cette rupture de digue n’est qu’une simulation, et l’évacuation qu’un exercice de préparation aux catastrophes mené par la Croix-Rouge suisse (CRS), la menace n’en est pas moins réelle. Le delta du Mékong


sUR le teRRAIn Des maisons trop près de l’eau et construites sur un sol boueux – mais où habiter quand on vit de la pêche?

Les écoliers apprennent à garder leur sang-froid et à se mettre en sûreté au dernier étage du bâtiment.

est un milieu fragile: des bras de fleuve très ramifiés, des canaux par milliers, des bassins d’aquaculture à perte de vue séparés seulement par de fines digues qui supportent d’étroits sentiers et routes. L’irrigation est régulée par les marées. Vu du ciel, le paysage ressemble à une vaste étendue d’eau.

ou tout juste au-dessus. «Les plus pauvres sont aussi les plus démunis face aux caprices de la nature», indique Ton That Khanh, expert de l’environnement. Leur maison de fortune les rend particulièrement vulnérables aux typhons. La plupart d’entre eux dépendent de la pêche et vivent au bord de l’eau, ce qui

les expose encore plus au danger. La province de Ca Mau, la plus méridionale du Vietnam, est souvent frappée par des tempêtes tropicales pendant la saison des pluies, d’octobre à janvier. Les pêcheurs, qui ne peuvent prendre la mer, sont alors privés de revenus. Et la famine frappe de nombreux foyers. L’ancienne habitation de Nguyen Van Cuong n’est pas la seule du delta à avoir été engloutie par les flots. Ces deux dernières décennies, l’Etat, avec le concours de l’aide internationale, a dû reloger plus d’un million de personnes. La CRS a participé à ces opérations en bâtissant 1300 modestes maisons résistant aux inondations et aux tempêtes. Parmi lesquelles celle de Nguyen Van Cuong. Il habite aujourd’hui à quelques minutes en bateau de son ancien logement. L’Etat a offert 270 m2 de terrain

des réfugiés climatiques Sur la rive, les pieds dans la boue, Nguyen Van Cuong, pêcheur et travailleur journalier, montre où se trouvait autrefois sa maison. Il y a vécu douze ans avec sa famille; il l’avait construite de ses propres mains, en bois et en feuilles de palmier. «L’eau ne cessait de monter, jusqu’à pénétrer un jour à l’intérieur. On ne pouvait plus rester», raconte-t-il. Lui et sa famille sont devenus des réfugiés climatiques. Il ne leur a pas été facile d’abandonner leur chez eux. En partant, le pêcheur a rassemblé quelques piquets de bois de sa maison bientôt submergée qui servent aujourd’hui à clôturer sa petite porcherie. Nguyen Van Cuong fait partie des quelque 50% des habitants du delta du Mékong à vivre sous le seuil de pauvreté

nguyen Van Cuong (2e en partant de la gauche) et sa famille sont soulagés: grâce à la CRS, ils ont un nouveau chez eux. Humanité 3/2014

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sUR le teRRAIn à chaque famille concernée. La nouvelle construction antitempête Croix-Rouge fait 25 m2, les familles peuvent y ajouter des annexes simples pour agrandir leur espace habitable. Afin de créer suffisamment de place pour l’élevage de crevettes, d’énormes surfaces de mangrove ont été déboisées – avec des conséquences dramatiques. Les mangroves brisent les grandes vagues et protègent des flots, qui provoquent l’érosion. Elles arrêtent les sédiments, permettant ainsi à la terre de croître vers la mer. Le Pr Duong Van Ni, agronome et spécialiste de l’environnement à l’Université de Can Tho:«A la pointe sud du Vietnam autrefois, la terre gagnait chaque année entre 15 et 20 mètres sur la mer. Aujourd’hui, c’est l’inverse, elle est détruite par l’érosion.» L’Etat investit beaucoup d’argent dans le reboisement. «C’est une gageure, explique le Pr Ni, parce que la population augmente. Il faudrait déplacer les habitants.»Il ne voit pas l’avenir avec

À pRopoS Un DeMi-Siècle De MoBiliSation aU vietnaM De tous les pays étrangers où intervient la Croix-Rouge suisse (CRS), le Vietnam est celui dans lequel son engagement est le plus ancien: 50 ans sans discontinuer. Pendant la Guerre du Vietnam déjà, la CRS y a déployé secours d’urgence et chirurgiens de guerre. Après la fin des hostilités en 1975, elle a surtout veillé à rétablir l’offre de soins de base, puis à ouvrir des hôpitaux et des orphelinats. Ces structures ont accueilli nombre de victimes de l’«agent orange» – défoliant dont la toxicité est à l’origine d’atteintes graves et durables à la santé de la population. Typhons et inondations étant récurrents au Vietnam, la CRS y enchaîne depuis les années 90 les opérations d’aide d’urgence. Grâce à elle, des villageois ont été relogés dans 3500 habitations résistant aux flots et aux tempêtes. La prévention des catastrophes revêt une importance accrue. La CRS s’associe à la Croix-Rouge vietnamienne pour réduire la vulnérabilité de deux provinces méridionales: les risques sont cartographiés, des plans d’évacuation établis et des cours de premiers secours dispensés. De plus, des mesures sont prises pour protéger écoles, cliniques et principaux axes de communication des crues et des tempêtes.

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L’une des maisons résistant aux flots et aux tempêtes que la CRS a construites

retenue pendant la période sèche, alors que le Vietnam en manque cruellement; elle est déversée à la saison des pluies, ce qui provoque des inondations. «Si rien ne change, six millions de personnes supplémentaires devront peut-être être relogées», dit Michael Annear, qui a auparavant conduit des programmes de gestion de catastrophes en Asie et en Afrique et représente aujourd’hui la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) au Vietnam. Il est donc capital d’investir dans la prévention. Des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont fait le calcul et constaté «que chaque franc investi dans la prévention permet d’économiser entre

sérénité:«Le ministère de l’Environnement et plusieurs instituts de recherche estiment que dans une cinquantaine d’années, la moitié du delta du Mékong aura disparu sous 70 centimètres d’eau.» Ce qui équivaut quasi à la moitié de la Suisse.

Une rizière fragile Le delta du Mékong est la rizière du Vietnam. Chaque année, la région produit quelque 42 millions de tonnes de riz, qui nourrissent une quarantaine de pays dans le monde. «Le delta du Mékong et quatre autres grands deltas fournissent 80% de la production mondiale de riz. Or n’oublions pas qu’il n’est pas le seul à subir la montée des eaux. Celle-ci a donc une influence directe sur la sécurité alimentaire de la planète.» Le Pr Ni ajoute qu’en plus du changement climatique, la déforestation est la principale cause de la multiplication des catastrophes naturelles. Dans 20 ans, près des deux tiers des forêts auront disparu dans la partie septentrionale du Mékong. «L’eau auparavant retenue par la végétation s’infiltre à présent de toutes parts dans le delta, faisant monter le niveau.» A quoi s’ajoutent les pluies qui emportent la terre des zones déboisées, générant ainsi de grandes quantités de sédiments qui augmentent le lit du fleuve. Les routes et les innombrables étangs et talus de terre construits un peu partout entravent le cours naturel du fleuve. Le Pr Ni est aussi préoccupé par les barrages-réservoirs chinois en amont du Mékong: l’eau est

Michael Annear, de la FiCR, plaide en faveur d’une meilleure prévention des catastrophes.

cinq et dix francs sur les coûts liés aux catastrophes», remarque Michael Annear. Il s’agit souvent de mesures simples mais très efficaces, comme la construction d’un pont qui permet aux habitants de fuir à temps une inondation, ou des structures stables qui leur servent d’abris lors d’un typhon.

investir dans la prévention des catastrophes est payant. A l’école primaire de Dat Mui, l’exercice d’évacuation s’achève en musique. Une chanson joyeuse pour apaiser les esprits. La plupart des enfants qui se rendent à l’école en bateau ne savent pas nager. Les propos de l’ancien chef du village sont eux aussi inquiétants: «Dans quelques années, les nouvelles maisons seront peut-être elles aussi submergées en raison de la montée incessante du niveau de l’eau. Les digues de protection doivent être relevées chaque année.» A Dat Mui et dans bien d’autres endroits du delta, une digue qui cède est un scénario catastrophe plus que plausible.

redcross.ch/vietnam


en BRef guide des premiers secours tra ft ex e it llh M tfa No

■ En cas d’urgence, il est essentiel de savoir intervenir de façon appropriée en effectuant les gestes qui sauvent. L’ouvrage Erste Hilfe careum leisten – sicher handeln, dont la publication en français et en italien est prévue pour 2015, apprend au lecteur à catégoriser les divers troubles et à maîtriser les événements. Il renferme aussi des informations utiles sur des tableaux cliniques et symptômes ne relevant pas d’une situation d’urgence. Il est ainsi plus aisé d’évaluer dans quelle mesure une intervention rapide est requise ou non. Un aide-mémoire détachable permet en outre de vérifier en tout temps les différentes étapes des premiers secours. Cette publication, fruit d’une collaboration entre l’Alliance suisse des samaritains, la Société Suisse de Sauvetage, la Rega, le Club Alpin Suisse et le Secours Alpin Suisse, est disponible en allemand aux éditions Careum (39 CHF). Erste Hilfe leisten sicher handeln

Verlag

careum.ch

la puissance évocatrice de l’image ■ Constatant qu’en Suisse, les habitants ne sont pas tous aussi bien informés en matière de santé dentaire, la CRS a réalisé une vidéo de sensibilisation sur ce thème. Il s’agit d’un film muet, car les messages de prévention doivent être accessibles à tous. Ce court métrage, qui prend le parti de l’humour, a été disséminé sur Internet via divers réseaux sociaux.

redcross.ch/santedentaire

les samaritains, une école de la vie ■ A Landquart, 130 moniteurs Jeunesse de l’Alliance suisse des samaritains (ASS) ont pris part à un stage intensif de formation. Un programme ambitieux de quatre jours centré sur la communication, la gestion des conflits ainsi que sur les principes de base de la didactique et de la conduite d’équipe avait été réservé aux participants. Motivés, ceux-ci ont

ainsi pu acquérir des compétences qui leur seront utiles tant au quotidien que dans leur engagement auprès de leur groupe Help de la Jeunesse samaritaine. Nous tenons à remercier sincèrement les sponsors Coca-Cola HBC Suisse et PPO Services SA, qui ont fourni des boissons rafraîchissantes et des fruits aux participants.

pelikan, nouveau partenaire de la cRS ■ Depuis 2003, la Croix-Rouge suisse (CRS) propose aux entreprises, communes et institutions un service gratuit de recyclage de cartouches d’encre et de toner usagées. Les consommables, revalorisés depuis 2010 avec le fidèle concours d’Alteco Informatik SA, le sont depuis avril 2014 avec celui de Pelikan également. La CRS se réjouit de collaborer avec cette entreprise renommée et bien établie. Après vérification au centre de recyclage de Pelikan, les cartouches sont dans la mesure du possible réintégrées dans le circuit de production. La société contribue ainsi durablement à la réduction des déchets et à l’optimisation des ressources. Elle verse en outre un don à la CRS pour chaque cartouche récupérée. Quelque 4000 entreprises recourent à ce service et soutiennent ainsi la CRS. La vôtre ne participe pas encore à l’opération? Pour en savoir plus, rendez-vous sur:

chaque-cartouche-compte.ch

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Ensemble pour une bonne cause. Les collaborateurs du Credit Suisse s’engagent en faveur de projets d’utilité publique. Ils soutiennent notamment le projet d’intégration de la Croix-Rouge suisse «Viens chez moi», qui permet aux enfants de langue étrangère de se familiariser avec la langue allemande et la culture suisse. En 2013, presque 5000 collaborateurs du Credit Suisse se sont engagés pour la communauté. Découvrez nos activités Corporate Volunteering. credit-suisse.com/volunteering


pÊl e -M Ê le Bangladesh

Un curry à midi avec ses currys de légumes et de lentilles délicieusement relevés, souvent accompagnés de viande ou de poisson et servis avec du riz, la cuisine bangladaise ressemble à sa voisine indienne. TEXTE: KaTharina SchindlEr

PhoToS: rEmo nägEli

Recette cURRy De coURge et coURgetteS et Riz BaSMati Pour 4 personnes

Sur ce qui lui sert de plan de travail, Shima Katun prépare toutes les épices de son curry.

L

a route jusqu’à Mongli, dans le nord du pays, traverse des hameaux et de vastes champs. C’est la moisson, saison de dur labeur pour les habitants. Nombre d’entre eux rentrent clopin-clopant les grandes bottes de céréales sur leurs épaules. D’autres sur un rickshaw ou une charrette de fortune tirée par deux bœufs. Lorsque nous arrivons au village, Shima Khatum (cf. page 7) prépare le repas de

Du petit bois pour allumer le four, de la bouse séchée et du bois pour les braises

midi. Avec un grand couteau, la jeune femme coupe une courge orange vif – en petits morceaux pour accélérer la cuisson et économiser du bois ou de la

au Bangladesh, on mange avec la main droite. bouse de vache, combustible bon marché utilisé ici pour cuisiner. Puis elle épluche des oignons et écrase quelques piments à l’aide d’une pierre. Ses gestes sont précis. Elle ajoute d’autres épices et verse le tout dans une casserole qui va mijoter dehors sur le four en terre cuite. Avec son mari et leur fils Tonmoy, ils s’installent dehors à même le sol, à l’ombre des arbres. Il n’y a pas de place à l’intérieur et la chaleur y est encore plus étouffante. Les plats, servis tièdes afin de pouvoir être dégustés sans couverts (il fait bien assez chaud comme cela!), se mangent avec la main droite, d’où l’importance de l’hygiène.

1 tasse de riz basmati 3 cs de beurre clarifié ou de ghî 2 oignons, finement coupés 1 piment vert émincé 1 cc de coriandre moulue 1 cc de cannelle 1 cc de curcuma 1 cc de cumin 2 morceaux de courge et 2–3 courgettes, coupés en dés 250 ml de bouillon de légumes 1 boîte de 250 ml de lait de coco 1 cc de vinaigre Sel et poivre 1 bouquet de coriandre grossièrement hachée préparation Préparer le riz en suivant les indications sur l’emballage. Faire fondre le beurre ou le ghî dans une grande casserole puis faire suer les oignons. Ajouter le piment émincé et les épices. Laisser cuire jusqu’à ce que les parfums se développent. Incorporer les dés de courge et de courgette. Laisser cuire 3 minutes. Déglacer avec le bouillon puis ajouter le vinaigre, le sel et le poivre. Porter à ébullition et poursuivre la cuisson à feu doux pendant 15 minutes. Verser le lait de coco. Laisser mijoter jusqu’à l’obtention d’une texture onctueuse. Parsemer éventuellement de coriandre fraîche.

magazine-humanite.ch/recettes Humanité 3/2014

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pÊ le - M Êle hUManité 2/2014 solution des derniers mots croisés: ReCOnstRUCtIOn félicitations aux gagnants: Heidi Kaiser, Suhr Käthy Schär, Oberbuchsiten Willi Scheidegger, Wila Katharina Tschumi, Allschwil Monika Vittur, Winterthur

solutions des autres jeux de la dernière édition:

Karma, alias Marco Ratschiller, est dessinateur humoristique et rédacteur en chef du magazine satirique nebelspalter.

labyrinthe

Tracez le chemin qui va de l’entrée à la sortie de ce labyrinthe tortueux. Si vous le faites correctement, une figure apparaîtra.

9 6 2 3 7 5 4 8 1

5 1 7 6 4 8 3 9 2

4 8 3 1 2 9 5 6 7

7 9 5 2 8 1 6 4 3

3 2 6 7 5 4 8 1 9

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7 6 1 2 5 3 8 4 9

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8 7 3 5 1 4 9 2 6

9 1 6 8 2 7 4 5 3

Vous trouverez les solutions du sudoku, du jeu des différences et du labyrinthe dans la prochaine édition et sur la page Internet

➔ 30

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magazine-humanite.ch


pÊl e -M Ê le Mots croisés CAPITALE TÊTES DU EN L’AIR BANGLADESH BARBARIE

Sudoku

PORTION

AU MONDE

SOTTISE

SOCIÉTÉ SUISSE DE SAUVETAGE

HURLER

GRIVOIS

VASES COUTUMES

VULGAIRE

8 9

RÊVEUR VENTILE

7

10

4

ABATTRE

ÉTAIN ÉTAL

AGACE

11

DIEU DE L’AMOUR CROCHETS

8

6 3

HALOS 2

LUTTAS

EN FORME D’ŒUF CAUSTIQUES

BÉNIT AUX RAMEAUX

9

1 SUJET INFERTILE

SUR LA CROIX

CONDITION

FILET D’EAU

BAIE DU JAPON

FILS D’ISAAC

CALCIUM

7 3

6

9

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1

8

2

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7

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4 1

8 5 9

3

3

PLIAS 5 DIEU GAULOIS

1

PRONOM

VEDETTE 6

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2

7

Conditions de participation au concours: Les gagnants seront avisés par écrit. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Les prix ne peuvent être convertis en espèces. Tout recours juridique est exclu.

Jusqu’au 30 septembre, la gourde CRS conçue par SiGG est au prix rafraîchissant de 20 CHF, dont 5 CHF seront reversés à des projets CRS pour l’accès à l’eau potable. ➔ redcross.ch/shop

3 5

7 1

3 1 8

2 4 5 06010029341

Remplissez la grille de sudoku de manière à ce que chaque chiffre de 1 à 9 ne se trouve qu‘une seule fois sur chaque ligne, dans chaque colonne et dans chaque petit carré de trois cases sur trois.

Jeu des différences

© Remo Nägeli

Offre spéciale été

9 6

2 1 6 3 1 6 4 9 9 8 Conceptis Puzzles

À gagneR

8 4

5

Il y a dix différences entre les deux photos ci-contre. A vous de les trouver!

Concours Un tirage au sort sera effectué parmi les solutions correctes des mots fléchés. Cinq gourdes SIGG de 0,6 l sont à gagner. Envoyez-nous la solution correcte et votre adresse par courriel à crosswords@redcross.ch ou par carte postale à: Croix-Rouge suisse Magazine Humanité Case postale 3001 Berne Délai d’envoi: le 10 octobre 2014

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tous les êtres humains ont le droit d’être soignés. la CRs vient en aide aux populations défavorisées souffrant de maladies curables.

nous avons besoin de votre don. Compte postal 30-9700-0


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