Magazine Humanité 2/2014: Aider les victims oubliées

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Impressum Humanité, 2e édition 2014 Juin 2014 ISSN 1664-2015 Photo de couverture et verso: Remo Nägeli Editeur: Croix-Rouge suisse, Rainmattstrasse 10, Case postale, 3001 Berne Téléphone 031 387 71 11, info@redcross.ch, www.redcross.ch Dons: CP 30-9700-0 Conseil sur les legs: téléphone 031 387 72 83 Notification de changement d’adresse: par courriel à pf.service@redcross.ch ou par téléphone au 031 387 74 64

Reportage – Philippines 4 Aider les victimes oubliées 8 «Maintenant, place à des logements solides» 9 TRIBUNE – Nubya La part des choses 12 Engagement – Thomas Rauber, section SSS de Baden-Brugg Sauveteur et sportif chevronné

Adresse de la rédaction: Croix-Rouge suisse, Rédaction Humanité, Case postale, 3001 Berne humanite@redcross.ch, www.magazine-humanite.ch

14 sur le terrain – Honduras: programme de la CRS en faveur des jeunes Réchapper de la rue

Rédaction: Tanja Reusser (rédactrice en chef), Urs Frieden (Santé et intégration), Andreas Häner (Levée de fonds), Daniela Mathis (Coopération internationale), Isabelle Roos (Partenariats avec le secteur privé), Christine Rüfenacht (Santé et intégration), Isabel Rutschmann (Communication), Katharina Schindler (Coopération internationale)

16 arrière-plan – Ensemble contre la leucémie Un geste salvateur: le don de cellules souches du sang

Contributions à la présente édition: Markus Mader, Marco Ratschiller, Julia Zurfluh Abonnement: l’abonnement coûte 6 CHF par an et est offert aux donateurs de la CRS. Parution: trimestrielle Langues: français, allemand et italien Tirage: 125 204 exemplaires Copyright sur toutes les photos sans indication: Croix-Rouge suisse Traduction: Service de traduction CRS Graphisme et impression: Vogt-Schild Druck SA, Derendingen

18 TÊTE-À-TÊTE – Danielle Breitenbücher, membre du CCR La benjamine de l’organe directeur 22 témoignage – Aide aux proches de personnes atteintes de démence Retrouver la force d’être là pour l’autre

Prochaine édition: août 2014

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coup de projecteur – Virus Ebola en Guinée L’information comme arme

PERFORM ANCE

neutral Imprimé No. 05-14-592491 – www.myclimate.org © myclimate – The Climate Protection Partnership

Humanité est imprimé sur du papier recyclé à 100%. Parce qu’économiser les ressources, c’est préserver l’environnement.

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29 PÊLE-MÊLE Sinigang, soupe acidulée Jeux, dessin humoristique


© Remo Nägeli

é d i tor i a l

Une remarquable conception de la vie Chère lectrice, cher lecteur, Savez-vous combien de choses vous possédez? Comme moi, vous n’en avez certainement pas la moindre idée. Des centaines, des milliers? Dans leur petit village de pêcheurs, Andy (à gauche) et Rosalie Talangay, eux, n’auraient sans doute besoin que de quelques minutes pour faire le total. Et pour une fois, Haiyan n’y est pas pour grand-chose: ici, on a toujours vécu avec le strict nécessaire. Comme chez tous les Philippins, j’ai été surpris par la modestie, l’énergie et l’optimisme de cette petite famille. Quelle belle façon de voir la vie! Voilà un peuple qui plie, mais ne rompt pas – à l’image du bambou qui a servi à reconstruire les huttes. Cette attitude m’a d’autant plus impressionné que l’archipel est sans cesse le jouet des caprices de la nature: tempêtes, séismes, tsunamis ou encore éruptions volcaniques, à tel point que la Croix-Rouge philippine est l’une des organisations les plus expérimentées au monde dans le domaine de la gestion de catastrophes. Même après ce typhon sans commune mesure avec les tempêtes précédentes, la Croix-Rouge locale garde le contrôle de la situation. Notre appartenance à une même organisation planétaire – connue, du reste, de tous les petits Philippins – nous ouvre les portes de la population ainsi que celles de notre Société sœur, dont le travail m’inspire le plus grand respect. Nous avons besoin de vos dons pour pouvoir poursuivre notre travail. Car d’autres tempêtes viendront. Et ce n’est pas derrière des tiges de bambou, si souples soient-elles, que les Philippins seront en sécurité. Il est important d’aider ce peuple à se doter d’abris fiables et à mieux se préparer aux catastrophes. J’ai pu me rendre compte par moi-même de l’urgence de la situation, et je vous invite maintenant à en faire autant dans les pages qui suivent. Avec mes salutations les meilleures,

Markus Mader Directeur de la Croix-Rouge suisse Humanité 2/2014

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r e p o rtage

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r e po rtage

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première vue, tout est rentré dans l’ordre à Busuanga: les rues sont dégagées, la plupart des maisons remises en état. La végétation repousse, déjà luxuriante. Mais l’impression est trompeuse. Si la nature se remet vite, les hommes, eux, sont encore traumatisés. Bien qu’habitués aux événements climatiques extrêmes, jamais ils n’avaient vécu semblable cataclysme. A San Rafael, Sally, tout sourire, tend à ses visiteurs suisses une enveloppe ornée de la croix rouge. Elle y a trouvé l’équivalent de 40 CHF, un soutien accordé sans formalités par la Croix-Rouge suisse (CRS) aux victimes du typhon Haiyan sur l’île de Busuanga. «Merci beaucoup pour votre aide! Pour moi, cette enveloppe est un symbole d’espoir, mais aussi de reconnaissance. C’est pour cela que je la

Les colliers de fleurs offerts au directeur de la CRS sont autant de cadeaux de bienvenue.

garde.» Markus Mader, directeur de la CRS, est touché par l’immense gratitude témoignée par les habitants. «Plus encore, ce qui m’impressionne, c’est que ces gens aient pu reconstruire tant de choses si vite et avec si peu de soutien», confiet-il à l’occasion de sa visite. Une visite qui doit l’aider à se faire une idée de la situation sur place et des besoins de la population, la CRS ayant décidé de s’engager aux Philippines durant les années à venir. En cette funeste matinée du 8 novembre 2013, la colère d’Haiyan a duré près d’une heure. Faites pour la plupart de bois et de bambou, comme celle de Sally, les maisons ont été soufflées, quand elles ne se sont pas effondrées comme des châteaux de cartes. Les régions côtières 6

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ont été inondées, des millions d’arbres déracinés. Impitoyable, le typhon a privé nombre de Philippins de leurs moyens de subsistance: de leurs surfaces agricoles, de leurs cocotiers, et, coup particulièrement rude pour les habitants de Busuanga, de leurs bateaux de pêche et de leurs réserves halieutiques, mises à mal par le tsunami. Dans les premiers mois, l’aide d’urgence de la CRS a permis de soulager les victimes. Le reste prendra plus de temps, à l’instar de la construction de logements robustes et résistant aux intempéries, qui ne fait que commencer.

Palawan, les îles oubliées Le nord de l’archipel de Palawan, auquel appartient Busuanga, était et reste une

province oubliée des Philippines. Pauvre et structurellement faible, elle n’a pratiquement reçu aucune aide hormis celle de la Croix-Rouge. Sa population, essentiellement indigène, vit avant tout de la pêche. A Tagumpay, Markus Mader demande à Carina Salva (couverture et verso) comment se débrouille sa famille, dont la petite dernière, Selina, n’a que deux ans, depuis que le typhon a détruit les embarcations. Elle lui répond qu’en attendant de pouvoir construire un nouveau bateau, son mari, comme tant d’autres, se contente de quelques tiges de bambous ficelées entre elles. Face à son interlocuteur, visiblement ému, elle poursuit: «Oui, Haiyan n’a épargné personne.» Puis, pointant du doigt un endroit situé un peu en hauteur: «C’est là qu’était notre maison. Il ne reste plus rien. Nous avons passé quatre mois et demi dans un abri.» On comprend son

«La priorité est de redonner un toit aux victimes.» bonheur lorsqu’elle souligne que «grâce à la Croix-Rouge, nous avons aujourd’hui une nouvelle maison». Markus Mader, lui, reste pensif: «Ces maisons de bambous ne résisteraient pas plus à une forte tempête que les anciennes constructions. Or c’est là l’objectif à long terme. Mais après une catastrophe, la priorité est de redonner un


r e po r tag e A Malawig, Markus Mader fait la connaissance de Rosalie et Andy Talangay – le matériel livré par la CRS a permis à cette famille de pêcheurs de se construire une nouvelle maison.

plus anciennes tribus des Philippines, vivent ici depuis des générations. Ils nous racontent que le typhon n’a laissé quasiment aucune maison debout et qu’eau et électricité ne sont toujours pas rétablies. Des ruines et des entrelacs de cocotiers renversés témoignent de la violence de la tempête.

«L’eau de mer amenée par le typhon a entraîné une salinisation des sols.» Aujourd’hui toutefois, le village a des airs de fête. Tout le monde est venu accueillir le directeur de la CRS et le président de la Croix-Rouge philippine. Les villageois veulent savoir ce qu’il reste à faire et comment la construction sera menée. Andy Talangay est là lui aussi: il a renoncé à la

compose d’une seule pièce, que le couple partage avec ses deux enfants en bas âge. La cuisine se fait à l’extérieur, sur un feu. Voulant savoir de quoi ils vivent, Markus Mader apprend d’Andy Talangay qu’il est pêcheur: «Je prends jusqu’à cinq poissons par jour sur ma ligne.» L’excédent est revendu à un intermédiaire, qui le porte ensuite jusqu’à Coron. Les légumes, en revanche, doivent être achetés: «L’eau de mer amenée par le typhon a entraîné une salinisation des sols, plus rien ne pousse ici, explique Rosalie Talangay. De plus, le tsunami a détruit nos zones de pêche.»

Bientôt la rentrée Si les écoliers sont encore en vacances, la rentrée est prévue pour juin, en même temps que le début de la saison des pluies. Or de nombreux établissements

toit aux victimes. Par plus de 30 degrés et avec un régime pluviométrique tropical, c’est un minimum.»

Défi logistique Trois heures de piste sinueuse et cahoteuse, un nuage de poussière permanent, de nombreux ponts détruits – le trajet de Coron à Malawig nous fait vite comprendre à quel point il est difficile d’acheminer de l’aide dans cette région. Le retour finira de nous en convaincre: la pluie ayant fait son apparition, la route se transforme par endroits en ruisseau, et les convois lourdement chargés de matériel pour la reconstruction font du surplace. Daniel Nash, logisticien CRS, nous explique pourquoi le transport terrestre a malgré tout la préférence: «La mer ici n’est pas profonde, et les nombreux récifs coralliens nous compliqueraient encore la tâche.» Par ailleurs, les avions légers adaptés sont rares, sans compter que la facture serait beaucoup plus salée. «Quelles que soient les difficultés, la Croix-Rouge a toujours réussi à acheminer son aide aux destinataires», conclut le spécialiste.

Lointain Malawig Niché entre deux baies, le village de Malawig se caractérise par un accès aussi difficile que son cadre est enchanteur. Rien d’étonnant quand on sait que Malawig signifie «loin». Les Tagbanuwa, l’une des

Les écoliers apprennent aujourd’hui dans des classes qui protègent insuffisamment des intempéries.

Daniel Nash, logisticien CRS, informe son directeur des défis à relever.

pêche pour venir dire salámat – merci. Accompagné de sa femme Rosalie, il est ravi de nous montrer leur nouvelle maison, qu’ils ont pu bâtir grâce à l’aide de la CRS. Montée sur pilotis, cette simple hutte aux murs de bambou et au toit de tôle se

sont encore en ruines, le mobilier est inutilisable. Dans la mesure du possible, les villageois ont installé des salles de classe provisoires, comme à Decalachao, dans le centre des terres; toutefois, il ne s’agit souvent que d’un simple toit qui ne protège guère du vent ni de la pluie. «Il reste encore beaucoup à faire, mais cette visite est encourageante. Je vais ramener à Berne le souvenir de rencontres vraies et touchantes, et m’en servir comme levier dans le cadre de notre travail. Durant les trois années à venir, la CRS et son équipe vont s’engager sur place dans la reconstruction et aider les Philippins», conclut Markus Mader. Car c’est une certitude: de nouvelles tempêtes viendront.

➔  redcross.ch/philippines Humanité 2/2014

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Votre parrainage – pour répondre à l’urgence r,

r jou a p F H C vec 1 ersonnes p s e l z e d ai sse! en détre

© Canadian Red Cross/Gwen Eamer

A

Novembre 2013: un typhon ravage les Philippines. La CRS envoie des équipes d’urgence et des biens de secours.

 Oui, je souscris à un parrainage pour 1 CHF par jour, soit 30 CHF par mois.  Veuillez m’envoyer des informations sur les parrainages de la CRS. Prénom/nom: Rue/n°:

En Suisse comme à l’étranger, les situations de crise requièrent une intervention rapide. Parrainer notre action, c’est secourir sans tarder les victimes de catastrophes – et donc répondre efficacement à l’urgence. Avec 1 CHF par jour, vous pouvez alléger la souffrance et sauver des vies. Souscrivez dès aujourd’hui à un parrainage.

www.crs-parrainage.ch

NPA/localité:

Date de naissance:

Tél.:

Courriel:

Signature: A retourner à: Croix-Rouge suisse, Parrainages Rainmattstrasse 10, Case postale, 3001 Berne

Courriel: parrainages@redcross.ch


en bref Christian Gross veut de l’engagement

➔  donnons-notre-sang.ch

Auxiliaires de santé CRS ■  Cette année, la Conférence nationale de la CRS est consacrée aux auxiliaires de santé CRS (AS CRS), qui, dans les EMS, les services ambulatoires et l’aide à domicile, sont aujourd’hui des rouages indispensables des soins de base et de l’assistance. Des contributions de la recherche et du terrain éclaireront l’apport des AS CRS aux soins ainsi qu’à l’endiguement de la pénurie de personnel soignant qui menace le secteur de la santé. L’AS CRS Josephine Niyikiza, qui a fait l’objet d’un article dans le dernier numéro d’Humanité, participera à l’une des tables rondes. 12e Conférence nationale de la CRS «Auxi­ liaires de santé CRS: potentiel et limites face à la pénurie de personnel soignant», mardi 9 septembre 2014, Stade de Suisse, Wankdorf, Berne, 9h–16h30. Information et inscription:

➔  redcross.ch/conf14

Reprise des activités de la CRS au Mali ■  La sécurité reste précaire au Mali. Mais depuis la fin de l’occupation du nord du pays par des rebelles islamistes au printemps 2013, la situation s’est quelque peu apaisée. La CRS a donc décidé de reprendre ses activités dans la région de Tombouctou. Nombre de puits ont été remis en état. L’eau est prélevée grâce à des systèmes de pompage fonctionnant à l’énergie solaire (photo). Une mesure d’autant plus importante que la ressource est rare dans cette région sahélienne en proie à la sécheresse. En outre, la CRS a contribué par des ver-

sements en espèces à la réinstallation de 1300 familles déplacées par le conflit. Elle a aidé le dispensaire de Goundam à rétablir la chaîne du froid nécessaire à la conservation de vaccins indispensables. Enfin, elle a assuré des conditions d’entreposage garantes du maintien de la qualité de médicaments vitaux dans d’autres structures de la région. L’hôpital de Tombouctou a rouvert son service d’ophtalmologie. A l’avenir aussi, l’approvisionnement en soins de cette région déshéritée sera au cœur de l’action de la CRS au Mali.

➔  redcross.ch/mali

Intempéries dans le sud-est de l’Europe ■  Après plusieurs jours de pluies ininterrompues, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie font face aux pires inondations depuis plus d’un siècle. Des centaines de milliers d’habitants ont fui leurs maisons pour se réfugier dans des écoles et des halles de sport, où ils ont été pris en charge et ravitaillés par des bénévoles de la Croix-Rouge. En Bosnie, où elle dispose d’une délégation permanente, la CRS s’est associée à la Croix-Rouge locale pour apporter une aide immédiate et distribuer eau, vivres, couvertures et articles d’hygiène. En Serbie voisine, la Croix-Rouge a procédé à des évacuations et à l’approvisionnement des victimes en biens de première nécessité. Les dégâts sont considérables.

Aussi la CRS poursuivra-t-elle son action dans les zones sinistrées au-delà de la phase d’urgence aiguë. Le grand élan de solidarité de la population et les dons généreux de Migros et de Coop ont déjà permis à la CRS d’engager 1,3 mio de CHF dans l’aide humanitaire aux victimes de la catastrophe. La CRS vous remercie de tout don effectué à l’aide du bulletin du versement ci-joint ou en ligne sur:

➔  redcross.ch

© Red Cross Serbia

■  Dans une brève vidéo, Christian Gross sermonne une équipe de foot dans les vestiaires. Il exige un engagement total de ses joueurs, il veut voir du sang. Au sens propre – car il s’agit d’un appel au don du sang. Chaque année, 5% des donneurs sont exclus pour avoir dépassé la limite d’âge. Jusqu’à la finale de la Coupe du monde le 13 juillet, les Services régionaux de transfusion sanguine veulent rallier 5000 nouveaux donneurs. La campagne bénéficie du soutien bénévole de l’entraîneur vedette. La vidéo sur Internet:

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© SBSC

a rr iè re- pl an

Appel à bénévoles pour la journée d’action: relayer la démarche de Marrow en informant le public sur le don de cellules souches du sang

Ensemble contre la leucémie

Un geste salvateur: le don de cellules souches du sang La transplantation de cellules souches du sang représente souvent le seul espoir des patients leucémiques. Rattachée à Transfusion CRS Suisse, Swiss Blood Stem Cells (SBSC) gère un registre national des donneurs et œuvre au recrutement de candidats au don. Elle est soutenue par différents publics, dont des étudiants. Tatjana Magi, qui intervient dans le

© SBSC

cadre du projet Marrow, revient ici sur l’importance de promouvoir ce type de don.

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Tatjana Magi Membre du projet étudiant Marrow et du comité de l’Association Suisse des Transplantés de Cellules Souches du Sang (SVBST) Humanité 2/2014

Tatjana Magi, en quoi consiste le projet Marrow? La possibilité de donner des cellules souches du sang n’est connue que d’un tout petit nombre. Mis en œuvre dans les universités suisses par des étudiants en médecine, le projet Marrow vise à sensibiliser de nouveaux donneurs po-

tentiels, à les informer des modalités du don et à les inciter à s’inscrire au registre. Ce projet, qui vient de Grande-Bretagne, ne mobilise que des bénévoles. Comment les étudiants réagissent-ils à l’information?



T Ê TE- À-TÊTE

En tant que membre du CCR, Danielle Breitenbücher veille au devenir de la CRS.

Danielle Breitenbücher, membre du CCR

La benjamine de l’organe directeur L’élection par la dernière Assemblée de la Croix-Rouge de Danielle Breitenbücher au Conseil de la Croix-Rouge (CCR) fera date: jamais l’organe directeur de la plus ancienne et plus grande œuvre d’entraide de Suisse n’avait compté de membre aussi jeune dans ses rangs. Agée de 25 ans, la nouvelle recrue consacre tout son temps libre à la Croix-Rouge. texte: Julia Zurfluh   Photos: Caspar Martig

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idèle à elle-même, cette jeune blonde n’a pas besoin d’un look formel pour affirmer sa maturité et sa compétence. Car Danielle Breitenbücher sait ce qu’elle veut. «Bien sûr, j’aime être consultée! Le fait que la Croix-Rouge suisse (CRS) soit réceptive à la parole des jeunes et sou18

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cieuse de les associer aux décisions stratégiques me réjouit», explique-t-elle. Une position qui est aussi dans l’intérêt de l’organisation, car les jeunes sont des acteurs importants à plus d’un titre: largement représentés parmi les bénéficiaires des prestations et les bénévoles,

ils sont aussi les futurs donateurs de la Croix-Rouge. Danielle a été admise au sein de l’organe directeur de la CRS à 25 ans, ce qui fait d’elle le plus jeune membre du CCR dans l’histoire d’une organisation vieille de près d’un siècle et demi. Propulsée tout



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en bref

Journée mondiale de la Croix-Rouge: des fans de la CRS solidaires ■  Le 8 mai, Journée mondiale de la Croix-Rouge, Didier Burkhalter, président de la Confédération, et Annemarie Huber-Hotz, présidente de la CRS, ont plaidé ensemble pour un meilleur respect du droit international humanitaire.

A l’occasion de l’anniversaire d’Henry Dunant, jeunes et moins jeunes ont manifesté leur attachement à la CroixRouge en posant pour une photo avec l’emblème. Informations, tatouages et boîtes de pansements ont été diffusés

dans les grandes villes. Une opération relayée par Nubya et Sarah Meier, ambassadrices de la CRS. Tous les portraits de fans de la Croix-Rouge:

➔  jesuisfan.ch

Parrainez Buffy ■  Buffy et plus de 60 autres chiens de catastrophe dans l’attente d’être parrainés se présentent sur un site Internet REDOG. Les contributions serviront à la formation, à l’acquisition de vêtements d’intervention et d’appareils de localisation ou encore à l’aménagement de terrains d’entraînement. Les équipes cynotechniques de REDOG sont opérationnelles en tout temps pour rechercher des personnes disparues ou ensevelies, en Suisse et à l’étranger. Les conducteurs de chien sont tous bénévoles.

© REDOG

➔  redog-pate.ch

Evénement exclusif pour les donateurs CRS ■  Début mai, des donateurs ont eu l’occasion de participer à une visite exclusive du centre logistique de la CRS à Wabern, près de Berne, d’où l’organisation coordonne ses interventions d’aide d’urgence. Elle y entrepose également des biens de secours. Exemple du typhon qui a frappé les Philippines en novembre dernier à l’appui, les visiteurs ont découvert toutes les implications d’une mis-

sion menée en cas de catastrophe. Ils ont également pu se faire une idée de l’utilisation concrète des dons dans de telles circonstances. Si vous souhaitez vous aussi être invité-e à un événement réservé exclusivement aux donateurs de la CRS, merci de nous en informer:

➔  pf.service@redcross.ch ou téléphone 031 387 74 64

Land Rover soutient l’action de la CRS au Soudan ■  Dans les régions méridionales arides du Soudan, la précarité touche de nombreuses personnes. A peine un habitant sur deux a accès à des soins médicaux de base, et la malnutrition est largement répandue. La CRS, qui intensifie son aide sur place en faveur des plus démunis, peut désormais compter sur le généreux soutien du constructeur automobile Land Rover dans le cadre d’un partenariat de quatre ans qui bénéficiera à 45 000 personnes. Actuellement, elle construit ou rénove cinq dispensaires en

collaboration avec le Croissant-Rouge local afin d’assurer la prise en charge des malades, de mener des campagnes de vaccination, d’améliorer la prévention et la santé materno-infantile et d’identifier les cas de malnutrition aiguë. Dans des villages isolés, des bénévoles spécialement formés du Croissant-Rouge sensibilisent la population aux risques sanitaires ainsi qu’aux questions d’hygiène et dispensent les premiers secours en cas d’urgence.

➔  redcross.ch/soudan Humanité 2/2014 21


t é m o ignage

La promenade est l’un des rares loisirs auxquels Alice et Kurt Buess peuvent encore s’adonner ensemble.

Aide aux proches de personnes atteintes de démence

Retrouver la force d’être là pour l’autre Le diagnostic est tombé il y a cinq ans: Kurt Buess est atteint de démence. Aujourd’hui, il est tributaire d’une assistance permanente. Heureusement, il peut compter sur son épouse Alice. Pour relever le défi consistant à concilier soins, ménage, travail et vie privée, celle-ci recourt aux services d’aide de la CRS. Texte: Isabel Rutschmann   Photos: Remo Nägeli

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té mo i g n ag e Cette année, Alice et Kurt Buess ont tous deux atteint l’âge qu’ils s’étaient fixé pour leur départ à la retraite. Mais le rêve d’un voyage en Amérique du Nord s’est envolé, tandis que Kurt Buess, installé au salon dans son fauteuil préféré, regarde des photos de vacances de 2004 d’un air absent. Il est contraint de rafraîchir ses souvenirs plutôt que

de vivre de nouvelles aventures car il souffre d’une forme de démence aussi rare qu’insidieuse, qui touche également des personnes dans la force de l’âge. Il avait 57 ans lorsque sa vie a basculé. Subitement, ce bricoleur chevronné s’est mis à rapporter des vis non appropriées aux réparations qu’ils voulaient

En cinq ans à peine, Alice s’est retrouvée investie de la prise en charge de son mari – ils se sont juré d’être là l’un pour l’autre.

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lice et Kurt Buess ne manquaient pas d’idées pour leur retraite: rénover leur villa de Lausen (BL), parcourir le Canada et les Etats-Unis en long et en large, prendre un maximum de temps pour s’occuper de leurs petits-enfants. Après avoir élevé trois enfants et mené une carrière longue et active – lui en tant qu’informaticien à la Poste, elle principalement comme femme au foyer, mais aussi comme auxiliaire de santé au sein d’un service d’aide et de soins à domicile –, ils avaient prévu de prendre une retraite anticipée à 62 ans pour profiter au mieux de cette nouvelle phase de leur vie. Autant de projets d’avenir qui ont tourné court.

effectuer, à se plaindre de surmenage, à souffrir d’insomnie et à se murer toujours davantage dans le silence. Après une série de tests et d’examens, on lui a diagnostiqué une démence fronto-

Auxiliaire de santé qualifiée, Alice Buess savait à quoi s’attendre dès l’annonce du diagnostic.

Au Canada en 2004: un magnifique voyage à deux, mais sans souvenirs partagés

temporale. «Pour moi, tout s’est écroulé», se souvient Alice Buess, qui, en tant qu’auxiliaire de santé qualifiée, savait exactement à quoi s’attendre. Aujourd’hui, elle a retrouvé la paix intérieure et s’est résignée au fait que leurs projets d’avenir ne vont pas se concréHumanité 2/2014 23




© IFRC/Idrissa Soumare

coup de projecteur

Sur le marché de Matofo, des bénévoles Croix-Rouge distribuent savon et produits désinfectants et sensibilisent la population à l'hygiène.

Virus Ebola en Guinée

L’information comme arme La population guinéenne est en proie à la peur depuis que fait rage le virus Ebola, tant redouté. La Croix-Rouge suisse (CRS) a dépêché sur place trois experts chargés d’aider les autorités à enrayer l’épidémie mortelle. Isabelle Güss, médecin à Langenthal, en fait partie. Elle rend compte des mesures prises contre la maladie mais aussi contre les préjugés et le manque d’information. Texte: Isabelle Güss

J Isabelle Güss La pédiatre de Langenthal est formée aux missions en cas de catastrophe et à la santé publique. Sous l’égide de la CRS, elle s’est déjà rendue en Haïti et au Ghana pour y combattre des épidémies. 26

Humanité 2/2014

e n’ai pas peur d’Ebola, parce que je sais comment me protéger. Le virus se transmet par contact direct avec une personne ou un cadavre infecté, et se laver souvent les mains réduit déjà sensiblement le risque. En cas de contact, il convient de prendre des précautions drastiques. Les bénévoles Croix-Rouge étant particulièrement exposés, nous les formons en conséquence et nous assu-

rons qu’ils portent une tenue de protection adéquate. Pour l’instant, je suis basée à Conakry, la capitale de la Guinée. C’est ici que l’épidémie progresse le plus vite, tandis que dans le sud du pays, la situation se stabilise peu à peu. Je suis l’interlocutrice médicale de tous les délégués de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge présents sur place et


co u p d e pr oj e c t e u r dois à ce titre veiller à la santé de l’équipe et fournir du matériel de protection aux délégués qui interviennent sur le terrain. Je participe également aux réunions de coordination avec les représentants du ministère de la santé, de l’OMS et d’autres œuvres d’entraide.

A la recherche de personnes infectées L’une de nos tâches à Conakry est de repérer tous ceux qui ont été en contact direct avec un malade. Il nous faut alors leur rendre visite quotidiennement pendant vingt et un jours, soit le temps d’incubation d’Ebola. Si pendant ce laps de temps des symptômes apparaissent, la personne concernée est immédiatement testée et éventuellement mise en quarantaine. C’est le seul moyen d’enrayer l’épidémie. A Conakry, il est difficile de trouver les personnes potentiellement infectées, dans la mesure où les habitants se déplacent beaucoup dans la ville même ou partent à la campagne pour rendre visite à des proches. Pour les bénévoles CroixRouge dont le rôle est de surveiller les personnes en question, le risque d’infection est minime. Ebola ne devient contagieux qu’à l’apparition de symptômes.

Beaucoup de préjugés D’autres bénévoles, également formés par nos soins, sont chargés de sensibili-

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Une tenue de protection est de rigueur pour tous ceux qui côtoient de potentiels malades; devant à droite, produit servant à désinfecter l’environnement d’un malade.

ser la population. La maladie ne s’était encore jamais déclarée en Guinée. De nombreux bruits ont commencé à courir, notamment que le virus est propagé par le gouvernement ou les organisations humanitaires, ou qu’un poison ou un acte de sorcellerie en est la cause. Ces rumeurs compliquent encore notre travail. Les bénévoles Croix-Rouge jouent un rôle essentiel, puisque les gens leur font confiance et les écoutent. Mais ils doivent aussi faire face à des réactions négatives et

sont stigmatisés, accusés de transmettre la maladie. Beaucoup ont quitté leur famille pour venir en aide aux autres. Parfois, même leurs proches ont peur d’eux. D’où l’importance du soutien psychologique: une psychiatre de la Croix-Rouge canadienne assiste les bénévoles et les forme à la communication et à la prise en charge des malades et de leur famille. Le virus Ebola présente un taux de mortalité très élevé, il peut emporter des familles entières. Ceux qui, par bonheur, survivent à la maladie sont mis au ban

«Les fausses informations entravent la lutte contre l’épidémie, le travail de sensibilisation est donc primordial.»

Isabelle Güss, médecin CRS, et des bénévoles CroixRouge à Conakry

une fois de retour chez eux – une exclusion qui s’étend souvent à leurs proches. Quand je rentrerai en Suisse après ma mission, personne ne devra craindre d’être infecté: en l’absence de symptômes, le risque de contagion est nul. Mais si la fièvre monte dans les trois semaines qui suivent mon retour, je serai considérée comme un cas suspect d’Ebola. Il faudra alors que je me soumette à des tests et que je sois mise en quarantaine jusqu’à ce que tout soupçon soit écarté. Il est cependant bien plus probable qu’un accès de fièvre après mon retour soit dû à la dengue ou au paludisme.

➔  redcross.ch/maladies-infectieuses Humanité 2/2014 27


American Red Cross /Talia Frenkel

Un geste pour les générations futures.

En rédigeant un testament, vous avez l’assurance que votre patrimoine sera réparti selon vos dernières volontés et que vos valeurs vous survivront. La brochure sur les testaments éditée par la Croix-Rouge suisse vous aidera dans cette démarche.

euillez m´envoyer la V brochure sur les testaments Nom Prénom Rue/n°

Téléphone 031 387 74 64 pf.service@redcross.ch www.redcross.ch/legs

NPA/Localité Téléphone Date de naissance ❏ Merci de prendre contact avec moi Croix-Rouge suisse Rainmattstrasse 10 Case postale CH-3001 Berne Téléphone 031 387 74 64



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(C) Conceptis Puzzles

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4 5 9 2 3 7 1 8 6

1 2 4 3 8 6 5 9 7

3 9 8 7 1 5 6 4 2

5 6 7 9 2 4 3 1 8

2 7 5 1 4 8 9 6 3

9 4 3 6 7 2 8 5 1

8 7 3 2 9 1 4 5 6

1 6 9 4 8 5 3 2 7

5 2 4 3 7 6 9 8 1

3 5 1 6 4 9 8 7 2

4 8 6 7 2 3 1 9 5

2 9 7 5 1 8 6 4 3

6 3 2 8 5 4 7 1 9

9 4 5 1 3 7 2 6 8

8 1 6 5 9 3 2 7 4

06010029307

7 1 8 9 6 2 5 3 4

06010029308


BICOQUE BICOQUE ÉTAT INÉTAT INSULAIRE SULAIRE

LETTRE LETTRE

EFFRAYA EFFRAYA

ENTIER ENTIER

MAJESMAJESTUEUX TUEUX

12 12 DONDONNERA NERA VIE VIE CIBLE CIBLE

66

9

EMPLOEMPLOYEURS YEURS

MINA MINA 55

INDIENNE INDIENNE

HÉSITA HÉSITA DIRECDIRECTEUR TEUR CRS CRS

3 3

13 13

ONDE ONDE

TOUR TOUR

FLEUR FLEUR

RÉFUTAS RÉFUTAS

7 7

ASSEMASSEMBLÉE BLÉE

GRIGNOGRIGNOTAIT TAIT GAINE GAINE

À À SEC SEC

8 8

SAISONS SAISONS

99

DÉPLIES DÉPLIES

ARRÊTA ARRÊTA

3 3

4 4

5 5

6 6

7 7

8 8

9 9

3 5 6

4

1

4

4

10 10

10 10

11 11

12 12

13 13

14 14

2 2 1

5

9 3

1

5 9 8

9 7

1 8 4 3 2

1 8

1

5

3 7

Conceptis Puzzles

2

3 7 9 3

Conceptis Puzzles

SUR SUR LA LA CROIX CROIX

CHAR CHAR

2 2

2 2

1

11 11

14 14

MÉTAL MÉTAL

8 7 3 4

ÀÀLUI LUI

11 EMPESTE EMPESTE

1 1

DANS DANS TENNISTENNISMAN MAN SUISSE SUISSE

FILS FILS D’ISAAC ATTACHA ATTACHA D’ISAAC ABÎME ABÎME

CHAMP CHAMP

6

06010030415

2 4 7 3 6 6 8

2 9 06010030416



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