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le corps était en mode réserve

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mArché golfiQuE

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faB ienne i n- alBon vous avez annoncé dans le courant de l’été votre retrait à la fin de l’année. A quel moment avez-vous pris cette décision?

C’était un long processus. Pendant une quinzaine d’années, toute ma vie était subordonnée au sport. Dans cette situation, on n’arrête pas tout du jour au lendemain.

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Un fait précis a-t-il déclenché la décision?

Non. J’ai écouté mon corps et je me suis rendue compte que la borréliose avait pompé une grande partie de mon énergie. Déjà aux Jeux de Rio je fonctionnais pratiquement en mode réserve. J’étais juste contente d’avoir tenu bon sur les quatre tours. Depuis le début de 2016, les douleurs dans les articulations étaient devenues vraiment pénibles. Elles se manifestaient généralement par à-coups, souvent accompagnées de migraines et d’une grande fatigue.

Ces derniers mois, j’ai bien récupéré physiquement mais j’ai toujours besoin de pauses nettement plus longues qu’auparavant. S’il y avait chaque semaine un tournoi sur le LET ce serait sans doute plus simple pour moi. Mais le calendrier «dégarni» à l’extrême ne m’offre aucune possibilité de jouer en tournoi ces prochaines semaines. Et, honnêtement, je n’ai plus la force ni la motivation de prendre un nouveau départ aux Etats-Unis. Cela signifierait de devoir repartir quasiment de zéro. où et quand jouerez-vous votre tournoi d’adieu?

Que signifie concrètement ce «calendrier dégarni»?

Rien qu’au cours de cette saison, sept tournois ont été annulés à plus ou moins brève échéance, la plupart du temps parce que les sponsors ont fait défaut. Parmi les tournois qui existent encore, beaucoup sont «co-sanctioned». Cela signifie qu’une moitié des joueuses vient du LET, l’autre moitié d’un autre Tour, comme le LPGA ou le China LPGA. Malgré mon droit de jeu complet, j’ai donc énormément de peine à me qualifier dans ces conditions. On ne peut jamais planifier à l’avance et je n’ai pas eu assez d’occasions de jouer en compétition. Or c’est pour cela que je vis et que je m’entraîne. Si je ne peux pratiquement plus participer à des tournois, tout cela n’a plus de sens pour moi.

Je ne le sais pas encore moi-même. J’étais inscrite pour Abou Dhabi au début du mois de novembre, par exemple. A la mi-octobre, j’ai été informée que je ne suis (pas) dans le tableau. On ne peut donc pas réserver un vol à l’avance, ce qui ne simplifie évidemment pas les choses. De préférence, je voudrais jouer mon dernier tournoi à Dubai. L’Omega Dubai Ladies Classic à l’Emirates Golf Club est un tournoi absolument top. Etant donnée la forte concurrence, j’aurai sans doute besoin d’une invitation. Mais faire mes adieux lors de ce tournoi que j’adore, ce serait une conclusion idéale. vous continuez de vous entraîner sans savoir si vous pourrez encore jouer un tournoi cette année?

Oui, bien sûr. Je veux être prête le jour où j’apprendrai que je pourrai jouer. De plus, j’ai toujours du plaisir à m’entraîner, mais les tournois me procurent évidemment bien plus de bonheur. C’est pour cela que je me suis entraînée pendant toutes ces années en y consacrant 150% de mon énergie. La vie sur le Tour me manquera très certainement, mais je sens que j’ai pris la bonne décision au bon moment.

Avec le recul, y a-t-il des choses que vous auriez faites différemment?

Elle tire sa révérence à la fin de la saison: la golfeuse olympique Fabienne In-Albon raconte dans un entretien avec GOLFSUISSE ce qui lui manquera et pourquoi sa décision de se retirer de la compétition était la bonne.

Stefan Waldvogel vous avez fait des études de management du sport en Australie il y a quelques années. Dans quelle mesure cela a-t-il aidé votre carrière de golfeuse?

J’avais d’abord pensé pouvoir faire tout moimême (rires). Je l’ai essayé pendant ma première année de proette, mais assez vite, c’est devenu trop lourd. Ma mère m’a proposé de m’assister dans les tâches administratives et pour mon site Internet. Au début, ce n’était pas simple de jongler avec ces divers rôles. Mais entretemps, ça roule à merveille et je suis très reconnaissante à ma mère pour son soutien. C’est amusant, car quand je parle affaires avec elle, elle est Anne-Marie, et en privé elle reste ma mère. C’est la seule façon de faire fonctionner cette collaboration. Dans ses deux rôles elle représente un soutien énorme pour moi. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle.

Quel est le rôle de votre père?

Il a en fait toujours été mon critique le plus dur. Ce n’était pas toujours facile, surtout au début, mais cela m’a certainement aussi rendue plus forte. C’est de lui d’ailleurs que j’ai hérité ma tronche de Valaisanne. Si je décide de faire quelque chose, je le fais jusqu’au bout. Ma famille est de toute façon un soutien colossal. Rien n’aurait été possible sans elle.

Financièrement aussi?

J’aurais probablement dû écouter mon corps plus tôt. Les entraîneurs ont essayé de me freiner, car j’étais parfois presque sur-motivée. Je pensais ne pas avoir besoin de pauses, je voulais continuer sans jamais m’arrêter. Mais diverses blessures et avant tout cette maladie terriblement longue ont rendu le «management du corps» de plus en plus important.

faB ienne i n- alBon

Née à Zoug, Fabienne a fêté ses 31 ans début septembre. A 10 ans, elle faisait ses premiers swings, cinq ans plus tard, elle savait déjà qu’elle voudrait un jour gagner sa vie en tant que proette sur le Tour.

Après sa maturité au gymnase du sport de Davos et une année d’études à la Purdue University (Indiana/USA) grâce à une bourse de golf, Fabienne In-Albon est revenue en Suisse. Des blessures au dos l’ont empêchée de jouer des tournois pendant deux ans. Après sa guérison, elle s’est rendue à Sydney, en Australie, pour retrouver tranquillement sa place dans le monde du golf. Pendant deux ans et demie, elle a fait des études en manage- ment du golf, tout en participant à la plupart des tournois amateurs organisés en Australie et en terminant, en 2011, ses études avec un bachelor.

Ma famille m’a aidée, entre autres, à trouver des sponsors. La plupart d’entre eux étaient extrêmement fidèles, même quand les choses marchaient moins bien, et je suis contente que mes partenaires aient réussi, la plupart du temps, à couvrir leurs dépenses. Sans ma famille, je ne serais pas là où je suis actuellement. La même chose est vraie pour mon équipe composée de huit personnes. Sans mes coaches je n’aurais pas obtenu les mêmes succès et je ne pourrais pas me réjouir rétrospectivement d’une magnifique carrière.

Combien coûte une saison sur le Ladies european Tour?

Mon budget se monte à 130 000 francs. Les voyages, surtout en dehors de l’Europe, représentent une bonne partie des dépenses, mais aussi le coût de l’entraînement et du coaching. Les huit membres de mon équipe travaillent à temps partiel pour moi. De ce point de vue-là, mon budget est donc plutôt en bas de l’échelle.

Que ferez-vous à partir de janvier 2018, lorsque vous ne serez plus golfeuse à plein temps?

J’ai beaucoup d’idées mais rien de concret pour le moment. Je me verrais bien comme coach ou mentor afin de passer mes expériences plus loin, à de jeunes joueuses et joueurs. Depuis cet automne, j’ai un job à temps partiel au gymnase du sport de Davos dans cette fonction. Je suis très flexible et j’adore ce travail. J’avais moi-même fréquenté ce gymnase pendant cinq ans, et je suis ravie de pouvoir transmettre quelque chose à présent.

Quel conseil donneriez-vous à une e lena moosmann, ce grand talent qui n’a que 15 ans et qui s’entraîne également au Golfparc holzhäusern?

A cet âge, et même plus tard, le plaisir doit rester l’alpha et l’oméga. Je trouve très bien qu’à côté du golf, elle ait aussi du temps pour l’unihockey. C’est un avantage quand la tête n’est pas uniquement fixée sur le golf. Comme j’ai dit, il est important de réserver suffisamment de temps pour la récupération. Quand on est jeune on est plein d’énergie et l’on doit parfois être freiné. Pour moi, cela n’a pas toujours joué mais c’est aussi une expérience que j’aimerais passer plus loin.

En 2012, Fabienne est passée professionnelle et a joué pendant deux ans sur le LET Access Tour. Deux ans plus tard, en 2014, elle s’est qualifiée pour le Ladies European Tour (LET) où elle bénéficie depuis d’un droit de jeu complet. Elle a fêté son plus grand succès avec un 2e rang en Inde (LET) en 2014 et une victoire lors de l’Open des Açores (LET Access) un an plus tôt. Un moment fort de sa carrière a aussi été sa participation aux Jeux olympiques de Rio.

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