En dEux coups sur lE grEEn…

Son tout premier mot fut «balle». Ancien footballeur, entraîneur régional, puis national et aujourd’hui expert pour Teleclub. C’est dans cette fonction que Rolf Fringer a fait les gros titres cet automne. Mais le sexagénaire a tourné la page après les coups de pied et de poing portés par le président du FC Sion Christian Constantin.

Vous avez réussi un transfert spectaculaire en passant de SRF, la télévision suisse alémanique, à Teleclub comme expert en football. Pouvez-vous révéler le montant du transfert?

Dans ce domaine, il n’y a pas encore d’indemnités de tansfert. Je suis engagé chez Teleclub à 50% comme expert en football.

Et tout à coup, Rolf Fringer se retrouve à commenter le tournoi de golf à Crans. Là, ce serait inadéquat (rires). Je ne connais pas les règles. Cela s’explique sûrement par le fait que je reste toujours sur le fairway et que je me retrouve chaque fois sur le green au deuxième coup. Je n’ai donc jamais de problème avec les règles.

Footballeur, entraîneur, entraîneur national, directeur sportif et maintenant expert en foot à la TV. Qu’est-ce que cela fait d’être un spécialiste de football et d’être condamné à rester spectateur?

Ce n’est pas un problème, bien au contraire. C’est justement grâce à mon expérience de joueur, d’entraîneur et de directeur sportif que je peux dire certaines choses, faire des compliments ou des critiques, et j’espère que les gens me croiront. C’est très important pour moi.

Regrettez-vous la proximité avec les joueurs, les fans, l’odeur de l’huile de massage, de la transpiration et du gazon?

Non, non. Si j’arrête de me doucher durant quatre jours, je sentirai aussi l’odeur de la transpiration. Sérieusement, j’ai travaillé trente ans comme entraîneur. Un jour j’en ai eu assez. J’ai cherché un nouveau défi que j’ai trouvé il y a deux ans comme commentateur sportif.

Vous êtes passé du football, sport d’équipe, au golf, sport individuel. Comment avez-vous commencé le golf ?

Grâce au football. Lorsque j’étais entraîneur du GC en 1999 et que j’ai été viré malgré le titre, j’avais énormément de temps libre. Des amis m’ont emmené sur un parcours de golf. C’est un sport merveilleux. J’ai eu tellement de belles expériences et de journées de rêve avec des gens avec qui j’aime passer du temps. Avoir commencé le golf, c’est un vraie aubaine pour moi.

Est-ce que ce sentiment de bonheur aurait aussi à voir avec le fait qu’au golf personne n’interfère avec vous?

Oui… sur un parcours, je suis mon propre seigneur et maître. Ce n’est pas comme au football. Là on est toujours pris en sandwich entre des joueurs souvent gâtés, des investis- seurs et des présidents, et on se sent souvent impuissant. Au golf, c’est différent, c’est toujours moi qui décide. Seule la balle fait ce qu’elle veut, même si on la menace.

Ne devriez-vous pas faire attention avec de telles remarques? Sinon vous allez de nouveau attiser des colères, comme celle du président de Sion, Christian Constantin qui vous a physiquement agressé en septembre?

A ce sujet, j’aimerais simplement préciser qu’il ne s’agit pas pour moi de critiquer des personnes. Mon devoir est aussi d’observer ce qui se passe dans les coulisses du football et de montrer les connexions aux spectateurs.

Rolf Fringer seul pour une partie de golf. Est-ce possible?

Je finirais certainement par me perdre. J’ai dû jouer une poignée de parties tout seul. Je ne suis pas fait pour le driving range ni pour jouer en solitaire. J’aime être avec des gens avec lesquels j’ai du plaisir et avec qui je m’amuse.

Quand on a envie de jouer au football, on peut prendre un ballon et aller dribbler n’importe où. Le golf est plus compliqué et plus cher. C’est vrai, mais aujourd’hui n’importe quel hobby coûte cher. Mais c’est un point que je critique. Je trouve l’évolution des prix très mauvaise. En Suisse, on n’est visiblement pas capable de se réunir et d’offrir quelque chose aux golfeuses et aux golfeurs. Les exploitants de golfs veulent avant tout gagner de l’argent. Ça leur est égal qu’il s’agit d’un jeu qui devrait être accessible au plus grand nombre possible et qui ne devrait pas se heurter à la question de savoir si l’on peut s’offrir un green fee ou un membership. Si aucun changement majeur n’intervient, un jour les gens ne seront plus prêts à dépenser autant d’argent pour se promener sur un parcours de golf.

Ballon de foot ou balle de golf: Rolf Fringer sait s’y prendre.

Vous êtes d’une nature toujours positive. D’où cela vous vient-il ? Est-ce de naissance ou est-ce acquis?

Je n’en sais rien. Je suis positif de nature, et passionné de football. Mon premier mot n’a pas été «papa» ou «maman», mais «balle». J’aime tout simplement la vie, je me réjouis quand la bonne humeur règne et que les gens vont bien.

La pensée positive vous aide-t-elle aussi au golf?

Absolument! Quand la balle de golf vole en direction du hors-limite ou de la forêt, je crie «reviens, reviens!», et la plupart du temps cela suffit. Je suis convaincu qu’une attitude positive se transmet à la balle. Comme le dit le proverbe, on récolte ce que l’on sème.

Le golf est fortement défini par le handicap, ce qui ne devrait pas jouer un rôle pour Rolf Fringer. Malgré tout, quel est votre handicap?

Des opérations du dos et de la hanche (il rit), mais c’est 14,5 depuis un certain temps déjà.

Vous avez dû abandonner votre carrière de footballeur pour des raisons de santé. Vous n’avez pas de problème avec le golf? Le golf est un jeu qui n’est malheureusement pas idéal pour mon dos et ma hanche. Pour les joueurs d’élite, c’est assurément un vrai sport de compétition, on sait combien ils s’entraînent. Ils doivent être au top de leur forme physique et mentale, même si l’on voit de temps à autre un joueur avec quelques kilos de trop. Le golf est un jeu impliquant une activité physique. Pouvons-nous nous mettre d’accord sur cette définition?

Rolf Fringer, si vous deviez choisir entre commenter la finale de la Ligue des Champions entre Bâle et le Real Madrid à la télévision ou jouer une partie de golf avec Tiger Woods, que choisiriez-vous?

Je choisirais le golf avec Tiger, sans hésitation. Nous aurions beaucoup à nous dire sur nos vies mouvementées et en plus, j’ai le sentiment que je pourrais encore m’améliorer d’un coup ou deux.

Rolf fR i NgeR

Le jeune Rolf Fringer a mené le FC Aarau vers le titre de champion suisse pendant la saison 1992/1993. Ce fut son premier poste d’entraîneur dans la plus hute division du football suisse. Il a doublé la mise en 1998 avec le Grasshopper Club Zürich. Entretemps, Rolf Fringer a été entraîneur dans la Bundesliga pour le VfB Stuttgart. Le 31 août 1996, il est devenu sélectionneur de l’équipe nationale suisse de football, après Artur Jorge, avant d’être remplacé par Gilbert Gress après onze matchs seulement. L’entraîneur suisse des années 1993 et 1995 est devenu, en 2007, directeur sportif du FC Lucerne. Aujourd’hui, Rolf Fringer fait partie de l’équipe d’experts de la chaîne payante Teleclub. Le commentateur a fait les gros titres en raison de son agression par Christian Constantin, président du FC Sion, le 21 septembre 2017, après le match LuganoSion. Rolf Fringer vit avec sa partenaire à Hergiswil et est membre du Golfclub Oberentfelden (AG).

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