il n’y a pas que pebble b each c alifornie

La légendaire Highway One offre de nombreuses opportunités pour jouer au golf, du bon marché à l’ultra-exclusif. Nous avons parcouru pour vous en mobilhome la côte californienne dans la région de San Francisco.

Peter SennhauSer

ela n’a pas été la première surprise de notre partie de neuf trous du dimanche, mais découvrir que la puanteur régnant sur le trou no 7 de Mill Valley était due à une patte de cerf rongée gisant au milieu du fairway, je n’y étais pas préparé. «Un lynx? Je n’y crois pas. Plutôt un cougar», nous dit Gil, le manager, à la fin de la partie, en réponse à ma question. Il n’est pas rare de rencontrer un puma tôt le matin dans ces parages, ajoute-t-il.

Le Municipal Golf Course de la ville de Mill Valley, immédiatement au nord du Golden Gate, à San Francisco, a ses particularités, comme par exemple le green fee à 21 dollars pour les visiteurs. Comme de nombreux parcours municipaux aux USA, il a une certaine patine (les départs se jouent depuis des tapis sur quatre trous), mais s’ouvre sur un paysage magnifique de «coastal redwoods», ces séquoias qui font de la côte nord de la Californie un enchantement. De plus, les visiteurs de Mill Valley peuvent se vanter d’avoir joué au golf sur l’un des terrains les plus chers de la côte Ouest. Car le pittoresque «downtown» est l’un des quartiers les plus convoités des habitants fortunés de San Francisco. Ces vingt dernières années, le prix des villas et des terrains s’est envolé encore plus haut que les cimes des sapins qui entourent les propriétés. Des raisons historiques expliquent qu’un parcours de golf ait été construit sur quelques hectares de ce terrain de premier choix: le propriétaire qui a créé le parcours avant la construction du Golden Gate l’a légué à la ville au milieu des années 1930 – à condition qu’il reste exploité ad aeternam en tant que parcours de golf public.

DE s L inks, nATU r ELLE m E n T

Nous avons débuté notre tour d’horizon des parcours publics et privés le long de la côte par le Sea Ranch Links, à deux heures au nord de San Francisco. Ce parcours de championnat sur la route solitaire qui conduit vers Mendocino passe pour être un links écossais, placé de façon exemplaire au milieu de la nature. Il est relativement facile à jouer et offre surtout une chose: le calme absolu, dont de nombreux cerfs profitent également. On les rencontre sur chaque fairway ou presque, pas effarouchés pour un sou. Le Sea Ranch est une accumulation de bâtiments en bois intéressants, y compris le Sea Ranch Lodge, construits selon un dogme architectural strict, datant des années soixante. Ici la nature passe en premier, et cela se sent aussi sur le parcours de golf. Le links situé dans la baie de Bodega, à une heure au nord de San Francisco, offre plutôt un panorama côtier. La bande de sable qui s’étend sur des kilomètres entre la baie et la mer fait un effet complètement différent au nord et au sud. Le parcours de golf n’a pas de driving range et le premier départ est effrayant: on doit jouer sa balle sur un fairway en montée, bordé de maisons de vacances. Les façades vitrées des salles de séjour semblent nous observer et n’attendre que de voler en éclats.

Un E CôTE v E n TEUsE

Passée l’épreuve du premier trou, le parcours fascine par ses fairways variés, ses départs spectaculaires sur les neuf premiers trous qui conduisent vers la plage en contrebas, et ses back nine remplis de pièges. Au trou no 16, on est contraint d’abandonner la voiturette électrique et de charger le sac de golf sur un chariot manuel mis à diposition. Le premier coup, d’un carry de 150 yards, passe par-dessus un large marais de roseaux en direction des dunes sur la plage. On comprend plus tard pourquoi des tarifs spéciaux sont déjà en vigueur l’après-midi dès 14 heures: ce n’est pas en raison de la tombée de la nuit, mais du vent dans la baie, apprécié des kitesurfeurs, qui fraîchit nettement dès midi. Le vent transforme le par 3 du trou no 17, avec un carry de 130 yards pour atteindre le petit green, en un vrai avaleur de balles.

Half Moon Bay, à une heure au sud de San Francisco, n’est pas une référence pour le kitesurf, mais pour les surfeurs «classiques»: une fois par année, au moment précis où coïncident la phase de la lune, la marée et les vents, un vague monstre se crée ici que seuls les meilleurs surfeurs osent affronter lors d’un concours prestigieux à Mavericks.

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Un

E pLACE pOU r LE mOBi L hOm E

Les golfeurs viennent à Half Moon Bay pour son parcours 36 trous de dunes et de plage, hôtel de luxe inclus. Les green fees sont dans la limite supérieure des prix pratiqués en

De haut en bas et de gauche à droite: le long des falaises sur l’Ocean Course à Halfmoon Bay. Calme et solitude à Sea Ranch. Du vent et une vue spectaculaire à Bodega Bay Harbour. De l’eau sur les Pacific Grove Golf Links. Entre chien et loup à Pebble Beach. Pins magnifiques à Black Horse & Bayonet. Halfmoon Bay – et une vue typique de la côte du Pacifique au nord de San Francisco.

Europe, et les deux parcours sont dans un état magnifique. L’Ocean Course nous a fascinés avec ses doglegs exigeants, ses larges vues et la présence du Pacifique. Ici on ne joue jamais directement au bord de l’eau, mais on aperçoit souvent les vagues quelques mètres en contrebas − et leur bruit nous accompagne constamment sur les back nine. Le fait que notre mobilhome de sept mètres de longueur était trop grand pour le parking n’a posé aucun problème à l’aimable personnel. Le valet a finalement trouvé une place où nous avons pu parquer le monstre.

La même histoire s’est répétée à Presidio, l’ancienne base militaire en plein San Francisco: à peine étions-nous entrés sur le parking qu’un employé nous a gratifiés d’une autorisation de parcage et nous a stationnés en long sur six places. Outre un service exceptionnel, ce golf est aussi un must absolu du centre de la télévision Sutro Tower ou le haut du pilier sud du Golden Gate entre les cimes des arbres. Le parcours fait beaucoup d’effet: nous avons perdu dans un épais sous-bois plus de balles que sur tous les autres parcours de notre voyage. Une perte compensée par l’atmosphère ressentie dans cette région de la ville près du Golden Gate qui, lorsque le brouillard monte, peut devenir non seulement vraiment froide, mais encore plus mystique que dans la lumière du soir californienne, infiniment douce. Il y a peu de parcours sur lesquels on se rend compte aussi clairement que le golf n’est pas qu’un sport.

Le golfeur qui se rend à l’ouest des USA surtout pour le golf serait mieux servi à Palm Springs, Las Vegas ou à Scottsdale que sur la Central Coast autour de San Francisco. Celui qui apprécie la beauté rugueuse et sauvage de la côte Pacifique, les forêts de redwoods, un côte Ouest. Un parcours qui fait penser à des montagnes russes, avec ses départs surplombant les fairways (cela commence déjà au trou 1) suivis de trous situés dans une grandiose forêt de pins et d’autres trous étroits dans les longues allées de pins. Le frisson supplémentaire réside dans la proximité du golf avec la cité vibrante: le bruit des cornes de brume contribue autant à l’atmosphère que les occasionnelles percées visuelles de ce paradis vert, comme par exemple un coup d’œil inattendu sur les maisons du quartier Sunset, la tour de climat plus frais, et qui est mobile, trouvera le long de la légendaire Highway One des opportunités golfiques en abondance. Dont font aussi naturellement partie les adresses huppées ci-dessous.

Disneyland pour golfeurs, tous ceux qui ne voudraient pas se contenter d’acheter des souvenirs et de prendre un repas (excellent), devront débourser un green fee de 495 dollars par personne, plus 150 dollars pour le caddie. Il n’existe pas de rabais type «sundowner», et, après courte réflexion, nous avons choisi de laisser le seul tee time libre − à 6h40 le matin − à quelqu’un d’autre.

Les curieux ont cependant accès au Pebble Beach Links en tant que spectateurs: des cars font halte toutes les demi-heures devant le trou no 18, déversant des hordes de touristes qui posent pour des selfies devant le green. Le plus beau parcours du monde se trouve à juste un kilomètre à l’ouest. Cypress Point, construit en 1928 par Alister Mackenzie, est un mythe. Mais seuls quelques élus peuvent en admirer la beauté, car ce club privé de 250 membres est si exclusif que les magazines professionnels décrivent toutes les tentatives d’y avoir accès comme une pure perte de temps. Il paraît qu’outre les 250 membres, les employés du club, même le cuisinier, ont le droit d’y jouer et d’y emmener une fois par mois un invité pour une partie. Au temps de Facebook et LinkedIn, il vaut peut-être la peine de lancer une demande sur les réseaux sociaux.

Disn Ey LA n D pOU r g OL fEU rs

Le deuxième terrain le plus cher sur lequel il est possible de jouer au golf se trouve à quelques heures de voiture au sud de San Francisco: à Monterey, plus exactement à Pebble Beach, un parcours de légende aux USA. Dans ce

Tout près de ces deux joyaux, on trouve d’autres parcours non moins spectaculaires et à peine plus accessibles ou abordables: Spanish Bay et Poppy Hills appartiennent à l’exploitant de Pebble Beach et le green fee y coûte 400, respectivement 300 dollars (caddie non compris). Les deux parcours du Monterey Dunes Country Club sont visibles depuis la route panoramique 17-Mile Drive, mais ouverts seulement aux invités. Le simple quidam aura cependant la chance de vivre une fois une expérience golfique sur la péninsule de Monterey au Pacific Grove Golf Links. Si les neuf premiers trous s’étendent dans un quartier résiddentiel avant de revenir en parallèle vers la côte, les neuf seconds se trouvent presque complètement au milieu des dunes de sable (le plus grand bunker du monde) et offrent le même sentiment qu’à Pebble Beach, au prix nettement plus avantageux de 70 dollars. Et nous nous sommes promis que la prochaine fois, d’une manière ou d’une autre, nous réussirions à jouer au Cypress Club.