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noms prestigieux, projets Énormes
vietnam
La «république socialiste populaire» mise fortement sur la carte du golf. Des architectes de renom sont censés attirer les hôtes sur les parcours pour les inciter à l’achat immobilier. La «côte du golf» autour de Danang est au centre de ces activités.
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Stefan e ngert



On observe depuis plusieurs années la progression du golf au Vietnam. Actuellement, le pays au bord de la mer de Chine méridionale est en passe de devenir une destination golfique exceptionnelle. Le Vietnam qui était, il n’y a pas si longtemps encore, une destination exotique pour globe-trotters golfiques, qui se contentaient d’une poignée de parcours, dispose aujourd’hui d’une quarantaine d’installations golfiques. Quelques-unes font d’ores et déjà partie des plus beaux parcours d’Asie. La volonté du gouvernement vietnamien est d’augmenter le nombre de golfs à une centaine d’ici à 2020. Les plans sont officiellement agréés, et la construction de parcours de golf est à la fois simplifiée et soutenue au niveau administratif. «Alors que le golf suit une courbe descendante dans de nombreux pays, l’évolution est à l’opposé au Vietnam. Le golf se développe, tant sous l’impulsion du tourisme golfique que grâce à une forte demande intérieure, stimulée par des revenus plus hauts et une envie plus marquée de loisirs au sein des classes moyennes», explique Kevin Haddon, directeur général du Ba Na Hills Golf Club.

AUTOCh TOn E s E n Ch A rgE
Ce resort relativement nouveau, situé au centre du Vietnam, à 45 minutes de voiture à l’ouest de
Danang, est un des méga projets avec lesquels le Vietnam fait les gros titres dans le monde du golf ces derniers temps. A bien des égards, il est typique pour le développement actuel et futur.
Car si par le passé, les parcours de golf étaient presque exclusivement construits par des investisseurs étrangers qui peinaient ensuite à rentabiliser l’exploitation, ce sont désormais des entreprises du cru, à commencer par les deux agents immobiliers majeurs du pays, qui ont découvert le golf.
Le fait que cette évolution soit possible dans une république socialiste populaire dirigée par des cadres communistes, montre que la direction vietnamienne interprète de façon très flexible le «doi moi», comme on appelle le programme de réformes économiques. On remarque aussi à quel point les Vietnamiens sont plus ingénieux que les étrangers dans la gestion du business golfique. Des rapports de gestion financière prouvent par exemple comment les autochtones tentent de gagner de l’argent en mariant le golf avec le marché immobilier de nouveau à la hausse. Tout ceci a conduit six nouveaux acteurs nationaux à se lancer dans le marché du golf au cours des deux dernières années.
Le Sun Group par exemple veut faire construire une série de parcours de golf au Vietnam. Ce groupe immobilier a engagé Luke Donald pour faire de son fleuron, le 18 trous de Ba Na Hills, un parcours de niveau international. Le champion britannique a incontestablement réussi son premier projet de design golfique. Ce parcours, 7000 mètres des tees arrière, affiche clairement la volonté d’accueillir un tournoi du circuit pro. Dans le même temps, il convient parfaitement au jeu des amateurs: de larges fairways ouverts se faufilent à travers un paysage de collines recouvertes de denses forêts. De grands groupes de bunkers au sable blanc sont stratégiquement placés dans les zones de drive autour des greens vallonnés, placés souvent en hauteur.
A Ba Na Hills on a visiblement «mis le paquet», loin de tout souci d’économies. Pour preuve, l’installation complète, sur tout le parcours, d’un éclairage par projecteurs. On peut donc réserver un tee-time dans l’après-midi pour terminer la partie à la tombée de la nuit, à la lumière des projecteurs. Cela augmente encore le plaisir.
Cela vaut aussi pour la visite du parc d’attractions au somment des Ba Na Hills, facilement atteignable avec l’une des trois remontées mécaniques. A environ 1500 mètres d’altitude, on s’immerge dans une ville française du Moyen-Age, une imitation parfaite avec restau- rants et hôtels, un musée de cire, et même de la neige artificielle produite par des canons à neige, ainsi qu’une installation de luge d’été. Ces attractions kitsch – pour nous – sont extrêmement appréciées par les visiteurs venus de la Chine toute proche.
Un links parsemé d’immenses dunes de sable: Bluffs Ho Tram au Sud-Vietnam.
Luke Donald n’est cependant pas le seul joueur du top mondial à avoir été engagé dans la région de Danang comme fer de lance publicitaire pour la commercialisation d’un golf. Pas loin de la quatrième ville du Vietnam on trouve aussi les parcours de championnat dessinés par Nick Faldo, Colin Montgomerie et Greg Norman.
LissE OU sAU vAgE
Le Montgomerie Links et le Danang Golf Resort se trouvent tous deux près de My Khe, plus connu sous le nom de China Beach, une plage de sable blanc, qui s’étend sur plusieurs kilomètres. Ce fut ici que les GI américains – stationnés alors sur la base américaine toute proche – se refaisaient une santé pendant la guerre du Vietnam. Aujourd’hui, grâce à l’implantation de chaînes hôtelières internationales, les golfeurs trouvent facilement un logis adapté, par exemple au Melia Danang Resort, à proximité de ces deux parcours de golf.

Un sol sablonneux et un terrain généralement plat sont les points communs des deux parcours, néanmoins différents du point de vue du jeu.
Montgomerie Links, ouvert en 2009, intégré à une zone résidentielle, est conçu comme un parcours de resort international. Des doglegs, de l’eau et des bunkers en abondance sont censés créer de la diversité dans le jeu. Cet effort n’est pas toujours convaincant, étant donné que les trous se ressemblent malgré tout beaucoup.
A l’opposé du Montgomerie, parcours plat et ultra-lisse, le Dunes Course de Greg Norman est comme un frère sauvage, à l’état naturel, qu’on joue avec un plaisir immodéré.
Sans doute Greg Norman a pu modeler un terrain plus beau et plus fortement ondulé que Montgomerie, mais il fallait quand même un sacré métier pour placer les trous à travers cette bande côtière sablonneuse de telle façon qu’on a l’impression, quand on y joue, qu’un autre design aurait été impossible. Moins – en matière d’intervention artificielle – est sans doute plus sur le Dunes. Les espaces entre le départ et le début du fairway, de même que ceux à gauche et à droite des fairways et autour des greens, sont largement restés à l’état naturel. Simplement des sols sablonneux sur lequel poussent du lichen et de petits arbustes. Dans ces surfaces de type «waste areas» on retrouve assez facilement des balles mal frappées et, avec un peu de chance, on peut même continuer à les jouer. Ce parcours réellement hors pair est encore plus génial sur les back nine notamment entre les trous 13 et 17, et pas seulement à cause du signature hole no 16 (par 3), avec son green près de la mer.
«BOOm TOwn» DA nA ng
Un parcours d’un calibre comparable, mais construit sur un autre type de terrain, se trouve à une heure de voiture au nord de Danang, dans la région de Lang Co, au-delà du Col des nuages. Le groupe Banyan Tree de Singapour a investi ici dans la construction d’un resort avec deux hôtels de luxe et un parcours de golf parfaitement réussi, dessiné par Nick Faldo. Le terrain offre déjà pas mal de divertissement depuis la côte jusqu’aux flancs de montagne à la végétation dense. A cela s’ajoute le mélange entre les trous longs et courts, les greens difficiles et le très beau cadre. Ceux et celles qui ont le temps et les moyens de passer deux, trois jours ici, ne le regretteront pas. Le service est top et la plage droit devant l’hôtel. Le parcours de golf ne suscite pas le moindre ennui même après plusieurs passages. Deux autres parcours sont à l’étude et ne manqueront pas d’attirer encore plus de golfeurs de Chine, du Japon ou de Corée, trois pays qui fournissent dès à présent le gros de la clientèle du Laguna Lang Co. Danang restera ainsi pour un avenir certain la «boom town» du golf à la vietnamienne, et son industrie hôtelière ne cesse de se développer par ailleurs.
Une demi-heure au sud de Danang, on arrive à la ville côtière de Hoi An. Avec ses quartiers historiques au centre-ville, elle fait partie du patrimoine culturel de l’UNESCO. C’est ici que devrait naître, sur une surface de plus de 1500 hectares, un gigantesque resort comprenant des hôtels de luxe, des casinos et des parcours de golf. Actuellement, les Vietnamiens sont à la recherche d’investisseurs étrangers.
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Le plus récent astre dans le ciel du golf vietnamien ne se trouve cependant pas ici mais à une heure de vol plus au sud, soit à 130 kilomètres au sud-est de Ho Chi Minh Ville (l’ancienne Saïgon). Mais l’idée de base est la même: les investisseurs du The Bluffs Ho Tram Strip misent sur la passion du jeu des voisins asiatiques. A côté du plus grand ensemble de casinos du Vietnam, casé dans un bunker hôtelier sur la plage – une bâtisse immonde aux yeux européens – Greg Norman a eu le plaisir de pouvoir façonner un terrain auquel des puristes écossais ou irlandais attribueraient respectueusement le label de «links». Il s’agit d’un alignement de gigantesques dunes, parfois dépassant 50 mètres de hauteur, qui donnent aux dunes originales made in Great Britain un air de jouets. La succession de montées et de descentes le long de ces dunes produit un puissant parcours de golf. Le seul hic: ces géants de sable sont couverts de buissons si denses qu’ils empêchent une vue aussi grandiose sur cette région sensationnelle que la configuration du terrain permettrait en réalité. Les infrastructures, le clubhouse, le driving range, les voiturettes sont du même niveau irréprochable que la gentillesse et la compétence des caddies féminins, dont l’engagement est en principe obligatoire. Les green fees sont ici, par rapport aux prix vietnamiens, relativement élevés. Ils vont de 130 francs (170 le weekend), y compris voiturette et caddie, à Ba Na Hills et Laguna Lang Co, jusqu’à 180 à 210 francs pour les deux parcours China Beach et Montgomerie Links, de même qu’au Danang Golf Club. Il faut également compter environ 210 francs pour le green fee, la voiturette et le caddie, au The Bluffs Ho Tram. L’hôtel juste à côté offre des arrangements «stay&play» selon la saison. On le voit, au Vietnam, comme ailleurs, le prestige a son prix.
Liaisons aériennes: il n’y a pas de vol direct pour le Vietnam depuis la Suisse. Vietnam Airlines offre le plus grand choix de vols: neuf fois par semaine depuis Francfort sans escale jusqu’au Vietnam (six fois à Hanoi et trois fois à Ho-Chi-Minh-Ville). Le vol dure dix heures et demie. En plus des classes Economy et Business, il existe Premium Economy, une catégorie intermédiaire.