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golf et autres délices en galice

Le chemin de Saint-Jacques conduit depuis des siècles en Galice des pèlerins en quête de spiritualité. Pour le golfeur un peu plus terre-à-terre, la visite du nord-est de l’Espagne est également un must.

Livio Piatti

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L’écho lointain du passé celtique qui résonne encore aux confins à l’ouest de l’Europe s’entend aussi en Galice, en terre espagnole. Contrairement à l’Ecosse et l’Irlande, les « cousins éloignés », le golf n’est pas omniprésent en Galice, mais la région offre de jolies possibilités de combiner un voyage culturel, gastronomique et riche en beaux paysages avec quelques parties de golf.

C’est une bonne idée de consulter le tableau des marées avant de réserver un tee-time au Real Golf Club La Toja, situé sur l’île du même nom, à 40 minutes de voiture au sud de SaintJacques-de-Compostelle. Le joueur, perturbé à la idée de jouer entouré d’eau, préférera attendre la marée basse. Celui qui ne craint pas un carry de 150 mètres par–dessus la baie préférera jouer à marée haute. Trois des neuf trous de ce parcours très soigné et technique passent par une langue de terre exposée aux fortes marées de l’Atlantique, qui ont lieu deux fois par jour et modifient complètement le paysage. Le Ria de Arosa, une énorme baie qui pénètre à l’intérieur du pays sur 30 kilomètres et entoure l’île, ne fournit pas seulement de grandes quantités de moules et d’huîtres, mais aussi des obstacles d’eau latéraux et frontaux « salés », dans le sens littéral du terme.

A la fin du 19e siècle, cette petite île au charme presque méditerranéen, avec son doux climat, était une étape privilégiée pour de nombreux propriétaires de yachts anglais, et ceux-ci prolongeaient volontiers leur séjour par une partie de golf. Aujourd’hui, les visiteurs les plus fréquents sont principalement les habitants de la capitale, qui fuient en été la chaleur de braise de Madrid à la recherche de fraîcheur. Ils représentent 90 % des membres. Les golfeurs étrangers, qui s’accordent quelques jours de thalassothérapie dans le Louxo, un quatre étoiles voisin, sont bienvenus au green fee. On est ici très éloigné du tourisme de masse à la Torremolinos. Les clients de l’hôtel, pour la plupart espagnols, s’habillent décemment et personne n’aurait l’idée de pénétrer dans la salle à manger en tee-shirt et en flip-flops. « La classe, pas la masse », c’est ce que nous avons pensé lors de notre visite dans la petite ville portuaire toute proche d’O Grove. Au « Sal de Allo », le restaurant du port moderne et sympathique, Joaquin Alvarez propose une cuisine légère et innovante, dans laquelle les prises fraîches du port sont merveilleusement accompagnées de vins de Galice, parmi lesquels quelques découvertes ou redécouvertes de raisins autochtones.

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Un peu à l’extérieur de la ville portuaire et industrielle de La Corogne, à 50 minutes de voiture au nord de l’aéroport flambant neuf de Saint-Jacques-de-Compostelle, trône sur une hauteur le Real Club de Golf La Coruña. Le « Royal » est le plus ancien club de golf de Galice. En 1961, une cinquantaine de familles donna mandat à l’architecte écossais Mackenzie Ross de réaliser un parcours 18 trous. Le complexe comprend aujourd’hui des courts de tennis et des piscines. On retrouve ici l’atmosphère noble et tranquille d’un club classique de très bon niveau. Dans l’une des nombreuses pièces du clubhouse, une tapisserie colorée d’origine donne une sympathique touche années 1960, et dans le salon avec cheminée, un portrait du couple royal nous sourit avec bienveillance.

Les enfants de moins de 14 ans n’ont pas accès au clubhouse, mais ils ont leur propre royaume avec place de jeu et piscine. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, les membres restaient de préférence entre eux. Maintenant on accueille parfois des groupes de golfeurs venant de bateaux de croisière, et les joueurs au green fee qui se sont annoncés au préalable sont les bienvenus durant la semaine. La partie de golf commence par un court par 3 avec un fort dénivelé. « Nous l’appelons la pyramide. Heureusement, la première, explique en riant Florencio Martin, le charmant manager du club, de cette façon, on a oublié l’effort lorsqu’on arrive au trou no 18. » En effet, une fois le premier trou passé, ce parcours de six kilomètres conduit dans un parc magnifique. De vieux arbres bordent les fairways d’un vert intense qui traversent un paysage doucement vallonné. Il n’y a qu’un endroit escarpé, le départ du trou no 5 qui descend en dogleg vers la droite. Le deuxième coup se joue vers un green bordé de buissons et d’arbres, bien défendu par deux gros bunkers et un petit. De vastes étangs pourvus de romantiques ponts de pierre entrent huit fois en jeu, et tous sont remplis jusqu’à ras bord, car la Galice n’est pas une région sèche, surtout le nord autour de La Corogne, où les pluies sont fréquentes. Ici, comme sur les autres parcours de Galice, le gazon épais des fairways et des greens, d’un vert intense, est magnifique. A propos d’intensité: le « flan de queso » dégusté après la partie, une sorte de flan au caramel préparé personnellement par le chef, est grandiose.

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« L oNGhIttE rs »

A l’aube du nouveau millénaire, neuf régions de Galice décidèrent de profiter du boom du golf en construisant sur une colline un peu isolée le parcours 18 trous de Meis, 6086 mètres des départs jaunes. On voit bien que ce parcours a été un projet planifié sur le papier. Il offre peu de variété et de caractère propre, mais il est intéressant pour les « longhitters » qui veulent tester leurs limites: les groupes de pins bordant les fairways ne sont pas trop épais, et le rough est plutôt inoffensif. Le joueur qui y fera atterrir sa balle à de grandes chances de la retrouver. Pas loin, au-dessus du Ria de Pontevedra, trône le restaurant moderne « Camiño da Serpe », dans lequel l’un des chefs leaders de la nouvelle cuisine de Galice, Pepe Vieira, accomplit des miracles à la tête de sa jeune brigade, dans une cuisine d’une propreté immaculée, éclairée à la lumière du jour. Il utilise des produits régionaux provenant de la plaine, de la montagne et de la mer, et sa cuisine aux influences japonaises et sud-américaines, saupoudrée d’un soupçon de rock n`roll, est une vraie fête des sens. Le menu de dégustation lors de notre visite était intitulé « Take a walk on the wild side of the Atlantic ». Du maquereau aux châtaignes, du chou noir au mérou, tout était harmonie et surprise, jusqu’au dernier dessert nommé « Life on Mars ». Si l’on considère les étoiles Michelin et le nom du chef, la rue étroite et raide qui conduit à son local pourrait bien être renommée « Stairway to Heaven ».

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Les Romains déjà se baignaient dans les sources minérales de Mondariz, tout près de la frontière portugaise. Pour les non-curistes, le Balneario de Mondariz, un sympathique 18 trous par 71 de 5790 mètres, a été ouvert il y a quelques années sur les collines avoisinantes. Lors de notre arrivée, une pittoresque brume matinale s’élevait depuis la forêt, cédant bientôt la place à une radieuse journée de soleil. Ce parcours de 53 hectares, qui appartient à la station thermale, ne compte pas de membres. Ici on joue au green fee. Il est d’autant plus étonnant qu’il n’y ait presque aucun panneau indicateur. Seul le « libro de recorrido », le strokesaver, nous oriente un peu.

De gauche à droite: des collines surplombent la baie au Golf Ria de Vigo. Motivée et inspirée: la brigade de Pepe Vieira. Piscine, clubhouse et greens de top niveau: Aeroclub de Santiago. Tapisseries des années 1960: Real Golf de La Coruña. Dans la vieille ville de La Coruña. Une église recouverte de coquilles Saint Jacques à La Toja. Du granit pour l’éternité à Santiago. Obstacles d’eau salée à Real La Toja. Un parc de golf huppé: le Real La Coruña.

Les quelques râteaux sans dent dans les bunkers n’encouragent pas les golfeurs à respecter et soigner le parcours. Ainsi on ne s’étonne pas de trouver dans le sable dur d’un bunker les traces laissées par une voiturette électrique qui a visiblement eu de la peine à trouver le chemin vers le prochain tee. Excepté ces quelques se rendent vers Saint-Jacques-de-Compostelle par le Chemin de Saint-Jacques, le « Camino bueno », le « bon chemin », pour se recueillir devant les reliques de Saint Jacques se trouvant dans la cathédrale romane de granit. Le nouveau 18 trous de l’Aeroclub de Santiago de Compostela n’a, lui, que deux ans d’âge. Avec ses 5825 mètres, il est déjà jouable, mais encore difficile à juger. En raison de l’agrandissement de l’aéroport, le club a été contraint défauts, les trous sont agréables et variés et on a du plaisir à suivre les montées et descentes, continues mais pas trop pénibles, et à putter sur les greens durs de ce parcours.

L E « buGGy DE s ér EIN tés »

Le Golf Ria de Vigo in Moaña ne compte aucun membre non plus. Il appartient à une famille originaire de Corée et de Galice, et, outre les green fees habituels, propose différents abonnements temporaires. Ce parcours technique demande un bon physique, et on ne peut que recommander au minimum l’utilisation d’un chariot électrique. Ses 6110 mètres s’étendent sur une série de montées et de descentes agrémentées d’obstacles d’eau; la marche vers le green du trou no 15, un par 5, semblera très longue aux joueurs moins sportifs. Au terme du dernier trou, ils sont recueillis par le caddiemaster dans le « buggy de los baldados », le « buggy des éreintés » et conduits sur la terrasse panoramique du restaurant pour un verre d’Albariño bien mérité.

Depuis le Moyen-Age, des pèlerins du monde entier, dont le nombre augmente chaque année, de trouver un nouveau terrain et de mener des tractations avec pas moins de 295 propriétaires de petites parcelles. Les traces du chantier sont encore visibles. Seuls les élégants bâtiments du club et du tennis sont réellement terminés. Mais comme le dit le capitaine Yago: « On peut jouer au golf dans des endroits difficiles, mais autour du green on ne peut supporter aucun compromis », et effectivement, les greens rapides et très bien entretenus de l’Aeroclub sont corrects et gratifiants. Le joli restaurant « Horta do Obradoiro » propose de nombreux plats rustiques mais merveilleusement légers, ainsi qu’une variante moderne et raffinée de la coquille SaintJacques, l’antique symbole des pèlerins, finement marinée puis plongée avec une cuillère dans un bouillon chaud de miso. Le golfeur, comme le pèlerin, le sait bien: le « camino » qui mène en Galice est vraiment « bueno ».

Ce voyage a été sponsorisé par Turespaña – l’Office du tourisme espagnol à Zurich

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