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MAdAM e M Uggl I e T l’ HIB er NATION
madame Muggli vient d’annoncer qu’elle a rangé ses clubs de golf pour l’hiver. Peut-être fera-t-elle encore un voyage impromptu en Grèce avec son mari (s’il avait tout à coup l’idée d’improviser…). En tous les cas, elle laisserait ses clubs à la maison. Premièrement, c’est toujours un cirque pas possible au check-in de l’aéroport avec les bagages, l’excès de poids, etc. Deuxièmement la plupart des golfs louent des sets de test pratiquement tout neufs. Une fois de plus, au cours de la dernière saison, elle s’est rendue compte que c’était égal quels clubs l’agaçaient. A vrai dire, c’est du pareil au même, peu importe si elle se débat avec un set «HONMA», forgé à la bouche et doré, ou un set pour débutants «Golden Bear» à 299 francs, stand bag et putter compris. Quoiqu’il en soit, avec les clubs loués elle ne s’énervera que pendant quelques heures et pas pour toujours, comme avec son Ruedi. Somme toute, le mariage et le golf sont des loisirs en voie de disparition, car beaucoup trop compliqués. La plupart des golfeurs ont plus de 55 ans et les trois quarts un handicap de plus de 24. Il faut dire que le golf c’est une activité qui coûte la peau des fesses! Elle ne s’arrête pas à l’achat d’un équipement et à une autorisation de parcours. A la cotisation annuelle d’un club s’ajoutent les green fees sur les autres parcours, les cours chez un pro, les balles roses et les tees, les repas et le vin. Et surtout, cela coûte du temps! Si l’on est réaliste, il faut à chaque fois une journée entière. Tout calculé, cela prend au moins sept heures sans tenir compte du trajet, car si l’on veut lacer ses chaussures et faire quelques exercices de stretching avant le départ, il faut être au club au plus tard une demi-heure avant l’heure de départ. Puis, dans le meilleur des cas, quatre heures et demie sur le parcours: on arrive à cinq heures. Une douche, cinq heures et demie, manger et boire un petit truc prendra encore une heure. Et voilà! S’il faut encore attendre le repas, les sept heures sont passées. Il n’est pas surprenant qu’environ un tiers des golfeurs se contentent d’un à cinq tours par an. Et 25% de six à dix. Seul un quart prétend jouer entre onze et vingt tours. That’s it. Il faudrait rendre le golf un peu plus divertissant. Il lui manque le côté fun. Surtout pour la jeune génération. Mme Muggli le sait. En 2012, à peine 10% des golfeurs étaient des juniors. Logique, comment dire à un élève que ce sera génial de passer toute une journée de congé en s’énervant avec des seniors aux handicaps élevés, au lieu de décrocher, de tapoter sur l’ordinateur, de faire un tour en VTT ou d’aller à la piscine, de jouer au beachvolley ou simplement de faire des bêtises? Evidemment, on ne peut pas se traîner sur le parcours de golf. Un marshall vous rappellerait immédiatement à l’ordre. Ou pire encore, le capitaine! Mme Muggli en a fait l’expérience. Mais ça c’est une autre histoire. Pour l’heure, c’est le moment d’hiberner.
Frank Baumann est le capitaine du Golf Club Sagogn. Depuis 2008, il occupe la fonction de directeur artistique du Festival d’humour d’Arosa.
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