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Je tente moins souvent des coups impossibles

Dieter Meier est connu dans le monde entier comme chanteur du groupe de musique électronique Yello. Mais le musicien et entrepreneur zurichois est aussi un excellent golfeur et rêve toujours, à 67 ans, du tour parfait…

Dieter Meier, qu’est-ce qui vous fascine, aujourd’hui encore, dans le golf?

Réussir à envoyer sa balle, par un swing, jusqu’à un objectif situé à 200 mètres, est un exercice de bouddhisme zen et une école d’humilité. Grandes envolées et descentes en enfer sont plus proches les unes des autres que dans n’importe quel sport.

Vous avez été membre de l’équipe nationale suisse junior. Que signifiait le golf pour vous à cette époque?

J’étais déjà accro au contact avec la balle. Les joueurs de tous niveaux sont capables de frapper une balle parfaitement. Chaque golfeur connaît donc la perfection absolue, qu’il tente de renouveler à chaque coup.

Quel a été votre plus grande réussite au golf?

D’être membre de l’équipe nationale junior, dans laquelle je faisais d’ailleurs partie des moins bons. J’ai remporté quelques championnats et tournois de clubs, mais je n’ai jamais été dans les dix meilleurs lors de tournois importants.

Quelle est la plus grande différence entre votre jeu de cette époque et celui d’aujourd’hui?

J’essaie moins souvent les coups impossibles, qui aboutissent la plupart du temps à un désastre.

Etiez-vous attiré par le sport professionnel à un certain moment?

Non.

Quelle est la différence entre le golf et le poker, que vous avez pratiqué professionnellement?

Le poker est le jeu du bluff et du terrorisme psychologique. Le golf est le jeu du calme intérieur et le swing, une conséquence quasi méditative. Dans l’art du tir à l’arc, le «maître du zen» ne dit jamais «je tire», mais «il tire».

Pourquoi y a-t-il tellement de golfeurs parmi les sportifs et si peu parmi les artistes?

Peut-être l’artiste trouve-t-il l’élément méditatif dans son travail et n’a plus envie de se plier à l’école de l’humilité à l’heure de ses loisirs? Ecole qu’il vit quotidiennement dans son métier.

Au golf, avez-vous encore un objectif personnel?

Comme tout joueur un peu fou, j’aimerais réussir le tour parfait, qui n’existe pas, bien entendu.

Que changeriez-vous, sur un terrain de golf, si vous en aviez le loisir?

Comme je suis mauvais au putting, je ferais des trous grands comme un seau.

Avec qui et où jouez-vous généralement et le plus souvent?

Mon plus grand plaisir est de jouer seul, tard dans la soirée, assez rapidement, juste avec un petit sac. J’aimerais aussi jouer avec un «great ball striker», en Irlande du Nord, pour une grande Guinness!

Quels sont les trois pros qui formeraient votre flight idéal…?

Ernie Els, Tiger Woods et John Daly.

Selon vous, quel est le plus beau golf de Suisse (à part votre club de Zumikon) et pourquoi?

Le Golf Club Dolder, parce que c’est là que Dölf Dieter m’a appris à jouer quand j’étais petit. Il paraît que l’on reconnaît toujours ce professeur dans mon swing.

Quel est le plus beau parcours du monde où vous avez joué, et pourquoi?

St Andrews, la Mecque du golf, avec son restaurant traditionnel, où l’on peut déguster les plus grands Bordeaux aux prix d’il y a vingt ans et une petite consolation après un tour raté.

Y a-t-il une question que personne n’a jamais osé vous poser, mais qui vous aurait fait plaisir?

Si quelqu’un n’a pas osé me poser une question, je n’aimerais plus qu’on me la pose après 12 683 interviews…

Dieter Meier, fils du banquier Walter Meier et de son épouse Margrit, est né le 4 mars 1945 à Zurich. Il a commencé à jouer au golf à l’âge de dix ans, au GC Dolder. Il a été membre de l’équipe nationale junior pendant trois ans. Après sa maturité, il a fait des études de droit pour «camoufler son oisiveté sociale», comme il l’a avoué au journal Frankfurter Allgemeine Zeitung. En lieu et place, il a perfectionné son habileté dans les jeux du hasard et les jeux de cartes.

Dieter Meier a connu un succès international à la fin des années 70 avec son groupe technopop Yello, qui a vendu, à ce jour, quelque douze millions de disques. Il a investi sa fortune dans une exploitation agricole bio en Argentine et dans des transactions boursières suisses. Il est l’un des plus grands actionnaires d’Orell Füssli et du BVZ Holding à Zermatt. Il a trois filles et deux fils et vit en alternance à ses domiciles de Los Angeles, en Argentine, Ibiza et Zurich, où il exploite avec succès trois restaurants, avec des partenaires.

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