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«J’étais au fond du trou !»
Tous s’accordent pour juger exceptionnel le talent de Raphaël De Sousa. Lorsqu’il arrive à l’exprimer, il réussit des coups dont d’autres professionnels ne peuvent que rêver. Comme s’il avait dressé la petite balle blanche, il l’expédie avec précision par-dessus les fairways, établit des records, gagne des tournois, accumule les gains. Oui, lorsqu’il y arrive… de Glasgow, seul le renommé amateur anglais Wolstenholme fut en mesure de l’empêcher de créer la sensation, qui lui aurait permis non seulement d’obtenir un titre prestigieux, mais aussi d’être invité respectivement en 2003 et en 2004 aux tournois professionnels les plus importants, à savoir le British Open et l’US Masters.
par peter Lerch
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Il y a près de huit ans, le Genevois, alors âgé de 20 ans, avait attiré l’attention des spécialistes, même étrangers. Lors de la plus importante compétition amateur européenne, le British Amateur Championship, il avait atteint la finale après avoir passé cinq tours à élimination directe. Sur le parcours du British Open du Royal Troon, à côté
Des prémisses trompeuses
Après plusieurs autres résultats exceptionnels, De Sousa passa professionnel à l’automne 2003 pendant que son collègue genevois Julien Clément se distinguait sur l’European Tour lors de sa première saison de rookie. Clément/De
Sousa semblaient bien partis pour prendre la relève du tandem Paolo Quirici/André Bossert qui avait brillé au cours des années 90. Semblaient, car la suite ne confirma pas les promesses entrevues: fin 2004, Clément perdit sa carte du sur sa lancée avec deux birdies supplémentaires et prit plusieurs fois la tête du classement provisoire. Mais, au quatrième trou, un trou relativement facile (par 5), sur lequel il avait réussi un eagle le jour précédent, il ne put faire mieux qu’un se classant une fois 20ème et une fois 70ème, avec 1824 euros de gains en tout et pour tout.
au fonD Du trou après l’omnium
Tour (et ne l’a toujours pas retrouvée), et De Sousa n’a pas eu la progression rapide espérée. Et les saisons de se succéder avant que, en 2008, «Raphaël» ne montre enfin pendant plusieurs semaines de quoi il est vraiment capable. En mai et en juin, il enchaîna les bons résultats sur le Challenge Tour, le deuxième circuit le plus important. Il finit deuxième à Manchester et à Turin, et encore deux fois dans le top ten avec une sixième place à Houthalen (Belgique) et un cinquième rang à Lyon. Avec les gains ainsi obtenus, il se retrouvait parmi les dix meilleurs au classement général du Challenge Tour.
L’European Tour, qui réunit l’élite pro, semblait à portée de main puisqu’à la fin de l’année, les 20 meilleurs du Challenge Tour y sont automatiquement intégrés.
tout bascule au Wylihof
Un autre résultat de premier plan à «domicile», au Credit Suisse Challenge, suffisait pratiquement à assurer à De Sousa la promotion. Au Wylihof, il était accompagné d’une nombreuse cohorte de supporters venus pour fêter sa prochaine «ascension», et qui ne manquèrent pas de s’enflammer après que leur favori eut pointé, avec 67 coups (sept sous le par), à la quatrième place après le premier tour. Le lendemain, il continua rageant bogey. A partir de cet instant, tout alla de travers. De Sousa perdit régulièrement du terrain pour ne terminer finalement que 77ème et manquer, que d’un seul coup, le cut donnant accès aux phases finales et aux gains. Ce fut une terrible déception.
ascension manquée D’un cheveu
Les semaines suivantes, De Sousa ne se classa plus une seule fois parmi les dix meilleurs. Il ne cessait de reculer au classement par gains. Avant la grande finale du Challenge Tour, à Brindisi, il était encore 20ème, occupant la dernière place qualificative pour l’European Tour. Mais, en terminant 31ème en Italie du Sud, il échoua sur le fil pour se retrouver, avec une 23ème place finale, dans le peloton des «non-dotés». Au bout du compte, il manqua le coche pour moins de 4000 euros de gains.
«Le choc a été rude. J’ai eu énormément de peine à m’en remettre», estime aujourd’hui De Sousa. De fait, les deux années suivantes ont été pour lui une terrible traversée du désert. En 2009, il disposait d’un droit ordinaire de disputer le Challenge Tour, mais son bilan fut désastreux: en 17 tournois, il ne passa le cut qu’à deux reprises,
De Sousa n’avait pourtant pas encore touché le fond. N’étant plus au bénéfice d’une catégorie ordinaire pour le Challenge Tour 2010, il sollicita une autorisation de départ à quatre organisateurs et ne reçut qu’une seule réponse, négative (du Maroc). Comble de malheur, il se blessa à l’épaule au début de l’année. «Ensuite, pendant un bon bout de temps, je ne me sentais plus capable de disputer de tournoi.» Il ne fit son retour à la compétition qu’à la mi-juillet, à l’occasion du Credit Suisse Challenge, au Golf du Sempachersee. Son 131ème rang sur 156 concurrents ne fit que confirmer sa mauvaise impression. Et c’est une semaine plus tard, à l’Omnium Suisse, à Aigle, qu’il but le calice jusqu’à la lie, terminant 51ème avec des tours de 79 et 76 coups, derrière des douzaines d’amateurs et de professeurs de golf.
Aujourd’hui, De Sousa est capable de revenir froidement et objectivement sur cette période noire. «Après l’Omnium, j’étais au fond du trou. J’étais tombé plus bas que jamais auparavant. Plus rien ne marchait, ni dans ma tête, ni dans mon jeu. Mais aujourd’hui, je sais pourquoi. J’essayais de toutes mes forces de progresser; je ne travaillais pratiquement que ma technique, et j’en faisais certainement trop. Je tournais en rond. Plus aucune légèreté, plus aucun plaisir au jeu, même la motivation avait disparue. Mon problème était avant tout d’ordre mental. En 2009 et en 2010, j’ai progressivement perdu toute confiance en moi, au point de ne vraiment plus savoir où j’en étais.» travail avec steve rey Peut-être ne serait-il toujours pas plus avancé s’il n’avait pas commencé, au début de l’automne 2010, alors qu’il traversait sans doute la phase la plus difficile de son existence, à travailler avec
Steve Rey, le nouveau coach assistant de l’ASG. «Cela m’a été très, très utile. Il m’a aidé à remettre les choses en place et à retrouver un équilibre entre les différents domaines. Et c’est cet équilibre qui est le plus important.» lement, il termina 127ème, «une grande déception, évidemment». Au quatrième tour, il manqua, avec 74 coups, le cut qui qualifiait les 70 meilleurs et qui lui aurait permis de bénéficier d’une bonne catégorie au Challenge Tour 2011. Maintenant, il est classé dans la catégorie 12, loin des meilleurs. «Je compte malgré tout pouvoir disputer une quinzaine de tournois», espère De Sousa.
’dans la zone’. C’était un sentiment incroyable. A tous les niveaux, tout jouait.» Aussi grâce au soutien de Steve Rey, ainsi que du jeune professionnel Gregori Baumann qui officiait comme caddie.
aiDe extérieure
La réussite fut immédiatement au rendez-vous. En septembre, De Sousa négocia sans problème la première étape de la qualification pour le PGA European Tour 2011. Lors de la deuxième, fin novembre à Murcie, il obtint le meilleur résultat, sur le plan du jeu, de toute sa carrière professionnelle: avec des scores vraiment excellents (67/67/68/65, en tout 17 sous le par), il écrasa la concurrence en gagnant avec, à chaque fois, au moins sept coups d’avance. «J’étais constamment
De Sousa décida de revenir à Genève entre la deuxième phase de qualification et la finale qualificative de six jours qui débutait le 4 décembre à Gérone, en Catalogne. Cela fut une erreur. Toute l’Europe subissant les caprices de la météo, les aéroports restèrent fermés plusieurs jours et De Sousa se vit contraint de rallier l’Espagne par la route, ce qui raccourcit sa préparation. «En plus, les deux parcours ne m’ont guère convenu. Du coup, cela a moins bien marché qu’à Murcie.» Fina-
«2010 a été une année bizarre mais, rétrospectivement, elle a été des plus utiles. J’ai compris bien des choses», dit le Genevois. «Le résultat à Murcie m’a énormément aidé. J’ai senti que j’avais encore le golf en moi. Je suis à nouveau motivé et je vois désormais dans quelle direction continuer.» Fin janvier, De Sousa a déjà posé de premiers jalons. Il s’est entendu pour collaborer avec l’entraîneur anglais Michael Walker, de la réputée académie de Pete Cowen. Déjà lors de sa première visite à l’école dans les environs de Sheffield, De Sousa a pu accomplir un stage de trois jours qui lui a ouvert les yeux. Les analyses ont mis en exergue, entre autres, une erreur, petite mais handicapante, dans le timing de son