10 minute read

La grande incertitude du links

Dans notre second volet sur les parcours du British Open, nous abordons les particularités des links. Leurs origines, leur conception, le style de coups qu’ils requièrent, bref, tout ce qui rend ces parcours si typiques, si enthousiasmants, mais également si agaçants parfois! Car même les meilleurs coups ne sont pas à l’abri d’un rebond défavorable…

En anglais, le mot «link» signifie généralement lien ou liaison. Au 16ème siècle, pour les paysans écossais, c’était surtout un mot utilisé pour définir les bandes de prairie qui séparaient les plages des terres cultivables. Des zones relativement vastes, dont le sol trop salé et trop sablonneux était impropre à la culture, mais idéal pour laisser paître les moutons. Et lorsque les premiers golfs émergèrent, c’est tout à fait naturellement qu’ils trouvèrent leur place dans ces «links», puisque les terres étaient peu rentables et que les moutons se chargeaient de les tondre!

Advertisement

La mer, le sable, le vent, les coquillages, les dunes, la pluie écossaise: voilà les éléments qui, conjointement, ont formé ces surfaces naturellement ondulées et herbeuses. Et qui ont offert depuis l’origine du jeu des conditions très spécifiques, mais finalement idéales pour la pratique du golf: un sol très ferme, donc sur lequel il est agréable de marcher, des ondulations naturelles, un drainage irréprochable, une herbe peu grasse, du sable à profusion pour les bunkers, etc. Les premiers parcours ne présentaient évidemment aucune subtilité sur le plan du dessin, les joueurs se contentant de tracer un semblant de green sur la zone la plus plate possible et quelques bunkers autour. Il est amusant de constater que le tee du trou suivant se trouvait quasiment collé au green, puisqu’à l’époque, la fréquentation des parcours ne nécessitait pas les mesures de sécurité que nous connaissons aujourd’hui!

Architectes improvisés

Il est difficile de définir la période où les premières réflexions sur l’«architecture» des golfs furent lancées. Ce qui est certain, c’est que le golf prit véritablement son essor au 19ème siècle et que l’un des premiers spécialistes dans la conception de parcours fut l’Ecossais Old Tom Morris, professionnel de golf, greenkeeper de son état et par conséquent «designer» improvisé. De nombreux golfs en Ecosse ont profité de son coup d’œil légendaire et de son expérience du jeu. Plus tard, Donald Ross et Alister Mackenzie donnèrent à l’architecture de golf ses véritables lettres de noblesse. Et si les parcours qu’ils réalisèrent ne furent et de loin pas tous des links, leur philosophie s’inspira toujours des principes fondamentaux établis par les terrains en bord de mer.

L’aspect dénudé des links pourrait laisser croire que le golf devient simple sur ce type de tracé. Evidemment, les arbres «suisses» qui gênent notre backswing ou qui bloquent nos balles n’existent pas, pas plus que les obstacles d’eau. Tout juste trouve-ton parfois un petit ruisseau pour happer quelques drives optimistes. Les plus célèbres «burns» sont ceux de St-Andrews (Swilcan burn) et de Carnoustie (Barry burn) où de nombreux golfeurs ont perdu leurs illusions. Les seuls véritables obstacles sont donc les bunkers, qui foisonnent sur le fairway ou autour des greens. Le bunker classique ou le «pot» bunker, dont la particularité est d’être très petit parfois 2 mètres de diamètre seulement. Mais si le bunker est minuscule, toute la zone qui l’entoure est assez vaste et ramène inexorablement les balles vers le sable, comme un entonnoir. La profondeur de ces bunkers est telle que, sur le fairway, il n’est pas rare que le golfeur doivent sortir sur le côté ou même en arrière, perdant irrémédiablement un coup.

S’il n’y a pas ou peu d’arbres, en revanche, il y a souvent des buissons, que les Ecossais appellent «gorse». Des épineux très touffus où il est généralement vain de chercher sa balle. Mais l’élément le plus perturbateur sur un links reste indubitablement le vent. En bord de mer, ce dernier souffle avec enthousiasme, parfois avec colère et pas toujours dans le même sens. D’un jour à l’autre, un par 3 vous verra jouer un fer 9 ou un fer 3! Paradoxalement, ce n’est pas lorsque le vent souffle dans le dos du joueur que le trou est le plus facile. Il devient en effet très problématique d’arrêter la balle et de contrôler son roulement avec un «vent rectal», comme disent les Québécois! Car nous vous rappelons que le sol est toujours extrêmement dur sur un links! Les greens, balayés par le vent et souvent tondus très ras exigent un toucher subtile. Et pour contrôler le roulement, une approche «vent de face» est beaucoup plus facile.

Créativité, humilité

Par rapport au golf que l’on pourrait définir par conventionnel et que nous connaissons en Suisse, le jeu sur les links implique d’être créatif. Il faut déjà maîtriser les trajectoires tendues, pour limiter l’emprise au vent. Avoir un très bon contrôle de la distance. Et surtout un excellent toucher aux approches roulées, car c’est le coup qui sera le plus utilisé pendant 18 trous. Il ne faut pas hésiter non plus à employer le putter à l’extérieur du green, même lorsque l’on se trouve à 20 mètres de ce dernier! Et enfin, il faut avoir la bonne attitude mentale. Jouer son handicap sur un links est extrêmement rare lorsque le vent souffle. Il faut donc se préparer à subir le score plutôt qu’à le contrôler. On peut par exemple organiser un petit match play avec son partenaire: non seulement ce sera moins stressant pour le moral, mais cela correspondra à l’esprit du links et aux compétitions qui prévalaient dans «l’antiquité du golf»!

Nous l’avons souvent écrit, mais nous ne le répéterons jamais assez: les links offrent des conditions de jeu très ludiques, déroutantes, parfois agaçantes lorsqu’un rebond défavorable vous emmène dans un bunker, mais toujours stimulantes. Il faut simplement aborder ces parcours avec humilité. Et Tiger Woods l’a très bien compris, lui qui a gagné le British Open 2006 en laissant son driver dans le sac, en visant systématiquement le milieu des greens et en affichant une patience d’ange!

Royal St George’s: le plus proche

On le connaît mieux parfois sous le nom de Sandwich, le village dans lequel il se trouve. Depuis 1894, il a été sélectionné treize fois par le Royal and Ancient pour organiser l’épreuve mythique. La dernière édition remontant à 2003 fut remportée par l’inconnu Ben Curtis, après que Thomas Bjorn se soit ensablé dans le bunker du trou No16. Ce parcours est exceptionnel à tout point de vue. Les obstacles ne sont pas sournois, mais au contraire, bien visibles, ce qui ne nous empêche pas de les visiter à l’envi. L’énorme bunker du trou No4 est particulièrement impressionnant. Ce par 70 de 6465 mètres est tout à fait adapté aux exigences du golf moderne et les scores modestes de la dernière édition de l’Open en attestent. Ce qui est magnifique avec le Royal St George’s, c’est qu’il offre un très léger relief, grâce à de nombreuses buttes, à l’inverse d’un links traditionnel uniformément plat. Un vrai bonheur pour les yeux, mais aussi pour le jeu, évidemment très sélectif.

Son autre principale qualité pour nous les Suisses, c’est sa relative proximité. Il se trouve en effet dans le Sud de l’Angleterre, à une vingtaine de kilomètres des falaises de Douvres. Une occasion aussi d’effectuer le voyage en voiture, de visiter quelques parcours français, avant d’emprunter l’Eurotunnel pour rejoindre la «perfide Albion».

Précisons également qu’il y a deux autres parcours de notre liste situés dans un rayon de cinq kilomètres! Le greenfee est à 140 pour un parcours ou 180 pour la journée pendant la saison. www.royalstgeorges.com

Royal Liverpool: le plus typique

Lorsque le Royal Liverpool est revenu dans la liste des parcours «majeurs» en 2006, près de quarante ans s’étaient écoulé depuis la dernière édition (1967). Et du coup, Tiger Woods a pu succéder à Jack Nicklaus, dont on sait qu’il lorgne vers le record (18) de ce dernier en Grand Chelem. La première édition de l’Open à s’être jouée sur ce golf, que l’on appelle également Hoylake, remonte à 1896 et le British Open s’y est arrêté onze fois depuis. Le Royal Liverpool est le links le plus classique dans son dessin, avec un relief minimum et des coups de départ que seul un caddy expérimenté pourra vous indiquer avec certitude. Par 72 de 6470 mètres, il se défend extrêmement bien avec ses greens très accidentés, ses bunkers judicieusement disposés et plusieurs hors limites, ce qui n’est pas systématique sur ce type de parcours. On se rappelle qu’en juillet 2006, Woods n’a pratiquement pas touché au driver pour ses mises en jeu, préférant des coups de fers précis, avant une attaque de green plus longue, mais systématiquement effectuée depuis le fairway. En visant le milieu du trou, le No1 mondial ne s’est pas donné beaucoup d’opportunités de birdies, mais il a évité les bogeys ou les catastrophes, à l’inverse de ses adversaires, plus agressifs. La stratégie de Woods est également très recommandée pour les amateurs!

L’accès au Royal Liverpool n’est pas trop sélectif et l’accueil est chaleureux. Les Anglais sont d’ailleurs très spon- tanés et n’hésitent pas à venir converser avec des golfeurs suisses, comme s’ils découvraient que nous ne passons pas l’intégralité de l’année sous la neige, les skis aux pieds! Les tarifs des greenfees sont variables, en fonction de la saison et des jours de la semaine, mais il faut compter entre 120 et 150 quand même! www.royal-liverpool-golf.com

Royal Cinque Ports: le plus accessible

C’est mon coup de cœur! Joué en fin d’après-midi, par une journée radieuse, Royal Cinque Ports était pour ainsi dire désert. Ce golf qui s’appelle aussi Deal s’est montré sélectif, mais splendide, avec cette lumière de fin de journée qui tire les ombres à l’infini et qui favorise les contrastes. Dessiné le long d’une digue qui le protège des assauts des embruns, mais pas du vent, Royal Cinque Ports est un voisin proche du Royal St George’s. Et s’il ne reçoit plus l’Open depuis 1920, il a quand même accueilli deux fois le tournoi (1909) et continue de fonctionner comme parcours pour les qualifications.

Ce golf (Par 72, 6264 mètres) exige une grande stratégie, une grande humilité, de la prudence et du respect. Mais il donne beaucoup d’émotions et de plaisir. C’est un enchantement permanent pour celui qui aime les links. Il est également étonnamment bon marché pour un parcours de cette qualité, que je place personnellement devant d’autres terrains qui sont toujours dans le tournus du British Open! A découvrir absolument. Et si vous ne l’aimez pas, je vous rembourse le green fee, qui se négocie actuellement entre 70 et 120 £, en fonction de la saison et du jour de la semaine! www.royalcinqueports.com

Royal Troon: le plus suisse www.royaltroon.co.uk

Un parcours écossais qui a un lien avec la Suisse? Je vous l’accorde, c’est un peu tiré par les cheveux. Mais la performance de Raphaël de Sousa au British Amateur 2003 justifie cette vue de l’esprit, puisque le Genevois avait atteint la finale. S’il avait battu Gary Wolstenholme, il se serait même qualifié pour l’US Masters… Mais Royal Troon reste bien entendu un links dans la plus pure tradition écossaise. Il est le voisin de Prestwick. Mais voisin si proche, que les joueurs de Prestwick joue quelques trous de leur parcours, avant d’enjamber la barrière qui les sépare de Troon, de jouer les trous qui les amènent au club-house, pour se mesurer, cartes en mains, à leurs amicaux voisins. Quelques traits d’humour britannique plus tard, ils franchissent à nouveau la barrière et terminent leur parcours dans une liesse proportionnelle à la quantité d’alcool ingurgitée… Par 71 de 6537 mètres, Royal Troon est trompeur, puisqu’il endort la méfiance du joueur à l’aller, avant de brutalement le réveiller au retour. Le trou le plus célèbre est le 8, fameux «Postage Stamp», dont le green a la réputation d’être plus petit qu’un timbre poste et dont la longueur ne dépasse pas 112 mètres. Ouvert en 1878, Troon est devenu «Royal» pour son centenaire. Curieusement, ce golf grandiose n’a accueilli son premier Open qu’en 1923; il a en revanche été élu huit fois à ce rang depuis, dont la dernière en 2004, lorsque le très effacé Todd Hamilton a surpris tout le monde, en réalisant notamment des chips d’anthologie avec son Rescue. Royal Troon propose une formule sympathique: pour 220 £, on peut prendre un café, jouer Royal Troon, prendre ensuite un lunch et terminer par 18 trous sur le second terrain du club, le Portland Course.

Royal Lytham St Annes: le plus convivial

Situé au Nord de Liverpool, pas très loin du Royal Birkdale, le Royal Lytham St Annes se trouve dans un charmant petit village, à proximité de quelques maisons qui lui donnent un environnement urbain pas désagréable du tout. Les bâtiments sont en effet assez typiques et d’époque pour que l’ambiance ressemble un peu à celle de St. Andrews. L’atmosphère est conviviale, l’accueil excellent et l’on ne sent pas l’arrogance qui prévaut dans d’autres clubs cités plus haut. Par 71 de 6240 mètres, ce golf inauguré en 1897 a reçu son premier British Open en 1926 (victoire de Bobby Jones). The Open y est revenu neuf fois par la suite, dont la dernière fois en 2001, lorsque David Duval s’est imposé pour son seul titre majeur.

Pas forcément impressionnant visuellement, le parcours peut montrer les crocs lorsque le vent s’en mêle et devenir l’égal de Carnoustie, la référence en matière de sadisme! Il a

Cours De Golf Klosters

été le théâtre d’un coup d’éclat mémorable: une approche jouée depuis le parking par Severiano Ballesteros, lors de sa première victoire à l’Open britannique en 1979. Le coup qui résume la carrière du fier Espagnol! Plus proche de nous, on se rappelle du pitch délivré par l’amateur Justin Rose sur le 72ème et dernier trou de l’édition 2001 et qui était directement rentré dans la coupelle pour un eagle. Le Royal Lytham St Annes cache bien son jeu, mais peut détruire le vôtre si vous ne l’abordez pas avec humilité. Tout plat, il offre néanmoins quelques trous spectaculaires, comme le 10, un par 4 de 300 mètres, que les plus inconscients vont attaquer au drive. Ce sera le birdie ou le double bogey, mais rien d’autre! Un must accessible. Le greenfee est fixé à 140 £, lunch compris. www.royallytham.org

■ Jacques Houriet

TONY S MITH`S A CADEMY OF GO L F

Au milieu du magnifique environnement alpin de Klosters, forfaits pour débutants et golfeurs confirmés

COURS DE GOLF–WEEKEND

FR. 490.– par personne

2 jours, logement 1 nuit avec petit déjeuner

COURS DE GOLF–SEMAINE

FR. 990.– par personne (Ma – Ve)

4 jours, logement 3 nuits avec petit déjeuner

COURSDE GOLF/GOLF

FR. 390.– par personne (Sa/Di)

1 jour cours/1 Greenfee, logement 1 nuit avec petit déjeuner

Mai – octobre, supplément

FR. 10.– par jour/personne haute saison (14 juillet – 25 août 2009)

Offres supplémentaires pour cours/journées de golf à l’adresse: www.golf-klosters.ch

Golf Academy, Tel. +41 81 422 13 12, www.tony-smith-golf.com

Hotel Alpina****, Tel. +41 81 410 24 24, www.alpina-klosters.ch

Silvretta Parkhotel****, Tel. +41 81 423 34 35, www.silvretta.ch

Hotel Vereina****, Tel. +41 81 410 27 27, www.vereinahotel.ch

This article is from: