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Dix-huit trous dans le par

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Down Mexico Way!

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Un parcours de golf se compose de 18 trous. Pour les gens avisés, un tour de rêve est fait de 18 pars; Annika Sörenstam a pourtant comme objectif déclaré de boucler le tour en 54 coups, de même que la dernière gagnante du Deutsche Bank Ladies Swiss Open, Suzann Pettersen affiche sur sa casquette le score de 54. Mais ce 54 est inaccessible: le meilleur score en compétition reste un 59, rendu par plusieurs professionnels, hommes et femmes. Par contre, enregistrer 18 pars d’affilée est le fantasme de tous les amateurs. Jamais en difficulté, aucun coup de départ dans le rough, tous les drives au milieu de la piste cela doit être fabuleux. Mais s’il est très simple de s’imaginer cela (visualisation, do you know?), il est extrêmement rare d’atteindre cette banale perfection! Même si ce résultat standard est inscrit sur la carte de score…

Nick Faldo a réalisé l’un de ces exceptionnels tours dans le par, pour remporter rien de moins que le British Open 1987, disputé en Ecosse à Muirfield. Les annales avaient retenu que ce championnat s’était disputé dans des conditions de temps exécrables et avec un vent très soutenu.

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L’Américain Paul Azinger était le leader après trois tours, une position qu’il détenait toujours à deux trous de la fin, avec un coup d’avance sur Nick Faldo. Mais Azinger terminait avec deux bogeys, ce qui permettait à Faldo de lui griller la politesse puisque, comme nous l’avons dit, il ne réalisait ce jour-là que des pars. C’était le début du palmarès splendide de l’Anglais en majeur, qui allait épingler cinq autres titres. Trois fois le British Open et trois fois l’US Masters. En septembre prochain, Nick Faldo sera à la tête de l’équipe européenne de Ryder Cup qui se mesurera une nouvelle fois aux Américains. Lesquels seront emmenés par… Paul Azinger!

Il a fallu attendre 21 ans pour assister à un parcours identique. Et ce n’est pas ce que son auteur espérait: Jeev Milka Singh ne finissait en effet qu’avec un petit coup de marge sur le second pour remporter le Bank Austria Golf Open 2008. Il aurait certainement préféré inscrire quelques birdies pour passer un dimanche après-midi plus serein. Mais lui aussi, ce fils d’un coureur indien inscrit aux 100 mètres des Jeux Olympiques, devait se contenter de 18 pars; cela lui suffisait néanmoins pour gagner le tournoi et empocher un chèque de 216'660 euros. En comparaison, il y a 21 ans, Nick Faldo avait dû se contenter de 75'000 livres (le vainqueur de l’édition 2007 du British Open, Padraig Harrington, a touché exactement dix fois plus avec 750'000 livres)!

Singh a joué un dernier tour très solide, même si son dernier putt pour le par mesurait plus d’un mètre. Un putt qu’il aurait très bien pu manquer, comme cela lui est arrivé maintes fois dans sa carrière. Mais une main inconnue a guidé son club pour que la balle rentre dans le trou et lui évite le bogey. Car avec 17 pars et un bogey, il aurait dû partir en play-off, avec une amertume qui lui aurait certainement fait perdre le titre. Et surtout, nous n’aurions jamais pu écrire cet article…

■ Urs Bretscher

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