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Le saison de la clou

La saison nationale des tournois approche de son point culminant : l’Omega European Masters à Crans Montana est en effet tout proche. Cette date du début septembre est soulignée en gras dans l’agenda de la plupart des golfeurs et des fans de golf suisses. C’est aussi une échéance qui figure au calendrier de beaucoup de professionnels européens évoluant sur l’un ou l’autre des circuits.

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Miguel Angel Jimenez, Lee Westwood, Robert Karlsson, Oliver Wilson, Graeme McDowell, tels étaient les cinq premiers de l’Ordre du mérite de l’European Tour à mijuillet. Quatre de ces cracks ont déjà annoncé leur participation à l’Omega European Masters de cette année. Seul McDowell ne s’était pas encore décidé!

Mais le déplacement en Valais n’est pas réservé qu’à ceux qui peuvent légitimement prétendre à une victoire cette saison ou qui visent une place dans l’équipe de Ryder Cup. Comme d’habitude, les pros se bousculent au portillon, allongeant la liste d’attente. Car ce n’est qu’au dernier moment que l’on désignera ceux qui auront accès au départ. Quoi qu’il en soit, c’est à du sport de très haut niveau que l’on assistera. Et l’on est optimiste, comme de coutume, en ce qui concerne le temps. En 2006, il faisait chaud, l’année dernière le fond de l’air était plutôt frais, mais en principe le soleil brille toujours sur le Haut-Plateau. Cette situation privilégiée étonne beaucoup les Suisses alémaniques. Elle peut pourtant s’expliquer.

Les statistiques météorologiques démontrent d’abord que cette région centrale du Valais est la plus ensoleillée de Suisse. Ici, le soleil est plus présent encore qu’au Tessin! Septembre est en outre le premier mois de l’automne et c’est le moment où les couleurs de la nature sont les plus belles. La promenade le long des fairways procurera à tous les visiteurs une détente bienvenue pour le corps et l’esprit, alors que l’été, au nord des Alpes, se déroule souvent sur un arrière-fond de grisaille.

Il y a aussi Gaston A. Barras, le président du comité d’organisation, le grand vieil homme du Golf Club de Cranssur-Sierre. C’est lui qui a les contacts décisifs avec le chef suprême du temps (un certain Saint Pierre…). Rien de très étonnant dans un canton catholique, mais nous, protestants, devons bien le reconnaître aussi.

Quoi qu’il en soit, le soleil à l’Omega European Masters fait partie d’une si longue tradition qu’aucun argument n’est à même de la faire mentir. C’est pourquoi les joueurs, certes, mais les spectateurs également, doivent prendre avec eux leurs protections anti-solaires, faute de quoi ils auront tôt fait de recevoir une overdose d’UV-B.

Vacances à Crans-Montana

Cette année encore, le moment de l’Omega European Masters est propice pour ceux qui souhaitent, en outre, profiter de quelques jours de vacances en Valais. Les stars le font, les autres joueurs le font, pourquoi pas le spectateur normal? Les organisateurs, autour d’Yves Mittaz, ont fait en sorte que dans les restaurants et les bars des environs du parcours il y ait, au moment de l’apéro, des musiciens, des orchestres, des pianistes, pour mettre de l’ambiance. Yves Mittaz veut que toute la station de Crans soit en fête. Après avoir assisté au tournoi, on se rencontre volontiers au village pour prendre un verre de blanc.

L’éventail des plaisirs est ainsi garanti et à Crans-Montana, la bonne humeur est comprise. Ici, la tradition veut aussi que les joueurs se mêlent aux hôtes. Ils flânent dans les rues, s’asseyent aux tables des restaurants pour souper. En passant votre commande le soir, peut-être serez-vous à la table d’à côté du joueur que vous avez suivi de près dans la journée sur les fairways… C’est précisément ce mélange unique au monde (tournoi de très haut niveau et ambiance de vacances) qui rend cet «Open», comme les gens du cru l’appellent volontiers, si particulier. Ailleurs, on peut tout juste apercevoir les joueurs arriver et repartir dans des

«courtesy cars» devant le club-house. Ils logent quelque part très à l’extérieur. A Crans, il en va autrement. L’endroit est niché au cœur de la montagne, loin des grands centres. Tout y est concentré, on peut se rendre d’un endroit à l’autre à pied. On souffre avec les joueurs, on se réjouit avec eux, on fait un bout de chemin ensemble. Bref: on est ici avec eux, en toute décontraction.

Armés jusqu’aux dents

Mais cela ne signifie pas que les 156 participants à l’Omega European Masters se comportent en touristes dilettantes. Au contraire. Ils apprécient de pouvoir jouer pour une fois dans une ambiance détendue. Mais ils le font toujours pour gagner ou, puisqu’il n’y a qu’un vainqueur, pour se classer au mieux et encaisser ainsi le plus gros chèque possible. Dans de nombreux cas cependant, il ne s’agira simplement que de gagner sa vie.

Un autre élément contribue à créer une atmosphère particulière pour les spectateurs. Derrière les cordes qui marquent la distance de sécurité des fairways et des greens, on peut voir de près comment ces artistes de la petite balle blanche pratiquent le golf du plus haut niveau qui soit. Ce qu’on appelle un jeu s’apparente plutôt à un combat.

C’est de toute manière un défi qui nécessite une extrême concentration et qui rend parfois difficile à supporter l’étroite proximité avec les spectateurs. Une toux, un chuchotement, un frémissement, voir un applaudissement peuvent influencer négativement l’humeur, engendrer des coups ratés et, au pire, faire rater le cut.

Les pros utilisent tout ce que l’industrie peut leur offrir. Certains jouent avec des prototypes de clubs ou de balles, savamment camouflés mais qui n’échappent pas à l’œil exercé. Cela vaut avant tout pour les shafts des drivers, mais aussi pour ceux de nombreux fers. Comme la plus grande distance possible est un peu partout l’obsession des golfeurs, les fétichistes du matériel ont beaucoup à découvrir à l’ «Omega».

Les médias focalisent surtout leur attention sur les participants helvétiques au tournoi. On ne sait pas encore qui sera sélectionné. Du côté de la Swiss PGA, ce seront les meilleurs pros de l’Ordre du mérite. L’ASG distribue elle aussi ses invitations exclusivement en fonction du classement actualisé.

Pour les pros de la Swiss PGA, ce tournoi est la meilleure occasion de se montrer devant un large public. Après son cinquième rang au Credit Suisse Challenge à mi-juillet, Julien Clément a expressément déclaré que l’Omega European Masters serait le clou de sa saison, bien que son chèque ne sera pas pris en compte pour le Challenge Tour. Raphaël de Sousa et Martin Rominger seront avec lui au départ. Pour les deux dernières places, Damian Ulrich, Nicolas Sulzer, André Bossert, Frederik Svanberg et Tino Weiss ont les meilleures cartes en mains, mais ils ont encore du temps jusqu’aux championnats suisses du plus long drive à Limpachtal, à fin août, pour améliorer leur total de points.

L’ASG aimerait cette année obtenir trois ou quatre places pour les meilleurs amateurs et si le vainqueur des championnats internationaux de Suisse 2007 passe entre temps chez les pros, la voie sera libre pour un autre amateur. (Voir aussi l’entretien avec le responsable du sport d’élite de l’ASG, Markus Gottstein, dans cette édition).

■ Urs Bretscher

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