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Club plus court, swing complet
Les parcours provoquent plein de situations piégeuses dans lesquelles les pros qui veulent gagner de l’argent ou surtout remporter la victoire ne peuvent se perdre. Les architectes prennent souvent un malin plaisir à jouer avec de tels pièges dans leur design – certains sont même connus pour leur sévérité particulière! Et cela ne date pas d’aujourd’hui: Alister Mackenzie était il y a près de cent ans un maître du camouflage et de la surprise. Beaucoup de ses dessins sont encore admirés aujourd’hui, comme Augusta National ou Cypress Point.
En tant que joueur, je dois toujours analyser un parcours pour décider où je peux attaquer et où je dois jouer prudemment. Avec toutes ces informations, j’établis alors mon «game plan». C’est extrêmement important et les amateurs devraient le faire également. Pendant le tournoi, je dois simplement définir en fonction des conditions du jour (temps, qualité du sol, position des drapeaux et mes propres capacités) le choix du club. Mais je ne m’éloigne pas de ma stratégie de base. Et cette dernière est toujours prudente en cas de doute, puisque j’évite les coups risqués d’une manière générale.
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Quelques jours après le Championnat Suisse de Matchplay disputé à Interlaken, où ma sœur Caroline a remporté le titre, j’ai eu l’occasion de découvrir le magnifique parcours du GC Interlaken-Unterseen, au bout du lac de Thoune. Deux trous ont particulièrement suscité mon intérêt; ils correspondent parfaitement à ma philosophie de tournoi.
Le trou 13 est un dogleg à droite. Le «coude» est très accentué et l’intérieur est composé d’une forêt avec de très hauts arbres. Pour placer une balle dans la courbe, après avoir survolé un obstacle d’eau, j’utilise en général un fer 4. Mais il y a également la possibilité de viser le green directement en passant par-dessus les arbres, en franchissant cette distance sans problème avec mon Rescue 21°.
Où se trouve le drapeau?
Mais qu’est-ce que j’ai à gagner? Certains points jouent un rôle important.
- Il est difficile de faire tenir la balle sur le green, derrière les arbres; car les arbres sont proches du green. Je dois donc effectuer un cut haut, qui reste longtemps en l’air et qui perd sa vitesse pour retomber d’une manière verticale. C’est très exigeant sur le plan technique.
- On ne parvient pas à voir le drapeau à travers les arbres; il y a donc toujours un manque de sécurité lorsqu’il s’agit de trouver la bonne direction.
- Lorsque je manque le green, ma balle va reposer dans le rough et je dois effectuer un pitch par-dessus un bunker, vers un drapeau parfois au bord du green, avec le risque d’être court ou long.
- Le vent peut provoquer des turbulences, entre les grands arbres, que l’on ne remarque pas. Le coup peut alors être trop court (aie!) ou trop long (out of bounds).
Lorsque je prends tout en considération, je n’ai donc que deux moyens de faire un birdie. Lorsque le drapeau se trouve à l’entrée du green, je peux viser à gauche du green avec mon rescue, sur la portion étroite du fairway (ce qui est plus facile depuis le départ) et réaliser ensuite un chip. La seconde possibilité est de jouer le trou d’une manière conservative au fer 4, en me laissant un second coup de wedge. Ce qui implique un coup de départ d’environ 200 mètres et ensuite une approche de 90 ou 100 mètres. Ce qui me donne une bonne chance de me placer vers le trou et de putter pour le birdie.


Deux positions de drapeau photographiées depuis un endroit où un chip est le coup à jouer: on peut mesurer la différence dans la difficulté!
Martin Rominger joue pour la troisième année consécutive sur l’Asian Tour. Il a gagné l’Ordre du Mérite suisse en 2006 et 2007. Il fut auparavant un membre de l’équipe amateur suisse, remportant en et l’Ordre du Mérite amateur.

Pendant un tournoi, je choisirai toujours la seconde solution!
Où manquer le green?
Le trou No7 a également quelques aspects intéressants. C’est un par 4 plutôt court. Il y a un hors limites à gauche. Il y a un groupe d’arbres qui avance sur le fairway, si bien que le second coup vers le green devient difficile voire impossible si on lâche sa balle trop à droite sur le fairway. Il faut absolument placer son coup de départ sur la moitié gauche du fairway; entre le fairway et le hors limites, il y a un talus avec du rough qui n’est pas très accueillant pour jouer un wedge en direction du green.


Le green en lui-même est étroit et passablement long avec ses 35 mètres; on trouve le même talus à gauche et un gros bunker à droite. En raison de la longueur du green, il faut absolument savoir où se trouve le drapeau (avec 35 mètres de longueur, il y a trois clubs de différence!).
On ne sait pas très bien ici si le vent de travers va pousser la balle ou non. Il est donc important de définir le côté du green qu’on veut éviter. On voit sur la photo que je vise plutôt à gauche (pieds et divot). Le vent va légèrement déporter la balle vers la droite; si elle reste droite, je vais avoir alors un chip relativement facile depuis le talus en direction du trou. Si le drapeau se trouvait plus vers la gauche, il serait plus facile d’attaquer le drapeau depuis le bunker, car je ne disposerais pas de suffisamment de green pour faire rouler ma balle depuis la gauche.
«Short siding yourself»
Ici, sur le 7ème green d’Interlaken, il y a un autre élément; que nous appellerons «short siding yourself». Lorsque le drapeau se trouve à proximité du bunker et que je veux avoir un alignement assez agressif en le visant, la balle peut très bien terminer dans le bunker en s’égarant de quelques mètres. Je vais alors me trouver face à une sortie de bunker très courte, avec une hauteur de lèvre assez importante; il va donc être difficile de ne pas laisser la balle rouler, puisque je vais devoir swinguer doucement, ce qui a pour effet d’enlever le backspin. Je peux déjà me préparer à devoir réaliser un long putt pour sauver le par! Mais plutôt que le bunker, c’est dans le rough que je peux me retrouver, lequel implique à peu de chose près le même manque de contrôle. Lors de mon second coup, il convient donc de viser en direction de la plus grosse portion de green, et au milieu de celuici dans le meilleur des cas. J’ai alors plus de place et la balle ne risque pas de terminer dans le bunker. En cas de conditions de vent difficiles, il peut être utile de jouer un wedge plus court, pour totalement éliminer l’inconnue du bunker. Au pire on se trouve face à un chip plutôt facile depuis l’entrée du green. Comme on le voit, la «lecture» du parcours est déterminante. Je dois toujours me procurer des opportunités de birdies et en même temps je ne veux pas enregistrer de bogeys. C’est dans la préparation mentale que tout se joue, ce qui exige un peu de discipline. Mais n’a rien de spectaculaire…


