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L’Europe, encore

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Travel Desk

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La Ryder Cup a délivré sa magie pour la 36ème fois. Dans la même passion, la même effervescence et le même engagement que lors des précédentes éditions. L’Europe l’a emportée pour la 11ème fois, mais surtout pour la troisième fois consécutive, répétant sa série de 1985 à 1989! C’est donc un nouveau camouflet infligé aux Américains, lequel, qui plus est, risque de mettre en danger l’avenir de cette fantastique compétition. Pourquoi? Parce que les Américains détestent perdre. Et que nombreux sont les observateurs qui estiment que leur patience a atteint ses limites et qu’après les réactions d’orgueil, c’est une forme de dédain qui pourrait envahir les rangs des spectateurs et, plus grave, des joueurs. La 37ème édition se déroulera aux EtatsUnis, sur le parcours du Valhalla CC, en septembre 2008. Est-ce que dans ce «temple des Dieux», Tiger Woods et ses compatriotes retrouveront un peu d’inspiration? C’est véritablement à souhaiter, car sinon, la President’s Cup –match qui oppose les Etats-Unis au «reste du Monde», donc sans l’Europe – risque bien de prendre la première place dans le cœur des Américains. On avait déjà pu se rendre compte de la montée en puissance de cette rencontre, qui n’a pour l’instant que 12 années d’existence et six éditions.

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Ce qui est navrant, c’est que l’esprit de la Ryder Cup est en danger. Il faut se pencher un peu sur son histoire pour comprendre ce qui motivait les initiateurs. C’est en 1921 que le concept est né, des réflexions de Sylvanus P. Jermain, président de l’Inverness Club à Toledo, dans l’Ohio. Même si certains estiment que l’idée est venue de James Harnett en 1920, un représentant du magazine Golf Illustrated. Quoi qu’il en soit, il paraît évident que ce n’est pas Samuel Ryder, le vendeur de grains anglais, qui est à l’origine de cette rencontre entre les joueurs américains et anglais. Mais c’est lui en revanche qui a concrétisé ce concept exceptionnel en offrant le trophée pour la première édition officielle en 1927. Il faut dire que cet homme richissime était passionné de golf, au point d’engager la star anglaise Abe Mitchell pour disputer des tournois, organiser cette

Ryder Cup et, accessoirement, jeter un coup d’œil sur son swing! Homme d’honneur, Samuel Ryder a donné âme et grandeur à la Ryder Cup, éliminant la notion de gains –mais pas de grains! – au profit de la fierté nationale. Une valeur de l’époque, qu’il est beaucoup plus difficile de promouvoir et de défendre aujourd’hui… D’autant plus qu’il y a une différence notable entre les deux équipes. Si les Américains jouent pour leur pays, les Européens se battent pour une communauté, pour un rassemblement de pays dont la volonté d’aboutir est fortement contrastée. Est-ce que les Britanniques se sentent européens? Je ne parierais pas un roastbeef sauce à la menthe là-dessus… Nous avons donc d’un côté une équipe qui se bat pour son drapeau –assez mal d’ailleurs depuis quelques années – et de l’autre une bande d’individualités réunies dans le but essentiel d’humilier leurs arrogants adversaires. On se rappelle que Paul Casey avait lâché un pavé dans la marre en 2004 lorsqu’il avait déclaré que les «Européens» détestaient les Américains. C’est donc moins la fierté territoriale qui stimule les joueurs du vieux continent que le plaisir de faire la nique aux golfeurs du nouveau monde. Cela dit, cette motivation a été très efficace!

Soyons réalistes, la Ryder Cup a perdu sa noblesse. Les polémiques se multiplient, les capitaines sont controversés, le public est difficilement contrôlable et les privilèges individuels sont fortement recherchés (invitations multiples sur les circuits et dans les épreuves du World Golf Championship). Mais il reste le spectacle. Et ça, il serait navrant que nous en soyons privé!

■ Jacques Houriet

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100 in a drop.

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