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Entre génie et folie

Certains esprits brillants marchent sur un chemin très fin qui serpente entre le génie et la folie. Ils versent d’un côté comme de l’autre, d’une manière imprévisible. C’est cette image qui nous est restée en rentrant de ce voyage aux Emirats Arabes Unis (EAU).

Le club-house en forme d’aigle. Il a failli être tourné dans l’autre sens, la tête vers le parking, car le protocole ne pouvait imaginer que le roi entre par le c.. de l’aigle pour l’inauguration! Heureusement, il a suffit de le contourner…

Les Emirats Arabes Unis sont constitués de sept membres, dont les plus célèbres – et que les autres ne nous en tiennent pas rigueur – sont Dubai et Abu Dhabi. Mais c’est Abu Dhabi qui en est la capitale. Peut-être parce que c’est l’Emirat le plus riche, puisqu’il est le seul ou presque à disposer du pétrole. Mais aux yeux des occidentaux, c’est bien Dubaï qui est le plus populaire. Le succès de Dubai a du reste fait naître des idées dans l’esprit des dirigeants d’Abu Dhabi, qui aimeraient bien développer un tourisme jusquelà bien timide, en regard du carrefour commercial que représente la capitale des EAU. D’énormes moyens sont mis en œuvre désormais pour attirer les touristes du monde entier et plus particulièrement de l’Europe. Les investissements sont colossaux et ont démarré par la création d’une compagnie aérienne:Etihad Airways. Fondée en juillet 2003, cette compa- gnie haut de gamme n’arrête pas d’ouvrir de nouvelles lignes et d’élargir son réseau. La Suisse n’est pas en reste puisqu’elle profite de trois fréquences hebdomadaires directes au départ de l’Aéroport International de Genève, les mardi, jeudi et samedi. L’horaire a malheureusement changé depuis notre voyage et c’est désormais un vol de jour qui vous transporte à Abu Dhabi, dans un confort moderne irréprochable, grâce à un Airbus A330-200. Un confort qui est parfaitement adapté aux vols de nuit… Nous avions pu en profiter largement d’ailleurs à l’époque (novembre 2005); à 6h du matin, l’aéroport d’Abu Dhabi n’était guère animé et le taxi qui nous a emmené au Royal Méridien n’avait pas perdu de temps en route. Au centre ville, on commençait à s’activer, comme dans toute capitale qui se respecte. Cet hôtel commercial offre un espace de détente très agréable autour de la piscine, mais est plus destiné aux hommes d’affaires qu’aux vacanciers. Ces derniers pourront mieux profiter de la mer à l’Emirates Palace. Difficile de trouver les superlatifs pour décrire ce monument! Construit par le gouvernement pour recevoir une conférence des Emirats, il est géré par le groupe Kempinski, ce qui, en soit, définit déjà le standing de l’établissement. D’un luxe inouï, mais d’un raffinement exceptionnel, il a réussi à éviter les touches kitch si fréquentes sous ces latitudes. La plage de plus d’un kilomètre est somptueuse et le service est irréprochable. On en oublierait presque le golf… Pourtant, à Abu Dhabi, il y a deux parcours superbes, dus au talent d’un architecte bien connu en Suisse. Peter Harradine a en effet établi sa base internationale dans les Emirats et il y a conçu quelques perles, dont Abu Dhabi Golf Club, qui comprend deux parcours de 18 trous. Rendu célèbre par son club-house en forme d’aigle, ce club a définitivement gagné ses lettres de noblesse en janvier dernier, lorsque Chris Di Marco est venu gagner l’Abu Dhabi Golf Championship, une épreuve du Tour européen. Totalement plat, ce parcours dispose d’un dessin subtil, de grands greens exigeants et d’obstacles intimidants. Mais ce golf de championnat reste accessible à chacun et le plaisir est total. L’autre parcours est plus simple, mais tout aussi intéressant, notamment parce qu’il est éclairé sur les 9 derniers trous et qu’il autorise les parties tardives. Pour connaître enfin les joies du golf sur le sable, il faut absolument changer d’univers et se rendre à l’Al Ghazal Golf Club, avec ses greens en «brown». Tracé dans le désert, le parcours se joue avec un petit tapis, que l’on peut seulement utiliser si l’on se trouve sur le fairway, délimité par des piquets. Sinon, c’est d’un lie improbable que l’on tentera d’atteindre ces greens faits d’un mélange de sable et de… pétrole! Ces «browns» réagissent comme des greens herbeux très durs et nécessitent des approches millimétrées. Lorsque l’on monte sur le green, on traîne derrière soi un balai pour effacer les traces de pas. Une expérience vraiment unique. Mais c’est déjà vers Dubai que nos regards se portaient. Dubaï qui s’est tellement émancipé, qu’il en a oublié certains principes fondamentaux de l’Islam, notamment dans les restrictions du Ramadan. Les Emirats voisins s’offusquent gentiment, parfois un peu jaloux de cette indépendance arrogante et surtout de cette fascination que le plus célèbre des sept Emirats opère sur le tourisme international. Les occidentaux qui vivent à Dubai n’en peuvent plus du trafic, du rythme du business, des excès immobiliers, mais ils restent néanmoins attachés à cet endroit qui offre tant d’opportunités. Dubaï est comme un enfant trop gâté, qui veut toujours plus de jouets, d’attention, d’amour et dont on sait qu’il en souffrira un jour. Mais à l’heure actuelle, c’est un endroit qui éblouit, qui séduit, qui permet les mélanges d’ethnies les plus surprenants et qui garantit une sécurité irréprochable.

On joue même quand il fait nuit sur l’un des parcours d’Abu Dhabi Golf Club.

Une fois bouclés en une heure les 160 kilomètres qui séparent la capitale de Dubai – c’est un rythme de conduite normal pour le chauffard, pardon, le chauffeur local, sur cette autoroute rectiligne – on a couru visiter l’hôtel le plus photographié de la planète, le Burj Al Arab. Ce bâtiment en forme de voile s’avance sur la mer dans une ligne d’une extrême beauté, qui mériterait une décoration intérieure plus… raffinée! La plage de Jumeirah est l’endroit idéal pour une semaine de vacances balnéaires, mais cette fois c’est en ville que l’on a trouvé refuge, à l’InterContinental Dubai. Cet hôtel de luxe est typiquement destiné aux hommes d’affaires, avec ses … 10 restaurants et ses 3 bars. Un établissement cossu, parfaitement administré et idéalement situé au centre ville, sur le bord du Creek.

Dubai ne compte que huit parcours et justifie son choix comme destination golfique par la qualité et non la quantité. La qualité du climat d’abord, qui garantit du soleil toute l’année et des températures exceptionnelles, surtout lorsque la mauvaise saison sévit en Europe. Le Dubai Desert Classic a fait la promotion du golf, grâce notamment aux victoires de Tiger Woods ou d’Ernie Els et les clubs de l’Emirates Golf Club ou de Dubai Creek sont désormais mondialement connus. Ce n’est pas le cas en revanche des nouveaux terrains comme The Montgomerie, Al Badia Golf Resort ou Arabian Ranches. Autant de parcours liés à d’immenses projets immobiliers, comme il se doit à Dubai. Si The Montgomerie est le moins stimulant, il vaut surtout par la qualité de son entretien. Al Badia est signé par Robert Trent Jones II et représente certainement la plus belle opportunité golfique de Dubai, alors qu’Arabian Ranches fait souffrir le joueur de club, par la difficulté à trouver les fairways avec les coups de départ. En ajoutant les 18 trous de Nad Al Sheba et les 9 trous du Jebel Ali Hotel, l’offre est idéale pour une semaine de sport et de détente. Surtout que dans les trois ans à venir, beaucoup d’autres parcours vont être ouverts.

Un symbole à Dubai: un golf magnifique, entouré des inévitables grues et des tours en construction.

Un «brown», mélange de pétrole et de sable, que l’on balaie après avoir putté. Amusant et plus difficile qu’on l’imagine.

En s’asseyant dans les sièges très confortables de l’avion d’Etihad Airways pour le vol de retour – de nuit et cela n’a heureusement pas changé - on avait encore le tournis. Car Dubaï saoule comme un cocktail en été. Mais il en a aussi la fraîcheur et le goût de «reviens-y»!

Renseignements: Fert Golf

Tél. 022 839 43 36

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