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Parcours trop dur?
N’ayons pas peur des mots, la tentative de Michelle Wie en Valais s’est soldée par une débâcle totale. Elle a terminé parmi les derniers après deux tours, devançant seulement deux joueurs qui ont abandonné et un qui a été disqualifié… Elle a donc manqué largement le cut. Mais que reste-t-il de cette expérience?
«C’est du marketing», selon l’avis général. Bien entendu, lorsqu’une femme dispute une épreuve du circuit masculin, elle n’a à priori que peu de chances de terminer bien placée. Cela, dit, Michelle Wie frappe bien dans la balle depuis le tee, beaucoup plus loin que la moyenne des femmes professionnelles. On a même pu constater qu’elle n’était qu’à 20 mètres des «bombes» lâchées par Sergio Garcia lors d’un tour d’entraînement. Mais il n’y a pas que la longueur pure dans le golf, comme le parcours de Crans l’a douloureusement démontré.
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Michelle Wie joue habituellement aux Etats-Unis, sur des golfs généralement plats et dont les greens ont une taille importante. Tout à fait l’opposé du dessin du parcours Severiano Ballesteros, qui est assez serré, vallonné et dont les greens sont extrêmement petits. Pour avoir une chance de placer son coup vers le drapeau, il faut avoir des approches relativement courtes, depuis un lie parfait, afin d’imprimer beaucoup de backspin à la balle. L’important est donc de placer sa balle sur le fairway, à bonne distance, pour se laisser un fer court ou moyen pour attaquer le green, avec une trajectoire haute! Et c’est là que le bât blesse chez Michelle, puisque son vol de balle est plutôt tendu et qu’elle doit jouer deux clubs de plus que les pros du circuit, notamment pour attaquer les pars 3. Lors du premier tour (+7), elle a laissé 5 coups sur les pars 3, dont la longueur importante l’obligeait à prendre des fers 5, 4, voir un bois 3 au 16. Difficile dans ces conditions de contrôler le roulement de la balle…
Il faut aussi préciser que le petit jeu de la jolie Hawaïenne n’est pas irréprochable. Depuis le rough dense et long ou depuis les bunkers, elle a singulièrement manqué de précision, terminant souvent avec un putt de 2 ou 3 mètres pour le par. Mais ce qui est valable pour des amateurs ne l’est pas pour des professionnels, surtout à ce niveau.
Tout cela est évidemment lié à l’expérience. Avoir un swing parfait est une chose, réaliser un score en dessous du par à Crans en est une autre. Et dans ce domaine, il n’y a pas mieux que les Anglais, les Ecossais, les Irlandais, les Suédois et les autres pour s’accrocher, gratter et «mordre» le terrain un coup après l’autre. Ce n’est donc pas un hasard si des joueurs au swing peu académique, mais si efficace, ont inscrit beaucoup de scores en rouge (birdies) sur le leaderboard, pendant que la jeune prodige décorait sa carte de beaucoup de bleu (bogeys). Ajoutons à cela la frustration, le découragement, la perte de motivation, mais aussi l’agacement de Michelle, qui n’a pas toujours trouvé auprès des pros un soutien moral stimulant!
Quel est finalement le but de l’exercice? On a entendu beaucoup de commentaires à ce sujet, très différents les uns des autres. Livio Padrun, directeur général pour Omega Suisse, est l’un des partisans de la venue de Wie en Valais, surtout par rapport à la spontanéité du public, qui est monté en masse pour suivre spécifiquement la jeune golfeuse.
Une attitude positive que Gaston Barras affichait également, en remarquant que le record de spectateurs allait être battu et dépasser pour la première fois la barre des 50'000. Organisateurs et représentants d’Omega étaient donc aux anges avec la venue de Michelle Wie.
Mais d’autres voix moins enthousiastes se sont élevées, particulièrement chez les puristes, qui ne comprennent pas qu’une jeune femme qui n’a encore rien gagné dans sa catégorie s’entête à défier les hommes sur leur circuit. Lors de la conférence de presse qui s’est déroulée devant une salle comble, des questions délicates ont été posées à Michelle sur ce sujet. Et ses réponses studieusement appri- ses n’ont pas eu l’heur de plaire aux journalistes britanniques, dont la dent est souvent dure.
Même le coach national, Graham Kaye, s’est demandé ce qu’une adolescente de bientôt 17 ans pouvait espérer en s’inscrivant à un Open aussi exigeant que l’Omega European Masters. Et surtout si cela pouvait servir la cause du golf féminin…



Est-ce que c’est la déception, la frustration, un goût amer dans la bouche qui est resté, ou «le plaisir d’avoir découvert la station, le parcours, l’accueil valaisan si chaleureux et les croissants au chocolat», comme elle l’a mentionné? On le saura peut-être l’an prochain, si elle revient, comme elle en a émis le désir juste avant de débuter la compétition!
Malgré un tour d’entraînement avec Sergio Garcia, des séances de practice sous l’oeil protecteur mais critique de papa, maman et du garde du corps, Michelle Wie n’a pas réussi son exammen sur le parcours Severiano Ballesteros. Son petit jeu n’était pas au point, malgré une très belle approche au trou no 12.