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Retour sur la saison 2005 des amateurs suisses

Un an après leur quatrième place aux Championnats du monde par équipe à Porto Rico, les amateurs suisses ont à nouveau brillé: ils ont gagné le bronze à Southport (Angleterre). C’est une grande première, puisque notre pays n’avait encore jamais remporté de médaille. Le coach national Graham Kaye croit qu’avec ces deux grands succès, les joueurs ont acquis la confiance en eux nécessaire pour réussir aussi au niveau professionnel.

«Je suis très content des résultats; il me paraît difficile de pouvoir récolter encore davantage de succès». Telle est le constat réjouissant du coach national Graham Kaye. En fait, les amateurs suisses se sont fait plusieurs fois remarquer à l’étranger durant cette saison: à Southport, Damian Ulrich a terminé les tours de qualification du British Open Amateur avec des scores de 67 et 68. Il a ainsi précédé des concurrents chevronnés de quatre coups et plus. Même s’il n’a pas réussi à confirmer ces bonnes dispositions lors du match play qui a suivi, son entrée en matière en Angleterre est prometteuse pour l’avenir. Tino Weiss s’est distingué à Paris en remportant souverainement les championnats internationaux de France; lors du même tournoi, Martin Rominger s’est classé cinquième, complétant ainsi l’excellent bilan helvétique.

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Mais le clou de la saison, du point de vue suisse, a bien été la médaille de bronze au Championnat d’Europe par équipes, qui s’est disputé lui aussi à Southport. Lors de la par- tie comptant pour la 3e place, c’est la France qu’il a fallu affronter. Dans le simple décisif contre Julien Guerrier, Rominger en était à 4 down après sept trous. Mais le Grison s’est accroché et est revenu; il a réussi à l’emporter avec un birdie au deuxième trou du play off. Le sextett formé de Martin Rominger, Nicolas Sulzer, Tino Weiss, Roger Furrer, Damian Ulrich et Sandro Tan-Piaget a réalisé ce qu’aucune équipe suisse amateur n’avait réussi auparavant: un podium en Championnat d’Europe. Le fait que les Suisses accèdent ainsi aux médailles n’est pas dû à un heureux hasard. Car l’année précédente à Porto-Rico, ils avaient déjà montré ce dont ils sont capables en terminant au quatrième rang du Championnat du monde. Bien que ce championnat-là soit en principe plus significatif et prestigieux que celui d’Europe, le résultat 2005 revêt «presque une plus grande valeur» pour le coach national. «Au Championnat du monde, l’équipe est formée de trois joueurs, tandis qu’ils sont six au Championnat d’Europe. Le bronze montre que non seulement nous avons atteint un niveau élevé, mais encore que nous disposons d’une élite bien étoffée».

Kaye croit que ces deux résultats exceptionnels peuvent provoquer «un changement dans le mental des golfeurs suisses de pointe. Par le passé, c’est souvent la foi en leur capacité de vaincre au plus haut niveau qui faisait défaut; ces succès mondiaux et européens leur ont donné une confiance en eux suffisante pour qu’ils se sentent désormais à même de rivaliser avec les professionnels». Cet élément est déterminant, poursuit l’Anglais, «car sans confiance en soi l’échec dans la catégorie supérieure est quasi certain». Rominger et Sulzer, 1er et 2e de l’Ordre national du mérite, vont franchir le pas du professionnalisme. Ils ont pris, selon Kaye, la bonne décision. Tous deux sont assez mûrs pour relever ce défi. «Il faut oser aller de l’avant pour savoir réellement de quoi on est capable».

Le coach national a incité Rominger et Sulzer à devenir professionnels. Ces deux valeurs sûres vont pourtant lui manquer dans l’équipe amateurs. Il ne sera pas possible de compenser immédiatement ces pertes. On ne peut donc escompter des résultats mirobolants dans le tout proche avenir, ce d’autant moins que d’autres joueurs pourraient eux aussi changer de statut. «Il nous faut faire preuve de patience. La période des vaches maigres ne durera pas éternellement. Car il y a quelques joueurs talentueux qui montent».

Contrairement à l’année précédente, qui avait vu Nora Anghern se qualifier de manière sensationnelle pour le Ladies European Tour, les dames sont restées dans l’ombre de leurs collègues masculins en 2005. Et ceci bien que le huitième rang obtenu au Championnat d’Europe par équipes à Karlstad (Suède) soit bon. On le doit à Niloufar Aazam, Fabienne In-Albon, Sheila Lee, Caroline Rominger, Frédérique Seeholzer et Nathalie Tanno. Kaye souligne les «grands progrès» de Fabienne In-Albon. Cette joueuse de catégorie junior, qui suit le gymnase sportif de Davos, a terminé première de l’Ordre du mérite des ama- teurs devant Frédérique Seeholzer et Stéphanie Noser qui, elles, sont encore des «girls». Stéphanie Noser a été la meilleure de l’équipe qui, en juillet à Lucerne, a participé au Championnat d’Europe des «girls», précisément. Les jeunes Suissesses n’ont pas réussi à profiter de l’avantage du terrain. Elles n’ont pris que le 15e rang sur 17 nations. C’est l’Angleterre qui l’a emporté grâce à une victoire 3:2 en finale contre la Suède. Niloufar Aazam avait décidé, à son retour des Etats-Unis, d’effectuer encore une saison chez les amateurs avant de se qualifier pour le circuit professionnel américain ou européen. «Le mental est déterminant: qui y croit peut réussir», disait-elle en première partie de saison. Niloufar a gagné le Championnat suisse de match play, démontrant ainsi que son ambition de se mesurer à des joueuses comme Annika Sörenstam ne relevait pas de l’illusion. Malheureusement, elle souffre depuis d’une blessure au poignet qui l’a contrainte à une pause forcée de plusieurs mois. Le rêve de la Vaudoise tardera donc à se réaliser.

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