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L’amour des Règles, la passion du course rating

Membre influent et écouté du comité de l’ASG, président de la Commission technique, initiateur du course rating en Suisse et en France, Paul Quéru va quitter ses fonctions à la fin de l’année. Avec le sentiment du devoir accompli.

A 75 ans, Paul Quéru a le dynamisme et la prestance d’un quinquagénaire. Malgré quelques soucis de santé, son pas est énergique et l’œil vif au moment de se lancer sur le parcours d’Esery, pour une partie amicale. Le temps est légèrement couvert, mais la température agréable en ce début d’automne. Malheureusement, les nuages cachent le Mont Blanc et l’on ne pourra pas utiliser la beauté du panorama comme excuse aux mauvais coups!

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Un swing rapide, élégant, compact, assez représentatif du personnage: Paul Quéru envoie sa balle sur le fairway du no1. Un par 4 de 354 mètres plutôt intimidant pour le journaliste stressé, qui s’est – honteusement – perdu sur la route et qui «cravate» son drive, dans un style burlesque qui tire un sourire à son hôte. Une amitié de 15 ans avec Paul Quéru peut facilement supporter son regard ironique…

D’ailleurs, il vaut mieux rester en bons termes avec un arbitre! «J’ai pas mal voyagé pour des arbitrages et j’aimais cela. J’appréciais le principe des Règles. Mais je détestais en revanche donner des pénalités! Comme je n’aimais pas planter des piquets sur le parcours.» Droit dans la vie comme au golf, Paul n’est pas très concerné par les piquets et il boucle tranquillement son trou en bogey, pendant que l’auteur ramasse sa balle en ravalant son orgueil.

Sa passion des Règles a du reste été bien utile à la Suisse, puisque sans Paul Quéru, les arbitres n’existeraient peut-être pas encore. «Au début des années 90, les capitaines assuraient l’arbitrage des compétitions de club. Je suis plutôt fier d’avoir lancé ce corps d’arbitres, qui compte aujourd’hui une quinzaine de referees. Les pros étaient particulièrement contents que l’ASG fasse quelque chose dans le domaine.»

Le par 5 qui suit nous donne l’occasion de poursuivre sur cet intéressant sujet, après deux drives plus ou moins précis. «Nous organisons un séminaire de Règles tous les 2 ans et en plus des arbitres, nous pouvons désormais compter sur des diplômés dont les connaissances de Règles sont idéales pour gérer des compétitions de club. Les pros ont également renforcé leur formation en la matière, ce qui est très appréciable pour la préparation des golfeurs.»

Approche bien maîtrisée, mais putting hésitant, Paul est moins concentré sur le jeu que sur la conversation. «Ce que je trouve intéressant au niveau des Règles, c’est que pour tricher il faut les connaître! Je pense qu’il y a donc moins de véritables tricheurs que l’on croit.» Mais plus d’ignares alors? «La majorité des joueurs connaissent en effet assez mal les Règles et ne souhaitent malheureusement pas les apprendre. Je dirais que la faute vient des dirigeants, pas assez stricts, notamment en ce qui concerne le jeu lent. Ils ne prennent jamais de sanction!»

Trou après trou, Paul affiche une sérénité technique et une habileté qu’un manque récurrent de réussite au putting empêche de concrétiser. Peut-être est-il distrait par le sujet du course rating? «C’est en jouant souvent à Evian que j’ai constaté que les gens venaient sur ce parcours pour baisser leur handicap. Cela me choquait que ce golf soit si facile et que l’on cherche à en profiter. Je me suis donc intéressé aux Américains qui avaient lancé un système permettant d’éviter cela. C’était en 1992. Et la France a été l’un des premiers pays européens à adopter la méthode. Pour l’anecdote, l’Ecosse a mesuré tous ses parcours, mais le système n’a jamais été introduit!»

Les 9 premiers trous d’Esery sont bouclés rapidement, avec deux scores modestes, mais un plaisir évident. Et c’est au club-house que nous poursuivons cet intéressant volet ayant trait au course rating. «Avec mon expérience française, j’ai pu mener à bien l’introduction du système en Suisse pour 2000. Mais il faut savoir que les 5 années qui ont précédé ont été consacrées à l’étalonnage des terrains. C’était un gros travail.» On se rappelle d’ailleurs que les résultats étaient très attendus et qu’il y avait une véritable lutte des clubs pour être le parcours avec le slope le plus élevé…

Cinq ans après, est-ce que ce système a véritablement changé quelque chose? «Je dirais oui sans hésitation. Nous avons activé la «portabilité» du handicap. Ce dernier est donc plus exact, reflète la vraie valeur du joueur. Bien sûr, rien n’est jamais parfait, mais cette méthode permet de mieux gérer les handicaps et le joueur doit ou peut être heureux partout!»

Au début, les clubs ont affiché quelques hésitations, mais un rythme de croisière s’est rapidement établi et le principe est entré dans les mœurs. Certains clubs ont cependant demandé une révision de leur slope. «Le principe est simple: les chefs d’équipe me transmettent les résultats des mesures. Nous les introduisons dans l’ordinateur et nous recevons un résultat. Parfois, je ne suis pas tout à fait d’accord avec le chiffre et nous en discutons. Jusqu’à ce que le résultat soit validé par le chef d’équipe. C’est toujours lui qui décide au final. Mais il est vrai que parfois ce résultat ne correspond pas aux attentes du club! Les clubs essaient parfois d’influencer les équipes d’étalonnage. « Très rarement! Mais il est vrai que nous sommes parfois en présence de roughs particulièrement hauts et de greens très rapides. C’est amusant. L’idéal serait pourtant de disposer d’un parcours en conditions standards pour les mesures.»

Est-ce que la méthode est toujours la même? «Elle a un peu évolué. Et comme pour les Règles, il existe aujourd’hui des Décisions qui facilitent notre travail.»

Membre du comité européen du course rating, Paul Quéru a permis à la Suisse d’occuper une position marquante en la matière. Et c’est en toute logique que notre pays a organisé des séminaires de formation au Portugal, en Italie et en Turquie. L’implication de ce Français distingué et instruit au sein de l’ASG a été intense, au point de correspondre à un travail à mitemps! L’enthousiasme de Paul Quéru est d’ailleurs légendaire, comme ses avis tranchés sur certains sujets délicats. En défendant bec et ongles l’ASGI, il n’a pas toujours fait l’unanimité au sein du comité de l’ASG! Mais son dévouement et surtout ses compétences resteront dans les mémoires de toutes les personnes avec qui il a collaboré. Bonne retraite Paul.

■ Jacques Houriet

Plus vite que la lumière!

Paul Quéru était ingénieur. Engagé au CERN, il a notamment construit un appareil capable de mesurer la vitesse des particules allant plus vite que la lumière. Pas étonnant qu’il n’aime pas le jeu lent! C’est au Pays de Galles qu’il a découvert le golf à la fin des années 70, lors d’un voyage en famille. «C’est la beauté des terrains qui m’attirait, pas le jeu en soit. Mais dès que j’ai eu un club en mains, le virus était contracté et j’ai commencé à jouer à Divonne, Evian et enfin Esery, club dont je fus l’un des premiers membres en 1990.»

Dans l’intervalle, Paul s’était découvert une autre passion: les Règles de golf. Et il passait brillamment son examen d’arbitre FFG en 1988 à Paris, avant d’enchaîner avec des cours et autres séminaires aux Etats-Unis. Rapidement, son expérience et son niveau lui ont permis d’être invité dans de grands tournois, comme l’US Open Senior 1991, au cours desquels son intérêt pour cette partie du jeu n’a fait que croître. Avec une retraite anticipée à 60 ans, Paul Quéru a eu tout le loisir de travailler son jeu – il affiche aujourd’hui un solide handicap 19 – et sa connaissance des Règles. Entré au comité de l’ASG en 1993, il a notamment créé le corps d’arbitres. Son travail le plus marquant a certainement été la gestion et l’introduction en Suisse du course rating, pour lequel il est devenu un véritable expert international.

Après avoir accepté de prolonger son mandat de 3 ans, Paul Quéru quittera le comité de l’ASG à la fin de l’exercice 2005.

R&A: la liste des drivers autorisés

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