Nouvelles de la SUDversion n°45, janvier 2021

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éducation

Union

Solidaires syndicale

Directrice de publication : Martine Chevillard Périodicité : trimestriel Réalisé par : SUD éducation Franche-Comté N° de CPPAP : 0914 S 05196

Union nationale interprofessionnelle des retraités solidaires ISSN 1961-411X Imprimeur : Avenir bureautique (Besançon) Prix : 1 euro (abonnement 10 euros/an) Gratuit pour les adhérents

S O L I D A I R E S U N I TA I R E S D É M O C R AT I Q U E S F r a n c h e - C o m t é

Nouvelles de la sudversion SUD éducation (syndicat de Franche-Comté) – no 45 janvier 2021

Édito

Sommaire

En 2021, on reprend du terrain !

La fin de la grève à l’université ? . . . . . . . . . . . . . 2

Se battre pour la santé, le social, l’éducation et pour nos emplois ! Les politiques néolibérales n’ont pas cessé malgré l’évidence de leurs effets délétères, et les belles phrases sur le monde d’après ! On assiste à une avalanche de plans de licenciements dans le commerce, l’automobile, l’aérien, le tourisme… dont les patrons nous disent qu’ils sont totalement liés à la crise économique : ils sont surtout le résultat de leur choix de préserver et maintenir leurs niveaux de profits avant tout ! Les services publics plus que jamais indispensables subissent aussi les coupes délétères et la privatisation est dans les coulisses. La santé et le social seront en grève le 21 janvier. Le 26 janvier sera le jour de grève de l’Éducation nationale, et le 28 janvier, le secteur de l’énergie luttera contre le démantèlement d’EDF.

L’agent contractuel de l’État et la reconnaissance de l’accident du travail . .

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Réforme de la formation initiale . . . . . . . . . . . . . 5 AESH, un métier comme les autres ! . . . . . . . . . . . . 6 AED EN GRÈVE : brève de collègues en EREA . . . . . . . . . . 7 Dans le second degré : un plan d’urgence face à la crise sanitaire . . . . . 8 In memoriam JJ Boy . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Jeunes majeurs étrangers . . . . . . . . . . . . . . . 9 Webconférence : Bonne année… Bonne santé ??? . . . . . . . . 10 Nos libertés sont en danger ! . . . . . . . . . . . . . . 11 Brèves et agenda . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

Se battre pour nos libertés publiques ! Le projet de loi sécurité globale menace nos libertés : interdiction de filmer pour mieux invisibiliser les violences policières, utilisation de drones, contrôles... Le nouveau schéma de maintien de l’ordre marque aussi le tournant autoritaire de ce gouvernement, renforcé par les décrets sur le fichage des militant-es et le projet de loi sur les « valeurs de la République » qui risque de stigmatiser toute une partie de la population. Nous devons tout autant rester mobilisé-es pour lutter pas à pas contre ce glissement liberticide et la répression anti-syndicale qui sévit encore si souvent. Le 30 janvier sera en ce sens une journée importante de manifestations ! Grève interprofessionnelle le 4 février : le début d’une convergence pour gagner ! Il y a des mesures urgentes à prendre : baisse et partage du temps de travail (32h) pour lutter contre le chômage de masse, fin des aides publiques sans contrepartie sociale et écologique, hausse immédiate des moyens pour les services publics.

SUD Éducation Franche-Comté Maison des syndicats – 4B rue Léonard de Vinci – 25000 Besançon – Tél. : 03.81.83.07.13 E-mail : sudeduc.fcomte@laposte.net – blog : http://sudeduc.fcomte.over-blog.com

Dispense de timbrage

025/16/004 - AN

BESANCON PPDC


La fin de la grève à l’université ?

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Éducation Franche-Comté – n° 45 - janvier 2021

n mars 2020, le mouvement contre la LPPR était bien parti à l’Université de Franche-Comté. Les AG en lettres étaient régulières et n’avaient pas été si remplies depuis bien longtemps. On notait une participation étudiante bien supérieure à ce qu’elle était pendant le dernier grand mouvement universitaire, celui de 2009. La motivation, l’envie d’agir étaient là. En décembre et janvier, périodes d’examens, les étudiant.e.s n’avaient pas pu s’investir pleinement dans le mouvement contre la réforme des retraites. L’acte terrible d’Anas, à Lyon, n’était pas oublié. En février, au petit matin, on se retrouvait dans le froid devant le CROUS de la Bouloie pour distribuer des tracts. La totalité des départements pédagogiques et des équipes de recherche de lettres avaient voté des motions. Des collègues en fac de droit tenaient des AG hebdomadaires. Une bonne cinquantaine de profs et d’étudiants de lettres se sont retrouvés route de Gray pour tenter de motiver les troupes aux Beaux-Arts puis dans les couloirs et amphis des facs de sciences et de droit. Il y a eu une veillée de lecture de résistance Place Granvelle, une cantine autogérée par les étudiant.es. Le 5 mars,

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alors que Besançon somnolait doucement pendant les vacances scolaires, l’université a organisé une belle petite manif sous une pluie torrentielle. Un mouvement de démission des responsabilités administratives se dessinait. La grève était en cours, un beau programme de cours alternatifs était prêt et devait débuter la semaine du 16 mars. La pandémie a mis un coup d’arrêt brutal à tout cela. La dernière AG à l’amphi Donzelot a eu lieu le vendredi 13 mars. Le lundi, la fac était fermée. Tout s’est arrêté. Les étudiant.es, éparpillé.es, enfermé. es dans leur chambre du CROUS ou revenu.es au domicile de leurs parents ont dû se consacrer à d’autres priorités : tenter d’acquérir une éducation loin de la fac, lutter contre l’ennui, la dépression et l’angoisse, manger. Des vocations militantes n’ont pas pu éclore et s’épanouir. Une partie de leur jeunesse s’est évaporée.

Face à la pandémie, le gouvernement n’a pas pu se consacrer pleinement à son projet de destruction de ce qui reste de nos conquêtes sociales. Les réformes les plus destructrices, celle de la retraite et de l’assurancechômage, ont dû être reportées à plus tard. Pour ce qui concerne l’université, par contre, il y avait un effet d’aubaine dont il eût été dommage de ne pas profiter. La ministre Vidal, moins bête qu’elle n’en a l’air, a vu qu’elle pouvait faire l’économie d’un mouvement universitaire qui s’annonçait coriace et déterminé. Dès le 13 mai, elle écrivait aux membres de la communauté de l’enseignement supérieur pour les remercier pour leur dévouement et leur travail. Et, pour les récompenser, elle leur promettait une belle LPPR. La LPPR est passée, perdant un P en chemin, sans que la ministre ait eu à livrer bataille. Le virus a été son allié. Comme d’habitude avec ce gouvernement, le langage est mis à l’envers dans une logique très orwellienne. Le plan « Bienvenue en France » est le plan « Restez chez vous tas de métèques » et « l’effort de financement sans précédent depuis 1945 » signifie : « vous n’aurez pas un radis ». Certes, le délit d’entrave ajouté par la droite au Sénat, qui aurait conduit à criminaliser les AG par exemple, a été retoqué par le conseil constitutionnel parce que c’était un cavalier législatif. Néanmoins, l’inconscient a parlé. Même si cela ne figurait pas dans le projet de loi initial, la crainte des mouvements universitaires était bien dans la tête des gouvernants. La volonté de criminaliser ces mouvements n’était pas nouvelle. On se souvient que le très droitier Damien Meslot, député de Belfort, aujourd’hui maire, avait déposé, après le mouvement de 2009, une « proposition de loi tendant à sanctionner le blocage des universités ». En réalité, c’est inutile. Quand on veut criminaliser on peut, comme on l’a vu dans l’affaire des 19 de la Saint Valentin. L’opération « écrans noirs » de décembre, partie, une fois n’est pas coutume, de collègues de droit, a montré ses limites. Quand le travail est invisible, la grève l’est aussi. On ne peut pas faire grève quand on est en télétravail. On le sait : dans l’histoire du mouvement ouvrier, c’est quand le travail à domicile a laissé la place au travail en usine que les travailleuses et travailleurs ont pris conscience de leur nombre, de leur force et ont commencé à s’organiser. Et encore, les ouvriers à domicile étaient propriétaires de leur outil de production (ex. du métier à tisser). Le télétravail moderne est le stade ultime de la dépossession de son propre travail, c’est à dire le stade ultime de l’aliénation. Aucun mouvement d’aucune sorte contre la LPR ne pourra émerger tant que les universités demeureront vides. Depuis début décembre, tous les efforts se concentrent sur la nécessaire réouverture des


Le constat est sombre mais des jours meilleurs reviendront. On retrouvera le plaisir d’être ensemble, de former une communauté universitaire, d’apprendre, de réfléchir et de lutter collectivement.

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arrive à suivre les cours de la fac de Besançon tout en restant chez elle. Hélas pour les néo-libéraux, la pandémie a aussi eu raison de leurs rêves. Leur modèle d’une université payante a montré ses limites. Les établissements américains, britanniques, australiens, irlandais tiraient la sonnette d’alarme. Sans la manne financière apportée par les étudiants étrangers, ils allaient mettre la clé sous la porte. On parlait de faillite. La vérité était découverte : les étudiants des pays émergents, ou même du tiers-monde, finançaient l’éducation des autochtones des pays occidentaux ! L’exploitation néo-coloniale du monde est inscrite au cœur de ce modèle d’université payante. Mais, alors même que ce modèle s’est effondré, le Conseil d’État a validé en juillet la faramineuse augmentation des frais d’inscription des étudiants étrangers. Pourtant, la pandémie a eu raison du pseudo classement de Shanghaï censé orienter les étudiants étrangers riches dans leurs choix. Il est clair désormais que le Parti Capitaliste Chinois ne diffuse que des informations fausses. La minimisation de la dangerosité du virus (une petite grippe, vraiment ?), le nombre de morts grossièrement sous-évalué, ont conduit à la catastrophe mondiale que l’on sait. Comment, dès lors, continuer à accorder le moindre crédit au classement de Shanghaï au nom duquel on soumet l’enseignement supérieur et la recherche à un feu nourri de contre-réformes depuis 17 ans ? Encore le 13 mars, il y a un siècle, une éternité, avant le premier confinement, un certain professeur Grevey, affirmait dans le quotidien régional que son ambition était de faire figurer la COMUE UBFC en bonne place dans ce classement fantaisiste. Cet hurluberlu est désormais président de la COMUE, machin dont l’utilité demeure un insondable mystère.

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universités. Mais va-t-on rouvrir pour pouvoir se mettre en grève ? Cela paraît compliqué ! En outre, le télétravail, l’enseignement à distance, constituent la parade toute trouvée contre tout futur blocage des établissements. Habituellement, les collègues réactionnaires, les anti grèves franchissent les barrages manu militari, font cours clandestinement dans des cafés ou à leur domicile privé. Pas la peine de se donner tout ce mal aujourd’hui ! Mais en fait, ce que l’on a surtout constaté, c’est la dissolution, la désintégration de l’université. Dès la première heure de cours de la première semaine de re-confinement, le système informatique s’est effondré dans l’indifférence générale. Depuis, les instances dirigeantes renvoient enseignant.es et étudiant.es vers le démerdentiel et les GAFAM et la collecte de données personnelles : Teams, Zoom, Skype, Meet, Discord… L’UFC n’est pas la seule à laquelle une telle mésaventure est arrivée. Début janvier, une gigantesque panne informatique a paralysé l’Université de Strasbourg et perturbé la session d’examens. L’université publique n’existe plus ! Les dégâts psychologiques chez la communauté universitaire commencent à se voir et la ministre Vidal fait mine de s’en préoccuper. Elle annonce une reprise à demi-jauge pour les L1, nous laissant le soin de tout organiser, toujours avec des bouts de ficelle et le démerdentiel. Car rien ne viendra ébranler son dogme absolu : pas un moyen, pas un radis, pas un kopeck ne doit être consacré à l’université. Des créations de poste ? Mais, ma pauvre amie, mon pauvre ami, vous n’y pensez pas ! Rénover les bâtiments, améliorer la ventilation ? Allons, allons, soyons sérieux ! On raconte que les classes dirigeantes auraient changé de dogme par rapport à l’austérité. Mais c’est totalement faux, en tous cas pour l’université. Même si les moyens techniques étaient alloués pour fonctionner en distanciel-absentiel, l’université via un écran d’ordinateur n’est qu’un ersatz d’université. L’université est un lieu. Pendant un temps bref, vers mai-juin 2020, il y a eu comme un vent d’optimisme chez les néo-libéraux. L’enseignement à distance via le numérique allait ouvrir une nouvelle ère de concurrence généralisée dans l’enseignement supérieur. Un étudiant de Montbéliard pourrait s’inscrire à Princeton sans bouger de chez lui. Une étudiante du Bénin pourrait s’inscrire à Besançon en restant dans son pays. En réalité, c’est tout juste si une étudiante d’Oye-et-Pallet

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L’agent contractuel de l’État et la reconnaissance de l’accident du travail

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ans son guide des droits des précaires de l’enseignement supérieur1, la Fédération SUD Éducation relève une zone d’ombre concernant les contractuel.le.s dont le contrat est d’une durée d’un an ou plus. Selon l’article 2 du décret n°86-83, en effet, les prestations dues « sont servies par l’administration employeur ». On peut s’interroger sur le sens de cette disposition. Peut-être que cela signifie que l’État prend ses responsabilités et finance lui-même le risque pour cette catégorie d’agents. Mais peut-être y a-t-il aussi l’idée sous-jacente que le risque d’accident du travail ou de maladie professionnelle est inexistant dans la fonction publique d’État. On constate qu’il n’y a rien de tel dans les deux autres versants de la fonction publique, l’hospitalière et la territoriale. En Franche-Comté, nous avons été confrontés au cas d’une jeune contractuelle qui travaillait à la direction des ressources humaines de l’université, soit dans un service hautement sensible pour l’administration. En butte aux remontrances constantes et injustifiées de la DRH adjointe, sa supérieure hiérarchique, la collègue contractuelle a subi, en février 2017, une crise de panique lors d’un entretien houleux qui l’a conduite aux urgences psychiatriques. Conseillée par SUD Éducation Franche-Comté, l’agente administrative contractuelle a déclaré un accident du travail. Il s’est ensuivi alors un long périple administrativo-juridique au cours duquel

l’université a mis en place toute une procédure ad hoc dans le but de parvenir au résultat escompté : il n’y avait pas d’accident du travail, et surtout pas à la DRH ! Pendant ce temps, la CPAM refusait obstinément de s’occuper du dossier. Après avoir perdu en première instance devant le tribunal des affaires de sécurité sociale, la cour d’appel de Besançon (arrêt n°20/280) a fini par donner raison à la collègue en septembre 2020, soit trois ans et demi après les faits. Mais le jugement ne comble pas vraiment le vide juridique. Il affirme la compétence de la juridiction de sécurité sociale (et non administrative) mais il existait déjà deux jurisprudences du Conseil d’État sur cette question. Il dit que la caisse primaire d’assurance maladie n’était pas compétente pour instruire l’affaire. Par contre, il s’abstient de se prononcer sur la procédure inventée de toutes pièces par l’université. Il aurait pu aller plus loin et affirmer que si l’administration, dans la mesure où elle verse les prestations afférentes aux accidents du travail, se substitue à la CPAM, elle doit le faire en respectant le code de la sécurité sociale qui s’impose à celle-ci. Car si tel n’est pas le cas, cela signifie que les contractuel.le.s sur des contrats d’un an et plus ne peuvent bénéficier ni des garanties offertes aux fonctionnaires par la consultation de la commission de réforme, ni de celles dont jouissent les salariés relevant du régime général (et, de fait, les contractuel.le.s sur des contrats courts). Néanmoins, la cour s’est appuyée sur la définition de l’accident du travail telle qu’elle est formulée à l’article L411-1 du Code de la sécurité sociale : « Est considéré comme accident du travail, quelle qu’en soit la cause, l’accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail » et non sur celle de l’accident de service figurant à l’article 21 bis de la loi n°83-634 qui ménage toujours une porte de sortie à l’administration par l’ajout de la formule « en l’absence de faute personnelle ou de toute autre circonstance particulière détachant l’accident du service ». Ce jugement représente tout de même une avancée pour les contractuel.le.s de la fonction publique d’État. 1 https://www.sudeducation.org/guides/connaitre-ses-droits-quand-on-estprecaire-a-luniversite-dans-les-organismes-de-recherche-au-crous/


Réforme de la formation initiale

une entrée progressive dans les métiers ; - demander l’abandon de l’oral d’entretien des concours tel qu’il est présenté : formatage mettant de côté les qualifications disciplinaires, pédagogiques et didactiques.

En faisant grève le 26 janvier, nous exigerons donc aussi une toute autre réforme de la formation initiale.

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des élèves d’une ou plusieurs classes. Ce qui guide avant tout le ministère, ce sont donc des considérations budgétaires. Depuis plus d’un an que les discussions ont commencé, le ministère n’a pris en compte aucune des principales demandes faites par nos organisations syndicales. Nous appelons tous les collègues impliqués dans la formation des enseignantes et enseignants ainsi que des CPE, les étudiantes et étudiants, les stagiaires, à se réunir par tous les moyens possibles et à transmettre leurs motions pour : - refuser de se voir imposer des maquettes qui ne tiennent pas compte des impératifs de la formation en master (comme l’ont fait les personnels de l’INSPE de Paris) ; - exprimer leur refus que des étudiantes et étudiants en formation soient mis en responsabilité devant élèves ; - demander le respect des contenus disciplinaires, didactiques et de recherche des masters ; - demander pour les lauréates et lauréats des concours, fonctionnaires stagiaires ; un temps de service qui ne dépasse pas le tiers-temps afin de construire

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Depuis plus d’un an, le ministère de l’Éducation nationale publie progressivement les textes qui serviront de base à ce qu’il annonce comme la « professionnalisation » de la formation des enseignants et enseignantes. En fait de « professionnalisation », il s’agit surtout : - d’utiliser les étudiants MEEF comme moyens d’enseignement en les plaçant en responsabilité devant des classes ; - de précariser les étudiants MEEF en les contractualisant ; - de supprimer les décharges de service des lauréates et lauréats des concours dans leur année de fonctionnaires stagiaires, dégradant ainsi considérablement leurs conditions de travail et leur entrée dans le métier ; - de déstructurer et réduire la formation universitaire aussi bien que professionnelle dispensée dans les universités, y compris au sein des INSPÉ, ce qui impacte aussi les qualifications disciplinaires et pédagogiques des concours. Cette mise en responsabilité alourdirait considérablement leur année en les confrontant à une surcharge de tâches : préparer un concours, valider un master, assurer les apprentissages

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AESH

un métier comme les autres !

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AED, enseignant.e.s et personnels administratifs contractuel.le.s, agent.e.s d’entretien… Aujourd’hui, ¼ des personnels de l’Éducation nationale sont des contractuel.le.s qui subissent la précarité. Face à l’épidémie de Covid, le ministère choisit de renforcer le stock des contractuels à l’horizon 2022. Zoom sur le métier d’Accompagnant.e d’élèves en situation de handicap.

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Depuis quand fais-tu le métier d’AESH ? Pourquoi avoir choisi ce métier ? Sandrine – « Je suis devenue AESH en 2007, après avoir fait deux années où j’étais EVS (Emploi de Vie Scolaire), un contrat aidé de l’ANPE où je faisais de l’administratif, l’ATSEM, l’informatique, des photocopies, de l’aide aux enfants en difficulté dans les classes. Cela fait donc 15 ans que je travaille dans l’Éducation nationale dont 13 années en tant qu’AESH. Désormais, je suis AESH titulaire d’un CDI. Je suis arrivée à ce métier un peu par hasard. J’ai une maîtrise en génie de l’environnement mais je ne trouvais pas de travail (une jeune femme dans le monde de l’industrie, des métiers d’hommes où je devais imposer des règles de sécurité, et de protection de l’environnement, pas simple). J’ai donc épluché les annonces de l’ANPE (pas encore Pôle emploi). Ils recherchaient des gens pour bosser à mi-temps dans les écoles pour deux ans max. Je me suis dit que c’était une bonne idée pour continuer à chercher du boulot tout en bossant un peu. J’ai fait mes deux années et en fin de contrat, les professeurs et autres intervenant.e.s étaient déçus de me voir partir. Ils étaient content.e.s de mon travail et pensaient que c’était quelque chose qui m’allait bien. Je crois que c’est la médecin scolaire qui intervenait dans une de mes écoles qui m’a demandé si cela ne m’intéresserait pas de devenir AVS, qu’ils avaient besoin de monde. J’ai donc décidé de continuer. J’aime travailler au contact des enfants, je me sens utile et c’est très valorisant de voir les progrès de certains élèves grâce à notre travail. C’est un vrai travail d’équipe entre l’élève, les professeurs et nous. » La création des PIAL (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) en 2019 a-t-elle conduit à des changements dans ton travail ? « Les PIAL induisent une logique de mutualisation : un.e AESH peut intervenir avec trois, quatre, voire cinq élèves. Donc certains enfants peuvent avoir deux ou trois AESH différent.e.s. Cela réduit aussi le nombre d’heures de suivi des élèves car chaque PIAL dispose d’un compte d’heures globales qu’il peut répartir selon les besoins. S’il n’y a pas suffisamment d’heures globales, les élèves en subissent les conséquences et ne peuvent avoir, par exemple, que 5h de suivi hebdomadaire. Ce qui peut être positif ou négatif selon l’élève.

AED / AESH

LA PRECARITE éducation

BASTA !

aires !

Titularisation des personnels prEc

Positif dans le sens où l’élève va être obligé de gagner en autonomie. Chaque AESH a sa façon de travailler et cela peut éviter de créer une certaine monotonie dans la relation entre l’élève et son accompagnante. Néanmoins, pour certains élèves qui manquent de confiance et qui ont besoin de repères, de stabilité, c’est très compliqué de changer d’AESH tout le temps. De même, lorsqu’on est AESH individualisée (l’accompagnant.e ne suit qu’un seul élève) on a une vision globale de la classe qui peut être intéressante pour les professeurs (quand on passe 20h par semaine avec un même effectif, on perçoit bien les changements de comportements chez certains élèves et dire, « untel ne va pas bien en ce moment, tenez en compte… »). Et en ce qui concerne le suivi de l’élève, on sait ce qui a été vu, comment ça a été abordé, on sait où l’on va, ce qu’on va faire… En étant mutualisé, on ne sait pas du tout ce qui a été fait l’heure de maths précédente, par exemple. Les PIAL induisent également une répartition des AESH sur beaucoup d’établissements. C’est à dire que l’on peut être amené à travailler à 30 kilomètres de chez soi, sans être défrayé. On peut également être amené à travailler dans trois établissements différents dans la même journée. Dans mon département, nous avons beaucoup de chance car nos responsables sont très à l’écoute et essaient de nous faire travailler au plus près de chez nous. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres départements. Les PIAL fonctionnent selon les besoins et peuvent, du jour au lendemain, enlever des heures à un élève estimant qu’il a besoin de moins d’heures ou nous faire changer d’établissement ou d’élève de la même façon. »


AED EN GRÈVE : brève de collègues en EREA Comme beaucoup d’AED partout en France, nous ne sommes pas satisfait-es de la façon dont nous sommes (peu) considéré-e-s par le gouvernement et l’Éducation Nationale alors que nous sommes essentiels à son bon fonctionnement. Nous avons donc décidé de suivre le préavis de grève du 19 janvier, reconductible jusqu’au 26, comme suggéré par les syndicats. Nous rejoignons nos collègues AED sur plusieurs de leurs revendications : • la possibilité de titularisation par la création d’un statut d’éducateur-rice scolaire • l’augmentation des salaires • l’accès à la formation et l’augmentation du crédit d’heures

• le versement de la prime Covid • le versement de la prime REP/REP+. Par ailleurs, en tant qu’AED d’EREA, nous jouons un rôle particulier et très différent des AED d’établissements plus « classiques ». Notre travail étant bien plus axé sur le socio-éducatif, et le public accueilli nécessitant bien plus d’implication, les compétences ne sont pas les mêmes. De ce fait, nous souhaitons que cette réalité se reflète, et ce pour tou-tes les AED d’EREA et d’internats éducatifs de France : • dans la formation • dans les salaires • dans les primes (comme pour les REP/REP+) • dans la reconnaissance pour nos carrières futures de ces compétences.

pas lieu d’être : surveillance de classe, photocopies, administratif, ou tout autre tâche qui n’a rien à voir avec notre métier et qu’on est en droit, je dirai même que l’on doit, refuser. » Des revendications ? « La titularisation ! Avoir la possibilité de choisir le nombre d’heures travaillées : que le mi-temps ne soit plus la norme mais un réel choix. Avoir une fiche de vœux chaque fin d’année pour préciser nos souhaits (type d’écoles, nombres d’heures, types de handicaps, car certaines n’aiment pas travailler avec les maternels/primaires ou au lycée, ou ne savent pas trop gérer les élèves avec des troubles du comportement ou un handicap physique lourd…). Après, dans un monde de Bisounours, je dirai un équivalent temps plein à 24h car on a toutes au minimum le bac (voire plus!) pourtant, on est payé au SMIC (à peine plus avec l’ancienneté). Bref, on aimerait être reconnues au niveau national comme un métier à part entière, aussi important et utile que les profs et avec un salaire en conséquence. Ne pas se sentir comme la dernière roue du carrosse. On se sent parfois comme des kleenex qu’on est bien content de trouver parce qu’on a besoin de lui mais qu’on jette parce qu’il nous embarrasse.

AED

S E E S I R P E M E R I A L O C S E I V

E E M R FE éducatio

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AESH en difficulté, et tout ça en plus de leurs propres heures d’accompagnements. Je pense tout de même qu’il s’agit d’un contrat avec un peu plus d’heures que les 20h habituels, peut-être 25h… Donc 20h d’accompagnement + 5h de référent, pour 600€ bruts de prime par an. Royal ! Et toujours pas défrayés ! On peut parler aussi du manque de formation, qui se limite à 60h la première année. J’ai connu la toute première session, et elle n’a pas toujours été d’une grande aide pour moi. On apprend sur le terrain. On s’adapte, on improvise, on observe... En ce qui concerne le contrat, beaucoup d’AESH subissent le mi-temps imposé. Beaucoup sont obligées de travailler à côté (surtout lorsque l’on vit seule avec des enfants, par exemple). Et ce n’est pas simple de trouver du travail avec des horaires comme les nôtres, donc c’est le soir, les week-ends, pendant les vacances ou en indépendants. Enfin, dans certains établissements, la communication est difficile entre le corps enseignant et les accompagnant.e.s. Certains professeurs n’acceptent pas notre présence dans la classe, la trouve inutile (surtout chez les profs en fin de carrière, « de mon temps, on écrivait et c’est tout ! On n’avait pas autant d’aide… »). Parfois, certains collègues ou chefs d’établissements nous font faire du travail qui n’a

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Qu’est-ce que vous déplorez le plus dans ce métier ? « Comme je te le précisais, nous sommes dans un département où chaque avancée est respectée, que ce soit en termes de contrat, d’augmentation de salaire… mais ce n’est pas du tout le cas partout. Il y a une trop grande disparité nationale. Certaines AESH sont toujours à l’échelon de base alors qu’elles ont la même ancienneté que moi. Il y a des contrats qui sont toujours annualisés (c’est à dire faire 24h par semaine pour un 20h, pour être payé pendant les vacances scolaires), ce qui est maintenant interdit (c’était le cas quand j’ai commencé ce travail). Par ailleurs, on ne bénéficie pas de la prime REP/REP+. Récemment, le ministre a prévu une enveloppe pour augmenter les salaires des personnes de l’éducation nationale mais on n’en fait pas partie (tout comme les collègues AED). Il n’y a pas d’évolution de carrière, pourtant il doit y avoir 8 ou 9 échelons de salaire. Je suis à l’échelon 3, il est revalorisé tous les 3 ans, donc autant dire qu’en fin de carrière c’est Byzance ! Depuis la rentrée de septembre 2020, il existe des AESH référent.e.s dans chaque PIAL, qui sont là pour guider les nouvelles AESH. Ces collègues vont donc faire des heures en plus, avoir des responsabilités, vont devoir se déplacer si besoin dans les écoles pour rencontrer les

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Dans le second degré : un plan d’urgence face à la crise sanitaire

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elon le Recteur de notre académie : « L’École est un lieu où la chaîne de contamination s’arrête »… Pourtant, le premier ministre n’exclut pas un reconfinement si la situation continue de se dégrader. Pour SUD éducation, il est essentiel de maintenir les écoles et établissements ouverts le plus longtemps possible. En cas de nouvelle fermeture, le ministre en porterait l’entière responsabilité : en effet, rien n’est fait à ce stade pour éviter de manière pérenne que les écoles et établissements ne deviennent des foyers de contamination. En particulier, rien n’a été mis en oeuvre sur le plan des postes ou des constructions de locaux pour permettre la baisse des effectifs présents simultanément dans les écoles ou établissements. C’est d’ailleurs ce que l’on constate à l’heure ou les rectorats répartissent les moyens prévus pour la rentrée scolaire prochaine, qui sont très insuffisants et même en baisse dans le 2d degré. SUD éducation revendique depuis le printemps un plan d’urgence pour l’éducation et continue à l’affirmer : il est encore possible de recruter des personnels, par l’admission des listes complémentaires et des admissibles aux concours internes, par l’ouverture de concours supplémentaires, par la titularisation à temps plein des contractuel-le-s. Le contexte de la crise sanitaire révèle au grand jour une réforme au calendrier intenable. La tenue d’épreuves de spécialité dès mars n’est pas compatible avec l’assimilation de connaissances solides et exigeantes dans une discipline. Les élèves ont subi un enseignement incomplet dès la Première et, pour beaucoup d’entre eux, les horaires sont divisés par deux depuis novembre 2020. Dans l’immédiat, pour répondre aux difficultés rencontrées dans les établissements, nous demandons le report à juin des épreuves de mars et la suppression du grand oral, pour lequel les élèves sont insuffisamment préparés. La réforme du lycée général introduit une désorganisation dans les établissements. Les programmes sont difficiles à tenir du fait que les horaires disciplinaires ne sont souvent pas suffisants et que les dédoublements nationaux n’ont pas été rétablis. Pour l’ensemble des personnels, la réforme dégrade considérablement les conditions de travail.

Il faut rétablir le baccalauréat national !

Nous réaffirmons notre attachement aux épreuves terminales, nationales, ponctuelles et anonymes, garantes de la valeur nationale du diplôme et de l’égalité des candidats face à l’examen et demandons leur rétablissement dès cette année et l’abandon du contrôle continu. Enfin, nous demandons le retrait de l’ordonnance du 24 décembre 2020 qui prévoit des adaptations des épreuves qui pourront porter « sur leur nature, leur nombre, leur contenu, leur coefficient ou leurs conditions d’organisation, qui peut notamment s’effectuer de manière dématérialisée. » « Les adaptations apportées

[...] sont portées à la connaissance des candidats par tout moyen dans un délai qui ne peut être inférieur à deux semaines avant le début des épreuves. » laissant élèves et professeurs dans l’incertitude. Par la grève le mardi 26 janvier, exigeons le rétablissement des épreuves terminales et nationales du baccalauréat, des créations de postes, le recours et l’abondement des listes complémentaires pour couvrir tous les besoins, une autre politique éducative, des mesures significatives de revalorisation des salaires et des carrières dans l’éducation. Construisons dès maintenant une dynamique de mobilisation par des actions locales, réunions, motions et courriers collectifs auprès des IA-DASEN, des Recteurs et du gouvernement.

Rentrée 2021 en Franche-Comté

À l’opposé de nos revendications, les 76 postes qui risquent d’être supprimés dans notre académie à la rentrée 2021 entraîneraient une augmentation de 630 heures supplémentaires dans le secondaire. Mais qui peut ou veut encore augmenter son service quand elle ou il se voit déjà imposer deux heures supplémentaires en moyenne? En vérité, cela conduirait les chefs d’établissement à exercer encore davantage de pressions sur les enseignants et le rectorat aurait encore plus recours à des personnels contractuels, souvent des gens qui ont raté le concours. De plus, 12 collèges REP risquent de perdre leur label à cause de la réforme Blanquer. Pour une diminution des effectifs dans les classes, grève le 26 janvier !


In memoriam JJ Boy

En ce début d’année 2021, nous pleurons. Jean-Jacques, JJ, Djidji, tu nous as quittés le 8 janvier après avoir longuement bataillé contre un sale crabe. Pendant combien d’années as-tu été notre trésorier ? Plus de 10 ans en tout cas. On n’a pas trop respecté notre principe de rotation des mandats sur ce coup-là ! On était trop contents que tu veuilles le faire. En plus, tu étais scientifique, alors… Tu passais en coup de vent au local, tu récupérais les

bulletins d’adhésion que tu glissais dans ta petite sacoche, et tu traitais tout de chez toi. C’était avant les nouvelles normes comptables qui nous obligent à utiliser un logiciel dédié ! Tu faisais ton rapport financier lors de nos AG. « Les finances du syndicat sont saines » disais-tu de ton accent toulousain. Tu étais l’incarnation du pan internationaliste de notre syndicat, des luttes pour la régularisation des sans-papiers et pour les droits des étrangers. Tu étais un grand militant modeste. Tu as touché tant de vies. JJ, pourquoi la maladie t’a-t-elle emporté alors que tu avais tant à vivre encore ? C’est dégueulasse. Nous, on attendait que tu reprennes du poil de la bête et que tu nous reviennes, comme avant. Tu avais toujours le sourire, tu ne disais pas du mal des gens. Tu discutais avec tout le monde. Nous sommes tristes mais nous sommes heureux. Car nous t’avons connu, nous t’avons compté parmi nous et c’est une chance inestimable. Nous pensons à Françoise et Sarah, ta femme et ta fille dont tu nous parlais si souvent. Ciao JJ, tu vas tant nous manquer !

Jeunes majeurs étrangers : l’apprenti-boulanger, cas emblématique de nombreuses autres situations tout aussi dramatiques Solmiré et l’intersyndicale des professionnels du secteur de la Protection de l’Enfance avaient manifesté contre la fin de prise en charge, et la mise à la rue, d’une vingtaine de Jeunes Majeurs guinéens par le Département du Doubs, alors que ces jeunes étaient soit scolarisés, soit en contrat d’apprentissage. Entre-temps, eux-aussi avaient reçu pour toute réponse à leur demande de titre de séjour (obligatoire lorsqu’on devient majeur) un refus du préfet du Doubs et une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) ! Que s’est-il passé immédiatement pour ces jeunes ? Comme Laye, tous ont perdu leur contrat d’apprentissage (l’employeur n’a pas le droit de continuer à former un jeune qui n’a pas de titre de séjour) et, progressivement, ceux qui étaient apprentis en CFA ont dû renoncer aussi à leur formation scolaire. Quelques-uns sont parvenus à raccrocher une inscription en Lycée professionnel public, mais la plupart sont aujourd’hui hors de tout circuit de formation et de scolarisation. Mis à la porte de l’ASE, ils ne sont plus hébergés par une structure (à l’exception de quelques élèves admis en internat par l’Education Nationale) et doivent donc s’en remettre à la

seule solidarité citoyenne ou d’amis proches pour échapper à la rue (le 115 restant généralement aux abonnés absents, malgré de nombreuses sollicitations). Juridiquement, les recours formés devant le Tribunal Administratif donnent rarement raison aux Jeunes Majeurs et l’impasse est quasi totale. La multiplication de ces situations de jeunes majeurs étrangers en pleine intégration par la formation professionnelle, et brutalement contraints à tout perdre par une décision administrative arbitraire, laisse à penser qu’il s’agit d’une politique délibérée de l’État français : par l’exclusion et le rejet, elle signifie à des milliers de jeunes qui avaient commencé à reconstruire leur vie ici qu’ils ne sont pas les bienvenus et que, dès leur majorité, ils seront à nouveau contraints à une vie de galère et de misère, voire à l’expulsion vers le continent africain. Pour tous, mineurs et majeurs, Solmiré défend le droit à l’éducation, la formation, le droit au travail, à un accueil et un accompagnement dignes. Toutes les collectivités publiques, locales comme nationales, ont leur part de responsabilité dans la mise en oeuvre effective de ces droits. À Besançon, le 6 janvier 2021.

Nouvelles de la Sudversion

À Besançon, la situation du jeune Guinéen Laye Fodé, depuis que son maître d’apprentissage, boulanger de son état, a annoncé se mettre en grève de la faim pour la dénoncer, a défrayé la chronique : les medias nationaux, ayant pris le relais de la presse locale, se sont intéressés à ce mineur étranger, pris en charge par la Protection de l’Enfance, qui, une fois devenu majeur, s’est vu opposer par la préfecture de Haute- Saône un refus de titre de séjour, assorti d’une Obligation de Quitter le Territoire (plus une interdiction d’y revenir). La pétition lancée par des personnes également scandalisées par cette brutale interruption de formation a connu un vif succès auprès des réseaux sociaux. Les élu.e.s de la majorité municipale bisontine ont écrit au Ministre de l’Intérieur pour lui demander de régulariser Laye et de pratiquer une autre politique d’accueil. Loin d’être isolée, cette situation déplorable est le lot commun d’un grand nombre de jeunes et d’autres cas, très similaires à celui de l’apprentiboulanger de Rivotte dont la situation vient d’être régularisée, méritent tout autant l’attention, tant dans le département du Doubs que sur l’ensemble du territoire français. Fin août 2020,

Éducation Franche-Comté – n° 45 - janvier 2021

COMMUNIQUÉ de l’Association Solmiré (Solidarité Migrants-Réfugiés) solmire.asso@riseup.fr

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🎈🎈🎈🎈 …

ANTÉ

eurer l p à u à rire o e u q i r rhéto

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Samedi 16 janvier 16 à à 19 heures

16h10

La Santé “malade“ :

table ronde et parlons “carré“ … avec Swan, infirmier aux urgences du CH Lons, membre du CIU “Urgences aux urgences“ avec le Pr Laurent Thinès, neurochirurgien au CHU de Besançon “Soignons l’Hôpital“ avec le Dr Edith Mougin, médecin généraliste “La médecine de Ville, lâchée … fâchée ?“ avec Michel Antony “Des territoires hétérogènes et inégaux … l’exemple Franc-Comtois“

Notre “modèle à la française“ Les “oubliés“ de la Santé :

17h

détricoté par la logique libérale … entre résignation et colère froide …

avec Michel Antony, Coordination Nationale des CDSP avec “Les lobbys dans la Santé“ avec Florent Uzzeni, infirmier coordinateur à Médecins Sans Frontières “Et l’autre monde dans tout ça ?“ 17h30

16h

“Bonne année, bonne santé“ … de quoi parle t’on ?

avec Denis Viennet, professeur de philosophie avec Roberte Vermot-Desroches, Conseillère Principale d’Education avec Gabriel Viennet, médecin retraité 16h45

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Samedi 23 janvier 16 à à 19 heures

“La SANTÉ de DEMAIN, entre problèmes du quotidien et quête de l’absolu …”

“La SANTÉ, du bien-être individuel à l’universalité …“ Introduction par le Pr Thinès, neurochirurgien,

chef de service au CHRU de Besançon

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NÉE ... N A E N BON ... BONN ES

Les “acteurs“ de la Santé : entre dévotion, masochisme et marche blanche ?

“Mobilisations collectives chez les soignantEs : sont-elles consensuelles ou contestataires ?“

avec Yvan Saint Saulieu, professeur de sociologie

avec Anissa Amini, aide soignante en EHPAD, lanceuse d’alerte en Seine St Denis “EHPAD, nos vieux qui nous font peur !“ avec Aurore Gribos, infirmière au CHS Novillars “Psychiatrie, ces fous qu’il faut droguer“ avec Yahn Daubigney, usager, membre du CDSP 25 “Handicap, cette tare qui tâche“ avec Evelyne Ternant, membre du CDSP 25 “Usagers, ces clients devenus exigeants“ avec Laurence Mathioly, assistante sociale au CHU de Besançon “Femme“, 84% de soumises ?“

Et demain, l’immortalité … ?

18h

“Eugénisme, progrès génétique, trans-humanisme, cyberhumanité, immortalité … progrès ou conte de fée ?“

avec Armand Dirand, philosophe spécialisé dans les questions “Crise sanitaire et avenir du système de santé : une éthiques liées à la santé nécessaire prise de conscience collective“

avec le Dr Olivier Auzas, médecin en Soins Palliatifs au CHRU de avec le Dr Christophe Prudhomme, médecin, porte parole de Besançon

l’AMUF avec la Dr Sabrina Ali Benali, médecin aux urgences médicales de Paris

Clap de fin par le Pr Thinès, neurochirurgien,

chef de service au CHRU de Besançon

=> sur Radio BIP (FM 96.9)

=> sur les chaînes Youtube de radio BIP, Média 25

=> sur la page FaceBook de radio BIP

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Nos libertés sont en danger ! Le 30 janvier, reprenons la marche !

D

indiscriminés (drones et caméras-piétons), utilisables en manifestation ou lors de contrôles d’identité.

La loi dite « Séparatisme » intègre et élargit les dispositions de l’article 24 de la loi Sécurité globale. Et tandis que les propositions élargissant les mesures de surveillance de toute la population ont été votées à bas bruit par l’Assemblée nationale, le Conseil d’État vient quant à lui de légitimer les décrets d’extension du fichage de chacun·e sur la base de nos « opinions » supposées. Confronté à une mobilisation sans précédent pour la défense des libertés, le gouvernement a opposé une fin de non-recevoir. Les enjeux sont pourtant majeurs. Ils touchent au respect même de l’État de droit, qui suppose le contrôle effectif des pratiques des personnes dépositaires de l’autorité publique par les citoyens, le parlement, la justice et la presse. Les mesures de surveillance de la population doivent quant à elles demeurer l’exception. En France, la Défenseure des droits, la Commission Nationale Consultative des droits de l’homme, et à l’international, 5 rapporteurs spéciaux des nations unies, et la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe ont tous vivement critiqué la proposition de loi Sécurité globale. Notre coordination a demandé à être reçue par le président de la République, censé veiller au respect des libertés constitutionnelles. Notre requête est à ce jour restée lettre morte. Face à la stratégie de l’évitement et de déni, et jusqu’à ce que nos revendications soient entendues, nous nous mobiliserons de nouveau partout en France. Nous marcherons les 16 et 30 janvier, et tant qu’il le faudra : pour le droit à l’information, contre les violences policières, pour la liberté de manifester, pour le respect de notre vie privée. Pour nos libertés. https://stoploisecuriteglobale.fr/

Éducation Franche-Comté – n° 45 - janvier 2021

Le retour d’EDVIGE ? Non à l’extension du fichage policier !

Nouvelles de la Sudversion

epuis le 17 novembre 2020, l’opposition à la proposition de loi Sécurité globale ne cesse de se renforcer. Initiée par une coalition inédite de la société civile[1], elle a été rejointe et amplifiée par des centaines de milliers de manifestant·e·s, dans plus de 150 villes de France, qui ont bravé dans certains cas les violences policières et les arrestations arbitraires pour dénoncer dans la rue cette proposition de loi, et exiger notamment le retrait de ses articles 21, 22, et 24. Ce projet porte des graves menaces à la liberté d’informer et d’être informé. Son article 24 vise à dissuader de filmer ou de photographier les interventions policières. L’importance de telles images est pourtant cruciale pour attester des cas de violences policières, comme l’actualité nous l’a rappelé ces dernières semaines : • Le 31 décembre 2020, les forces de l’ordre expulsent violemment un campement de personnes migrantes à Calais. En plein hiver, leurs tentes sont lacérées, afin d’être rendues inutilisables : ce sont les photos de deux journalistes qui ont permis de faire connaître cette nouvelle violation des droits fondamentaux, alors que ces pratiques sont documentées de façon quasi quotidienne par les associations. • Le 3 janvier 2021, une marche commémorait la mort de Cédric Chouviat, mort étouffé des suites d’un banal contrôle policier. Ce sont des vidéos amateur de témoins de l’interpellation, recueillies par les avocats de la famille suite à un appel sur les réseaux sociaux, qui ont permis de démontrer la violence et l’illégalité de l’interpellation. • Le même 3 janvier, une enquête de Mediapart, basée sur l’analyse de dizaines de vidéos amateurs, démontre d’une part des charges et violences policières illégales lors de la manifestation du 12 décembre 2020 contre la loi Sécurité globale et la loi Séparatisme à Paris, d’autre part une communication gouvernementale mensongère sur les interpellations menées ce jour-là, dont la plupart se sont révélées infondées, voire totalement arbitraires. • Le 8 janvier, le journaliste Taha Bouhafs a comparu pour outrage aux forces de l’ordre. Les vidéos de son interpellation, alors qu’il couvrait un piquet de grève, démontrent le contraire. Vidéos qu’il a pu récupérer après que son téléphone a été illégalement placé sous scellé pendant des mois. L’article 24 de la loi Sécurité globale ne vise pas à protéger les policiers, mais bien les violences policières. Et la surenchère sécuritaire du gouvernement ne s’arrête pas là. D’autres dispositions de la loi visent à permettre à l’État et à sa police d’accroître le contrôle sur la population (articles 21 et 22), à travers des outils de surveillance

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baissent depuis de nombreuses années, l’heure est à la mobilisation pour imposer de réelles augmentations de salaires sans une nouvelle dégradation de nos conditions de travail.

Lecture Le CNNR (Conseil National de la Nouvelle Résistance) a le plaisir de vous annoncer la sortie du livre « Résistons Ensemble, plaidoyer pour des Jours Heureux » !

Un salaire qui baisse

AGENDA

Le salaire des personnels de la Fonction publique (titulaires ou contractuel-le-s) est calculé à partir de la valeur attribuée au point d’indice. Depuis 25 ans, l’augmentation de la valeur du point d’indice a été inférieure à l’inflation 21 fois. Rapporté à la situation de 1995, le salaire d’un-e professeure des écoles ou d’un-e certifié-e au 5e échelon (indice 476) est plus bas de 551 euros bruts constants !

📍 samedi 23 janvier de 16h à 19h :

deuxième conférence sur “la santé” par le Collectif bisontin Dans le même temps, certain-e-s agent-e-s les AEDpartie et les AESH perçoivent le un 16 salaire Lacomme première organisée janvier est toujours accessible si bas que lorsque le SMIC est revalorisé pour tecompte leur salaire calculé sur la sous du Smic. L’administration est alors obligée ennir ligne surde l’inflation, Radio Bip ! base de la grille indiciaire se trouve alors en-des- de verser une indemnité différentielle pour que

Décrochage du point d’indice

📍Des mardi 26 janvier : inégalités salariales femmes / les AED et AESH perçoivent le salaire minimum.

Grève et manifs dans l’Éducation Nationale hommes qui persistent > Besançon, 14h Rectorat Convention Le salaire net des enseignantes est inférieur de munération liée aux HSA de plus que les femmes. à celui de leurs collègues Il existe De plus, les femmes sont plus souvent contraintes >13,9% Lons-le-Saunier 14h, masculins. Inspection Académique plusieurs raisons à cela. Les HSA profitent essen- de prendre en charge la garde des enfants et sont tiellement aux hommes, qui perçoivent 51% de ré- bien plus souvent à temps partiel. voir blog pour les autres rdv : http://sudeduc-fcomte.over-blog.com/

Le 26 janvier

en

📍samedi 30 janvier :

grève

!

Pour nos libertés (jusqu’au retrait de la Loi Sécurité Globale et du projet de fichage de la population), voir blog pour RDV en FC

📍jeudi 4 février :

grève interpro nationale pour l’emploi > Besançon, 10h30 Place de la Révolution

📍dimanche 28 février :

Projection du film Un pays qui se tient sage, en présence du réalisateur, organisé par le collectif Libertés de Besançon au Mégarama

📍vendredi 26 mars :

Ouverture du week-end Écoféminisme organisé par Alternatiba avec une conférence de Jeanne Burgart-Goutal (MSHE) Rencontre Week-end sur l’écoféminisme organisé par Alternatiba du 26 au 28 mars en présence de Jeanne Burgart-Goutal « L’écoféminisme ne se contente pas d’attaquer le patriarcat : il autorise aussi à croire dans la puissance de l’imagination » Changement climatique, patriarcat, même combat ? C’est en tout cas la thèse de l’écoféminisme. Ce courant de pensée considère que l’ensemble des systèmes de domination – capitalisme, patriarcat, colonialisme… – se combinent et produisent des effets aussi divers que les violences faites aux femmes, les dégradations environnementales, les inégalités de toutes sortes. La rencontre commencera par une conférence de la philosophe Jeanne Burgart-Goutal qui vient de publier un livre : Être écoféministe.


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