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AED EN GRÈVE : brève de collègues en EREA

Qu’est-ce que vous déplorez le plus dans ce métier ?

« Comme je te le précisais, nous sommes dans un département où chaque avancée est respectée, que ce soit en termes de contrat, d’augmentation de salaire… mais ce n’est pas du tout le cas partout. Il y a une trop grande disparité nationale. Certaines AESH sont toujours à l’échelon de base alors qu’elles ont la même ancienneté que moi. Il y a des contrats qui sont toujours annualisés (c’est à dire faire 24h par semaine pour un 20h, pour être payé pendant les vacances scolaires), ce qui est maintenant interdit (c’était le cas quand j’ai commencé ce travail). Par ailleurs, on ne bénéficie pas de la prime REP/REP+. Récemment, le ministre a prévu une enveloppe pour augmenter les salaires des personnes de l’éducation nationale mais on n’en fait pas partie (tout comme les collègues AED). Il n’y a pas d’évolution de carrière, pourtant il doit y avoir 8 ou 9 échelons de salaire. Je suis à l’échelon 3, il est revalorisé tous les 3 ans, donc autant dire qu’en fin de carrière c’est Byzance ! Depuis la rentrée de septembre 2020, il existe des AESH référent.e.s dans chaque PIAL, qui sont là pour guider les nouvelles AESH. Ces collègues vont donc faire des heures en plus, avoir des responsabilités, vont devoir se déplacer si besoin dans les écoles pour rencontrer les AESH en difficulté, et tout ça en plus de leurs propres heures d’accompagnements. Je pense tout de même qu’il s’agit d’un contrat avec un peu plus d’heures que les 20h habituels, peut-être 25h… Donc 20h d’accompagnement + 5h de référent, pour 600€ bruts de prime par an. Royal ! Et toujours pas défrayés ! On peut parler aussi du manque de formation, qui se limite à 60h la première année. J’ai connu la toute première session, et elle n’a pas toujours été d’une grande aide pour moi. On apprend sur le terrain. On s’adapte, on improvise, on observe... En ce qui concerne le contrat, beaucoup d’AESH subissent le mi-temps imposé. Beaucoup sont obligées de travailler à côté (surtout lorsque l’on vit seule avec des enfants, par exemple). Et ce n’est pas simple de trouver du travail avec des horaires comme les nôtres, donc c’est le soir, les week-ends, pendant les vacances ou en indépendants. Enfin, dans certains établissements, la communication est difficile entre le corps enseignant et les accompagnant.e.s. Certains professeurs n’acceptent pas notre présence dans la classe, la trouve inutile (surtout chez les profs en fin de carrière, « de mon temps, on écrivait et c’est tout ! On n’avait pas autant d’aide… »). Parfois, certains collègues ou chefs d’établissements nous font faire du travail qui n’a pas lieu d’être : surveillance de classe, photocopies, administratif, ou tout autre tâche qui n’a rien à voir avec notre métier et qu’on est en droit, je dirai même que l’on doit, refuser. »

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Des revendications ?

« La titularisation ! Avoir la possibilité de choisir le nombre d’heures travaillées : que le mi-temps ne soit plus la norme mais un réel choix. Avoir une fiche de vœux chaque fin d’année pour préciser nos souhaits (type d’écoles, nombres d’heures, types de handicaps, car certaines n’aiment pas travailler avec les maternels/primaires ou au lycée, ou ne savent pas trop gérer les élèves avec des troubles du comportement ou un handicap physique lourd…). Après, dans un monde de Bisounours, je dirai un équivalent temps plein à 24h car on a toutes au minimum le bac (voire plus!) pourtant, on est payé au SMIC (à peine plus avec l’ancienneté). Bref, on aimerait être reconnues au niveau national comme un métier à part entière, aussi important et utile que les profs et avec un salaire en conséquence. Ne pas se sentir comme la dernière roue du carrosse. On se sent parfois comme des kleenex qu’on est bien content de trouver parce qu’on a besoin de lui mais qu’on jette parce qu’il nous embarrasse.

Comme beaucoup d’AED partout en France, nous ne sommes pas satisfait-es de la façon dont nous sommes (peu) considéré-e-s par le gouvernement et l’Éducation Nationale alors que nous sommes essentiels à son bon fonctionnement Nous avons donc décidé de suivre le préavis de grève du 19 janvier, reconductible jusqu’au 26, comme suggéré par les syndicats Nous rejoignons nos collègues AED sur plusieurs de leurs revendications : • la possibilité de titularisation par la création d’un statut d’éducateur-rice scolaire • l’augmentation des salaires • l’accès à la formation et l’augmentation du crédit d’heures • le versement de la prime Covid • le versement de la prime REP/REP+ Par ailleurs, en tant qu’AED d’EREA, nous jouons un rôle particulier et très différent des AED d’établissements plus « classiques » Notre travail étant bien plus axé sur le socio-éducatif, et le public accueilli nécessitant bien plus d’implication, les compétences ne sont pas les mêmes De ce fait, nous souhaitons que cette réalité se reflète, et ce pour tou-tes les AED d’EREA et d’internats éducatifs de France : • dans la formation • dans les salaires • dans les primes (comme pour les REP/REP+) • dans la reconnaissance pour nos carrières futures de ces compétences