Paracontact – Automne 2023

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Balade à Saint-Ursanne Le magazine de l’Association suisse des paraplégiques I Automne 2023

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Chères lectrices, chers lecteurs,

La délégation suisse est revenue des CM d’athlétisme de Paris avec six places de quota pour les Jeux Paralympiques de 2024 et 14 médailles. Nous devons ces métaux précieux à 13 de nos athlètes de Sport suisse en fauteuil roulant, que nous félicitons chaleureusement pour leurs performances exceptionnelles!

Les CM n’auraient pas pu mieux se dérouler pour la Suisse et nous attendons avec impatience les Jeux Paralympiques qui auront lieu l’an prochain à Paris. Le succès de nos athlètes n’est pas le fruit du hasard. Il est dû à des années de travail intensif, où le sport prime sur toute autre considération.

à soulever à nouveau le bras. C’est en s’accrochant que les personnes récemment blessées regagnent peu à peu leur autonomie et que chaque victoire devient source de joie. Lisez les histoires d’Olivier De Vito et de Stephan Freude.

La politique est elle aussi un travail de longue haleine. Ensemble, nous devons encore relever le défi de rassembler les 100 000 signatures nécessaires à l’initiative pour l’inclusion. Membre de notre association, Vanessa Grand fait partie de celles et ceux qui luttent sans relâche pour la cause des personnes en situation de handicap. Laissez­vous inspirer par son engagement.

Je vous souhaite une lecture enrichissante.

Le processus de rééducation demande lui aussi beaucoup de persévérance. Lors de la rééducation primaire à la clinique, le quotidien est rythmé par de nombreuses thérapies et un entraînement constant. Maintes tentatives sont nécessaires avant de réussir son premier transfert, maints exercices avant de parvenir

Cordialement,

Paracontact I Automne 2023 3 É DITORIAL
«Persévérer jusqu’au but»
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Édition

Association suisse des paraplégiques

Kantonsstrasse 40, CH-6207 Nottwil

Tél. 041 939 54 00, e-mail spv@spv.ch www.spv.ch

Rédactrice en cheffe

Evelyn Schmid

Rédaction

Laurent Prince, Nadja Venetz, Felix Schärer, Roger Getzmann, Daniela Vozza, Michael Bütikofer, Peter Birrer, Tina Achermann

Traduction

Sonia Bretteville, Elvire De Tomi

Coordination, graphisme, annonces

Tina Achermann, Andrea Di Bilio-Waldispühl

Photos

ASP, FSP, Adobe Stock, Ch. Vouillamoz, Jonathan Liechti, S. Schenker, M. Ambühl, A. Panzer, A. Gautschi, G. Sonderegger, V. la Rocca, T. Lackner, Swiss Paralympic/ Gabriel Monnet, G. Stäuble, Paris 2024/ Florian Hulleu, Ticino Bulls, VBS/DDPS

Alex Kühni, ESCIF, V. Grand, S. Freude

Impression

Brunner Medien AG, www.bag.ch

Dernier délai de rédaction du prochain numéro:

Édition hiver 2023: close

Édition printemps 2024: 9.11.2023

Tirage

8100 exemplaires en allemand

4250 exemplaires en français

Nous utilisons une écriture inclusive, mais devons parfois adopter la forme féminine ou masculine sans discrimination de genre, afin d’alléger le texte.

Les articles publiés sont protégés par le droit d’auteur. Toute reproduction nécessite l’accord explicite de la rédaction. L’opinion des auteurs externes ne reflète pas toujours celle de la rédaction. La rédaction n’est pas tenue de publier les articles non sollicités.

Paracontact I Automne 2023 5 IMPRESSUM SOMMAIRE AVANCER ACTUALITÉS 6 L’ÉCHO DES CLUBS Attention, ambition! 8 ACTIVISME Agir et obtenir l’inclusion 9 ÉCLAIRAGE Inclusion à l’École­club Migros 11 CONSEILS VIE ENTRE DE BONNES MAINS Nottwil: une chance pour Olivier De Vito 12 CONDUITE AUTOMOBILE Circuler librement 15 CONSEILS JURIDIQUES DROIT DES ASSURANCES Des droits renforcés pour les assuré·e·s 16 MÉDECINE ET SCIENCES MOYENS AUXILIAIRES Recherche au cœur du quotidien 18 CONSTRUIRE SANS OBSTACLES ACCESSIBILITÉ L’histoire et le passé sans obstacles 20 LOISIRS PARAVACANCES Partez en vacances avec nous! 22 Destinations phares 2024 23 LOISIRS EN BREF 24 VTT Par monts et par vaux 25 UN VOYAGE SEMÉ D’EMBÛCHES Le bonheur par 36 degrés 26 VOYAGES POUR TÉTRAPLÉGIQUES Une première réussie 29 SWINCAR Randonner sans bruit 30 EXCURSION La Perle du Jura 32 SPORT EN FAUTEUIL ROULANT KIDS CAMP En toute insouciance 34 LE SPORT EN BREF 36 FORMATION D’ENTRAÎNEUR·EUSE D’athlète à entraîneuse 38 JP DE PARIS 2024 Des Jeux éthiques et durables 39 «MOVE ON» Camp de sports et de loisirs 40 BASKETBALL Ritorno al vertice 41 GROS PLAN DIVERS 42 L’ENTRETIEN Stephan Freude 44 TÉLÉVISION Franchir le Gothard 47 L’ÉCHO DES CLUBS Combattre les obstacles 48 NOS ALLIÉ·E·S Gabi Bucher 49 À VOS CÔTÉS Monserrat Thalmann 50 9 25

ATHLÉTISME

Nouvel entraîneur

Jani Westerlund (57 ans) entraîne désormais l’élite.

Finlandais d’origine, il possède une longue et riche expérience dans le sport de compétition, que ce soit en tant qu’athlète, entraîneur ou représentant de fédération. Il succède à Beat Fäh et Monika Vifian.

Enquêter et aider

Une enquête menée par la Recherche suisse pour paraplégiques recueille des données qui serviront à mieux soutenir les personnes concernées tout au long de leur vie professionnelle.

L’enquête débutera prochainement par le biais d’un questionnaire en ligne. Les invitations seront envoyées par courrier postal. Les personnes avec ou sans expérience professionnelle depuis le début de la paralysie médullaire peuvent y participer.

Les questions portent sur les étapes et événements majeurs de leur parcours de vie,

en rapport avec le travail, la formation, les activités bénévoles ainsi que les contacts sociaux et familiaux.

L’ASP soutient l’étude en tant que partenaire de projet et vous encourage à y participer. Vous nous aiderez ainsi à améliorer les offres destinées aux personnes atteintes de paralysie médullaire.

Contact: Dr Urban Schwegler urban.schwegler@paraplegie.ch

NOUVEAU PERSONNEL

Sabine Sieber

Cheffe Finances et comptabilité

Après sa formation commerciale dans une banque, Sabine Sieber a travaillé dans différents services fiduciaires. Elle a ensuite vécu deux ans à Berlin puis est revenue dans la région de Lucerne où elle a obtenu un poste dans la société PH Networks. Chargée des finances, elle y est restée plusieurs années.

Swim Team Lucerne

Elle a découvert le monde de la natation grâce à ses enfants et s’investit maintenant dans un club. Elle passe aussi du temps dans son jardin où elle combat les mauvaises herbes en écoutant des podcasts. Si elle avait le temps, elle ferait de la couture.

Sandra Wandeler

Collaboratrice spécialisée AC

Sandra Wandeler rêvait depuis longtemps de travailler au GSP. Depuis juillet, elle s’occupe de l’accueil à l’ASP, encadre les apprenti·e·s et collabore aux services de l’association. Employée de commerce qualifiée, elle a toujours occupé de telles fonctions polyvalentes, dernièrement dans l’industrie automobile et auparavant pendant plus de 20 ans chez l’horloger Carl F. Bucherer.

Les pieds dans l’eau Maman d’une jeune fille de 13 ans, elle va souvent sur et au bord du lac de Sempach. Elle aime toujours être dans la nature, mais apprécie aussi un repas convivial avec sa famille et ses ami·e·s.

Iris Fuchser

Coordinatrice de la

formation

Iris Fuchser a déjà travaillé pendant 23 ans à l’ASP. Souhaitant découvrir autre chose, elle a pris un poste au service de la famille, des loisirs et de la culture du Département Formation et Culture de la ville de Kriens. Elle revient maintenant à l’ASP et s’occupe désormais de l’offre de formation de la fédération sportive.

Atout

Depuis 17 ans, elle joue dans l’association de cor des Alpes Pilatus Kriens, mais aime aussi aller à des concerts de rock. Fan de sport, Iris Fuchser pratique le ski alpin et de fond, le vélo et la randonnée. Son rituel du matin: une partie de jass sur une application.

RUBRIK 6 Paracontact I Automne 2023 ACTUALITÉS Plus d’informations www.swisci.ch
VIE PROFESSIONNELLE

L’ÉCHO DES CLUBS

Genève visite Nottwil

Corinne Bonnet-Mérier, présidente du CFR Genève et conseillère municipale de la Ville de Genève a emmené une délégation du gouvernement de la Ville de Genève à Nottwil.

Les participant·e·s ont fait connaissance avec l’ASP et se sont immergé·e·s dans le quotidien des personnes atteintes de paralysie médullaire

au ParaForum. «Depuis que je suis conseillère municipale, je nourris l’idée de cette visite. Parfois, c’est l’immersion dans un milieu de vie qui aide le plus à comprendre les problèmes», explique Corinne BonnetMérier. «J’espère que ce qui a été vu et vécu se répercutera encore longtemps dans les discussions du conseil et le travail des commissions.»

L’ÉCHO DES CLUBS

Renommé, relooké

Le Rollstuhlclub Chur s’appelle désormais Rollstuhlclub Graubünden. Et ce nouveau nom s’accompagne d’un nouveau logo, moderne et dynamique.

LA COMMUNAUTÉ

Nouveau site Web

La communauté en ligne du Groupe suisse pour paraplégiques brille d’un nouvel éclat. Entièrement modernisé, le site Web est maintenant plus agréable et plus clair.

La communauté offre aux personnes atteintes de paralysie médullaire ainsi qu’à leurs proches une plate-forme numérique pour l’échange mutuel. Le marché en ligne permet d’acheter ou de vendre des moyens auxiliaires d’occasion, des voitures transformées et bien d’autres choses encore. Et les articles du blog fournissent des éclairages intéressants.

Vers la communauté community.paraplegie.ch

INCLUSION

ATELIER

Pro des réseaux sociaux

Comment rédiger un post sur Facebook et quelles photos publier?

Mi­mai, l’ASP a organisé son premier atelier sur les réseaux sociaux. Les membres des clubs en fauteuil roulant qui y participaient ont appris à

utiliser différentes plates­formes. La théorie a immédiatement été mise en pratique dans des posts. Les participant·e·s ont aussi longuement parlé des avantages et des inconvénients des réseaux sociaux. D’autres ateliers sont prévus.

Course DUO

Le 5 juillet, 450 personnes, dont des membres du CFR Jura, ont marché et roulé à Porrentruy. Un record de participation.

L’objectif de cette manifestation est d’inciter les personnes avec et sans handicap à faire du sport ensemble. Le parcours est une boucle de 2 km avec un départ en commun. Il est possible de faire quatre tours, soit 8 km.

Paracontact I Automne 2023 7

L’ÉCHO DES CLUBS

Attention, ambition!

Les équipes de basket­ball du CFR Valais romand et du RC Bern ont fusionné il y a un an. La force motrice de ce projet se nomme Claude Siegenthaler.

L’idée a germé il y a un peu plus de trois ans. Elle s’est muée en projet et a abouti: l’union est consommée. En 2022, les équipes de basket­ball des clubs en fauteuil roulant du Valais romand et de Berne se sont «mariées» et ont fini à la troisième place à l’issue de leur première saison. Mais ce ne devrait être que le début de l’envol.

Instigateur de cet heureux rapprochement sportif, Claude Siegenthaler travaille à l’ASP en tant que coordinateur pour la Suisse romande au département Sport pour tous –loisirs – santé, et est en outre un basketteur passionné. Ce Seelandais de 45 ans jouait autrefois avec ses copains jurassiens à Delémont. Il a aussi longtemps fait partie de l’équipe genevoise et a parcouru des milliers de kilomètres en voiture pour pratiquer son hobby.

Pallier le manque de personnel

Il vit depuis douze ans en Haut­Valais, coache les joueurs du Valais romand et se

heurte au même problème qu’ailleurs, à savoir le manque de basketteurs et basketteuses. Et qui dit petite équipe, dit forcément impossibilité de participer aux compétitions nationales.

Les Bernois étaient confrontés à la même difficulté. Claude en discutait de temps en temps avec le manager de leur équipe, Mustafa Muhammadamin. Un jour, il lui a demandé si une fusion était envisageable. Mustafa a accepté de faire une tentative et c’est ainsi que les deux hommes ont lancé le projet.

De prime abord, unir des Valaisans et des Bernois ne semble pas évident. La distance entre les lieux d’entraînement, Martigny et Moosseedorf, pose problème, tout comme la barrière linguistique et les différences de mentalité. Pourtant, force est de constater que tous les obstacles supposés ont été surmontés ou que les nouveaux sont en passe d’être résolus.

Les Valaisans et les Bernois s’entraînent parfois ensemble, mais en règle générale, ils le font séparément afin d’éviter les longs trajets. En revanche, le contenu des unités d’entraînement a été défini et harmonisé pour les deux groupes. À Berne, c’est Matthias Suter qui dirige, Claude Siegenthaler coache les Valaisans – les jours de match, ils forment un duo: Matthias est le coach et le capitaine, il donne les orientations stratégiques sur le terrain et son calme olympien a un effet apaisant. Claude est le coach assistant, il ordonne les changements et demande les temps morts pendant lesquels il parle aux joueurs.

Nouveau nom: Martigny-Berne Magic Les matches de championnat se déroulent à Martigny. Jusqu’à présent, les basketteurs jouaient sous le nom de Valais­Berne Magic, mais comme ils ont entre­temps rejoint le club Martigny Basket et qu’ils peuvent également utiliser ses infrastructures, ils s’appellent désormais Martigny­Berne Magic. «Nous avons créé une situation gagnant­gagnant», déclare Claude Siegenthaler, «la fusion profite à toutes les parties prenantes.» De plus, «pouvoir affronter un autre adversaire est aussi un avantage pour les autres équipes de la ligue.»

La nouvelle saison commencera en octobre. Certes, le coach ne joue plus lui­même que sporadiquement, mais cela ne change rien à ses objectifs. D’ailleurs, il envoie une déclaration de guerre aux concurrents de la ligue: «Attention, nous avons de l’ambition.»

AVANCER 8 Paracontact I Automne 2023

Agir et obtenir l’inclusion

Vanessa Grand informe et interpelle partout où elle le peut: en politique ou dans la rue. La Haut­Valaisanne montre pourquoi l’aboutissement de l’initiative pour l’inclusion est si important.

Lorsqu’on est assis en face de Vanessa Grand, on s’aperçoit vite que cette femme déborde de force et de persévérance. Elle ne lâche jamais un objectif avant de l’avoir atteint. Actuellement, elle met sa ténacité au service d’une préoccupation qui lui tient à cœur: elle milite en faveur de l’initiative pour l’inclusion. Elle est d’ailleurs de tous les combats: «Je m’engage pour toutes les causes qui concernent les personnes en situation de handicap.»

Parlementaire d’un jour

Elle a maintes fois remarqué que les personnes abordées se montraient quelque peu impuissantes et ignoraient comment faire de la politique en faveur des personnes handicapées. Il est donc d’autant plus important pour Vanessa Grand d’insister, encore et toujours, sur la nécessité d’agir davantage dans ce domaine. Elle utilise sa notoriété – d’une part parce qu’elle se produit en public en tant que chanteuse de variété, d’autre part parce qu’elle a participé au printemps dernier à la toute première session des personnes handicapées au Conseil national.

Elle en a profité pour élargir son réseau relationnel, mener d’innombrables entretiens et défendre, entre autres, l’initiative pour l’inclusion. Elle le fait aussi dans le cadre de son activité professionnelle, que ce soit en tant que journaliste ou collaboratrice scientifique à la Haute école spécialisée bernoise.

logement, l’initiative comprend des thèmes tels que la discrimination et l’égalité –Vanessa Grand les aborde aussi ouvertement.

Résilience et répartie

Membre du comité du RC Oberwallis, elle essaie «d’attirer l’attention sur des choses auxquelles beaucoup de gens ne pensent même pas». «En ce qui concerne l’initiative pour l’inclusion, je sais qu’il est urgent d’agir. Et je crois que la population est favorable à la prise en compte de nos besoins.»

Elle­même touchée par la maladie «des os de verre», elle est actuellement âgée de 44 ans et ne compte plus les fractures qu’elle a eues dans sa vie.

Vanessa Grand s’engage avec passion pour que l’initiative en question aboutisse. Elle le fait avec une témérité et un toupet impressionnants, va à la rencontre des politicien·ne·s de tout le canton et leur explique les enjeux de cette cause autour d’un café. Ou comme elle le formule: «Je les bouscule et attire ainsi leur attention sur nous.»

Elle collecte des signatures chaque fois qu’elle en a l’occasion, et lorsqu’elle engage la conversation avec un·e passant·e dans la rue, elle lui demande systématiquement: «Sais­tu que nous, les personnes handicapées, ne pouvons pas décider nous­mêmes de l’endroit où nous voulons vivre?» Parfois, elle raconte aussi ce qui pourrait l’attendre le jour où elle n’aura plus le précieux soutien de ses parents. «L’initiative vise à mettre à disposition des ressources qui permettent aux personnes ayant un handicap de vivre de manière autonome», ditelle, «je ne veux pas que d’autres personnes puissent décider pour moi.» Outre le

Vanessa Grand sait argumenter de manière très convaincante face à un·e interlocuteur·trice sceptique. On sent que ses études en médias et communication à Fribourg lui ont permis d’acquérir un bon bagage rhétorique. «Je suis dotée d’une certaine résilience, j’ai le dos large et je sais être percutante pour me défendre», constate­t­elle. «J’observe que j’obtiens quelque chose auprès des politiques et de la population lorsque j’explique de quoi il retourne exactement dans cette initiative.»

Elle est sûre d’une chose: elle ne lâchera jamais prise. «Car dès qu’on mollit, rien ne change», dit­elle. Vanessa Grand sacrifie énormément de son temps libre au profit de l’initiative – et elle ira jusqu’au bout.

Initiative pour l’inclusion

Collectez vous aussi des signatures

www.spv.ch/initiative-pour-linclusion

Paracontact I Automne 2023 9 AVANCER ACTIVISME
Vanessa Grand récolte des signatures

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Switzerland / FR

Inclusion à l’École­club Migros

Depuis le mois d’août, l’ASP coopère étroitement avec l’École­club Migros afin de proposer des formations, mais aussi des activités physiques ou créatives. Et ce, de manière professionnelle et inclusive. Thomas Hurni est à l’origine de cette alliance.

Que peuvent attendre les membres de l’ASP de cette coopération?

Grâce à notre travail avec l’École­club Migros, les membres de l’ASP pourront profiter dès cet été (18 août 2023) de l’ensemble de la gamme de la plus grande institution de formation et de loisirs en Suisse. Dans le cadre d’un projet pilote mené avec l’ASP, l’École­club Migros propose dans ses centres de Lucerne, Sursee et Zoug, des prestations de «Culture & créativité» et de «Mouvement & bien­être». Cette offre n’a rien de nouveau, puisque les cours de l’École­club ont toujours été ouverts à toutes et tous, conformément à sa devise «Formation pour tous». Malheureusement, les membres de l’ASP n’en ont pas ou peu bénéficié jusqu’à présent.

Pourquoi ces offres n’ont-elles pas été utilisées?

Peut­être que les personnes en fauteuil roulant doutaient de l’accessibilité de l’infra­

structure. Il aurait fallu se renseigner à ce sujet. Désormais, les offres proposées avec l’ASP sont sans obstacles et les animateurs et animatrices ont été préparé·e·s à accueillir les participant·e·s de nos clubs en fauteuil roulant. Nous supprimons ainsi les inhibitions et les barrières.

Les piéton·ne·s et les personnes en fauteuil roulant participeront donc ensemble aux cours?

Oui, exactement. Avec ce projet, l’ASP et Migros font un grand pas en direction de l’inclusion dans le sens de l’égalité et de la participation aux activités récréatives et culturelles. Comme il n’est plus nécessaire de se renseigner au préalable sur l’accessibilité, la participation est facilitée. Les membres de l’ASP peuvent ainsi suivre sans grand effort des cours avec des personnes ayant les mêmes préoccupations ou centres d’intérêt. Pour peindre, méditer ou chanter, le fait d’être assis sur une chaise

ou dans un fauteuil roulant importe peu. Grâce à l’inscription via notre lien, le ou la responsable du cours sait que des participant·e·s viennent en fauteuil roulant et peut se préparer en conséquence.

Vous commencez par un projet pilote en Suisse centrale. Et ensuite?

À partir de 2024, des offres intégratives seront proposées dans chaque École­club Migros, autant dire dans tout le pays.

Jusqu’ici, l’ASP proposait elle-même de nombreux cours, est-ce que cela va changer?

Inclusif apprendre et découvrir

Ces dernières années, nous avons dû annuler plusieurs cours par manque d’inscriptions. Pour remédier à cette situation, mon département «Sport pour tous – loisirs – santé» a cherché des solutions et les a trouvées en collaborant avec l’École­club Migros. Mais bien entendu, nous continuerons à planifier et à organiser avec professionnalisme des activités et des manifestations de qualité qui répondent aux besoins spécifiques de nos membres. Cela comprend par exemple les cours de mobilité qui visent à mieux manier le fauteuil roulant, les cours de premiers secours ou les tours en handbike ou en swincar, spécialement conçus pour les personnes en fauteuil roulant. Nous continuerons également à proposer des événements comme la soirée dansante. Ces rencontres favorisent les échanges et les liens entre pairs. Ce serait dommage de s’en priver. Il faut avoir les deux types d’offres: celles qui incluent les personnes concernées et celles qui leur sont réservées.

AVANCER ÉCLAIRAGE
Paracontact I Automne 2023 11

Nottwil: une chance pour Olivier De Vito

Accidenté en février 2022, ce Lausannois âgé de 51 ans apprend de mieux en mieux à vivre avec sa tétraplégie et à utiliser son fauteuil roulant.

Encore un dernier virage avant d’atteindre l’objectif et la journée de ski s’achèvera en ce 13 février 2022. Olivier De Vito connaît bien la piste du domaine des Portes du Soleil, ce n’est pas un débutant. Pourtant, c’est le drame. Après un virage, il fait un écart, chute et dévale la pente sur plusieurs mètres, heurte un arbre et ne sent plus aucun de ses membres. Une seule chose lui vient à l’esprit: il lui est arrivé quelque chose de grave.

Un hélicoptère de sauvetage transporte le blessé à Lausanne et Olivier est opéré à l’hôpital universitaire avant d’être transféré à Nottwil. Diagnostiqué tétraplégique incomplet, il doit petit à petit s’habituer à une foule de nouvelles choses pendant la rééducation, comme à son fauteuil roulant qui l’accompagnera et le soutiendra désormais en permanence.

Un encadrement optimal à Nottwil Depuis novembre dernier, l’Italien est de retour à Lausanne, la ville où il a grandi. Il a trouvé un appartement un peu en dehors du centre qui lui offre un nouveau refuge proche de son entourage social. Quand il se met à parler de la rééducation, il déclare d’emblée: «Nottwil a été pour moi un énorme coup de chance. C’est un endroit incroyable pour les personnes atteintes de paralysie médullaire. Je n’aurais pas pu imaginer un meilleur encadrement.»

Au Centre suisse des paraplégiques, il fait des progrès grâce à de nombreuses théra­

pies et des personnes dont il n’oubliera jamais le nom l’encouragent: Lara Capoferri, sa physiothérapeute, s’occupe de lui de manière intensive, tout comme Chiara Mele, son ergothérapeute. Et c’est aussi à cette époque qu’il fait la connaissance de Yann Avanthey, qui travaille comme conseiller pair à l’ASP et accompagne les clientes et clients de Suisse romande.

Yann présente l’Association suisse des paraplégiques à Olivier pendant son séjour à Nottwil et lui énumère tous les avantages dont il bénéficie en tant que membre – et ils sont nombreux. Cela rassure le Romand et lui confère en même temps un sentiment de sécurité, il sent que «pendant et

CONSEIL PAR LES PAIRS

Yann Avanthey sait de quoi il parle.

aussi après la longue rééducation, personne n’est laissé seul·e face à son destin, les patientes et patients sont très bien préparé·e·s au retour à la vie quotidienne».

Trouver soi-même des solutions

Chaque fois qu’il a une requête, il sait qu’il peut contacter Yann ou un·e collaborateur·trice de l’ASP, que ce soit du conseil par les pairs, du conseil social ou du service juridique. Tout compte fait, en voyant comment on prend soin de lui, il se dit qu’il a eu de la chance dans son malheur.

Pour autant, il ne veut pas faire appel au soutien de Nottwil à chaque broutille. «Je suis persuadé que cela vaut la peine de pren­

Les personnes récemment blessées doivent faire face à moult défis. Comment faire quand on se retrouve en fauteuil dans un monde conçu pour les piéton·ne·s? J’ai moi aussi vécu cela et je sais ce que c’est que de devoir sans arrêt lever la tête quand on discute avec quelqu’un.

Nous, les conseillers et conseillères pairs, sommes au même niveau que les personnes concernées, au sens propre du terme. Les doutes ont leur place, tout comme les conseils pour le quotidien. Écrivez-nous: lb@spv.ch

12 Paracontact I Automne 2023 CONSEILS VIE ENTRE DE BONNES MAINS

dre soi­même l’initiative et de tenter de chercher des solutions à certains problèmes, dit­il, cela fait du bien au moral de voir que l’on avance dans son combat.»

Lorsqu’Olivier quitte le CSP, il est le fier détenteur d’un permis de conduire. Pendant sa rééducation, il a eu l’opportunité de prendre huit leçons de conduite dans un véhicule adapté à ses besoins. Il a ensuite réussi l’examen pratique à Lucerne.

Examen de conduite pendant la rééducation

Il n’a pas encore fait l’acquisition d’un véhicule adapté. Il veut d’abord voir comment sa condition physique va évoluer. Pour le moment, il se débrouille très bien sans voiture car on vient le chercher quand il veut aller quelque part. Quoi qu’il en soit, il est content de disposer de l’option de pouvoir conduire lui­même. «La première fois que j’ai repris le volant, c’était une sensation géniale, dit­il, presque encore meilleure qu’avant. Comme une impression de liberté.»

Au cœur des préoccupations des personnes récemment blessées, il y a, bien sûr, le fauteuil roulant. Lui­même en fauteuil, Yann parle par expérience lorsqu’il affirme: «Le fauteuil roulant remplace mes jambes, il me rend une grande partie de mon autonomie. Je peux aller voir des ami·e·s, faire du sport et participer à la vie sociale. Sans lui, je vivrais reclus en permanence.»

Olivier doit encore avoir un peu de patience et s’habituer à cet engin, qui est son nouveau moyen de locomotion depuis son accident fatal, mais il s’en accommode désormais très bien. «Nous nous sommes de plus en plus rapprochés», admet­il. Après une phase initiale avec le fauteuil électrique, il est passé à un modèle manuel, ce qui l’oblige à utiliser ses bras et à entretenir un peu sa forme physique. «J’évite ainsi de devenir passif et indolent», poursuit­il. Il n’utilise une assistance qu’occasionnellement pour les longues promenades. Il attelle alors le Swiss­Trac devant le fauteuil roulant et part se balader sur les rives du lac Léman.

Un fauteuil à la valeur inestimable

Le fait est que le fauteuil est devenu un élément crucial d’un «monde complètement nouveau» pour Olivier. Jusqu’à son accident, il ne s’était jamais préoccupé du thème de la paralysie médullaire et ce gérant d’immeubles et propriétaire de bar ne prêtait guère attention aux personnes à mobilité réduite à Lausanne.

Or le fauteuil roulant est devenu un outil indispensable. «J’ai vite compris une chose: je n’ai pas le choix. Je ne me suis donc pas posé dix mille questions», explique­t­il avant d’ajouter: «Je n’accepte pas le destin, mais j’apprends à vivre avec et je m’efforce d’aborder le tout de manière positive.»

Aussi difficile que soit la situation pour lui, elle a révélé des qualités insoupçonnées qui sommeillaient en lui. Grâce à une volonté de fer, il ne cesse de faire des progrès, parfois minimes certes, mais chacun d’entre eux le booste et le motive.

Ses proches sont toujours là pour lui Par ailleurs, ne serait­ce que pour son entourage, il n’était pas question de se laisser aller. Il se sent responsable vis­à­vis de ses deux enfants désormais adultes, de sa compagne qui l’a toujours soutenu, des amis qui sont là pour lui – ses potes de foot, avec lesquels il partait chaque année quelques jours à l’étranger, ont même passé un weekend à Nottwil avec lui pendant sa rééducation au lieu d’aller visiter une quelconque ville d’Europe. Sa compagne, par son attitude positive malgré ce changement de vie pour les deux, lui permet d’aller de l’avant au quotidien et de faire des projets pour l’avenir. Et il a sa mère Concetta qui cuisine pour lui plusieurs fois par semaine et l’aide dans le ménage.

Pendant des années, le sport a été un élément majeur dans la vie quotidienne d’Olivier: ce fan de la Juventus de Turin jouait au football et skiait. Le fait de ne plus pouvoir le faire l’a d’abord énormément frustré. Mais de l’eau a coulé sous les ponts et il a fini par l’accepter. Olivier n’a qu’un seul petit problème: il a pris du poids et aimerait perdre quelques kilos. «Le truc, c’est que ma mère cuisine trop bien. Je ne peux pas résister», avoue­t­il.

Paracontact I Automne 2023 13
Très unis, Olivier De Vito et sa mère Concetta

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En tant que représentant·e des intérêts, votre objectif est d’être perçu·e comme interlocutrice ou interlocuteur compétent·e pour toutes les parties prenantes de votre région.

14 Paracontact I Automne 2023
Les amis ne peuvent pas toujours être là pour aider. Cependant, le monte-escaliers de Rigert le peut. Consultation gratuite 021 793 18 56 | Visitez notre site www.rigert.ch/fr Booste ta santé!

Circuler librement

Grâce à la voiture, les personnes en fauteuil roulant gagnent en mobilité et en autonomie. Mais comment obtient­on le permis de conduire?

Permis de conduire

Pour qu’une personne à mobilité réduite puisse (re)passer son permis de conduire, elle doit suivre certaines directives. Cela vaut aussi bien pour les personnes handicapées qui souhaitent apprendre à conduire

que pour celles qui étaient déjà titulaires d’un permis avant leur accident ou maladie. Un examen de médecine routière atteste de l’aptitude à conduire. Une évaluation fonctionnelle des aménagements techniques détermine si un véhicule doit être adapté et de quelle manière. À l’aide de ces documents, l’Office de la circulation routière fixe les conditions pour l’obtention du permis d’élève conducteur ou pour la ré­obtention du permis de conduire.

Conditions pour l’obtention ou la ré-obtention du permis

Premier permis Formulaire officiel de demande du service des automobiles du canton de domicile

Conducteur·trice·s établi·e·s Les modifications de l’état de santé sont à déclarer obligatoirement au service cantonal des automobiles

Certificat médical

Atteste l’aptitude à conduire du point de vue médical. Doit être établi par un médecin spécialisé (niveau 3).

Évaluation fonctionnelle des aménagements techniques Est effectuée par le service de transformation des véhicules ou par le service des automobiles compétent.

Permis de conduire (copie)/Formulaire de demande Remis par le ou la candidat·e

Demande à l’Office de la circulation routière Envoi des documents mentionnés ci-dessus à l’Office de la circulation routière compétent

Automobiliste

Décision administrative Remise par le service des automobiles

Obtention du permis provisoire

Inscription des restrictions de conduite dans le permis à l’aide de codes numériques et de texte

Auto-école Conduite seulement avec personnel d’auto-écoles

Examen de conduite

Test effectué par un·e expert·e du service des automobiles

Permis de conduire (avec restrictions)

Transformation du véhicule

L’évaluation fonctionnelle des aménagements techniques vérifie l’aptitude à conduire. Le service des automobiles ou un service de transformation des véhicules teste le ou la candidat·e pour vérifier qu’il ou elle est capable d’appuyer sur l’accélérateur et d’adapter sa vitesse dans les virages. On contrôle aussi si la personne peut utiliser le volant et si elle a assez de force dans les jambes pour actionner la pédale de frein. Enfin, le temps de réaction, le champ de vision et la capacité à traiter les stimuli visuels sont examinés.

Les spécialistes évaluent les capacités de coordination et donnent une appréciation. Durant ce rendez­vous, la personne concernée pourra en outre tester différentes adaptations de véhicule, comme des leviers de commande au volant ou des aménagements pour mieux tenir le volant.

Leçons de conduite

Véhicule

Important L’AI a besoin d’une offre pour la transformation du véhicule (si le ou la candidat·e y a droit) Les mentions correspondantes figurent dans les deux documents

Exigences techniques

Les codes concernant les adaptations du véhicule seront inscrits

Adaptation du véhicule Adaptation et modification du véhicule selon exigences et directives légales

Validation du véhicule

En principe en présence du conducteur ou de la conductrice (personne handicapée). Inscription dans le permis de circulation.

Permis de circulation (avec inscription des adaptations)

Au cas où l’Office de la circulation routière prescrirait des courses d’apprentissage avec un·e moniteur·trice d’auto­école ou un test de conduite pour valider une transformation, l’AI prend en charge les coûts à titre d’entraînement à l’emploi.

Si un·e assuré·e souhaite passer son permis et qu’elle a le droit de faire adapter son véhicule en raison de son invalidité, les frais liés à l’invalidité pour les leçons de conduite sont pris en charge à partir du moment où le nombre d’heures de conduite dépasse la moyenne suisse de 32 leçons.

Mobilité illimitée

Information sur www.tcs.ch

Paracontact I Automne 2023 15 CONSEILS VIE
CONDUITE AUTOMOBILE
Pour la plupart des gens, la mobilité est essentielle. A fortiori lorsqu’une capacité de marche réduite vient compliquer les déplacements.

Des droits renforcés pour les assuré·e·s

La loi sur le contrat d’assurance a été partiellement révisée. Nous vous donnons un bref aperçu des principaux changements.

La loi sur le contrat d’assurance (LCA) partiellement révisée est entrée en vigueur le 1er janvier 2022. Et il était grand temps car la LCA existante a été adoptée il y a plus de 100 ans, le 1er janvier 1910! Il était évident qu’elle ne répondait plus entièrement aux exigences actuelles et qu’elle devait donc être révisée de toute urgence.

La majorité des Suisses et des Suissesses connaissent peu la LCA, même si la plupart ont déjà conclu au moins une fois un con­

Contrats

trat selon la LCA. Voici quelques exemples d’assurances privées selon la LCA: l’assurance responsabilité civile privée et d’entreprise, l’assurance vie, l’assurance protection juridique et l’assurance complémentaire des caisses­maladie.

La révision partielle au 1er janvier 2022

L’objectif de la révision de la LCA était de renforcer les droits des assuré·e·s et d’adapter la LCA à l’ère numérique.

Assurances

La révision partielle de la LCA a notamment introduit un droit de révocation de 14 jours pour les preneurs et preneuses d’assurance. Cela signifie que les assuré·e·s disposent désormais d’un délai de réflexion de deux semaines pendant lequel ils et elles peuvent se retirer du contrat sans autre obligation.

Par ailleurs, le délai de prescription des créances découlant des contrats LCA a été prolongé de deux à cinq ans. Par conséquent, les créances peuvent désormais être réclamées jusqu’à cinq ans après la survenance du dommage. L’assurance collective d’indemnités journalières pour maladie reste une exception. Les créances découlant de cette assurance se prescrivent comme jusqu’à présent après deux ans.

Outre le renforcement des droits des assuré·e·s, la révision partielle de la LCA facilite également les échanges électroniques. Ainsi, en vertu de la loi partiellement révisée, les déclarations et informations relatives au contrat d’assurance ne nécessitent désormais plus de signature. Concrètement, l’avis de résiliation, notamment, peut s’effectuer par courriel.

Droit d’action directe pour toutes les assurances responsabilité civile L’introduction d’un droit d’action directe généralisé pour les personnes lésées à l’encontre des assurances responsabilité civile était l’une des principales revendications de la protection des consommateurs·trices

16 Paracontact I Automne 2023 CONSEILS JURIDIQUES
DROIT DES ASSURANCES

et est actuellement la plus suivie en raison de sa grande portée. Les explications suivantes sur l’assurance responsabilité civile en général doivent servir à mieux comprendre l’importance du droit d’action directe.

Toute personne qui cause un dommage à une autre personne est en principe tenue de le réparer. Les dommages possibles vont d’un pot de fleurs cassé d’une valeur de CHF 50.– à un dommage corporel de plusieurs millions de francs. La plupart des personnes en Suisse, environ 90 %, ont conclu une assurance responsabilité civile privée qui prend ces frais en charge. Et ce, pour une bonne raison: l’assurance responsabilité civile privée peut protéger d’une perte financière énorme, voire de la ruine financière. En effet, la personne à l’origine d’un dommage est elle­même responsable non seulement sur son revenu et sa fortune actuels, mais aussi futurs. Il est donc tout à fait possible que, pendant des années, une partie de son salaire soit déduite chaque mois pour la réparation du dommage causé. La conclusion d’une assurance responsabilité civile est d’ailleurs vivement recommandée si vous qui lisez ces lignes n’en disposez pas encore.

Avant la révision partielle de la LCA dont il est question ici, il n’existait pas de droit d’action directe généralisé pour les contrats d’assurance. Cette institution était surtout connue dans la loi sur la circulation routière, qui connaissait déjà le droit d’action directe pour l’assurance responsabilité civile des véhicules automobiles. Depuis la révision partielle, le droit d’action directe existe désormais pour toutes les assurances responsabilité civile.

Le droit d’action directe permet à la personne lésée de faire valoir ses droits directement auprès de l’assurance responsabilité civile du ou de la responsable du dommage. Ainsi, si la personne assurée casse le fameux pot de fleurs de son voisin, ce dernier peut désormais aller directement réclamer son dû auprès de l’assurance du fautif ou de la fautive. Avant la révision partielle, il était en revanche contraint de faire reconnaître le dommage auprès du ou de la responsable du dommage,

qui pouvait ensuite s’adresser à son assurance responsabilité civile. Pour la personne lésée, cela pouvait représenter une procédure extrêmement longue et pénible car, une fois que le fautif ou la fautive avait été confronté·e au dommage subi, la victime était tributaire de sa coopération. Si il ou elle refusait de reconnaître le préjudice et de le déclarer à son assurance responsabilité civile, la seule possibilité qui s’offrait à la personne lésée était d’entamer une procédure judiciaire, souvent compliquée, contre le ou la responsable du dommage.

Le droit d’action directe représente une amélioration considérable pour la personne lésée, qui peut désormais s’adresser directement à l’assurance responsabilité civile du ou de la responsable du dommage. Si nécessaire, elle peut en outre poursuivre en justice l’assurance responsabilité civile ellemême. À l’avenir, il ne sera donc plus nécessaire d’inciter les responsables de dommages récalcitrant·e·s à déclarer d’abord le dommage à leur assurance.

Le droit d’action directe est par ailleurs particulièrement pertinent pour les personnes à l’origine d’un dommage qui disposent de moyens financiers nuls ou insuffisants. Cela peut être rapidement le cas, surtout dans des situations où le préjudice est important, comme en cas d’invalidité permanente ou du décès d’un soutien de famille. Désormais, la personne lésée peut s’adresser directement à l’assurance responsabilité civile sans devoir d’abord engager des poursuites à l’encontre du ou de la responsable du dommage, avant de céder sa créance à l’assurance.

Le droit d’action directe constitue donc un soulagement considérable pour les personnes lésées. Il ne faut toutefois pas oublier que les responsables de dommages peuvent aussi tirer profit de son entrée en vigueur. Grâce au droit d’action directe, ils et elles ne sont plus la cible directe des personnes lésées, car le dommage est réglé directement entre la victime et l’assurance responsabilité civile. Si la personne lésée et l’assurance ne parviennent pas à s’entendre, il n’est désormais plus nécessaire d’entamer des poursuites contre le fautif ou la fautive.

Droit transitoire

Après avoir lu les dispositions révisées, la question se pose de savoir si elles concernent également les contrats d’assurance déjà existants, voire conclus depuis longtemps. La révision de la LCA s’applique à tous les contrats conclus ou modifiés à partir du 1er janvier 2022. Les dispositions relatives à la communication numérique et au droit légal de résiliation s’appliquent aussi aux contrats existants. Si votre contrat a été conclu avant le 1er janvier 2022 et n’a pas été modifié depuis, les dispositions révisées ne lui sont en principe pas applicables, hormis les exceptions mentionnées.

CONTRATS D’ASSURANCE

Amélioration

La révision partielle a considérablement amélioré la position des personnes assurées et a nettement simplifié la communication entre l’assurance et ses assuré·e·s. Néanmoins, la LCA restera probablement un domaine complexe pour maintes personnes, d’autant que la révision partielle ne change rien aux conditions générales d’assurance (CGA), dont la plupart sont longues, utilisent un style et un vocabulaire inhabituels et sont donc difficiles à comprendre.

Il sera donc toujours recommandé de se faire conseiller juridiquement en cas de questions et de problèmes concrets liés aux contrats d’assurance.

L’équipe de l’Institut de conseils juridiques (ICJ) de l’Association suisse des paraplégiques se tient volontiers à votre disposition.

Informations

Téléphone 032 322 12 33 lex@spv.ch

Paracontact I Automne 2023 17

Recherche au cœur du quotidien

Une nouvelle étude examine le soulagement de la pression au quotidien – grâce à des capteurs placés sous le coussin d’assise. Ursina Arnet, responsable du groupe Santé des épaules et Mobilité à la Recherche suisse pour paraplégiques, mène la recherche.

Ursina, tu vas bientôt lancer une nouvelle étude. Peux-tu nous en dire plus?

Notre étude examine la corrélation qui existe entre le soulagement quotidien de la pression dans le fauteuil rou lant et l’apparition d’escarres et de douleurs aux épaules chez les personnes atteintes de paralysie médullaire. Nous collaborons étroitement avec les quatre centres suisses pour paraplégiques.

Quel est le problème à l’origine de cette étude?

Les escarres et les douleurs aux épaules sont deux complications fréquentes chez les personnes en fauteuil roulant. Elles représentent un fardeau considérable pour ces dernières et entraînent des coûts élevés pour le système de santé et la société. Pour éviter les escarres, des exercices réguliers sont considérés comme une mesure efficace. Mais certaines techniques de soulagement de la pression sont soupçonnées de provoquer des douleurs à l’épaule. De plus en plus de spécialistes préconisent donc de limiter les appuis destinés à soulager et de pencher plutôt le buste vers l’avant ou sur le côté pendant un court instant. Mais on manque encore de connaissances solides sur les techniques de soulagement et leurs effets réels, et ce, notam­

ment parce que nous ignorons à quelle fréquence et de quelle manière les personnes en fauteuil roulant effectuent leurs exercices journaliers de soulagement.

La plupart des études se basent soit sur des analyses expérimentales en laboratoire des sciences du mouvement, soit sur les seules déclarations des participant·e·s. Or nous savons, grâce à d’autres projets de recherche, à quel point il est difficile de quantifier avec précision son propre soulagement de la pression. Nos connaissances issues du laboratoire des sciences du mouvement sont certes précises, mais les résultats doivent à présent être saisis dans ce que l’on appelle le «real life setting». Cela signifie que nous collectons désormais les données dans le quotidien des paralysé·e·s médullaires et que nous enregistrons sur toute une journée l’ensemble des activités de la vie quotidienne et le soulagement de la pression dans le fauteuil roulant.

Quelle est l’importance de cette étude pour les personnes atteintes de paralysie médullaire?

Notre étude doit permettre de connaître leurs pratiques. Nous souhaitons obtenir des informations sur l’effet réel des exercices de soulagement sur les douleurs des épaules et les escarres. Nous pourrons

ainsi développer des recommandations scientifiques approfondies afin de préserver et d’améliorer la santé au quotidien des personnes concernées. Prévenir de nouveaux problèmes de santé après l’apparition d’une paralysie médullaire est un objectif central de notre recherche.

Comment l’étude sera-t-elle menée?

Dès début 2024, nous suivrons 70 personnes atteintes de paralysie médullaire sur une période d’un an. À l’aide de nouveaux tapis de mesure équipés de capteurs spéciaux, nous mesurerons le type et la durée du soulagement de la pression au quotidien. En outre, nous verrons quel·le·s participant·e·s à l’étude développent des escarres et/ou des douleurs aux épaules pendant la période d’observation. Nous recruterons nos candidat·e·s via le centre d’étude SwiSCI et espérons accueillir de nombreuses personnes, car notre objectif de 70 sujets est ambitieux. Plus il y aura de participant·e·s à l’étude, meilleures seront les données et les preuves. J’invite donc toutes les personnes intéressées à me contacter: ursina.arnet@paraplegie.ch.

En quoi consiste cette nouvelle technologie?

Les tapis de mesure nous permettent de voir comment les sujets soulagent réellement au cours de la journée la pression dans leur fauteuil roulant. Les tapis de me­

MÉDECINE ET SCIENCES MOYENS AUXILIAIRES
18 Paracontact I Automne 2023
Johannes Kinast, responsable de la communication Recherche suisse pour paraplégiques

sure souples contiennent des capteurs de pression et sont placés sous le coussin d’assise. Ils apprennent et enregistrent le modèle de mouvement individuel et reconnaissent ainsi le type de soulagement de la pression que chaque personne effectue. À l’origine, les tapis de mesure ont été développés à l’EPF de Zurich pour rappeler aux personnes en fauteuil roulant de soulager la pression. Le matériel et le logiciel ont ensuite été adaptés pour notre étude.

Dans les études précédentes, votre groupe de recherche s’est surtout spécialisé dans les mesures détaillées en laboratoire. La nouvelle étude se concentre désormais sur un autre aspect, à savoir la mesure du comportement en termes d’activité physique au quotidien. Comment en êtes-vous arrivé·e·s à ce changement?

C’est vrai, dans nos études précédentes, nous nous sommes surtout intéressé·e·s à l’anatomie de la sollicitation des épaules. Pour la calculer à l’aide de modèles mathématiques musculo­osseux, il est nécessaire d’enregistrer précisément les mouvements et le recours à la force des sujets dans des conditions de laboratoire. Nous avons pu comparer la sollicitation des épaules en fauteuil roulant et en handbike. De même, nous avons examiné certains réglages des engins de locomotion, comme l’inclinaison du dossier ou la position de la manivelle sur le handbike. Nous avons aussi étudié les effets de la fatigue liée au maniement du fauteuil roulant. Nous avons ainsi obtenu des informations importantes sur la sollicitation des épaules dans diverses situa­

tions. En théorie, cette sollicitation augmente le risque de douleurs aux épaules –mais nous ne savons pas encore si elle déclenche réellement des douleurs dans la vie quotidienne. C’est pourquoi il est important de consigner ce que les personnes font tous les jours, car c’est là qu’apparaissent les douleurs aux épaules. Pour cela, nous avons besoin de nouvelles méthodes de mesure: nous utilisons de plus en plus de «wearables», des capteurs portables utilisables au quotidien, comme par exemple les tapis de mesure mentionnés ou des accéléromètres qui sont fixés au fauteuil roulant ou portés au poignet.

Ces wearables apportent-ils aussi quelque chose aux personnes concernées? Oui, d’une part, ils donnent un aperçu de leurs activités physiques et de leur santé. D’autre part, ils sont intéressants pour les consultations médicales. Ils permettent aux professionnel·le·s de la santé de prendre des décisions éclairées sur la base des données de la vie quotidienne. Il est égale­

ment possible de fournir un rapport automatisé au médecin traitant. En outre, certains wearables peuvent accroître l’autonomie et la sécurité en fauteuil roulant: ils détectent les chutes ou les accidents et envoient des appels d’urgence automatiques si l’on ne peut plus réagir soi­même.

Quelles sont les choses que les wearables ne peuvent pas encore faire?

Actuellement, il n’existe pas encore beaucoup d’outils commerciaux adaptés aux personnes en fauteuil roulant. Mais la technologie et la recherche associée évoluent vite et nous voulons mettre nos connaissances à la disposition des personnes concernées le plus rapidement possible.

Dans un autre projet en cours, nous développons et validons des algorithmes capables de détecter diverses activités quotidiennes. Grâce à un capteur placé sur la roue du fauteuil roulant, nous pourrons à l’avenir enregistrer à la fois la distance et la vitesse quotidiennes, le nombre de poussées nécessaires pour y parvenir et le nombre de rotations effectuées. Un capteur supplémentaire au poignet permettra de détecter les activités telles que les transferts, le soulèvement de charges ou le soulagement de la pression. Nous pourrons ensuite déduire de ces activités un profil de sollicitation des épaules. Ce profil nous aidera à tirer des conclusions sur les facteurs de risque pour les douleurs des épaules dans la vie de tous les jours.

Informations sur les wearables pour les personnes en fauteuil roulant

Paracontact I Automne 2023 19
Ursina Arnet prépare un fauteuil roulant avec le tapis de mesure Exercices de soulagement pour prévenir les escarres

L’histoire et le passé sans obstacles

Les sites archéologiques ne sont pas seulement des lieux de patrimoine historique, ils servent aussi à accueillir des foires, des marchés et des événements. Mais sont­ils accessibles à toutes et tous?

Les fouilles archéologiques sont jonchées d’obstacles. C’est souvent aussi le cas des événements qui se déroulent dans les sites historiques. Les témoins de notre passé devraient pourtant être accessibles à toutes les personnes intéressées. Une fois de plus, il est important de défendre les besoins des personnes en situation de handicap et de sensibiliser les institutions à ce sujet. L’exemple de la cité romaine d’Augusta Raurica à Augst BL montre qu’il est possible de créer une expérience culturelle diversifiée et inclusive.

Le CSO à Augusta Raurica

Le 14 juin 2023, une équipe du centre Construire sans obstacles (CSO) a pu visiter le site en compagnie de Cynthia Dunning d’ArchaeoConcept et de Jessica Meier, responsable du projet Inclusion d’Augusta Raurica. En tant que personne directement concernée Micha Wäfler, collaborateur du CSO, a fait part de ses impressions aux responsables. L’échange a permis de dégager des indices importants pour les exploitants de sites archéologiques et les organisateurs d’événements:

– Parking sans obstacles, y compris les points de paiement pour les manifestations

– Prise en compte des pentes et des conditions topographiques du lieu et choix de revêtements adaptés aux fauteuils roulants

– Communication et information sur place avec des pictogrammes et des aides à l’accès

– Accessibilité des bâtiments tels que les musées et les scènes temporaires

– Conception détaillée des informations sur les expositions avec accessibilité des maquettes et plateformes d’observation

– Accès des personnes handicapées aux toilettes et aux cafétérias

– Sensibilisation des organisateurs et du personnel

– Intégration de nouvelles technologies pour une meilleure accessibilité

– Coopération entre les archéologues, les organisateurs et les groupes d’intérêt

Spectacle romain

Augusta Raurica est l’un des principaux sites romains de Suisse. Ce riche héritage est accompagné de nombreuses manifestations. Les 26 et 27 août 2023 a lieu la fête romaine. Cette fête, la plus grande de ce type en Suisse, attire chaque année d’innombrables visiteurs et visiteuses d’ici et d’ailleurs. Pour l’édition 2023, les responsables ont rencontré le Behindertenforum Basel

20 Paracontact I Automne 2023 CONSTRUIRE SANS OBSTACLES
ACCESSIBILITÉ
L’amphithéâtre d’Augusta Raurica

Accès aux sites archéologiques

Vous vous intéressez à l’histoire, à l’archéologie et au passé de l’humanité? En Suisse, plus de 300 lieux archéologiques sont ouverts au public. Cependant, tous les sites de fouilles sont loin d’être accessibles à tout le monde. En particulier pour les personnes en situation de handicap ou âgées, ces endroits sont souvent difficiles, voire impossibles d’accès.

L’entreprise ArchaeoConcept s’occupe de la mise en œuvre de projets archéologiques et a pour objectif de développer un manuel qui améliore l’accessibilité des sites archéologiques. Les expériences faites jusqu’à présent dans les domaines du tourisme et de la culture en Suisse et dans les pays voisins servent de base.

Sensibilisation

L’entreprise entend sensibiliser les institutions et les personnes responsables à l’accessibilité. Pour ce faire, ArchaeoConcept encourage la coopération entre les différents acteurs du tourisme, des activités culturelles et de la nature, ainsi que les réseaux de personnes handicapées.

Le travail a commencé par la prise de contact avec de nombreux partenaires. Les discussions ont aidé à définir les besoins de toutes les parties concernées. Ces échanges constituent la base de documents et de formations que nous proposons aux responsables de sites archéologiques. Des exemples positifs issus de la Suisse et d’autres pays expliquent comment ces lieux archéologiques peuvent être rendus accessibles.

Projets pilotes

Ces bonnes pratiques ne concernent pas seulement la garantie de l’infrastructure nécessaire, mais aussi le contenu et la forme des informations que l’on souhaite communiquer au public. La communication est un élément majeur de l’accessibilité et doit être adaptée afin de permettre au plus grand nombre d’accéder aux sites archéologiques de la manière la plus autonome possible. Une grande partie de la réflexion se concentre sur la manière de sensibiliser et de former les gens, afin qu’ils puissent accueillir les personnes en situation de handicap de la manière la plus adaptée possible.

Enfin, des projets pilotes doivent voir le jour sur des sites archéologiques en collaboration avec les services archéologiques, différentes associations de personnes handicapées et des institutions. Nous prenons ainsi exemple sur Augusta Raurica ou sur le parc et musée du Laténium à Neuchâtel qui jouent tous les deux un rôle de pionnier en termes d’accessibilité. Nous espérons que d’autres lieux de fouilles viendront bientôt s’y ajouter dans toutes les régions du pays.

afin de réaliser un test d’accessibilité – couronné de succès. Il s’en est suivi un précieux échange qui a permis d’adapter les festivités. Des toilettes pour les personnes à mobilité réduite, fonctionnelles et surtout nombreuses, seront disposées sur tout le site. Les principales attractions seront déplacées sur des terrains plus accessibles et une estrade sera également installée pour les personnes en fauteuil roulant. En outre, les spectacles seront traduits en langue des signes.

Fouilles

Alors que la fête romaine est dédiée avant tout au spectacle, la journée de l’archéologie met à l’honneur les fouilles actuelles.

Sur site, des archéologues donnent des explications sur les vestiges historiques qui ont été découverts. Il est bien sûr compliqué de rendre ces lieux accessibles. En effet, à ces endroits, les fouilles s’effectuent dans un environnement naturel et mettent à jour des murets et des objets. Néanmoins, l’objectif de ces manifestations est aussi de faire en sorte que toutes les personnes intéressées puissent y participer.

La création d’événements sans obstacles dans les sites et les parcs archéologiques est essentielle pour promouvoir une société inclusive et partager l’héritage culturel avec l’ensemble du public. Les exemples d’Augusta Raurica et du projet d’Archaeo­

Concept (voir encadré) montrent comment la collaboration avec les organisations de personnes handicapées, la sensibilisation et la prise en compte d’éléments concrets tels que le stationnement, l’accessibilité des chemins, la communication et les installations pour les personnes handicapées, permettent une mise en œuvre réussie. Malgré les défis, des progrès sont possibles si les exploitants, les organisateurs et les groupes d’intérêt travaillent ensemble à la création d’événements sans obstacles et mettent l’accent sur l’importance de l’accessibilité.

Paracontact I Automne 2023 21
En savoir plus www.archaeoconcept.com

PARAVACANCES

Partez en vacances avec nous!

Nous vous emmenons en safari, sur des plages de rêve, dans des petits coins de paradis et dans des villes branchées.

Vous aimez flâner dans les villes européennes? Vous préférez vous allonger sur la plage et écouter le clapotis? Les pays lointains vous attirent? Ou peu vous importe la destination, du moment que ça bouge? Notre catalogue de voyages «ParaVacances 2024» propose un large éventail d’offres pour tous les goûts.

Nous vous avons aussi concocté quelques nouveautés. Ainsi, en 2024, nous propo-

sons désor mais des escapades pour le week-end, davantage de vacances actives et des voyages pour les jeunes.

Offrez-vous un break dans votre quotidien. Nos voyages peuvent être réservés en ligne dès le 5 novembre 2023.

Vous avez des questions sur un voyage en particulier? Nous sommes là pour vous.

DESTINATIONS 2024

Vacances actives pour tous les membres Festival de Greenfield 13–16.6.2024

Bon plan estival à Lausanne 20–27.7.2024

Sud de l’Eifel en Swiss-Trac 15–22.9.2024

Vacances à Majorque 21–28.9.2024

Voyages pour tous les membres

Afrique du Sud 2–16.11.2024

Voyages régionaux pour tous les membres

Toscane 6–13.4.2024

Corse 8–15.6.2024

Voyages urbains pour tous les membres Dublin 23–26.5.2024

Lisbonne 17–20.10.2024

Marché de Noël à Budapest 5–8.12.2024

Vacances balnéaires pour tous les membres

Égypte 16–23.3.2024

Vacances balnéaires pour les membres tétraplégiques

Ténériffe 2–9.3.2024 Majorque (moins de 30 ans) 6–13.7.2024 Grado 7–14.9.2024

Crête 5–12.10.2024

Voyages régionaux pour les membres tétraplégiques Lac de Garde 18–25.5.2024 Rhin moyen 1–8.6.2024

Suède 15–22.6.2024

Semaine spéciale à Lobbach* 10–17.8.2024

Voyages urbains pour les membres tétraplégiques

* Inscription avec une personne soignante fi xe

Paracontact I Sommer 2023
Lyon 25–28.4.2024 Munich 29.8–1.9.2024
22 Paracontact I Automne 2023 LOISIRS Contact reisen@spv.ch

Destinations phares 2024

VOYAGE À MAJORQUE

Pour tous les membres

Vous adorez les sensations fortes et aimez tester de nouveaux sports? Alors venez avec nous à Majorque.

CIRCUIT EN AFRIQUE DU SUD

Pour tous les membres

Apprêtez­vous à avoir le souffle coupé devant le spectacle d’un troupeau d’éléphants traversant nonchalamment la piste ou d’une famille de lions en train de faire la sieste.

Lions, rhinocéros, éléphants, léopards et buffles forment «le Big Five», les cinq grands animaux emblématiques. Mais l’Afrique du Sud abrite une biodiversité encore bien plus vaste. Plus de 200 espèces de mammifères, près de 2000 espèces de poissons, plus de 800 oiseaux et d’innombrables reptiles et insectes y ont élu domicile. Pour préserver ce trésor, il existe 21 parcs nationaux et de nombreuses zones protégées.

Le parc national Kruger est l’un des plus connus. Pendant plusieurs jours, nous sillonnerons en 4×4 cette nature sauvage sans limites. Avec un peu de patience, vous pourrez apercevoir les animaux sauvages, petits et grands.

Date 2–16.11.2024

Groupe max. 5 pers. en fauteuil roulant

Inclus Vol direct depuis Zurich (classe économique), vol intérieur

Le Cap–Johannesburg (classe économique), 12 nuits en chambre double (grand lit ou lits jumeaux) avec petit-djeuner, 8 repas de midi, 7 repas du soir, excursions et transferts, guide local anglophone

L’île des Baléares est l’une des destinations les plus prisées de la Méditerranée. Tandis que les un·e·s s’y rendent pour se détendre et les autres pour y faire la fête, nous irons activement à la découverte des environs. Chaque jour, une nouvelle aventure vous attendra, avec des températures estivales agréables et la meilleure cuisine méditerranéenne.

Dans la baie de Palma, nous longerons le rivage en kayak. Le lendemain, nous irons nager avec les raies manta. Votre cœur battra la chamade quand vous rencontrerez ces diables des mers, mais aussi quand

VOYAGE RÉGIONAL EN SUÈDE

Pour les membres tétraplégiques

Stockholm est à la fois tendance et traditionnelle, urbaine et proche de la nature. Découvrez avec nous la ville et ses environs.

vous pratiquerez le char à voile. Mélange de karting et de voile, cette discipline vélique vous donnera des ailes, car c’est le vent qui donne le tempo. Sport calme par excellence, le golf vous offrira un beau contraste. En plus des activités sportives, nous partirons en excursion et explorerons la région.

Date 21–28.9.2024

Groupe max. 8 pers. en fauteuil roulant Inclus Vol direct (classe économique) depuis Zurich, 7 nuits en chambre familiale (pour deux personnes) avec petit-déjeuner, excursions et transferts

La capitale suédoise s’étend sur 14 îles. Une cinquantaine de ponts les relient entre elles et, où que l’on aille, l’eau est omniprésente. Du fait de cette répartition sur plusieurs îles, chaque quartier a son propre caractère. Le cœur de Stockholm est l’île de la vieille ville, Gamla Stan, avec son château, ses bâtiments centenaires de couleur ocre et ses ruelles étroites.

À Stockholm, il est très facile de se mettre au vert, ou plutôt au bleu. L’archipel de Stockholm, avec ses 30 000 îles, rochers et îlots, s’étend directement devant la ville dans la mer Baltique. Certaines d’entre elles sont habitées, soit par des hommes, soit par des phoques.

Date 15–22.6.2024

Groupe max. 6 pers. en fauteuil roulant Inclus Vol direct (classe économique) depuis Zurich, 7 nuits en chambre à deux lits avec petit-déjeuner, excursions et transferts

Inscription

Nous prenons volontiers vos réservations à partir du 5 novembre 2023

Paracontact I Automne 2023 23

COURS D’HIVER 23/24

Vive la neige!

Dès la mi-septembre 2023, nous publierons, dans le calendrier des manifestations, les dates de nos cours d’hiver si prisés. Inscrivez-vous de bonne heure aux cours de ski à Sörenberg ou en Suisse romande, aux deux semaines de ski à Arosa ou Grimentz/ Zinal, ou à l’un des week-ends de ski de fond. Nos moniteurs et monitrices ont hâte de vous accueillir!

Calendrier des manifestations

www.spv.ch

VOYAGES

Journée ParaVacances 2024

Sous ce nouveau nom de «Journée ParaVacances», c’est tout un programme remanié qui vous attend. Comme d’habitude, nous reviendrons sur l’année de voyage 2023. Puis nous vous dévoilerons les destinations de 2024 et vous mettrons l’eau à la bouche par un petit aperçu culinaire.

Nous vous avons donné envie de faire vos valises? Alors rendez-vous le 5 novembre 2023 dès 11 h dans l’aula du CSP à Nottwil.

slowUp Lac de Zurich 2023

Le 24 septembre 2023, le slowUp annuel aura lieu sur la rive droite du lac de Zurich.

De 10 h à 17 h, les routes entre Zurich et Schmerikon seront fermées à la circulation. Sous le signe du Giro Suisse, nous y participerons et ferons l’aller­retour entre Rapperswil et Zurich avec nos handbikes, nos fauteuils équipés de fourches avant et autres engins.

RANDONNÉE Dénivelé

Tout le monde est le bienvenu pour se joindre à nous dès le départ ou à partir de n’importe quel endroit. Le soir, nous nous retrouverons au bar de la plage Stampf à Rapperswil­Jona pour souper et passer un moment convivial.

Je suis de la partie!

Informations et inscription

COURS DE YOGA

Namasté

Du 8 mai au 19 juin 2023, Karin Roth a donné un cours de yoga tous les lundis soir à l’hôtel Sempachersee à Nottwil. L’activité a même dépassé le cadre physique de la salle, car certaines personnes ont également pu participer en ligne depuis chez elles.

Le dimanche 4 juin, un groupe de randonneurs·euses est parti explorer les montagnes du Jura sous la houlette d’Anita Panzer.

Partant de Corcelles (655 m d’altitude), l’itinéraire traversait le magnifique paysage jurassien jusqu’au point culminant du canton du Jura, le Mont Raimeux (1302 m d’altitude). Dans la maison des Amis de la Nature du Jura, la troupe a repris des forces avant de redescendre. Conclusion: une journée riche en aventures et des vues splendides.

«Plus d’énergie et moins de stress – une pause dans le quotidien.» C’est dans cet esprit que les élèves se sont adonné·e·s au yoga pendant une heure. Outre des exercices de musculation et de souplesse, la professeure leur a fourni des informations passionnantes sur l’origine du yoga. Les yogis ont pu pratiquer différentes techniques de respiration et tenter de les intégrer au quotidien.

D’autres cours sont prévus. Les détails et les modalités d’inscription seront prochainement sur www.spv.ch.

RUBRIK 24 Paracontact I Automne 2023
LOISIRS

Par monts et par vaux

Le 10 juin, partant de Willisau, Andreas Gautschi a emmené un groupe de handbikeur·euse·s sur les hauteurs de l’arrière­pays lucernois, à travers des collines, des crêtes et des montées franches.

Sous un soleil radieux, nous avons emprunté des chemins forestiers et des sentiers monotraces (single tracks), dévalé des pistes à travers des prairies et admiré la magnifique région du Napf en compagnie d’un groupe génial. C’est Andreas Gautschi qui avait organisé l’excursion avec l’ASP. Douze handbikeurs et handbikeuses assisté·e·s par dix vététistes se sont laissé tenter par cette aventure en plein air, à l’instar de Rudolf Weiler: «J’aime rencontrer des gens et découvrir des coins inconnus de la Suisse. En tant que fan de handbike, les pistes dédiées sont pour moi un mélange parfait de plaisir et de sport en groupe. La possibilité de louer un handbike tout ter­

collant «I», «D», ou «FL». Le matériel a été déchargé, monté, réglé et vérifié avec zèle. Sur le plan technique, les engins de sport n’auraient pas pu être plus différents. Chacun·e lorgnant sur les montures des autres, des discussions se sont engagées sur les transmissions, les moteurs, les positions assises et d’autres finesses techniques.

Merci la Fée électricité!

Après quelques informations, le signal a été donné et le groupe s’est mis en route. Après un départ en douceur à travers champs et le long de la rivière, le chemin s’est mis à grimper et j’étais ravie d’avoir une assistance électrique qui me facilitait l’ascension. J’ai ainsi pu bavarder avec d’autres participant·e·s pendant les montées sans être essoufflée, tout en admirant les vététistes qui effectuaient le parcours à la seule la force de leurs muscles. En prenant de la hauteur, nous alternions les montées et les descentes. Des passages menaient sur des plateaux d’où nous profitions de la vue sur l’arrière­pays lucernois pendant de merveilleuses minutes. «La montagne tout làbas avec sa grande paroi rocheuse» ou le Napf, comme me le soufflèrent mes camarades, se profilait régulièrement à l’horizon.

Néanmoins, nous nous attendions mutuellement pour que personne ne se perde. Pour finir, nous avons été récompensé·e·s par une descente ardue et très contrastée à travers des prairies et des chemins de terre escarpés. Certain·e·s ont même joué les casse­cou et ont été bien content·e·s quand j’ai sorti mes pansements. Cinq heures plus tard, nous étions revenu·e·s à notre point de départ de Willisau. Fatigué·e·s mais sa­

rain et d’accéder ainsi à des endroits qui me seraient sinon proscrits, et de parcourir des trajets que je n’oserais pas effectuer seul, sont des arguments imbattables», confie ce bikeur qui est une nouvelle fois des nôtres.

Le grand parking du centre sportif s’est rapidement rempli de toutes sortes de véhicules, certains portant même un auto­

Nous avons fait une pause casse­croûte sur une colline avant d’entamer une longue descente à vive allure: mon compteur affichait 45 km/h! Andi Gautschi nous avait prévenu·e·s: «Ensuite, nous ferons encore autant de dénivelé qu’avant la descente.» C’est là que les plus sportifs·ives d’entre nous ont accéléré et nous ont distancé·e·s. Il s’est avéré qu’il n’était pas facile de maintenir la cohésion d’un groupe de cette taille avec des niveaux si différents.

tisfait·e·s, nous avons terminé cette aventure au restaurant. «Je pars souvent en VTT dans la nature, mais c’était quelque chose de revenir après des années dans la belle région du Napf, où nous faisions des randonnées quand j’étais petite. Le e­bike offre un monde inédit. Que l’on grimpe des côtes ou que l’on dévale des single tracks, le plaisir est à son apogée», s’enthousiasme Manuela Schär, une participante.

Le samedi 19 août 2023, Andreas Gautschi a déjà organisé la prochaine sortie, cette fois dans la région de Fribourg. En 2024 aussi, nous vous emmènerons sur des parcours riches en aventures.

FREIZEIT VTT
Paracontact I Automne 2023 25
Simone von Rotz
LOISIRS
Ensemble pour gravir la montagne La vue récompense tous les efforts

UN VOYAGE SEMÉ D’EMBÛCHES

Le bonheur par 36 degrés

Depuis plus de 20 ans, Gregor Sonderegger part en voyage dans le Sertão, une région du nord du Brésil. Au Nouvel An 2022/2023, il s’y rend pour la première fois en fauteuil roulant.

Cela fait deux heures et demie que Gregor Sonderegger patiente dans l’avion à l’aéroport de Lisbonne. Il aimerait bien débarquer. L’appareil a atterri depuis longtemps, tous les passagers sont descendus – sauf lui. On l’a oublié. Son vol de correspondance pour Fortaleza décolle sous ses yeux. L’équipage ne peut pas lui venir en aide, car celui­ci n’est pas autorisé à quitter l’avion tant qu’il reste des passagers à bord, or Gregor est encore là. Le règlement, c’est le règlement, même lorsque le quinquagénaire leur explique que ce serait très facile de l’aider à descendre la passerelle dans son fauteuil roulant. Tandis que les pilotes téléphonent fébrilement avec les services de l’aéroport, notre laissé­pour­compte débouche une bouteille de vin, car il faut du temps avant qu’un chariot­élévateur soit disponible. Il passera finalement une nuit sur place aux frais de la compagnie aérienne, visite guidée de la ville avec chauffeur privé comprise, et s’envolera pour le Brésil avec un jour de retard.

Un second foyer

Gregor Sonderegger connaît bien le nordest du Brésil. Il y séjourne régulièrement depuis plus de 20 ans, la région étant un haut­

lieu du parapente. C’est ici qu’il a effectué d’innombrables vols longue distance en tant que membre de l’équipe de Suisse. C’est ici qu’il a fondé il y a 15 ans une école avec jardin d’enfants dans un village. C’est ici qu’il s’est fait des amis. Et c’est ici qu’il a été victime d’un accident d’ULM fin 2021.

Il passe six mois au Centre suisse des paraplégiques (CSP) de Nottwil. Alors qu’il est encore en rééducation, il réserve un vol pour Fortaleza lors d’une nuit d’insomnie et il ne dit rien à personne. Ce n’est qu’à l’approche du voyage qu’il en informe son entourage. «Beaucoup m’ont pris pour un fou. Aller au Brésil, seul, en fauteuil roulant», raconte Gregor. Il ne se laisse pas dissuader. Avec un peu de patience et de flexibilité, ce sera faisable. Il n’aime pas tout planifier à l’avance. En plus du billet d’avion, il réserve juste une voiture de location et son premier hébergement. Il estime la quantité approximative de matériel de sondage dont il aura besoin, emporte un siège de douche pliable et, comme il l’a appris à un cours du CSP sur les voyages, deux pneus de rechange pour son fauteuil roulant, car les mécaniciens vélo sont rares dans le pays. Voilà pour les préparatifs.

Notre voyageur demande à un ami de le conduire à l’aéroport de Zurich, car il trimballe avec lui un encombrant bagage de 96 kg, réparti dans trois sacs: matériel scolaire, cadeaux de Noël, fondue, chocolat, cervelas, choucroute, etc. «Cela aurait été un peu compliqué en train», commentet­il en riant. Hormis l’escale imprévue à Lisbonne, le voyage en avion se déroule comme prévu. À l’aéroport de Fortaleza, il est accueilli par un employé. Le vieil homme insiste pour pousser le fauteuil de Gregor, c’est son boulot. Le Suisse est mal à l’aise, il peut se déplacer tout seul. Or seuls deux guichets sont ouverts pour le contrôle des passeports et de longues files d’attente commencent à se former. «L’employé de l’aéroport m’a amené directement au guichet, en passant devant toutes les personnes qui attendaient, ce qui m’a certainement évité deux heures d’attente.»

Il passe ses premiers jours à 75 km de Fortaleza dans une pousada, les hébergements typiques du pays. Le Bernois Roland Zgraggen est le gérant de la pousada Lua del Sol à Paracuru. C’est lui qui a commandé les nombreuses victuailles de Suisse. Les bagages de notre vacancier s’allègent

26 Paracontact I Automne 2023 LOISIRS

sensiblement. Dans la pousada, il passe en mode de vie brésilien et s’habitue aux 36 degrés. Au Brésil, lorsqu’un hébergement compte plus de dix chambres, il est obligatoire qu’au moins l’une d’entre elles ait des portes plus larges et des dimensions plus grandes. L’accessibilité des chambres en fauteuil roulant a toujours fonctionné, à part deux fois. «Il ne faut pas se laisser faire», conseille Gregor qui parle portugais. Lorsque dans un complexe de 200 chambres, aucune n’est adaptée pour lui,

bien qu’on lui ait assuré le contraire au téléphone, il discute avec la direction de l’hôtel jusqu’à ce qu’il obtienne la suite.

De la côte à l’intérieur des terres L’Appenzellois, qui vit dans l’Emmental, passe le Nouvel An sur la côte atlantique, profitant de la mer, de l’ambiance, de la nourriture et des promenades en bord de mer. Puis il parcourt 450 km pour rejoindre l’intérieur des terres semi­désertique, appelé Sertão. «C’est l’une des régions les

plus pauvres du Brésil», m’explique Gregor. Il y a 15 ans, il a construit une école dans le village de Juatama. «J’ai conçu l’école, acheté le matériel de construction et j’en finance à présent l’entretien; mais c’est la communauté villageoise qui doit organiser l’enseignement.» 132 élèves vont à l’école ou au jardin d’enfants. Quand il arrive au village dans sa voiture de location, un petit garçon se précipite vers lui en poussant des cris de joie. Il a reconnu le Suisse. «J’ai pris le garçonnet sur mes genoux et j’ai roulé dans le village avec lui. De plus en plus de gosses nous ont rejoints et à la fin, la voiture était si pleine que je pouvais à peine conduire.» Les retrouvailles avec les amis et les connaissances sont chaleureuses et pleines d’émotions. La fête d’inauguration pour l’extension, qui n’avait pu avoir lieu l’an dernier suite à l’hospitalisation de Gregor au CSP, peut enfin être célébrée.

Le propriétaire de l’hôtel où loge Gregor lorsqu’il séjourne au village a spécialement élargi les portes pour qu’il puisse y accéder en fauteuil roulant. Contrairement aux stations balnéaires touristiques, où les rues et les trottoirs sont recouverts d’asphalte ou de pavés réguliers, notre malheureux doit se débattre avec de hauts paliers et des rues constituées de blocs rocheux. «Partout où j’allais, je prenais ma voiture et je m’avançais le plus près possible pour ne plus à avoir qu’à parcourir les derniers mètres en fauteuil roulant.» Se déplacer ainsi est épuisant. Au temps où il faisait du parapente, il avait un chauffeur qui venait le chercher

Paracontact I Automne 2023 27
Visite de l’école financée par Gregor Sonderegger Chemin cahoteux pour rejoindre l’école

là où il atterrissait. «J’ai demandé à Belo Peixato s’il avait le temps de faire un tour dans la région avec moi.» Pendant dix jours, les deux hommes explorent les environs. «Nous nous sommes rendus sur le site d’envol de mon accident. Nous étions en pleine nature, je me suis baigné dans des lacs et j’ai passé beaucoup de temps dans un hamac», résume­t­il. En revanche, ils évitent délibérément le lieu du crash. Ils font aussi une excursion en Amazonie, où ils sont enchantés par la faune et la flore tropicales.

Comme une tortue

Même en voyage, Gregor, bien discipliné, s’en tient à sa routine d’entraînement: une heure d’aquagym par jour. Des piscines, il y en a partout. Elles sont généralement entourées d’un petit mur. Il se transfère de son fauteuil roulant au bord du bassin, puis dans l’eau. «Y entrer, c’est facile; en sortir, un peu moins», dit­il en riant. Comme pour chaque obstacle qui se met en travers de son chemin, il trouve une solution. Vu qu’il dispose d’un peu de fonction dans les jambes, il se propulse pour atterrir sur le muret avec le haut du corps. Puis il se retourne jusqu’à ce que ses jambes glissent au sol. «J’ai l’air d’une tortue.» Parfois, des passants le filment, même quand il se transfère hors de sa voiture. Ils le surnomment «Chefe em uma cadeira de rodas», le chef en fauteuil roulant. Pendant toutes ces semaines, il ne rencontre personne d’autre dans le même cas que lui. Il demande aux locaux où peuvent bien être ces personnes. On lui répond qu’elles ne sortent pas de

chez elles et qu’elles dépérissent entre leurs quatre murs. Il existe bien des organisations comme l’ASP, mais seulement dans les villes et seulement pour les riches. «Si tu te retrouves ici, à la campagne, avec une lésion de la moelle épinière, ton destin est scellé. Cela m’a donné à réfléchir.»

Avant de rentrer, notre vacancier passe encore quelques jours dans la grande ville de Fortaleza. «J’ai entendu parler d’un projet passionnant sur les réseaux sociaux, une plage sans obstacles. J’ai voulu la tester.» Tous les mardis et jeudis, de 9 à 14 heures, les bains de mer sont accessibles à tous et toutes. Dix nageurs sauveteurs, un maîtrenageur et un médecin sont sur place. Gregor est d’abord interrogé sur son état de santé. «Les gens étaient ravis, j’étais le premier Suisse et seulement le troisième étranger à aller voir la plage.» Il se transfère sur un tricycle à grandes roues jaunes et deux nageurs sauveteurs le poussent dans la mer, où il nage pendant plus de deux heures dans une eau à 28 degrés. Le projet existe dans cinq grandes villes brésiliennes et il est gratuit pour les baigneurs et baigneuses.

Sur le chemin du retour, Gregor décide de revenir vite. La prochaine fois, ce sera pour plusieurs mois. «J’ai rencontré 100 000 obstacles, mais ça s’est toujours arrangé d’une manière ou d’une autre», conclut­il. Certes, l’insouciance et la spontanéité des voyages précédents lui ont manqué, mais le bilan est tout de même positif. «C’était génial de retourner à tous ces endroits, de revoir toutes ces personnes et de repenser aussi à l’accident.» Et il y avait toujours quelqu’un pour l’aider. «Parfois, c’était même trop. Je suis un entrepreneur indépendant, je n’ai pas besoin d’aide. Mais les Brésiliens sont très ouverts et sociables. Je n’ai pas l’habitude. En Suisse, on te demande rarement si on peut t’aider.» Il aimerait inciter d’autres personnes en fauteuil roulant à voyager de manière autonome. «La peur des voyages en avion est totalement infondée», explique­t­il avant d’ajouter en riant: «sauf si on vous oublie.» Quoi qu’il en soit, notre aventurier a encore bien d’autres projets de voyage.

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Sur la route la circulation est parfois difficile Fun et aventure entre amis dans les dunes Plage sans obstacles à Fortaleza

Une première réussie

Angelika Rosko a accompagné pour la première fois une personne tétraplégique lors d’un voyage urbain. L’occasion de vivre sept jours épuisants, mais merveilleux.

Elle a déjà pas mal parcouru le monde, roulant sa bosse pendant des semaines, voire des mois, souvent avec son sac à dos et toujours guidée par son intérêt prononcé pour la nouveauté. À 59 ans, Angelika Rosko n’a rien perdu de sa spontanéité ni de son goût de l’aventure.

Cela fait six ans que cette infirmière de formation a quitté son travail. Après le décès de son mari, elle s’est dit: «Je veux vivre et profiter pleinement de ma vie.» Native du nord de l’Allemagne, de la lande de Lunebourg, elle s’est installée en Suisse en 1986. Elle vit désormais à Hellbühl, dans le canton de Lucerne et consacre du temps à des choses qu’elle juge utiles. Lorsqu’une amie l’a informée que l’ASP recherchait des accompagnant·e·s pour ses voyages et proposait des cours de formation, elle s’est inscrite. Sa motivation: «J’aimerais aider ces personnes à pouvoir voyager comme j’ai souvent pu le faire et comme je le fais encore.»

Faire connaissance avant le voyage

Grâce à son métier, elle possède déjà de solides connaissances. Elle apprend à gérer le côté spécifique de l’accompagnement des personnes en fauteuil roulant, comme à réaliser correctement un transfert.

Après le cours, elle s’inscrit sur notre liste de soignant·e·s (non professionnel·le·s) bénévoles pour les voyages tétraplégiques. Un jour, elle reçoit un appel. Une cliente de l’ASP lui demande si elle pourrait envisager de l’accompagner en voyage. Et si elle serait prête à la rencontrer pour voir si

elles s’entendraient bien toutes les deux. Elles se donnent rendez­vous et le courant passe immédiatement. La cliente lui propose Madrid comme destination, et c’est parti! En avril 2023, Angelika fait son baptême du feu en tant que soignante «non professionnelle» bénévole.

Si Angelika se réjouit de découvrir la fascinante capitale de l’Espagne, elle renonce volontairement à s’informer au préalable sur les curiosités, car, dit­elle: «Il ne s’agit pas de moi, mais de la personne que j’accompagne. C’est elle et ses souhaits qui sont ma priorité.»

Notre bénévole est sur la brèche 7 jours sur 7, 24 h sur 24. Elle aide là où elle peut et se sent parfaitement à l’aise au sein du groupe. Deux jeunes infirmières font aussi partie de la délégation et sont comme une

sécurité supplémentaire en cas de problème grave. «Elles étaient une présence rassurante pour tout le monde», souligne Angelika qui s’en sort pourtant sans leur soutien. «De toute façon, je ne pouvais pas me tromper: la dame m’a guidée de manière très précise, je savais toujours ce qu’il fallait faire.»

Des vacancier·ère·s reconnaissant·e·s Le programme est extrêmement varié, on ne s’ennuie jamais. «C’était très bien organisé, et notre hôtel était aussi génial», ditelle, «la responsable de voyage a tout fait pour que le groupe se sente bien et qu’il vive énormément de choses.»

La semaine à Madrid est intense et épuisante, reconnaît Angelika. Après avoir atterri en Suisse, elle ramène chez elle la femme dont elle s’est occupée. Mais elle est à peine rentrée à Hellbühl que la fatigue lui tombe dessus et elle se dit alors: «Je serais incapable de refaire un tel voyage tout de suite.»

Pourtant, elle change bientôt d’avis. Elle réalise combien l’expérience a été positive et se souvient de la gratitude des participant·e·s, à qui les bénévoles ont offert quelque chose de merveilleux. «Une fois de plus, j’ai pris conscience de la chance que j’avais», dit­elle, «et échanger avec ces personnes a été très enrichissant.» Il ne fait donc aucun doute que ce voyage à Madrid ne sera pas la première et unique mission bénévole d’Angelika.

LOISIRS
TÉTRAPLÉGIQUES
VOYAGES POUR
Paracontact I Automne 2023 29
Vivre de multiples expériences en groupe

Rouler sans bruit sur les sentiers de randonnée

Un véhicule électrique unique permet aux personnes à mobilité réduite de redécouvrir la montagne. Six membres de l’ASP ont tenté l’expérience.

Val­d’Illiez est une paisible commune valaisanne située au pied du massif montagneux des Dents du Midi. En hiver, elle attire les touristes par ses pistes de ski et en été, par son vaste réseau de chemins de randonnée. Les estivant·e·s croisent parfois un véhicule arachnéen appelé Swincar. Cet engin électrique à quatre roues se déplace sans bruit à travers le paysage. Grâce à la

suspension à roues indépendantes, il absorbe parfaitement les chocs. Toutes les commandes sont au volant et peuvent être utilisées par des personnes ayant une fonction de la main limitée. Les seules conditions requises sont une bonne condition physique, un permis de conduire de catégorie B et une assurance responsabilité civile.

Unique en Suisse

Pascal Borrat­Besson, lui­même tétraplégique incomplet, a introduit le Swincar en Suisse. Au départ, il cherchait un moyen de retourner dans ses chères montagnes. Sur Internet il a découvert le Swincar. Il s’est procuré des véhicules et a fondé l’entreprise Rando E­motion pour que d’autres paralysé·e·s médullaires aillent en montagne.

30 Paracontact I Automne 2023 LOISIRS SWINCAR

Le 1er juillet, l’ASP a organisé avec Rando E­motion le premier tour en Swincar pour que ses membres en profitent. Comme il n’y avait que trois véhicules à disposition, deux Swincar individuels et un tandem, le tour a été scindé en deux groupes, l’un le matin et l’autre l’après­midi. «Je suis une aventurière et j’aime tester de nouvelles choses», explique Karin Wiget qui s’est inscrite et est venue malgré un long voyage. «Quand on est en fauteuil roulant, on n’a pas tellement de possibilités d’arpenter la montagne comme ça».

Le matin du 1er juillet, un petit groupe de passionné·e·s de la nature s’est donc retrouvé sur un parking de la commune du Bas­Valais. Les collaborateurs de Rando E­motion ont présenté les trois véhicules et donné des explications. Pour faciliter le transfert du fauteuil roulant aux sièges à coque dure, le véhicule s’ouvre latéralement et le siège du conducteur pivote vers l’extérieur. Les employés du prestataire ont aidé à caler les pieds des participant·e·s et à boucler les ceintures de sécurité. Tout le monde avait emporté son coussin d’assise, comme cela avait été recommandé.

Petit galop d’essai

Sur le parking, nos trois candidat·e·s ont fait un bref trajet aller­retour. «L’initiation aurait pu être plus détaillée à mon goût. Je suis sûre que les véhicules peuvent faire beaucoup plus. J’aurais bien aimé exploiter le potentiel du Swincar», raconte Karin. «J’ai eu l’engin rapidement en main, mais je pense que pour quelqu’un qui roule plutôt prudemment, l’instruction aurait été trop courte.» Le fait que l’introduction n’ait été qu’en français n’a pas facilité les choses. Heureusement, Claude Siegenthaler, collaborateur de l’ASP, était là pour la traduction.

Deux itinéraires étaient proposés à nos trois pilotes, l’un d’une heure et l’autre un peu plus long d’une heure et demie. Un système de navigation GPS les aidait à s’orienter. Un collaborateur de Rando E­motion était prêt à intervenir en cas de problème. Les itinéraires suivaient des chemins de randonnée. «J’aurais aimé tester le comportement du Swincar en dehors des chemins», avoue l’audacieuse Karin. Le soleil n’a fait

qu’une timide apparition, mais le temps couvert n’a dérangé personne. Même ainsi, le plaisir était au rendez­vous. À quelle vitesse roulaient­ils? «Toujours à fond les manettes.»

Épilogue chaleureux

L’excursion s’est terminée par un repas de midi pris ensemble au restaurant. L’occasion pour chacun·e de partager son expérience. La randonnée en montagne restera un excellent souvenir, tout comme le service de restauration. Karin Wiget ne tarit pas d’éloges: «Le restaurant était entièrement accessible en fauteuil roulant et le personnel très prévenant. Et la nourriture était délicieuse.»

Le bilan de Karin Wiget est positif: «C’était une sacrée aventure et crapahuter toute seule par monts et par vaux, c’était exceptionnel.» Elle se permet toutefois une petite critique: «J’aurais vraiment aimé reprendre le volant après le repas. Une heure et demie, c’était trop court.»

L’année prochaine, l’ASP proposera à nouveau un tour en Swincar avec Rando E­motion. Nous vous informerons des dates en temps voulu. La location indépendante des véhicules à l’heure est également possible auprès de Rando E­motion.

Rando E-motion rando-e-motion.ch

Paracontact I Automne 2023 31
L’aventurière Karin Wiget La montagne à plein régime Un épais brouillard ne ternit pas l’ambiance

La Perle du Jura

Yves Tendon, membre de l’ASP, et son épouse Nadine nous emmènent dans la région de Saint­Ursanne avec la certitude que vous aussi, vous tomberez sous le charme.

Nadja Venetz

Saint­Ursanne est un joyau. La petite cité médiévale construite au bord du Doubs est confortablement blottie contre des collines densément boisées. Le pont Saint­Jean Népomucène et les trois portes de la ville sont les seuls accès au centre historique. Des rues étroites, bordées de maisons mitoyennes, mènent à la collégiale dont le clocher est caractéristique. Certaines parties du cloître dateraient du Xe siècle. Sous l’autel de la collégiale se trouvent les reliques de saint Ursanne, moine irlandais qui, selon la légende, fut à l’origine de ce lieu où il s’installa en ermite.

Voyage au Moyen-Âge

Yves Tendon est jurassien jusqu’au bout des ongles. «J’ai grandi ici, j’ai été à l’école ici et j’ai rencontré ma femme Nadine ici.» Il a découvert la localité de Saint­Ursanne grâce à son travail. «J’y ai dirigé une entre­

prise pendant plusieurs années et je suis tombé amoureux de cette petite ville.» Depuis, il y revient régulièrement avec son épouse, car il y a toujours quelque chose à voir et la plupart des endroits sont accessibles en fauteuil roulant, mais pas tous. Visiter Saint­Ursanne, c’est entreprendre un voyage dans le temps. On peut le faire seul·e, mais Yves Tendon recommande de réserver une visite guidée à l’office du tourisme afin de découvrir tous les secrets et anecdotes qui se cachent entre les murs séculaires. Pendant la saison chaude, de nombreuses terrasses ensoleillées invitent à déguster une glace ou une bière bien fraîche. Avec un engin de traction, il est plus facile de rouler sur les pavés. Et quand un obstacle apparaît, une bonne âme n’est jamais loin pour aider à le surmonter, affirme Yves Tendon avant d’ajouter en souriant: «mais je suis toujours accompagné

de ma femme.» Nadine Tendon le contredit gentiment avec un clin d’oeil: «Yves se débrouille très bien tout seul dans tout Saint­Ursanne.»

Saltimbanques et bolides

«À Saint­Ursanne, on peut assister à une manifestation presque chaque week­end», indique Yves Tendon. De plus, à en croire son énumération, il y en a pour tous les goûts. Il mentionne notamment le festival annuel «Piano à Saint­Ursanne» ou une course automobile internationale dont la seule étape suisse mène de Saint­Ursanne

32 Paracontact I Automne 2023 LOISIRS EXCURSION

aux Rangiers. Une fête très particulière attire tous les deux ans les curieux·euses de tous âges: lorsque l’odeur du cochon de lait se répand dans la vieille ville, que le martèlement des forges et le son des luths se font entendre et que des gens en cotte de mailles ou en longues robes déambulent dans les ruelles pendant trois jours, «Les Médiévales» battent leur plein. Pour tout savoir sur les prochaines manifestations, Yves Tendon recommande l’application «St­Ursanne – Perle du Jura». Elle permet d’avoir l’ensemble des événements et des curiosités sur son smartphone.

Lorsqu’il parle de Saint­Ursanne, Yves Tendon est aux anges. Il aime autant la ville que ses environs. Comme les époux Tendon adorent le vélo, ils ont jusqu’à présent participé à chaque édition du Giro Suisse, le tour inclusif en handbike organisé par l’ASP, et bien sûr à toutes les étapes. «La région de Saint­Ursanne est idéale pour faire du handbike. On longe le Doubs et on se retrouve en un clin d’œil dans une nature sauvage», explique le vice­président du Club en fauteuil roulant du Jura, qui s’investit également dans le club pour faire connaître son sport favori aux gens. Que

celles et ceux qui recherchent des suggestions d’itinéraires n’hésitent pas à s’adresser à lui!

La magie du Moyen-Âge

Lieu d’accueil et de repos Après avoir transpiré sur son handbike, Yves Tendon aime boire une bière sur la terrasse de la «Maison du tourisme». Cette entreprise privée organise des activités de loisirs, mais gère aussi un restaurant qui sert exclusivement des produits régionaux. Frédéric Lovis en est le directeur. Il veille tout particulièrement à l’accessibilité des offres. «Le canoë sur le Doubs, le parapente, le tir à l’arc ou les randonnées à vélo comptent parmi les nombreuses activités que nos hôtes en fauteuil roulant peuvent pratiquer. Le mieux est que les personnes intéressées me contactent pour que je leur fasse des propositions concrètes», conseille Frédéric Lovis. Yves Tendon a été une force motrice dans la réalisation de la Maison du tourisme, précise son directeur, qui ajoute: «Nadine et Yves forment un couple incroyable.»

Paracontact I Automne 2023 33
Saint-Ursanne
la vidéo de l’excursion
Manivelles et pédales Le couple Tendon connaît d’innombrables pistes cyclables dans la région Regardez

En toute insouciance et d’égal·e à égal·e

Le Kids Camp 2023 a offert aux enfants un programme aussi riche que varié, et aux parents l’occasion d’échanger avec animation tout en faisant le plein d’énergie.

Alors que la fête touche à sa fin, l’heure est à la nostalgie. «J’aimerais rester ici pendant cent ans», affirme Leon. Et Marin de demander: «Pourquoi ça ne pourrait pas durer au moins trois jours?»

Leon et Marin sont deux jeunes garçons qui ont pleinement profité du Kids Camp 2023. Et leur verdict reflète l’opinion de la plupart des enfants de six à douze ans qui ont passé le week­end du 17 et 18 juin à Nottwil – avec leurs parents et leurs frères et sœurs.

Best-of-Movie

En piste pour le Kids

Camp! En voici les temps forts

L’échange est précieux

Le camp est une offre traditionnelle de l’ASP dont la riche histoire remonte au début des années nonante. Les enfants adorent cet événement qui leur propose un vaste programme, et les adultes l’apprécient tout autant, car il leur offre l’occasion d’échanger de précieuses informations. Celles et ceux qui ont participé une fois reviennent souvent.

De nombreuses familles comptent parmi les habitués, comme les Kovac Maric de Brunnen. «Pour nous, le Kids Camp est un rendez­vous immuable dans le calendrier», déclare Liliana Kovac Maric, qui est venue avec son mari Kristijan, leurs fils Marin (9 ans) et Filip (6 ans), et leur petite dernière de un an, Elin, encore simple spec­

tatrice. L’une des particularités de ce camp est que, par souci d’égalité, tous les enfants sans exception sont assis dans un fauteuil roulant et se déplacent ainsi de la même manière que leurs frères et sœurs.

À peine arrivé sur le site de Nottwil, Filip s’installe dans un fauteuil roulant, et le soir, il l’emmène aussi dans sa chambre d’hôtel. «Pour lui, c’est une évidence», explique sa maman en racontant à quel point le week­end fait du bien non seulement à Filip, mais aussi bien sûr à Marin, né avec un spina bifida: «Nous remarquons à chaque fois l’impact de ces deux jours sur son estime de soi. Il sort de sa réserve et ose maintenant organiser des rendez­vous avec ses copains, ce qu’il ne faisait pas auparavant.»

34 Paracontact I Automne 2023 SPORT EN FAUTEUIL ROULANT
KIDS CAMP

«Comme une grande famille»

Cette fois, Marin fête un succès particulier. Lors d’un match d’unihockey, il a marqué un but décisif qu’il raconte bien entendu avec moult détails à ses parents et répétera à l’école le lendemain. «Au Kids Camp, on se sent comme dans une grande famille, estime Liliana Kovac Maric, on rencontre souvent les mêmes personnes avec lesquelles on est amis, on parle de sujets qui nous sont tous familiers, on partage les mêmes soucis. Et souvent, nous nous sentons confortés dans la façon dont nous nous occupons de Marin et dans ce que nous faisons.»

Son expérience rejoint celle de Manuela Hui, qui a fait le voyage de Thurgovie avec son mari Remo Gisler et sa fille Amélie (9 ans). «Le camp est un enrichissement pour nous tous, dit­elle, notre fille trouve ça génial d’être avec des enfants qui sont aussi en fauteuil roulant – même si elle met souvent le sien de côté parce qu’elle préfère marcher.» C’est la quatrième fois qu’ils viennent à Nottwil, et cette année encore, le camp se terminera le dimanche soir avec un enfant «sur les rotules, mais comblé», dixit Manuela Hui.

Lieu idéal pour se ressourcer

Pour Sabine Gassmann de Wikon, il est important que les frères et sœurs des enfants en fauteuil roulant soient impliqué·e s dans le camp. «Ainsi, tout le monde est sur le même pied d’égalité», dit­elle. Sa fille Ronja (8 ans), qui est née avec un spina bifida comme Marin, est accompagnée de sa sœur

Répétitions pour le grand spectacle de cirque

aînée Luana (9 ans) et de son petit frère Jorin (3 ans) – et profite de moments d’insouciance. Insouciante, elle l’est elle aussi car personne sur le campus ne jette des regards en biais à son enfant en fauteuil roulant, comme c’est souvent le cas. «Ici, tout le monde est pareil», insiste­t­elle, et c’est pourquoi Nottwil est pour elle un lieu où se ressourcer, où elle peut à la fois faire le plein d’énergie et se sentir à nouveau stimulée. Et Sabine Gassmann profite également de l’opportunité pour s’essayer au basket en fauteuil. «Cela fait prendre conscience de ce que c’est de pratiquer un sport comme celui­ci en fauteuil roulant.»

Les enfants handicapés et leur fratrie n’arrêtent pas une seconde. Réparti cette année en trois groupes, tout ce petit monde bénéficie de trois ateliers. Dans la salle de sport, l’unihockey est à l’honneur: les hockeyeurs·euses en herbe apprennent le maniement et la technique avec la crosse avant de s’affronter, coaché·e·s et motivé·e·s par Petra Sesink et Stefan Kaufmann, qui font tous deux preuve d’un immense dévouement. À l’Eyhof, l’équitation est si prisée qu’elle est devenue depuis longtemps un incontournable du programme des Kids Camps. Et l’atelier de cirque avec le clown Jeanloup est indubitablement le clou des attractions. L’artiste fait répéter un spectacle de cirque dans l’aula du CSP qui sera présenté le soir aux parents.

La cerise sur le gâteau

C’est grâce au travail des bénévoles que cette offre est possible, offre dans laquelle Ursula Basler joue à nouveau un rôle important. Année après année, elle fait partie du comité d’organisation depuis la deuxième édition et gère l’infrastructure d’une main experte.

Et il y a aussi Martina Meyer, coordinatrice Sport pour tous – loisirs – santé à l’ASP, qui supervise le week­end en tant que cheffe. Après ces deux jours, elle ne tarit pas d’éloges sur les participant·e·s et sur toutes les

personnes impliquées qui, grâce à leur passion, ont contribué une fois de plus au succès du Kids Camp. «L’ambiance était extraordinaire, raconte­t­elle, et voir toutes ces mines réjouies, c’était la cerise sur le gâteau.»

C’est aussi ce que retient Remo Gisler. «On ne remerciera jamais assez les personnes qui rendent ce camp possible», déclare le mari de Manuela Hui. «C’est toujours fascinant de voir comment tous ces gens s’occupent des enfants. C’est formidable.»

Le Thurgovien observe sa fille jouer avec ferveur à l’unihockey; ce soir, il la regardera fièrement accomplir son numéro de cirque. Et c’est pourquoi, pour lui comme pour sa femme, une chose est sûre: l’inscription au camp 2024 est d’ores et déjà actée.

Paracontact I Automne 2023 35
Moments d’insouciance en famille S’amuser avec des amis

«Spirit of Sport»

Le podcast «Spirit of Sport», présenté par Swiss Olympic, est à l’antenne!

La première saison consacrée à «L’éthique dans le sport» aborde, en collaboration avec des spécialistes, des sujets comme la proximité et les idéaux dans le sport, ainsi que les fonctions du portail de signalement «Swiss Sport Integrity».

Le podcast s’adresse aux personnes intéressées par le sport et est particulièrement passionnant pour les fonctionnaires, les entraîneurs·euses, les athlètes et leur entourage, tant dans le sport de compétition que dans le sport pour tous. D’autres épisodes – aussi en français – sur l’éthique dans le sport suivront à l’automne 2023. Prenez le temps d’écouter ce super podcast!

PARATHLETICS 2023

Trois jours de record

En temps normal, on attend près de 300 athlètes aux ParAthletics de Nottwil. Ce n’était pas le cas cette année, où un nombre record d’inscriptions a surpris le CO.

Plus de 500 participant·e·s s’étaient initialement inscrit·e·s au Grand Prix d’athlétisme – presque deux fois plus que prévu. Finalement, 430 athlètes et 300 accompagnateurs·trices ont fait le déplacement. Mais le nombre d’athlètes en lice n’a pas été le seul à battre des records: pas moins de

dix records mondiaux et 27 records continentaux ont été battus en ce dernier weekend de mai.

Avec 55 nations issues de six continents, cette neuvième édition est le plus grand événement de l’histoire des ParAthletics.

Vidéo des temps forts Retour sur trois journées de compétitions passionnantes

HANDBIKE

Paracyclisme CM 2024

Le grand événement CM de cyclisme et de paracyclisme 2024 dans la région zurichoise se rapproche à grands pas!

De nombreux doutes concernant le concept de circulation des CM, qui avaient fait les gros titres de la presse nationale, ont finalement pu être levés par le CO avec le soutien de la mairie.

Dans le cadre des mesures d’accompagnement, un poste de coordination, dédié à la promotion du sport et du vélo ainsi qu’à l’inclusion, a récemment pu être créé. Par ailleurs, la «Züri Velo Cup» a été lancée, invitant jusqu’en octobre à une épreuve de force «numérique» sur onze parties du parcours.

Le 24 septembre 2023, le «One Year to Go» deviendra un autre grand événement festif à l’occasion du «slowUp» le long du lac de Zurich.

L’étape entre Meilen et la place Sechseläuten à Zurich est en outre parfaitement adaptée aux para-cyclistes.

www.zurich2024.com

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT 36 Paracontact I Automne 2023 Informations
SWISS OLYMPIC

ATHLÉTISME

La Suisse souveraine

Les CM d’athlétisme 2023 se sont déroulés du 8 au 17 juillet au stade Charléty à Paris.

Au total, les athlètes suisses en fauteuil roulant ont remporté neuf médailles d’or et quatre médailles d’argent à Paris. Catherine Debrunner (4 × or, 1 × argent) et Manuela Schär (2 × or, 2 × argent) ont chacune réalisé une brillante performance. Marcel Hug a également dominé la piste avec trois mé­

TIR À L’ARC

CM en République tchèque

Cette année, le temps fort du tir à l’arc a été le championnat du monde, qui s’est déroulé du 17 au 23 juillet à Pilsen (CZE).

Après avoir tiré pour la première fois aux CE l’an dernier, Pascal Héritier était le seul athlète suisse à s’être qualifié pour cette compétition à titre, grâce à une évolution positive.

Hélas, le Valaisan d’origine a été éliminé après un match joué dans des conditions de vent difficiles.

dailles d’or. Fabian Blum a créé la surprise en décrochant la médaille d’argent sur 100 m T52. Mais la délégation helvétique ne ramène pas que des métaux précieux. En tout, six places de quota pour les Jeux Paralympiques de 2024 ont pu être assurées, notamment grâce à la magnifique quatrième place de Patricia Eachus. Nous félicitons l’ensemble des athlètes suisses pour ces CM très réussis.

Objectif CM

Avec les CM de l’an dernier, les CM de cette année à Lima, au Pérou, du 17 au 29 septembre, font partie des compétitions les plus importantes pour les tireurs et tireuses sportifs·ives en vue de Paris 2024.

Il y a plus d’un an, la tireuse à la carabine Nicole Häusler a été la première athlète helvétique à assurer à la Suisse une place de quota pour les Jeux Paralympiques de 2024. C’est précisément cet objectif que vise Stefan Amacker dans sa discipline de prédilection, le pistolet à 25 mètres. La sélection de la délégation suisse a eu lieu mi­juillet.

EXPERT·E·S CNP

Alena Küng, assistante médicale

Un concentré de connaissances en un même lieu. Les expert·e·s du Centre national de performance pour le sport en fauteuil roulant (CNP) accompagnent nos athlètes sur le chemin de l’excellence. Alena Küng veille à ce que tout se passe bien lors de la planification et de la mise en œuvre.

Depuis quand es-tu au CNP? Janvier 2021.

Quel est ton rôle?

Je m’occupe de l’administratif, je planifie les patient·e·s ou les sportifs·ives, je leur fais des prises de sang ou leur pose des électrodes pour mesurer les courbes ECG au repos.

Ton activité préférée?

En tant qu’assistante médicale, j’aime la diversité de mon travail, et en médecine du sport, particulièrement les examens comme les prises de sang, l’ECG de repos, les fonctions pulmonaires ou les mesures du métabolisme.

Quel est ton super-pouvoir?

Je n’abandonne jamais. Dans les loisirs ou au travail, on peut toujours d’atteindre son but.

Ton application préférée?

Fooby – ça donne des idées pour cuisiner après le travail.

Paracontact I Automne 2023 37
TIR SPORTIF

FORMATION D’ENTRAÎNEUR·EUSE

D’athlète à entraîneuse

Sandra Graf fait partie des pionnières du sport en fauteuil roulant. Forte de sa longue expérience dans le sport de haut niveau, elle transmet désormais son savoir aux jeunes.

Le sport est et reste toute la vie de Sandra Graf. Tokyo 2020 a été sa dernière grande apparition internationale après plus de 20 ans de sport de compétition. À l’origine de sa longue carrière, il y a la passion du sport, sous toutes ses facettes.

Dès le début de son parcours, Sandra Graf a prouvé que la famille et le sport n’étaient pas incompatibles. L’année même de sa première participation aux Jeux Paralympiques à Lillehammer en slalom géant, elle est devenue maman. Elle a ensuite pris part à trois JP en tant qu’athlète, raflant au passage une médaille de bronze au marathon de Pékin. Loin de s’arrêter là, elle a obtenu son plus grand succès en handbike à Londres 2012, où elle a remporté l’or paralympique dans le contre­la­montre. À cela s’est ajoutée une nouvelle médaille de bronze au marathon. On savait que Tokyo 2020 serait sa dernière grande apparition internationale, car elle souhaite à présent transmettre son savoir en tant qu’entraîneuse, et c’est tant mieux: «Ce que le sport m’a apporté et ce que j’ai appris en termes de préparation et d’entraînement est quelque chose de merveilleux. C’est cela que je veux perpétuer, parce que le sport est et reste toute ma vie – ma passion.» Après sa carrière, SSFR l’a donc engagée comme responsable de la relève et entraîneuse adjointe.

Le métier d’entraîneur·euse en Suisse

«La Suisse compte un nombre incroyable de personnes bien formées à tous les niveaux d’entraînement. Les bonnes structures du sport pour piéton·ne·s n’y sont pas étrangères. En tant qu’athlète, j’étais entourée par de nombreux coachs qui m’ont transmis leur savoir à la perfection. À présent,

c’est à mon tour de faire de même», explique Sandra. Heureusement, ses proches comprennent son obsession pour le sport. Quand ses enfants étaient petits, elle était professeur de gymnastique aux agrès en salle – le fauteuil roulant n’étant pas un obstacle. Avant son handicap, l’Appenzelloise a d’ailleurs été monitrice de ski. Ses ami·e·s savent donc que Sandra n’existe que par le sport et la soutiennent dans son parcours.

Cursus de formation de SSFR, Swiss Cycling et formation d’entraîneur·euse professionnel·le Sandra avait déjà une formation de coach dans diverses disciplines. Alors qu’elle était encore athlète, elle a entamé le cursus de SSFR, du «module de base» à «l’échelon 3», en passant par les «cours esa». Parallèlement, dans le système de formation de Swiss Cycling, elle a suivi un module sur la physiologie et la théorie de l’entraînement, plus axé sur le sport de compétition: «Je recommande ces cours des associations sportives

de piéton·ne·s – si tant est qu’un pendant de la discipline existe dans le sport en fauteuil roulant. Les parallèles en termes de technique et d’entraînement sont évidents et peuvent être combinés avec son propre savoir­faire technique en sport en fauteuil roulant. En outre, les échanges avec les entraîneurs·euses sont géniaux. Le sport nous met au même niveau et nous donne un aperçu des autres idées et projets.»

Le cursus de formation de SSFR est très large et axé sur les cours dans les clubs en fauteuil roulant, ce qu’elle trouve tout à fait normal. Son travail exige toutefois de compléter ces connaissances par un contenu spécifique au sport de compétition. Sandra a donc décidé de suivre la formation d’entraîneur·euse professionnel·le de Swiss Olympic. «On n’a jamais fini d’apprendre et j’ai hâte d’en savoir plus sur l’encadrement des athlètes lors des compétitions», dit­elle en pensant à la suite de sa formation d’entraîneuse.

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT 38 Paracontact I Automne 2023
Sandra Graf (en fauteuil roulant) entraîne la relève du handbike

Des Jeux éthiques et durables

Du 28 août au 8 septembre 2024, quelque 400 athlètes paralympiques parmi les meilleur·e·s du monde seront en lice dans 22 disciplines sportives. Paris sera synonyme de parité car pour la première fois, il devrait y avoir autant d’athlètes masculins que d’athlètes féminines.

Swiss Paralympic devrait être représenté par environ 20 à 25 athlètes. Les compétitions auxquelles les Suisses et Suissesses participeront auront lieu dans le centre de la capitale. Seul le tir sportif, discipline dans laquelle Swiss Paralympic a une place de quota − la seule qui est assurée pour le moment – se tiendra à Châteauroux, à 270 km au sud de Paris. Vu la distance, trois heures de route, un autre village paralympique a été installé à proximité.

Le village principal se trouve au bord de la Seine, à Saint­Denis. Jusqu’à présent, ce n’était pas le quartier le mieux réputé de Paris. Mais comme Stratford à Londres en 2012, on espère que les Jeux permettront de moderniser et de revitaliser cette partie de la ville. Le village paralympique sera très compact car priorité a été donnée à la proximité afin d’éviter les déplacements. Les lieux d’entraînement se trouvent à moins

de 20 minutes et 60% des athlètes pourront même s’entraîner à l’intérieur du village. Pour la plupart des disciplines, les sites de compétition sont également situés à moins de 30 minutes du village.

Les fans suisses

Ce sont d’excellentes conditions. Toutefois, outre les craintes d’éventuelles grèves, Swiss Paralympic devra relever un défi de taille: il faut s’attendre à ce qu’un très grand nombre de fans suisses viennent. Il faudra veiller à ce que les athlètes puissent gérer l’attention dont ils et elles feront l’objet et maintenir une certaine distance avec leurs proches. Nos sportifs et sportives y seront préparé·e·s assez tôt et leur entourage sera aussi sensibilisé. Il convient en effet de garder à l’esprit qu’une participation paralympique est un moment fort dans une carrière sportive et qu’il faut se concentrer pour réaliser la meilleure performance.

Le comité d’organisation POGOC a des objectifs ambitieux. Outre la neutralité carbone, Paris 2024 doit être durable et éthique tout en ayant un impact positif, et pas seulement en France. Voilà pourquoi 95% des constructions pour les JO et les JP seront existantes ou temporaires. Le village paralympique se passe entièrement de climatisation car le refroidissement est obtenu par d’autres méthodes et une conception intelligente. D’autres projets visent à minimiser l’empreinte écologique ou à compenser le CO2 qui sera malgré tout émis, notamment lors des déplacements de tous les spectateurs et spectatrices. Les trajets courts contribuent aussi à réduire l’impact sur le climat.

Le POGOC a lancé la Pride House ou Maison des Fiertés qui fait la promotion de la lutte contre toute forme de discrimination. Ce projet est considéré comme l’avènement de Jeux entièrement non discriminatoires. Paris 2024 a donc de grandes ambitions et montre quelle direction les événements doivent prendre aujourd’hui et à l’avenir pour montrer l’exemple en respectant le monde et ses êtres vivants.

Nous pouvons d’ores et déjà nous réjouir de Paris 2024!

En savoir plus sur les Jeux Site officiel www.paris2024.org

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT Paracontact I Automne 2023 39 JEUX PARALYMPIQUES DE PARIS 2024
Paris 2024 Un événement de tous les superlatifs

Camp de sports et de loisirs

Au total, dix­huit participant·e·s ont pu découvrir ou redécouvrir différentes activités sportives et de loisirs. Mais en quoi consiste le «move on» à Yverdon­les­Bains? Immergeons­nous dans l’événement.

Vendredi 9 juin 2023, vers 11 heures à Romanel­sur­Lausanne, notre moniteur du jour, Roger Baumann est prêt à accueillir les participant·e·s qui arrivent tour à tour et même les Romand·e·s sont plus que ponctuel·le·s! L’activité de tennis (en salle) est idéale pour commencer car elle est facile à réaliser, même en cas de mauvais temps. Le samedi et dimanche, c’est au collège des Rives d’Yverdon et dans les environs (lac de Neuchâtel, skatepark, plage) que la suite du camp se déroule.

Il y a celles et ceux qui viennent …

Lors des inscriptions, nos sportifs et sportives ont fait la liste des activités qu’ils et elles voulaient faire en fonction de leurs centres d’intérêt. Delphine Clavien, pour qui c’était une première participation au «move on» et même une première activité en lien avec l’ASP, a choisi de découvrir le skate en fauteuil roulant (WCMX), le tennis de table, le kayak et le badminton. «L’appréhension de départ laisse très rapide­

ment place au bien­être grâce à l’accueil très chaleureux des organisatrices et organisateurs et des sportives et sportifs présent·e·s sur place». La bienveillance des coachs et leurs capacités d’adaptation au niveau des un·e·s et des autres a particulièrement plu à cette Neuchâteloise.

… et celles et ceux qui reviennent Myriam Vuillermet, qui habite la région d’Échallens a décidé de revenir au «move on» pour faire uniquement la course d’orientation. Pour elle, c’est toujours sympa de revoir du monde et de pratiquer une activité en plein air. Son fauteuil électrique lui donnait un léger avantage pour atteindre les postes rapidement, mais à condition de ne pas mélanger vitesse et lecture de carte trop rapide.

Sandra Laube, quant à elle, est venue du canton de Schwyz pour participer au «move on» à Yverdon. Elle avait déjà participé au «move on» à Nottwil en 2022 et se réjouis­

sait de revoir certaines personnes de l’ASP ou même des participant·e·s qui sont devenu·e·s des ami·e·s. Faire de nouvelles connaissances, échanger entre personnes en fauteuil roulant et tester des activités diverses et variées est grandement apprécié de celle qui a toujours la «patate».

Mélange culturel

De manière générale, les participant·e·s se mélangent très vite, peu importe le canton ou la langue parlée. La pratique du sport efface rapidement le «Röstigraben». Lors de ce camp, pas moins de sept cantons étaient représentés. Cette diversité se retrouvait aussi dans le programme proposé: sports lacustres avec le kayak ou le SUP, salsa, jeux avec l’unihockey ou la boccia, combat d’escrime et relaxation avec le yoga ou la méditation, sans oublier la découverte du Go­Tryke ou le cours de mobilité. Tout le monde a eu du plaisir et a pu découvrir de nombreuses activités sportives ou de loisirs. Les journées étaient souvent prolongées par des moments conviviaux, appelés traditionnellement «troisième mi­temps», certain·e·s les ayant même rebaptisés «move welsch». Effectivement, à partir d’une certaine heure, il n’y avait plus que des Romand·e·s au bar. Ceci afin de garder une certaine tradition culturelle quand même?

Toutes et tous se réjouissent déjà de se retrouver lors des prochains «move on» ou lors d’une activité de club.

40 Paracontact I Automne 2023 Plus d’informations sur www.spv.ch (sport pour tous) SPORT EN FAUTEUIL ROULANT «MOVE ON»
Photo de groupe «move on» Yverdon 2023

Ritorno al vertice

Dopo 15 anni, il «Torneo nazionale» fa il suo ritorno in Ticino, dando avvio alla nuova stagione di basket il prossimo 30 settembre e 1° ottobre. Per i Ticino Bulls è l’inizio di un lungo percorso.

Nicolas Hausammann

L’ultimo grande successo della squadra dei Ticino Bulls è stato nel 1999, quando i ticinesi del Gruppo Paraplegici Ticino (GPT) riportarono a casa la Coppa svizzera. In precedenza, negli anni ’80 e ’90, la squadra di Bellinzona aveva conquistato ben sei

sport in carrozzella, i quali a causa di infortuni o altri motivi non sono più in grado di praticare lo sport ‹sulle proprie gambe›», spiega Remo Semmler, capo dell’équipe dei Bulls e membro del Comitato organizzativo del torneo. In seno al

poste gastronomiche. Sarà l’Ufficio del turismo di Bellinzona a commercializzare l’evento serale insieme al torneo. Il Club spera così di risvegliare l’interesse oltre che portare un contributo alla cassa del Club a sostegno della stagione a venire, in vista dei suoi ambiziosi obiettivi.

Piano triennale

Sull’onda della vittoria nella Challenge League della scorsa stagione, i Ticino Bulls perseguono ora l’obiettivo di inserirsi nella Master League. L’intenzione è di mantenersi alti in classifica e avanzare fino ai playoffs. «Puntiamo al terzo posto nella classifica del Campionato. Le prime due squadre penso siano comunque troppo forti per noi», così descrive Remo Semmler le previsioni della sua squadra. Ma chissà, magari sarà possibile raggiungere qualcosa in Coppa, dove basta una sola partita per riuscire a sorprendere i contendenti. Quello che conta di più per i Bulls non è il successo immediato in un torneo regionale o nella prossima stagione. Aspirano piuttosto a creare, nel giro dei prossimi tre anni, delle solide basi che consentano di costruire successi a lungo termine e l’integrazione nello sport regionale attorno a Bellinzona, zona che si è sempre dimostrata amante dello sport.

campionati svizzeri. Oggi il club si propone di riallacciarsi a quei tempi di gloria e di ricostruire una solida base con l’aiuto di giovani giocatori e giocatrici.

Risvegliare l’interesse a livello regionale

Per raggiungere questi obiettivi assai importanti, bisognerà rafforzare anche la presenza a livello dei programmi sportivi ed altri eventi regionali. «Abbiamo l’intenzione di riportare il basket in carrozzella nell’agenda ticinese e fare in modo che questo sport d’eccezione ottenga l’attenzione che merita presso l’opinione pubblica. In questo modo speriamo di attirare giovani giocatori e giocatrici e motivare altri giocatori di basket più anziani per lo

CO, Remo Semmler ha riunito una nuova équipe molto motivata accanto ad atleti già consolidati.»

Una grande festa del basket

Il «Palasport» Bellinzona è la sede tradizionale del basket ticinese, dove squadre normodotate hanno festeggiato la conquista di titoli e giocatori di basket in carrozzella hanno disputato partite infuocate.

È previsto che precisamente in questa sede abbia luogo l’avvio della nuova stagione come pure una festa dedicata alla scena del basket, nonché l’intera regione. Nell’Espo Centro, accanto al palazzetto del basket, si terrà una serata con musica dal vivo e pro­

Paracontact I Automne 2023 41 SPORT EN FAUTEUIL ROULANT BASKETBALL
10 SQUADRE TORNEO NAZIONALE 30.9 1.10 www.gpticino.ch   BELLINZONA COMPETIZONI DALLE 9.30 PALASPORT EVENTO FESTA SERALE DALLE 20.00 ESPO CENTRO CON LE BAND LARALBA E ALTO VOLTAGGIO Torneo nazionale Sementina 30.9–1.10.2023
informazioni: www.gpticino.ch oppure www.basketball.spv.ch
WHEELCHAIR BASKETBALL 2023
Per
Ticino Bulls Una squadra con grandi obiettivi

Une motion pour raccourcir les procédures AI

La motion «Accélérer les procédures AI et garantir la sécurité financière des assuré·e·s pendant la procédure», déposée par Patricia von Falkenstein (PLR), demande au Conseil fédéral de prendre des mesures afin de réduire la durée de l’instruction du droit aux prestations de l’assuranceinvalitité.

L’examen de l’éligibilité prend souvent beaucoup de temps. Les indemnités journalières en cas de maladie puis la fortune personnelle finissent généralement par être épuisées, les personnes concernées s’endettent et terminent à l’aide sociale. Les problèmes s’enchaînent et les soucis financiers conduisent dans de nombreux cas à une détérioration de leur état de santé. Il est donc urgent de mettre en œuvre des mesures pour accélérer les procédures AI et garantir la sécurité financière de ces personnes.

FSCMA Enquête

Sur mandat de la FSCMA, la Haute école spécialisée bernoise va mener vers la miseptembre 2023 une enquête auprès des personnes assurées. Si vous recevez une invitation pour y participer, nous vous prions de bien vouloir la remplir. Ainsi, la FSCMA pourra obtenir de précieux retours d’information.

CONGRÈS

État de la recherche

Des chercheurs·euses de différentes disciplines s’efforcent dans le monde entier de guérir les lésions médullaires.

Le 26 octobre 2023, nous réunirons à Nottwil des chercheurs·euses, des personnes concernées et du personnel soignant ou des particuliers pour regarder où en est la recherche aujourd’hui. Lors du congrès organisé par la Haute école spécialisée bernoise avec la Fondation suisse pour para­

plégiques, vous recevrez des informations sur les thèmes suivants: restauration de la marche naturelle, électrostimulation fonctionnelle, exosquelettes, stimulation non invasive de la moelle épinière et études cliniques. La participation est gratuite.

Informations et inscription bfh.ch/forschungsstand-paraplegie (en allemand)

RÉCEPTION

Des athlètes à l’honneur

Le 19 juin, la ministre des sports Viola Amherd et le président du Conseil national Martin Candinas ont reçu des athlètes suisses couronné·e·s de succès.

L’ensemble des sportifs et sportives ayant remporté des médailles aux championnats du monde ou d’Europe l’année dernière étaient invité·e·s au Palais fédéral. Des athlètes de Sport suisse en fauteuil roulant fi­

guraient également parmi les chanceux·euses. Elles et ils sont les phares d’une Suisse inclusive, a déclaré dans son discours le président de Swiss Paralympic, Laurent Prince. Jürg Stahl, président de Swiss Olympic, a salué les formidables succès de la famille sportive suisse et a chaleureusement félicité les athlètes pour leurs magnifiques performances.

42 Paracontact I Automne 2023 DIVERS
POLITIQUE

Congrès annuel en Grèce

Du 31 mai au 3 juin, les membres de l’association paneuropéenne des paralysé·e·s médullaires ESCIF se sont réunis à Thessalonique.

L’organisation membre grecque PASPA a organisé le congrès annuel de cette année qui proposait un programme riche en exposés et suffisamment d’occasions d’échanges entre les participant·e·s. Issu·e·s de différents pays européens, ils et elles ont discuté du thème de l’assistance personnelle. Un autre sujet phare du congrès était con­

sacré au tourisme sans obstacles. Les phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents liés au changement climatique et leurs conséquences pour les paralysé·e·s médullaires étaient aussi à l’ordre du jour.

En 2024, c’est l’Allemagne qui accueillera le congrès à Berlin.

Plus d’informations sur le congrès ESCIF escif.org

POLITIQUE

Constitution valaisanne

Dans son nouveau projet de Constitution cantonale, le Valais pose le jalon pour la Constitution cantonale probablement la plus progressiste de Suisse en ce qui concerne les personnes en situation de handicap.

Le 25 avril 2023, le Conseil constitutionnel valaisan a adopté le projet par 87 voix contre 40. Le projet de Constitution contient notamment ceci de remarquable que son

article 43 ne prévoit aucune restriction des droits politiques fondée sur un handicap. L’article 16 concernant les droits des personnes handicapées est en outre entièrement nouveau. Il détermine entre autres le droit des personnes concernées à des mesures appropriées afin qu’elles puissent exercer leurs droits fondamentaux. Le projet a été remis au Conseil d’État. C’est à présent au peuple de s’exprimer à ce sujet.

HES BERNOISE

Échanges entre spécialistes à Nottwil

Début juillet, l’équipe de PART –Centre de compétence Soins de Santé participatifs de la Haute école spécialisée bernoise – a visité le Centre suisse des paraplégiques.

PART s’engage pour la codécision et l’implication, dans la recherche, l’enseignement et la pratique, des personnes ayant vécu l’expérience de la maladie ou d’un handicap. Grâce à l’invitation de Danielle Pfammatter, responsable Peer Support et travail avec les proches au CSP, et à la visite dynamique organisée par la pair Nadia Dell’Oro, l’équipe de PART a beaucoup appris, notamment sur l’importance des soins appropriés après un accident, et sur le temps nécessaire aux patient e s pour accomplir à nouveau les gestes de la vie quotidienne. Le thème de la vieillesse a également été abordé. La franchise et l’engagement des pairs étaient impressionnants.

Forte de tous ces acquis, l’équipe de PART poursuivra son engagement en faveur d’une plus grande participation dans le domaine de la santé.

Paracontact I Automne 2023 43
ESCIF

L’ambassadeur du bonheur

Sur scène, Stephan Freude parle de la responsabilité de prendre sa vie en main et nous raconte son parcours pour y parvenir.

Nadja Venetz

Ton nom (NDT: joie en allemand) est-il prédestiné?

J’adore mon nom et je le vois plutôt comme une merveilleuse mission. Vivre et agir au nom de la joie est devenu pour moi une vocation. Cela me comble d’inspirer les gens, de susciter leur enthousiasme et de les encourager. Bien sûr, je traverse aussi des moments où je manque de motivation et où les choses ne se passent pas comme je le souhaiterais. Cela fait partie de la nature humaine. L’important, c’est d’avoir des stratégies pour s’en sortir. Après mon accident il y a 26 ans, j’ai suivi un long parcours riche en enseignement, et cela ne s’est pas fait sans larmes. Mais je vois un sens à tout ce qui arrive – même à mon accident. Pour le dire en une phrase: le bonheur est ma philosophie de vie.

Tu parles d’un long parcours. À quoi ressemblait-il?

Après mon accident, j’ai vite compris que ma vie n’était pas finie. Je pouvais quand même en faire quelque chose et c’était, et c’est toujours, un choix conscient. Avant l’accident, je faisais beaucoup de sport. C’est dans mon caractère de me fixer des objectifs et de travailler pour les atteindre. Cela m’a beaucoup aidé. Lors de ma rééducation, j’avais deux objectifs principaux: retrouver mon autonomie et profiter à nouveau joyeusement de la vie. J’étais menuisier, il était donc clair que je ne pouvais plus exercer cette profession et qu’il fallait en trouver une autre. J’ai alors étudié l’ingénierie économique. Je me suis cherché de nouveaux loisirs sportifs et j’ai noué des relations. C’est surtout dans la période qui a suivi mon accident que j’ai réalisé à quel point les gens avaient tendance à me col­

ler une étiquette – parce que je suis en fauteuil roulant. C’était dur, effrayant et décourageant.

Quel genre d’étiquette était-ce?

La société dicte aux personnes en fauteuil roulant ce qu’elles peuvent faire et ne pas faire. Cela m’a beaucoup préoccupé. À la Haute école spécialisée, j’étais le premier étudiant handicapé à vouloir faire un stage à l’étranger, bon sang! Faire des trucs de

dingue, c’était tout moi. Deux ans après mon accident, j’ai voulu faire du saut en parachute. On me répétait: «Ce n’est pas possible, c’est trop risqué, tu es en fauteuil roulant.» J’étais déterminé et j’ai cherché jusqu’à ce que je trouve le pilote biplace idoine. Et ça a marché. Si tu veux quelque chose, tu trouves une solution; si tu ne le veux pas, tu trouves une excuse. J’ai compris que bien des doctrines n’avaient rien à voir avec le fait d’être en fauteuil roulant. On les ren­

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Stephan Freude Un nom plein de promesses

contre aussi chez des personnes qui n’ont pas de problèmes de santé. C’est un sujet de notre société. J’ai réfléchi à ce qui était important pour moi dans la vie et j’ai cherché ma voie. Dans le monde du travail aussi. Je voulais m’affirmer en tant que jeune homme et prouver que je pouvais être performant malgré mon handicap.

Comment s’est poursuivie ta vie professionnelle après l’accident?

Après mes études, j’ai travaillé comme chef de projet dans l’industrie de l’équipement automobile et j’y ai fait carrière. J’ai longtemps eu l’impression de devoir faire mes preuves vis­à­vis de la société. J’ai beaucoup travaillé et j’ai réussi, mais cela ne m’a pas rendu heureux. Il m’a toutefois fallu un certain temps pour en prendre conscience. Peu de temps après l’accident, mon entourage m’a encouragé à travailler avec les gens. À l’époque, je ne me voyais pas faire cela. Avec le recul, je dirais que je n’étais pas encore mûr. Mais la vie étant ce qu’elle est, lors d’une formation de coaching, je suis monté sur scène. Grâce aux nombreux retours, j’ai réalisé à quel point je touchais les gens par mon histoire, mon attitude face à la vie et mon parcours, tout en les encourageant.

Tu es aujourd’hui conférencier, professeur universitaire et ambassadeur. Quel est ton message?

Nous avons besoin de joie dans notre vie. Au travail, dans nos relations humaines, dans nos hobbies, partout. Le bonheur donne un sens à nos vies. J’invite les gens à examiner leur vie et à se demander s’ils

sont heureux. La joie est un grand révélateur de potentiel. Elle met en lumière le meilleur de nous­mêmes. C’est le sujet que j’aborde sur scène, que ce soit dans les entreprises, les congrès, les écoles, les associations sociales ou les cliniques de rééducation. Mon histoire inspire les gens. La question qui m’est le plus souvent posée est la base de mon travail: «Comment as­tu réussi à être aussi heureux malgré ton grave handicap?» Mon parcours suscite l’enthousiasme et encourage les gens. Parfois, il est aussi question de diversité, un sujet actuel brûlant. Je souhaite toujours que nous nous traitions les un·e·s les autres avec respect et dignité. Car alors, peu importe la couleur de notre peau, notre orientation sexuelle ou notre handicap.

Quelle sorte de gens y a-t-il dans le public?

Des gens motivés par différentes choses. Dans les entreprises, ce sont des collaborateur·trice·s et des cadres; dans les congrès, les gens viennent parce qu’ils sont curieux de connaître mon histoire et mon parcours. Ils veulent savoir ce qu’est la vie en fauteuil roulant, mais veulent aussi apprendre de moi, par exemple comment gérer les crises. Les gens veulent progresser dans leur vie et se consacrer à l’épanouissement de leur potentiel.

Tu travailles aussi bien avec des futur·e·s professionnel·le·s de la santé qu’avec des personnes récemment blessées. Que fais-tu exactement? Il y a là des étudiant·e·s, du personnel soignant, des médecins et des thérapeutes de

disciplines médicales (médecine, physiothérapie, sciences de la santé). J’explique ce qu’est le quotidien avec un handicap. Nous reproduisons des situations, comme une visite, ou prenons place dans un fauteuil roulant et effectuons un transfert. Les situations doivent être vécues et ressenties. Mais je transmets aussi des connaissances spécifiques sur la paralysie médullaire.

Quelles conséquences sur la santé, le logement, le travail, la vie sociale? L’échange est essentiel à mes yeux. Il n’y a aucun tabou, qu’il s’agisse de vessie, d’intestins ou de sexualité. C’est aussi mon mot d’ordre en tant que pair avec les personnes récemment blessées. Elles doivent savoir comment les choses peuvent évoluer après la rééducation. Je les aide à trouver l’inspiration pour accepter leur nouvelle condition, en leur montrant que la vie continue. En les encourageant. En leur donnant des conseils et des astuces. Mon histoire prouve que nous avons tous et toutes droit au bonheur. C’est un choix que chacun·e est libre de faire.

Tu veux inspirer ton public. Qu’est-ce qui t’inspire et te motive? Le potentiel que je n’ai pas encore réalisé. Il y en a encore tellement plus! C’est le lien entre le but, qui passe forcément par un cheminement, et le chemin qui mène au but. Ainsi, je suis à la fois motivé par les

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Développement du potentiel Suivre sa propre voie et oser la nouveauté
«Mettons de la joie dans nos vies»

objectifs à atteindre et je profite du parcours, donc de la vie. Car elle recèle tant de beauté – il me suffit de la voir et d’en prendre conscience.

Tu as parlé d’objectifs. Es-tu quelqu’un qui se fixe des objectifs?

Oui. Les objectifs sont cruciaux à mes yeux pour avoir une orientation claire. Ils me permettent de me focaliser sur ce qui est essentiel pour moi. Pendant ma rééducation, mon désir le plus cher était de redevenir autonome. On m’a lavé, habillé, nourri, on m’a aidé à faire ma toilette et à aller aux WC. Tout ce qu’on ne veut pas, en fait. À la physiothérapie, j’ai dû faire d’innombrables exercices. Il y avait par exemple un canapé très profond rempli de billes de polystyrène, un peu comme un pouf. Super confortable jusqu’au moment où tu dois en sortir, surtout si tu es paraplégique! Je haïssais ma physiothérapeute qui me faisait faire cet exercice de transfert. Plus tard dans ma rééducation, j’ai pu rentrer de temps en temps à la maison pour le week­end. Un soir, je suis allé voir un film avec des amis. Je voyais bien que le siège du cinéma était bien plus confortable que mon fauteuil roulant. Mes amis m’ont proposé leur aide, mais j’ai tenu à me transférer moi­même, même si je n’étais pas du tout sûr que la manœuvre réussirait. Mais si. En même temps, j’étais conscient que je devrais me rasseoir dans mon fauteuil roulant. À la fin du film, tous les regards se sont braqués vers moi. Et une fois de plus, ça a marché. J’étais extrêmement fier. C’est là que j’ai réalisé à quel

point mon entraînement avait porté ses fruits. Ce succès m’a incité à poursuivre mon objectif.

Quel dessein poursuis-tu actuellement? J’ai toujours voulu écrire un livre. Beaucoup de gens me l’ont demandé après mes conférences et je me suis enfin lancé dans ce projet. Il y a quelques semaines, j’ai pris un congé pour écrire. Le livre traite bien sûr du bonheur. Je cherche actuellement une maison d’édition. Parallèlement, je poursuis le développement de mon activité indépendante. C’est un défi sur le plan professionnel et privé, mais c’est génial. Ma femme est une excellente partenaire de sparring et m’aide à réfléchir aux choses. Nous nous poussons à nous dépasser avec une grande bienveillance. Un entourage solide est essentiel. D’une manière générale, je suis persuadé que nous parvenons toujours à bien plus en formant une équipe qu’en faisant cavalier seul.

Que dirais-tu aujourd’hui à ton moi de 22 ans cloué dans un lit d’hôpital? Cette question me touche beaucoup. Je lui dirais: ça va aller. Tu peux avoir confiance. Bats­toi! C’est ta vie et ton choix. Dans une telle situation, il faut donner du courage et se montrer confiant·e. Il y aura toujours des personnes négatives et anxiogènes. Et on n’a vraiment pas besoin de cela dans un tel moment. Quand je discute avec des personnes récemment blessées, je ressens leur désespoir. Pour moi aussi au début, c’était comme si un gouffre s’était ouvert sous mes pieds. J’avais perdu mon métier de menui­

sier, je ne pouvais plus pratiquer mes loisirs sportifs. Je n’imaginais jamais retrouver une compagne un jour. J’étais au fond du trou, car je ne voyais que ce que j’avais perdu. Si tu veux quelque chose, il y a toujours un moyen, quel qu’il soit. Heureusement, j’ai toujours eu cette confiance et ce courage en moi. Cela m’a beaucoup aidé à l’époque, tout comme le sport. Rétrospectivement, je peux dire que ça a été. Je mène une vie heureuse. Le fauteuil roulant a bien sûr un impact sur mon quotidien, mais j’ai quand même une vie bien remplie. Je passe évidemment aussi par des moments sombres. C’est humain et tout à fait normal. L’important, c’est de ressentir ses propres besoins et d’en tenir compte. Je pratique la méditation tous les matins. C’est une clé importante pour moi. Cela me donne de l’énergie et me remet d’aplomb.

Qu’est-ce qui fait la joie de Stephan Freude?

Rire, savourer un bon repas, faire un feu et le regarder, écouter de la musique à fond, danser, discuter de choses intéressantes, pratiquer la respiration méditative, aller au sauna, faire du sport, échanger avec ma femme ou des amis, lire un bon livre, boire un verre de vin rouge, aller dans la nature ou déconner. Avec ces petits plaisirs, j’ai créé ma liste du bonheur. Elle est affichée dans ma chambre et enregistrée dans mon téléphone pour que je puisse la ressortir à tout instant. Cela m’aide quand je ne vais pas bien, car dans ces moments­là, je ne trouve pas ce qui pourrait m’aider. De même, ces choses m’aident à m’acquitter des corvées comme la déclaration d’impôts, le ménage, etc. Il est plus facile de nettoyer en musique et, après avoir fait les comptes, je bois un bon café en récompense. Même si j’ai encore plein de choses à faire, je prends un jour de liberté quand il fait beau et je file sur les routes de montagne. C’est comme un baume à l’âme. La joie fait une telle différence dans la vie. Pour moi, c’est l’un des plus puissants facteurs de motivation. Et je sais qu’en tant qu’êtres humains, nous aspirons au bonheur. Car lorsque nous prenons du plaisir à ce que nous accomplissons, nous donnons un sens à notre vie. Cela nous comble. Voilà pourquoi la joie fait toute la différence.

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Apprécier les petits plaisirs de la vie

Franchir le Gothard en fauteuil roulant

Dans la série d’aventures en cinq épisodes «SRF ohne Limit» (sans limite), des personnes avec et sans paralysie médullaire se lancent le défi de leur vie.

Neuf concurrent·e·s franchissent le col du Saint­Gothard par leurs propres moyens, en équipes de trois personnes − dont une en fauteuil roulant − et en cinq jours. L’équipe qui arrive la première à Airolo gagne un voyage. Outre la distance et le dénivelé, un défi quotidien attend les participant·e·s. L’équipe qui le remporte reçoit de la nourriture ou un bonus­temps. Le concept de «SRF ohne Limit» permettra aux participant·e·s de vivre d’innombrables péripéties. Partenaire de l’émission, la Fondation suisse pour paraplégiques (FSP) soutient la production en apportant son savoir­faire.

«Le format que propose SRF attire intelligemment l’attention sur la paralysie médullaire et l’inclusion, c’est pour nous une grande chance», explique Viviane Speranda de la FSP. Avant de commencer le tournage, un an de préparation a été nécessaire. «L’équipe de projet a soigneusement clarifié les conditions dans lesquelles les para­

lysé·e·s médullaires pouvaient participer; et recherché des aventuriers et aventurières voulant se dépasser», ajoute Viviane Speranda.

Un casting a permis de retenir neuf personnes dont Gianmarco Di Leonardo (21), Walter Eberle (61) et Michaela Vogler (34). Walter Eberle a enrôlé deux copines, tandis que les deux autres ont entrepris leur voyage avec des inconnu·e·s. «L’entente était parfaite, mais les premiers jours, nous avons dû cogiter pour trouver le moyen idéal de surmonter les obstacles. Quand je ne me sentais pas bien, le souci était réglé au sein de l’équipe et avec le temps nous allions toujours plus vite», se souvient Gianmarco Di Leonardo.

Examiné·e·s de la tête aux pieds Avant de pouvoir s’élancer sur le col du Gothard, les neuf participant·e·s ont dû passer un examen médical au Centre suisse des paraplégiques. Une telle aventure réclame une excellente forme physique. Ne pouvaient donc y participer que les personnes présentant une paralysie assez basse. Björn Zörner, médecin­chef en paraplégiologie au CSP, a assuré la surveillance médicale pendant le tournage. Viviane Speranda précise: «À pied ou en fauteuil roulant, le franchissement du col a mis tout le monde à rude épreuve.» Le véhicule suiveur transportait des pièces de rechange pour les fauteuils roulants et du matériel médical tel que des sondes urinaires. Les concurrent·e·s ont reçu un équipement de base rudimentaire et de la nourriture. Ils et elles

ont dormi à la belle étoile. La série est animée par Kiki Mäder (Happy Day) et Christoph Kunz (multi­médaillé aux Jeux Paralympiques).

«J’ai trouvé le départ facile. Le premier jour, nous avons beaucoup roulé sur l’asphalte. Mais le deuxième jour, sur l’herbe et la caillasse, c’est devenu mentalement difficile pour moi. Le terrain étant accidenté, j’avais peur de tomber de mon fauteuil roulant. Mais j’ai réussi à me raisonner. Ces cinq jours étaient vraiment cool», résume Gianmarco Di Leonardo. «Pour moi qui suis en fauteuil roulant, le plus génial était d’aller dans des endroits auxquels je n’ai normalement pas accès. Le quatrième jour, nous avons eu une vue à couper le souffle sur Airolo. Se réveiller dehors, dans la nature, était aussi très beau.» Il s’est rapidement habitué aux caméras qui enregistraient chaque action et chaque saute d’humeur.

«SRF ohne Limit» veut montrer que tout est possible en équipe. Est­ce réussi? Regardez et jugez par vous­même!

Regarder «SRF ohne Limit» à partir du 25.8.2023 sur SRF 1 et Play SRF

GROS PLAN
Animation Kiki Mäder et Christoph Kunz St-Gothard Une production délicate
TÉLÉVISION
Gianmarco Ravi de l’expérience
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Un combat permanent contre les obstacles

Le club en fauteuil roulant Valais romand s’engage sans compter pour rendre accessibles de plus en plus de lieux publics aux personnes handicapées.

L’accessibilité est un thème récurrent pour les personnes en fauteuil roulant et un sujet dont le club en fauteuil roulant Valais romand se préoccupe énormément. «Plus l’accessibilité est limitée, moins nous pouvons sortir de chez nous», explique Jérôme Bagnoud. «Les obstacles sont pour nous le problème numéro un.»

Jérôme Bagnoud, président du CFR Valais romand, s’investit corps et âme pour faire disparaître les barrières dans les lieux publics. Chaque fois que l’occasion se présente, il attire l’attention sur cette problématique et ses collègues du club se joignent à lui. Sur le site Web, on trouve une liste détaillée des communes du canton et de leurs

offres accessibles en fauteuil roulant dans différents domaines: gastronomie, hôtellerie, musées, possibilités d’excursions, parkings, piscines, vie nocturne – pour n’en citer que quelques­uns. Cette liste est complétée par les commentaires des membres qui ont fait l’expérience des endroits mentionnés.

Coopération avec Procap Valais romand Le CFR Valais romand entretient une étroite collaboration avec le centre construire sans obstacles de Procap Valais romand, qui s’occupe, sur mandat des autorités valaisannes, des questions d’accessibilité des bâtiments et de l’espace public. Mais ce n’est pas tout, loin s’en faut:

– Le club collabore avec Procap Valais romand pour organiser un atelier au centre de formation de Sion, au cours duquel les apprenti·e·s dessinateurs et dessinatrices en bâtiment sont sensibilisé·e·s aux obstacles architecturaux.

– Des événements similaires ont lieu régulièrement pour les responsables techniques des communes valaisannes.

– Les membres du CFR Valais romand signalent les éventuelles infractions à Procap. Exemple: à Chamoson, de nouvelles places de parc ont été créées, or elles étaient totalement inadaptées aux personnes en fauteuil roulant et ce, malgré des directives claires. La commune a dû procéder à des adaptations.

Le CFR Valais romand coopère également avec la fondation Emera, l’organisation partenaire valaisanne de Pro Infirmis. Thuy Essellier, membre du comité, a dirigé un projet visant à collecter des données sur l’accessibilité des établissements publics. Ces données peuvent être consultées sur le site Web de Pro Infirmis et sont aussi disponibles sur le site Web de certains offices de tourisme.

Thuy Essellier et Robert Ramseyer, membres du club, ont joué en outre un rôle actif lors des séances avec l’Hôpital du Valais pour élaborer la brochure «Guide des bonnes pratiques d’accessibilité universelle en milieu hospitalier».

Agir, plutôt que se plaindre «Nous avons déjà obtenu des résultats, affirme Jérôme Bagnoud, mais il reste encore du pain sur la planche.» Il suffit de voir les nombreux restaurants et bars du canton qui ne disposent toujours pas de WC pour personnes handicapées. Malgré cela – et le président du club insiste sur ce point – il ne sert à rien de se plaindre, «il faut plutôt se battre pour que cette situation s’améliore». Il cite l’exemple du Grand Bisse de Vex, aux Mayens de Sion, qui a été rendu accessible aux personnes à mobilité réduite sur une longueur de quatre kilomètres.

Le combat continue. Mais une chose est sûre: Jérôme Bagnoud et les membres du CFR Valais romand ont de l’énergie à revendre.

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DES CLUBS
L’ÉCHO
Adapté Bisse de Vex

Visites d’une adorable bavarde qui sait écouter

Sur demande, l’assistance spirituelle du CSP met des bénévoles en relation avec des patient·e·s qui reçoivent peu ou pas de visites pendant leur séjour à la clinique.

Gabi Bucher

Tout a commencé autour d’un verre après une lecture à la bibliothèque du Centre suisse des paraplégiques (CSP). Je discutais avec Stephan Lauper, l’assistant spirituel, de la façon dont les retraité·e·s pourraient s’occuper utilement quand il m’a parlé du service de visite. Une fois par semaine, on passe une heure avec un·e patient·e qui a besoin d’un peu de compagnie. Les heures de visite sont fixées avec la planification thérapeutique du CSP. Bavarde comme je suis, l’idée m’a aussitôt plu et j’étais curieuse de voir si je pouvais aussi être à l’écoute. Peu après notre conversation, je m’inscrivais donc comme bénévole auprès de l’assistance spirituelle.

Des histoires incroyables

Mon premier patient a été Alfred. Il m’a facilité la tâche, car il aimait raconter, de manière très directe et non dénuée d’humour, l’histoire de sa vie. Incrédule, j’ai ain­

si découvert son alimentation artificielle depuis 21 ans et ses lourdes conséquences. Aucune chance de déguster une bière fraîche de temps en temps ni d’accepter une invitation, car sa sonde le nourrit en continu. Et cela limite les contacts sociaux. Et en été, il ne peut pas sortir s’il fait trop chaud, car la nourriture conservée dans la poche se détériorerait. Non, ce n’est pas facile. Mais il n’y a que deux options: accepter ou abandonner. Il a choisi la première et consacre son temps libre à lire et à tricoter des chaussettes. Après quatre visites et plusieurs histoires incroyables sur son ancien travail de secouriste, nous nous sommes quittés et il a pu rentrer chez lui.

Deux grands-mères qui papotent Ruth m’a contactée peu après. Au début, elle était encore très fatiguée, c’était donc à moi de prendre les choses en main. En échangeant avec d’autres bénévoles, je me

suis vite rendu compte qu’il ne s’agissait pas de la divertir, mais de trouver des sujets de conversation communs. Ce fut rapidement le cas avec, entre autre, l’un des thèmes favoris des mamies: les petits­enfants! Mais nous avons aussi discuté de ses craintes de devoir emménager dans un home après sa sortie de clinique, ou de la mauvaise nuit qu’elle avait passée après avoir abusé de la raclette, ou encore de l’opéra, de la météo, de la photographie, de la bonne prise en charge dans son unité et des diverses compositions de trains qu’elle observe depuis sa fenêtre. Souvent, l’heure passait trop vite et il ne nous était pas possible de la prolonger à cause des thérapies prévues. Nous avons vécu de beaux moments et c’est avec un petit pincement au cœur que je lui ai dit au revoir après cinq mois.

Invasion de rats à Paris

Avec Michel, la situation était encore différente: suite à une vilaine escarre, il a dû rester alité les premières semaines, et c’est ainsi que je l’ai trouvé, enveloppé jusqu’au cou dans ses draps. Au début, cela me faisait bizarre de ne parler qu’à cette tête posée sur l’oreiller, comme s’il manquait quelque chose. Mais au fil des visites, sa personnalité s’est révélée. Nous avons parlé de Genève, de perles culturelles, de Charles Aznavour, de voyages et de la situation mondiale en général. Sur certains sujets, j’arrivais à suivre, même sur les risques de prolifération des rats à Paris. Sur la Résistance, le travail clandestin et Trump, c’était plus difficile. Je disposais certes du vocabulaire en français, mais mes connaissances n’étaient pas assez approfondies. Quand je lui ai fait remarquer qu’il aurait sans doute préféré quelqu’un de plus à même de participer à la discussion, il m’a répondu en riant: «Mais non voyons, ça se passe bien entre nous!»

Le service de visite est une tâche passionnante, mais c’est aussi une gageure, car aucune des deux parties ne sait à quoi s’attendre. Pour moi, en tant que visiteuse, elle s’est révélée très gratifiante car immanquablement, les patient·e·s m’ont remerciée avec effusion pour la visite et le temps que je leur avais consacré. Comme Ruth, qui au début me répétait d’une petite voix touchante: «Tu reviens me voir, hein?»

Paracontact I Automne 2023 49 GROS PLAN
ALLIÉ·E·S
NOS

À VOS CÔTÉS

Globe­trotteuse

Monserrat Thalmann, 46 ans, travaille à l’ASP en tant que spécialiste des voyages. D’origine espagnole, elle aime tout à la fois la mer, le Nord et la beauté de Hergiswil am Napf.

Qui ne rêve pas d’oublier le quotidien, de plonger dans un autre monde et de découvrir de nouvelles choses? Les membres de l’ASP qui ont envie de partir à l’aventure, mais qui hésitent à réserver eux­mêmes leurs vacances, sont à la bonne adresse: spécialiste des voyages, Monserrat Thalmann possède une riche expérience en la matière. Depuis novembre 2021, trois jours par semaine, elle fait tout pour répondre aux besoins de sa clientèle et sait se montrer tenace – par exemple si l’infrastructure d’un hôtel n’est pas idéale ou si des difficultés surgissent lors du transport.

Et notre Bernoise, qui a grandi à Rohrbach, connaît bien son sujet, car elle a fait sa formation commerciale dans une agence de voyages de l’Association transports et environnement à Herzogenbuchsee, avant de travailler dans une école de montagne qui proposait des cours d’escalade et des randonnées à ski. Elle s’est aussi très souvent

rendue à León, la ville natale de sa mère dans le nord­ouest de l’Espagne. C’est d’ailleurs de là qu’elle tient son merveilleux prénom.

La vie à la ferme Montserrat estime qu’il est important de changer d’air. Les destinations lointaines l’ont toujours attirée. Elle aime les cultures étrangères et les excursions citadines, mais elle apprécie tout autant le calme de son oasis à Hergiswil am Napf. Elle y vit avec son mari Reto et ses trois enfants, Hana (15 ans), Timo (14 ans) et Levin (11 ans), dans une ferme où ils élèvent 20 vaches mères. Quand elle s’occupe de son jardin, son petit royaume coloré et fleuri, il n’en faut pas plus pour la rendre heureuse.

L’ennui est un mot qu’elle a banni de son vocabulaire. Avant de prendre ses fonctions à l’ASP, elle s’était investie dans la commune à la présidence de la commission

de formation. Et dès que cela est possible, les Thalmann partent trois fois par an en camping­car sur les routes de l’Europe: l’année passée, ils étaient en Suède et il y a peu, dans le nord de la France.

Des aurores boréales énergisantes

Les escapades à la mer font partie des destinations favorites de Monserrat. «C’est toujours faisable», dit­elle. Tout comme les voyages dans le Nord, notamment en Finlande, l’un de ses pays préférés, où les pirogues sont à ses yeux une spécialité culinaire incontournable: ce sont des sortes de tartes, de préférence fourrées au riz au lait. Les aurores boréales l’ont subjuguée. «Elles ont sur moi un effet énergisant.»

Pour comprendre encore mieux les souhaits des voyageurs et voyageuses tétraplégiques, elle a récemment accompagné un groupe à Madrid. Ces journées se sont révélées «super passionnantes et instructives» et ce d’autant plus qu’une fois sur place, il faut souvent prêter attention à des détails insoupçonnés en phase de planification.

La majorité des clientes et clients sont des habitué·e·s, ce qui simplifie les relations au sein du groupe. Et si d’aventure tout ne se passe pas exactement comme prévu, Monserrat sait garder la tête froide. «Je suis très compréhensive», dit­elle, «je suis à l’écoute des gens. Jusqu’à présent, nous avons toujours réussi à régler les problèmes ensemble.»

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